Les
ruines du château de Blâmont ont été « inscrites à l'inventaire supplémentaire
de monuments historiques » par arrêté
du 17 février 1994
(terme « monument inscrit » depuis janvier 2007). Nous avons déjà évoqué dans un
précédent article l'hypothèse très sérieuse d'un
précédent classement en 1931.
Le
premier document ci-dessous, dont nous reproduisons l'introduction et l'extrait de la
liste de monuments historiques classés provisoirement, fait apparaître dès 1862,
le château de Blâmont
comme seul monument classé du canton de Lunéville, avant même la
loi pour la conservation des monuments français de 1887.
Ce document est issu de l'imprimerie officielle. Mais le second, extrait de l'Annuaire
des artistes et des amateurs
de 1861, présente une liste similaire, indiquée comme établie après les
révisions de 1855.
Enfin,
le troisième extrait de la Revue universelle des
Arts de 1859, nous indique qu'un relevé
aurait été fait en 1853, et appelle de ses voeux une publication officielle.
Note, circulaires et
rapports sur le service de la conservation des monuments historiques
Imprimerie impériale (Paris)
1862
Peu de pays possèdent un aussi grand nombre
de monuments que la France, aucun n'en a de plus variés de style et de
caractère. Sans parler de ces étonnants amas de roches gigantesques qui semblent
propres à la terre celtique, depuis les imposantes constructions des Romains
jusqu'aux gracieuses fabriques de la Renaissance, la France peut montrer avec
orgueil des types remarquables de toutes les architectures qui ont fleuri
pendant dix-huit siècles. Nos cirques, nos aqueducs, nos arcs de triomphe,
souvenirs de la conquête romaine, le cèdent à peine aux monuments de l'Italie.
Où trouver une plus riche ornementation, des dispositions plus nobles que dans
nos églises des XIe et XIIe siècles, bâties à l'imitation des splendides
basiliques de Ravenne et de Constantinople? Quant à l'art gothique, on sait que
c'est dans nos cathédrales qu'il faut en chercher les plus parfaits modèles.
Enfin le goût éclairé de nos rois a naturalisé de bonne heure cette architecture
élégante, qui s'est inspirée de la sévérité classique et de la fantaisie du
moyen âge.
Telles furent, telles sont encore les richesses monumentales de la France,
malgré les guerres civiles, malgré les fureurs révolutionnaires, malgré les
préjugés et l'indifférence qui, depuis deux siècles, ont laissé périr ou mutiler
tant de chefs-d' oeuvre. Ce n'est que depuis peu de temps que, par un tardif
retour au bon goût, disons mieux, au bon sens, on a songé enfin à conserver les
monuments échappés à tant de causes de destruction.
Parmi les soins si importants qui occupèrent les Chambres en 1830, elles se
souvinrent d'une de nos gloires nationales, et, pour la première fois, votèrent
une allocation pour l'entretien des monuments historiques. La somme affectée à
cette destination était bien insuffisante sans doute, et, cependant, plus d'une
cause en rendait l'emploi difficile. Tout était à faire. Connaître exactement la
situation de tant d'édifices à peine observés jusqu'alors et dont on ignorait
même le nombre; trouver, pour en diriger la restauration, des artistes instruits
dans un art oublié et longtemps objet d'injuste mépris; distinguer entre les
monuments eux-mêmes les plus intéressants ou les plus menacés, voilà quels
étaient les devoirs de l'administration. Mais, pour les remplir, elle n'avait
que des renseignements vagues et incomplets. Point de correspondants dans les
provinces; partout de l'indifférence ou des préoccupations décourageantes, enfin
aucun artiste qui eût encore donné des preuves de sa capacité dans des travaux
de la nature de ceux qu'on allait entreprendre. Quelques essais de restauration
réussirent cependant, grâce au zèle et aux études spéciales de M. Vitet,
inspecteur général des monuments historiques, secondé par le concours de
plusieurs antiquaires qui s'empressèrent de se mettre en rapport avec
l'administration. L'opinion publique accueillit avec faveur ces premiers
efforts; les Chambres les apprécièrent, et bientôt donnèrent au Gouvernement les
moyens d'en tenter de plus efficaces.
En 1837, une Commission fut instituée auprès du ministère de l'intérieur pour
l'examen de toutes les affaires relatives à l'entretien et à la conservation des
monuments historiques.
Déjà, de toutes parts, arrivaient des renseignements et aussi des demandes de
secours. Des tournées d'inspecteurs faisaient connaître la situation de nos
principaux édifices; une statistique monumentale, ébauchée depuis 1830,
s'augmentait et se rectifiait tous les jours; enfin, dans la plupart des
départements, des sociétés savantes se formaient pour réunir tous ceux
qu'animaient le respect et l'amour de nos antiquités nationales. Cependant la
faiblesse du crédit n'avait point encore permis de donner aux travaux une
direction bien régulière ; le Gouvernement ne pouvait accorder que des espèces
d'aumônes, dont l'emploi était déterminé par les autorités locales, et la
Commission n'en espérait guère d'autre résultat que de retarder les progrès de
la destruction et de signaler à l'intérêt public les monuments objets de sa
sollicitude.
Parmi toutes les difficultés que l'on vient d'indiquer, la plus grave sans doute
était le choix des architectes chargés des restaurations. On sait, et la plupart
de nos grands édifices en offrent les tristes preuves, que des réparations
inhabiles leur ont été plus funestes que le vandalisme même. L'ignorance laisse
des traces plus déplorables encore que le marteau bientôt lassé des
démolisseurs. A cette époque, l'architecture ou plutôt les différents styles
d'architecture du moyen âge n'avaient guère été étudiés que par des antiquaires,
dont l'attention s'était beaucoup plus portée sur les caractères pittoresques
que sur les principes de la construction. Aucune école n'existait où ces
principes fussent enseignés. A peine trouvait-on quelques livres où l'on
commençait à noter et à distinguer les formes et les dispositions particulières
aux différentes époques de l'art.
Dès que, grâce à la libéralité des Chambres, l'administration eut obtenu des
ressources plus en rapport avec les besoins qu'on lui signalait de tous côtés,
elle s'empressa d'abandonner un système dont elle ne s'était jamais dissimulé
les inconvénients. La Commission des monuments historiques, augmentée et
réorganisée en 1840, dut s'occuper de désigner les édifices qui méritaient une
restauration complète, d'en diriger les travaux et d'en suivre les progrès
jusqu'à leur entier achèvement. Plusieurs années d'études comparatives l'avaient
mise en état de faire ce choix avec discernement.
Voici quelles furent les règles qu'elle se proposa et qu'elle a toujours suivies
: pénétrée de l'insuffisance de ses moyens d'action, elle résolut de les
concentrer sur les monuments qui offraient les modèles les plus complets de
l'art dans ses différentes périodes, sur ceux qui résument en quelque sorte tous
les caractères que la science distingue dans le style auquel ils appartiennent;
mais le nombre en était encore hors de proportion avec les ressources.
Non-seulement la France a des monuments remarquables de toutes les architectures
qui ont obtenu la vogue de siècle en siècle, mais encore, et sous ce point de
vue peu de pays lui peuvent être comparés, chacune de ses provinces possède des
monuments empreints d'un caractère original et qui attestent l'existence
simultanée d'écoles très-diverses. Ces monuments types composent dans leur
ensemble comme une histoire suivie de l'art dans notre pays, et l'on sent tout
le prix que l'on doit mettre à conserver sans lacune les souvenirs de cette
histoire.
Il est inutile de remarquer que ces types sont fort inégalement distribués dans
nos provinces. Dans celles du sud, il faut chercher les plus élégants modèles de
l'architecture romane; aux départements du centre appartiennent presque
exclusivement les chefs-d'oeuvre de l'art gothique; c'est surtout aux bords de la
Loire que se trouvent les plus riches constructions de la Renaissance.
D'un autre côté, tel monument, par sa position exceptionnelle, acquiert une
importance considérable. C'est ainsi, par exemple, qu'une église à coupole, qui
n'offrirait qu'un intérêt secondaire dans le Périgord ou l'Angoumois, doit
exciter en Normandie une attention toute particulière. Dans le Languedoc, une
église gothique est une exception curieuse et acquiert par sa position une tout
autre importance qu'elle n'en aurait dans l'Île-de-France. En résumé, les
monuments remarquables, à quelque titre que ce soit, ont été classés en première
ligne, par la Commission, et c'est en leur faveur quelle n'a cessé de solliciter
des secours. A ces considérations purement archéologiques sont venues s'en
joindre d'autres toutes matérielles, dont il était cependant nécessaire de tenir
compte. Le degré d'urgence et la nature des réparations à exécuter, les
ressources locales qui peuvent y subvenir, les sacrifices déjà faits, sont
autant de motifs qui doivent exercer leur influence sur les décisions de
l'administration centrale.
La Commission ne tarda pas à distinguer parmi nos architectes ceux que leur
goût, leurs études, leur zèle reconnu désignaient pour diriger les grandes
restaurations projetées.
Elle s'empressa de les signaler au Gouvernement. Ils n'hésitèrent pas à répondre
à son appel, et l'amour de l'art leur fit préférer une tâche souvent ingrate et
pénible à des occupations plus lucratives.
Des études approfondies furent faites sur chacun des monuments désignés par la
Commission, études longues et difficiles; car, tandis qu'on peut toujours
soumettre à des calculs exacts une construction nouvelle, ce n'est qu'avec
beaucoup d'incertitude et, pour ainsi dire, en tâtonnant qu'on parvient à
connaître la situation d'un édifice miné par le temps et dont l'apparence
extérieure cache souvent la ruine prochaine. Heureusement l'expérience est
rapide pour les hommes d'un vrai talent, et l'administration se plaît à
reconnaître que les devis qui lui ont été soumis, après avoir été revus et
examinés par la Commission, n'ont que bien rarement dépassé les premières
prévisions des architectes.
Malheureusement le fonds des monuments historiques, malgré les augmentations
successives qu'il a reçues, ne permet pas encore de conduire les travaux avec
toute la rapidité qui serait désirable dans l'intérêt même d'une. sage économie.
Deux écueils sont à éviter : l'un, d'augmenter les dépenses par trop de lenteur
et de compromettre même la bonne exécution des travaux; l'autre, d'engager
toutes les ressources et de se trouver au dépourvu en présence d'accidents
toujours à craindre.
En effet, qu'on ne s'y trompe point, nous sommes arrivés à une époque critique
pour nos monuments. La plupart de ceux du moyen âge, et les plus considérables,
ont cinq à six cents ans d'existence. Un bien petit nombre d'entre eux, depuis
leur construction, a reçu des réparations efficaces; presque tous, au contraire,
ont subi des altérations ou des mutilations graves.
Quelques ruines déplorables sont des avertissements sur l'urgence des secours
qu'ils réclament tous. Partout où l'on signale un danger réel, il faut les
secours les plus prompts. Impossible, par conséquent, d'organiser méthodiquement
quelques travaux en ajournant le reste; un édifice ébranlé n'attend pas son
tour.
Entre les deux dangers, l'administration a dû suivre la marche la plus prudente.
Si elle a jusqu'à présent réussi à faire face aux nécessités qui lui ont été
signalées à l'improviste, elle ne se flatte point d'avoir donné aux
restaurations qu'elle a prescrites toute l'activité qu'elle leur eût imprimée
avec des ressources plus considérables. Que l'on compare la rapidité
merveilleuse des travaux exécutés à l'aide de crédits spéciaux avec la lenteur
des réparations qui se poursuivent au moyen des allocations du crédit ordinaire,
on se convaincra facilement que le premier système est le plus avantageux,
probablement le plus économique. Il y a des cas où il est le seul applicable.
Il arrive en effet que, sous peine d'une ruine inévitable, il faut porter en
même temps des secours à toutes les parties d'un édifice. De la rapidité de
l'exécution, c'est-à-dire, en dernière analyse, de la quotité de l'allocation
dont on dispose, dépend le succès de l'entreprise. Que serait devenue la
cathédrale de Paris si un crédit spécial n'eût permis d'en attaquer la
restauration dans toutes ses parties à la fois? Souvent encore de semblables
situations devront être exposées au Gouvernement et réclameront toute sa
sollicitude.
Outre les travaux de restauration, d'autres dépenses non moins nécessaires
doivent être imputées sur le crédit des monuments historiques. Quelques édifices
de premier ordre, aujourd'hui propriétés particulières, peuvent d'un moment à
l'autre être détruits ou transformés; plus d'une fois la Commission a sollicité
et obtenu au nom de l'État l'acquisition des plus remarquables. Ailleurs, en
poursuivant l'expropriation de constructions parasites, elle a pour ainsi dire
exhumé des monuments considérables, qu'elle a rendus à l'admiration publique.
En même temps qu'elle applique ses principaux efforts aux grandes restaurations
dont il vient d'être parlé, l'administration continue à donner, mais avec une
prudente réserve, quelques secours à des édifices moins importants, dignes
cependant de son intérêt, et pour lesquels les départements ou les communes font
des sacrifices qui doivent être encouragés. Elle maintient ainsi sa surveillance
sur ces travaux. Cette même surveillance s'exerce encore sur les monuments déjà
classés, c'est-à-dire sur tous ceux que recommandent des caractères intéressants
pour l'histoire ou pour l'art. Déjà ce classement comprend près de deux mille
articles, la plupart accompagnés de notices et de dessins. Quelques soins que la
Commission ait apportés dans la rédaction de cette liste, elle ne peut se
flatter encore de l'avoir complète. Elle est loin, surtout, d'avoir pu réunir,
sur tous les monuments qui la composent, des renseignements également précis et
détaillés.
Néanmoins, grâce à des études continuelles, elle est parvenue à rassembler un
nombre très-considérable de plans, de dessins et de devis; en sorte que, pour
les principaux édifices placés sous sa surveillance, elle peut calculer
exactement d'avance les dépenses qu'occasionnerait leur réparation et déterminer
l'ordre à suivre dans les travaux, dès que l'on disposera de fonds suffisants
pour les commencer. Ces études préliminaires, auxquelles la Commission attache
une très-juste importance, sont indispensables pour éclairer les décisions de
l'administration et la mettre à même de répartir ses allocations de la manière
la plus utile. Elles offrent encore le seul moyen de conserver des souvenirs
précieux que le temps fait rapidement disparaître. Quiconque a parcouru nos
provinces et observé le nombre vraiment prodigieux de monuments qu'elles
renferment n'a pu se faire illusion sur la possibilité de les conserver tous.
Suivant un relevé fait en 1843, quatre cent soixante-deux devis complets, soumis
jusqu'alors à la Commission, formaient un total de près de 6 millions de francs.
Et cette somme ne représentait que la dépense à laquelle était évaluée la
restauration de la sixième partie de nos monuments.
C'est donc la répartition des secours à proposer par la Commission qui constitue
la partie la plus difficile de sa tâche.
Aussi la première loi qu'elle a cru devoir s'imposer a-t-elle été de ne
s'engager dans aucune entreprise sans connaître la durée et la dépense qui doit
en résulter. Quelques personnes, s'exagérant singulièrement le montant des
ressources dont on peut disposer, ignorant surtout la situation de nos
monuments, ont exprimé la crainte que les subventions du Gouvernement ne
s'appliquassent à un trop grand nombre d'édifices à la fois. Il eût mieux valu,
disait-on, les concentrer sur quelques restaurations qu'on terminerait
rapidement, pour reporter ensuite toutes ses ressources sur de nouveaux travaux.
Sans doute, ce système est spécieux, et, s'il était possible dans la pratique,
ce serait le seul à suivre. Mais d'abord on comprendra sans peine que des
édifices ruinés par le temps, mutilés ou privés d'entretien depuis longues
années, ne peuvent attendre leur tour. Le nombre en est grand de ceux que menace
une ruine prochaine; et doit-on s'étonner si des monuments contemporains, soumis
aux mêmes causes de destruction, éprouvent en même temps des besoins également
impérieux? Il faut considérer encore que toute restauration a sa durée
naturelle, plus ou moins longue, qui ne doit pas plus être précipitée que
retardée au delà de certaines limites. Le nombre des ouvriers qui peuvent y
prendre part est souvent borné, et, dans tous les cas, les travaux ne peuvent
s'exécuter que successivement et selon un certain ordre. C'est d'après ces
calculs de temps que la Commission s'applique à régler les allocations. Nul
doute que, disposant de fonds plus considérables, il n'eut été possible de faire
plus vite; mais l'insuffisance du crédit attribué aux monuments historiques et
l'urgence des besoins signalés de toutes parts font souvent de la lenteur une
nécessité. Entre deux inconvénients la Commission a dû préférer le moindre.
Plutôt que d'abandonner des monuments dont la perte eût été irréparable., elle a
cru bien faire en restreignant les allocations et en les échelonnant de manière
que les réparations s'opérassent par degrés. L'important était d'assurer leur
exécution.
Il y a des réparations qui peuvent être exécutées par parties et avec une
certaine lenteur; il y en a d'autres, au contraire, qui doivent être conduites
avec rapidité et ensemble. Ainsi, par exemple, on peut concevoir que, pour
restaurer une suite de chapelles, on commence par la plus endommagée, et que,
successivement, on répare les autres; mais il n'en sera pas de même pour le
remaniement d'une toiture. On ne peut couvrir la moitié d'une voûte dans une
campagne et ajourner l'autre moitié à l'année suivante. La partie de voûte
exposée à l'air serait ruinée avant le temps fixé pour la couvrir. Il y a donc
certains travaux qu'on ne peut entreprendre qu'avec des ressources suffisantes
pour les terminer. Aussi, c'est à l'appréciation de l'urgence des réparations,
au calcul de leur durée et de la dépense qu'elles occasionneront, que la
Commission s'est toujours appliquée avec le plus grand soin. Les allocations
qu'elle propose sont strictement suffisantes aux travaux dont la nécessité lui
est démontrée; et, si les allocations étaient réduites, elles deviendraient
inutiles dans un grand nombre de cas, car elles ne pourraient plus payer les
dépenses indispensables.
Il est juste de dire que les inconvénients résultant de l'insuffisance du fonds
des monuments historiques sont un peu diminués par les subventions que votent
les communes et les départements. Ces subventions sont souvent réclamées par
l'administration centrale comme une condition sine qua non aux secours qu'elle
accorde, et il faut reconnaître que presque toutes les communes s'associent avec
empressement à l'exécution des travaux dont elles comprennent l'importance. De
là résulte, entre elles et le ministère, des espèces de contrats à termes plus
ou moins longs, dont la dissolution aurait pour inévitable conséquence la
fermeture des ateliers, car ils ne fonctionnent aujourd'hui que grâce au
concours de l'administration centrale et des administrations communales.
Aucun des grands travaux exécutés jusqu'à ce jour n'ont pu l'être qu'au moyen de
ces engagements. Ils ont permis de trouver des entrepreneurs se chargeant de
faire les avances nécessaires, en considération de l'importance même de ces
travaux. C'est ainsi qu'ont été faites les réparations de Vézelay, de
Saint-Nazaire de Carcassonne, de Saint-Julien de Tours et d'autres grands
édifices.
Mais on ne peut se dissimuler, quelles que soient les ressources de
l'administration, que plusieurs édifices intéressants sont aujourd'hui dans une
situation telle que l'art est impuissant à les réparer. On doit, au moins, en
conserver un souvenir fidèle par un travail graphique aussi complet que
possible.
Il y a encore des monuments qui, par leur nature même, ne peuvent échapper à une
destruction rapide. Nous voulons parler des peintures murales, autrefois si
nombreuses dans nos églises, rares aujourd'hui et d'autant plus précieuses. Ni
le soin ni la dépense n'en peuvent prolonger beaucoup la durée.
Chaque jour leurs couleurs s'altèrent ou s'effacent. Il fallait se hâter d'en
obtenir des copies exactes, et des artistes habiles ont été chargés de cette
tâche importante. On a jugé également nécessaire de faire relever et dessiner un
certain nombre de maisons anciennes, curieuses par leur architecture, qui,
soumises à tous les caprices de leurs propriétaires, n'ont nécessairement qu'une
durée fort incertaine.
Ces plans, ces dessins, rassemblés par la Commission, ne doivent pas seulement
servir à éclairer ses délibérations intérieures ; les artistes et les
archéologues en réclamaient la publication. Car, si l'on considère qu'il
n'existe encore nul établissement où l'on enseigne la théorie d'une architecture
dont chaque jour la connaissance est exigée, non-seulement pour des réparations
importantes, mais encore pour des constructions nouvelles, on comprendra
facilement l'importance de la publication des archives de la Commission,
destinée à combler une lacune si regrettable dans les moyens d'étudier l'art
national à toutes ses époques.
[...]
LISTE DES MONUMENTS HISTORIQUES DE LA FRANCE CLASSÉS PROVISOIREMENT.
[...]
ARRONDISSEMENT DE LUNEVILLE.
Château de Blamont.
Annuaire des artistes et des
amateurs
1861
MONUMENTS HISTORIQUES DE LA FRANCE CLASSÉS
PROVISOIREMENT (1)
[...]
(1) Nous devons à l'obligeante communication du chef de la division des
Beaux-Arts, au ministère d'État, cette liste, révisée en 1855 par la Commission
des Monuments historiques, présidée à cette époque par le savant archéologue M.
Charles Lenormant, dont la perte récente a été si vivement sentie. Cette liste
contient non-seulement les édifices anciens, classés d'une manière définitive,
après examen des documents nécessaires pour arriver à ce résultat, mais aussi
ceux que l'administration a cru devoir y faire figurer, d'après les propositions
des sociétés archéologiques ou des correspondants du service des Monuments
historiques. Ce travail de la Commission n'ayant jamais été rendu officiel par
la sanction du ministre d'État, il ne saurait, être invoqué qu'à titre de
renseignement; car le classement d'un édifice, dans ce projet de liste, ne donne
aucun droit à la commune dans laquelle il se trouve placé, pour obtenir une
subvention sur les fonds spéciaux que le Gouvernement consacre à la restauration
des monuments historiques ; ce n'est là qu'un témoignage de sollicitude et
d'intérêt à l'égard de l'édifice recommandé par la Commission et désigné au
ministre.
[...]
Arrondissement de Lunéville. Château de Blamont.
Revue universelle des Arts
1859
LISTE DES MONUMENTS HISTORIQUES DE LA FRANCE.
Nous avons trouvé dans une liasse de vieux papiers imprimés, qu'on nous dit
provenir de notre savant et respectable collaborateur feu M. Lassus, un cahier
in-folio, autographié, de 21 pages, intitulé : Monuments historiques. Une note,
également autographiée, qu'on lit en tête de cette simple nomenclature, nous
apprend que ce relevé des monuments historiques de la France a été fait, en
1853, pour l'usage particulier de la Commission des monuments instituée près le
ministère d'État. Il nous a semblé utile de publier cette longue liste, qui,
sans être tout à fait complète, nous montrera combien la France est riche encore
en monuments, malgré tant de pertes irréparables, de tous les âges et de tous
les styles. Il n'en faut pas davantage pour nous faire apprécier l'importance
des travaux de la Commission des monuments historiques, qui a rendu déjà de si
nombreux services à l'archéologie nationale (1).
B.
(1) Cette liste, dont la publication nous parait, en effet, très-intéressante au
point de vue de la statistique monumentale, ne présente plus aujourd'hui le
classement officiel des monuments que la Commission des monuments historiques a
pris sous sa protection, en les recommandant à la sollicitude éclairée du
ministre d'État. Une nouvelle liste a été dressée, un nouveau classement a été
fait par les soins de la Commission, et le classement antérieur n'a plus de
valeur aujourd'hui, que comme renseignement archéologique. C'est a ce titre seul
que nous n'hésitons pas à recueillir dans les archives de la Revue universelle
des Arts un document précieux, qui offre une nomenclature des principaux
monuments et des antiquités de la France. La Commission des monuments
historiques a pour président M. Charles Lenormant, de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres ; pour vice-président M. Caristie, de l'Académie
des Beaux-Arts; pour secrétaire, M. de Courmont, inspecteur générai adjoint des
monuments historiques. Quant à l'inspecteur général, M. Prosper Mérimée, qui,
depuis l'origine de la Commission, n'a pas cessé d'en diriger les travaux, on
peut dire que c'est à lui surtout que la France est redevable de la conservation
des anciens monuments qu'elle possède encore et qui sont, en quelque sorte, les
éclatants témoins de son histoire. Espérons qu'une liste générale des monuments
classés sera publiée, d'une manière officielle, dans le magnifique ouvrage que
la Commission a entrepris, sous les auspices du ministre d'État et qu'elle tire
tout entier de ses archives. (Note du Rédacteur en chef.)
[...]
MEURTHE
[...] Château de Blâmont. [...] |