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Les fêtes de Blâmont - 12 et 13 août 1911
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Est-Républicain -
10 juin 1911
Le général Goiran à Lunéville et à Blâmont
Notre excellent confrère l'Indépendant, de Lunéville, nous
téléphone que vendredi M Constant, sous-secrétaire d'Etat à
l'intérieur, et le général Goiran, ministre de la guerre, ont
reçu une délégation d'élus de Meurthe-et-Moselle en vue de
l'inauguration du monument Ribierre, à Lunéville, et de
l'inauguration de la ligne de chemin de fer de Lunéville à
Blâmont et à Badonviller.
M. Raoul Méquillet, députe et MM. Bentz et de Langenhagen,
conseillers généraux, ont offert la présidence de ces fêtes au
général Goiran, ministre de la guerre, qui a accepté.
Les inaugurations auront lieu les samedi 12 et dimanche 13 août
à Lunéville et à Blâmont.
Est-Républicain -
11 juin 1911
Le général Goiran à Lunéville et à Blâmont
NANCY, samedi 10 juin. - Pour compléter nos renseignements au
sujet de la délégation de Meurthe-et-Moselle qui a été reçue par
M. le ministre de la guerre et M. le sous-secrétaire d'Etat à
l'intérieur, nous ajouterons que c'est M. le préfet de
Meurthe-et-Moselle qui a présenté lui-même ces messieurs aux
ministres et que cette démarche avait pour double but d'inviter
le gouvernement à présider l'inauguration de la ligne de
Lunéville à Blâmont-Badonviller, ainsi que la fête-concours
annuel de l'Association des gymnastes de Meurthe-et-Moselle et
des sociétés de préparation militaire qui aura lieu le 13 août,
à Blâmont.
Est-Républicain -
18 juin 1911
Réception de la ligne de Lunéville-Blâmont-Badonviller
LUNÉVILLE, samedi 17 juin. - La commission de réception de la
ligne Lunéville-Blâmont qui comprend MM.Méquillet, député;
Castara, maire ; de Langenhagen, Michaut, Messier et Bentz,
conseillers généraux ; Hémardinquer, Imbeaux et Lambert,
ingénieurs en chef des ponts et chaussées; Lyon, ingénieur
principal de la Compagnie de l'Est, va opérer tout
prochainement.
Cette ligne, qui reliera toute une partie de l'arrondissement à
la sous-préfecture et au canal de la Marne au Rhin, par le port
d'Einville, en desservant les très importantes communes de :
Croismare, Bénaménil, Ogéviller, Herbéviller, avec embranchement
sur Badonviller, Domêvre et Blâmont, est l'oeuvre du conseil
général. Elle sera inaugurée - rappelons-le - le dimanche 13
août, si aucun obstacle ne surgit d'ici là.
Est-Républicain -
26 juin 1911
LUNÉVILLE
La ligne Lunéville-Blâmont. - Le premier train officiel de la
ligne Lunéville-Blâmont a quitté samedi matin, à 7 heures, la
gare de Lunéville.
Il était composé de deux wagons, dans lesquels sont montés les
membres de la commission chargés de la réception de la ligne :
conseillers généraux, ingénieurs des ponts et chaussées et du
contrôle des mines, agents voyers, etc..
C'était, si on peut s'exprimer ainsi, l'inauguration technique,
en attendant l'inauguration
officielle qui est de nouveau à fixer, puisque le général
Goiran, qui devait la présider, n'est plus ministre.
Bien que cette inauguration de samedi ne fût que technique, elle
comprenait néanmoins un banquet qui eut lieu à Badonviller.
Est-Républicain - 28 juin 1911
L'ouverture de la ligne Lunéville-Blâmont
LUNÉVILLE, mardi 27 juin. - A la suite de la réception faite le
samedi 24 juin des travaux du chemin de fer d'intérêt local de
Lunéville à Blâmont avec embranchement de Herbéviller à
Badonviller, M. le préfet de Meurthe-et-Moselle a autorisé la
mise en service de cette ligne à partir du jeudi 29 juin.
Est-Républicain - 20 juillet 1911
Les Fêtes de Blâmont
BLAMONT, mercredi 19 juillet. - On s'occupe, de la façon la plus
active, à Blâmont, des grandes fêtes de gymnastique qui doivent
s'y dérouler le 13 août prochain.
Ces fêtes sont placées sous le patronage de la Fédération des
Sociétés de gymnastique de France, et organisées par la
Fédération des sociétés de gymnastique et de préparation
militaire de Meurthe-et-Moselle.
Le comité local d'organisation ayant à sa tête le dévoué docteur
Hanriot, veille aux moindres détails.
On sait que le général Goiran, alors ministre de la guerre,
avait promis d'assister aux fêtes de Blâmont.
En tous cas, un ministre viendra certainement apporter à nos
jeunes gymnastes le réconfort des encouragements et d'une parole
républicaine.
En attendant, toutes les sociétés affiliées à la Fédération des
sociétés de gymnastique de Meurthe-et-Moselle s'exercent avec un
bel entrain.
Si un certain nombre d'entre elles n'ont point les ressources
pécuniaires dont disposent d'autres sociétés, elles tâchent d'y
suppléer par plus de bonne volonté et d'ardeur encore.
Mais il convient que les républicaine se dévouent aussi pour
encourager la jeunesse française.
Ils peuvent, s'ils le veulent, faire que la fête de Blâmont soit
extrêmement brillante. Il leur suffira de créer des prix
nombreux, de donner des récompenses aux sociétés et aux jeunes
gens qui se distingueront le mieux, d'apporter enfin à cette
génération énergique et enthousiaste qui est notre armée et
notre nation de demain l'appui de la sympathie républicaine.
Nous avons toujours déploré la division des enfants de France.
Mais puisque nos adversaires veulent qu'il y ait deux jeunesses,
n'abandonnons pas la nôtre, en attendant que tous les Français
soient unis dans l'amour de la patrie et de la République.
Est-Républicain - 23 juillet 1911
M. Lebrun à Blâmont
NANCY, samedi 22 juillet. - M. Lebrun, ministre des colonies,
représentera le gouvernement aux fêtes de Lunéville et de
Blâmont les 12 et 13 août prochains.
Est-Républicain - 26 juillet 1911
Le concours régional de tir et de gymnastique
BLAMONT, 24 juillet.- Le comité d'organisation des fêtes du 13
août emploie son temps avec une patriotique activité.
Il est juste de rendre hommage aux dévouements que la présidence
de M. le docteur Hanriot a su grouper autour des membres du
comité permanent, MM. G. Mazerand, commissaire général ;
Rimbach, Dion, René Florentin, Diot, Seliquer et Colette.
D'ores et déjà, on estime à environ 1,500 gymnastes, le nombre
des jeunes gens qui apporteront aux fêtes leur vaillance et leur
entrain.
L'Escadron de Lorraine, présidé par M. Pierre Bachelard et
l'Escadron de Nancy, dirigé par M. Lucien Larcher, se rendront à
Blâmont en deux étapes qu'ils couvriront à cheval.
La musique de Blâmont, la fanfare du groupe Bara, les Trompettes
Républicainés, les Harmonies des usines Mazerand, à Cirey et des
usines Marchal, à Saint-Dié, prêteront leur aimable et précieux
concours.
On annonce enfin qu'à l'exemple de Paris, de Nancy et des
grandes villes où cette forme bien française de la charité
obtint un succès considérable, la vente des petites fleurs
bleues sera faite au profit des blessés militaires.
Mme Florentin, femme de l'honorable adjoint au maire de Blâmont,
est présidente, on le sait, de l'Union des Femmes de France.
Elle a trouvé des collaboratrices dignes d'elle et son oeuvre
est
couronnée d'un succès, d'une prospérité dont l'honneur revient
aussi à Mme Léon, vice-présidente ; à Mlle Marie Florentin,
secrétaire, et à Mme Labourel, trésorière, femme du si
sympathique maire de la localité.
Est-Républicain - 28 juillet 1911
BLAMONT
Société de tir, de P, M. et de gymnastique de Blâmont-Cirey. -
Nombre des élèves de l'école de préparation militaire reçus le
25 juillet 1911 pour l'infanterie : onze. - Dion Albéric,
Blâmont ; Colette s Henry, Frémonville ; Ferry Louis, Leintrey ;
Genay Lucien, Bénaménil ; Hannezo Pierre, Xousse ; Humbert
Robert.Saint-Sauveur ; Knipler Victor, Frémonville ; L'Hôte
Emile, Petitmont ; Lehning Charles, Petitmont; Mellot Jules,
Bertrambois; Munier Louis, Cirey.
Dès aujourd'hui, le comité d'organisation convie à la fête du 13
août MM. les présidents, les membres des conseils
d'administration et les amis des sociétés SAG.
Prix du banquet du 13 août, à midi 30 : cinq francs. Adresser
les adhésions â M. G. Mazerand, commissaire général du concours,
à Cirey.
Les listes d'inscription au banquet seront closes le 5 août.
Le programme de la fête de gymnastique et de P. M. sera publié
incessamment.
Est-Républicain - 29 juillet 1911
Les Fêtes de Blâmont
DEUX GRANDS CONCOURS
Gymnastique et préparation militaire
BLAMONT, 27 juillet. - Le comité d'organisation ne perd pas une
minute. Sous l'impulsion de M. le docteur Hanriot et de M.
Georges Mazerand, les détails du programme définitif seront
réglés avec autant d'habileté que de précision.
On sait que M- Albert Lebrun, ministre des colonies, doit
honorer de sa présence les concours de gymnastique et de
préparation militaire du 13 août prochain.
Le ministre arrivera à midi. La réception aura lieu à la gare.
Puis le cortège officiel se rendra à l'hôtel de ville pour les
présentations des fonctionnaires et des délégations.
Un grand banquet par souscription suivra aussitôt.
De prix du couvert est de quatre francs. Pour y participer,
prière de s'adresser jusqu'au 5 août à M. Watrinet, horloger à
Blâmont.
Divers concours se succéderont pendant la matinée. C'est
seulement à partir de deux heures après midi que commenceront
les fêtes proprement dites : les sociétés de gymnastique feront
des productions intéressantes, notamment des pyramides.
M.Albert Lebrun arrivera sur le terrain à trois heures. Le
défilé de toutes les sociétés, au son des musiques ; la
présentation des drapeaux, la remise des décorations marqueront
la continuation des fêtes.
Le ministre quittera Blâmont à cinq heures pour prendre à la
gare d'Avricourt le train de cinq heures et demie.
Illuminations, feu d'artifice, grands bals gratuits donneront
dans la soirée le signal des réjouissances populaires.
Les Trains spéciaux
Des trains spéciaux seront mis en marche. C'est ainsi qu'un
train partira de Nancy le 13 août à 4 h. 40 du matin, pour
arriver à Blâmont à 7 h. 15, avec arrêts dans les principales
gares.
Des voitures supplémentaires seront ajoutées aux trains
réguliers selon les besoins du service.
De Blâmont partira le soir pour Nancy, à dix heures, un train
qui arrivera à destination avant minuit, de manière à faciliter
l'usage des correspondances sur toute cette partie du réseau.
La compagnie des chemins de fer de l'Est accordera aux groupes
d'au moins dix personnes 50 % de réduction sur les prix des
places dans les trains ordinaires,40 % dans les trains express,
avec validité de cinq jours et faculté de retour individuel, en
modifiant, s'il y a lieu, l'itinéraire.
C'est là un double avantage qui séduira les amateurs de
villégiature. Le « pont » du 16 août comprendra certainement
pour la plupart d'entre eux, un programme où sera réglé sans
lacune l'emploi des trois jours de vacances.
Après les fêtes patriotiques de Blâmont, une excursion au Donon,
dans la vallée de Celles, au milieu de ces pays verdoyants et si
pittoresques a de quoi tenter aussi les gymnastes et leurs
familles.
Lee faveurs octroyées par la compagnie de l'Est permettront donc
de réaliser économiquement ce programme de tourisme.
La liste des Sociétés
M. Georges Mazerand, que nous avons eu le plaisir de rencontrer,
a bien voulu nous communiquer une première liste des sociétés
dont l'adhésion est déjà parvenue au 1 comité d'organisation.
Voici cette liste :
La Fraternelle Briotine, de Briey ; l'Avant-Garde de Villerupt ;
la Lorraine, de Longwy ; l'Amicale Laïque des Grands-Moulins, de
Nancy ; le Muscle de Fer, de Pagny-sur-Moselle ; l'Alerte, de
Thil-sur-Moselle ; l'Amicale Laïque du Nouveau-Nancy ; le Groupe
Bara avec sa musique, de Nancy ; l'Amicale Saint-Georges, de
Nancy ; le Sport Malzévillois ; l'Amicale Laïque de Maxéville ;
l'Amicale Laïque des Trois-Maisons ; la Patriote, de Tomblaine ;
le Sport Mussipontain ; la Lorraine, de Lunéville ; l'Abeille
Lorraine, de Nancy ; l'Amicale Laïque Stanislas, de Nancy ; la
Touloise ; la Jeune Lorraine Laneuvilloise, de
Laneuveville-devant-Nancy ; te Sport Nancéien ; l'Amicale Laïque
de Boudonville ; la Fraternelle des Usines Jules Marchal et Cie,
de Saint-Dié ; l'Amicale Laïque Didion, de Nancy ; les Apprentis
du Bureau de Bienfaisance, de Nancy ; l'Amicale Laïque des
Cordeliers, de Nancy ; l'Etoile, de Pierre-la-Treiche ; la
Fraternelle, de Besançon ; le Ralliement, de Sèvres
(Seine-et-Oise) ; la Société d'Instruction Populaire et de
Préparation Militaire, d'Essey-les-Nancy ; l'Amicale Laïque de
Custines ; l'Amicale des Anciens Elèves de Chanteheux ; la
Mussipontaine ; la Société de Préparation Militaire de Nancy ;
la Frontière, d'Einville ; la Société de Tir et de Préparation
Militaire de Champigneulles ; l'Avant-Garde de Lunéville ; la
Patriote Saint-Mihielloise ; l'Escadron de Lorraine et
l'Escadron de Nancy, etc., etc.
Le moniteur général pour le concours de gymnastique est M.
Rimbach, récemment promu sous-lieutenant de réserve.
Pour le concours de préparation mîlitaire, c'est M. le
lieutenant Legret qui remplira les fonctions de conseiller
technique auprès du jury.
Nous avons annoncé que les Escadrons de Nancy et de Lorraine se
proposent de couvrir a cheval l'étape de Nancy à Blâmont, soit
une distance de 60 kilomètres. Ajoutons que la société
l'Avant-Garde, de Lunéville, a l'intention de recevoir et de
fêter à leur passage ses camarades des deux Escadrons.
La petite Fleur bleue
Une légère rectification s'impose.
Ce n'est pas exclusivement au comité des Femmes de France de
Blâmont que revient l'honneur d'avoir préparé pour les fêtes du
13 août la vente des petites fleurs bleues.
Mme Mazerand, qui a créé les deux comités des Femmes de France,
à Cirey et à Blâmont, a obtenu qu'ils associeraient dans cette
circonstance leur généreuse initiative et leurs patriotiques
efforts, tant pour assurer le service du poste de secours avec
le matériel complet que pour augmenter le produit des ventes de
charité.
L'entente ne peut qu'être féconde en heureux résultats. Le
premier comité des Femmes de France offrira la petite fleur
bleue à tous les voyageurs en gare de Cirey ; puis il rejoindra
le second comité à Blâmont. Ces dispositions et cette touchante
union sont un gage du succès.
... Tel est, en résumé, le programme des concours, des fêtes,
des réjouissances auxquels prendront part environ 1.500
gymnastes.
Nous publierons prochainement les noms des membres des divers
jurys ; nous complèterons la liste des sociétés ; nous suivrons
avec l'attention et l'intérêt qu'ils méritent, les travaux du
comité d'organisation et de tous ses collaborateur.-. - L. C.
Est-Républicain - 30 juillet 1911
M. Albert Lebrun en Lorraine
M. Lebrun, ministre des colonies, inaugurera, les 12-13 août! le
monument Ribierre à Lunéville, puis la ligne ferrée de Blâmont.
Les concours et les fêtes de tir et de gymnastique
A LUNÉVILLE
Le Comité des fêtes de Lunéville fait publier la circulaire
suivante qui adresse un appel à tous les habitants :
Messieurs et chers concitoyens,
La ville de Lunéville, vous ne l'ignorez pas, recevra le 12 août
prochain la visite de M. Lebrun, député de Meurthe-et-Moselle,
ministre des colonies, qui viendra présider à l'inauguration du
chemin de fer de Blâmont et du monument Ribierre.
Des fêtes grandioses viennent d'avoir lieu à Saint-Dié, où un
nombre considérable d'étrangers sont venus apporter au commerce
local une vitalité inconnue jusqu'à ce jour.
Le Comité des fêtes de Lunéville, s'inspirant de cet exemple et
de l'intérêt supérieur de notre cité, en dehors de tout esprit
politique, a jugé qu'il était de son devoir de saisir cette
occasion pour donner à la ville et au commerce lunévillois une
expansion indiscutable.
Il est nécessaire que nous puissions compter sur le dévouement
de tous pour mener à bien la tâche que nous avons cru devoir
assumer, c'est-à-dire de recevoir dignement un député et
ministre qui honore notre Lorraine.
Aussi, c'est pleins de confiance en votre patriotisme et en
votre sollicitude pour les intérêts de notre ville que nous nous
adressons à vous pour réclamer votre obole.
Nous sommes des hommes de bonne volonté. Nous avons le ferme
espoir que notre appel sera entendu et que vous saurez confirmer
le bon renom de la généreuse cité de Lunéville.
Pour le Comité, J. RICKLIN.
P.-S. - Une souscription sera présentée à domicile.
A BLÂMONT
D'autre part, nous recevons de Blâmont la lettre ci-dessous :
BLÂMONT, 29 juillet. - Le matériel de décoration ne comprend pas
moins de deux wagons. Toutes les rues seront pavoisées. Une très
grande émulation règne chez les habitants, qui orneront de
verdures et de guirlandes leurs seuils et leurs façades.
Le soin de préparer aux fêtes du 13 août un cadre digne d'elles
est laissé entièrement à l'initiative personnelle. Chacun fera
de .son mieux. Le résultat sera magnifique.
Mais il est d'autres parties du programme - et non les moindres
- qui exigent de la méthode au lieu de l'originalité, de
l'attention au lieu de la fantaisie.
Comment assurer, par exemple, la subsistance, le logement, la
réception de toutes les sociétés ?
Le problème est difficile à résoudre.
Blâmont n'offre point les ressources abondantes, variées, utiles
d'une grande ville. Il s'agit donc de tout prévoir : un retard
détermine l'encombrement ; un accident dérange l'ordre, de telle
sorte que les programmes les mieux réglés sur le papier seraient
à la merci d'une lacune ou d'un détail sans importance apparente
qui soulèverait de grosses difficultés.
Si les habitants rivalisent entre eux de zèle pour donner aux
fêtes un inoubliable éclat, le comité s'est imposé la tâche
délicate de réaliser d'une manière absolument parfaite les
projets qu'il a étudiés.
Au surplus, la population, les organisateurs, les gymnastes, les
visiteurs s'inspireront d'un même sentiment et puiseront dans là
force égale de leur patriotisme le désir de préciser la mission
des sociétés de préparation militaire
Cette mission est double : 1° préparer les jeunes gens au devoir
militaire ; 2° entretenir et perfectionner les adultes
(réservistes, territoriaux, vétérans) dans la pratique du tir.
« La préparation militaire des jeunes gens embrasse l'éducation
physique, morale et la pratique du tir. C'est une oeuvre de
longue haleine qui doit se poursuivre méthodiquement et avec
persévérance, depuis la sortie de l'école jusqu'à l'arrivée au
régiment.
« On ne saurait assez louer les efforts tentés par les sociétés
qui ont entrepris la mission de développer dans le pays le culte
de l'éducation physique et la notion de la préparation au devoir
militaire. Ces sociétés, dues à l'initiative privée, méritent de
recevoir tous les encouragements, toutes les facilités
possibles, car, sous des noms divers, sociétés de gymnastique,
de tir, de préparation militaire, de sport, elles ont, en
réalité, exercé sur le pays une action féconde qui s'est exercée
aussi bien dans le domaine moral que dans le domaine physique. »
C'est à cette oeuvre nationale que M. Albert Lebrun, ministre
des colonies, apportera le 13 août l'appui officiel du
Gouvernement.
L. C.
Est-Républicain - 2 août 1911
Gymnastique et préparation militaire
L'Officiel vient de publier la liste des récompenses décernées
par le ministre de la guerre en Meurthe-et-Moselle pour la
gymnastique et la préparation militaire.
Nous y relevons les noms suivants :
Médailles d'argent. - [...] Hanriot Marie-Henry-François,
médecin-major de 1re classe de l'armée territoriale du 5e
régiment d'artillerie, société de tir et de préparation
militaire de Blâmont.
Citations au Bulletin officiel avec lettre de félicitations. -
[...] Watrinet Victor, Société de tir et de préparation de
Blâmont-Cirey.
Lettres de félicitations. - [....] Mazerand Georges, lieutenant
de réserve au 12e régiment de dragons, Société de tir et de
préparation militaire de Blâmont-Cirey. [...] Hennequin Eugène,
Société de tir et de préparation militaire de Blâmont-Cirey ;
[...] Verrel Victor, Société mixte de tir et de préparation
militaire de Blâmont-Cirey ;
Est-Républicain - 3 août 1911
Les Fêtes de Lunéville et de Blâmont
La délégation du comité d'Union républicaine de l'arrondissement
de Lunéville s'est rendue à Paris pour inviter officiellement le
gouvernement aux fêtes des 12 et 13 août : inauguration du
monument Ribierre, inauguration de la ligne de Lunéville à
Blâmont et à Badonviller.
Cette délégation était composée de MM. Ferdinand de Langenhagen,
conseiller général, vice-président du comité et de M. Henry
Ribaud, secrétaire général.
Elle était accompagnée de M. Raoul Méquillet, député, à qui
s'était joint M. Grandjean, député de Briey.
M. Lebrun, ministre des colonies, qui avait été pressenti par M.
Méquillet, reçut le plus aimablement ces messieurs, qui le
remercièrent d'avoir bien voulu accepter de présider les deux
cérémonies d'inauguration et les fêtes.
La délégation s'est ensuite rendue au ministère des Travaux
publics. La réception de M. Augagneur fut on ne peut plus
cordiale.
Le ministre des travaux publics a déclaré qu'en principe il
acceptait d'accompagner M. Lebrun ; il a donné une assurance
beaucoup plus formelle pour la journée du dimanche que pour
celle du samedi.
La délégation est allé rendre visite également au président du
conseil pour lui faire part de ses invitations et de ses
projets.
L'accueil de M. Caillaux a été très cordial. Le président du
conseil a dit combien il s'intéressait à la situation politique
de l'arrondissement de Lunéville. C'est avec plaisir a-t-il
ajouté, que je verrai des membres du cabinet aller porter la
bonne parole républicaine dans votre région.
Nous sommes certains que les militants démocrates de
l'arrondissement de Lunéville voudront venir saluer les
ministres de la République qui assisteront aux fêtes de
Lunéville et de Blâmont, et que le banquet politique de
Lunéville réunira un nombre fort important d'adhérents.
Le comité d'organisation des concours de gymnastique et de
préparation militaire, à Blâmont, a l'honneur d'inviter à la
fête du 13 août, MM. les présidents, administrateurs et amis des
sociétés de tir, de gymnastique et de préparation militaire
(sociétés S. A. G.) et de les prier d'adresser, avant le 5 août,
dernier délai, leur adhésion au banquet qui aura lieu le 13
août, à midi. (Prix 5 fr.)
La fête d'inauguration du chemin de fer Lunéville-Blâmont ayant
lieu à la même date, il va sand ire qu'il n'y aura qu'un seul
banquet.
Est-Républicain - 6 août 1911
Les fêtes de Blâmont
BLÂMONT, samedi 5 août. Voici le programme officiel des fêtes :
Samedi 12 août, pavoisement de la ville.
A 6 h. 30 et à 8 h. 40 : réception des membres du jury et des
sociétés.
A 8 heures et demie : retraite aux flambeaux par la fanfare de
la Société de tir et de P. M. de Blâmont-Cirey.
A 8 heures trois quarts : réunion du jury à la salle des fêtes
de la société.
Dimanche 13 août :
De 6 heures à 11 heures : concours de gymnastique et de
préparation militaire sur le terrain de la fête et au stand.
Prix d'entrée pour la matinée, 0.50.
A 11 heures : réception des mouvements d'ensemble.
A midi 10 : arrivée à la gare L. B. B. de MM. les ministres et
des autorités civiles et militaires. Présentation de la
municipalité, des fonctionnaires, des présidents et délégués des
sociétés.
A midi 45 : banquet par souscription, à l'hôtel de ville.
A 1 heure et demie : rassemblement des sociétés au siège social.
A 1 heure 45 : défilé en ville de toutes les sociétés de
gymnastique et préparation militaire et de musique.
A 2 heures : défilé de toutes les sociétés devant les tribunes.
A 2 heures un quart : reprise du concours et grande fête.
Mouvements d'ensemble avec et sans engins, adultes et pupilles.
Pyramides avec et sans engin.
Boxe.
Travail artistique aux appareils.
Travail simultané, barres parallèles à barres fixes.
Reprise par les escadrons de P. M.
Exécution en musique des exercices d'ensemble par toutes les
sociétés.
Présentation des drapeaux et remise du drapeau de l'Association.
Distribution des prix et récompenses.
A 8 heures et demie : feu d'artifice, illuminations des édifices
publics et privés.
A 9 heures et demie : bal.
Pendant toute la durée de la fête différents concerts seront
exécutés.
Est-Républicain - 8 août 1911
Groupe Bara. - Préparation militaire et musique. - Le comité du
Groupe Bara prévient MM. les membres honoraires que la société
prendra part au concours de Blâmont le dimanche 13 août, avec un
effectif de 95 membres. Est-Républicain -
12 août 1911
Les Fêtes de Lunéville et de Blâmont
Samedi et dimanche, l'arrondissement de Lunéville sera à
l'honneur. Au chef-lieu, M. Lebrun, ministre des colonies,
inaugurera samedi le monument élevé à la mémoire de
Pierre-Eutrope Ribierre, ancien maire de Lunévile ancien
conseiller général de Meurthe-et-Moselle.
Dimanche, M. Albert Lebrun et M. Victor Augagneur, .ministre des
travaux publics, inaugureront la ligne de Lunéville à Blâmont,
ligne tant désirée, qui a coûté tant d'efforts et qui apportera
à de laborieuses populations un peu plus de bien-être.
A Blâmont, ils assisteront à la fête de l'Association des
gymnastes de Meurthe-et-Moselle.
Ile apporteront à ces jeunes gens les encouragements et l'appui
du gouvernement de la République, ils féliciteront les dévoués
organisateurs de la fête qui, au milieu de difficultés sans
nombre, sont parvenus à accomplir heureusement leur tâche.
Les fêtes de Lunéville et de Blâmont sont caractéristiques.
A Lunéville, on veut honorer un homme de bien qui, sorti du
peuple, a toujours aimé le peuple de l'affection la plus sincère
et là plus éclairée.
Et il y a quelque chose d'infiniment touchant dans cet hommage
rendu par toute une ville à celui qui fut le meilleur de ses
fils adoptifs.
Quant à la ligne de Lunéville à Blâmont, on sait toutes les
considérations stratégiques qu'elle a suscitées.
Dans ces questions de chemin de fer, nos populations doivent
longuement patienter ; mais leur patriotisme comprend pleinement
les inéluctables nécessités de la défense nationale.
M. Albert Lebrun, comme président de l'assemblée départementale,
s'est intéressé d'une façon toute particulière à la ligne
Lunéville-Blâmont. Il serait injuste aussi d'oublier tout le
dévouement montré par l'honorable M. Bentz, qui représente le
canton de Blâmont au conseil général.
Ainsi les fêtes de samedi et de dimanche ont trois caractères
essentiels : fidélité au souvenir, progrès économique constant
de notre Lorraine, grâce à de nouvelles voies ferrées, et enfin
confiance dans l'avenir témoignée par toute une robuste jeunesse
éprise du noble idéal républicain.
Léon PIREYRE,
Le monument Ribierre
C'est donc aujourd'hui samedi qu'aura lieu, sous la présidence
de M. Albert Lebrun, ministre des colonies, l'inauguration du
monument élevé aux Bosquets à la mémoire de l'ancien maire de
Lunéville, Pierre-Eutrope Ribierre.
M. Ribierre est mort depuis plus de quatre ans déjà, mais soin
souvenir est resté singulièrement vivace dans cette ville qu'il
aimait tant.
M. Ribierre n'était cependant pas né à Lunéville. Il avait vu,
le jour, en effet, à Rochechouart, dans la Haute-Vienne, mais il
était venu s'installer comme-pharmacien dès 1859, 29, rue
Germain-Charrier.
En 1860, M épousait Mlle Simon, soeur du docteur. Il était donc
l'oncle du docteur Simon, professeur à Nancy. Entré au conseil
municipal en 1870, il ne devait plus le quitter jusqu'à sa mort.
Le 20 mai 1888, il était nommé premier adjoint et maire le 10
janvier 1889. Il conserva l'écharpe municipale jusqu'aux
élections de 1904, où ses partisans perdirent la majorité, tout
en donnant à Ribierre la seconde place des élus.
En 1901, il était élu conseiller général dans le canton de
Lunéville-Sud. Ribierre était chevalier de la Légion d'honneur.
Ribierre jouissait à Lunéville de la plus grande et légitime
popularité. Il apparaît très vivant à nos yeux. Le voici se
promenant en hiver devant les Halles. Il est de petite taille,
alerte, solidement campé. Des yeux vifs éclairent un, visage
coloré et il est vêtu d'un, pardessus quasi-légendaire, garni de
peau de lapin au col et aux manches, lesquelles, lorsqu'il
faisait par trop froid, servaient de manchon.
Ribierre pratiquait volontiers la devise de Gambetta : « Soyez
gais et de bonne composition ». C'était un joyeux convive, de
bonne tradition française.
Cette gaieté de bon aloi, cette facilité de commerce, sa
prodigalité de poignées de mains sincères à tous, furent le
secret d'une popularité, qui jamais ne faiblit.
Il fut pendant vingt ans « papa Ribierre », titre familier
auquel il tenait au-dessus
de tout : plus qu'à un titre de noblesse déclarait-il à
quelqu'un qui semblait lui faire reproche de sa familiarité avec
les plus humbles.
Lunéville, dont il fut « le père » sans en être l'enfant, fut sa
ville d'adoption, à laquelle il apporta un dévouement sans
borne. Pour se consacrer à ses fonctions de maire, il céda sa
pharmacie, n'ayant amassé qu'une fortune qui lui assurait
seulement l'existence grâce à ses goûts modestes. Ses
préférences allaient à la classe ouvrière, non par ambition,
mais par prédilection. Aussi, en quelle circonstance que ce fût,
son intervention était-elle toujours saluée par des
manifestations de joie et de sympathie, lorsqu'il arrivait dans
quelque réunion.
Lorsque le général André, ministre de la guerre, vint à
Lunéville, Ribierre, maire, lui parla de « sa population » avec
un accent si paternel, que tout le monde en sourit avec émotion.
Il s'occupait de tout, sans apparat et sans protocole, visitant
les écoles fréquemment où il s'entretenait avec les maîtres et
les élèves avec la bonhomie qui était le fond de sa. nature : «
Aimez la patrie, la République et vos parents », telle était la
formule qui lui était chère.
Il mourut le 26 février 1907, et ses obsèques furent célébrées
au milieu de ta sympathie de tout l'arrondissement.
Un appel du maire de Lunéville
M. H. Castara, maire de Lunéville,adresse l'appel suivant à ses'
concitoyens :
Mes chers concitoyens,
Samedi prochain, 12 août, M. Albert Lebrun, député de Briey,
président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, ministre des
colonies, nous honorera de sa visite.
Tous, vous aurez à coeur de faire à ce ministre lorrain, notre
compatriote, un accueil digne de lui et de l'hospitalière et
patriotique population de Lunéville.
Vous voudrez bien pavoiser et décorer vos maisons, surtout sur
le parcours du cortège officiel, j'en suis sûr et vous en
remercie d'avance.
En raison des événements particuliers qui se déroulent en ce
moment autour de nous, il est indispensable que notre ville
frontière donne l'exemple de l'union et que l'on soit bien
convaincu partout, que cette union sera toujours et malgré tout
la force de la nation française.
Vive la France !
Vive la République !
Le maire : H. CASTARA,
Conseiller général.
A BLÂMONT
Depuis huit jours, une fiévreuse activité règne - malgré la
chaleur torride - dans toute la population blâmontaise. Les
maisons disparaissent sous les tentures ; les rues sont ornées à
profusion de guirlandes, de mâts, de faisceaux de drapeaux.
Au retour de la charmante petite cité lorraine, nous croyons
intéresser nos lecteurs, en leur donnant cette courte
description de Blâmont - simple préface d'avant les fêtes de
samedi, dimanche et lundi :
Blâmont, l'Albus Mons, te Mont Blanc d'autrefois, fut la
capitale élégante et fière d'un comté célèbre, dont les Sires-,
puissants batailleurs en leur temps, eurent une brillante
histoire.
Descendu de Gogney, un ruisseau aux eaux crayeuses vient affluer
à la Vezouse et les bords de ce rupt sont une promenade
ravissante parmi des sites reposants, où des- pêcheurs
octogénaires se livrent à leur plaisir favori, où le baron de
Turckheim, en nouveau Louis XIV de céans, fait monter l'eau
jusqu'à ses bassins du Versailles blâmontois, à l'aide d'une
nouvelle machine de Marly, actionnée par de très puissante
moteurs..
Et, entre ces deux eaux peu claires, qui désagrègent les
terrains de blanc calcaire, entre les collines boisées et le
montet pittoresque où se dressent les ruines majestueuses du
château-fort des Sires disparus, la ville de Blâmont s'étend,
avec ses maisons blanches au milieu des verdures, avec ses
placettes mangées de soleil, avec ses rues tournantes et
grimpantes, avec ses faubourgs qui s'allongent, en manières de
tentacules, dans toutes les directions et le long de tous les
chemins de la vallée.
Des terrasses superbes du château neuf du baron de Turckheim,
l'oeil plonge avec plaisir sur ce panorama de Blâmont de
Lorraine.
Au premier plan, sous les galeries ajourées et les massifs de
fleurs aux chatoyantes couleurs, des bassins s'en vont sur ces
hauteurs, alimentés par les eaux d'en bas, des bassins luxueux
qui semblent des miroirs d'argent clair où vient se refléter le
soleil.
Et puis, le coteau dévale à travers les sapins, les conifères,
les vergers à fruits.
Alors c'est Blâmont tout entier qui apparaît, depuis les ruines
colossales démantelées, depuis le donjon découronné et la tour
en poivrière, tapissée de lierre robuste., jusqu'aux belles
maisons qui longent la Vezouse ou se cachent autour des rues
calmes de l'ancien collège, jusqu'à la neuve église ogivale aux
deux tours si fines, si élancées, et de si coquet aspect, vues
de loin et des hauteurs d'alentour.
De ces terrasses qui surplombent, il semblerait que Blâmont dût
avoir au moins quatre à cinq mille âmes.
La petite cité parait aussi étendue que Saint-Nicolas de Port,
et pourtant elle ne compte pas 2,000 habitants, chrétiens et
judaïsants réunis, car Blâmont possède une synagogue très
confortable, sise sur un bras de la Vezouse, en allant aux
Pâtis.
Mais quand on a fini de dénombrer les maisons et les rues de ce
Blâmont si paisible aux deux ou trois industries florissantes -
il faut bien lever les yeux... les ouvrir très grands et...
regarder.
Un tableau féerique vient d'être accroché là, et c'est
absolument sublime que cette vision des montagnes vosgiennes qui
apparaissent, toutes, avec leurs sommets innombrables, leurs
forêts, leurs puissantes croupes et les ballons chevauchant du
sud au nord, comme une armée étrange de chevaliers géants.
La chaîne des Vosges, vue des hauteurs de Blâmont, comme c'est
beau, comme c'est grandiose !
A droite, à gauche, en face, ce sont des montagnes et encore des
montagnes, des avancées et des reculées, et. dominant le tout de
sa masse, le Donon au double sommet, qui porte, dit une vieille
légende, le tombeau du premier roi franc, Pharamond le Chevelu.
Peut-on rêver plus glorieux .tombeau pour l'ancêtre et le
fondateur d'une race ? pour le Franc d'où sortirent les
conquérants d'Austrasie ?
Il y a, au cimetière de Blâmont, des monuments splendides,
oeuvres de l'architecte Urmès ; on y remarque nombre de
célébrités lorraines qui se sont fait un nom dans l'histoire du
dix-neuvième siècle.
J'y ai vu le buste du jeune sculpteur, Alphonse Goeury, exécuté
par son père, lui-même artiste statuaire ; j'y ai vu le beau
monument et l'image si expressive du capitaine Delabbeye, et j'y
ai revu avec plaisir, enfin terminé et mis en point, le monument
de marbre et de granit, érigé en 1900, inauguré par le député
Fenal et le général Marin, aux Enfants du canton de Blâmont,
morts pour la patrie.
Chose curieuse ! Les jeunes gens de cette placide localité ont
souvent l'esprit aventureux. Blâmont a eu des généraux célèbres
; elle a donné le jour à Régnier, le futur duc de Massa-Carrare
et le Grand-Juge de France ; elle a donné beaucoup d'enfants à
la magistrature, à l'armée, et j'en sais qui se préparent au
négoce, à l'industrie, à la marine.
33 communes forment le canton de Blâmont ; il en est de grosses,
il en est de menues ; d'aucunes sont restées célèbres dans les
fastes de l'histoire de Lorraine.
En revenant par l'humble voie ferrée qui suit la frontière, les
constructions colossales de la gare d'Avricourt allemand, font
souvenir, hélas ! que la Lorraine a été coupée en deux il y a 41
ans, et que le sillon factice des vainqueurs a tranché net dans
la terre de nos ancêtres.
La petite fleur bleue
Ainsi que nous l'avons déjà annoncé à plusieurs reprises,
l'Union des Femmes de France (comités de Cirey et de Blâmont) a
organisé, à l'occasion des fêtes de gymnastique et de P. M. du
13 août à Blâmont, la vente de la petite fleur bleue.
Nous ne doutons pas un seul instant que les populations
patriotiques de notre Lorraine répondront avec empressement à
l'appel fait au nom de nos blessés militaires, et que la recette
sera fructueuse.
Nous avons le plaisir de donner ci-dessous les noms des aimables
vendeuses, tant pour Cirey que pour Blâmont :
Mmes Batho, Bechmann, Caen, Dangoumean, Duron, Henry,
Taillibert, Haug, A. Zimmermann.
Mlles Acker, E. Barbier; G. Barbier, Batho, Balland, Charton,
Claudon, E. Colin, M. Colin, Collignon, Coblentz, Cuny,
Cuissard, Dion, Dumarest, Dupays, Florentin, Froment, Guyon.
Harquet, Kuhn, Laurent, Louis Mantout, Marx, G. Moilrier, S.
Moitrier, Pierron, Portier, Protoy, F. Riehl, L. Riehl, Hemiot,
Raffin, Stein, Seyer, M. Tiha, J. Tiha, Weber, Wagner, Zaug,
Zeis, M. Zimmermann.
Les gymnastes de Meurthe-et-Moselle
Réunion générale de l'Association des gymnastes de
Meurthe-et-Moselle dimanche 13 août, à 10 heures et demie du
matin, à l'ancien collège de Blâmont.
Ordre du jour. - Lecture du procès-verbal.- Allocution du
président. - Compte vendu financier. - Nomination du bureau pour
1912. - Désignation de la ville dans laquelle aura lieu la fête
de l'Association en 1912. - Affaires diverses.
Est-Républicain - 13 août 1911
LES FÊTES DE BLAMONT
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
BLÂMONT, samedi 12 août, soir. - La ville est décorée. Des
branches de sapin jalonnent les rues, des mâts sont chargés
d'emblèmes où se lisent les mots : Honneur et Patrie.
Çà et là, des arcs de triomphe, avec des écussons, des
banderoles, des dédicaces en l'honneur des hôtes ; des souhaits
de bienvenue.
A toutes le fenêtres, à tous les balcons flottent des drapeaux,
se balancent des lampions. Des couronnes de verdure parent de
nombreuses façades.
Dans tous les villages que nous avons traversés, nous avons
remarqué le même enthousiasme, la même allégresse patriotique.
On apercevait partout de braves gens occupés à embellir leurs
maisons. La personnalité de M. Albert Lebrun, ministre des
colonies, semble particulièrement populaire et les Lorrains se
proposent de le fêter a l'envi.
Les Escadrons de Lorraine et de Nancy dirigés Par M. le
commandant Larcher et M. Pierre Bachelard, sont arrivés à
Blâmont, le premier à 11 heures du matin, et le second à six
heures et demie du soir. Ils ont été l'objet d'une cordiale
réception.
Au train de sept heures, sont arrivés ce soir MM. les membres du
jury et de nombreuses sociétés. La fanfare de la société de tir
de Blâmont s'est s'est portée à leur rencontre et, musique en
tête, le cortège s'est aussitôt rendu vers le café de la
Réunion, au cercle, où un apéritif d'honneur fut offert aux
membres du jury
Les généraux de Lastours, Théveney, Groth et Leclerc sont
attendus dans la soirée.
Une réunion a eu lieu à huit heures et demie au siège de la
société de tir et et de préparation militaire. L'attribution des
divers services y fut réglée. Plusieurs toasts ont été échangés.
La retraite aux flambeaux donne le signal des réjouissances
populaires Elle a parcouru toutes les artères de la ville
entraînant à sa suite une jeunesse turbulente. La dislocation,
sur la place de l'hôtel de ville s'accompagna de joyeuses
manifestations.
Les concours commenceront demain, à six heures du matin. - L.C.
Est-Républicain - 14 août 1911
Les Fêtes de Blâmont
L'inauguration de la ligne Lunéville-Badonviller
LE CONCOURS DE GYMNASTIQUE
MM. LEBRUN ET ÂUGAGNEUR
Préliminaires de fête
BLAMONT, dimanche 13 août. - La coquette petite cité de Blâmont
est en rumeur dès les premières heures de la matinée.
Dès l'aube, les gymnastes commencent à y affluer ; ils ont la
meilleure allure, méthodiquement les épreuves s'organisent.
Tous les gymnastes manoeuvrent ce pendant que les tireurs se
rendent au stand aménagé d'une façon irréprochable. Les fils
électriques, fonctionnent sans relâche.
Les examinateurs, non loin de là, interrogent les jeunes gens
sur la topographie.
Nous voyons passer M. Edmond Gérard, avec son excellente société
l'« Abeille lorraine », dont les exercices ont été très
applaudis.
M. Albert Maringer, président de la Fédération les Sociétés de
tir de l'Est, est arrivé à 9 heures. Il a été reçu par le
Docteur Hanriot et par M. Mazerand.
Mais il est onze heures. Les- jeunes gymnastes ont besoin de
réparer leurs forces et ils se répandent dans les édifices
scolaires pour y déjeuner. L'organisation de ces repas n'a pas
été une mince affaire, mais tous les moindres détails ont été
réglés à la satisfaction générale.
Les commissaires de la fête, de leur côté, déploient la plus
grande activité. Il leur a fallu, en effet, une longue étude de
la liste des invitations de façon à ce que tout le monde soit
bien à sa place et qu'aucune infraction au protocole ne se
produise.
Il fait un temps magnifique. La foule est considérable dans les
rues de Blâmont.
La fête s'annonce merveilleusement.
Sur la ligne Lunéville-Blâmont
A la gare Lunéville-Blâmont
Lunéville est encore endormie, se reposant des fêtes de la
veille, quand les trains venant de Nancy déposent sur le quai de
la gare des personnages officiels aux uniformes chamarrés ou
d'autres plus simplement vêtus d'austères redingotes et coiffés
du cérémonieux gibus. Près de la gare de la Compagnie de l'Est
un train de la ligne dont la locomotive est couverte de fleurs
et de rubans tricolores emmène les invités à la coquette gare du
quartier du « Dahomey », d'où partira le train ministériel. On
longe des rues ouvrières. Des personnes curieuses poussent leurs
volets et se montrent aux fenêtres dans une tenue matinale. Les
maisons sont pavoisées de drapeaux, des lampions pendent
tristement, ayant perdu leurs fraîches couleurs pour avoir trop
brûlé. La salle d'attente de la gare Lunéville-Blâmont est
coquettement aménagée.
Les curieux affluent bientôt, mais ils sont maintenus aux
environs de la gare par un cordon de sapeurs-pompiers et une
rangée de cavaliers du 17e chasseurs. A huit heures moins le
quart, le cortège ministériel quitte la sous-préfecture.
La série de landaus qui emmène les personnages officiels vers
la. gare est escortée par des détachements de dragons aux lances
ornées d'oriflammes.
Les ministres sont reçus à la gare par MM. Aubin, ingénieur des
ponts et chaussées ; Tartary, administrateur de la Compagnie ;
Pariset, ingénieur des ponts et chaussées, et Chesnel, direction
de l'exploitation de la ligne Lunéville-Blâmont.
M. le préfet présente en outre aux ministre M. le général
Bnlfourier, venu de Nancy, ainsi que plusieurs conseillers
généraux. A huit heures précises, ministres, députés, préfet,
sous-préfets, généraux, conseillers généraux et
d'arrondissement, ingénieurs et invités divers, tout le monde se
case dans le train ministériel qui bientôt s'ébranle.
A Chanteheux
Première station à Chanteheux, où un nombreux public se presse
sur le quai de la gare magnifiquement pavoisée. L'arrivée du
convoi est saluée aux accents de la Marseillaise, chantée par
des voix enfantines.
On descend sur le quai et le maire, M. Victor Thomas, souhaite
en excellents termes la bienvenue aux ministres, tout en ne
manquant pas de leur rappeler les vieilles origines de
Chanteheux et les épisodes les plus saillants de l'histoire
locale.
M. Augagneur répond aimablement que tout, en professant le plus
profond respect pour son passé, la commune de Chanteheux n'en
est pas moins acquise sincèrement aux idées républicaines. Le
culte du souvenir ne s'oppose en rien aux idées de progrès.
De charmantes fillettes viennent offrir un bouquet de fleurs aux
ministres. M. Augagneur les embrasse pendant que retentit le cri
de : « En voiture, messieurs, s'il vous plaît ».
A Croismare
Rapidement le train part. Quelques minutes après, les ministres
descendent sur le quai de Croismare, où l'accueil le plus
chaleureux leur est fait. Les sapeurs-pompiers rendent les
honneurs, pendant que l'excellente fanfare de la verrerie joue
la Marseillaise.
M. Villemin, maire de la commune, remercie les ministres d'avoir
bien voulu s'arrêter quelques instants au milieu de là
population. Il a d'aimables paroles pour M. Bentz, conseiller
général, qu'il appelle savoureusement « le père du petit train
».
M. Augagneur répond et remercie au nom du gouvernement. Des
fillettes s'avancent avec des bouquets ; les ministres les
embrassent, et vite on remonte dans le train.
Dans les autres gares
A chaque station, la même scène se déroule. Discours du maire,
réponse aimable de M. Augagneur, Marseillaise par les enfants
des écoles, compliments par de jeunes fillettes et bouquets... A
l'arrivée du ttrain ministériel à Blâmont, on en comptait plus
de quarante dans le wagon des ministres.
C'est ainsi que M. Voituron, à Marainvillers ; M. Roy Joseph, à
Thiébauménil ; M. Adrian, à Bénaménil ; M. Grandgé, à Domjevin ;
M. Adam, à Fréménil ; M. Moitrier, à Ogéviller ; M. Lobru, à
Herbéviller ; M. Liengey, à Mignéville ; M. Alix Nicolas, à
Montigny, et M. Hasselot Joseph, à Saint-Maurice, vinrent au
milieu de leurs administrés saluer les ministres au passage et
les assurer de leurs sentiments républicains. Les gares de ces
communes étaient très coquettement décorées et les sections de
sapeurs-pompiers rendaient les honneurs. A Saint-Pol, avant
dernière commune en allant à Badonviller, le train arriva en
gare avec une forte avance, aussi le maire, l'honorable M.
Humbert Félix, n'était-il pas sur le quai pour saluer le
ministre. En attendant son arrivée, l'instituteur fit chanter
plusieurs fois la Marseillaise à ses élèves.
Enfin, M. le maire arriva tout, essoufflé. Il mit immédiatement
la main à sa poche pour en tirer son discoure, quand, ô stupeur,
il s'aperçut qu'il l'avait oublié. Comme il se proposait de
retourner chez lui le chercher, M. Augagneur l'en dissuada. Et
comme ce brave maire se désolait de n'avoir pu placer son
discours, le ministre des travaux publics s'écria plaisamment,
pendant que le convoi s'ébranlait : « Ce sera pour la prochaine
fois, M. le maire ! » Ce fut le seul incident qui se produisit,
et avouons qu'il fut plutôt d'une agréable gaieté, rompant ainsi
la monotonie des réceptions dans chaque gare.
A Badonviller
A Badonviller, point terminus de la ligne, l'accueil le plus
chaleureux est fait au cortège ministériel.
Une foule nombreuse se presse aux environs de la gare et dans
les rues. L'excellente musique de la localité joue la
Marseillaise a l'arrivée et conduit ensuite le cortège, aux
accents d'entraînants pas redoublés, vers la mairie où une
réception a été préparée par les soins du comité républicain
cantonal. Les sapeurs-pompiers, les douaniers et les gendarmes
encadrent le cortège. Des arcs de triomphe portant des adresses
de bienvenue ont été érigés dans les rues pavoisées de la
coquette cité.
A l'hôtel de ville, les ministres et leur suite sont reçus par
la municipalité. Un champagne d'honneur est servi, accompagné de
réconfortants sandwichs.
M. Clavé, au nom de la population de Badonviller, -remercie les
ministres d'avoir honoré cette petite ville de leur présence. Il
remercie tous ceux qui par leurs efforts ont contribué à la
création du chemin de fer de Lunéville à Badonviller-Blâmont, et
particulièrement MM. Bentz, Méquillet et Messier.
M. Bentz prit la parole au nom de M. le docteur Messier. auquel
son grand âge n'avait pas permis de venir saluer les ministres.
Il leur apporte toute la respectueuse sympathie de l'honorable
conseiller général de Badonviller, doyen de notre assemblée
départementale.
M. Ruetschmann, président du comité républicain du canton, salua
les ministres. Il trouva d'aimables paroles pour M. Augagneur et
exprima toute la joie qu'avait éprouvé le comité républicain de
Badonviller en apprenant l'arrivée de M. Lebrun au ministère des
colonies. Il fit part de quelques desiderata des habitants en ce
qui concerne le fonctionnement de la nouvelle ligne.
M. Lebrun, remercie les orateurs précédents. Il se déclara très
touché des compliments qui lui avaient été adressés. Il fit
l'éloge du docteur Messier, qui a droit à la vénération et au
respect de tous, en raison de son grand âge et de la dignité de
sa vie. Aussi est-ce avec la certitude de répondre au sentiment
unanime qu'il lui adressa son salut cordial. Parlant de la
nouvelle ligne, il exprima l'espoir qu'elle serait un élément de
prospérité en plus pour l'avenir du canton de Badonviller.
M. Augagneur fit remarquer spirituellement que depuis le matin
il voyageait au milieu des fleurs. Mais parmi toutes les
manifestations qui se sont produites depuis te départ de
Lunéville, il a été frappé surtout de l'union qui semble exister
entre les républicains. Les maires rendent justice aux
conseillers-généraux et aux députés de leurs efforts. Nulle part
il n'a éprouvé une sensation plus profonde d'union entre les
républicains, peut-être est-ce parce que la France finit bien
près... Il rend hommage à M- Bentz dont la modestie, dit-il, a
été mise depuis ce matin à une rude épreuve. Mais il y a
quelqu'un d'oublié dans tous ces éloges, c'est le peuple paysan
dont on a traversé les villages en venant. Car on n'a fait que
consacrer par une voie ferrée les efforts des générations de
cultivateurs qui ont travaillé pour faire produire la terre.
Tous ces discours furent chaleureusement applaudis et le cortège
regagna la gare au milieu du même enthousiasme.
De Badonviller-Blâmont
Revenant sur ses pas jusqu'à la gare de Herbéviller, le cortège
ministériel prit ensuite l'embranchement de Blâmont. A
Domèvre-sur-Vezouse et Verdenal un court arrêt permit aux maires
et à la population de ces communes de saluer les ministres.
L'arrivée à Blâmont
Le train stoppe en gare à midi 15. Aucune cérémonie. Ni discours
ni réception officielle. Au dehors, des acclamations
retentissent.
Le cortège se forme devant la gare. Il est précédé par un
peloton de gendarmes à cheval, qui éprouve quelque difficulté à
se frayer un passage dans la foule.
Les ministres sont l'objet de marques très vives de sympathie.
En maint endroit, des ovations éclatent. Les femmes agitent
leurs ombrelles. A toutes les fenêtres, décorées de drapeaux,
des curieux se pressent ; une sorte de marée humaine a déferlé
jusqu'au haut des marches de l'église.
Dix minutes plus tard, les personnalités officielles pénètrent
au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville, où un banquet de 500
couverts est préparé.
Des présentations ont lieu à ce moment.
Une certaine confusion règne - à telle enseigne que M. le
docteur Hanrion, privé de sa place, se voit contraint d'aller
mettre son couvert chez les gymnastes qui déjeunent à l'ancien
collège.
Le Banquet
Le banquet, qui comprenait près de 500 couverts, fut servi dans
la salle des Halles de Blâmont par les soins de M. Godart, de
Lunéville.
On dut refuser, faute de place, de très nombreuses souscriptions
trop tardives. A la table d'honneur, M. Augagneur présidait,
ayant à ses côtés MM. Lebrun, Méquillet, Bonnet, préfet de
Meurthe-et-Moselle ; Denis, Grandjean, Noël, députés ; les
généraux Goetschy, de Mas-Latrie, Varin, Mazel, Leclerc,
Balfourier ; MM., Krug, président de la Fédération des sociétés
de gymnastique de l'Est ; Nérot, inspecteur principal de la
Compagnie de l'Est ; Boutroue, chef de cabinet du ministre des
colonies ; Brisson, directeur des postes ; Maringer, président
de la fédération des sociétés de tir de l'Est ; Cousin,
ingénieur des mines ; Schertzer, Tourtel, de Langenhagen, Bentz,
Humbert, conseillers généraux ; Castara, maire de Lunéville ;
Aubin, ingénieur des mines ; Montreuil, sous-préfet de Briey ;
Lacombe, sous-préfet de Lunéville ; Labourel, maire de Blâmont ;
Vergé, Marin, Moitrier, Viriot, conseillers d'arrondissement.
M. Mazerand, président d'honneur du Comité républicain de
l'arrondissement de Lunéville.
Pendant le repas, la musique du Groupe Bara de Nancy fit
entendre quelques-uns de ses meilleurs morceaux.
Les toasts
A l'heure des toasts, quand le Champagne pétille dans les
verres, c'est M. Bonnet, préfet de Meurthe-et-Moselle, qui se
lève le premier. Il y a un an, dit-il, dans des circonstances
analogues, j'exposai en m'en excusant presque des vues
optimistes à l'égard d'un autre chemin de fer d'intérêt local.
Les événements semblent confirmer les voeux que j'émettais
alors. Puisque mes voeux semblent être exaucés j'en formerai de
très ardents pour le succès de la ligne qu'on vient d'inaugurer
aujourd'hui. J'espère que la visite des ministres de la
République française portera bonheur à cette ligne et aux
populations qu'elle dessert.
Mais, ajoute-t-il, il est encore un autre spectacle qui va
retenir notre attention, c'est celui de 1.500 gymnastes qui
fortifient leurs muscles dans le but unique de servir le pays et
de le défendre un jour s'il le fallait, restant étrangers à
toutes préoccupations de confession religieuse, mais soucieux
uniquement du noble but qu'ils poursuivent.
M. le préfet termine son toast en buvant à la santé du président
de la République.
M. Labourel, maire de Blâmont, souhaite la bienvenue aux
ministres au nom d'une vaillante petite cité qui a toujours
manifesté par ses votes son attachement à la République vraiment
républicaine.
M. Bentz, conseiller général, exprime aux ministres toute sa
gratitude de ce qu'ils ont. bien voulu inaugurer cette ligne qui
l'a toujours préoccupé depuis qu'il appartient à l'assemblée
départementale.
C'est un agréable devoir pour lui de remercier MM. Chapuis,
Mézières et Méquillet, qui l'ont aidé dans ses efforts. Au nom
de la région de la Vesouze jusque là déshéritée, il remercie le
conseil général d'avoir voté les sommes nécessaires pour la
construction de cette ligne.
M. Krug, président de la Fédération des sociétés de gymnastique
de l'Est, glorifie l'oeuvre des sociétés qui, sans se soucier de
questions confessionnelles, préparent une robuste jeunesse. Il
se déclare heureux d'avoir vu M. Lebrun, qu'il considère comme
une des forces agissantes de la démocratie, percer au Parlement,
et cela par son seul talent, sans rien devoir à l'intrigue.
M. Noël, député de Verdun, salue les ministres qui sont venus
réconforter par leur présence les excellents républicains de ce
coin de terre lorraine. Il boit à M. Bentz, le père du petit
chemin de fer, et à M. Mazerand, le vieux républicain si connu
dans l'arrondissement de Lunéville.
M. Denis, député de Toul, en termes humoristiques, rappelle
l'inauguration du chemin de fer Toul-Thiaucourt, qui eut lieu en
présence de M. Barthou, alors ministre des travaux publics. Plus
favorisés que les Toulois, les habitants de Blâmont ont la bonne
fortune d'avoir deux ministres parmi eux et un soleil qui
chauffe l'enthousiasme de la population. Il constate les heureux
résultats qu'a eus l'union de tous les conseillers généraux,
sans distinction d'opinion, quand il s'agit de questions
économiques.
Grâce à cette entente, les arrondissements de Toul et de
Lunéville vont voir par ces chemins de fer locaux accroître leur
prospérité.
M. Méquillet, député de Lunéville, dit qu'après tant de paroles
éloquentes, il se demande s'il reste encore quelque chose à
dire. On a remercié les ministres. On a dit que l'oeuvre qui
vient d'être inaugurée était surtout celle de M. Bentz. Aussi,
après avoir été à la peine, mérite-t-il d'être à l'honneur.
Parlant des sociétés de préparation militaire, il estime avoir
fait oeuvre de bon patriote en s'intéressant tout
particulièrement à elles au Parlement. Il exalte le devoir
qu'elles remplissent et remercie tout particulièrement M.
Augagneur d'avoir bien voulu venir en Lorraine, sortant déjà
d'inaugurer il y a quelques jours un chemin de fer à l'autre
bout de la France.
M. le général Goetschy,en une allocution toute militaire, au
style nerveux et qui fut hachée d'applaudissements, fait le plus
vif éloge des sociétés de préparation militaire. Il termine en
apportant aux représentants du gouvernement l'hommage du 20e
corps et de son absolu loyalisme.
M. Lebrun, ministre des colonies, remercie tout d'abord son
excellent collègue M. Augagneur d'avoir répondu à l'appel qui
lui avait été adressé. Sa présence, dit-il, donne à ces fêtes un
relief que sans lui elles n'auraient pas eu.
Cela lui permet d'oublier un peu sa qualité de ministre pour
faire à son collègue, comme président du conseil général, les
honneurs de la région.
Il y a deux ans on inaugurait trois nouvelles lignes dans le
pays de Briey, puis ce fut la Toul-Thiaucourt, aujourd'hui le
ruban d'acier s'étend toujours et c »est dans l'arrondissement
de Lunéville qu'on renouvelle cette cérémonie. Il espère que le
ligne de Lunéville-Blâmont va donner à notre département un
nouvel élément d'activité. Il adresse ses félicitations à M.
Bentz, dont il connut, à certaines heures, tout l'opiniâtre
intérêt qu'il portait à cette ligne. M. Lebrun évoque le soir
d'hiver où M. Bentz, tombant chez lui à l'improviste à paris,
lui demandait au sujet du rapport qu'il devait faire à la
chambre sur cette question « s'il serait bientôt prêt » (rires).
En terminant, il adresse un hommage ému à la mémoire de M.
Fénal, qui fut un ouvrier de la première heure comme conseiller
général et comme député, et qui représenta toujours avec le plus
grand dévouement l'arrondissement de Lunéville.
M. Augagneur dit qu'il y a huit jours, se trouvant à l'autre
extrémité de la frontière française pour l'inauguration d'un
chemin de fer également, il a entendu comme aujourd'hui des voix
françaises et des voix républicaines et partout, sur la patrie
française, se trouve un peuple animé des mêmes idées, un peuple
travailleur. Ici, ajoute-t-il, à quelques pas de la frontière,
ces manifestations républicaines et patriotiques revêtent un
sentiment d'austérité qui n'est que plus touchant. On a tout dit
- fait-il remarquer - au sujet du chemin de fer et le ministre
des travaux publics n'a eu qu'à constater les résultats obtenus
sans son concours. Mais on ne pourra dire comme dans certains
endroits que les populations de l'arrondissement de Lunéville se
sont ralliées à la République à la suite de la construction d'un
chemin de fer. Elles étaient déjà républicaines avant. Il se
déclare heureux de l'affirmation de loyalisme du 20e corps qu'a
faite le général Goetschy, quoique le gouvernement n'ait jamais
eu de doute à cet égard.
Il fait l'éloge des sociétés de gymnastique et de préparation
militaire, qui sont des oeuvres de haute éducation, en ce sens
qu'elles tendent à soumettre l'individualisme de leurs adhérents
à une discipline et leur apprennent ainsi à faire passer
l'intérêt général avant leurs intérêts particuliers. Il termine
son magnifique discours en. remerciant l'arrondissement de
Lunéville de l'accueil chaleureux qu'il a fait à deux membres du
gouvernement.
La Fête de gymnastique
Après ces toasts, qui furent chaleureusement applaudisses
personnalités officielles se dirigent vers le terrain de
manoeuvre, dans l'ordre suivant ;
Première voiture. - Les deux ministres, M. Bonnet, préfet de
Meurthe-et-Moselle ; M. Labourel, maire de Blâmont.
Deuxième voiture. - MM. Denis, Méquillet, députés ; général
Goetschy, commandant le 20e corps ; Bentz, conseiller général.
Troisième voiture. - MM. Grandjean, Noël, députés ; M. le
général de Mas-Latrie, M. Lacombe, sous-préfet de Lunéville.
Quatrième voiture. - MM. les généraux Varin et Mazel.
Cinquième voiture. - M. le sous-préfet de Briey ; M. Georges,
président du tribunal.
Sixième voiture. - M. le général Balfourier et M. de
Langenhagen, conseiller général.
Septième voiture. - MM. les généraux Mazel et Leclerc.
Huitième voiture.- M. le général Defforges et M. l'intendant
Défaut.
Neuvième voiture. - MM. Victor Mazerand et Tourtel, conseiller
général.
Dixième voiture. - M. le général Bosc, M. Castara, M. Boutroue,
chef de cabinet du ministre des colonies et son collègue le chef
de cabinet du ministre des travaux publics.
Onzième voiture. - MM. Voirin, conseiller d'arrondissement ;
Viriot, Humbert et Stef.
Douzième voiture. - M. Albert Maringer, M. Aubin, ingénieur des
ponts et chaussées ; M. Tartary et M. le chef de cabinet du
préfet de Meurthe-et-Moselle, etc., etc..
Au terrain d'exercices
Les deux ministres prennent place à la tribune d'honneur, ayant
à leur gauche M. Bonnet, préfet de Meurthe-et-Moselle, et le
général Goetschy, commandant le corps d'armée, et à leur droite
M. Labourel, maire de Blâmont.
Les toilettes féminines mettent l'élégance de la mode parmi la
sévérité des habits noirs et des uniformes.
Un détachement du 20e chasseurs, venu hier de Baccarat, monte la
garde devant les tribunes et sur toute l'étendue du terrain
d'exercices où la troupe renforce les barrages du service
d'ordre.
Après le maniement des massues par un groupe de pupilles, les
Escadrons de Lorraine et de Nancy commencent leurs évolutions.
La remise du drapeau de l'Association à M. le docteur Hanrion
donne lieu à une patriotique manifestation. Les drapeaux de
toutes les sociétés présentes s'inclinent. Les musiques jouent.
M. le docteur Hanrion promet que bonne garde sera faite auprès
de l'emblème qu'on lui confie et il compte bien le porter « plus
grand encore », l'an prochain, au congrès de Pagny-sur-Moselle.
Les mouvements d'ensemble sont alors exécutés. Malheureusement,
la mesure de la fanfare, chargée de régler les mouvements,
précipite son rythme et cause des « accrocs ».
De nouvelles décorations sont enfin décernées. Le signa! du
départ est donné. Ministres, députés, généraux, personnalités
civiles et militaires regagnent landaus, breaks, phaétons et
limousines. Le cortège se dirige vers la gare du chemin de fer
départemental où il arrive à cinq heures précises.
Le général Goetschy, avant de monter dans le train, prend congé
de M. le commandant Larcher, chef de l'escorte, à qui il exprime
la satisfaction que lui a procurée la tenue de l'Escadron de
Nancy.
Une foule énorme salue les hôtes de Blâmont. Les hurras, les
cris de : Vive la République ! et Vive l'armée ! jaillissent de
milliers de poitrine.
La Soirée
Nous renonçons à décrire l'animation qui répand dans Blâmont
l'enthousiasme et la joie. Des concerts ont lieu sur les places
; des groupes dansent, chantent, se promènent gaiement, bras
dessus, bras dessous; les dames de la Croix-Rouge vendent par
douzaines les petites fleurs bleues, ce pendant que les échos
d'une kermesse voisine nous apportent la persistance des
boniments forains et des ritournelles des orgues de barbarie.
Ça et là, les pompiers, les chasseurs à pied préparent les
guirlandes lumineuses qui embraseront bientôt et prêteront à la
coquette cité un aspect de féerie.
A neuf heures, le feu d'artifice a été tiré devant une multitude
ravie. Le sujet lumineux portait cette mention : « Inauguration
du chemin de fer de Lunéville à Blâmont. - Fête de préparation
militaire. »
Vers dix heures, les sociétés de Nancy regagnent la gare, où les
attend un train spécial pour Avricourt et Nancy.
La place nous manque pour insérer le palmarès des concours.
Bornons-nous à relever les résultats du championnat artistiques
- 1er Godfroid (Sport mussipontain) ; 2° Metzger, de Saint-Dié
(Usines Marchal) ; 3° Pelletier Jules (Sport mussipontain).
Notons en passant que Godfroid est à son quatrième championnat
consécutif.
Le Comité
La prochaine réunion
A onze heures et demie s'étaient réunis, dans une salle du Vieux
Collège, la plupart des présidents des sociétés de tir, de
gymnastique et de préparation militaire.
A cette réunion générale des associations, M. Alfred Krug
occupait le siège présidentiel. Le bureau a été élu, il se
compose de la manière suivante :
Président, M. Allred Krug, du Sport nancéien ; vice-présidents,
MM. Edmond Gérard, de l'Abeille lorraine, et Latarse, de la
Lorraine, de Longwy ; secrétaires : MM. Gineste, de l'Amicale de
Boudonville, Chéry, de l'Amicale des Trois-Maisons ; trésorier,
M. Poirot, de l'Amicale Saint-Georges.
A cette réunion, on décida que la prochaine réunion, en 1912,
aura lieu à Pagny-sur-Moselle, organisée par le Muscle de Fer,
dont M. Bricbon, maire de Pagny, est le si dévoué président.
Est-Républicain - 15 août 1911
APRES LES FETES DE BLAMONT
Notes et impressions. - Veux qui furent à la peine
BLÂMONT. 14 août. - Finies, les fêtes. Eteints, les lampions...
Les débitants « rentrent » leurs terrasses ; les habitants ôtent
les drapeaux ; les organisateurs emballent le matériel, les
agrès, les couverts des gargotes improvisées, les matelas et les
couvertures de campement...
On arrache les sapins plantés entre les pavés, on démolit les
arcs triomphaux ; on assiste au départ des forains installés
tant bien que mal sur les berges de la Vezouze ; on débarrasse
la gare inaugurée de son pavoisement ; une tranquillité plane
sur Blâmont où. se sont tues les clameurs joyeuses, les
sonneries de clairons, les fantares, les marches belliqueuses...
Une société vient de passer en chantant dans les rues désertes
des couplets de caserne et ce fut la seule survivance des
allégresses d'hier.
Avec M. le docteur Hanriot et M. Georges Mazerand pour guides,
nous avons visité les locaux de la société de gymnastique et de
tir de Blâmonl. La salle des fêtes, coquettement décorée, avec
une scène pour les représentations théâtrales et
cinématographiques, les bureaux de l'administration, les salles
de conférences et de jeux, occupent les bâtiments de l'ancien
collège. De généreux mécènes ont rivalisé de zèle pour aménager
cet établissement et pour le doter de commodités qui en font un
cercle modèle.
Au risque d'offenser sa modestie, nous sommes bien obligés de
reconnaître que M. le docteur Hanriot est un des hommes dont le
patriotisme s'est appliqué sans repos à créer une oeuvre dont
les résultats forcent l'admiration.
Les superbes manifestations auxquelles ont présidé deux
ministres laisseront dans tous les coeurs un écho profond et les
légères critiques de détail s'effaceront dans la beauté totale
des fêtes.
Une sorte de timidité paralysa certaines initiatives.
La plupart des commerçants eux-mêmes hésitèrent à faire les
approvisionnements nécessaires, comme s'ils craignaient que la
bière restât dans leurs caves et les victuailles dans leur
cuisine, si bien que cette hésitation se traduisit par un
chiffre d'affaires inférieur.
Craignit-on qu'il y eut aussi des places vides au banquet
officiel ? Les invitations furent lancées en grand nombre et des
convives furent obligés de mettre leur couvert dans un
restaurant voisin.
Quant au commissaire général, ce fut plus simple : il n'eut pas
même le loisir de se mettre à table. M. Georges Mazerand joua le
rôle d'un « regarde-manger » ; mais il poussa l'héroïsme jusqu'à
risquer ainsi les pires gastralgies pour veiller à la stricte
exécution du programme.
Les propriétaires de breaks, de phaétons, d'autos se mirent à la
disposition du comité avec un .empressement digne d'éloges. On
remarqua, entre autres, la magnifique Peugeot 10 HP, modèle
1911, prêtée par M. Albert Zimmermann, le sympathique notaire de
Cirey, et la voiture de la même marque dans laquelle M. Henri
Chèvre conduisit les notabilités civiles et militaires.
Le jury s'acquitta de sa tâche si délicate à la satisfaction
générale. Il se composait de MM. Boulet, président, assisté de
M. Stub, secrétaire, et des membres suivants : MM. Barrère,
Becker, Morlet, de Pagny ; Colin, de Nancy ; Beaudoin, Zantes,
Faburel ; Charles Ling, de Lunéville ; Damery, Ginof,
sous-officier du 2e bataillon de chasseurs ; Gasseur, Maire,
Benoît, Bussière, Degal, Crevisier, Marceau, Pointe, Levêque,
Simon, Jacquin, Jullien, etc..
Les hommes du 153e d'infanterie, les sections du 20e bataillon
de chasseurs venues de Baccarat, facilitèrent avec un ordre et
une discipline parfaite la tâche des organisateurs. La
gendarmerie montra dans les services d'ordre une correction
absolue.
Si les palmes académiques et le Mérite aricole récompensèrent
bien des dévouements, l'ordre du Mérite national fut décerné à
des collaborations dignes d'intérêt.
La croix de chevalier fut accordée à M. Barbier, vice-président
de la société de tir de Blâmont-Cirey ; la médaille fut offerte
à M. Pariset, instructeur à l'Escadron de Lorraine, et des
diplômes à MM. Colette Charles, instructeur de la société de
Blâmont-Cirey ; Dion Albéric, Carie Louis et Colin Auguste.
Quant aux récompenses qui couronnèrent le classement général des
sociétés, la liste en fut dressée dans la matinée de lundi et
nous en reproduisons les principaux extraits.
Les prix
Nous avons, hier, publié les premiers résultats du concours
artistique. Complétons ces renseignements par les noms suivants
:
4e Grenouiller Ernest, de la Fraternelle de Besançon ; 5e Bareth
Aristide, du Sport nancéien ; 5e ex-aequo, Dresch Louis, de la
Fraternelle des usines Marchal, à Saint-Dié ; 7e Jeandel, même
société ; 8e Beaurepaire Eugène, de l'Abeille lorraine (Nancy) ;
9e Mathieu Charles, Fraternelle des usines Marchal, à Saint-Dié
; 10e Artis Maurice, du Sport mussipontain ; 11e Frémiot Louis,
de l'Abeille lorraine ; 12e Klein Anatole, de l'Amicale laïque
des Trois-Maisons ; 13e Kelle Emile, de l'Abeille lorraine.
CONCOURS DE SECTIONS (simultané). - 1re catégorie. - Prix
d'excellence, l'Abeille lorraine, Nancy ; 2e catégorie, prix
d'excellence, le Sport nancéien, Nancy ; le Sport mussipontain,
Pont-à-Mousson ; 3e catégorie (sections étrangères à
l'Association), prix d'excellence, la Fraternelle, de Besanaçon.
Il convient de citer M. Faburel, professeur de gymnastique au
lycée, ancien monniteur ; M. Xaé, qui a dirigé la production des
manoeuvres d'ensemble par l'Amicale des Grands-Moulins (massues)
; M. Xaé remplit les délicates fonctions d'instituteur adjoint à
l'école des Grands-Moulins ; ses élèves se sont fait remarquer
par la sûreté et la souplesse de leurs mouvements d'ensemble.
L'Abeille lorraine mérite aussi les plus sincères compliments
pour les magnifiques succès qu'elle a obtenus ; elle est,
d'ailleurs habituée à remporter d'éclatantes victoires et les
concours de Blâmont n'ont fait que consacrer une légitime
réputation.
Les exercices d'ensemble exécutés par 420 gymnastes n'étaient
pas exempts de tout reproche et nous avons, là-dessus, dit ce
qu'il fallait dire.
Un des organisateurs nous a fourni cette explication :
- Chaque année la cadence des mouvements est, imposée en quelque
sorte par une des sociétés étrangères affiliées à l'Association.
En 1911, nous sommes assujettis à la « mesure » italienne. Mais
cette mesure est d'un rythme trop rapide. Au lieu de marquer les
temps dans un exercice, elle contribue plutôt à y jeter la
confusion... »
C'est un peu comme si, en effet, un artiste chantait : Viens
Poupoule ! tandis que l'orchestre jouait l'hymne russe, sous
prétexte de l'accompagner.
Nous avons eu le plaisir de rencontrer sur le-terrain d'exercice
M. A. Samain, le président de la Lorraine sportive, de Metz,
dissoute après les incidents de janvier dernier.
Quoique M. Samain ait voulu garder l'incognito, il ne passai
point inaperçu et le commissaire spécial d'une gare frontière ne
le perdait pas de vue :
- J'éprouve un vif plaisir à voir les gymnastes français, nous
a-t-il dit.
Et, comme la conversation tombait sur Zislin, qui entrait en
prison, la veille, afin de purger sa récente condamnation :
- Ce sera mon tour en octobre, ajoute M. Samain... Je suis en
appel devant la cour de Leipzig. La première sentence sera
vraisemblablement confirmée... Je ne crois pas a un arrêt de
cassation qui me renverrait devant les mêmes juges, dont le
verdict me frapperait aussi durement. De quelque côté que je me
tourne, la prison m'attend... »
Au sujet des incidents marocains, M. Samain déclare que
l'émotion fut relativement faible dans les pays annexés :
- La tension des rapports franco-allemands suscita en 1905 et en
1908 un mouvement qui ne s'est pas produit dans ces derniers
temps. »
Ludovic CHAVE,
Autour des Fêtes ministérielles
... Voici terminées ces belles fêtes de Lunéville et de Blâmont.
On peut dire, sans aucune exagération, qu'elles ont eu la plus
parfaite réussite.
M. Albert Lebrun, particulièrement, y a trouvé la satisfaction
bien douce d'un hommage vibrant rendu par des compatriotes qui
l'aiment et l'estiment de longue date.
L'armée a eu la participation la plus large aux fêtes de
Lunéville et de Blâmont.
Ce fut la meilleure des réponses à d'irréconciliables
adversaires qui veulent, à toutes forces, créer un malentendu
entre l'armée et la République.
Et quel beau spectacle que celui de cette superbe division
d'avant-garde rendant les honneurs à travers de larges avenues
magnifiquement décorées !
L'accueil de Lunéville a été très chaleureux pour qui connaît la
discrétion qu'apportent nos compatriotes aux manifestations
extérieures.
Quant aux fêtes de Blâmont, on ne saurait trop insister sur
toutes les difficultés heureusement surmontées pour les faire
réussir.
Nous félicitons bien sincèrement les nouveaux titulaires de
décorations. Les officiers de l'Instruction publique ont bien
mérité leur rosette : MM. Perrin, le dévoué vice-président de la
commission des hospices de Lunéville ; M. Labourel, le
sympathique maire de Blâmont ; M. Tourelle, l'agriculteur si
réputé de Ville-au-Montois.
Naturellement, ayant été à la peine, l'arrondissement de
Lunéville a été à l'honneur. On a tenu à nommer : officiers du
Mérite agricole, MM. Lacombe, sous-préfet; Moitrier, conseiller
d'arrondissement ; Beuvelot, ancien maire de Moyen ; officiers
d'Académie : MM. Florentin, adjoint de Blâmont ; Morel, agent
voyer à Badonviller ; Buisson, chef de la musique de Cirey;
chevaliers du mérite agricole : MM. Aubry, conseiller municipal
à Badonviller et Hennequin, agent-voyer cantonal à Blâmont.
Toutes ces personnes sont des plus honorablement connues et
nulles distinctions ne pouvaient être mieux méritées.
On a tenu également à récompenser ceux qui s'appliquent, avec un
rare dévouement, à l'oeuvre des sociétés de tir et de la
préparation militaire. Les lieutenants de réserve Matins et
Wéber reçoivent les palmes. Ce sont les infatigables
instructeurs de l'Escadron de Nancy. La Société de tir de notre
ville n'est plus non plus oubliée, puisque MM. Agostini et
Girardot reçoivent eux aussi le ruban violet. M. Agostini,
ancien adjudant au 4e chasseurs à pied, est l'estimé receveur
buraliste d'Essey-les-Nancy et on n'ignore pas que M. Girardot
est un des meilleurs champions de France.
On sera heureux, aux Trois-Maisons, de la distinction conférée à
M. Chéry, président de l' « Amicale » du quartier, et qui a mené
avec beaucoup d'énergie et de belle humeur une tâche fort rude.
Le lieutenant Collignon, nommé officier d'Académie, est le
lieutenant de pompiers si connu à Nancy et le fils du brave
officier mort au feu.
M. Colas, le distingué vice-président du tribunal de Briey,
reçoit aussi les palmes et M. Seners, maire de Mars-la-Tour, -
dont le nom est associé étroitement à celui de l'abbé Faller -
se les voit attribuer à la veille du 16 août.
Nous tenons à faire de M. Lambert, directeur de la « Fauvette »
de Longlaville, l'objet d'une mention spéciale. La « Fauvette »
est une très intéressante société théâtrale d'amateurs et elle
remplit dans - le bassin métallurgique un vaillant rôle de
moralisation sociale.
Et pourquoi, dans ce palmarès de louanges, négliger les
ministres eux-mêmes, qui en décernent tant. Sous le ciel de feu,
M. Albert Lebrun s'est montré d'une héroïque bonne humeur et M.
Victor Augagneur fut aimable et disert.
Une interview récente nous apprend que M. Lebrun passe ses
vacances rue Oudinot, dans son cabinet ministériel, car il s'est
imposé la lourde tâche d'examiner lui-même la situation
politique et économique de chaque groupe de nos colonies.
Le député aimait tant passer ses vacances dans la maison
familiale de Mercy-le-Haut. Cela n'est plus permis au ministre !
- L. P.
[Note : Est-Républicain du 9 janvier 1911 : « Les vexations
francophobes à Metz.
La " Lorraine sportive" ne peut donner un concert
METZ, 8 janvier. - Ce soir, la société la « Lorraine sportive »
offrait un concert à ses membres honoraires, devant une salle
archi-comble, dans un hôtel de la ville.
L'assistance était exclusivement composée d'indigènes et de
vieux messins.
Avant l'ouverture, déjà, de nombreux agents de police
entouraient l'Hôtel.
La soirée avait commencé, et M. Samain, président, venait de
prendre la parole, en français, pour souhaiter la. bienvenue à
l'assemblée, quand un inspecteur de police, M. Schampf, agissant
en vertu d'un ordre arrivé du ministère de Strasbourg, fit
irruption sur la scène et déclara que le concert n'aurait pas
lieu.
Il invita l'assemblée à se disperser, en ajoutant que la réunion
était publique et en contravention avec la loi allemande sur les
réunions.
Les paroles de l'inspecteur furent couvertes de huées par le
public.
Le président consulta l'assemblée sur la question de savoir si
la réunion était publique ou privée.
La question fut couverte de formidables applaudissements et par
les cris de : « Vive la Lorraine ! Continuons la séance ! »
La fanfare de la Lorraine sportive joua alors la marche
Sambre-et-Meuse, au milieu des applaudissements frénétiques de
l'auditoire.
A ce moment, l'inspecteur de police quitta la scène, mais revint
bientôt, accompagné cette fois de huit agents, qui s'emparèrent
du président et du chef d'orchestre, qu'ils conduisirent dehors.
L'orchestre continua quand même le concert, toujours acclamé par
le public.
La police occupa la scène, mais le public resta cependant dans
la salle.
Finalement, les musiciens entonnèrent la Marseillaise, puis
partirent au son de sonneries françaises de clairons.
L'incident a causé un émoi extraordinaire parmi le public.
La police a motivé l'interdiction du concert de la « Lorraine
sportive » en prétextant que le concert avait un caractère
public alors qu'il était exclusivement réservé aux membres
honoraires de la société.
M. Samain, présidant, a saisi le préfet de Metz, d'une plainte
en abus de pouvoir contre le refus de la police d'autoriser le
concert.
La mesure avait été notifiée, à midi, à M. Samain, qui résolut
nonobstant de donner le concert
Lorsque les agents arrivèrent sur la scène, ils se précipitèrent
sur le chef de la fanfare, qui dirigeait l'exécution de la
marche Sambre-et-Meuse, et le maintinrent par le bras.
Le président déplora l'emploi de la force brutale. La police fut
huée et la sortie s'effectua au milieu des protestations
générales et des cris répétés de : « Vive la Lorraine ! »]
Est-Républicain - 17 août 1911
Un beau raid de l'Escadron de Lorraine :
Samedi dernier, 20 cavaliers de l'Escadron de Lorraine, conduits
par leurs instructeurs, MM. Bachelard et Pariset, quittaient
Nancy à 3 heures du matin pour se rendre aux fêtes de Blâmont.
La -vaillante petite troupe avait décidé de franchir les 60
kilomètres en une seule étape et de ne pas prendre de repos en
cours de route ; elle fit ainsi qu'elle avait convenu et 11
heures n'avaient pas sonné comme elle faisait son entrée dans la
vieille cité frontière, fraîche comme au départ, et sans un
cheval boiteux, fêtée par la population enthousiasmée.
Cette belle performance de l'Escadron de Lorraine qui, le
surlendemain, revint à Nancy par les mêmes moyens, mérite d'être
signalée ; il ne faut pas oublier qu'elle fut accomplie par des
jeunes gens de 16 à 20 ans, sur des chevaux de réforme, la
plupart très âgés, sur des routes difficiles, et par une chaleur
torride
Au concours de préparation militaire auquel il participa le
dimanche matin, l'Escadron de Lorraine se classa bon premier en
toutes les matières sans exception, affirmant une fois de plus,
par ce succès nouveau, qu'il est dirigé par des hommes
compétents, et que ses cavaliers forment une élite imbattable.
A la clôture de la fête de l'après-midi, M. Lebrun, ministre des
colonies, membre d'honneur de l'Escadron, remit à M. le
capitaine Wéber, vice-président, les palmes académiques, et le
félicita très chaudement tandis que M. le général Bosc,
conférait à M. Pariset, la médaille d'argent du Mérite national.
Notons qu'à l'issue du banquet, lorsque les deux ministres se
rendirent sur le terrain de la fête, dans un landau superbement
attelé, ils furent escortés par de brillants cavaliers qui
n'étaient autres que, ceux des deux Escadrons nancéiens, dont
les chefs se tenaient à la droite et à la gauche des ministres.
Cet accord des deux Escadrons, dans l'accomplissement d'une même
mission, produisit la meilleure impression sur le public, auquel
il montra, une fois de plus, que la rivalité courtoise et
l'émulation n'empêchent pas les sentiments de bonne camaraderie.
Est-Républicain - 18 août 1911
Un beau raid de l'Escadron de Nancy
Samedi dernier, à 3 heures du matin, un détachement de
l'Escadron de Nancy quitait le manège du faubourg Saint-Georges,
sous la conduite du commandant Larcher et du lieutenant Mathis,
pour se rendre aux fêtes de Blâmont.
Aux allures réglementaires, les cavaliers gagnaient Luénville où
les attendait la Société de préparation militaire l'Avant-Garde.
L'Escadron de Nancy fut reçu de la façon la plus cordiale et des
paroles aimables furent échangées entre MM. de Langenhagen,
président d'honneur, et Lariviàre, président de l'Avant-Garde,
et le commandant Larcher. Puis, après un repos de quelques
heures, l'Escadron de Nancy reprenait la route de Blâmont, où il
s'arrêtait vers 6 heures du soir.
Au concours de préparation militaire auquel il participa, le
dimanche matin, l'Escadron de Nancy se classa bon premier en
toutes les matières sans exception, affirmant une fois de plus,
par ce succès nouveau, qu'il est dirigé par des instructeurs
excellents et que ses cavaliers sont de bons candidats
brigadiers.
A la fête de l'après-midi, l'Escadron de Nancy, plus heureux que
l'Escadron de Lorraine, manoeuvra devant les ministres, sur le
terrain d'exercice. M. Lebrun, ministre des colonies, remit à M.
le lieutenant Mathis les palmes académiques, et M. le général
Bosc conféra à M. le vétérinaire Gudin la croix de chevalier du
Mérite national.
A l'issue du banquet, ce furent les deux Escadrons de Nancy et
de Lorraine qui accompagnèrent le landau ministériel. M. le
commandant Larcher précédait la voiture aux portières de
laquelle marchaient M. le lieutenant Bachelard et M. le
lieutenant Mathis.
Au moment de remonter dans le tram, M. le général Goetschy serra
la main de M. le commandant Larcher et le félicita au sujet de
l'excellente tenue de l'Escadron de Nancy.
Reprenant la route de Nancy, l'Escadron arriva le soir à bon
port, avec tous ses chevaux et sans avoir eu besoin d'en
expédier par voie ferrée.
La distance qui sépare Nancy de Blâmont est de 60 kilomètres.
C'est donc 120 kilomètres qui ont été parcourus sur route sans
compter les exercices du dimanche. Ces résultats ne font pas
seulement honneur aux officiers et aux élèves de l'Escadron de
Nancy, mais aussi au propriétaire du manège Saint-Georges, le
sympathique M. Cothenet, dont les chevaux se sont si vaillamment
comportés.
Est-Républicain - 19 août 1911
ECHOS DES FÊTES DE BLAMONT
Nos Escadrons
A la suite d'une note communiquée par l'Escadron de Nancy et
parue dans notre numéro d'hier, nous avons reçu de M. Georges
Mazerand, commissaire général des fêtes-concours de Blâmont, la
lettre suivante :
Le 18 août 1911.
Monsieur le rédacteur en chef de l'Est républicain, Nancy.
Je lis dans votre numéro de vendredi une note relative au
concours de P. M. de Blâmont, dans laquelle l'Escadron de
Nancy est classé premier en toutes les matière. En ma qualité de
commissaire général des concours, je crois de mon devoir de vous
donner ci-dessous le palmarès des société de P. M. aux armes à
cheval.
Equitation, hippologie, tir, topographie, hygiène, escrime : 1er
prix dans chaque branche : Escadron de Lorraine.
En plus, l'Escadron de Lorraine- remporte une des première
places en excellence, du classement général entre toutes les
sociétés, sans distinction d'armes, ainsi que le 2e prix de
tir.
Je dois ajouter que si l'Escadron de Lorraine n'a pas manoeuvré
devant les ministres, il faut surtout l'en féliciter, car cela
fait honneur à son esprit de discipline ; ayant dû écourter le
programme, je fis part à M. Bachelard, président de l'Escadron
de Lorraine, qu'une seule des deux sociétés pourrait évoluer
devant les ministres. Sans aucune objection et spontanément, M.
Bachelard me répondit que son devoir était de céder la place à
son chef hiérarchique, le commandant Larcher.
Je vous serais très reconnaissant, monsieur le rédacteur en
chef, de vouloir insérer cette petite rectification dans votre
prochain numéro, et vous prie d'agréer l'assurance de mes
sentiments les plus distingués.
Pour le comité d'organisation :
Le commissaire général,
G. MAZERAND.
BLAMONT-CIREY
La petite fleur bleue. - Favorisée par un temps splendide.la
vente de la fleur devenue emblème de la charité patriotique, a
eu à Cirey et à Blâmont un succès énorme.
Au départ et a l'arrivée des trains, les aimables vendeuses
voyaient se dégarnir si vivement leurs corbeilles qu'elles
pronostiquaient une bonne journée.
La recette a été superbe, et a dépassé toutes les prévisions :
2,000 francs par les la groupes des deux villes. Aussi, Mmes les
présidentes des Femmes de France sont heureuses d'annoncer un
pareil résultat, de remercier leurs gentilles messagères et de
les complimenter publiquement.
Ce beau mouvement a eu un écho à Tanconville, où Mme Ganier a
fait vendre la petite fleur par de charmantes jeunes filles.
Le produit de cette quête grossit encore l'envoi fait à nos
soldats du Maroc
Est-Républicain - 23 août 1911
Au sujet de Fêtes récentes en Lorraine
Simple mise au point
Notre compatriote, M. Louis Madelin, qui fut candidat malheureux
à Saint-Dié, vient de publier un article reproduit, avec
empressement, par un certain nombre de journaux d'opposition.
M. Louis Madelin y fait allusion aux récentes fêtes de
Saint-Dié, de Blâmont et de Lunéville.
Il déplore que les officiers aient assisté à des banquets ou à
des punchs organisés, à l'occasion de ces fêtes, par les «
cercles démocratiques ».
M. Louis Madelin est un historien fort distingué ; il a écrit
sur Fouché, et sur la Rome de Napoléon de remarquables études.
Cependant, il nous permettra de lui dire que, s'il est bien
documenté sur le duc d'Otrante, il l'est infiniment moins sur ce
qui s'est passé à Saint-Dié, à Lunéville et à Blâmont.
Les « cercles démocratiques » de ces deux dernières localités
avaient tenu, il est vrai, à recevoir M. Lebrun, mais les
officiers n'étaient nullement conviés à ces réunions.
M. Louis Madelin crée une confusion entre les punchs des
groupements républicains et les grands banquets qui
rassemblèrent, autour du ministre des colonies des citoyens de
tous les rangs et de toutes les catégories sociales.
La présence de l'armée à ces banquets apparaissait comme toute
naturelle.
Il eût été fort étrange, en effet, que nos généraux et officiers
ne vinssent pas au banquet de Saint-Dié auquel assistait
l'ambassadeur des Etats-Unis.
Quant au banquet de Lunéville, il était organisé, non par le
cercle démocratique, mais par le comité d'union républicaine de
l'arrondissement.
Tout s'y passa admirablement. Evidemment, les divers orateurs
affirmèrent leur attachement à la République. Nous ne voyons pas
qu'il y eût là de quoi avilir l'armée, comme semble l'indiquer
M. Louis Madelin.
Quant à Blâmont, c'était une fête de préparation militaire. La
présence de nos officiers y était tout indiquée.
D'ailleurs, sous tous les régimes, les généraux et officiers ont
pris part aux réceptions officielles.
Si jamais M. Louis Madelin devenait ministre, nous voudrions
bien voir ce qu'il dirait au cas où un général refuserait de
s'asseoir à la même table que lui.
M. Madelin admire volontiers Napoléon. Or, celui-ci ne souffrait
aucune velléité de résistance. Passait-il dans une ville, tous
devaient venir le complimenter et assister au banquet !
M. Madelin parle du « supplice » d'un capitaine placé aux côtés
d'un « marchand de vins socialiste », qui, d'après lui, doit «
manquer de tact » à l'égard de l'officier.
Comme tout cela sent le facile journalisme parisien.
Les civils placés près des officiers aux fêtes récentes qui se
sont passées en Lorraine, ont eu certainement à leur égard la
plus correcte attitude.
C'est toujours la même histoire. M. Louis Madelin vient de Paris
passer quelques semaines dans les Vosges. Il prête une attention
complaisante aux racontars qu'on lui glisse à l'oreille, il mêle
les renseignements plus ou moins perfides qu'on lui a fournis et
en fait une véritable salade.
Bien entendu, les lecteurs d'autres régions, qui ne sont pas au
courant, accueillent ces informations avec ferveur, et gémissent
sur l'intrusion de l'armée dans la politique.
Allons, messieurs, désormais renseignez-vous, vérifiez vos
textes et écrivez l'histoire contemporaine avec autant de bonne
foi que celle de Louis XIV ou de Napoléon ! - L. P.
Est-Républicain - 29 août 1911
A PROPOS DES
Fêtes récentes en Lorraine
Nous avons reçu la lettre suivante :
Raon-l'Etape, 25 août 1911. ,
Monsieur le rédacteur, en chef,
L'attaque est, courtoise. Je me serais d'ailleurs mal résigné à
être différemment traité dans les colonnes de cet Est
republicain auquel me liaient naguère de cordiales sympathies.
Je n'ai donc pas besoin, je suppose, d'invoquer la loi de la
jurisprudence - pas même la confraternité - pour vous faire
admettre une réponse aux lieu et place de l'article paru le 23
août sous vos initiales.
Vous voulez bien y parler en termes trop flatteurs de mon oeuvre
d'historien ; mais c'est pour vous donner le droit de me couvrir
ensuite d'un autre genre de confusion. Bref, vous m'accusez
d'inexactitudes lorsqu'il s'agit d'histoire ultra-contemporaine.
Telle chose vient de ce qu'évidemment vous m'avez fort mal lu, -
et, partant, fort mal traduit.
Où avez-vous vu que la présence d'officiers généraux en tête,
dans les banquets officiels, m'ait jamais offusqué ? J'ai eu
précisément soin de distinguer très nettement, au cours de
l'article visé, entre les banquets officiels et les banquets
politiques. A l'époque où nos communs amis (dois-je penser
qu'aujourd'hui l'Est républicain les renie ?), tes républicains
modérés étaient, de Léon Garnbetta à Jules Méline, au pouvoir,
nous voyions, cela est parfaitement exact, s'asseoir, lors de la
visite des ministres, aux banquets officiels généraux et
colonels avec les autres fonctionnaires. Leur position n'y était
à aucun moment fausse puisque nos ministres, républicains loyaux
et ardents, ne s'y proclamaient cependant que les représentants
de la France.
Ce que l'on ne voyait pas alors, c'est ceci : à côté du banquet
officiel, un banquet organisé par le parti auquel appartient le
ministre visiteur et où sont conviés officiers et
fonctionnaires.
Vous dites : le banquet de Lunéville était organisé non par le
Cercle démocratique de Lunéville, mais par un comité d'union
républicaine de l'arrondissement. C'est jouer sur les mots. Nous
savons très bien, nous autres républicains tout court ce que
cache ce beau mot de comité d'union républicaine : on les a vus,
ces comités, combattre les meilleurs d'entre nous, d'un général
Langlois à un Camille Krantz. Mais le comité fut-il « d'union
républicaine » et y compterions-nous nombre de nos amis, que mon
opinion n'en serait pas modifiée. Il s'agit d'un banquet
d'origine et de but politiques.
J'ai dit à-quel point je plaignais un homme de la valeur et du
caractère de M. Lebrun d'être obligé de se soumettre à la règle
instaurée par les comités radicaux depuis le règne de M. Combes.
Il y a douze ans seulement, un ministre en tournée se faisait
gloire d'être l'homme de tous ; j'ai peine à croire qu'un
ministre tel que M. Lebrun se résigne facilement aujourd'hui -
ne fut-ce que pour la satisfaction du protocole combiste - à
n'être plus, quelques heures, que l'homme de quelques-uns.
Mais après tout, cela est son affaire.
Ce qui est l'affaire de tous, c'est que nos officiers ne se
croient pas obligée d'aller assister aux palabres d'un parti -
fut-ce le parti au pouvoir.
Certes ce n'est pas moi (je l'ai dit) qui reprocherai à un
officier de partager nos sentiment républicains. Ce que je dis,
c'est que, conviant des officiers républicains (plus ou moins
sincèrement) à une manifestation républicaine, à plus forte
raison radicale, vous vous enlevez le droit d'interdire à
d'autres officiers de participer à une manifestation monarchiste
ou socialiste.
Le 14 juillet, des officiers de Lunéville se sont rendus au
Cercle démocratique. De quel droit fermerez-vous à leurs
camarades les cercles d'opposition ?
Voilà quel était le sens de l'article qui vous a ému. Laissons
l'armée à sa tâche. Je vous assure que, dans l'intérêt même de
la République, il vaut mieux que des généraux ne soient pas
acclamés dans des banquets politiques - radicaux ou autres, i
Et voyez comme nous autres, infortunés républicains modérés,
nous sommes souvent pris entre deux feux. Voici que, dans
l'Action française, M. Maurras, au nom de l'opinion royaliste,
m'administre, à propos du même article, une sévère leçon comme
ayant défendu des idées républicaines.
M. Maurras a raison : je défends ici la tradition républicaine.
Contentons-nous des banquets officiels : ce serait le mieux
lorsqu'il s'agit de fêter un ministre qui gère les affaires de
toute la France. Si ce ministre cependant éprouve le besoin ou
subit la nécessité de dîner avec « ses amis » - ou pseudo amis,
qu'il le fasse, sans convier à ces agapes des gens - officiers
ou fonctionnaires - qui n'y apporteront, neuf fois sur dix, que
les sentiments « démocratiques » extrêmement contraints.
Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en chef, l'expression de
mes sentiments les plus distingués.
Louis MADELIN.
(Ainsi s'exprime M. Louis Madelin. Nous ne voulons pas prolonger
avec lui une polémique qui, pour si courtoise sort-elle,
deviendrait rapidement fastidieuse.
M. Madelin veut à toutes forces différencier le banquet officiel
et le banquet politique. Mais enfin qui peut organiser un
banquet officiel ? Ce n'est pas l'administration, elle-même,
mais un groupe de citoyens.
Ces citoyens ne seront évidemment pas les adversaires du régime.
On ne pouvait cependant demander à M. Castara de s'occuper du
banquet de Lunéville ?
A ce banquet, comme à celui de Saint-Dié, on a convié
naturellement les officiers et fonctionnaires.
Quant aux acclamations qui ont salué à Blâmont M. le général
Goetschy, elles s'adressaient au chef autorisé qui faisait un
juste éloge des sociétés de préparation militaire.
Où M. Madelin voit-il de la politique là-dedans ? - NOTE DU
JOURNAL.)
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