Mémoires du
maréchal de Bassompierre - Journal de ma vie
(Manuscrit édité pour la première fois à Paris-Société de
l'Histoire de France, en 1870)
1595 - Voyage en Bavière
[...]
Puis peu de temps apres, feu mon pere estant de retour du siege
de Laon (ou il avoit esté traitter la neutralité de Lorraine),
il nous ramena un gouverneur nommé George de Springuesfeld,
Allemand, et nous fit venir a Nancy le trouver pour nous le
donner, ou nous demeurasmes jusques apres la Toussaints : puis
retournasmes au Pont à Mousson, ou nous demeurasmes jusques au
caresme prenant de l'année suivante 1595 que nous vinsmes à
Nancy aux noces de Mr le duc de Bavieres et de madame Elisabet,
derniere fille de S. A. de Lorraine, et le suyvimes en Bavieres
lors qu'il ramena sa femme en son païs ; passames par Luneville,
Blamont, Salbourg et Saverne, ou Mr le cardinal de Lorraine,
legat, et evesque de Strasbourg, les festoya trois jours : puis
ils passerent a Haguenau, de la a Waissembourg ou ils furent
logés cheux le commandeur des Teutons, quy tient rang de prince.
[...]
Juin 1606 - Passage et séjour de la duchesse de Mantoue
(Marguerite de Gonzague) *
[...]
Le roy m'envoya, peu apres, son ambassadeur extreordinaire en
Lorraine, pour assister de sa part aux noces de Mr le duc de
Bar, son beau-frere, avec la fille de Mr le duc de Mantoue,
niece de la reine, et aussy pour prier en mesme temps madame la
duchesse de Mantoue de venir estre marraine de monsieur le
dauphin, et Mr de Lorraine d'estre parrain de madame Elisabet,
derniere fille de France, maintenant reine d'Angleterre.
[...]
J'arrivay en poste a Nancy deux heures apres que mon esquipage y
fut venu, et ne trouvay aucun des princes, ny gueres de
gentilshommes, parce qu'ils s'en estoint tous allés recevoir
madame de Mantoue et sa fille a Blamont ou ils devoint le
lendemain arriver. Ma mere estoit a Nancy, quy me presta son
carrosse pour envoyer en relais a Luneville ; et je me servis du
mien le lendemain jusques a ce que j'eusse trouvé le sien, quy
me mena a Blamont, la ou je vis les princes et princesses de
Lorraine et de Mantoue : et apres avoir fait mes premiers
compliments, je m'en revins les attendre a Nancy, ou je fus
traitté, logé, et deffrayé, fort magnifiquement. Les noces se
firent, ou j'assistay de la part du roy. On y dansa fort, et on
fit un carrousel assés beau, auquel Mr de Vaudemont menoit une
bande, et moy l'autre.
[...]
Juillet 1609
[...]
Je partis donc apres que le reingraf fut venu, et allames
coucher a Blamont, et le lendemain a Salbourg cheux le colonel
Lutsbourg, nostre amy. Le lendemain nous vinmes coucher a
Saverne, ou les chanoines nous festinerent, et le jour apres a
Strasbourg, ou nous sejournasmes deux jours avesques Mrs de
Ribeaupierre, Flecstein, Han, et autres, quy nous y estoint
venus trouver.
*
Histoire du Blâmontois dans les temps
modernes - Dedenon
« On sait que, quatre ans plus tard, la mort brisa la
première union de Henri de Bar et qu'après deux ans de veuvage
il se remaria. La reine Marie de Médicis lui avait ménagé une
nouvelle alliance avec Marguerite, fille de Vincent de Gonzague
et d'Eléonore de Médicis. La cérémonie fut fixée au mois de juin
1606 et célébrée à Nancy.
La jeune Princesse arriva par l'Alsace, avec sa mère, et fut
d'abord reçue chez le Cardinal-Evêque de Strasbourg, en son
château du Hohbar, près de Saverne. Henri, le futur époux, vint
l'y attendre. A Sarrebourg, le chef du Conseil ducal, assisté de
trois gentilshommes, présenta les compliments du Duc. Le
somptueux équipage arriva à Blâmont, le 13 juin. On avait fait
de grands préparatifs. Le quartier des Vieux Fossés fut tout
transformé et s'appela dès lors le quartier de la Duchesse de
Mantoue; au fond de la cour, on éleva la Sallette, on restaura
des dépendances. Un peintre de Sarrebourg dessina « deux grandes
armoiries de Gonzague pour les portes et six petites pour les
salons ». Après un arrêt d'un jour et une nuit, les illustres
voyageurs parvinrent à Nancy, le 15. Le contrat de mariage
portait, entre autres clauses, que le comté de Blâmont serait
laissé en douaire à Marguerite, pour sa dot de 25.000 livres,
que compléteraient, au besoin, les revenus de Deneuvre et des
salines de Dieuze. »
Voir aussi Le mariage de Marguerite de Gonzague - 1606 |