On lit dans « Souvenirs d'Amérique et de France, par une
créole » (Ed. Paris 1883) :
« En 1711, le 11 mars, Nicolas Bizoton, sieur de la
jonchère ancien gouverneur de Lictemberg en Alsace mourut à
Paris, dans le fauxbourg Saint-Germain où il demeurait depuis le
retour de Lictemberg.Il n'a été que six heures malade. Il était
dans sa 77e année; on croit que sa maladie était une apoplexie
de sang. Il est enterré à Saint-Sulpice, sa paroisse, devant le
crucifix. Il avait servi trente ans le Roy, dans le régiment de
la Ferté, avec lequel il s'était trouvé dans plusieurs batailles
et dans plusieurs sièges : en Flandres, en Allemagne, en
Hongrie, et partout où s'est trouvé le régiment, n'ayant jamais
perdu aucune occasion de rendre service au Roy. Sa Majesté
lui donna pour récompense le gouvernement de Blanmont en
Lorraine, et, ensuitte, celuy de Lictemberg en Alsace. Il
ne fut qu'une année à Blanmont et il a été gouverneur de
Lictemberg vingt-cinq ou vingt-six ans. [...] »
Une seule année de présence certes, mais le nom de Nicolas
Bizoton n'apparaît nulle part dans les documents connus sur
Blâmont...
L'explication de cette énigme est donnée plus loin :
« J'ai dit, que Nicolas Bizoton, sieur de la jonchère avait
eu le gouvernement ou commandement de Blamont, pour récompense
de ses bons services; voici la copie des lettres patentes de Sa
Majesté pour ce gouvernement ou commandement :
« Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à
notre cher et bien amé le sieur de la jonchère premier capitaine
du régiment d'infanterie de la Ferté, salut. Ayant retiré le
sieur de Beaulieu, du commandement que nous lui avions
confié du château de Blamont, pour luy donner le
gouvernement du château de Montbeliard, et étant
nécessaire à notre service d'établir, en sa place, une personne
capable et sur laquelle nous puissions nous reposer de la sûreté
dudit château de Blamont, [...] Donné à Versailles, le 18
novembre, l'an de grâce 1680, [...]»
Il n'est donc plus nécessaire de chercher davantage : car en
1680, le château médiéval de Blâmont n'est plus que ruines, le
nouveau château utilisé comme grenier, et le seul château de
Blamont qui subsiste en tant que forteresse est dans le Doubs, à
20 kilomètres de Montbéliard.
Encore une fois la confusion règne entre les deux communes
homonymes de Meurthe et Moselle et du Doubs (voir en exemples
1475 - Siège de Blamont.... dans le
Doubs et
Janvier 1814 - Les cosaques à Blâmont).
Nous n'accablerons pas l'auteur de cet ouvrage non signé, qui
est en réalité Hélène Allain, née d'Aquin (1833-1927), arrivée
en France de Saint-Domingue vers 1869, mais esquisserons un
sourire en découvrant plus loin dans son écrit que la Vezouze et
la Meurthe sont en Franche-Comté :
« Blamont est une ville de Lorraine qui appartient au Roy et
qui est à présent dépendante du gouvernement de la
Franche-Comté. Elle est située au pied des montagnes, sur la
petite rivière de Vesouze qui se va rendre, ensuite, dans la
Meurte. Elle a titre de comté d'une assez grande étendue. Elle
est environ à sept lieues de Nancy, à l'Orient, en tirant vers
Strasbourg. »
Et si en 1681, Nicolas Bizotin gouverne le château de Blamont
(25), c'est Joseph Massu de Fleury qui est prévôt de Blâmont
(54). |