Nous avons vu dans l'article
Nonhigny - 10 août 1914, que le 16
juillet 1925 le conseil de guerre du 20ème corps
d'armée avait condamné « le général Schoch » « par contumace, à
20 ans de travaux forcés et 20 ans d'interdiction de séjour ».
On retrouve l'information dans la presse locale :
Est-Républicain -
17 juillet 1925
« Conseil de guerre de la 20e
Région
LES CRIMES ALLEMANDS
Le 10 août 1914, la 3e brigade bavarois composée des 3e
et 20e régiments d'infanterie commandée par le général
Schoch, entrait vers huit heures et demie du matin, dans
Nonhigny, sans avoir livré aucun combat.
Les troupes allemandes étalent à peine dans le village
qu'un coup de fusil se faisait entendre : c'était, un
Bavarois, en état d'ivresse qui venait de tirer sur Mme
Saunier. Prétextant ce coup de feu, les troupes ennemie
prétendirent que l'on venait de tirer sur elles, les
chefs se saisissaient, comme otages, de M. Arsène
Gérard, le maire, et de M. Hubert Bailly, ils les
faisaient conduire à Blâmont. Puis ce fut le signal du
pillage et de l'incendie : les soldats, munis de
pétrole, pénétraient dans les maisons, y mettaient le
feu après avoir enlevé les meubles, qui étaient placés
sur des camions automobiles.
Quarante-sept maisons, dont l'église et la mairie,
furent détruites par les flammes.
Deux vieillards, MM. Jules Bertrand Chatton, furent
saisis, emmenés vers Montreux, à une distance de cent
mètres environ au lieu dit : « Bois-de-la-Croix », dans
une ancienne carrière; la troupe fit, halte.
Le général Schoch était présent; sans aucune
explication, il donnait l'ordre de fusiller les deux
vieillards, qui tombaient aussitôt sous les balles
allemandes.
Les faits ont été affirmés par deux soldats alsaciens
qui se trouvaient dans les rangs bavarois.
Le général Schoch a été jugé par contumace; il a été
condamné à vingt ans de travaux forcés et à vingt ans
d'interdiction de séjour » |
C'est encore de ce général
que parle le poème allemand Der
Tote von Blamont, en évoquant le douzième régiment
bavarois sous le nom de « Brigade Schoch »
On le retrouve aussi photographié dans la région de Blâmont, par
le capitaine bavarois Eugen Von
Frauenholz.
Mais on ignore s'il s'agit du
général cité dans l'affaire de l'occupation du château et de
l'incendie de la chocolaterie Burrus : le commandant du 1er
corps bavarois est alors le général d'infanterie Oskar von
Xylander. Ce corps esr composé des 1ère et 2ème
divisions, la 1ère sous les ordres de Schoch, la 2ème
sous ceux de Ludwig von Hetzel. Mais les témoignages dont
nous disposons ne citent jamais le nom des officiers mentionnés.
Par ailleurs, comme on le voit dans la biographie ci-dessous,
les quatre frères Schoch sont tous officiers impliqués dans la
première guerre mondiale : il faut donc préciser le prénom pour
mieux les différencier, le général coupable des crimes de
Nonhigny étant Albert Schoch.
Albert Schoch nait à Munich
le 23 juillet 1860, fils de Karl Wilhelm Schoch (1821-1868),
colonel de l' état-major bavarois, et de Marie Heymann de
Nuremberg . Ses trois frères Gustav (1858-1924), Emil
(1862-1916) et Karl (1863-1940) deviendront également généraux
dans l'armée bavaroise.
Schoch est sorti du corps des cadets le 8 août 1879 en tant que
« Portepeefähnrich » (aspirant porte-épée) au Infanterie-Leib-Regiment
de l' armée bavaroise (régiment de garde du roi de Bavière), où
il devient lieutenant en second le 12 novembre 1881.
Il intègre le 1er août 1882 le 1er
régiment royal d'infanterie bavarois (« König), puis le 22
novembre 1882 le 2ème régiment (« Kronprinz »).
En 1884 et 1885, il travaille comme professeur de photographies
topographiques à l'École de guerre.
Premier lieutenant le 14 juillet 1891, d'octobre 1891 à
septembre 1894, Schoch se forme à l'Académie de guerre, ce qui
lui confère le grade de capitaine du régiment « Kronprinz »,
puis lui permet d'intégrer l'état-major général à Munich en
1898.
Le 31 mai 1898 il épouse Elise Heymann à Hambourg.
Promu major la 28 octobre 1902, il intègre le Ministère de la
guerre le 19 décembre 1903, et devient « Oberstleutnant »
(Lieutenant-colonel) le 15 août 1906. Le 12 août 1908, Schoch,
promu colonel, devient commandant du 3ème régiment
d'infanterie « Prinz Karl von Bayern » à Augsbourg.
L'année suivante, il est décoré de l'Ordre de la Couronne
bavaroise, et est inscrit dans la classe de chevalier du
registre de la noblesse à partir du 14 mai 1909.
C'est ainsi qu'il prend le nom de Ritter von Schoch.
Du 15 octobre 1911 au 21 avril 1912, Schoch succède à son frère
Karl à la direction de l'Académie bavaroise de la guerre. Promu
au grade de général le 26 octobre 1911, Il prend, le 22 avril
1912, le commandant de la 3ème brigade d'infanterie à
Augsbourg en tant que général de division. Schoch abandonne ce
commandement, promu lieutenant général le 17 décembre 1913, pour
prendre le commandement de la 1ère division
d'infanterie Bavaroise à Munich.
Dès le début de la guerre Schoch commande sa division en
Lorraine (dans la 6ème armée allemande, 1er
corps Bavarois sous les ordres de Oskar von Xylander), puis sur
la somme en 1915.
Pour la résistance de sa division aux attaques britanniques et
françaises sur les hauteurs de Givendry-Vimy en octobre 1915,
Schoch est décoré de l'Ordre militaire bavarois Max-Joseph le 8
février 1916.
En 1916, la division participe aux batailles de Verdun et de la
Somme
Le 17 janvier 1917, Schoch abandonne la division, est promu
général d'infanterie et commandant général du Generalkommandos
z. b. V. 63 de l'armée d'occupation en Roumanie.
A la fin de la guerre, Schoch est mis en disposition le 19 août
1919 et se retire du service actif.
La caserne de la ville bavaroise de Landshut, quartier du 62ème
régiment d'infanterie, porte son nom en septembre 1938.
Albert Schoch décède à Munich
le 8 mars 1943.
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