Jean Baptiste Uriot est né à
Nancy le 15 novembre 1739, fils de Claude Huriot et Marguerite
Thiery. Il prend l'habit à l'abbaye de Pont-à-Mousson en 1756,
et y fait sa profession de foi en 1757. Devenu prêtre en 1764,
il entre dans la congrégation de Notre-Sauveur à l'abbaye de
Chaumousey (Vosges) en 1766. Il est professeur de théologie à
l'abbaye Sainte-Trinité de Belchamp (Méhoncourt,
Meurthe-et-Moselle) en 1768, puis à Chamousey (1772-1773).
Il devient prieur de Pont-à-Mousson en 1775, puis prieur de
Toul, avant d'être nommé curé de Frémonville en 1779.
Il participe en mars 1789 à l'assemblée générale des trois
ordres qui se tient dans la grande salle du couvent des Capucins
de Blâmont, et à la rédaction du cahier de doléances du clergé.
Le dimanche 5 février 1791, il prête serment constitutionnel
sans réserve.
En 1794, le représentant du peuple Lacoste, sur une plainte de
l'agent national de Sarrebourg, Anselme Jordy, décide d'exiler à
Dijon les curés de Cirey, Bertrambois, Ibigny, Saint-Georges,
Mattigny, Frémonville et Domèvre : six sont exilés, hormis Uriot,
car après enquête, on reconnait qu'il fallait mettre sur la
liste Tanconville, au lieu de Frémonville.
Mais Uriot, qui a pris peur devant les tracasseries de Lacoste,
décide de donner sa démission, et déjà âgé de 55 ans, de se
marier à sa paroissienne, l' « exaltée » (selon l'abbé
Alphonse Dedenon) Marie-Catherine
de Pindray.
Edmond de Martimprey de Romécourt n'est guère plus charitable
avec elle dans sa « Notice sur la Tour
de Frémonville » puisqu'il écrit : « Marie-Catherine,
comtesse de Pindray, née à Frémonville le 26 septembre 1741 ;
elle déshonora sa famille en adoptant les idées les plus
révolutionnaires et en épousant, le 2 vendémiaire an III, un
certain J.-B. Uriot, nommé à la cure de Frémonville en 1779 et
alors curé constitutionnel de ce lieu ; celui-ci étant mort,
elle se remaria à un médecin dont nous ignorons le nom et qui,
dit-on, la fit mourir pour jouir plus tôt de la fortune qu'elle
lui avait léguée [...] » (Marie-Catherine, comtesse de
Pindray, est décédée à Frémonville le 1er novembre 1807).
Il semble en effet que Uriot et Marie-Catherine de Pindray
partageaient depuis longtemps un engouement pour les idées
révolutionnaires puisque, selon la
monographie rédigée en 1888
par l'instituteur Claudon (page 11), « Le registre
des délibérations des principaux de la Communauté de Frémonville
de 1790, rapporte que le soir du jour de la Fédération [14
juillet 1790], les notables de la Communauté accompagnés du
Curé et de tous les habitants se rendirent à l'entrée du village
où l'on alluma la bure autour de laquelle on dansa longtemps
après quoi les principaux se rendirent au château où la comtesse
leur offrit un banquet et le reste de la soirée se passa
très-gaiement.». Le même auteur évoque cependant (page 10)
cet ancien château (Tour de Frémonville) en
indiquant en note de « Au dessus de la cheminée de l'un des
appartements sont encore peintes les armoiries du comte.»,
que « C'est dans cet appartement que l'on célébrait la Mese
pendant la Convention, à l'époque où l'église s'appelait Temple
de la Raison.».
Voici l'acte de mariage du 2 vendémiaire an III (23 septembre
1794) :
Aujourdhui deuxieme jours de vandemaire l'an troisieme de la
Republique françoise, à onzoeures dumatin, pardevant moi jeanBte
parmantier officier publique, membre du conseille general de la
commune de framonville de partement de la Meurte Elu les vingt
cinq janvier derniers pour recevoir les actes à constater les
naissance mariages et décès des Sitoyens, Sont comparu en
lamaison commune de fremonville, pour contracter mariages dune
part jeanBte uriot do merant à fremonville, agé de cinquante
cinq ans - domicilié dans Laditte municipalité de puis quatorzes
ans, d'autre part fils de claude uriot et de marguerite Theiri
son épouse de meurant à nanci paroisse Saint-Roch, marie
catherine pindray, agées de cinquante trois ans fille de
françois pindray, et de lucie Bertrand son épouse domiciliés
dans la municipalité de frémonville, de puis sa naissance les
quelles futures conjoints etoit à compagnie de
jean pierre
jacques thedor fromental du dis trict de Blamont, agé de trente
huit ans et Dominique la levée - médecin officier de santé du
dis tric de Blamont agé de trente six ans et christophe Batelot
receveur du disttric, agé de trente quatre ans louis henry Marie
ecrite Margarita agé de trente ans tous les quatres témoins
aussi des parties moi jeanBaptiste parmantier officier publique
après avoir fait lectureen presences des parties et des dits
temoins - premierment de l'acte de naissance de jeanBte uriot en
datte du quinze novembre dix sept cent trente neuf, qui constate
quil est né à nanci de mariage légitime de claude uriot et de
Marguerite Theri de nommé cidessus de deuxiement de lacte de
naissance de marie catherine pindray en datte du vingt neuf
septembre portant quelle est né à fremoinville département de la
meute du mariage legitime de francois pindray et de lucie
bertrand de nommé cidessous quatriemement de lacte de
publication promesse de mariages entreles futures conjoints.
Dressees parmoi jeanBte parmentier officier publique le
cinquieme jours des formalitées affichées à la porte de la
maison commune de fremonville a pres aussi que JeanBte uriot et
marie catherine pindray ont eut déclaré a haute vois ce prendre
mutuelement pour epoux j'ay prononcé au nom de la loi, que
jeanBte uriot et Marie catherine pindray sont uni en mariages et
jay rédigé le présent actes que les parties et les témoins ont
signé avec moi, fait en la maison commune de fremonville les
jours moi en cidessus. |
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Selon certaines sources, le mariage
n'aurait guère duré longtemps, puisqu'en 1795,
Jean-Baptiste Uriot se serait retiré à Saint-Maurice.
Alphonse Dedenon nous dit qu'il est mort à Saint-Maurice en
1799. Laurent Chatrian écrit en 1802 : « Nous ignorons si Uriot a mis un
emplâtre sur ses maux, il est plus vraisemblable qu'il n'est pas
revenu sur ses pas. »
Mais les Annales de la religion de 1796 nous donnent une autre
version :
Annales de la religion,
Ou Mémoires pour servir à l'Histoire de l'Eglise sur la fin du
dix-huitième siècle, par une Société d'Amis de la Religion et de
la Patrie.
6 août 1796
NÉCROLOGIE
Dans le ci-devant district de Blamont, département de la
Meurthe, est mort dernièrement le ci-devant curé de Fremonville,
qui s'étoit marié par terreur. Son repentir, son désavœu, ses
larmes dans ses derniers momens, ont attiré la compassion de
tout le monde. |
Cette version est confirmée
par le registre des décès de Frémonville, qui nous indique
que le 3 thermidor an IV (21 juillet 1796),. Léopold Parisot,
jardinier à la citoyenne Pindray résidante à Frémonville a
déclaré que le citoyen [Jean-Baptiste] Uriot agent de la
commune de Frémonville est mort à huit heures du soir en son
domicile, âgé de cinquante six ans.. |