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Poème
«  Blamont », d'André Spire
 



Une de nos lectrices nous a posé la question suivante :
«  dans les années 1952/1953 j'ai appris une poésie à l'école dont je n'ai gardé que ce passage :
- quand j'allais en vacances à BLAMONT en Lorraine, le coq me réveillait...
Je serais heureuse de retrouver l'intégralité de cette poésie ainsi que le nom de son auteur. »


Il s'agit d'une poème d'André Spire (Nancy 28 juillet 1868 - Paris 29 juillet 1966), intitulé «  Blamont », éditée dans le recueil «  Le secret  » (Gallimard - 1919), mais précédemment publié en 1918 dans la revue «  The little review  » (magazine d'art new-yorkais, n° 7 - novembre 1918), avec quelques différences d'orthographe et de texte (voir les deux versions ci-dessous, la version Gallimard-1919 étant sans doute celle apprise dans les écoles).

André Spire y évoque sa famille à Blâmont :
- André Spire est le fils d'Edouard Spire (1837-30 janvier 1906), avocat à la cour d'appel de Nancy, puis notaire, et directeur d'usine (ganterie, associé à son beau-père), marié à Blâmont en octobre 1863 à Marie-Brunette Nathan (1846-1935) ;
- son grand-père, Abraham Spire (Blâmont - 1802, 1863),
- est l'un des douze enfants d'Oury Spire (Blâmont-1776, Blâmont-1860), agriculteur, et de Sarah Marguerite.

Pour une biographie plus complète d'André Spire : http://judaisme.sdv.fr/perso/spire/

Et voir aussi


Version «  The little review  » - 1918

Blamont

Quand j'allais en vacances
A Blamont-en-Lorraine
Le coq me réveillait,
Le coq dans le soleil,
Les poules dans les corbeilles
Du jardin de ma grand'mère
Où y avait-t-un lilas, un figuier et un tuya.

Quand le troupeau rentrait
Agneaux suivant leurs mères,
Je pensais à la laine
Où mes deux mains plongeaient
Aux rues qu'ils animaient,
Du pays de ma grand' mère
Où y avait-t-un lilas, un figuier et un tuya.

Quant j'allais à l'étable
Où le veau roux tétait,
Je pensais aux prairies
Où bientot il brouterait,
Aux seaux blancs et au lait
Du pays de ma grand'mère
Où y avait-t-un lilas, un figuier et un tuya.

Lorsque j'allais en plaine
Voir les boeufs labourer,
Les boeufs rouges, les boeufs beiges
Qui me semblaient éternels,
Je pensais aux épis
Du pays de ma grand'mère
Où y avait-t-un lilas, un figuier et un tuya.

La maison est à bas,
Le pays est par terre,
Les laboureurs tués;
J'essaye de chanter
Chanter comme naguère;
Mais je ne peux penser
Qu'au couteau, qu'au boucher;

Mais je ne peux penser
Qu'aux couteaux, aux bouchers
Du pays de ma grand'mère.
Aux moutons égorgés
Aux méchants, au cimetière
Du pays de ma grand'mère
Où y avait-t-un lilas, un figuier et un tuya.

20 Août 1918.





Version Gallimard - «  Le secret  » - 1919

BLAMONT

Quand j'allais en vacances
A Blâmont-en-Lorraine,
Le coq me réveillait,
Le coq dans le soleil,
Les poules dans les corbeilles
Du jardin de ma grand mère
Où y-avai-t-un lilas, un figuier et un thuya.

Quand le troupeau rentrait,
Agneaux suivant leurs mères,
Je pensais à la laine
Où mes deux mains plongeaient,
Aux matelas douillets
Du pays de ma grand' mère
Où y-avai-t-un lilas, un figuier et un thuya.

Quand j'allais à l'étable
Où le veau roux tétait,
Je pensais aux prairies
Où bientôt il brouterait,
Aux seaux blancs et au lait
Du pays de ma grand'mère
Où y-avai-t-un lilas, un figuier et un thuya.

Lorsque j'allais en plaine
Voir les boeufs labourer,
Les boeufs fauves, les boeufs beiges,
Qui me semblaient éternels,
Je pensais aux brioches
Du pays de ma grand'mère
Où y-avai-t-un lilas, un figuier et un thuya.

La maison est à bas,
Le pays est par terre,
Les laboureurs tués ;
J'essaye de chanter
Chanter comme naguère ;
Mais je ne peux penser
Qu'au couteau, qu'au boucher.

Je ne peux plus penser
Qu'aux couteaux du boucher,
A son tablier rouge,
Aux moutons égorgés,
Aux croque-morts, au cimetière
Du pays de ma grand'mère
Où y-avai-t-un lilas, un figuier et un thuya

20 août 1918







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