Mémoires de la Société d'archéologie lorraine - 1897
HISTOIRE DE L'ABBAYE DE SAINT-SAUVEUR ET DE DOMEVRE 1010-1789
Par M. l'abbé CHATTON
Première Partie, L'abbaye de Saint-Sauveur depuis sa fondation, en l'an 1010, jusqu'a l'expulsion des Bénédictins, vers l'an 1188.
Deuxième Partie. L'abbaye de Saint-Sauveur depuis l'introduction des chanoines réguliers jusqu'à la ruine totale du monastère (1188-1569).
Troisième Partie. Les chanoines réguliers de l'abbaye de Saint-Sauveur établis à Domèvre jusqu'à la réforme de saint Pierre Fourier (1569-1623).
Quatrième Partie. L'abbaye du Domèvre depuis la réforme de saint Pierre Fourier jusqu'a la grande Révolution (1623-1789).
PREMIÈRE PARTIE
L'abbaye de Saint-Sauveur depuis sa fondation en l'an 1010 jusqu'à l'expulsion des Bénédictins vers l'an 1188.
CHAPITRE PREMIER
FONDATlON DE L'ABBAYE DE SAINT-SAUVEUR
Sommaire.: I. Introduction. II. L'abbaye de Saint-Sauveur est érigée par Berthold pour remplacer celle de Bon-Moutier, tombée dans le relâchement. III. Sa situation géographique. IV. - Sa splendeur. V. Nombre de ses religieux.
I. - L'histoire de l'abbaye de Saint-Sauveur et de Domèvre peut être comparée à une précieuse chronique manuscrite dont les pages les plus anciennes auraient été violemment arrachées, et dont les premières feuilles épargnées auraient encore été impitoyablement mutilées. Cette perte irréparable est due aux incendies dont cette communauté a été si souvent victime ce malheur, qui la frappa presque coup sur coup en 1470, en 1524, en 1568, en 1587, fut encore suivi des désastres de la guerre de Trente ans. Si donc nous savons quelque chose des temps qui ont précédé 1587, c'est grâce à quelques chartes et copies très rares qui ont échappé aux flammes, ou grâce quelques pièces d'archives puisées à un autre fonds que celui de l'abbaye de Domèvre
(1).
Il convient de dire d'abord à quelle occasion Saint-Sauveur doit son érection.
Un saint évêque nommé Bodon, qui occupa le siège de Toul à la fin du VIIe siècle, avait fondé, dans une vallée voisine des montagnes des Vosges, une maison destinée à des vierges ayant le désir de mener ensemble une vie plus parfaite. Ce monastère fut appelé, de son nom, Bodonis monasterium, et en langue vulgaire, dès le XIIIe siècle comme encore aujourd'hui, Bonmoutier. Bodon, avant son entrée dans les ordres, avait été marié à une dame nommée Odile, dont il avait eu une fille nommée Thieberge. Thieberge fut la première abbesse du monastère fondé par son père
(2), Il paraît qu'au commencement du XVIIIe siècle on voyait encore les traces de l'emplacement de ce couvent tout près du village du Val, auquel il a donné naissance
(3), et même, encore aujourd'hui, on prétend pouvoir en montrer des vestiges non loin de l'église actuelle. C'est l'oubli de la sainteté de leur état qui provoqua la dispersion des religieuses et amena la ruine de leur maison. La ferveur s'y était maintenue assez longtemps, mais, au IX siècle, elle avait disparu complètement; le scandale y avait été donné, et les pontifes romains, informés de la mauvaise réputation de celles qui profanaient ainsi une demeure consacrée à la Mère de Dieu, ordonnèrent leur expulsion. On les renvoya dans le monde en leur assignant une pension alimentaire
(4), et leur couvent devint un monastère d'hommes. Il était déjà occupé par des moines en 912, comme on le voit par le diplôme de Charles le Simple
(5), et il était encore debout en
974 (6), et même en 995, puisque c'est en visitant cette maison qu'Étienne, évêque de Toul, y fut surpris par la mort le 20 décembre de cette année. là (7).
II.- Etait-ce délabrement de l'édifice, était-ce insuffisance de logement ou emplacement défectueux, toujours est-il qu'en l'an 1010, Berthold, un des successeurs de Bodon, jugea à propos de jeter les fondements d'un nouveau monastère sur une montagne sauvage, à trois quarts de lieue de Bon-Moutier, dans la direction du sud-est. C'est la qu'il transféra la nouvelle communauté d'hommes qui, au rapport de Richer et de Jean de Bayon, suivaient la règle de saint Benoit.
On peut discuter pour savoir si ces deux monastères, l'ancien et le nouveau, ont subsisté simultanément. Le rapprochement de plusieurs textes de l'Historia Episcoporum Tullensium donne à entendre que cette coexistence fut réelle. Voici, en effet, deux phrases de cette histoire qui sont très explicites
« Coenobium quoque in honore Salvatoris in saltu Vosago construxit (Bertholdus)... » et, quelques lignes plus bas
« In saltu autem Vosago resttruxit Bodonis monasterium. » Suivant l'auteur de ce document, Berthold aurait bâti d'abord Saint-Sauveur et aurait ensuite restauré Bon-Moutier. Cette narration n'est pas d'accord avec la version de Jean de Bayon, qui affirme clairement que Saint-Sauveur ne fut pas un monastère nouvellement érigé (quant à son personnel), mais que ce fut simplement Bon-Moutier transféré sur la montagne voisine
(8) « Anno MX ab Incarnatione coenobium illud monialum per Bertholdum successorem dicti Bodonis in clivo montis translatum. » D. Calmet, qui avait remarqué cette divergence de nos deux chroniqueurs: au moins dans leurs expressions, a essayé de les concilier en disant que Berthold rétablit Bon-Moutier en le transférant à Saint-Sauveur. Mais cette traduction nous parait par trop tourmenter les textes et en faire sortir ce qui n'y est pas. Nous aimons mieux avouer qu'il y a ici une contradiction entre les deux historiens. Le récit de Richer, antérieur à celui de Jean de Bayon, est favorable à celui-ci. Il dit, en effet, à deux reprises
(9), que Berthold bâtit à neuf le monastère de Saint-Sauveur, qu'il y installa des religieux de saint Benoît, mais il ajoute formellement que le couvent de Bon-Moutier fut détruit par le même évêque. Quoi qu'il en soit, si de fait il y eut deux communautés vivant côte à côte, la fusion se fit de bonne heure, puisqu'en 1145 il n'y a déjà plus de couvent à Bon-Moutier, mais seulement une ferme (10). Bien plus, selon Richer, il aurait été détruit du temps de Berthold, qui mourut en 1019. Ainsi cette fusion précoce, s'il y en eut une, équivalait à une translation.
L'église fut dédiée à Notre-Dame, et le cloître, placé sous la protection du Rédempteur des hommes, reçut le nom de Saint-Sauveur
(11). Ce nom de Saint-Sauveur, affecté à l'établissement commencé par Berthold, ne doit pas être confondu avec celui de qui fut adopté, au XVIIe siècle, comme titre généra] pour désigner la congrégation composée de toutes les communautés qui avaient accepté la réforme de saint Pierre Fourier en Lorraine. Il devint nécessaire d'ajouter une particule au nom de Saint-Sauveur pour distinguer notre monastère d'autres maisons qui avaient choisi le même vocable. On l'appela Saint-Sauveur en Vosges (monasterium Sancti Salvatoris in Vosago). Au moyen âge, en effet, on comptait dans notre province plusieurs établissements religieux qui avaient été placés sous la protection du Saint Sauveur et en portaient le nom : à Toul, une abbaye fondée par l'évêque Udon en 1069
(12) à Metz, une collégiale de chanoines très ancienne (13) ; l'abbaye de Pruim, fondée en 753 par Pépin (14) ; même celle de Chaumousey, érigée au XIe siècle (15); enfin une maison qui servait d'hôpital à Verdun peut-être dès le VII siècle (16).
III. - Nous ne doutons pas que le monastère de Saint-Sauveur en Vosges fut alors situé au milieu d'une profonde solitude il n'y avait ni village ni culture près de l'enceinte de l'abbaye. Richer dit que saint Gondelbert vint dans notre pays à la fin du VIIe siècle, et que, même de son temps (au commencement du XIII siècle), la contrée qui se trouve bornée à l'Est par l'Allemagne, des autres côtés par la Bourgogne et la Lorraine, était une contrée appelée la Vosge :
« C'est une terre montagneuse, dit-il, couverte d'immenses forêts de sapins et de rochers sauvages qui donnent à ces sommets élevés l'aspect de camps retranchés et ce qui impressionne encore davantage et en augmente l'horreur, c'est la profondeur des vallées avec leurs épaisses forêts de sapins d'un noir qui fait peur. » Et il ajoute que cette vaste solitude était plus peuplée de bêtes féroces que de formes humaines, et qu'elle était fort peu explorée, parce qu'on la regardait comme une forêt inextricable
(17).
Dans une charte d'Agnès, comtesse de Salm, en faveur de l'abbaye de Haute-Seille (fondée depuis peu dans un lieu moins enfoncé dans les montagnes et éloignée de Saint-Sauveur d'environ deux lieues), on lit, à la date de 1147 :
« Sciant omnes quod cum abbatia Altae Silvae de novo in vasta solitudine fundata... » D'après ces textes, le pays était encore une vaste solitude. Cependant nous savons qu'il ne faut pas prendre à la lettre ces termes de la phraséologie de nos vieux écrivains il ne faut pas croire que ces contrées qualifiées de solitudes ou de déserts étaient des terres vierges et inexplorées par les hommes; c'étaient des régions moins peuplées que d'autres, moins cultivées, quelquefois en grande partie abandonnées par d'anciens habitants. Ainsi nous venons de voir, dans une charte de 1147, que Haute-Seille avait été bâtie dans une vaste solitude, et néanmoins, malgré cette vaste étendue déserte, dans une charte de 1145 donnée par Henri, évêque de Toul, nous lisons que Tanconville (situé à deux ou trois kilomètres delà, et à deux lieues et demie de Saint-Sauveur), était une localité très populeuse, mais, dans le temps d'alors, un territoire bien abandonné, hérissé d'épines, fréquenté par les bêtes sauvages et divisé en beaucoup d'alleux possédés par de nombreux propriétaires.
(18)
Dès le commencement, la situation géographique de Saint-Sauveur, comparée à celle des abbayes voisines, a donné lieu de remarquer que si on les avait reliées deux il deux par un chemin en ligne droite, ce chemin eût affecté la forme d'une croix. Bon-Moutier et plus tard Saint-Sauveur eût occupé le pied du côté du Nord Saint-Dié la tête du côté du Midi; Senones le bras droit du côté de l'Orient ;et enfin Moyen-Moutier était placé au milieu, à l'intersection des lignes qui formaient cette croix, et c'est de là que lui est venu son nom
(19).
IV. - Il serait intéressant de savoir quelle était l'ampleur de l'abbaye de Saint-Sauveur dans les premiers siècles de son existence, quel était l'aspect de ses constructions, si elle était remarquable au point de vue architectural, de quoi se composait son mobilier, surtout sa bibliothèque, quelle était la richesse de ses décors malheureusement, il ne nous reste aucun débris qui nous ait été légué par les temps antérieurs au XVe siècle. Pas un vestige, pas un souvenir, tout a disparu et a été effacé, en sorte que nous sommes réduits à de pures conjectures. Nous n'essaierons donc pas de reconstituer l'état du monastère durant la première phase de son histoire; nous dirons seulement que les bâtiments n'ont jamais dû être fort étendus, puisqu'ils n'étaient destinés qu'à abriter au plus une vingtaine de religieux. Ayant tout d'abord été occupés pendant un siècle et demi par les Bénédictins, ce furent eux qui en furent les premiers architectes. Saint Benoît établit, en effet, dans sa règle, que l'architecture, la peinture, la mosaïque, la sculpture et toutes les branches de l'art seraient étudiées et enseignées dans les monastères
« aussi, le premier devoir des abbés, des prieurs et des doyens, était-il de tracer le plan des églises et des constructions secondaires des monastères qu'ils étaient appelés à diriger. Il s'ensuivit que l'architecture, science réputée sainte et sacrée, n'était pratiquée que par les religieux (20) ».
Cette époque était celle où le luxe des églises abbatiales était devenu si général et si immodéré que saint Bernard crut devoir s'en plaindre amèrement comme d'un travers de son temps
« O vanité des vanités, s'écrie-t-il, l'Eglise brille dans ses murailles, et elle est nue dans ses pauvres ; elle couvre d'or des pierres, et laisse ses fils sans vêtements ; les curieux ont de quoi se distraire, et les malheureux n'ont pas de quoi vivre (21). »
S'il ne nous reste aucun monument nous retraçant la forme des constructions primitives de Saint-Sauveur, comme nous l'avons déjà dit, s'il ne nous est parvenu aucun échantillon de sa valeur architecturale et de l'art de ses décorations, nous sommes suffisamment fondés à, croire que l'abbaye de Saint-Sauveur n'était pas indigne de figurer au nombre de celles que saint Bernard trouvait luxueuses, Cette abbaye, en effet, était la seule qui pouvait se glorifier d'être l'oeuvre de Berthold elle avait donc plus de droit à sa munificence que toutes les autres maisons religieuses de son diocèse. Or, voici ce que l'auteur de l'Historia Episcoporum Tullensis rapporte des largesses de ce prélat au monastère de Saint-Dié :
« Il fit façonner pour cette église, dit-il, des portes d'un travail-admirable; il orna le maître-autel de décorations incomparables; il y prodigua l'éclat de l'or et des pierres précieuses, et il la gratifia d'une multitude d'objets du culte qui étaient d'une beauté et d'une richesse vraiment inestimables (22). » Le même historien en dit assez en faveur de Saint-Sauveur, pour nous laisser entendre que ce couvent fut traité avec autant de générosité que son émule de Saint-Dié
« Coenobium quoque in honore Sancti Salvatoris in saltu Vosago construxit, quod diversis ecclesiasticis ornamentis, decentissime locupletavit (23) »
V. - S'il est vrai que, dès le VIIIe siècle, Senones comptait jusqu'à deux cents religieux et Moyenmoutier jusqu'à quatre-vingts (24),Saint-Sauveur était loin de pouvoir entrer en parallèle avec ces abbayes, pour la population, même aux plus beaux temps de sa prospérité. A l'origine, il parait que les religieux de Saint-Sauveur n'étaient pas moins de vingt;ou du moins Berthold avait distrait de ses biens patrimoniaux des domaines assez vastes pour entretenir une communauté de vingt membres (25). Dans les siècles suivants, soit que le temporel de l'abbaye ait perdu quelque chose de sa valeur, soit qu'une autre cause dont la nature nous échappe soit intervenue, la population normale de l'abbaye ne fut plus que de douze chanoines (26).
CHAPITRE II
LES PREMIERS ABBÉS DE SAINT-SAUVEUR
SOMMAIRE : I. Importance de la dignité abbatiale. II. Tableau comparatif des abbés de Saint-Sauveur et Domèvre. III. Notes biographiques sur les abbés de la première période (1010-1188) qui ont échappé à l'oubli.
I.- La dignité abbatiale était assez honorable par elle même pour assurer une place marquante dans la société à tous ceux qui en étaient les titulaires. Les abbés, en effet, étaient souvent choisis pour arbitres dans les querelles fréquentes qui éclataient entre les seigneurs du voisinage; très souvent ils étaient appelés à apposer leurs sceaux pour garantir l'authenticité des chartes où étaient rédigées les transactions les plus importantes; enfin, dans les conciles, ils venaient immédiatement après les évêques. Aussi convient-il de donner leur nom et la date de leur prélature aussi exactement que possible. Pour que l'on puisse saisir d'un coup d'oeil les lacunes des catalogues publiés jusqu'ici et celles qui restent encore après nos recherches personnelles, nous avons dressé un tableau comparatif des listes les plus connues.
II. - CATALOGUE DES ABBÉS DE SAINT-SAUVEUR ET DE DOMÈVRE
D'après la Gallia Christiana (tome X. III, col. 1357, édition Palmé,
1814) |
D'après un manuscrit des archives départementales, H. 1382 (destiné à l'abbé
Hugo) |
D'après D. Calmet, H. L., t. VII, p.
XXXV |
Notre liste |
Leufridus (1065-1069) |
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Leutride (1065-1069) |
1. Litfride ou Leufride (1057-1069) |
Sigisbaldus ou Siglsbertus (1085-1117) |
Sigisbaldus (1085) |
Sigisbalde (1085) |
2. Sigisbald (1085) |
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Sigibert (1115-16-17) |
3. Sigebert (1115-1117) |
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Raimbolde sous Ricuin, évêq. de Toul |
4. Raimbald |
Wibertus (1123) |
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Vibert (1123) |
5. Wibert (1123) |
Otho 1er (1123--1127) |
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Othon Ier (1123-26-27) |
6. Othon Ier (1123-1127) |
Hugo Ier (1128-1135) |
Hugo (1130) |
Hugues Ier (1129-30-31-35) |
7. Hugues Ier (1128-1135) |
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Joscelin (1130) |
8. Joscelin ? (1130) |
Bertrannus (1139-1140) |
Bertrannus (1133) |
Bertram (1138) |
9. Bertram (1138-1140) |
Otho Il (1140-1141) |
Oltho (1140) |
Othon II (1140-1141) |
10. Othon II (1140-1141) (1145 ?) |
Hugo II (1154-1157) |
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Hugues II (1154-1157) |
11. Hugues Il (1153-1157) |
Otho III (1167) |
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12. Othon lII (1167) |
Vacance (1171) |
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Vacance |
Vacance (1171) |
Ymmerius (1170-1172) |
Ymerius (1170) |
Himerius ou Imerius |
13. Ymmerius ou Himerius (1172) |
Hugo III (1182) |
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14. Hugues III (1182-1186) |
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Othon III (vers 1187) |
15. Othon IV (1188-1193) |
Théobaldus (1200) |
Théobaldus (1200) |
Thiébaut (1206) |
16. Thiébaut (1206-1221) |
Claudius Ier (1223-1224) |
Claudius (1223) |
Claude (1223) |
17. Claude Ier (1221-1224) |
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Othon IV (1224) |
18. Othon V ? (1224) |
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T (1239) |
19. T (1230) |
Richerus (1239) |
Richerus (1239) |
Richer (1239) |
20. Richer (1239) |
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O |
21. O |
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Th |
22. Th |
OEgidius Wanderus (1263-1266) |
Oegidius de Vendières
(1260) |
Gilles de Vendières (1260) |
23. Gilles de Vandières
(OEgidius Vanderum, de Vanderiis) (1260·1266) |
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Petrus (1270) |
Pierre (1276) |
24.. Pierre (1276) |
Henricus (1282-1299) |
Henricus (1282) |
Henri (1282) |
25. Henri (1281-1289-1296-1298-1299) |
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Baudoin (1292) |
26. Baudoin (1292) |
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Gérard (1305) |
27. Gérard Ier (1305) |
Simon (1305-1309) |
Simon (1305) |
Simon (1305) |
28. Simon Ier (1305-1309) |
Reginaldus (1330) |
Reginaldus (1330) |
Renaut (1330) |
29. Renaud (1324-1330) |
Liétaudus de Couvax (1332) |
Liétardus (1332) |
Ltétard (1332) |
30. Liétard (1332) |
Thomas (1334-1338) |
Thomas (1334-) |
Thomas (1334) |
31. Thomas (1334-1342) |
Gerardus Ier (1343) |
Gerardus (1343) |
Gérard (1343) |
32. Gérard II (1343-1345) |
Valtrimus (1355-1372) |
Valtrinus (1355) |
Vautrin (1355) |
33. Vautrin ou Vatier (1355-1372) |
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34. Simon II (1379) |
Gaufridus (1383-1403) |
Joffridus (1383) |
Geoffroi (1383-1403) |
35. Geoffroy de Blamont (1383-1403) |
Johannes Ier Aubertinetti de Blamont (1414) |
Joannes Aubertini de Abbomonte (1414) |
Jean-Aubertin de Blâmont
(1414-1424) |
36. Jean Ier Auhertinet de Blâmont (1414-1422) |
Joannes II de Vaxenville (1425-1426) |
Joannes de Vaxainville (1425) |
Jean de Vaxainville (1425) |
37. Jean II de Vaxainville (1425-1426) |
Gerardus II (1445) |
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Gérard (1445) |
38. Gérard II (1445) |
Joannes III de Bonviller (1453) |
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Jean de Bonviller (1453) |
39, Jean III de Bonviller (1452-1453) |
Joannes IV Stephani (1455-70) |
Johannes Stephani (1456) |
Jean Etienne (1455-66-70) |
40. Jean IV Sthephani ou Stevenins
(1455-1460-1477) |
Joannes V Desiderii (1470-1486) |
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41. Jean V Didier (1470-1477-1486) |
Joannes VI Gadet (1486-1515) |
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Jean Gadet (1486-1515 |
42. Jean VI Gadet de Bertrichamps (1486-1515) |
Claudius II Gauzelet ou Hozelet
(1515-1527 |
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Claude Hauzelet (1515-1527) |
43. Claude II Gauzelet ou Hauzelet ou Hozelet de Marienveley
(Marainviller) (1515-1527) |
Gerardinus - Jacobus
Vivian (1527-1540) |
Gerardinus Jacobi (1521) |
Gérardin-Jacob Vivian (1527-1540) |
44. Gérardin-Jacob Viviani de Domèvre (1527-1540) |
Joannes VII Jacob (1540-1552) |
Joannes Jacobi (1540) |
Jean Jacob (1540-1552) |
45. Jean-Jean Jacquot ou Jacob (1540-1552) |
Nicolaus Malriat (1552-1574) |
Nicolaus Malriat (1574) |
Nicolas Malriat (1552-1574) |
46. Nicolas Malriat (1552-1574) |
Sébastianus Malriat (1574-1594) |
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Sébastien Malriat (1574-1594) |
47. Sébastien Malriat (1574-1594) |
Christianus Malriat (1594-1614) |
Christianus Malriat (1594) |
Chrétien Malriat (1594.-1614) |
48. Chrétien Ier Malriat (1594-1614) |
Christianus II Fabri (1614-1636) |
Christianus Fabri (1614) |
Chrétien Fabri (1614-1636) |
49. Chrétien II Fabri (1614-1636) |
Joannes VIII Marchal (1636·1638) |
Joannes Mareschal (1636) |
Jean Maréchal (1636-1638) |
50. Jean Mareschal (1637-1638) |
Clemens Philippus (1638-1668) |
Clément Philippe (1638) |
Clément Philippe (1646-1668) |
51. Clément Philippe (1638-1667) |
Carolus le Bègue (1668-1688) |
Carolus le Bègue (1669) |
Henri-Ch. Lebègue (+ 1688) |
52. Ch.-Henri Lebègue (1667-1688) |
Mathias Alaine
(1688-1704) |
Mathias Allaine (1689) |
Mathieu Allain (+ 1704) |
53. Mathias Allaine (1688-1704) |
Petrus Collin (1704-1722) |
Pierre Collin (1704) |
Pierre Collin, + le 20 mars 1722 |
54. Pierre Collin (1704-1722) |
Johannes-Bapt. Piart (1722-1746) |
Jean-B. Piart (1722) |
J.-B. Piard, élu le 5 juin
1722 |
55. J.-B. Piart (1722-1746) |
Dominicus Bexon (1746-1753) |
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56. Domin. Bexon (1746-1753) |
Hyacinthus Pillerel (1753- ) |
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57. Hyacinthe Pillerel (1753-1768) |
.Josephus Ier le Roi (+ 1772) |
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58. Joseph Leroy (1769-1772) |
Josephus Il de Saintignon (1772) |
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59. Joseph de Saintignon (1772-1795) |
Choeur de l'ancienne Eglise Abbatiale de Saint-Sauveur-en-Vosges
III. - Lietfriede ou Leufride (1057-1069).- Lietfride est le premier abbé de Saint-Sauveur dont nous connaissions le nom. Ce nom trahit une origine germanique. Les auteurs du Gallia Christiana signalent sa présence pour la première fois en 1065, mais nous le rencontrons déjà en 1057 dans la longue liste des signatures apposées au texte d'une sentence portée par Udon contre les habitants de Varangéville (27). Dans le diplôme de l'an 1065, par lequel l'empereur Henri IV confirme le rétablissement du chapitre de Saint-Gengoult de Toul, Lietfride est mentionné en ces termes
« Apud Menolfi-villam quinque mansos et dimidium quos commutavit (Udo) contra Letefridum abbatem coenobii Sancti Salvavoris (28). » (Dom Calmet traduit
« Menolfi-villam » par
Minorville.) La même année, il parait encore dans la charte par laquelle l'évêque Udon dote le même chapitre
« Apud Minulfivillam V mansos et dimidium excepta terra indominicata, quos commutavimus per manus advocati nostri Arnulphi comitis contra abbatem Lietfridum coenobii Sancti Salvatoris per manus advocati ejus Lintulphi (29) Enfin nous rencontrons encore son nom, en 1069, dans la charte de fondation d'une abbaye qui fut bâtie sous les murs de Toul avec le vocable de Saint-Sauveur
« Concedo memorato coenobio de rebus nostrae ecclesiae alodium cum capella quod dicitur Mansionile juxta Cauliacum, et quidquid in alio Mansionili est juxta Scopulam, quod priori subjacet ut est in vineis, terris cultis et incultis, mancipiis utriusque sexus, pascuis cum banno sicut illud legali commutatione ab abbate Lietfrido Sancti Salvatoris in Vosago et ab ipsius advocato Lintulfo.ex meis propriis bonis commutavi (30). »
C'est déjà peut-être Lietfride qui eut l'honneur de recevoir le pape saint Léon IX lorsque celui-ci vint faire la visite de l'abbaye en 1051 (31).
Le nom de Leufride se rencontre encore dans une charte de Pibon pour l'église de Saint-Dié en 1076 mais il n'y est pas qualifié d'abbé.
Sigisbald (...1085...). - Sigisbald gouvernait l'abbaye en 1085. Les auteurs du Gallia Christiana l'identifient avec Sigebert, dont l'abbé de Senones fait un personnage différent.
Sigebert (...1107-1115-1117...) - Il est peut-être le même que Sigisbald, que nous inscrivons comme son prédécesseur, Les auteurs du Gallia. avancent qu'il fut bénit et installé par l'évêque Pibon, et qu'il reçut de lui les dîmes des maisons qui avoisinent le cimetière de la chapelle Saint-Barthélemy (32)- Or, Pibon a gouverné l'église de Toul de 1070 à 1107. - On rencontre le nom de Sigebert en 1115, 1116 et 1117.
Raimbald ou Raimbaut. - Il n'y a que D. Calmet qui fait figurer Raimbald dans la liste des abbés de Saint-Sauveur. Il le fait vivre sous l'épiscopat de Riquin, qui occupa le siège de Toul de 1108 à 1126.
Wibert (...1123...). En l'an 1123, Wibert approuve un accord fait entre Lanzon, abbé de Saint-Mihiel, et les religieuses de Laon (33).
Othon Ier (...1123-1127...). Ces dates nous sont fournies par le Gallia, t. XIII, col. 1358.
Hugues Ier (...1128-1135...). - Hugues Ier est mentionné dans les lettres de Henri de Lorraine en faveur du monastère de Trois-Fontaines. Le 8 décembre 1129, il assiste à la cérémonie de la consécration du prieuré de Xures, présidée par Etienne de Bar, évêque de Metz (34).
En 1130, il consent diminuer le cens annuel que les religieux de Haute-Seille devaient à Saint-Sauveur. Il gouvernait encore son abbaye en 1135 (35), Il est rappelé dans une charte de 1171 donnée par Pierre de Brixey (36).
Joscelin (?) (...1130...). Joscelin ne parait que dans la liste de D. Calmet. S'il fut réellement abbé de Saint-Sauveur, il faudrait donc admettre que sa prélature ne fut pas incontestée, puisque Hugues Ier gouverna l'abbaye avant et après lui, et même en 1130.
Bertram (...1134 (?)...1138-1140...) Ce fut lui qui reçut pour son abbaye les importantes donations faites par Agnès, comtesse de Salm, en 1138 (37). Il apposa son scel sur la charte de donation octroyée par cette dame laquelle, selon toutes apparences, est la même que celle qui fonda le monastère de Haute-Seille en 1140, On rencontre encore le nom de Bertram dans la charte de l'évêque Henri en faveur de Riéval en l'an 1140, et dans une autre de la même année, en faveur de l'abbaye de Jandheures (38).
Othon II (1140-1141... (1145 ?). - Othon II signe une transaction avec les moines de Haute-Seille, au sujet de la paroisse et du ban de Tanconville, en l'an 1140 (39). C'est de lui qu'il est sans doute encore question dans une charte de 1145, où l'on rapporte que l'abbé de Notre-Dame de Saint-Sauveur vint, avec ses frères, trouver Henri, évêque de Toul, pour le prier d'accorder à l'abbaye la terre qu'il possédait à Tanconville, moyennant un cens annuel. L'évêque de Toul la lui céda, moyennant un cens annuel de deux sols payables à sa maison de Bon-Moutier- Comme c'était le pré de Tanconville qui alimentait les greniers épiscopaux, les religieux de Saint-Sauveur, pour dédommager l'évêque, lui cédèrent en échange un autre pré qu'ils possédaient à Vesuzeville (40), Ce domaine de Tanconville était assez considérable, puisque Henri, en le donnant à Saint-Sauveur moyennant cette faible redevance, dit qu'il le transmet tel qu'il consiste
« en terres cultivées et non cultivées, en prés, en eaux et cours d'eaux, en étangs et en forêts (41) ».
Hugues II (1l53-1157). - Hugues II est signalé comme témoin avec Lambert, abbé de Beaupré, Varnier d'Ogéviller, et Richard de Hadauménil, dans un accord conclu entre l'abbé de Haute-Seille et Alberon, abbé de Lunéville. La charte ne porte pas de date (42). - Le 9 des calendes de février de l'an 1153(c'est-à-dire, en réalité, en 1154) (43), il est encore cité comme témoin de la concession des églises de Saint-Jean et de Saint-Maurice à l'abbaye de Senones par Henri, évêque de Toul. Il assiste le même jour à la cérémonie de la dédicace de la Rotonde (dépendance de Senones), présidée par le même évêque. On voit qu'à cette époque le nom de Hugues était très commun puisque, sur douze signatures, on y trouve trois fois celle de Hugues: l'un était abbé de Saint-Sauveur l'autre, d'Etival, et le troisième appartenait à la collégiale de Saint-Dié.
Othon III (1167). D. Calmet n'a pas inscrit Othon III dans sa liste ; les auteurs du Gallia signalent un traité conclu par lui en 1167 avec l'abbé de Saint-Vanne de Verdun, au sujet d'un moulin placé sur la Moselle.
A la même date, on trouve dans les papiers de l'abbaye (44) l'original et la copie en lettres gothiques d'une charte qui commence par ces mots
« Symon dux et Marchio Lotharingiae principibus et populis suis salutem. »; on y rapporte que l'église de Saint-Sauveur subissant l'oppression de son voué sur la terre de Burthecourt, le duc Simon, à la prière de son évêque, dont il avait reçu le titre de voué-libre (de cujus dono liber advocatus sum), intervint et fixa pour l'avenir les droits utiles de la vouerie. Mais cette date est fausse, puisque Simon 1er mourut en 1139, et que le duc Simon II ne régna qu'à partir de 1176 et Richer est aussi éloigné de la vérité en plaçant ce fait sous le millésime de 1153 (45),
Vacance du siège abbatial (1171). Voici comment Pierre de Brixey, dans une lettre de 1171, raconte les faits qui en furent l'occasion. Une violente querelle s'était élevée entre les religieux de Saint-Sauveur et ceux de Haute-Seille. Les premiers se plaignaient de ce qu'un de leurs anciens abbés, nommé Hugues, malgré la volonté de tous ses frères et lés réclamations constantes de plusieurs d'entre eux, avait réduit à deux sols le cens annuel de 10 sols que la maison de Haute-Seille avait coutume de leur payer pour la dîme. Ils prétendaient que cette réduction avait été faite au mépris de l'autorité épiscopale, puisque la charte du prédécesseur de Pierre avait été détruite et que les abbés des deux maisons en avaient fabriqué une nouvelle. Voici comment le conflit se termina : l'évêque de Toul, accompagné de ses trois archidiacres Albricus, Haimon et Frédéric, de Gérard, abbé de Tholey, et de Pierre, abbé de Beaupré, se présenta au monastère de Saint-Sauveur et y convoqua les deux parties. En vertu de l'autorité qu'il avait sur cette maison, il ratifia la transaction passée entre les abbés en maintenant la redevance de deux sols. Il accorda à Haute-Seille un acte, muni de son sceau, constatant cette décision. Il ordonna ensuite, sous peine d'anathème, à l'abbé qui avait été déposé, au prieur, au sacristain et à tout le couvent assemblé, de lui présenter la charte qu'on avait prétendu détruite. Comme tous affirmèrent qu'elle était réellement détruite, Pierre leur défendit, sous peine d'excommunication, de la reproduire à l'avenir et de s'en servir. C'est ainsi qu'à la place de l'abbé qui avait été déposé, et avec l'assentiment de tout le chapitre, l'évêque de Toul mit fin à cette bruyante querelle (46),
Ymmerius ou Himerius (1172). D. Calmet intercale Ymmerius dans son catalogue sans aucune date. Les auteurs du Gallia indiquent les années 1170 et 1172. Si ces renseignements sont exacts, ce serait donc celui-ci qui aurait été déposé par l'évêque de Toul en 1171 et qui serait revenu au pouvoir.
Hugues III (...1182-1186.). Hugues III ne figure pas, bien à tort, dans la liste de D. Calmet, car il parait dès 1182 dans les lettres de Pierre de Brixey en faveur du monastère de Saint-Léon (47). En 1186, il assiste, avec Richard, abbé de Belchamp, et Wirricus, prieur de Beaulieu, à un arrangement entre l'abbaye de Chaumousey et les frères de l'église de Bongart (48). C'est donc lui qui, sans être indiqué nommément, reçut de l'évêque de Toul, en 1185, la donation des autels de Cirey et de Harbouey, des deux tiers des dîmes de Monay et de la moitié de l'église de Badonviller (49). Il est bon de faire la remarque suivante ici, comme dans beaucoup de documents de la même époque, on entend par église (ecclesia) la dîme affectée à une église, et par autel
(altare), « on entend une paroisse dont on donnait la nomination ou la collation à une communauté, avec tous les fruits et revenus qui en dépendaient, la charge toutefois de fournir au prêtre qui la desservait la subsistance raisonnable. De ces concessions d'autels sont venues les cures unies aux monastères ou aux chapitres et la qualité de curés primitifs donnée à ceux en faveur de qui ces unions et concessions étaient faites : Ecclesia donne précisément droit aux dixmes, et les laïques les peuvent posséder : Altare donne, outre cela, droit à tous les profits de la paroisse (50) ».
CHAPITRE III
RÈGLE QUI FUT SUIVIE A SAINT-SAUVEUR DÈS SON ORIGINE
SOMMAIRE : I. Il parait bien établi que la règle de saint Benoît fut d'abord observée à Saint-Sauveur. II. Les Bénédictins y demeurèrent jusque vers 1188. III. Le relâchement dans la discipline parait avoir été la cause de leur expulsion,
I. - Il parait certain que les premiers religieux qui habitèrent Saint-Sauveur suivaient la règle de saint Benoit.
Richer le dit très expressément en deux endroits: Berthold bâtit Saint-Sauveur sur un lieu bien plus élevé que Bon-Moutier, dit-il ; il
y établit des moines qui vivaient sous la règle de saint Benoit; mais, dans la suite, ils en furent expulsés et remplacés par des chanoines réguliers.
« Ibidem monachos sub norma B. Benedicti abbatis instituit quibus postea inde expulsis Ordinis sancti Augustini canonici sicut usque nunc ibidem permanent, sunt inthronisati (51). » Nous avons encore un autre témoignage aussi formel. Le P. Benoit, dans son Histoire ecclésiastique et politique de Toul (52), nous assure avoir retrouvé une charte datée de l'an 1012, dans laquelle on rapporte que l'évêque Berthold, rempli d'estime pour l'Ordre de saint Benoit, dont les religieux édifiaient les peuples par de bons exemples, leur avait donné l'abbaye de Saint-Sauveur, et qu'en leur rendant cette justice, il n'avait fait qu'exécuter le pieux dessein de Robert, son prédécesseur, qui, comme religieux de cet ordre, avait eu une forte inclination de leur faire du bien. Il nous semble même que les moines étaient déjà installés à Bon-Moutier avant la fondation de Saint-Sauveur, car on lit dans le diplôme de Charles le Simple, daté de 912, que les chanoines de Toul avaient droit de patronage sur Bon-Moutier, et que les moines devaient fêter l'anniversaire de sa mort (53). Nous venons d'insister sur la présence des Bénédictins à Saint-Sauveur dès son origine, parce que le P. Hugo nous apprend qu'il déplaisait aux chanoines de Domèvre d'entendre qu'ils avaient été précédés par ces moines dans leur antique abbaye, et qu'ils faisaient ce qu'ils pouvaient pour infirmer l'autorité du témoignage de Richer (54). Nous n'ajouterons qu'un mot sur cette période obscure en disant, avec D.
Calmet, « qu'il est très croyable qu'en ces temps-là les monastères de Senones, de Saint-Diez, de Moyenmoutier, d'Étival, de Bonmoutier (et plus tard de Saint-Sauveur), de Remiremont, de Luxeu observaient la même manière de vie, c'est-à-dire la règle de saint Benoit jointe aux statuts de saint Colomban (55) ».
II. - Combien de temps les Bénédictins demeurèrent-ils à Saint-Sauveur ? C'est un problème qu'on ne peut résoudre d'une façon précise, Ils y étaient encore au temps de saint Léon IX, c'est-à-dire au milieu du XIe siècle (56), comma nous l'apprennent les bulles de ce pape. D. Calmet (57) conjecture que ce fut en 1171 qu'ils quittèrent cette maison, parce qu'un titre de l'abbaye de Haute-Seille nous apprend qu'à cette époque l'abbé de Saint-Sauveur fut déposé par l'évêque de Toul, et qu'à cette occasion, tout le personnel a bien pu être renouvelé, Le même auteur semble avoir prolongé son doute jusqu'en 1195 et au delà (58); mais nous avons la certitude que dès 1188 les chanoines réguliers occupaient le monastère de Saint-Sauveur témoin la charte dont l'original se trouve encore actuellement dans le fonds de Haute-Seille (59), et par laquelle l'abbé Othon confirme au couvent de Clairlieu l'exemption des dîmes sur le territoire de Lupcourt. Cet abbé dit formellement que la transaction dont il s'agit a été ratifiée en plein chapitre par tous les chanoines assemblés, dont les noms sont même exprimés:
« Testes Petrus, Ludowicus, Cono, Raynaldus, Joannes, Hartmannus, Otto, canonici Sancti Salvatoris... Actum legitime, publice recitatum in Capitulo Sancti Salvatoris, canonice confirmatum anno dominice incarnationis MCLXXXVIII. » Il y a même une phrase dans cette lettre qui semble insinuer que sa communauté de chanoines avait été tout récemment substituée à une autre par une disposition de la Providence.
« In amministratione Sancti Salvatoris Domino disponente substituti. » Des chartes de 1193 et 1195 confirment pleinement le même fait.
III. - Pourquoi maintenant les Bénédictins désertèrent-ils ce couvent ? Richer (60) dit formellement qu'ils furent expulsés, mais reste muet sur le motif de leur bannissement. A cette époque, nous remarquons que les changements de ce genre étaient fréquents dans les monastères existants : ainsi, d'après le même chroniqueur, Étival fut d'abord occupé par des religieux de saint Benoît, puis par des religieuses, puis par des moines, puis par des chanoines séculiers, et enfin par des Prémontrés (61) ; de même, nous apprenons que Moyenmoutier fut donné en bénéfice par le roi de Lorraine Zuentobold à un certain comte Hasuma, et que celui-ci expulsa iniquement l'abbé et les religieux pour mettre à leur place des chanoines séculiers puis, un peu plus tard, Ferri, duc de Lorraine, chassa à son tour les chanoines séculiers pour y rétablir les moines (62). A Saint-Sauveur, suivant toutes apparences, l'expulsion des Bénédictins n'a pu être exécutée que d'après les ordres de l'évêque de Toul, qui en était le souverain temporel et spirituel, et vraisemblablement celui-ci n'a employé ce moyen de rigueur que parce que la discipline laissait trop à désirer. Nous savons, en effet, que le XIIe siècle a été tristement célèbre par le relâchement des moeurs monacales.
« Bientôt, dit Lacordaire (63), l'intrigue fait tomber la crosse épiscopale en des mains qu'une intention pure n'a point bénies ; le monde a le plaisir de voir ses favoris gouverner l'Église de Dieu et changer le joug aimable de Jésus-Christ en une domination séculière ; les cloîtres retentissent de l'aboiement des chiens de meute, du hennissement des chevaux. Qui discerna les vocations vraies des vocations fausses ? ...Voilà l'état misérable où une ambition sacrilège avait réduit un trop grand nombre d'églises et de monastères d'Occident à la fin du XIIe siècle, et en bien des lieux où le mal n'était pas si profond, il était encore grand. »
Les chanoines réguliers de l'Ordre de saint Augustin, d'origine récente (64) et, par conséquent, encore sous l'empire de la ferveur initiale, semblaient tout désignés pour ramener dans les cloîtres la régularité et l'édification par les exercices de la vie commune, telle que l'avait comprise le grand évêque d'Hippone.
Ils furent salués partout comme des réformateurs et des restaurateurs (65) de la vie religieuse. C'est sans doute le motif qui leur a donné la préférence et les a introduits à Saint-Sauveur en Vosges,
CHAPITRE IV
FORMATION ET CONDITION DU TEMPOREL DE L'ABBAYE DE SAINT SAUVEUR
SOMMAlRE : I Terres dont hérite l'abbaye de Saint-Sauveur de l'ancten monastère de Bon-Moutier. - II. Francs-alleux qu'elle reçoit de la générosité de l'évéque Berthold (Domèvre, Burthecourt-aux-Chênes, Arracourt). - III. Donations importantes qui lui sont faites sur le ban de Raon-les-Leau par la famille de Salm. - IV. Les voués de différentes possessions de Saint-Sauveur.
I. - Les premières possessions dont jouit l'abbaye de Saint-Sauveur lui vinrent, les unes par droit de succession, du monastère supprimé de Bon-Moutier ; les autres, de la générosité de Berthold, son fondateur. Ce fait nous est acquis par une tradition constante consignée dans les papiers de cette maison (66) et nous est suffisamment insinué par le diplôme de Charles le Simple, en 912, pour ce qui regarde l'héritage de Bon-Moutier (67), D'après Broulier (68), les terres de Barbas, Barbezieux, Harbouey, Cirey, Blémerey et Bon-Moutier formaient le lot qui avait appartenu à l'ancien monastère fondé et doté par Bodon tandis que les terres de Burthecourt, Arracourt et Domèvre étaient celles qui avaient été détachées du patrimoine de Berthold. Comme il n'est question nulle part du ban de Saint-Sauveur, il ne devait faire qu'un, à cette époque, avec le territoire du Val de Bon-Moutier.
Dès son origine, notre abbaye se trouvait donc propriétaire légitime de ces vastes domaines mais elle ne parait pas avoir possédé la première portion au même degré due la seconde. N'oublions pas, en effet, que cette époque correspondait aux débuts du régime féodal caractérisé par la superposition des possesseurs du sol. Les biens du monastère de Bon-Moutier avaient passé à celui de Saint-Sauveur sans changer de condition. Or, Bodon ne s'était pas dessaisi de ses droits temporels en faveur de son couvent au point qu'il entendit dépouiller ses successeurs de toute autorité sur ces terres. De par sa volonté, la haute propriété de celles-ci fut attribuée à l'église Saint-Étienne de Toul, sa cathédrale et, par suite, les évêques qui occupèrent le siège de cette église devinrent les souverains temporels des possessions de Bon-Moutier, plus tard de Saint-Sauveur. Ce fait nous est attesté par le diplôme de Charles le Simple (912), dans lequel il est dit du premier monastère
« Ad Sancti Stephani Tullensem Ecclesiam hic venerabilis pontifex (Bodo) perrpetuo contradidit habendum (69). » Mais ce droit éminent et perpétuel des évêques de Toul n'empêchait pas les rois ou les empereurs d'exercer une souveraineté encore plus haute que ceux-ci sur les mêmes terres c'est ainsi qu'en 870 Bon-Moutier était au pouvoir de Louis le Germanique, comme on le voit dans l'acte de partage qui fut dressé
cette année-là entre ce roi et son frère Charles le Chauve (70),
L'église Saint-Étienne ne jouit pas toujours paisiblement de sa part de souveraineté. Elle en fut d'abord dépouillée par le roi Lothaire, fils de l'empereur du même nom, qui commit cet acte de violence pour se venger de la fermeté apostolique dont l'évêque d'alors, saint Arnoul, avait fait preuve en condamnant son divorce. Et c'est précisément pour lui faire restitution et reconnaître officiellement son bon droit, établi par des titres écrits, que Charles le Simple, à la prière de l'évêque Drogon son parent, octroya le diplôme de 912,
Un peu plus tard, cette souveraineté lui fut encore disputée par une femme qui demeurait à plus de dix lieues de là, en Alsace.
« L'abbesse d'Andelau (dit D. Calmet), qui possédait l'abbaye d'Étival par la concession de l'Impératrice Richarde, contesta la même abbaye de Bon-Moutier à saint Gauzelin, successeur de Drogon, fondée apparemment sur ce qu'Étival et Bon-Moutier ayant été fondées par le même évêque Bodon et ayant été distraites et séparées de l'Église cathédrale de Toul par le même roi Lothaire, elles devaient de même toutes deux retourner à la même source mais l'évêque saint Gauzelin ayant prouvé, par le témoignage de douze hommes libres, que Bon-Moutier était dépendant de l'église de Toul, l'abbesse perdit son procès, et l'empereur Othon, étant à Mayence, confirma l'évêque dans sa possession (71). »
Cette situation politique, soit de Bon-Moutier, soit de Saint-Sauveur, se maintint pendant toute la période que nous étudions ici. Elle subsistait encore au temps où Richer écrivait sa chronique de Senones, car il y dit de ce domaine
« Terra vero illa Bodonis monasterii jure hereditario ad episcopatum tullensem pertinere dignoscitur (72) ». Et, de fait, on voit Pierre de Brixey, en l'an 1171, s'adjuger la mission de réconcilier les religieux de Saint-Sauveur avec ceux de Haute-Seille ; il déclare prendre en mains les intérêts de cette première maison à la place de l'abbé déposé, et cela, dit-il, parce que le fonds sur lequel elle est assise relève de moi
« cumque in Sancto Salvatore abbas non esset, ego cujus.abbatiae fundus est proprius, affui pro abbate (73) », Il parait que ce fut en 1286 que les évêques de Toul perdirent définitivement cette souveraineté au profit de ceux de Metz ; l'un d'eux, Conrad Probus, pressé par le malheur des guerres, l'engagea à Bouchard (74) avec le droit d'y frapper monnaie, mais en se réservant toute juridiction spirituelle sur ces lieux. C'est ce que nous apprend l'inventaire d'un cartulaire de l'évêché de Metz (75).
II. - Voilà ce que nous savons de la première portion du temporel de Saint-Sauveur, c'est-à-dire de celle qui lui échut de l'ancien Bon-Moutier. Quant à la portion qui lui fut donnée en dot par Berthold, l'abbaye paraît l'avoir possédée d'abord d'une façon plus complète et plus indépendante. Le document qui pourrait nous donner les plus sûrs renseignements sur ce sujet, serait la charte de donation qui a dû être octroyée par l'évêque fondateur. Malheureusement elle n'existe plus mais nous croyons avoir l'équivalent. Richer, en effet, au chapitre XVI du IIe livre de sa chronique de Senones, parle de la fondation et de la dotation de Saint-Sauveur avec des développements si abondants et si précis qu'il est permis de penser qu'il a reproduit fidèlement, sinon toujours les termes, du moins le contenu de la charte primitive (76), J'incline d'autant plus vers ce sentiment que cet auteur prend soin de nous dire, dans sa préface, que pour composer sa chronique il a eu sous les yeux des mémoires anciens concernant son couvent et ceux des environs et d'autant plus encore qu'un inventaire de la fin du XVIe siècle nous signale dans la bibliothèque de l'abbaye un rouleau en parchemin qui commençait par ces mots
« Millesimo decimo Domini anno, Bertholdus Leuchorum episcopus... » Or, le chapitre de Richer débute dans les mêmes termes
« Millesimo decimo Domini anno Bertoldus Tullensis episcopus. ».
Voici ce que nous apprend ce document : « Berthold dota son monastère de biens qui provenaient de son patrimoine : c'est à savoir, il lui donna le village de Domèvre avec ses hommes, le village de Burthecourt-aux-Chênes et le village d'Arracourt (77) près de Vic, en bans et en fonds. » Il lui donna sur ces terres les mêmes droits que ceux qu'exercent les nobles sur leurs francs-alleux
« in bannis ac fundis, in omni juridictione nobilium ex suis liberis allodiis ». Ces droits ne se bornaient pas à la propriété foncière, ils s'étendaient aux hommes qui exploitaient ces domaines,
« nec non in hominum subjectione » - « villarum hominibus ». Enfin cette juridiction était, dans son exercice si pleine et si entière, que les seigneurs du voisinage ne pouvaient élever aucune réclamation contre elle,
« absque aliquorum dominorum temporalium reclamatione (78) », et que l'abbé qui représentait le couvent pouvait disposer en maître souverain de tout ce qui se trouvait sur ces terres,
« omnia in dispositione abbatis, quia summus in dominio illius villae et ejus banno habetur, ordinanda et disponenda permauebunt (79) ».
Cette donation de Berthold valait à un domaine équivalent à environ 4000 de nos hectares, dont la moitié était en nature de forêts, Cette vaste propriété foncière qui, aujourd'hui, représenterait une belle fortune malgré la crise agricole, procurait alors aux maîtres du sol des revenus plus modestes qu'on ne supposerait tout d'abord; les forêts surtout étaient d'un mince rapport, faute d'exploitation, faute de débouchés commerciaux, faute de chemins praticables et de moyens de locomotion.
Il est évident que les religieux n'exploitaient pas directement toute l'étendue des terres labourables qui leur appartenaient. Dès avant l'époque où elles entrèrent en la possession de l'abbaye, le sol du pays était partagé en domaines ruraux qui équivalaient, en étendue, aux territoires de nos communes actuelles. Ces domaines ruraux étaient divisés en deux portions, l'une appelée dominicum, ou terra dominicata,, ou encore terra indominicata; c'était la terre réservée au maître, celle que celui-ci exploitait directement en y faisant travailler ses hommes par corvées. L'autre portion était celle qui était subdivisée en un certain nombre de parcelles fixes, appelées manses, et qui étaient occupées par des serfs, des affranchis ou des colons. Ceux-ci n'étaient pas propriétaires de leur lot ; ils en avaient seulement la jouissance, moyennant certaines redevances en nature et en argent, et aussi à condition d'aller travailler suivant le bon plaisir du maître sur la portion à lui réservée (terra indominicata).
Les terres d'églises ne différaient pas en cela des terres possédées par les seigneurs particuliers, et l'étude des documents nous fait voir qu'en réalité l'abbaye de Saint-Sauveur, dès son origine, posséda et exploita ses propriétés à la façon des seigneurs des XIe et XIIe siècles (80); mais nous verrons tout à l'heure, à propos des voués, que les domaines de Domèvre, d'Arracourt et de Burthecourt subirent bientôt le sort commun des francs-alleus en perdant leur indépendance. La date n'en peut être retardée au delà de la première moitié du XIIe siècle.
III. - C'est pendant cette première moitié du XIIe siècle que l'abbaye de Saint-Sauveur reçut la donation la plus importante qui lui ait été faite dans le cours de son existence huit fois séculaire ;et c'est de la puissante maison de Salm que lui vint ce bienfait. Le 11 des calendes d'avril 1138 (81), la comtesse Agnès confirme aux religieux de cette église toutes les donations qui leur ont déjà été faites par les princes de Salm, ses ancêtres et seigneurs de cette terre, et elle leur accorde personnellement, pour le salut de son âme et des siens, la neuvième partie de tout ce qui se dîme en grains, en vin, en fromages, en porcs, en chevaux, dans les villages de Giroville (82), Couvay, Blemerey, Herbéviller et Bommicuntis (Boncourt?) (83) elle leur confirme aussi la terre de Harbouey (84) avec les hommes libres qui
l'habitent, et la moitié de l'église de Raon-les-Leau, qui leur avait été donnée pour le salut du comte Godefroy, son mari; et encore la moitié du même village avec les hommes et les femmes qui l'habitent, pour le repos de l'âme de Guillaume, son fils, qui y est inhumé ; encore le revenu des meules extraites des carrières de ce lieu. Enfin elle leur donne la forêt jusqu'à l'endroit appelé
« Loudamont » (85). Loudamont, d'après l'interprétation traditionnelle (86), est le Donon. Un peu plus tard, Henri (II), comte de Salm (87), avec l'assentiment de Judith, son épouse, donne encore à Saint-Sauveur la chapelle libre de Pierre-Percée et les dimes de cette localité. Quant aux autres chartes. de donations accordées par cette famille, elles ne nous sont pas connues, mais il résulte du contexte de celles qui sont parvenues jusqu'à nous, que l'abbaye reçut de la générosité successive de ces seigneurs les immenses forêts qui s'étendent de Raon-les-Leau jusqu'au pied du Donon. Pour leur exploitation, il ne fallait pas moins de dix scieries au XVIIIe siècle : les limites en étaient si mal définies, qu'elles donnèrent lieu à des contestations séculaires avec les seigneurs du voisinage, et le litige portait sur plus d'un millier d'arpents.
Il convient aussi de noter un détail qui ne manque pas d'importance. D'après le P. Benoit Picart (88) et D. Calmet (89), la généalogie d'Agnès de Langstein, vraisemblablement la même qu'Agnès, comtesse de Salm, est enveloppée de beaucoup d'obscurité. Le savant bénédictin conjecture qu'elle épousa un certain Herman de Salm. Je ne sais si des historiens plus modernes ont débrouillé cette question, mais la charte de 1138 que nous venons d'analyser nous apporte un élément pour résoudre le problème, en nous apprenant que son mari, alors défunt, se nommait le comte Godefroy (90) et qu'un de ses fils, appelé Guillaume, était déjà enterré à Raon-les-Leau. Le P. Benoit, suivant l'opinion de Roir, présume qu'elle était fille de Renaud Ier comte de Bar. Notre texte donnerait plutôt à entendre qu'elle était issue de la famille de Salm, car elle appelle les princes de cette maison
« ses antécesseurs ». « Confîrmo presenti scripto ea quae ab antecessoribus principibus Salmeis et dominis hujus meae terrae donata sunt. »
IV. - En tout temps il y a eu des hommes cupides qui ont cherché à s'approprier les biens des autres par la ruse ou par la force. Les biens de l'Église n'ont pas été plus à l'abri que les autres des entreprises de ces déprédateurs. Au moyen où le bras de la justice publique était si faible et si peu armé, qui pouyait arrêter la hardiesse des maraudeurs ? Ce n'était point les moines spoliés qui pouvaient revendiquer leurs droits par la force d'où la nécessité pour eux de s'assurer des protecteurs puissants disposés, à titre gratuit ou moyennant rétribution, à leur prêter main forte dans tous les troubles qu'on essayerait d'apporter à la jouissance de leurs biens. C'est pour cette raison qu'on leur donne le nom de voués ou avoués, ou encore conservateurs. Cette dernière appellation était la plus habituelle pour désigner ceux qui eurent la mission de défendre Saint-Sauveur. D'après le récit de Richer (91), ils n'auraient pas été institués dès la fondation du couvent :
« Pendant longtemps, dit-il, les abbés demeurèrent dans la paisible possession de tous leurs domaines, mais, dans la suite, le monastère ayant été accablé de vexations dans son personnel et dans ses biens par le fait de nombreux hommes passionnés et iniques, l'abbé d'alors, après avoir patienté quelque peu, voyant qu'il ne pouvait résister qu'à grand'peine à tant et de si fortes tracasseries, résolut de se placer, lui et sa maison, sous la protection d'un conservateur. » Au contraire, le P. Benoit Picart (92) et D. Calmet (93), qui ont eu sous les yeux plusieurs titres anciens de l'évêché de Toul, rapportent qu'en l'an 1002, Berthold donna l'advocatie de Bon-Moutier à Ulrich de Turquestein, sire de Blâmont, et que, plus tard, il accorda à Gérard, fils de ce dernier, l'advocatie de Saint-Sauveur, qui venait d'être fondé. De même, des titres officiels de l'an 1065 et 1069 (94) disent expressément que Liutulfe, avoué du monastère de Saint-Sauveur en Vosges, traita, au nom de ce couvent, avec le chapitre de Toul pour échanger l'alleu de Menillot, près Choloy, contre un autre domaine.
Ces deux versions, en apparence contradictoires, peuvent cependant se concilier, En effet, d'après ces textes, Bon-Moutier, avant sa ruine définitive, avait déjà des voués pour défendre ses intérêts; et lorsque ses biens furent attribués au monastère de Saint-Sauveur, ils durent tout naturellement continuer à être soumis au même genre de protection et de servitude, tandis que les terres de Domèvre, Arracourt et Burthecourt, d'une autre provenance, ont bien pu rester quelque temps de vrais francs-alleux, exempts de toute dépendance. Et, de fait, dans le chapitre de Richer cité plus haut, il n'est fait mention que de ces trois domaines.
Les termes de ce chroniqueur sont trop vagues pour permettre de hasarder une date au sujet de l'origine de cette vouerie mais, en tout cas, on ne peut la retarder au delà de la première moitié du XIIe siècle, car le duc Simon, vers l'an 1123 (95), est déjà qualifié de
« liber advocatus » de la terre de Burthecourt-aux-Chênes pour réprimer les exactions du voué titulaire. Que faut-il entendre par cette expression (liber advocatus) ? Du Cange n'en cite que l'exemple dont nous nous occupons et qui est extrait de la
chronique de Richer (lib. II, cap. XVIII). Il l'explique ainsi
« Liber advocatus, germanice freivogt, dicitur judex qui liberorum hominum judicio praesidet », c'est-à-dire c'est celui qui préside au jugement des hommes libres. De fait, le duc Simon, d'après la teneur de ce document, acceptait de l'évêque de Toul la mission de surveiller le seigneur chargé officiellement de la vouerie, et de réprimer ses concussions. L'abbé Clouet donne une autre interprétation. Selon lui, le voué libre était le voué de bonne volonté qui offrait aux églises une protection entièrement gratuite, sans l'espoir d'aucune rémunération temporelle (96).
Déjà vers l'an 1123, avons-nous dit, la terre de Burthecourt, naguère franc-alleu, étant accablée de servitudes et d'impôts par le voué chargé de la défendre (97), l'évêque de Toul pria Simon, duc de Lorraine, d'intervenir pour mettre fin à ces injustices criantes. C'est alors que le duc, acceptant l'honneur d'être voué libre, fit faire une enquête ordonnant de dire, avec serment, en quoi consistaient au juste les droits de celui qui la vouerie. D'après le rapport qu'il entendit, il fit rédiger un règlement dont voici les grandes lignes :
Désormais, tous les ans, à la mi-mai, chacune des maisons qui ont un foyer (excepté celles qui appartiennent en propre à l'abbé ou à son intendant Honoré) payera au voué un denier et un pain elle fournira aussi une botte de foin ou devra la garde d'un cheval pendant une nuit à la prairie. A la Saint-Remi, chacune des mêmes maisons devra encore un denier, un pain et un quarteron d'avoine ; de même à la fête de saint Étienne. - Aux plaids annaux, le voué n'aura aucun profit, à moins qu'il n'y ait un jugement où quelqu'un serait convaincu de vol et d'effusion du sang humain: dans ce cas, il aura un tiers des émoluments de la justice. En aucune autre circonstance, le voué ne pourra rien réclamer, a moins qu'il n'ait été demandé spécialement par l'abbé ou son intendant et qu'il n'ait prêté main forte. Si un homme ou une femme de Burthecourt quittent cette seigneurie pour aller s'établir sur une autre terre de Saint-Sauveur, le voué ou l'intendant ne pourront rien réclamer ; et s'ils vont s'établir sur une terre étrangère, l'homme seul payera un denier au voué qu'il abandonnera.
Comme on le voit, une fois que les voués eurent un pied sur les terres d'église, ils en profitèrent pour exiger des redevances de plus en plus lourdes et pour s'attribuer des droits de plus en plus nombreux; et comme ils avaient en main la force armée, il était difficile de leur résister. C'est pourquoi nous avons marqué leur avènement comme la fin de l'indépendance qui revenait aux domaines de Burthecourt, Domèvre et Arracourt en qualité de francs-alleux.
Le duc Simon, après quelques années d'une sage administration, avait cédé en fief sa vouerie de Burthecourt à Simon de Morey, qu'il avait tenu sur les fonts du baptême. - La terre de Domèvre eut pour conservateurs les seigneurs de Blâmont puis, concurremment avec eux, les seigneurs de Lunéville. Dans la suite, les ducs de Lorraine, ayant succédé aux uns et aux autres dans leurs seigneuries, leur succédèrent aussi en qualité de voués de Saint-Sauveur à Domèvre. Quant au domaine d'Arracourt, aucun document ne nous apprend par qui il fùt protégé pendant cette période,
Les droits des voués de Domèvre différaient peu de ceux qui avaient été réglés pour Burthecourt. Il fut statué: que le conservateur de cette terre, qui était alors un seigneur de Blâmont, lèverait une rente annuelle sur toutes les bêtes tirantes du ban de Domèvre ; que, chaque année, il percevrait un gros sur chaque maison ayant un foyer; qu'il ne pourrait rien réclamer autre chose sur les hommes, sur les terres, sur le ban, sur les forêts, ni sur les plaids annaux, à moins qu'il n'eût été spécialement mandé par l'abbé ; que, dans ce cas, celui des deux plaideurs qui serait jugé dans ses torts pourrait être condamné jusqu'à la somme de 20 sols d'amende, dont cinq seraient pour l'abbé et quinze pour le conservateur ; que la pêche de la rivière appartiendrait pour les deux tiers à l'abbé et pour l'autre tiers au conservateur; que celui-ci ne pourrait prétendre à aucun droit de justice, à moins qu'une condamnation à mort ne soit prononcée ; que, dans ce cas, la personne du criminel jugée par les officiers de Domèvre serait remise au conservateur pour l'exécution, moyennant une rétribution, mais que les biens du coupable seraient confisqués au profit de l'abbé ; que l'abbé aurait seul le droit de faire convoquer ses hommes aux plaids par son échevin, d'établir des amendes et de les exiger des délinquants ; qu'en dehors du temps des plaids, les délits seraient poursuivis par son intendant (son maire) et punis comme il convient ; que l'abbé seul nommerait ses officiers tels qu'intendants, échevins, doyens et forestiers ; que l'abbé seul pourrait faire saisir et incarcérer les sujets de Domèvre ou les étrangers; que le conservateur serait obligé de se rendre à toutes les réquisitions de l'abbé, et que, s'il violait ses engagements, il encourrait l'excommunication par ce fait et serait admonesté et corrigé par l'évêque de Toul (98).
CHAPITRE V
DE LA JURIDICTION SPIRITUELLE DES ABBÉS DE SAINT-SAUVEUR
Sommaire : I. Interprétation du texte de Richer relatant la concession de juridiction, faite par Berthold aux abbés de Saint-Sauveur (sens des mots parochia et ecclesia jusqu'au XIIe siècle). - II. Les villages administrés par les religieux de Saint-Sauveur avaient-ils des églises ou chapelles ?
I. - Disons dès maintenant que les abbés de Domèvre qui ont succédé à ceux de Saint-Sauveur ont prétendu à la juridiction quasi-épiscopale et l'ont exercée en réalité au XVIIIe siècle, en dépit des protestations des évêques de Toul. Et l'un des principaux documents qu'ils ont invoqués à l'appui de leurs prétentions, c'est le chapitre de Richer qui relate la donation de Berthold, Nous l'allons étudier sans préoccupation de la conclusion qui devra en sortir.
En examinant le texte de cet auteur (99), qu'on peut considérer comme la copie de la charte de fondation, nous apprenons que Berthold se dessaisit réellement, en faveur de l'abbaye fondée par lui, d'une partie de son autorité épiscopale sur un certain nombre de paroisses
« Villicos, scabinos, decanos, forestarios instituet (abbas) ecclesiam S. Salvatoris : villam scilicet de Domno Apro, de Barbay, de Barbesieux, de Herboye, de Syreis, et de Blémerey, ac de Bodone monasterio; matricularios ponet et deponet, et pro voluntate sua sine aliqua contradictione instituet et destituet », c'est-à-dire
« L'abbé instituera les intendants, les échevins, les doyens, les forestiers ; il instituera aussi l'église ou paroisse de Saint-Sauveur, qui sera composée des villages de Domèvre, Barbas, Barbezieux, Harbouey, Cirey, Blémerey et Bon-Moutier ; il y créera et déposera les marguilliers ; il les mettra en fonctions et les destituera suivant son bon plaisir, sans qu'on puisse y contredire. » Cette donation n'était pas formulée avec la précision du langage des canonistes, mais elle était exprimée sans doute d'une façon suffisamment claire pour les hommes de ce temps-là, parce que l'évêque s'en était assez expliqué avec les religieux. Pour nous, qui ne pouvons recourir à l'interprétation authentique et qui sommes absolument désintéressé dans la question, nous comprenons par ces paroles que Berthold accordait au moins aux abbés de Saint-Sauveur un pouvoir à peu, près semblable à celui que les évêques confèrent. encore de nos jours aux curés; il leur donnait la mission de
prêcher et d'administrer ou faire administrer les sacrements sur toute l'étendue de cette paroisse, qui aurait commencé à Saint-Sauveur et qui se serait prolongée jusqu'à Blémerey ; au plus, il leur octroyait le pouvoir de conférer l'institution à leurs moines quand ils nommaient ceux-ci pour desservir ces villages. Remarquons que les bans des localités ci-devant nommées sont voisins les uns des autres et ne formaient qu'une seule bande de terrain. Blémerey n'était pas séparé du reste, parce qu'il avait pour dépendances Gondrexon, Reillon, Chazelles, qui confinaient à Domèvre. Berthold n'a peut-être voulu faire qu'une seule paroisse de toute cette contrée : ce partage en larges circonscriptions spirituelles était fréquent à cette époque ; jusqu'au XVIIIe siècle, la paroisse de Champ-le-Duc, dans les Vosges, a gardé une étendue de plus de 60 kilomètres de circuit et se composait de 36 villages, dont six seulement avaient des chapelles desservies par des vicaires résidants (100). On ne peut objecter non plus à cette interprétation que le texte de Richer se sert du mot ecclesia et non du mot parochia., Le terme parochia, au moins avant le XIIe siècle, désignait le plus souvent l'étendue d'une province confiée à un évêque, et non pas la portion administrée par un simple prêtre. C'est dans ce sens que Frotaire, évêque de Toul, emploie le mot parochia. en écrivant, en 824, à Drogon, évêque de Metz, et en se plaignant de ce que certains religieux de Senones abandonnaient le diocèse sans permission pour aller trouver l'empereur :
« Cum enim nostrae parochiae isdem adjacet locus et habitatores ejus nostro munimine Deo adnuente protegi debeant ; egrediuntur quidam eorum
parochiam nostram absque nostro permissu et licentia (101). » Ce terme était encore employé avec cette acception au XIIe siècle, puisque Étienne de Bar, qui fut évêque de Metz de l'an 1120 à 1163, faisait écrire dans une charte destinée à l'abbaye de Beaupré
« Proinde cum parochianus noster Symon de Parreya... (102). »
Et pour montrer maintenant que le mot ecclesia. désignait bien souvent la suhdivision du diocèse et correspondait à ce que nous appelons aujourd'hui une paroisse, je citerai entre autres ce passage d'un capitulaire de Charlemagne de l'an 769
« Ut nemo accipiat ecclesiam infra parochiam sine consensu episcopi sui, nec de una ad aliam transeat (103). »
Ainsi donc cette donation de Berthold, telle que nous l'entendons, n'impliquait pas un démembrement du diocèse de Toul ; elle ne créait pas à côté de lui une terre indépendante et autonome ; elle conférait seulement aux abbés de Saint-Sauveur la juridiction nécessaire pour administrer ou faire administrer cette grande paroisse, qui restait soumise à l'autorité épiscopale, comme nous l'apprendront encore des documents ultérieurs.
II. - Il serait sans doute intéressant de savoir combien cette circonscription territoriale comptait déjà d'églises ou chapelles pendant cette période, et quelle est la date de leur fondation. Il est évident que la rareté des documents précis ne peut permettre de donner pleine satisfaction à ce désir ; mais on peut faire une induction très probable en basant son jugement sur l'ensemble des plus anciennes mentions des églises établies soit dans la vallée de Bon-Moutier, soit dans les villages dont les territoires y confinent immédiatement. Voici la liste des indications que nous avons pu recueillir sur cette contrée
Domèvre. - Vers l'an 910, l'évêque Drogon achète déjà au chevalier Sigebert la moitié de l'église de Domèvre (104). A cette époque, ceux qui bâtissaient des édifices religieux en
conservaient la propriété ainsi que celle des terres affectées à leur dotation ; ils les donnaient ou vendaient librement, quelquefois à d'autres particuliers, en totalité, par moitié ou par quart; ils étaient seulement tenus de ne pas détruire les bâtiments et de ne pas empêcher l'exercice du culte (105).
Harbouey et Cirey. - En l'an 1185, Pierre de Brixey donne à Saint-Sauveur les autels de Cirey et Harbouey et lui confirme la moitié de l'église de Badonviller (106). Cette date est si rapprochée de la période qui nous occupe, qu'il nous est permis de croire que ces églises existaient déjà durant cette première époque de notre histoire. Pour celle de Cirey, le doute n'est guère possible ; quant à celle de Harbouey, il est dit expressément que son érection était alors toute récente et qu'elle était due à la générosité d'un certain chevalier nommé Garsirius. Ce Garsirius était vassal de Henri de Salm, seigneur de Blâmont, et pour la dotation de cette nouvelle église, il avait donné en aumône à perpétuité un lot de terre, les deux tiers des dimes de Monnay (107) avec deux sous toulois. Il vivait encore en 1193 (108). Il est peut-être le même que ce Garsires qui prit la croix et fit le voyage de Terre-Sainte avec Pierre de Brixey, Gobert d'Apremont, Henri comte de Salm et Regnier de Montreuil (109).
Badonviller. - Dans le même titre de 1185, on rappelle encore qu'un autre chevalier, nommé Renier de Pastrosignes, avait donné gratuitement au couvent la moitié de l'église de Badonviller.
Tanconville. - En l'an 1143 conclut un accord qui a pour base les limites paroissiales de l'église de Tanconville (110).
Bonmoutier. - Après la destruction du couvent, il resta un édifice pour le service divin, car en l'an 1195 il y eut une contestation au sujet des dimes
« de l'église » de ce lieu (111).
Barbas. - A la même date, Eudes de Vaudémont quitte à l'abbaye de Saint-Sauveur une redevance en argent et en nature que celle-ci payait auparavant pour les églises de Domèvre, Harbouey, Barbas et Cirey (112).
Montigny et Pexonne. - A la date de 1084 ou environ, Jean de Bayon parle des églises de Moutigny et de Pexonne (113).
Montreux et Nonhigny, etc. - En 880, l'église de Montreux et la chapelle de Nonhigny sont signalées dans une eharte de l'impératrice Richarde en faveur de l'abbaye d'Étival (114).
Enfin une bulle d'Eugène III de l'an 1152 mentionne les églises d'Ancerviller. Couvay, Mignéville, Ogéviller, Buriville, Pettonville, Hablainville (115).
Toutes ces courtes indications relatives à la même contrée nous autorisent à penser qu'au Xe siècle, au plus tard dès la première moitié du XIIe siècle, presque tous les villages administrés par les religieux de Saint-Sauveur possédaient leur église ou chapelle. Mais, d'après la coutume, il n'y avait de fonts baptismaux que dans de rares paroisses (116). C'est peut être ce privilège qui a donné naissance à la circonscription territoriale qu'on a appelée
chrétienté. Le baptême étant, en effet, d'après la doctrine catholique, le sacrement qui donne la marque ineffaçable du chrétien, il était naturel de donner le nom de chrétienté à la région occupée par les églises ou chapelles qui relevaient de la même église-mère pour les fonts baptismaux et recevaient d'elle leurs jeunes néophytes. Ce sont les doyennés qui ont succédé aux chrétientés comme subdivisions du diocèse.
(A suivre)
(1) Aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, on ne compte pas moins de 135 liasses, cartons ou registres qui composent le fonds de l'abbaye (H. 1366 à 1501). Mais ceux qui ont compulsé ces papiers savent par expérience que les renseignements qui méritent vraiment d'être notés nagent souvent dans des flots de détails sans valeur Voici l'indication des dossiers les plus utiles à consulter
« Cronologie des abbés chanoines réguliers de l'abbaye de Saint-Sauveur en Vosges, ditte à présent de Domèvre, depuis la translation audit lieu en l'année 1569, avec quelques particularités qui la regardent, tirée de ses chartes. » (H. 1382.) Sa destination nous est indiquée par la note finale
« Cet écrit a été fait pour répondre à une invitation du Très R. P. Hugo, abbé d'Etival, à l'occasion d'un manuscrit qu'il allait faire imprimer où il était parlé de l'abbaye de Domèvre, et auquel il était disposé d'ajouter ce qu'on lui en ferait savoir, désirant particulièrement d'y rapporter la cronologie et les faits principaux des abbés de Domèvre, - 1724 » -
« Le manuscript du Très Rév. P. abbé d'Etival est d'un auteur appelé Herculanus. » (Herquel, chanoine de Saint-Dié au XVIe siècle, Voir D. Calmet, t. III,
preuv., col. 131.) Ce mémoire, d'une dizaine de pages, ne mérite confiance que dans ses grandes lignes les inexactitudes et les erreurs de détail y fourmillent.
Il y eu un cartulaire composé de six cahiers (H 1374) qui serait bien précieux, s'il n'avait été transcrit avec beaucoup de négligence et sous l'empire d'une préoccupation, celle de prouver l'indépendance spirituelle des abbés. Ce cartulaire est la copie d'un autre plus ancien, comme l'intitule son titre, que nous reproduisons intégralement
« Recueil de plusieurs chartes et titres, extraict d'un précieux manuscrit collationé en plusieurs endroits et qui a prés de deux cents ans d'antiquité, dans lequel sont renfermés tous les droits, privilèges et authorité de messieurs les abbés et chanoines réguliers de l'insigne abbaye de Dompeivre, comme estant seineurs hauts justiciers, fonciers, etc., du village, ban et finage dudit Dompeivre. Offerebat Reverendo Patri ac domino Collot canonicae domaprensis procuratori vigilantissimo... Irater Claudius asceta Atriensis, 1756 » - La dernière feuille du cinquième cahier porte :
« Finis anno Domini 1759 die 25 Octobris, pour Monsieur Collot, le généreux et aimable procureur de Messieurs les chanoines réguliers de l'abbaye de Domèvre. » Enfin une note qui a son importance, et qui laisserait supposer que le texte n'a peut-être pas été à l'abri de toute altération, est celle-ci
« Copie du titre précédent, (c'est-à-dire d'une lettre de Pierre, évêque de Toul, accordant à l'abbaye, en 1185, les autels de Harbouey et de Cirey) escrit d'une autre main dans l'ancien manuscrit sur la fin, où l'on remarque des droits importants qui ne sont point rapportes dans la 1re copie de Stephani. »
Ce cartulaire signé; Stephani, auquel on fait ici allusion, fut plusieurs fois produit devant les tribunaux pour remplacer les titres qui avaient péri dans l'incendie de 1587. Ce Stephani est vraisemblablement celui qui fut abbé de 1455 à 1477 il a fait beaucoup de rédactions de ce genre, comme nous le dirons en son lieu.
Plusieurs fois, dans nos recherches, nous avons trouve aussi la mention d'un cartulaire très ancien, écrit en lettres gothiques et ayant pour titre
« Antiqua sancti Salvatoris documenta. » Quelque diligentes recherches que nous ayons faites par nous-mêmes à Nancy, ou que nous ayons fait faire à Paris, il nous a été impossible de retrouver la trace de son existence. Il était encore à la bibliothèque de l'abbaye en 1731, puisque, cette année-là, le P. Piart en fit des extraits pour les insérer dans un mémoire qu'il écrivit pour défendre ses droits à Burthecourt
(Arch. dép., H 1406). Voici son signalement, pour qu'on puisse l'identifier si un heureux hasard le faisait découvrir quelque part. A la page 20, on trouve une traduction en langue vulgaire
« en ancien gaulois » d'une charte du duc Simon de Lorraine de l'an 1167, où il régie les droits de son officier-voué à Burthecourt ; à la page 66, on y lit le texte des plaids annaux de
Burthecourt; à la page 2, l'acte par lequel Gérard, archidiacre de Toul en
1245 reconnaît, après les avoir contestés, les droits de l'abbé de Saint-Sauveur sur certaines paroisses. Nous avons retrouvé dans le dossier H. 1405 plusieurs feuillets détachés, d'une écriture du XVe siècle ; c'étaient peut-être les débris de ce cartulaire.
Le fonds de l'abbaye de Haute-Seille nous a été d'un grand secours pour les XIIe, XIIIe et XIVe siècles, il cause de ses relations forcées avec notre monastère,
Enfin nous avons parcouru l'inventaire de la Collection lorraine qui se trouve à la Bibliothèque nationale; mais nous n'y avons trouvé qu'une courte mention de Domèvre (n° 282, f° 224) encore n'y a-t-il aucun renseignement qu'on ne puisse rencontrer ailleurs plus amplement. Cet inventaire, rédigé par M. Paul Marichal, vient de paraître en 1896 parmi les volumes de Documents publiés par la Société d'archéologie lorraine.
Quant aux Archives des Vosges, elles ne nous ont fourni que cinq ou six pièces qui se trouvent dans les liasses G. 7 et 62.
Nous devons aussi une mention spéciale et des témoignages de reconnaissance au R. P. Rogie, qui nous a communiqué de nombreuses notes sur la biographie des abbés de Domèvre depuis la réforme du P. Fourier (1625).
(2) Hist. Episcop. Tull., dans D. Calmet, t. I, Pièces justificatives, col. 171. Monumenta germ. histor. Scriptores, t. VIII, p. 636.
(3) Voir « Cronologie des chanoines réguliers », Arch. dép-, H. 1382. Cependant un mémoire particulier, rédigé au XVIIIe siècle, dit de Bon-Moutier
« A multis jam saeculis nullum hujus monasterii superest vestigium. » Mais cet auteur parait moins bien informé que le premier, car, un peu après, il ajoute une erreur;
« Bertholdus unus e successoribus Bodonis monasterium paùlo superius fundavit, ditavit que suo patrimonio anno 1010 sub vocabulo et invocatione Sancti Salvatoris, cujus possessorcs instituit Canonicas regulares Sanct Augustini. » Arch. dép., H. 1506.
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(4) V. H. 1500,
(5) Ce diplôme a été. publié par le P. Benoît Picart. Histoire de Toul, Preuv., p. XVII, par D. Calmet, - 1re édition, t. I, Preuv., col. 334, et 2e édition, t. II, p. CLXX: par Broulier dans les Pièces justificatives de sa Défense de l'Eglise de Toul, p. LXXII,
(6) Voir la charte d'Othon le Grand (Benoît Picart, Hist. du. diocèse de Toul, Preuves, p. XIX :
« ...simili modo abbatiam quae dicitur Bodonis monasterium cum omni integritate... » Monumenta germ. hist. Diplomata, t. Il, p. 72).
(7) Benoit Picart, Ibid., p. 336. Histor. Episcop. Tullens. dans D. Calmet, t. 1., Preuves, col. 175, d'après le P. Benoit. Ibid., p. 39. Berthold accorda l'advocatie de Bon-Moutier à Ulric de Turquestein, en l'an 1002.
(8) Dans D. Calmet, t. I, Preuv., col. 175, et t. II, Preuv., col. LXIII. Jean de Bayon, lib. II, cap, LXII.
(9) Richer, lib. I, cap. x, et lib. II, cap. XVI. Dans D. Calmet, T. II, Preuv., col. VII et XIII. NOTA: Toutes les fois que nous renverrons à la Chronique de Richer, publiée par D. Calmet (t. II, Preuv T-L), on. fera bien de se reporter au texte plus complet et plus correct publié dans les Monumenta Germaniae Historica. (Scriptores, t. XXV, pp. 249-345)
(10) Charte de l'évêque Henry. D. Calmet, t. Il, Preuv., col. CCCXXIV
« ...Singulis annis duos solidos persolvant ad curiam. Boni-Monasterii. » Verisimile est Bodonis monasterium a Bertoldo institauratum fuisse, sed postmodum unitum Salvatoris monasterio ab eodem extructo. » (Mabillon, Annales Ord. S. Bened., t. IV, p. 217)
(11) Notre-Dame de Saint-Sauveur fut en grande vénération dans le pays, et son sanctuaire devint célèbre.
(12) Voir la charte de fondation dans D. Calmet, t. II, Preuv., col. LXXIV et aussi dans l'Histoire de Toul, par le P. Benoit, Preuv., p, LXXIX. - Gallia. christ., t. XIII, col. 1068.
(13) D. Calmet, t. II, col. 188.
(14) D. Calmet, liv. XI, col. 504-505,
(15) D. Calmet, t. II, Preuv., col. LXXXIX.
(16) Archiv. de la Meuse. Le prieuré de Bainville avait été bâti aussi en l'honneur du Saint Sauveur vers 937, (Gallia christ., t. XIII, Inst, col. 455,)
(17) « Est autem terra ista excelsis montibus occupata rupibus immanissimis veluti quaedam castra in ipsorum monlium cacuminibus naturaliter positis, ipsos montes faciunt suo aspectu horribiliores. Inter ipsos arduos, ut diximus, montes quaedam valles profonrlissimae cernuntur quae nemoribus abielinis ita consitae sunt ut sua nigredine etiam horrorem plurimum incutere videantur... Ista, inquam, vasta solitudo non tam hominum quam ferarum saevarum habitatio habebatur et quasi labyrinthus ab hominibus tunc temporis vitabatur. Hanc quam descripsimus terram antiqui Vosagum, moderni Vugiam dixerunt. » (Richer, chronique, dans D. Calmet, t. II, Preuv.; col. 3.)
(18) Arch. dép., H. 573. « Est denique locus qui dicitur Tanconvilla ubi multi multa habent allodia inter quae et nos nostra. Hic certe locus quondam multis florebat babitatoribus, sed nunc vepris crebrescenti bus desertus factus, agrestium ferarum frequentatur decursibus. » (D. Calmet, t. II, Preuv., col. CCCXXIV) M. Pfister a également démontré que le Val de Galilée, au temps de saint Gondelbert et de saint Hidulphe, n'était pas si dépourvu d'hahitants que plusieurs historiens le prétendaient. (Cf. Annales de l'Est, 1889, p. 384)
(19) Cf. Ruyr .Saintes Antiquités de la Vosge, p. 292, - et Richer (lib. I, cap. XI)
« Considerata loci positione quia ab oriente Senoniense monasterium, ab occidente Stivagium, a rneridia Juncturas quae nunc Sanctus Deodatus vocatur, a septentrione autem Bodonis monasterum habebat ; illum suae habitationis locum Medianum monasterium appellavit : quod nomen usque hodie perdurat. »
(20) Corroyer L'architecture gothique, p. 198. (Collection Quantin.)
(21) Saint Bernard Apologia ad Guillelmum, cap. XII « Omitto oratorium immensas altitudines, immoderatas longitudines, supervacuas latitudines, sumptuosas depolitiones, curiosas depictiones : quae dum orantium in se retorquent aspectum, impediunt et affectum et mihi quodammodo repraesentant antilquum ritum Judaeorurn... Tali quadam arte spargitur aes ut multiplicetur ; expenditur ut augeatur, et effusio copiam parit : ipso quippe visu sumptuosarum, sed mirandarum vanitatum accenduntur homines magis ad offerendum quam ad adorandum... auro tectis reliquis saginantur oculi et loculi aperiuntur. Ostenditur pulcherrima forma sancti vel sanctae alicujus et eo creditur sanctior quo coloratior.
« Currunt homines ad osculandum, invitantur ad donandum, et magis mirantur pulchra quam venerantur saera. Ponuntur dehinc in ecclesia gemmnatae non corone, sed rotae circumseptae lampadibus, sed non minus fulgentes insertis lampadibus. Cernimus et pro candelabris arbores quasdam erectas, multo aeris pnndere, miro artificis opere fabricatas, nec magis coruscantes superpositis lucernis quam suis gemmis. Quid putas in his omnibus quearitur : poenitentium compunctio an intuentium
admiratio ? O vanitas vanitatum, sed vanior quam insanior ! fulget ecclesia in parietibus et in pauperibus eget, suos lapides induit auro, et filios suos nudos deserit. De sumptibus egenorum servitur oculis divitum ; inveniunt curiosi quo delectentur et non inveniunt miseri quo sustententur. »
(22) « In saltu autem Yosago restruxit Bodonis monasterium, nec non Deodati coenobium, valvas hujus templi miro posuit decore, altare summum incomparabiliter adornavit, auri et gemmarum fulgura, innumerabilia vasorum genera, pulchritudine et multitudino nullo pretio taxenda. » (Dans D. Calmet, t. Ier, Preuv., col. 175,)
(23) Dans D. Calmet, t, I, preuv., col. 175, loc. cit.
(24) Hist. de Senones, par D. Calmet, chap. II. - Il faut dire que ce nombre a été beaucoup réduit dans les siècles suivants.
(25) « Coenobium quoque in honore Sancti Salvatoris in saltu Vosago construxit quod diversis ecclesiasticis ornamentis decentissime locupletavit et stipem eis ex suo proprio ad viginti monachorum coetum delegavit. (Hist. Episcop. Tull. Dans D. Calmet, t. Ier, Preuv., col. 175)
(26) Les pièces justificatives de 1188 et 1195 reproduisent les noms de ceux qui composaient le chapitre à cette époque,
(27) Benoît Picart, Histoire de Toul, preuv., p. LXXIII.
(28) D. Calmet, t. I, preuv., col. 459- 2e édit., t. II, p. 329 (Preuv.).
(29) Benoît Picart, Hist. de Toul, preuv., p. LXXVI.
(30) D. Calmet, t. l, preuv., col. 465.
Mansionile (Ménillot) ; Cauliacum (Choloy) ; Scopula (Écrouves) ; localités à l'ouest de Toul.
(31) Lepage, Statistique.
(32) Les religieux de Saint-Sauveur ont possédé une chapelle Saint-Barthélemy, qui parait avoir été située sur le territoire d'un Ménillot près d'Ecrouves, différent de Ménillol annexe de Choloy (Grandménil).
Dès avant 1130, il y avait aussi une église Saint-Barthélmy, situé
« infra sylvae Heii » (la forêt de Haye) Calmet, t. II, Preuv., col. 292.
(33) Gall. christ., t. XIII, col. 1358.
(34) D. Calmet, Hist. de l'abb. de Senones, ch. XII, par. X, et Hist. de Lorr., t. II, pr., col. CCLXXXII1..
(35) Gall. chr., Ibid.
(36) D. Calmet, t- II, pr., col. CCCLXIV.
(37) H. 1374. Voir Pièces justif. On trouve des copies qui attribuent à cette pièce la date de 1136 et même de 1134.
(38) Arch. dép., B. 478, cartulaire f, 18.
(39) Gallia chr., t. XIII, col. 1358,
(40) Ce village n'est pas mentionné par le Dict. topog. de Lepage, mais son étymologie indique assez qu'il devait être baigné par la Vezouse.
(41) Arch. dép., H. 573. Imprimée dans D. Calm., t, IL, preuv., col. CCCXXIV.
(42) Arch. dép., H. 573.
(43) Broulier, Défense de l'Église de Toul, preuv., p. LIV.
(44) Arch. dép., H. 1405.
(45) Richer, Chronicon. lib. Il, cap. XVIL Dans un supplément, nous discuterons l'authenticité de cette charte et sa date probable.
(46) D. Calmet, t. II, preuv., col. CCCLXIV, et Arch. dép., H. 544.
(47) Gallia chr., Ibid.
(48) Arch. dép., H, 625.
(49) Arch. dép., H. 1374, Voir nos Pièces Justificatives de l'an 1185. - Monay, ancienne cense sur le territoire de Harbouey.
(50) D. Calmet, Hist. de l'abb. de Senones, chap. XIV, § VIII.
(51) Richer, lib. I, cap. x. Voir aussi lib.II, cap. XVI.
(52) Page 340.
(53) Voir le texte de ce diplôme, D. Calmet, t. I, Pr., col. 3334. - Mabillon analysant ce diplôme, qu'il attribue à l'an 913, pense que les termes de ce document autorisent à conclure que dans l'église de Toul, les moines étaient mêlés aux chanoines :
« quo ex loco videtur colligendum monachos in Tullensi eeclesia cum canonicis permistos fuisse. » (Annal. Ord. S. Bened., t. III, p. 344.) Le passage auquel il fait allusion est celui-ci : Le roi Lothaire ayant usurpé les droits temporels qu'avait l'église de Toul sur Bon-Moutier, Charles le Simple les lui restitua à la prière de l'évéque Drogon, mais il stipula qu'en raison de ce service, les chanoines et pareillement les moines célébreraient désormais au réfectoire l'anniversaire de son élévation au trône et, plus tard, l'anniversaire de ses funérailles. A notre humble avis, on peut interpréter ce texte d'une façon plus naturelle que ne le fait le savant historien. Les chanoines dont il s'agit sont ceux de l'église de Toul, à. laquelle le roi fait restitution; et les moines sont les bénédictins de l'abbaye restituée, c'est-à-dire de Bon-Moutier. Et ainsi le mélange des chanoines et des moines étant un fait anormal, ne doit pas être admis d'après ce seul témoignage.
(54) Hugo, Sacrae Antiquitatis monumenta, t. I, p. 204.
(55) D. Calmet, Hist. de l'Abb. de Senones, chap. I, § vn.
(56) D. Calmet, Notice, t. l, col. 162.
(57) D. Calmet, Notice, t. I, col. 144.
(58) Ibid.
(59) Arch. dép., H. 468. Voir nos Pièces justificatives.
(60) Lib. I, cap. x,
(61) D. Calmet, t. l, col. 454-455.
(62) Richer, lib. II, cap. VII et VIII. - Herkel, cap. XIV.
(63) Vie de saint Dominique, chap. I.
(64) La date de leur origine est controversée plusieurs voudraient la faire remonter jusqu'à saint Augustin, au IVe siècle, et même au delà ; D. Calmet (Notice, t. I, col. 142) est d'un sentiment bien différent, puisqu'il dit que les chanoines réguliers n'ont pu être les premiers habitants de Saint-Sauveur en 1010, parce qu'ils n'étaient pas encore connus à cette époque-là. - Sur l'origine des chanoines réguliers,
consulter « Canonicus secilaris et regularis », par Desnos (Paris, 1673) et
« Canonicorum regularium origine » par Le Mire (Aubertus Miraeus Bruxellensis) [Cologne, 1614].
(65) Voir Lacordaire, Vie de saint Dominique, chap. IlI. Et cependant saint Bernard, dans une lettre qu'il écrivit vers 1120, entend que la règle de saint Benott était plus sévère que celle de saint Augustin, puisqu'il prie certains chanoines réguliers de ne pas réclamer le retour de plusieurs de leurs frères qu'il avait reçus dans son couvent et qui avaient quitté l'Ordre de saint Augustin pour celui de saint Benoît, afin de mener une vie plus austère.. Illos fratres noveritis a nobis suscipi
« ea intentione ut ob temorem arctiorem vitae, ab institutionibus baati Augstini ad observantias sancti Benedicti, Dei adjutorio sic transcant » (Epistola III)
(66) Entre autres Cf. H. 1373 et H. 1500.
(67) Cf. Calmet, t. I, Preuv., col. 334..
(68) Défense de l'Église de Toul, chap. V.
(69) D. Calmet, t. I, Preuv., col. 334.
(70) D. Calmet, t. l, Preuv., col. 310.
(71) D. Calmet, Notice, art. Bon-Moutier, t. l, col. 142.
(72) Richer, lib. III, cap. I. Dans D. Calmet, t. Il, Preuv., col. xx.
(73) Charte de 1171, dans D. Calmet, Preuv., t. II, col. CCCLXIV
(74) Bouchard d'Avesnes, évêque de Metz de 1282 à 1296.
(75) Broulier, Défense de l'Église de Toul, p. 29.
(76) D. Calmet, t. II, Preuv., col. XIII et XIV La comparer avec celle que ce savant Bénédictin a publiée dans l'Histoire de l'Abbaye de Senones (chap. III)
(77) L'auteur du mémoire adressé l'abbé Hugo (II. 1382) affirme qu'Arracourt fut donné avec ses dépendances Bathlémont er Foucrey.
(78) Le texte complet est celui-ci « Quod quidem monasterium ex suo proprio dotavit patrimonio, videlicet villa cum hominibus de domno Apro, villa de Burthecurte, ad quercus, villa de Auralcourt propre Vicum in bannis ac fundis corumdem in omni juridictione nobilium ex suis liberis allodiis, nec non hominum subjectione absque aliquorum dominorum temporalium reclamatiune. »
(79) Ibid.
(80) Vers 1123, un règlement porte que toutes les maisons de Burthecourt
« exceptis dum taxat domibus quae de doninicatu sunt abbatis », excepté celles qui appartiennent en propre à l'abbé, payeront annuellement un denier au voué. (H. 1405) Voir Pièces
justific.
(81) Arch. dép., H. 1374. Voir Pièces justificatives.
(82) Giroville est l'ancien faubourg de Blâmont.
(83) Boncaurt le nom d'un village ruiné qui se trouvait entre Arracourt et Athienville, Il existait encore en 1626.
(84) Probablement le domaine qui, plus tard, fut appelé la Cense de Monney, sur le territoire de Harbouey, et qui appartint à l'abbaye jusqu'à la Révolution.
(85) « Usque ad locum qui dicitur Loudamont. »
(86) H. 1382, Dans le dossier H. 1412, une carte topographique étend, en effet, les possessions de l'abbaye jusqu'aux sources de la Plaine, au pied du grand et du petit Donon -
« Loudemont serait peut-être l'expression vulgaire de l'époque pour désigner
« les dux monts » ou le « lieu des monts » qui dominent la chaîne des Vosges en cet endroit ; dans les procès de limites, au XVIIIe siècle, on lui donne ce sens, et on ne parait pas contester l'interprétation,
(87) H. 1374. Cette pièce ne porte aucune date.
(88) Hist. de Toul, p. 40.
(89) Hist. de Lorr. t. 1, Prél., col. CCIX et CCX. - Notice : art. Blâmont
et Salm.
(90) Ce pourrait être Godefroy, comte de Castres (comes de Castello), qui est nommé avec Herman, voué de Senones, dans un acte de 1126 concernant le prieuré de Deneuvre. (Gall. christ., t. XIII, instrum. col. 490.)
(91) « Sic multo pacifice abbas quievit tempore in possessione : malitia wero multorum iniquorum urgente virorum idem manasterium cum suis religiosis et pertinentiis vcxantium, aliquanto tempore spatit medio, abbas tunc temporis existens, inito sibi consilio, videns se non posse nisi magno labore tot et tantis molesttationihus resistere, statuit sibi et dicto monasterio sub modo advocatiae de conservatore providere. » (Richer, lib. II, cap. XVI.)
(92) Hist. de Toul, p. 40.
(93) Notice, I, col. 128.
(94) Cf. Calmet, Hist. de Lorr., t. II, Preuv., col. 456 et 465.
Benoît Picart, Hist. de Toul, Preuv., p. LXXVI.
(95) Richer l'apporte ce fait à l'année 1153. Une charte le place en 1167 (H. 1405). Ces dates sont fautives, puisque Simon Ier mourut en 1139 et que Simon II ne succéda Mathieu Ier qu'en 1176. D. Calmet (H. L., t. II, col. 6) pense qu'il faut lire 1123. Aux Pièces justificatives, nous discuterons l'âge de ce document.
(96) Hist. eccl. de la prov. de Trêves, t. II, p. XXI-XXII.
(97) Dès cette époque, il y eut donc deux voués pour Burthecourt : l'un, le voué d'office, qui devait protéger cette seigneurie et en tirait des émoluments; l'autre, le voué libre, qui surveillait la gestion du premier.
(98) Richer, lib. II, cap. XVI.
(99) Richer, lib. II, cap. XVI.
(100) Journal de la Société d'Arch. lorr., 1893, p. 11.
(101) Epistola X, publiée par D. Calmet, Hist. de l'abb. de Senones, ch. v. - Voici encore des textes plus explicites et plus probants
« Statuimus ut singulis annis unusduisque episcopas parochiam suam sollicite circumeat et populum confirmare et plebs docere et investigare. » (Concile de Vern, en 755.)
(102) Arch. dép., H. 332. (Simon de Parroy.)
(103) Monum. Germaniae hist., t. l, fascic, p. 45.
(104) Hist. E'piscop. Tull., cap. XXXII.
(105) Clouet, Hist. ecol. de la prov. de Trèv, t. II, p. 524
(106) Arch. dép., H. 1374. - voir plus haut, p. 28, le sens des mots altare et ecclesia,.
(107) Domaine sur le territoire de Harbouey.
(108) Il est mentionné comme témoin dans une charte de l'abbé Othon (H. 573).
(109) Benoit Picart, Hist. de Toul, p. 425.
(110) D. Calmet, t. II, Preuv., col. CCCXXV.
(111) Arch. dép., G. 219.
(112) Id., H. 1374.
(113) D. Calmet, t. II, Preuv., COI. LXXV et LXXVI.
(114) Benoît Picart, Hist. de T., p. vu.
(115) L'original se trouve à la Bibliothèque nationale, n° 9203, S. XVII, f. 538h. Il y en a une copie aux Arch. dép. de M.-et-M.., layette Senones, n" 8
(116) Caumont, Cours d'antiq. mon. 6e partie, p: 23. - Thomassin,Ancienne et nouvelle discipline de l'Eglise, t. Ier, p. 357. Cf. De Ecclesiis rusticanis aetate Carolingica, p. 8, par Imbart de la Tour (Bordeaux, 1890). |