La Croix - 14 août 1914
Violences allemandes
Dans tous les engagements de cette semaine, les Allemands ont
usé de procédés barbares otages fusillés contre tout droit,
violences exercées sur la population civile, incendies; etc..
Ils ont arrêté à son domicile privé le maire d'Igney, sous
prétexte que la population de ce village aurait favorisé la
fuite d'un prisonnier et ils l'ont fusillé.
Le Temps - 18 août 1914
La sauvagerie allemande
Signalons de nouveaux actes de sauvagerie commis par les troupes
allemandes.
A Blamont, ce village de Meurthe-et-Moselle dont les Allemands
viennent d'être chassés par nos troupes, ils ont, sans aucune
raison et sans avoir été provoqués, mis à mort trois personnes
dont une jeune fille et un vieillard de quatre-vingt-six ans, M.
Barthélemy, ancien maire de Blamont.
[...]
Un aveu d'un lieutenant allemand
Dans le carnet de notes d'un lieutenant allemand tué, on relève
un aveu intéressant; il raconte que l'église de Villerupt a été
incendiée et que les habitants ont été fusillés il ajoute que la
raison donnée, c'est que des observateurs s'étaient réfugiés
dans la tour de l'église et que des coups de fusil avaient été
tirés sur les Allemands, des maisons. Mais cela dit, il note sur
son carnet que cela n'est pas vrai et que ceux qui ont tiré
étaient non des habitants, mais des douaniers et des forestiers.
[...]
Déposition du curé de Pillon [Meuse]
Le curé de Pillon a fait une déposition très intéressante sur
les brutalités et crimes allemands. Le. 10 août, quinze
Allemands sont entrés au presbytère et ont mis le curé en joue.
On. l'a tiré dans la rue toujours sous les fusils braqués, puis
ordre a été donné de le conduire au général. Pour l'y mener on
l'a poussé à coups de crosse. Quand il s'arrêtait on le
frappait. A un moment il a tiré son mouchoir, on le lui a
confisqué. Il s'est écrié :« Vous êtes des brutes, amenez-moi à
un de vos chefs qui parle français.» Un officier a répondu en
français: « Votre compte est bon. » Un boulet français éclate
non loin de la troupe emmenant le curé. Les Allemands se
couchent, mais ils obligent le prêtre à rester debout. On arrive
devant le général qui dit en substance « Je sais bien que vous
n'avez pas tiré, mais vous êtes l'âme de la résistance, je vais
brûler le village. » Le feu est mis d'abord à quinze maisons,
puis aux autres. Pendant ce temps, le curé est maintenu deux
heures debout sous le soleil. Soldats et officiers l'insultent
en français et en allemand. Dès qu'il proteste on le couche en
joue. Les officiers lui disent « Regardez comme ça brûle. C'est
bien fait. Les Français sont des sauvages! » Et ils ajoutent de
temps à autre : « D'ailleurs on va vous fusiller. » Sous ses
yeux, les soldats dévorent ce qu'ils ont volé dans le village.
On ne donne au curé rien à manger, rien à boire. Enfin voici le
dernier acte un officier dit au curé « Nous vous emmenons avec
nous. » Effectivement, pendant tout le combat on le tint dans
les rangs allemands sous la mitraille française avec une
sentinelle pour le garder. A 6 heures du soir, les Allemands
battus s'enfuient. Le curé réussit à s'échapper, non sans avoir
vu un soldat allemand tuer d'un coup de fusil un habitant de
Pillon caché derrière une haie.
Le Temps - 20 août 1914
LES ATROCITÉS ALLEMANDES
En Meurthe -et-Moselle
D'un rapport de M. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, adressé
au ministre de l'intérieur, il résulte que des actes de
sauvagerie révoltants continuent à être commis par les
Allemands.
Ils ont été régulièrement constatés.
Ainsi, dans les cantons de Badonviller, Cirey et Blamont, des
femmes, jeunes filles, vieillards ont été assassinés sans aucune
raison, sans le moindre prétexte; des maisons incendiées
systématiquement par les troupes allemandes, ici, dès l'arrivée,
là, au moment de la retraite.
En plusieurs endroits, ces sauvages n'ont pas seulement saccagé;
ils ont volé, emportant argent et bijoux.
A Badonviller, onze personnes ont été assassinées, dont la femme
du maire; 78 maisons incendiées avec du pétroleou des
cartouches spéciales. Après le pillage de la ville, l'église a
été canonnée et démolie; 15 otages, dont le juge de paix, ont
été emmenés le 13 août.
A Bréménil, cinq personnes ont été assassinées, dont un
vieillard de soixante-quatorze ans; un homme blessé il y a
quelques jours, alité, a été brûlé dans sa maison avec sa mère,
âgée de soixante-quatorze ans. Le maire a eu l'épaule traversée
d'une balle.
Parux n'est plus qu'un monceau de ruines. Presque toutes les
maisons ont été incendiées, non par les boulets pendant un
combat, mais par des soldats dès leur arrivée, avec des
cartouches spéciales.
A Blamont, plusieurs victimes, dont une jeune fille; la
charcuterie saccagée et pillée.
Quand nos troupes sont entrées, l'autre, jour, à Blamont, elles
ont trouvé sur les murs des affiches annonçant que le lendemain
matin le maire et les notables du pays seraient fusillés. Notre
arrivée rapide et le désordre de la retraite allemande leur ont
sauvé la vie.
En présence de ces actes d'une odieuse sauvagerie, les maires
lorrains témoignent d'un sang-froid et d'une fermeté admirables.
L'un d'eux, M. Benoît, maire de Badonviller, a connu, dans une
journée tragique, toutes les douleurs. Sa maison de commerce a
été brûlée, sa femme assassinée. Avec un courage admirable, il
n'a cessé de veiller à la protection des intérêts de sa commune,
sans un instant de repos, sans une minute de défaillance, en
soutenant les forces morales de tous.
Et le lendemain de ces malheurs, les Allemands ayant évacué
Badonviller, un prisonnier allemand fut amené au village. La
population, frémissante des atrocités subies, entourait et
menaçait le prisonnier. Le maire Benoit s'interposa, rappela le
respect dû à tout prisonnier ennemi et lui sauva la vie.
Le maire de Badonviller décoré
Le gouvernement a décidé de donner la croix des braves au maire
de Badonviller.
Le décret conférant à M. Benoit la croix de chevalier de la
Légion d'honneur comporte ce considérant :
Conduite héroïque dans l'exercice de ses fonctions. A la suite
d'un acte de sauvagerie et de meurtre commis par les soldats
allemands dans sa commune - sa femme été assassinée et sa maison
brûlée - il a, avec -un sang-froid et une fermetéadmirables,
continué à assurer sans défaillance la protection et, la
sécurité de la population. A sauvé par la suite la vie d'un
prisonnier allemand menacé par la juste colère des habitants,
donnant ainsi un magnifique exemple d'énergie et de. grandeur
d'âme.
Les aveux des prisonniers allemands
Tout un courrier écrit par des soldats à leurs familles a été
saisi au cours des opérations heureuses qui nous ont conduits en
Lorraine. Badonviller, d'où proviennent la plupart de ces
lettres, est à quelques kilomètres de la frontière; un soldat
écrit « Nous avons déjà fait soixante kilomètres en France »; un
autre dit: « A la fin du mois, nous serons à Paris »; un
troisième « Nous voilà dans le sud de la France ».
Autre trait : « Quand les Français approchent des Allemands, ils
filent aussitôt », ou encore « Les Français sont des lâches ».
Il est assez fréquent de constater que les soldats qui écrivent
cela appartiennent aux corps qui, depuis quatre jours, reculent
devant nous sans arrêt. La grosse préoccupation, c'est de manger
et de boire. « On na pas besoin d'argent, on prend tout
simplement. » Voilà la méthode : elle se précise ainsi : « Ce
monsieur le Français ne veut pas donner, ou nous fait grise
mine, nous lui mettons le revolver sous le nez; nous faisons
cela volontiers afin qu'ils sachent que les Allemands sont là. »
Grâce à ce système, les Allemands ne manquent de rien « Avant de
brûler le village, nous avons emporté tout ce qui était
mangeable ou buvable. »
Un autre écrit : « La première ville rencontrée après la
frontière a été complètement détruite; c'est un spectacle à la
fois triste et agréable. »
Tous les Français (civils) sont fusillés s'ils ont seulement la
mine suspecte ou malveillante. « On fusille tout, les hommes et
même les jeunes garçons non encore adultes. »
Une autre note : « J'ai vu passer trois convois de paysans
français prisonniers; tous seront fusillés. »
Autre lettre : « Nous avons fusillé des habitants de 14 à 60
ans. » « On en a abattu trente pièces (trente stuck). »
Dans vingt autres lettres reviennent constamment les phrases «
Tout a été fusillé. » « On tue tout. » « On n'a pas laissé un
habitant vivant, sauf les femmes. ».
Cette fureur est, dans presque toutes ces lettres motivée par
l'accusation que les habitants civils ont tirés sur les troupes
allemandes et que le gouvernement français leur a fait
distribuer des armes et des munitions. Tout le monde sait que
cela est faux, même en Allemagne.
Nous avons cité déjà le carnet de notes de cet officier allemand
écrivant : « Nous disons que ce sont les habitants qui ont tiré,
mais ce sont des douaniers et des forestiers. »
De ce même courrier, on peut retenir la constatation suivante :
nombre de réservistes allemands sont morts de chaleur sur les
routes, et le régiment bavarois engagé dans cette région a subi
des pertes colossales. (Communiqué.)
Le Temps - 24 août 1914
Remise de la Légion d'honneur au maire de Badonviller
M. L. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, s'est rendu,
accompagné de Mme Mirman, de M. Méquillet, député, et de M.
Minier, sous-préfet, dans les communes de l'arrondissement de
Lunéville qui ont été le plus éprouvées par les incursions des
Allemands.
A Badonviller, après avoir déposé une couronne, sur la: tombe de
Mme Benoît, la femme du maire, fusillée au moment où elle
ouvrait, sur les ordres des autorités allemandes, les fenêtres
de sa maison, M. Mirman a remis la croix de la Légion d'honneur
à M. Benoît.
Je viens, au nom de la France, a-t-il dit, saluer à Badonviller
la commune martyre et le maire héroïque. Ici les barbares ont
donné toute leur mesure. Sans la moindre provocation, sans qu'un
coup de feu ait été tiré, une menace faite, une insulte
proférée, une imprudence commise par la population civile,
disciplinée sous l'autorité ferme et sage de son maire, sans la
moindre raison, sans le moindre prétexte de guerre, ils ont ici
saccagé, ils ont pillé, ils ont volé, volé non seulement les
liqueurs dont ils s'enivrèrent, mais l'argenterie et les bijoux.
Ce n'est pas tout. Avec calme, méthode et sang-froid, se servant
de cartouches et fusées spéciales, ils ont brûlé 78 maisons. Ce
n'est pas tout encore. Quand ils se retirèrent, leurs
artilleurs, situés sur une commune voisine, virent devant eux la
belle église de Badonviller, magnifique cible plus facile à
atteindre et moins dangereuse à viser qu'une batterie française.
Alors qu'il n'y avait pas un seul soldat français dans l'église,
dans le village, ni aux alentours, leurs artilleurs canonnèrent,
démolirent et incendièrent l'église ; on eût dît que ces
Bavarois, les plus catholiques parmi les Allemands, avaient
conçu l'extravagante idée de vouloir punir Dieu de n'avoir pas
béni leurs armes! Ce n'est pas tout encore hélas ! Plus de dix
personnes, dont deux femmes, furent lâchement assassinées.
M. Mirman a ajouté
Le spectacle de ces ruines fumantes, m'Impose un devoir :
habitants de Badonviller et des communes éprouvées de
Lorraine, je prends devant vous un double et solennel engagement
: d'abord vos maisons vous seront rendues reconstruites aux
frais du pillard et de l'incendiaire; puis vos églises seront
restaurées, et si elles doivent l'être par souscription
publique, je prends l'engagement, au nom de ma race dont je
connais bien l'âme, qu'à cette souscription pas un Français ne
manquera, catholique ou libre penseur, protestant ou israélite,
puisque tous aujourd'hui forment contre le Barbare un bloc de
ciment armé.
Le préfet a rappelé enfin en terminant la conduite héroïque de
M. Benoît qui a sauvé, par sa courageuse intervention, la vie
d'un prisonnier allemand. Il a mis en relief le magnifique
exemple donné par M. Benoit, dont la France est fière. Et aux
acclamations enthousiastes de toute la foule, il épingle sur le
modeste veston du maire la croix de chevalier de la Légion
d'honneur.
M. Mirman, reprenant son itinéraire, a visité Nonhigny, où 45
maisons sur 60 ont été brûlées et où quatre hommes dont
l'adjoint faisant fonctions de maire ont été fusillés par les
Allemands.
Il s'est arrêté également à Barbas dont les maisons ont été
pillées et où deux hommes ont été tués et cinq emmenés comme
otages; il a parcouru successivement Remoncourt, qui a été mis à
sac et où le maire et l'adjoint ont été emmenés comme otages;
Xousse, où trois maisons ont été brûlées et un otage emmené;
Vaucourt enfin où trente maisons ont été incendiées.
Le Temps - 6 septembre
1914
Le lieutenant de réserve Couchard, a été tué à l'ennemi, au
combat d'Halloville, (Meurthe-et-Moselle) au moment où il se
portait au secours de son capitaine blessé. Entré dans
l'enseignement. M. Couchard accomplissait un stage d'officier à
Baccarat.
Le Temps - 3 novembre 1914
Les opérations en Lorraine
L'entrée des Français en Lorraine du côté de Nancy a été
précédée par de brillants faits d'armes. Le mouvement commença
par le bombardement de la forêt de Parroy, par le fort de
Manonviller. Il s'agissait de nettoyer la forêt et de découvrir
la position de l'ennemi qu'une reconnaissance d'aéroplanes
n'avait pu efficacement repérer à cause de la densité des bois.
A peine le bombardement avait-il commencé qu'un détachement de
cinquante Allemands fut signalé sur la route de Manonviller. Une
force envoyée à sa rencontre fut accueillie par les cris «
Camarades, nous sommes Polonais catholiques. Amis ! » Et ils
jetèrent leurs armes et levèrent les bras en l'air. Un d'eux, un
médecin vétérinaire, expliqua en bon français qu'ils étaient
Polonais de Posen, Slaves de coeur et de race et avaient saisi la
première occasion de tuer leurs officiers prussiens et de se
rendre. Ils déclarèrent que les Allemands manquaient depuis
trois semaines de munitions d'artillerie et s'étaient retirés
dans les bois, n'osant avancer sans être soutenus par leurs
canons.
Une colonne d'infanterie française descendant dans la vallée de
la Vezouse attaqua l'ennemi par un côté de la forêt, tandis que
la cavalerie opérant au nord de la foret, à l'est d'Einville,
faisait une diversion dans cette direction.
A midi, la cavalerie avait atteint Parroy et l'infanterie avait,
nettoyé de sous-bois à la baïonnette. La foret se vida comme par
enchantement devant l'avance française.
« Au bout de trois heures, écrit un de nos soldats qui a pris
part à ces opérations, nous étions maîtres de la partie ouest
des bois; mais une chaude réception nous attendait vers la fin
de l'après-midi. Sur les hauteurs de Sanon, une fusillade éclata
contre notre avant-garde. Nous constatâmes que l'ennemi avait
placé des canons à tir rapide sur l'autre côté du canal de la
Marne au Rhin, et -était prêt à défendre cette ligne. Une
attaque en force dans ces conditions pouvait nous causer de
grosses pertes. L'ordre fut donné d'étendre la ligne et d'offrir
aussi peu de front que possible à l'ennemi. Aussitôt ce
mouvement effectué, nos hommes se jetèrent résolument à l'eau,
tenant leurs fusils au-dessus de leur tête et, arrivés à l'autre
bord,- ils se ruèrent sur l'ennemi à la baïonnette. Déjà le gros
des troupes bavaroises était en retraite à travers la frontière.
Leur arrière-garde se dérobant à nos baïonnettes le suivit bien
vite. A la tombée de la nuit, nous étions de nouveau en Lorraine
annexée. »
Les otages lorrains en Allemagne
"L'Etoile de l'Est publie une lettre que lui communique le
préfet de Meurthe-et-Moselle, adressée à ce fonctionnaire par M.
Roze, maire de Moyen, l'avisant que les Otages civils arrêtés du
23 août au 12 septembre dans la région lorraine par les
Allemands, sont considérés comme prisonniers de guerre, et
internés à Ingolstadt, au fort Von-der-Tann. La plupart de ces
otages sont des fonctionnaires et comprennent MM. Adam, maire de
Fréménil; Alison, maire d'Emberménil; Carrière, maire de
Bénaménil; Clochette, adjoint à Flin; Colette, maire de Domptail;
Dort, de Buriville Gallois, de Leintrey; Gérardin, de
Chènevières; Grange, de Dompjevin; Hannezo, de Xousse; Jeannin,
adjoint à Verdenal; Lhôte, conseiller municipal à Baccarat;
Midon, maire de Xamath; Munier, de Vého ; Pochet, de Flin;
Pierson, adjoint à Laneuville-aux-Bois; Roze, maire de Moyen;
Stourm de, Manonviller; Thouvenin, de Vathiménil; Vautrin, de
Xures; Virion, de Nossoncourt; Grandclaude, instituteur à
Leintrey ; Jespérier, à Arracourt; Lecomte, de Chènevières;
Mathieu, de Laneuville-aux-Bois; Virion, à Manonviller ; Charles
Housselot, chef de poste de désinfection, et Auguste Rousselet,
aide de poste, à Longwy.
Le Temps - 1er mai 1915
NOS PROGRÈS EN LORRAINE et les communiqués allemands (Officiel)
Les opérations qui se sont poursuivies en Lorraine, depuis le 15
mars, ont été souvent signalées par les communiqués allemands
comme des succès à l'avantage de nos adversaires.
Or, s'il est exact que depuis le 15 mars le front tenu par les
armées en présence en Lorraine s'est modifié, cette modification
été tout entière a notre avantage.
Nous avons constamment avancé et les actions mentionnées comme
des succès par les communiqués allemands sont purement et
simplement celles par lesquelles l'ennemi a vainement essayé de
s'opposer à notre progrès.
En effet, le 15 mars, notre ligne, dans la partie comprise entre
le canal de la Marne au Rhin et les premiers contreforts des
Vosges, passait par Henaménil, l'ouest de la forêt de Parroy, le
fort de Manonviller, Domjevin, Fremenil, Herbeviller, le sud du
bois Banal, Angerviller.
Elle passe aujourd'hui entre Henaménil et Parroy, coupe la forêt
de Parroy, ne laissant plus à l'ennemi que la corne nord-est,
continue par le sud d'Embermenil, le nord de Veho, la cote 297,
la lisière nord-est du bois des Haies-d'Albe, le nord du bois
Banal, et ne rejoint l'ancienne ligne qu'à Angerviller.
Soit une avance moyenne de trois à quatre kilomètres sur un
front de vingt-cinq kilomètres. Donc, quand les communiqués
allemands parlent d'action sur Embermenil (communiqués des 20 et
24 avril), cela veut dire que constatant l'avance de nos
positions de Laneuveville, au sud d'Embermenil, ils tentent de
s'y opposer par deux attaques. Elles sont repoussées et le
communiqué du 24 reconnaît que leurs avant-postes ont été
obligés d'évacuer Embermenil.
De même, les actions mentionnées au nord-est et à l'est de
Lunéville (communiqué du 1er avril) ne sont autre chose que les
vaines tentatives faites pour conserver la forêt de Parroy,
presque totalement occupée par eux, aujourd'hui presque tout
entière dans nos mains et solidement organisée
En revanche, ils passent sous silence les actions des 18, 21 et
23 avril, par lesquelles ils ont tenté sans aucun succès
d'arrêter l'opération qui nous a permis d'avancer jusqu'à la
cote 297 une ligne qui, le 15 mars, était encore à Fremenil, c
est-a-dire de réaliser un gain de quatre kilomètres et d'occuper
une position plus menaçante pour l'ennemi.
Cette préoccupation marquée depuis un mois par les communiqués
allemands dit assez qu'ils s'efforcent de dissimuler Vu. série
d'opérations dont le résultat total se traduit par une avance
sensible, des positions meilleures et le déplacement continu de
notre ligne vers la frontière même de la Lorraine annexée.
Ces constatations fourniront au public français et neutre une
nouvelle occasion de juger la façon dont les communiqués
allemands altèrent la vérité.
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