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Août 1870 - Repli de l'armée française

La sidération devant la rapidité de la défaite française an Alsace, conduit tous les historiens de la guerre à tenter de comprendre les erreurs stratégiques qui ont conduit à ce qu'il convient de qualifier de déroute. Voir aussi :
1870 - Passage de l'armée à Blâmont le 2 août
1870 - Repli de l'armée française
1870 - Repli de l'armée française et passage à Blâmont le 8 août
1870 - Repli de l'armée française et passage à Blâmont le 9 août
1870 - Etat-major prussien

Situation militaire - Août 1870


Histoire de la Guerre de 1870
par V. D***, officier d'état-major
Paris, 1871

[...]
La défaite du maréchal Mac-Mahon à Woerth entraîna l'abandon de l'Alsace et des Vosges, et cette évacuation se fit en désordre. L'esprit des chefs semblait frappé comme celui des soldats. La fermeté dans la défaite est certainement une qualité qui manque souvent au caractère français; la prévoyance dans l'hypothèse d'un semblable événement, lui fait aussi défaut. Et cependant, il peut et il doit les acquérir. L'histoire abonde en leçons de ce genre, et pour en profiter, il suffit de le vouloir, car l'ordre dans les retraites n'est, après tout, qu'une question de sang-froid dans le commandement, et de discipline dans la troupe.
Le 7 août, le 1er et le 5e corps étaient déjà en pleine marche rétrograde. Le 7e auquel il ne restait qu'une division, la 2e (général Liébert), l'avait dirigée la veille sur Mulhouse par suite d'un avis qui signalait une concentration ennemie à Lorrach. Il n'y avait là, en réalité, que de faibles détachements wurtembergeois chargés de faire des démonstrations dans la Forêt-Noire, pour nous inquiéter. Le général Douay (Félix) qui commandait le corps, frère du général tué à Wissembourg, reçut le 7, de bonne heure, l'avis de la défaite de Woerth, et l'ordre de l'Empereur de jeter une de ses divisions dans Strasbourg et de couvrir Belfort avec les deux autres. Quoique cet ordre soit resté sans effet, il est difficile à expliquer ; car les situations et les rapports reçus le 6 au soir au grand quartier général indiquaient que la division Conseil-Dumesnil avait combattu à Woerth, et que la 3e division (Dumont) du 7e corps était encore en formation à Lyon. En vertu de ces indications, la 2e division partit de Mulhouse avec une précipitation qui commença à ébranler le moral du soldat, et regagna Belfort, où la 3e la rejoignit le 13. Ces troupes furent activement employées à mettre en état de défense les forts extérieurs, qui n'étaient qu'ébauchés.
La marche des 1er et 5e corps, de Bitche et Saverne jusqu'à Châlons, s'effectua hâtivement et en désordre, sur les directions suivantes :

DATES 1er CORPS 5e CORPS OBSERVATIONS
7 août Saverne La Petite- Pierre.  
8 Sarrebourg Lixheim  
9 Blamont Sarrebourg  
10 Lunéville Avricourt  
11 Bayon Lunéville  
12 Haroué Bayon  
13 Vicherey Charmes  
14 Neufchâteau Mirecourt Le 1er corps s'embarque en chemin de fer
15 Neufchâteau Neufchâteau  
16 Châlons Rimaucourt  
17   Chaumont Le 5e corps s'embarque en chemin de fer
20   Châlons  

On est en droit de considérer la retraite de ces deux corps sur Châlons comme une nouvelle faute stratégique. Certes, quand une armée a subi une défaite comme celle de Woerth, perdant ses bagages et ses munitions, il lui faut, pour se réorganiser, un point d'appui solide et à l'abri des coups de l'ennemi. Mais était-ce une raison pour reculer pendant 70 lieues, laisser l'ennemi pénétrer au coeur du pays, et gagner un point sans abri ni moyen de défense, après un long circuit excentrique vers le sud, en abandonnant à la 3e armée allemande la ligne directe de Nancy à Châlons ? Il ne pouvait y avoir à cette marche sur Châlons qu'un motif plausible, celui d'entraîner à sa suite l'armée ennemie, peut-être une partie de la 2e armée qui aurait cherché à se trouver en relation constante avec elle, et permettre ainsi à la masse principale de troupes françaises rassemblée sous Metz de battre près de cette ville la partie des masses ennemies laissées en arrière.
Cette combinaison pouvait peut-être réussir; mais pour cela il fallait compter sur l'imprudence des chefs prussiens et s'inspirer d'une audace désespérée, deux sentiments qui n'existaient pas.

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