18 janvier 1898 - n° 3 - p. 43
HISTOIRE & ARCHÉOLOGIE
L'Abbaye de Saint-Sauveur et de Domêvre
Saint Bodon, évêque de Toul, fonda vers la fin du VIle siècle,
dans une vallée des Vosges, un monastère qui prit le nom de son
fondateur, Bodonis monasterium, Bon-Moutier. Ce fut à l'origine
et pendant deux siècles un couvent de femmes ; puis vers le
commencement du Xe siècle, les religieuses abandonnèrent leur
monastère et furent remplacées par des religieux de l'ordre de
saint Benoît. Autour de ce couvent s'est formé le village du
Val-de-Bon-Moutier.
En l'année 1010, un successeur de saint Bodon, Berthold, évêque
de Toul, jugea à propos de transporter le monastère de
Bon-Moutier, de la vallée sur la montagne, à trois quarts de
lieue plus loin dans la direction du Sud-Est. C'était dans une
région isolée et sauvage, où on ne voyait ni village, ni
culture. On y construisit une église qui fut dédiée à Notre-Dame
et un cloître qui fut placé sous la protection de
Notre-Seigneur, sous le titre de Saint-Sauveur. Les moines de
Bon-Moutier prirent possession du nouveau monastère ; le village
de Saint-Sauveur commença de naître, et peu à peu la solitude se
peupla aux alentours.
Les fils de saint Benoît quittèrent Saint-Sauveur vers la fin du
XIle siècle. Pour quels motifs et dans quelles circonstances ?
On ne le sait point exactement. Toujours est-il qu'ils cédèrent
la place à des chanoines réguliers de saint Augustin.
Trois siècles se passent qui paraissent avoir été, pour
l'Abbaye, une époque de paix et de prospérité. La succession des
abbés est régulière; des fondations sont faites en faveur du
monastère ; des acquisitions nouvelles augmentent le domaine
temporel, etc, Puis viennent les épreuves. Un violent incendie
détruit toutes les constructions de l'Abbaye en 1470, Elles sont
à peine relevées que surviennent de nouveaux désastres. Les
paysans révoltés d'Allemagne pénètrent en Lorraine, se jettent
sur les églises et les couvents, les pillent et les livrent aux
flammes. Saint-Sauveur fut victime de ces dévastations en 1524.
Nouvelle restauration du monastère et presque aussitôt nouvelle
dévastation en 1568. Cette fois encore les destructeurs sont des
Allemands qui allaient au secours des huguenots français. Des
constructions qui venaient d'être relevées, il ne resta qu'un
monceau informe de décombres fumants et de murs écroulés. Le
choeur de l'église seul échappa aux flammes.
Il devenait évident que Saint-Sauveur n'était plus une résidence
assez sûre pour des moines, à cette époque troublée du XVIe
siècle. On ne pouvait facilement, ni s'y défendre, ni appeler au
secours Les chanoines réguliers se décidèrent donc à quitter
leur montagne et vinrent s'établir non loin de Blamont, dans le
village de Domêvre-sur-Vezouze qui leur appartenait par donation
de l'évêque Berthold. La translation se fit en 1569.
Les épreuves n'étaient pas finies cependant. Les guerres de
religion continuaient. L'Abbaye de Domèvre fut encore victime de
bien des vexations, et subit enfin comme toute la Lorraine, les
tristes calamités de la guerre de Trente-Ans.
L'épreuve est une école de sainteté. Au milieu des tristesses,
des inquiétudes et des privations, la ferveur des religieux
devint plus vive; ils acceptèrent avec empressement, dès l'année
1652, la réforme de saint Pierre Fourier. Une nouvelle phase de
l'histoire de l'Abbaye de Domèvre commence. Jusque-là cette
Abbaye était isolée et indépendante ; dès lors elle fera partie
de la Congrégation réformée de saint Pierre Fourier. Ajoutons
qu'au XVIIIe siècle le général de la Congrégation était en même
temps abbé de Domèvre.
L'Abbaye subsista jusqu'à la Révolution. A celle époque les
religieux furent dispersés, les biens du monastère mis en vente,
les constructions en grande partie détruites. Il n'en reste
aujourd'hui que des débris sans importance.
Telle est, à grands traits l'histoire d'une des plus célèbres
Abbayes de notre province. Cette histoire a été étudiée dans ses
détails avec une pieuse affection, mais plus encore avec un
souci scrupuleux de l'exactitude, par M. l'abbé
Chatton, curé de Velaine-sous-Amance. M. Chatton nous offre
aujourd'hui le résultat de ses patientes recherches en un
beau volume de 400 pages. J'aurai
fait l'éloge de ce livre en rappelant à nos lecteurs qu'il à
mérité les suffrages des juges les plus compétents. Il a obtenu
d'abord une médaille de vermeil au concours de l'Académie de
Stanislas pour le prix Herpin; puis, le prix Michel, de l'année
1897, destiné à récompenser le meilleur ouvrage publié dans
l'année sur une question d'intérêt ecclésiastique par un prêtre
du diocèse.
A. BEUGNET.
16 avril 1898 - n°
16 - p. 376
VARIÉTÉS
La cloche ancienne de Blâmont, 1766
3 septembre 1898 -
n° 36 - p. 797
ACTES OFFICIELS
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés : [...]
Curé de Barbas, M. l'Abbé Biardel, précédemment curé de
Neuvillers-les-Badonviler ;
[...]
Curé de Vaucourt, M. l'Abbé Demoyen, précédemment vicaire à
Blâmont ;
Vicaire à Blâmont, M. l'Abbé Gerard, nouveau prêtre ;
[...]
24 décembre 1898 -
n° 52 - p. 1173
ACTES OFFICIELS
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
[...] Curé de Saint-Martin, M. l'abbé Colin, précédemment
vicaire à Onville;
[...]
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