Dans l'article Propagande allemande -
Cartes Gloria-Viktoria, sur le prétendu succès allemand à
Blâmont-Bionville le 27 février 1915, repoussant les français de
6 kilomètres sur un front de 20 kilomètres de large, nous avons
démontré que ce combat n'était évoqué que dans un unique
communiqué allemand, sans qu'aucun autre élément ne vienne
corroborer une telle affirmation (avec force détails à l'article
Propagande allemande - Victoire de
Blâmont-Bionville - 27/28 février 1915)
Certes, certains auteurs reprendront l'information sans
contrôle, comme La Guerre Mondiale
(ed. Genève 1915) qui écrit «
Or le 27 février se produisait la poussée germanique entre Bionville et
Blamont qui, complétée le 2 mars, amena les lignes au front la
Chapelotte », et certains titres de la presse française la
démentiront, tel Le Journal du 2 mars 1915 : « Le
communiqué allemand du 28 février, relatant les actions sur le
versant ouest des Vosges, n'est en rien conforme à la réalité.
La région de Blamont, comprise entre les lignes adverses, a déjà
été signalée à diverses reprises comme une région fréquemment
parcourue par les patrouilles et les petites reconnaissances. »
La Revue militaire suisse
parvenue dès 1915 aux mêmes conclusions, confirme que ce combat
de Blâmont-Bionville n'est que pure propagande (cet article sera
publié aussi à Lausanne en 1915 dans La guerre européenne -
Avant-propos stratégiques, par le colonel F. Feyler,
supplément de la Revue militaire suisse, puis dans une
traduction anglaise, dans The Royal Engineers Journal de
janvier 1916 ).
Revue militaire
suisse
Lausanne, 1915
L'épisode de Badonviller
Cet incident est resté,
jusqu'à présent, une énigme. Le 28 février, le télégramme
officiel allemand fit savoir que la veille, après de violents
combats à la lisière orientale des Vosges, les Français avaient
été chassés de leurs positions vers Blamont-Bionville.
L'offensive allemande avait
atteint la ligne Verdenal-Bréménil-est de Badonviller-est de
Celles ; cette offensive, disait le télégramme, a rejeté
l'adversaire de six kilomètres en arrière sur une largeur de 20
kilomètres. Tous les essais des ennemis pour récupérer l'espace
perdu ont échoué avec de lourdes pertes.
Ainsi présentée, la nouvelle méritait de retenir l'attention.
Rien de pareil ne s'était produit depuis les victoires du mois
d'août. La bataille de Soissons, objet de si vibrants
commentaires en Allemagne, n'avait pas procuré un gain de cette
étendue. Le télégramme officiel français ne fournissait aucune
explication. Mais une victoire de cette importance, disputée sur
un front de cette largeur, et qui ouvrait une brèche aussi
profonde, ne pouvait passer inaperçue, et ne manquerait pas de
stimuler l'enthousiasme de la presse allemande.
Cependant, le lendemain, la dépêche de Berlin non seulement
n'apporta aucune information complémentaire, mais parut plutôt
ramener l'affaire à la valeur d'un incident local. « Hier
encore, dit-elle, les positions que nous avons prises à l'est de
Badonviller ont été tenues contre les essais tentés par l'ennemi
pour les reprendre. » On lit alors le communiqué français.
Il expose que, dans les Vosges, à La Chapelotte, au nord de
Celles, une attaque assez vive des Allemands a été complètement
repoussée. La Chapelotte est, en effet, à l'est de Badonviller.
Il y a sans doute là quelque ouvrage d'avant-poste, un point
d'appui avancé, comme presque partout où, sur le front
d'occident, les adversaires n'ont pas leurs lignes principales
en contact immédiat. Et il semble bien que c'est à cette affaire
locale qu'il faille ramener les combats acharnés du front de 20
kilomètres indiqués la veille. Les jours suivants, il ne sera
plus parlé d'autres lieux. Les communiqués belligérants
continueront à s'opposer des résultats contradictoires, mais ils
seront d'accord pour les situer sur ce seul point de l'est de
Badonviller ou du nord-ouest de Celles. |