Nous avons déjà évoqué dans
l'article 1915 - Presse allemande en
français, le journal allemand de propagande en langue
française, la « Gazette des Ardennes », publié à Rethel
dès le 1er novembre 1914.
Il convient d'y ajouter une seconde édition, « La Gazette des
Ardennes Illustrée », incluant de nombreuses photographies et
caricatures, dont le 1er numéro parait le 2 août
1915. Avec une régularité quasi mensuelle, cette édition
illustrée atteindra un tirage à 100 000 exemplaires, jusqu'à son
ultime n° 83 daté du 21 octobre 1918.
Tout comme les 773 numéros de la « Gazette des Ardennes »,
la version illustrée s'efforce d'affirmer le bien-fondé de la
guerre menée par l'Allemagne, le bon comportement des troupes
allemandes, les cruautés françaises, puis la barbarie des
bombardements anglais, la volonté d'hégémonie américaine, etc...
Pour démontrer le traitement humain des prisonniers par
l'Allemagne, ce journal publie divers « reportages » dans les
camps de détention, et de multiples photographies de groupes de
prisonniers français. On y note aussi bon nombre d'articles et
illustrations ouvertement racistes concernant les troupes
coloniales françaises (souvent raillés comme « défenseurs de la
civilisation »).
Dans les quelques centaines
de feuilles que représentent l'intégrale de la Gazette des
Ardennes illustrée, nous espérions trouver quelques textes
évoquant le front du Blâmontois ou sa zone occupée, voire des
photographies.
Hélas, rien, hormis une curieuse photographie dans le n° 37 du
16 juin 1917, montrant un couple avec enfant dans un village en
ruine, intitulée « idylle dans les ruines de Vaucourt ».
Il n'existe qu'une seule commune de ce nom en Europe,
celle du Blâmontois, et le village n'a pas été totalement évacué
puisqu'on lit dans le Journal de la Meurthe et des Vosges du 5
avril 1917 : « A Vaucourt, la vie est tout à
fait calme dans cette commune située assez loin de l'ancien
front et qui n'est occupée que par peu de soldats. Les gens
travaillent à la culture ou dans une laiterie. Le ravitaillement
est fait tous les mois » |
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Rappelons cependant que
l'Est-Républicain du 21 août 1914 relatait déjà la visite du préfet Mirman en ces
termes : « Vaucourt offre, comme Nonhigny, un spectacle de
désolation : une trentaine de maisons incendiées, incendiées non
comme l'église par le bombardement et par accident de guerre,
mais incendiées à la main, froidement, comme à Badonviller. »,
faits évoqués aussi dans notre article Vaucourt - 1914
.
On peut alors s'interroger sur les motivations de ce curieux
choix photographique (sur une page néanmoins hétéroclite).
« idylle dans les ruines de Vaucourt »
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