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Blâmont pendant la guerre
Le Pays Lorrain - 1921 |
Les tribulations de Blâmont durant la grande guerre (1914-1918) «
Blâmont la vaillante » (Épisodes de guerre). Sous ce titre a paru en 1920, une petite plaquette de 19 pages, éditée par « Paris-Revue ». C'est le récit simple, mais sincère et vécu, daté du 1er janvier 1919, et fait par M. Constant Hertz, « maire du guerre », des principaux évènements qui se sont passés à Blâmont pendant son occupation par les troupes allemandes de 1914 à 1918. C'est le récit succinct des actes de violence et des vexations commis par nos sauvages ennemis, et des privations et des souffrances supportées courageusement par les malheureux habitants de Blâmont, condamnés à vivre durant ces quatre longues années sous un régime brutal et de fer. l'auteur du récit rend compte de son administration diligente et dévouée s'appliquant à cette période de la municipalité blâmontaise.
A la suite de cette brochurette se trouve un appendice signé des initiales E.S., confirmant, avec forces éloges pour la conduite de M ; le maire de guerre, son récit et sa gestion municipale et les complétant par le rappel de certains faits, gestes et actes plus particulièrement personnels à M. Hertz et sa famille.
Voici le résumé du contenu de cette brochure, augmenté de quelques renseignements puisés à d'autres sources :
Dès le lendemain de la déclaration de guerre, c'est-à-dire le 4 août 1914, apparition à Blâmont de patrouilles allemandes, suivies, quatre jours après, de l'entrée en masse des troupes. Pendant les six jours de cette première occupation ennemie régna un véritable régime de terreur : brutalités envers les habitants ; - assassinats de M. Barthélémy, vieillard de 84 ans, ancien conseiller général et maire, d'une jeune fille de 20 ans, d'un cafetier et d'un retraité ; - pillage et incendie de plusieurs maisons, notamment de l'usine de chocolat Burrus tout récemment construite et de la ferme Duchamp, y compris l'habitation particulière, qui furent complètement détruites, ainsi que de la brasserie Wecker voisine de l'hôpital ; - levée de douze otages emmenés jusqu'au village de Gogney et enfermés dans l'église de 6 heures du soir à 7 heures du matin (voir
l'Est républicain du 19 août 1914 et le rapport de M. Mirman, préfet) ; - Condamnation à mort du maire, M. Bentz, et des notables qui n'échappèrent à leur sort que grâce à l'arrivée rapide des troupes françaises le 18 août et la retraite provisoire allemande (voir
l'Est républicain du 21 août 1914).
Deux de ces otages du 14 août, M. Lahoussay, véterinaire, et M. Lhuiller, ont fait paraître dans
l'Est républicain (nos des 31 janvier et 21 mars 1915) le récit émouvant et détaillé de leur captivité et de celle de leurs familles, ainsi que diverses étapes de leur calvaire jusqu'à Holzminden et Donaueschingen.
M. Barbier, curé-doyen, obligé de remplir les fonctions de maire pendant 8 jours, durée de la première occupation allemande, fut condamné à annoncer lui-même, avec le tambour et au travers des rues de la ville, qu'en cas de la moindre infraction des habitants aux ordres allemands, il serait le premier fusillé.
A la suite du repli des troupes françaises, le 22 août 1914, les Allemands revinrent à Blâmont, qu'ils ne devaient plus quitter avant le 15 novembre 1918, lors de l'armistice.
Le 29 août 1914, nomination par les autorités allemandes de M. Hertz comme maire de la ville avec deux adjoints.
Sous plusieurs paragraphes de sa brochure le nouveau maire, qui s'intitule « maire de guerre », fait connaître son organisation gestionnaire : approvisionnement, création de bons de pain et de travail, boulangerie, boucherie et laiterie municipales, prêts d'argent, chauffage et réorganisation des écoles.
Outre l'hôpital Saint Jean-Baptiste, dirigé avec dévouement par les soeurs de Saint-Charles, deux autres hôpitaux provisoires furent installés dans des propriétés particulières.
Blâmont, se trouvant au front par sa situation, subit de nombreux bombardements qui firent plusieurs victimes et beaucoup de dégâts. La jolie église paroissiale qui ne date que de 60 ans, fut abîmée et la colossale statue de Saint-Maurice, son patron, oeuvre du sculpteur lorrain Jorné Viard (Pfister :
Histoire de Nancy, II, p.15, note 1), érigée entre les deux tours, fut renversée par un obus et sur brisa sur le parvis. Plusieurs projectiles tombèrent aussi dans le cimetière communal et dégradèrent quelques tombes. Le presbytère, sur lequel tomba un obus de 120, l'ancien collège municipal et un certain nombre de maisons particulières en souffrirent aussi.
Exode des habitants. - En octobre et novembre 1914, de nouveaux otages furent envoyés en Allemagne, et le 18 avril 1915 une partie des habitants fut expulsée. Enfin, le 5 octobre 1918, deux cents personnes environ furent évacuées de force en Belgique, et il ne resta plus à Blâmont qu'une soixantaine d'habitants.
Ayant visité, fin septembre 1920, notre chère petite ville natale, elle ne nous a point paru fortement endommagée quant à l'extérieur des maisons, mais il en est tout autrement de l'intérieur que les kaiserlicks ont presque partout transformé en écuries et souvent en « feuillées », sans parler du mobilier qu'ils ont pillé, volé, emporté, détérioré ou détruit. Les cloches de l'Eglise
furent enlevées, ainsi que la plus grande partie des objets en cuivre du culte, à Noël 1916.
La gentille chapelle du collège, construite en 1848, est dans un état lamentable et encombrée d'un amas d'objets hétéroclites : les vitraux de ses fenêtres ogivales ont été brisés et ses autels détériorés.
Les imposantes ruines du château féodal des sires et comtes de Blâmont ont heureusement été épargnées, et elles se dressent toujours fièrement au sommet de la cité en rappelant leurs souvenirs historiques.
Les maisons sont restaurées peu à peu, et il faut espérer que la vaillante petite ville aura repris son air gai et coquet d'ancienne capitale du comté blâmontois et sa prospérité d'avant-guerre.
Nous avons aussi remarqué un joli et riant jardin public, longeant la Vezouse, orné de fleurs et de verdoyantes pelouses, qui a été tout nouvellement créé dans les dépendances de l'ancien couvent des capucins par une société américaine de bienfaisance.
ALBUS-MONS
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