Divers ouvrages rapportent l'existence
d'une source d'eau minérale à « Lombrigny », proche de
Blâmont. En voici quelques exemples :
Dictionnaire
minéralogique et hydrologique de la France -
Pierre-Joseph Buchoz - 1772
« Lombrigny est un village situé à une lieue de Blâmont
en Lorraine, sur la route de Badonvillers ; il se trouve
au bas de ce village une fontaine minérale très-bien
entretenue, entourée de murailles & pavée. L'eau de
cette source a les mêmes principes & propriétés que
celles de Domèvre. » |
Catalogue
raisonné des ouvrages qui ont été publiés sur les eaux
minérales... - Joseph-Barthélemy-François Carrère -
1785
« LOMBRIGNY.
617. Dictionnaire minéralogique & hydrologique de la
France; Paris, 1772, in-8°. On y parle, tom. 1, pag.
377, des Eaux de Lombrigny, comme contenant les mêmes
principes, & ayant les mêmes propriétés, que celles de
Domèvre. » |
Dictionnaire universel de la
France - Louis Marie Prudhomme - An XIII - 1804
« A pareille distance de cette ville [Blâmont], dans un
lieu nommé Lombrigny, sur la route de Badonviller, il se
trouve une fontaine minérale très-bien entretenue,
entourée de murailles, et pavée. L'eau de cette source a
les mêmes principes et propriétés que celles de Domèvre.
» |
Encyclopédie méthodique
- M. Desmaret - 1809
« A pareille distance de cette ville [Blâmont], dans un
lieu nommé Lombrigny, il se trouve une fontaine minérale
très-bien entretenue, entourée de murailles & de pavés.
L'eau de cette source a les mêmes propriétés que celle
de Domèvre. » |
Essai sur les
eaux minérales naturelles et artificielles - Edmé
Jean Baptiste Bouillon-Lagrange - 1811
« Lombrigny, est un village situé à une lieue de Blâmont
en Lorraine, sur la route de Badouvillers ; il se trouve
au bas de ce village une fontaine minérale, entourée de
murailles et pavée. L'eau de cette source a les mêmes
principes et propriétés que celles de Domèvre. » |
Dictionnaire
des sciences médicales, Volume 33 - Ed. Panckoucke
1819
« Lombrigny : village à une lieue de Blamont, sur la
route de Badonvillers. Les eaux minérales sont au bas de
ce village; elles sont froides. » |
Dictionnaire complet de tous les
lieux de la France et de ses colonies - P.-M.
Barbichon - 1831
« On remarque à 1 l. de cette ville [Blâmont], la
fontaine minérale de Lombrigny. » |
Précis de la
géographie universelle ou Description de toutes les
parties du monde - Conrad Malte-Brun - 1829 (repris
dans La France et ses colonies: description géographique
et pittoresque - Victor Adolfe Malte-Brun - 1857)
« Près de la petite ville de Blamont, sur la Vezouze,
ancienne résidence des princes de Salm-Salm (*), la
fontaine minérale de Lombrigny jouit de quelque
réputation »
* NDLR : l'auteur confond ici Blâmont
et Senones. |
Dictionnaire
universel de matière médicale et de thérapeutique -
J.F. Mérat et A.J. de Lens - Bruxelles 1837
« Lombrigny. Village de France (Meurthe), à une lieu de
Blamont, sur la route de Badonviller, au bas duquel est
une source minérale froide, signalée comme analogue à
celle de Domèvre (Carrère, Cat. 350) » |
La plus ancienne référence à Lombrigny
semble citée dans une bibliographie :
Bibliothèque
physique de la France - Louis Antoine Prosper
Hérissant (1745-1769) - Ed. 1771
« Ms. Hydrologie minérale pour servir à l'Histoire
Naturelle de la Lorraine, ou Essai sur l'Histoire des
eaux minérales, thermales, salines, aigrelettes,
martiales, bitumineuses, savoneuses & pétroliques, qui
ont été anciennement, & de notre tems, découvertes en
Lorraine ; [...] par M. BAGARD, premier Médecin
ordinaire du Roi de Pologne, Président &c Doyen du
Collège Royal, de l'Académie des Sciences, Chevalier de.
l'Ordre de Saint-Michel..
Le Manuscrit, qui est entre les mains de l'Auteur »
pourra former un gros in-4. Il est composé de 18
chapitres, [...] Dans le [chapitre] XII. & dans les
suivans, on voit les eaux minérales-martiales de Nancy ;
celles de Pont-à-Mousson & de Bussang, [...] les eaux
minérales de Domêvre & de Lombrigny proche Blamont [...]
». |
Or, il n'a jamais existé en Lorraine de
village du nom de Lombrigny, et on remarque que même sur la
carte de Cassini, la « Fontaine minérale » est bien relative
à Nonhigny, sans porter aucune autre indication de lieu-dit.
Michel, dans la Statistique:
administrative et historique du département de la Meurthe
de 1822, indique pour Nonhigny : « deux fontaines d'eau
minérale »
E. Grosse détaille en 1836 dans le
Dictionnaire statistique du
Département de la Meurthe :
« NONHIGNY [...]. Il y a, sur le ban de ce village, une
petite ferme appelée Bois-de-la-Grange : on y trouve
également deux sources d'eau minérale qui paraissent avoir
joui d'une haute réputation à une autre époque. L'une, qui
sort d'une prairie, à proximité du village, est reçue dans
de vastes auges, où les animaux viennent s'abreuver. Les
habitants, qui paraissent en faire une grande estime,
l'emploient à divers usages : c'est une des fontaines les
plus abondantes et les plus fréquentées du pays. L'autre
source, dont les propriétés spéciales sont plus énergiques,
repose dans un bassin en marbre dont le travail remonte à un
temps inconnu. L'eau de ces magnifiques sources est
fortement chargée d'oxyde de fer; elle a une vertu purgative
et l'on a remarqué que les habitants du village ont, en
général, une santé robuste et durable. Il est à regretter
que ces deux fontaines coulent maintenant dans un dédaigneux
oubli, tandis qu'on va chercher au loin, une eau peut-être
moins bienfaisante et moins salutaire. »
Henri Lepage ajoute en 1843 dans le
Département de la Meurthe :
« Il y a, à Nonhigny, une fontaine d'eau minérale, dont le
pavé intérieur et les tablettes latérales sont en marbre. La
tradition en fait remonter la construction jusqu'aux
Templiers. »
On peut citer aussi
Edmond Delorme en
1927, qui ajoute : « On parle depuis longtemps, à titre, de curiosité, des Fontaines d'Eau minérale que possède Nonhigny, Ces fontaines donnent, en abondance, une eau ferrugineuse, qui colore en brun les objets mis en contact avec elle. De vastes auges, où les animaux viennent boire, recueillent l'eau de l'une de ces fontaines et celle de l'autre est déversée dans un bassin de marbre évidemment fort ancien. Les habitants du pays font grand cas de ces eaux, qui mériteraient d'être plus connues et d'être sérieusement étudiées, ainsi que le terrain qui les fournit. Guerrier, Grosse, l'Abbé Gérard, curé de Nonhigny,
auteur d'une Étude des Eaux de la Lorraine et de l'Alsace,
ont attiré l'attention sur les eaux minérales de celle
localité. »
Il devient donc évident que « Lombrigny » est une simple
transcription erronée de « Nonhigny », erreur apparue vers
1770 (dans le manuscrit de Bagard ?), et qui s'est
reproduite pendant 80 ans dans les ouvrages de prétendus
géographes ou spécialistes en eaux, dont, au final, la
véritable spécialité semble avoir été de copier et compiler
les articles de leurs prédécesseurs.
On peut même décerner une mention spéciale à Edmé Jean
Baptiste Bouillon-Lagrange, dans son Essai sur les eaux
minérales de 1811, puisqu'après avoir (ci-dessus) évoqué
Lombrigny, il recite la même source à Monhigny (tout en
ratant aussi le "v" de Domèvre) :
« SARREBOURG. Parmi le grand
nombre de fontaines qui se trouvent près de cette ville, les
suivantes sont celles qui ont plus de célébrité. 1°. Celle
de Lixheim : elle est située sur le chemin de Lixheim à
Sarrebourg, et sa source se trouve dans le tronc d'un arbre.
2°. Celle de Monhigny, près du village de ce nom, à une
lieue de Blamont. 3°. Celle de Domeure, à un quart de lieue
de ce village, vers celui de Saint-Martin. 4°. Celle qui
coule près de l'abbaye de Haute-Seille. ».
Rédaction :
Thierry Meurant |
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