Dans
Lunéville et son arrondissement,
Edmond Delorme écrit :
« La Chronique nous dit qu'il y avait, à Blâmont, de 1555 à
1580, une Fabrique d'Armes et d'Arquebuses, dans laquelle le Duc
de Lorraine Charles III s'approvisionnait. »
On retrouve cette information par ailleurs :
-
Le Bulletin du Comité
de la langue, de l'histoire et des arts de la France, en
1852, publie un article sur le Château de Fancières, et cite
en note le testament de Jean de Charmolue (1603, archives de la
préfecture de l'Oise) :
« une petite pistolle de Blamont toute neufve avecq le
pulvrin de beim (d'ébène), enrichy du jugement de Paris, quy
est d'ivoire, garny de houppes, franges d'or et cordon de
soye noire ; [...] - une harquebuze de Blamont, avec ung
forniment dé corné de cerf, là où est rellevé la. conversion
St Paul; »
-
le même testament est
cité sous une autre forme dans la Revue des sociétés
savantes de la France et de l'étranger (janvier 1871) :
« Plus je lui donne ma petitte pistolle de Blamont (1)
toutte neuve avec le pulvérin qui est d'ébine (sic) enrichi
du Jugement de Paris qui est d'yvoire, garnie de houppes
frangées d'or et cordon de soie noire ;
[...] Je lui laisse mon pétrinal (2) de Blamont bien encorné
(3)...
[...]
(1) Blamont, petite ville des Vosges où existait une
fabrique d'armes établie dans l'ancien château.
(2) Poitrinal, arquebuse pouvant s'épauler.
(3) Encornure, l'échancrure de la crosse, près de la joue
monture complète. »
-
Les Mémoires de la
société des antiquaires de l'ouest, en 1869, évoquent encore
ce fragment du même testament :
« A M. Vernon, mon fils, ma vieille arquebouse de Blamont,
qui a un rouet à l'allemande, montée de bois rouge et
encornée, pendue dans la ruelle de mon lit »
-
La Gazette des
Beaux-Arts de 1867 dans un article sur les Armuriers et
Fourbisseurs, mentionne :
« Du XVe au XVIIe siècle, la France,
qui s'approvisionnait d'arquebuserie de luxe, de harnais et
de lames d'épées en Espagne, en Allemagne et en Italie,
n'eut plus, en fait de forges d'armes connues, que Verdun
pour les estocs de ce nom, Ranconvault pour les ronçons,
Cognac pour les arbalètes, Périgueux et Saint-Lô pour les
lames courtes, et Metz, Abbeville, Blamont et Blangy pour
les arquebuses, les pistolles et les fourniments des gens de
pied. »
-
et Les collections
célèbres d'oeuvres d'art dessinées et gravées d'après les
originaux par Edouard Lièvre (Éd. Paris - 1866-1879)
ajoutent à l'article Pistolet, la note suivante (qui est
peut-être une contribution de l'artiste
Blâmontais) :
« Il y eut, vers 1590 & 1603, en France, à Blamont
(Meurthe), une importante fabrique d'armes à feu dont les
arquebuses & surtout les pistolets semblent avoir été
très-estimés. »
L'abbé Dedenon ajoute dans
son Histoire du Blâmontois dans les
temps modernes, évoquant au temps du Duc Antoine
(1508-1544), la campagne contre les Rustauds de 1525 :
« Le Blâmontois avait entendu gronder l'orage tout autour, sans
avoir à en souffrir. Peut-être même son commerce y gagna-t-il,
puisque sa principale industrie était la fabrication des armes à
feu. On sait que les arquebusiers de Blâmont eurent à fournir
alors nombre de boulets forgés de fer, de couleuvrines et
d'arquebuses, pour les places de Lunéville et de Nancy, et
qu'ils installèrent, dans leur arsenal, huit mortiers et huit
obusiers, sans compter une couleuvrine, demandée par la Ville,
pour défendre la Porte d'En bas. »
Mais les détails les plus précis sont dans
Les Communes de la Meurthe,
d'Henri Lepage (1853) :
« cette ville possédait aussi, dès le XVIe siècle, une branche
d'industrie qui semble avoir atteint, dès cette époque, une
certaine célébrité : je veux parler de la fabrication des armes
et particulièrement des arquebuses. C'était à Blâmont, dans les
ateliers de Didier et de Demenge Durand, père et fils, que le
duc Charles III faisait fabriquer ses arquebuses. Ces
industriels, qui vécurent de 1555 à 1589, avaient eu pour
prédécesseur un nommé Jean Bayon (1552), auquel était confié le
soin d'entretenir l'artillerie du château. En 1601, Balthazar
Mengin, " harquebousier " à Blâmont, jouissait d'une pension de
6 resaux de blé sur la recette de cette prévôté. » |