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                 L'information «  On mande 
				de Nancy le 6 mai [1881] - Le principal du collège de 
				Blamont a pris la fuite en emportant la caisse de 
				l'établissement » a été répandue dans tous les journaux 
				français par l'agence Havas (Voir par exemple
				Journal des débats politiques et 
				littéraires, ou Le Rappel) 
				
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La
					Semaine du clergé évoque un 
					directeur laïque, le citoyen Gérardin, principal du 
					collège de Blâmont («  Ah ! si c'était un directeur 
					congréganiste qui eût fait cela ! »). 
					L'Abbé Dedenon dans son Histoire du 
					Blâmontois dans les temps modernes  ne donne guère 
					plus d'information, sans pourtant évoquer le vol :«  
					Pourtant, après l'occupation, en 1873, la ville voulut 
					rouvrir un établissement qu'elle croyait toujours utile. 
					Elle s'adressa à M. Gérardin, précédemment directeur d'un 
					petit pensionnat à Insming, et lui donna comme aides M. 
					Labourel et deux répétiteurs. Les études furent restreintes 
					aux matières scolaires et aux rudiments des lettres. 
					L'Internat fut peu fréquenté et en hiver seulement. Vers 
					1880, il fallut se résigner à fermer les portes d'une 
					institution, qui n'avait pas manqué de gloire. » 
					 
					Dans ses carnets manuscrits on 
					retrouve aussi les notes suivantes : 
					«  Collège municipal : “Institution de Blâmont” (1872 
					-1878 ?) 
					Directeur laïque : Gérardin (...), ex directeur de 
					Pensionnat à Insming 
					Supérieurs honorifiques : abbé Marsal, curé de Blâmont 
					Professeurs laïques : Labourel (Charles), devenu négociant, 
					maire de Blâmont... 
					Fermeture en 1878 (?) » 
   
					- 
					
Mais le Journal Le
					XIXe siècle du 18 mai 1881 
					affirme : «  La plupart des journaux, sans en excepter le 
					XIXe Siècle, ont donné, sous forme de fait divers, la 
					nouvelle que le principal du collège de Blamont avait levé 
					le pied en emportant la caisse de l'établissement. 
					[...] La maison où s'est passé ce fait scandaleux n'est 
					point un collège, mais un établissement libre, et le 
					coupable n'est par conséquent pas un principal. C'est le 
					chef de l'établissement lui-même qui a raflé l'argent des 
					parents, un certain abbé dont je ne juge pas à propos de 
					donner le nom. »  
				 
				Laïque ou religieux ?  
				 
				Rappelons que ces années sont agitées par les lois scolaires de 
				Jules Ferry dont le but est de développer l'instruction publique 
				et de laïciser l'école. Si en mai 1881, la gratuité de l'école 
				publique est en passe d'être établie (loi du 16 juin 1881), le 
				gouvernement a déjà créé des écoles normales dans chaque 
				département pour former des instituteurs laïcs (loi du 9 août 
				1879), et a exclu les représentants de l'Eglise du Conseil 
				supérieur de l'instruction publique (loi du 27 février 1880). 
				 
				Il s'agit donc ici d'exploiter un fait divers de l'actualité par 
				visées propagandistes :  
				- la Semaine du Clergé en dénonçant les malversations du laïque 
				«  citoyen » Gérardin, 
				- le XIXème siècle en accusant «  les chefs d'institution libre » 
				d' «  accidents fâcheux, dont le déshonneur rejaillit sur 
				l'Université ». 
				 
				Mais sur le fond de l'affaire même, toutes les affirmations 
				ci-dessus sont exactes, hormis le fait qu'il ne s'agit pas d'un 
				abbé : car en 1881, le dirigeant de l'institution libre de 
				Blâmont est Charles Gérardin, laïque, brevet supérieur du 30 
				juillet 1872, qui y assure aussi les cours de français. 
				 
				Quant aux suites éventuelles, nous n'avons trouvé aucune 
				information complémentaire, et encore moins de trace 
				judiciaire... 
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