Le défaite française est
suivie de l'occupation allemande dès le 14 août 1870. Nous avons
déjà relaté dans l'article "Août 1870
: portes fermées=système criminel ?", la désapprobation
muette de la population (« Les journaux allemands se
plaignent de ce que les armées prussiennes ont trouvé toutes les
maisons, depuis Blamont jusqu'à Lunéville, hermétiquement
fermées ».)
Certes, il y aura de juillet à septembre 1870 quelques
escarmouches dans les Vosges entre les troupes allemandes et la
garde nationale mobile de la Meurthe (voir
Septembre 1870 - Invasion de la
Lorraine par les Prussiens), mais sur le Blâmontois c'est
bien davantage une occupation pacifique qui va s'instaurer
jusqu'en juillet 1873 (voir 1872-1873
- Occupation allemande à Blâmont)
Nous connaissions le témoignage du colonel
Charles Pyndar Beauchamp Walker,
attaché militaire anglais auprès du prince héritier de Prusse
sur son passage à Blâmont le 14 août. En complément, le
Figaro du 27 août 1870 donne le témoignage d'un
correspondant de presse anglais.
Le Figaro
27 août 1870
Le correspondant du Times a
envoyé à un journal un tableau très frappant de l'état des
esprits dans les villages que traverse l'armée du prince royal
A mesure que nous avançons, le pays parait se vider. Les
pharmaciens restant seuls à leur poste. Les Prussiens les plus
enragés ne peuvent découvrir, dans la population, la moindre
trace de bienveillance et de neutralité. Les vieillards sont sur
le seuil de leurs maisons, le visage grave, racontant à leurs
petits-enfants les invasions du passé et traitant probablement
ce spectacle de scène à effet, devant s'évanouir aussitôt qu'il
sera face à face avec la grande armée.
Il serait difficile de contenir ces populations en cas de
retraite vers la frontière. Mais c'est affaire aux généraux
prussiens, - Cependant, quelle manie de militarisme chez les
Français !
Probablement, les gamins seraient partout les mêmes. Mais, au
sortir de Blamont, une bande d'enfants accompagnait, au pas
militaire, la musique du 58° régiment prussien. La musique
prussienne produit, du reste, partout un grand effet.
Dans les petits villages, le 15 août, les habitants sortaient de
leurs églises pour la voir passer. Presque toutes les maisons
sont closes.
Bien que la Lorraine soit depuis peu de temps réunie à la
France, elle est profondément française.
Il est évident que ceci doit étonner un Anglais, car l'Irlande
est réunie depuis sept cents ans à l'Angleterre sans être plus
anglaise pour cela. |