LA BARBARIE
ALLEMANDE A LONGUYON
Des
témoignages précis permettent de reconstituer
aujourd'hui la destruction par les Allemands de
Longuyon, l'incendie, le pillage de la ville et
l'assassinat d'un grand nombre d'habitants.
Voici des témoignages certains, mais dont plusieurs,
à cause de représailles possibles, ont été ajournés
:
23 août. - Vers midi, nos troupes commencent à se
replier, l'arrière-garde quitte Longuyon. Il est six
heures du soir. A huit heures, la ville est occupée
par les Allemands.
Le maire, le secrétaire communal et le curé sont
appelés à la mairie. La ville doit loger la troupe.
- Vous avez, leur dit-on, à établir une liste de
dix-huit personnes, que nous retiendrons comme
otages pour la sécurité de nos troupes.
Heureusement, toutes les armes que l'on avait pu
trouver avaient été envoyées à Montmédy, il y avait
quelques jours.
Cependant, les trois représentants déclinent cette
responsabilité et. proposent une liste plus
nombreuse, sur laquelle eux-mêmes désigneront et
choisiront les otages.
Ils établissent une liste de quarante notables, ce
qui est accepté.
Pour minuit, tous doivent être réunis à la mairie.
Entre temps, le général von Moltke établit son
quartier général dans le même bâtiment ; à onze
heures, il commence à devenir furieux ; il menace de
fusiller tout le monde. Heureusement, un officier
fait remarquer que l'on n'a pas songé à l'heure
occidentale.
Aussitôt toutes les horloges sont réglées.
Les otages seront gardés aussi longtemps que la
ville sera occupée. Le pillage commence ; le bazar
de l'Hôtel-de-Ville est envahi, les devantures
brisées à coups de hache, les marchandises pillées.
Le même sort est réservé à la boucherie Leriche, rue
Carnot. Sous les yeux du secrétaire de la commune,
son coffre-fort est cambriolé et 2.700 fr. en
billets de banque volés.
Toutes les caves sont pillées.
24 août. - A quatre heures et demie du matin, on est
sur le point de lâcher les otages.
A cinq heures, un coup de canon. L'obus éclate en
face de l'hôtel de ville. Les toitures environnantes
reçoivent une pluie d'éclats. C'est la panique. Le
bombardement continue.
Dans la rue de la Gaillette, un obus fauche toute
une patrouille allemande.
« Nous avons été trahis, crient-ils, et vous savez
par qui. C'est le curé à qui nous avons donné la
permission de cette nuit, et qui en a profité pour
prévenir les Français. »
Le duel d'artillerie s'engage jusqu'à onze heures.
En quelques instant, toute la ville brûle. Aussitôt
recommencent le carnage et le pillage.
M. Leroy, âgé de 84 ans, infirme, est sur le pas de
sa porte. C'est à peine si, à l'aide de deux bâtons,
il peut marcher.
Les Allemands le fusillent à bout portant et son
corps est piétiné par les soldats qui entrent dans
la maison.
Mme veuve Marie, mère de l'ancien maire de Longuyon,
est obligée d'ouvrir sa porte. Elle est à peine
habillée ; sans explication aucune, on la place
contre le mur, Elle est sauvée par sa fille qui
accourt. La maison est pillée et saccagée.
Rue de Metz, Mlle Louise ... s'est réfugiée à
l'hôtel Siméon. Elle passe devant une fenêtre; une
balle lui traverse la tête. Plus loin, une autre
femme est fusillée.
A côté d'elles gisent les cadavres de M. Martinet,
qui, après avoir été fusillé, a le crâne ouvert d'un
coup de sabre, et du jeune Rémalter, âgé de 16 ans.
Rue Carnot, c'est M, Pierre, coiffeur. Rue Mazelle,
c'est M. Valentin. Rue de la Doyennerie, c'est Mme
Chrétien mère, qui est brûlée dans sa maison.
Ce sont les 22e, 122e et 156e d'infanterie
prussienne, commandés par le général von Molkte qui
commettent ces atrocités.
Vers onze heures, on relâche les otages qui doivent
aider la Croix-Rouge.
Malgré la promesse faite, on continue à visiter et à
piller les maisons et à y mettre le feu.
Presque toute la Grand'Rue et la rue Carnot sont en
flammes, c'est un immense brasier.
Pendant un quart d'heure on place le maire devant un
mur, seulement pour rire, disent-ils.
Maintenant que tout brûle, on dit aux otages :
- Nous avons, reconnu que les civils n'ont pas tiré
sur nous. Vous êtes libres. »
Il est cinq heures et demie. Les Allemands
continuent le pillage. La maison Gaulier y passe.
Les flammes traversent la rue. La plupart des
habitants se sauvent à l'hôpital.
Vers huit heures du soir, on vient fouiller les
hommes dans l'hôpital, où en ce moment se trouvent
plus de quatre cents personnes.
Mme Siméon, qui vient d'y conduire un officier
allemand, est fusillée. M. Toussaint, qui voulait
fuir, est arrêté et fusillé.
25 août.. - La ville ne présente plus qu'un amas de
décombres fumants ; des personnes qui s'étaient
réfugiées dans les casernes, croyant y trouver un
abri, en sont chassées, M. Burtin, un des otages de
la veille, est fusillé ; M. Véry et sa femme sont
mis en joue. Ils se couchent à plat ventre et
restent ainsi plus d'une heure, ce qui leur sauve la
vie.
Le curé de Viviers-sur-Chiers, qui était venu à
Longuyon, est fusillé dans un champ voisin.
A onze heures, on fait savoir que tout le monde est
libre.
Sont détruits : la Grande-Rue et la rue Carnot, 115
maisons ; les grands bâtiments des Frères, de la rue
Mazelle et route de Longwy ; rue Picon, 40 maisons ;
rue de Metz, 7 maisons ; rue de la Doyennerie, 5 ;
rue du Four et rue Gilles, 30 ; rue de la Caillette,
18 ; le hameau de Noers, avec ses maisons ; la ferme
Basse-Vahl et de Haute-Vahl, de la Marlerie,
Bouillon, Moncel et la machine.
Ce qui reste debout est pillé ; les soldats
fouillent et refouillent, emportant le reste du
butin.
Pour terminer, le curé Braux et le vicaire Percyn,
soupçonnés d'avoir préparé la surprise, sont
fusillés à Beaulieu. Leurs corps restent sur place
pendant deux jours ; c'est un jeune Italien, Libéra
Jeannot, qui les a enterrés sans cercueil. Vingt et
un jeunes hommes, qui, pendant plusieurs jours
travaillaient sans trêve à enterrer les morts, sont
fusillés par les barbares.
D'autres personnes nous donnent des renseignements
qui confirment ou précisent. L'une d'elles nous dit
:
« Le 25 août, les Allemands ont incendié la
Grand'Rue ou rue Carnot des deux côtés, la maison de
meubles Parance jusqu'à 3 a route de Colmey, le
viaduc du chemin defer, à l'exception des maisons
Marie, Deschange, Julliac d'un côté et une maison
Morin de l'autre. Les rues du Picon. de Froidcul,
Gilles, parties des rues du Moulin depuis le café
Thomas jusqu'aux caves Deschange, de la rue du Four,
extrémité du Pont, de la rue de Metz depuis la
maison Gaulier jusqu'au jet d'eau et du quartier de
na Caillette sont brûlées après avoir été pillées.
« Les Allemands fusillèrent plus de quatre-vingts
personnes, parmi lesquelles l'abbé Braux, curé,
doyen, l'abbé Pereyn, son vicaire, MM. Leroy, âgé de
88 ans, Bosler père, Burtin, Delcourt. Martinet,
Collignon, Mme Pellerin et vingt jeunes gens du
patronage, dont les deux fils Thomas.
« Le 8 septembre, quelques personnes purent quitter
Longuyon et après avoir séjourné deux mois au
Luxembourg, regagnèrent. la France par Metz,
Strasbourg et la Suisse.
« M. Thomas, la famille Schmidt-Cholet, les dames
Deschange partaient aussi.
« D'après les dernières personnes arrivées, tout
serait calme depuis septembre. Le ravitaillement est
assuré. Des commerçants allemands se sont installés.
Des trains circulent, mais seulement pour le service
militaire. La population, qui entend le canon, a
conservé l'espoir.
« Les hommes de 16 à 60 ans sont recensés et
étroitement surveillés. »
A
PONT-A-MOUSSON
Pont-à-Mousson, 14 février.
Au point de vue du ravitaillement un recensement des
personnes restées à Pont+à-Mousson vient d'être
fait. Il donne : 1.318 hommes, 1.647 femmes, 112
enfants de un an, 1.864 enfants d'un à 13 ans et 499
enfante de 13 à 18 ans. Soit une diminution de 50 %
environ. Les stocks disponibles de ravitaillement de
première nécessité sont assurés de ce fait jusqu'à
fin mai.
Quatre bombes incendiaires ont été encore lancées
sur Pont-à-Mousson par des aviateurs allemands.
L'une n'a pas éclaté, la seconde a explosé dans un
terrain vague, la troisième sur le parvis de
l'église Saint-Martin. La dernière, seule, a
provoqué un commencement d'incendie, rapidement
maîtrisé.
L'avion a essuyé le feu de notre artillerie et a
viré pour regagner sans doute Metz.
AU PAYS MEUSIEN
Extraits
du « Bulletin des Réfugiés meusiens » :
A TROYON
Le fort de Troyon a été atrocement bombardé et il
aura coûté plus cher aux Boches qu'à nous. C'est par
milliers qu'il faut compter les obus qu'ils ont
envoyés sur la vieille forteresse.
Le village, en lui-même, a peu souffert
matériellement. Nous avons reçu deux obus en fin
septembre ; et, en fin décembre, deux nouveaux obus
nous ont fait quatre victimes dans l'armée.
Vous ne pouvez vous taire une idée des ravages et
des dégâts literie, effets, linge, tout est traversé
! Les deux planchers et toute la toiture, de large
en large, sont descendus.
Trois obus sont tombés sur Troyon, ce jour-là.
Au bout du village, une autre maison a été aussi
bombardée.
Malheureusement, comme chez nous, deux soldats, deux
pères de famille, ont été tués. Les nôtres étaient
en train d'écrire au-dessus de notre chambre.
Les pièces allemandes bombardent depuis deux jours,
nuit et jour. Quel sifflement ! C'est une angoisse
continuelle.
Ils ont encore bombardé toute cette, nuit (12
janvier). On aurait cru que tous les obus éclataient
sur Troyon.
A ORNES
Les Allemands bombardent le pays des Côtes de
Romagne, lta moitié du village est brûlée et
l'église est fort abîmée.
DE LA MER A
L'ALSACE
Nous avons
repoussé J'attaque tentée au signal de Xon
Paris,
la février, 15 h. 25.
En Belgique, bombardement ininterrompu de nos
tranchées de la dune. Notre artillerie lourde a pris
à partie les mortiers de l'ennemi.
Nous avons enlevé, sur environ deux cent cinquante
mètres, une tranchée établie contre la route,
Béthune La Bassée.
Canonnade très vive dans la région de Lens, autour
d'Albert, entre l'Avre et l'Oise, aux environs de
Soissons et à Verneuil (nord-est de Vailly).
Dans l'Argonne, vers Bagatelle et Marie-Thérèse, la
lutté est toujours très vive, de tranchée à
tranchée. Mais aucune action d'infanterie n'a été
engagée.
En Argonne et Meuse, une tentative d'attaque
allemande, entre le village et les bois de
Malancourt, a été immédiatement arrêtée.
En Lorraine, l'ennemi, après avoir refoulé notre
grand'garde, avait réussi à occuper la hauteur du
Signal de Xon et le hameau de Norroy. Il a été
repoussé, par une contre-attaque, jusque sur les
pentes nord du Signal, où il s'est encore maintenu
dans quelques éléments de tranchées.
Dans les Vosges, l'offensive allemande, qui s'était
manifestée sur les deux rives de la Lauch, n'a pas
été poursuivie hier. Sur la rive sud, l'ennemi a
seulement canonné nos positions. Sur la rive nord,
les Allemands demeurent arrêtés devant notre ligne
avancée (Langenfeldkopf-Bois de ReffiiSpruch). Nos
skieurs ont exécuté une très baillante
contre-attaque sur les pentes du Langenfeldkopf.
Une tourmente de neige s'est élevée dans
l'après-midi.
Paris, 16 février, 1 h. 15.
Voici le communiqué officiel du 15 février, 23
heures :
On signale seulement quelques actions heureuses de
notre artillerie a Poelcappelle, au nord-est
d'Ypres. Une batterie ennemie a été réduite au
silence.
A Beaurains, au sud d'Arras, des tranchées
allemandes ont été détruites.
Aux environs de Soissons, ainsi qu'à Perthes, des
ouvrages et des rassemblements ennemis ont été
canonnés avec efficacité.
A CHAILLON
Les
Boches ont démoli une vingtaine de maisons dans ce
village de la Woëvre ; avec les matériaux, ils ont
construit de solides retranchements pour le jour
prochain où ils devront reculer et se retrancher
dans cette région avant d'être refoulés dans leur
pays.
Toute la population a été emmenée en captivité,
afin, sans doute, que le secret des travaux
militaires ne soit pas trahi.
Quant à M. Fabbé Merquet, curé de Chaillon, une
blessure au pied l'a immobilisé dans une ambulance
du Midi.
SUR
TOUT LE FRONT
le succès a couronné nos efforts.
Paris,
16 février, 15 h. 10.
Les troupes britanniques ont repris, hier, les deux
éléments de tranchées qu'elles avaient perdus la
veille, entre Saint-Eloi et le canal d'Ypres.
Sur le front des armées françaises, la; journée du
15 a été calme, dans son ensemble. Il n'est pas
signalé d'actions d'infanterie et on confirme les
succès partiels particulièrement importants de notre
artillerie.
Paris, 17 février, 0 h. 20.
Voici le communiqué du 16 février, 23 heures : Sur
tout le front, la journée du 16 février nous a été
favorable.
En Belgique, combat d'artillerie.
Une escadrille française a bombardé le parc
d'aviation allemand de Ghistelles. Une escadrille
anglaise a bombardé Ostende.
Au sud d'Ypres, l'armée britannique est maîtresse
d'un certain nombre de tranchées, où s'était
déroulé, depuis deux jours, un combat assez vif.
Entre l'Oise et l'Aisne, près de Bailly, tir très
efficace de notre artillerie sur des rassemblements
de convois automobiles et des lances-bombes.
Dans le secteur de Reims, nous avons progressé au
nord de Beauséjour. Nous avons enlevé environ trois
kilomètres de tranchées allemandes. Nous avons fait
plusieurs centaines de prisonniers, dont cinq
officiers.
En Argonne, actions d'infanterie depuis le
Four-de-Paris jusqu'à l'ouest de Boureuilles. Le
combat continue dans de bonnes conditions.
Au nord-ouest de Pont-à-Mousson, nous avons enlevé,
dans le bois Le-Prêtre, plusieurs blockhaus ennemis.
LE 75e BOMBARDEMENT DE PONT-A-MOUSSON
Le 16 février, une opération dans le bois Le Prêtre
a valu à Pont-à-Mousson son 75e bombardement. De
nombreux obus allemands sont en effet tombés sur la
ville, notamment avenue de Metz, déjà bien éprouvée.
Un obus est tombé sur l'épicerie Mennel, traversant
tout l'immeuble depuis le haut jusqu'au magasin. Les
dégâts sont assez sérieux.
Quelques obus, mais moins gros, sont tombés dans les
quartiers de la rive gauche de la Moselle : avenue
Carnot, boulevard de Riolles (aux environs de
l'usine Mauroy) et rue Fabvier. Les dégâts, dans ces
endroits, sont insignifiants. Pas de victimes
civiles.
Mercredi, un Taube, survolant la ville vers une
heure, a laissé tomber quatre bombes incendiaires :
à la scierie Bonnette, à la turbine du ruisseau d'Esch
et au pré Gouverneur, le long de la route d'Atton.
Ces bombes n'ont produit aucun dégât et n'ont fait
aucune victime.
LEURS ACCÈS DE VIOLENCE
reçoivent
QUELQUES SÉVÈRES LEÇONS
Paris. 17 février, 15 h. 15.
Malgré une canonnade intense, les avions français et
anglais qui ont jeté des bombes hier, dans La région
de Ghistelles et d'Ostende, ont pu rentrer indemnes
dans nos lignes.
L'artillerie belge a exécuté des tirs très efficaces
sur des rassemblements. et des abris.
En Champagne, dix contre-attaques ennemies ont été
repoussées pendant la nuit.
En Argonne, activité assez grande. Nous avons, près
de Fontaine-aux-Charmes, détruit un blockhaus et une
centaine de mètres de tranchées.
Une attaque allemande, prononcée par trois
bataillons au moins, entre le Four-de-Paris et la
cote 263 (ouest de Boureuilles) a été très violente.
Nous l'avons complètement repoussée, en infligeant à
l'ennemi de grosses pertes et en faisant des
prisonniers.
Dans ia Meuse aux Vosges, rien à signaler.
LE CANON & LA BAIONNETTE
ont bien travaillé de la mer à l'Alsace
Paris, 18 février, 0 h. 52
Voici le communiqué officiel du 17 février, 23
heures :
De la mer à l'Oise, notre artillerie a exécuté des
tirs efficaces qui ont dispersé de nombreux
rassemblements, fait sauter des caissons et détruit
des trains.
Au nord d'Arras, nous avons enlevé deux lignes de
tranchées et refoulé de violentes contre-attaques.
Nous avons fait des prisonniers et infligé à
l'ennemi de fortes pertes. De nombreux officiers
allemands ont été tués.
Dans le secteur de Reims, près de Loivre, les
progrès faits dans la journée du 16 février sur
plusieurs centaines de mètres ont été maintenus et
consolidés.
En Champagne, nous avons poursuivi nos gains, au
nord-ouest de Perthes et enlevé des positions
ennemies sur un front de huit cents mètres.
Toutes les contre-attaques allemandes au nord de
Ménil-les-Hurlus et de Beauséjour ont été
repoussées. Nous avons pris un gros lance-bombes et
plusieurs petits. Nous avons fait deux cents
prisonniers. Le combat continue.
En Argonne, nous avons progressé dans le bois de la
Grurie et maintenu notre gain malgré deux violentes
contre-attaques et de très chaudes actions à l'arme
blanche, qui ont occasionné à l'ennemi de fortes
pertes Une forte-attaque allemande a été
complètement repoussée au Four-de-Paris.
Entre l'Argonne, et la Meuse, nous avons progressé
sur divers points.
En Alsace, nous nous sommes rendus maîtres des
croupes dominant la ferme de Sudel et conservé tout
le terrain conquis.
Les avions français ont bombardé la gare de
Fribourg-en-Brisgau.
NOS ÉVACUÉS
Nancy, 18 février.
On sait que M. Magre, sous-préfet de Briey, a été
envoyé à Annemasse (Haute-Savoie), où arrivent
chaque jour de nombreux habitants des régions
envahies.
M. Magre a pour mission d'entrer en rapports avec
nos malheureux compatriotes, de se renseigner sur le
traitement qu'ils ont subi en Allemagne au cours de
leur captivité et de s'informer de leurs besoins
actuels.
Voici la liste des personnes arrivées ces jours
derniers et précédemment domiciliées dans
l'arrondissement de Briey :
MM. Roger Maurice, 18 ans, Mars-laTour ; Nicolas
Ernest, 17 ans, Les Baroches ; Kucheler Pierre, 14
ans, Joeuf; Bourgeois Albert, 18 ans,
Ville-au-Montois ; Michel Roger, 17 ans,
Ville-au-Montois ; Munier Georges, 14 ans, Domèvre ;
Hinzelin Charles, 17 ans, Baccarat ; Lesuisse
Lucien, 14 ans, Olley ; Lecocq Fernand, 16 ans,
Braument ; Rousselet Charles, 62 ans, chef de poste
de désinfection, Longwy ; Rousselet Catherine,
Longwy ; Rousselet Hubert, 59 ans, chef de poste
adjoint : Bastien Marcel, 15 ans, Longwy ; Remy
François, 61 ans, Longwy ; Remy Joséphine, 54 ans,
Longwy ; Pérot Marie, 35 ans, Longwy ; Pérot Jean,
14 ans, Longwy; Antoine Honorine, 45 ans, Longwy ;
Antoine André, 15 ans, Longwy ; Colas Honorine, 69
ans, Longwy ; Thomas Marie, 27 ans, Longwy ;
Leluherbe Ernestine, 19 ans, Longwy ; Henry Léonie,
19 ans, Longwy ; Rouchy Fernande, 25 ans, Longwy ;
Levi tas Alice, 21, ans, Longwy ; Levitas Estelle,
10 mois, Longwy ; Guérin Adèle, 22 ans, Longlaville
; Mme Mérot, 26 ans, Briey ; Mme Mageton, 25 ans,
institutrice adjointe à Briey ; Mme Breton, 27 ans,
Briey ; Breton René, 7 ans, Briey ; Roger Henri, 13
ans, Puxieux ; Mlle Gerbeaux, 20 ans, Mars-la-Tour ;
Perbal, 53 ans, Saint-Supplet ; Mulot Félix, adjoint
au maire, Remenoville ; Guichard Charles, 73 ans,
Remenoville ; Guichard Joseph, 71 ans, Remenoville ;
Naudin Théophile, 70 ans, garde champêtre, Onville ;
Glatigny Emile, 68 ans; Onville ; Gilson Nicolas, 76
ans, Avillers ; Grobac Auguste, 61 ans, Baccarat ;
Clochette Auguste, 69 ans, Lahayville ; Mant
Auguste, 18 ans, voiturier chez M. de lGopstein,
Val-et-Châtillon ; Robert Camille, 65 ans, retraité
des chemins de fer, Friauville ; Cuny Dominique, 74
ans, Bionville : Artis Ernest, 62 ans,
Pont-à-Mousson ; Gougilen Auguste, 46 ans,
Pont-à-Mousson ; Labord Clément, 45, ans, Domèvre ;
Bréton Lucien, 55 ans, Domèvre ; Pierson Charles, 51
ans, Lunéville ; Simon Joseph, 47 ans, Lunéville ;
Gaillon Eugène, 45 ans, Vilcey-sur-Trey ; Pachpen
Jean-Pierre, 62 ans, Manoncourt ; Husson Victor, 65
ans, Gerbéviller ; Aubert Joseph, 59 ans ; Bouvier
Jean-Pierre, G:j ans, Bezange : Jacquot Joseph, 68
ans, Gerbéviller ; Laurent Michel, 62 ans,
XivryCircourt ; Willem Joseph, 58 ans, Essey-etMaizerais
: Bailleux Emile, 67 ans, Villeau-Montois ; Galand
Jacques, 54 ans, Saint-Supplet ; Perlot Justin, 49
ans, Audun-le-Roman ; Millot Louis, 60 ans, Baccarat
: Goeuriot Louis, 48 ans, Longwy ; Krier Nicolas, 49
ans, garde champêtre à Xonville : Char-dard Julien,
61 ans, Norroy-les-Pont-à-Mousson ; Klein Jean, 64
ans. Norroy-le-Sec ; Guichard Victor, 45 ans, à
Limey ; Royer Eugène, 51 ans, Essey-et-Maizerais ;
Simonin Saturnin. 49 ans, Arracourt ; Fève François,
72 ans, Arracourt ; Goulelin Eugène, 52 ans,
Arracourt : Collin Charles, 62 ans, Franconville :
Mider Joseph, 72 ans, Lamath ; Déglaire Charles, 54
ans, Brin ; famille Thomas, cinq personnes (père,
mère et trois filles), dirigés sur Paris, Longuyon ;
Cuventin Angèle, 36 ans, Pienne ; Poet Catherine, 49
ans, Pienne ; Duvoux Emile, 62 ans. Landres, dirigés
sur Paris, où habitent leurs enfants ; Fischbach
Jean-Baptiste, 75 ans, Longwy ; Mutelet Ernest, 70
ans, Gouraincourt-Longwy ; Gaspard Edmond. 62 ans,
Pannes ; Raux Célestin. 68 ans, Pannes ; Willem
Jeanne, 23 ans, Essey-et-Maizerais ; Grandbastien
Ernest, 69 ans, Toul ; Bertrand Auguste, 73 ans,
Gondrecourt ; Adam Maurice, 13 ans, Saint-Baussant ;
Adam Léona, 12 ans, Saint-Baussant, vont être rendus
à leur mère évacuée dans un des convois précédents.
RETOUR D'OTAGES
Les otages d'Arracourt, dont on connaît l'arrivée en
Savoie, étaient partis le 11 septembre au nombre de
treize : M. le curé ; MM. Adry, juge de paix ;
Gauçon, greffier de paix ; Becker, professeur ;
docteur Louis, Pernez, Goutgelin, Jacquot, Eve,
Pastel, Jespérier, instituteur ; Saturnin, Simonin,
Edmond Simonin, tous internés à Ingolstadt
(Bavière), à part le docteur Louis qui, interné dans
une autre forteresse, y est resté. M. Gauçon est
mort à Ingolstadt, en décembre dernier.
Leurs violentes contre-attaques
SONT AUTANT
DÉCHECS SANGLANTS
Paris, 18 février, 15 heures.
De la mer à l'Oise, rien de nouveau pendant la nuit.
Il se confirme que le coup de main heureux qui nous
a rendus maîtres de deux lignes de tranchées
allemandes au nord d'Arras (nord-ouest de
Roclincourt) a occasionné à l'ennemi des pertes
sérieuses. Nous avons pris un lance-bombes et
plusieurs centaines de bombes.
Dans la vallée de l'Aisne et dans le secteur de
Reims, combats d'artillerie où nos batteries ont
pris nettement l'avantage.
En Champagne, dans la région de Perthes, tout le
terrain conquis, hier et avant-hier, a été conservé.
Parmi les nombreux prisonniers que nous avons faits,
le 16 et le 17, figurent des officiers et des hommes
des 6e et 8e corps d'armée actifs, des 8e, 10e, et
12e corps d'armée de réserve.
En Argonne, nous avons également maintenu le gain
réalisé dans les bois de la Grurie, au sud de la
Fontaine-aux-Charmes. Nous avons, d'autre part, fait
quelques progrès dans la région de Boureuilles, sur
la cote 263.
Nos succès entre Argonne et Meuse, signalés dans le
communiqué du 17 au soir, nous ont rendu maîtres
d'un bois, au sud du bois de Cheppy.
Nous avons, en outre, gagné 400 mètres en profondeur
au nord de Malancourt, et à peu près autant au sud
du bois de Forges.
Tous ces gains ont été conservés.
De la Meuse aux Vosges, rien à signaler.
NOS SUCCÈS S'ACCENTUENT
Nous les avons chassés de Norroy et avons fait en
Alsace un beau butin au piton de Sudelle
Paris, 19 février, 1 h. 30.
La journée du 18 février ne nous fut pas moins
favorable que la journée précédente.
De la mer à l'Aisne, la journée fut marquée par des
combats d'artillerie.
Toutefois, près de Roclincourt, les Allemands
contre-attaquèrent cinq fois pour reprendre les
tranchées que nous leur avions enlevées le 17
février. Ils furent repoussés. Plusieurs centaines
de cadavres restèrent sur le terrain, dont plusieurs
officiers.
En Champagne, dans la région de Souain, Perthes,
Beauséjour, l'ennemi a prononcé d'abord dans la nuit
du 17 au 18, puis dans la matinée du 18, deux très
violentes contre-attaques sur tout le front, pour
reprendre les tranchées perdues par lui le 16 et le
17 février.
Ces deux contre-attaques furent complètement
repoussées.
Les Français ont repoussé les assaillants à la
baïonnette en maintenant leurs gains. Nous avons
pris trois mitrailleuses et fait plusieurs centaines
de prisonniers.
D'après les déclarations de ceux-ci, les régiments
allemands ont subi des pertes très élevées,
atteignant pour quelques-uns, le quart, pour
quelques autres la moitié de leur effectif.
Sur les Hauts-de-Meuse, aux Eparges, où nous avons
gagné du terrain le 17 février, celui-ci a été
conservé, malgré une contre-attaque ennemie.
En Lorraine, dans la région de Xon, nous avons
prononcé une attaque qui nous a permis d'enlever le
village de Norroy et d'occuper l'ensemble de la
position. Il est faux que les Allemands aient, comme
ils l'annoncent, évacué Norroy. Ils en ont été
chassés.
En Alsace, les détails complémentaires font
connaître que le piton au sud de la ferme de Sudelle,
conquis par nous, constituait un réduit
formidablement organisé.
Nous y avons pris 1 lance-bombe, 5 mitrailleuses,
des centaines de fusils, de boucliers, de bombes,
d'outils, de réseaux de fil de fer, d'appareils
téléphoniques et des milliers de cartouches et de
sacs de terre.
Les bombardements de Pont-à-Mousson
Pont-à-Mousson, 19 février.
Ainsi qu'on l'a vu par les communiqués officiels,
des actions assez vives se sont déroulées aux portes
de Pont-à-Mousson, autour du Signal de Xon. La
canonnade était très forte et les Mussipontains se
tenaient sur leurs gardes. Ce que l'on craignait
arriva : les obus tombèrent dru sur la malheureuse
avenue de Metz, dont presque toutes les maisons,
pour ainsi dire, reçurent leur part. La rue
Saint-Martin, l'hôpital, les chemins de
Robert-Châtel et de Sente-Champagne écopèrent
également. Les obus ont endommagé assez sérieusement
les façades et les toitures des maisons, l'un d'eux
en éclatant en terre creva une conduite d'eau dans
le chemin de Robert-Châtei.
Malheureusement, on signale encore une victime : Mme
Thiel, née Catherine Carbon, sans profession, âgée
de 70 ans, demeurant avenue de Metz, fut blessée
grièvement alors quelle se trouvait dans son jardin.
Un éclat d'obus l'atteignit au ventre. Elle succomba
le lendemain à l'hôpital où elle fut transportée
d'urgence. Sa fille qui se trouvait avec elle reçut
de légères blessures au visage. C'est donc le 7he
bombardement et la 23e victime parmi la population
civile.
LISTE DES HABITANTS DE MEURTHE-&-MOSELLE
Rapatriés à Annemasse (Haute-Savoie)
Nancy, 19 février.
Arnaville - De la Pinière, 75 ans; Herbonot Anna, 30
ans ; Gissolin Marie, 70 ans ; Gissolin Jeanne, 32
ans ; Badri Mathilde, 28 ans ; Billaud Marie, 19 ans
; Laurent Hortense, 54 ans ; Laurent Ernestine, 21
ans ; Motelet Henriette, 82 ans ; Chaton Jeanne, 15
ans ; Mourty Louisa, 39 ans ; Motelet Marie, 47 ans
; Boulanger Juliette, 22 ans ; Boulanger Marcel, 3
ans; Goeury Maria, 32 ans ; Renard Lucienne, 15 ans :
Robuchon Eléonore, 23 ans; Robuchon Etienne, 17 mois
; Soubie Adèle, 35 ans ; Soubie Jean, 14 ans ;
Soubie Jules, 8 ans ; Soubie Emile. 15 ans ; Soubie
Marie, 11 ans ; Soubie Yvonne. 4 ans ; Chevreuil
Catherine. 34 ans ; Chevreuil Henriette, 12 ans ;
Chevreuil Henri, 10 ans ; Chevreuil Gaston, 7 ans ;
Fanchon Colombe. 36 ans ; Fanchon Athénaïs, 14 ans ;
Fagonde Louise, 52 ans : Jacob Suzanne, 4 ans.
Euvezin. - François Eugene, 74 ans ; François
Adélaïde, 62 ans ; Collin, 66 ans, prêtre.
Norroy-les-Pont-à-Mousson. - Wéber André, 61 ans ;
Wéber Lucie, 47 ans.
Cons-la-Grandville. - Pandron Madeleine. 36 ans ;
Bauda Pauline, 46 ans ; Chonel Alexandre, 65 ans.
Montauville. - Geoffrey Marie, 37 ans.
Pagny-sur-Moselle. - Croze Charlotte, 32 ans.
Jarny. - Milhaut Marie, 37 ans : Hangord Denise, 29
ans ; Hangord Jeanne, 13 ans ; Hangord Emile, 7 ans.
Conflans. - Peiffer Maria, 26 ans ; Kronber Marie,
14 ans.
Labry. - Math Jeanne, 23 ans.
Saint-Marcel. - Rouvelin Lucie, 26 ans Verdenal. -
Génin Joseph, 65 ans.
Mars-la-Tour. - Renault Hermance, 66 ans : Renault
Louise, 32 ans, institutrice
Bionville. - Levert Paul, 15 ans ; Marchal Gabriel,
16 ans ; Abralon Louis, 62 ans, garde champêtre ;
Chanal Joséphine, 82 ans; Marie-Thérèse Caillet,
femme Chanal, 82 ans.
Remoncourt. - Beaudoin Constant, 46 ans.
Villerupt. - Maybel Marcelle, 28 ans ; Maybel
Roland, 4 ans ; Crochet Joséphine, 28 ans ; Amiot
Armandine, 33 ans ; Bourson Mathilde, 26 ans ;
Bourson Emilie, 4 ans ; Bourson Renée, 2 ans.
Longwy. - Maillet Philippe, 66 ans ; Pajot Mélanie,
55 ans ; Noël Paule, 23 ans.
Vandelainville. - Panot Nicolas, 65 ans ; Panot
Marguerite, 21 ans ; Ponler Elsie, 30 ans.
Vionville. - Bony Joseph, 62 ans.
Saulcy. - Erard Valentin, 61 ans.
Bertrambois. - Fronck Louis, 64 ans.
Waville. - Massot Blanche, 38 ans : Massot François,
10 ans ; Massot JeanLouis, 12 ans ; Massot Marcel, 6
ans; Massot Marie-Thérèse, 3 ans ; Massot AnneMarie,
18 mois ; Bernage Jean, 63 ans ; Bernage Louise, 58
ans ; Bernage Jean. 22 ans.
Val-et-Châtillon, - Blaison Augustin, 63 ans ;
Helneur Marie, 17 ans.
Armainville. - Patenote Antoinette, 20 ans ;
Patenote René, 9 ans ; Patenote Jean, 8 ans.
Saint-Sauveur. - Halvick Marcel, 11 ans.
Rosières-aux-Salines. - Garel Léontine, 50 ans.
Thiaucourt. - André Louise, 28 ans.
Noviant-au-Orés. - Guyot Philomène, 22 ans ; Diot
Yvonne, 8 mois.
Mamey. - Mathiot François, 64 ans.
Fey-en-Haye. - Bertin Mélanie, 29 ans ; Bertin
Marcel, 12 ans ; Bertin Georges, 10 ans et demi ;
Bertin Georgette, 7 ans ; Bertin Louise, 4 ans ;
Bertin Lucie, 10 mois..
Mancieulles. - Mme Hanra Irma, femme du directeur de
la Mine de Saint-Pierremont ; Hanra Gustave, 62 ans,
habitait Châlons avant la guerre ; Mme Hanra
Clotilde, 56 ans, habitait Châlons avant la guerre.
Longuyon. - Mme Coulet Marié ; Coulet Jacques, 2 ans
et demi.
Saint-Supplet. - Mme Guinot, femme du général ;
Guinot fils, 34 ans.
Briey. - Mme Mackiewick Marie-Thérèse ; Mackiewick,
1 an.
Xammes. - Mathieu Henri, 16 ans.
Brainville. - Gouverneur Marcel, 17 ans.
Friauville. - Choppé Julien, 16 ans.
Gondrexon. - Bally Joseph, 17 ans.
Jeandelize. - Schmitt Paul, 14 ans.
Moutiers. - Hilbert Paul, 17 ans.
Val-et-Châtillon. - Mme Voignier Angèle, 32 ans ;
Voignier Clémentine, 9 ans ; Voignier Marguerite, 4
ans.
Thuméréville. - Balthazar Fernand, 16 ans.
Norory-les-Pont-à-Mousson. - Nereu Charles, 15 ans ;
Cornette Alphonse, 17 ans.
Ville-au-Montois. - Dufour Ernest, 17 ans.
Villerupt. - Leblanc Louis, 17 ans.
VilIe-sur-Yvon. - Sertorius Arsène, 19 ans.
Nancy. - Collin Henri, 16 ans, a été arrêté à
Saint-Dié.
LEURS ATTAQUES
repoussées
SUR TOUT LE FRONT
Paris, 19 février, 15 h. 10.
Rien d'important à signaler depuis le communiqué
d'hier soir ; nuit calme.
Combats d'artillerie assez vifs dans la vallée de
l'Aisne et dans le secteur de Reims.
Dans la région de Perthes, toutes les positions
conquises par nous demeurent entre nos mains.
En Argonne et Meuse, au pont des Quatre-Enfants,
nous avons pris un lance-bombes.
Dans Les Vosges, nous avons repoussé deux attaques
d'infanterie au nord de Wissembach (région du
Bonhomme).
Nous nous sommes, d'autre part, organisés et
consolidés en progressant méthodiquement au nord et
au sud de la ferme Sudelle
Paris, 20 février, 0 h. 20.
Voici le communiqué officiel du 19 février, 23
heures :
En Belgique, une attaque sur nos tranchées à l'est
d'Ypres a été repoussée. L'ennemi avait déployé cinq
compagnies en première ligne.
Près de Roclincourt, au nord d'Arras, une tentative
d'attaque allemande a été enrayée.
Reims a été bombardé.
En Champagne, dans la région de Souain-Perthes-Beauséjour,
l'ennemi, au cours de la nuit du 18 février, a
prononcé cinq contre-attaques pour essayer de
reprendre les tranchées qu'il avait perdues les
jours précédents. Toutes ont été repoussées. La
lutte a continué aujourd'hui et nous avons réalisé
de nouveaux progrès.
En Argonne, quelques coups de main tentés par les
Allemands, dan la nuit du 18 février, ont échoué.
Nous avons détruit un blockhaus ennemi, dont nous
avons occupé l'emplacement.
Dans les Hauts-de-Meuse, aux Eparges, trois
contre-attaques allemandes sur les tranchées que
nous avons conquises le 17 février ont été arrêtées
par notre artillerie.
Dans les Vosges, entre Lusse et Wisembach, dans la
région du Bonhomme, l'ennemi après avoir réussi à
prendre pied à la cote 607, qu'il avait attaquée
avec un régiment, a été délogé ce matin par une
contre-attaque menée par une compagnie et demie.
Nous nous sommes maintenus sur la hauteur, malgré
les violents efforts des Allemands.
Une attaque de l'ennemi sur Sattel, au nord de la
ferme de Sudelle, a été repoussée.
LA GUERRE EN LORRAINE
Les communes envahies
DE LA WOËVRE
APRÈS LA SÉPARATION
ANNEMASSE, Février. - Peu à peu, en rassemblant les
notes, les documents, les interviews épars à l'aide
desquels on reconstitue superficiellement l'histoire
de l'occupation allemande en Lorraine, une vérité se
dégage : c'est que la sauvagerie des Boches a
partout répandu une égale terreur, qu'elle a commis
les mêmes excès, que toutes ses infamies portent le
sceau de la même « kultur ».
Il eût suffi de six justes pour sauver Sodome ; on a
quelque peine à trouver dans la horde les exceptions
d'humanité qui sauveraient l'Allemagne du pilori où
ses bourreaux subiront la flétrissure des siècles
futurs.
L'interminable et triste défilé des témoins qui
racontent depuis une semaine les atrocités des
Barbares nous initie aux raffinements imaginés dans
le supplice des êtres (m'on torturait.
C'est M. Remy, entrepreneur à Longwy-Haut, qui
assista à l'incendie de sa maison, au bombardement
de la citadelle, à la destruction systématique de la
cité.
C'est M. Th..., de Longuyon, qui, perclus de
rhumatismes, ressuscite presque miraculeusement,
recouvre la validité de ses jambe pour fuir les
pelotons d'exécution, qui voit emmener pêle-mêle
avec les jeunes gens de treize à vingt ans, M.
l'abbé Braux, curé de Longuyon, avec le vicaire, M.
l'abbé Percin, qui garde au coeur l'horrible frisson
des fusillades couchant sur le pavé plus de cent
soixante victimes innocentes, des violences dont le
spectacle a pour témoins les enfants ou les parents
; qui voit tomber sous les balles un vieillard de 84
ans, qui sait qu'une femme devient folle de terreur
et tue ses enfants avant de se suicider, qui apprend
qu'un paralysé a péri d'inanition dans les bois ;
qu'un de ses voisins s'est noyé pour échapper aux
tortionnaires d'outre-Rhin.
C'est une ménagère de Lahayville, Mme Vadentine
Pêcheur, qui, revenue aujourd'hui même avec sa fille
de La Roche-sur-Foron, où elle est réfugiée depuis
le mois de septembre, apprend que son pauvre mari a
succombé aux privations dans le camp de Bayreuth.
Les Allemands à Herbeuville
C'est une mère de famille de Herbeuville qui, enfin,
trace un tableau exact et navrant des souffrances
endurées avant son envoi dans les camps de
concentration avec toute sa marmaille, dont l'aînée
a douze ans à peine :
- Les Boches pénétrèrent une première fois dans
notre village meusien, dit-elle, vers fin août. Ils
démolirent quelques maisons ; ils en brûlèrent
d'autres ; ils annonçaient avec une joie, avec des
rires où éclatait l'ivresse insolente du triomphe :
- Demain, nous prendrons Verdunn... »
Verdun n'est pas pris. Les populations de la Woëvre
savaient bien quelle résistance opposerait la place
et ils répondaient aux illusions, aux mensonges des
soldats :
- Vous n'y entrerez jamais ! »
Bientôt le pillage commença. On enferma les
habitants dans l'église. Les malheureux y
demeurèrent plus d'une semaine, sans manger ; les
enfants, privés de lait, poussaient des gémissements
si douloureux qu'au bout de onze jours on autorisa
les mères à retourner chez elles pour s'y pourvoir
d'un peu de nourriture.
On apprit ainsi qu'un brigadier de gendarmerie en
retraite, M. Jules Mathieu, avait été abominablement
torturé, qu'on lui avait brisé les poignets et,
qu'après une cruelle agonie, il avait lâchement été
traîné devant le peloton d'exécution.
Deux autres hommes avaient été massacrés ; des
femmes furent ligotées, attachées, pendant deux
longs jours à la gueule des canons ; les mobiliers
gisaient en débris devant les seuils déserts ; des
portes, des armoires, des buffets fournissaient les
tranchées allemandes.
Et, toujours, s'échangeaient les brefs colloques,
les défis du vainqueur, vite relevés d'un mot
énergique, d'une réplique où persistaient
d'inébranlables confiances :
- Demain, nous aurons Verdunn. et vous deviendrez
Allemands.
- Jamais !
La population d'Herbeuville se réfugia dans lies
caves, jusqu'au jour où, sous la menace des feux de
salve par les soupiraux, elle se rendit, capitula
devant les sommations :
- Un officier déclara que nous allions, sous bonne
escorte, être conduits à Saint-Maurice, me raconte
Mme X... On se réjouissait... Cinq kilomètres à
pied, ce n'est pas une longue étape... Hélas ! notre
voyage devait avoir pour terme le camp d'Amberg...
Au long des routes, c'est à coups de lances et de
baïonnettes que la « bonne » escorte accélérait la
marche des malades, des vieillards, de ceux à qui
l'âge, les infirmités, la fatigue ne permettaient
pas de suivre notre misérable convoi. »
Ce que fut, plus tard, la vie à Amberg (Bavière),
dans les baraquements en planches, suant l'humidité
et la fièvre, on ne le sait que trop...
Les sentinelles réprimaient brutalement toute
parole, tout geste qui ressemblait à une «
communication ». Huit cents personnes croupissaient
dans l'ordure. - Le pain - un pain noirâtre, âcre,
onctueux, immangeable - se réduisait à la portion
congrue.
Quand les martyrs protestaient dans ce bagne, quand
ils exprimaient parfois l'espoir d'une délivrance :
- Pour vous rendre à la France, répétaient les
officiers gardes-chiourme, il faudrait que chacun de
vous fût échangé contre au moins une demi-douzaine
de nos soldats prisonniers... »
Quand ils s'étonnaient qu'on eût emmené des enfants
de seize ans, les officiers expliquaient « qu'on
mobilisait certainement en France au même âge qu'en
Allemagne et, qu'à seize ans, tous les sujets du
kaiser portaient déjà les armes ».
Quand on se plaignait, de la nourriture, ils
montraient nos soldats réduits à fouiller parmi les
détritus pour y chercher quelques légumes, et ils
ricanaient. :
- Vous faites la noce ! »
Le sort de Combres
C'est maintenant une paysanne de Combres, un village
blotti au pied des Hauts-de-Meuse, qui, tout d'une
haleine, relate chronologiquement, les événements :
- Cela s'est passé vers le 15 septembre, dit-elle.
Les Boches arrivent sur le coup de huit heures du
matin. Ils s'emparent de tout le monde, hommes et
femmes, jeunes et vieux. On en demande le motif. Il
paraît que le téléphone, installé dans nos maisons,
permet de renseigner les troupes françaises sur les
mouvements de l'ennemi. Alors, les perquisitions
recherchent partout le téléphone ; on fouille les
poêles; on visite la vaisselle ; on ouvre même les
boîtes à cirage. Nous avions envie de rire,
tellement c'était drôle. Un réveille-matin attire
par son tic-tac. l'attention d'un chef ; celui-ci
fronce le sourcil, crispe les poings sur son épée,
l'oreille tendue vers le bruit singulier de notre
horloge, gronde entre ses dents, rageusement : «
Téléphone ! Téléphone !. » Décidément, il tient à
cette marotte. Il faut lui montrer l'objet pour
qu'enfin il soit convaincu de notre innocence. »
Les Allemands voyaient partout l'espionnage. Ils
piochaient les jardins, sondaient les murailles : «
Si nous trouvons un fil électrique, juraient-ils.
vous serez fusillés. »
Les habitants de Combres furent arrachés de leurs
maisons. Ils attendirent dans un pré que leur sort
fût examiné. Sur le soir, la permission fut accordée
à quelques femmes d'aller chez elles chercher du
lait pour les enfants, des provisions pour leurs
compagnons ; puis l'église servit d'asile, après une
dernière recommandation, une dernière menace :
- Surtout, défense de parler... Si l'on découvre un
seul civil armé d'un fusil dans la commune, vous
serez tous fusillés. »
La nuit fut courte. A trois heures du matin, les
Allemands firent évacuer l'église. Personne n'avait
dormi. Les malheureux, entassés dans
l'enchevêtrement des bancs, n'avaient pu étendre les
jambes ni les bras ; ils souffraient de courbatures.
La faim leur déchirait l'estomac. En vain le digne
curé de la paroisse exhortait ses ouailles, ranimait
leur courage :
- Ah ! monsieur, s'exclame une des victimes de ces
dures épreuves, les Allemands s'amusaient,
rigolaient, plaisantaient... Monstres !.. Ils
grimaçaient derrière le curé, parodiaient les signes
de la bénédiction. Ils disaient qu'en jeûnant nous
sécherions : « Quand vous aurez bien séché, nous
vous ferons cuire. » Ils buvaient notre vin, se
taillaient de larges tranches dans les jambons
qu'ils venaient de voler, tout en nous jetant des
fruits verts, des pommes, des quetsches... »
Le commandant eut l'air d'avoir pitié de tant de
détresse. Il fit accompagner par ses soldats les
femmes qui possédaient en réserve à leur domicile un
peu de farine :
- « Cela vous permettra de préparer du pain. Je ne
puis mieux faire. Tâchez donc d'assurer votre
subsistance. »
Le dimanche 20 septembre, un officier annonça
gravement que, pour donner aux gens de Combres une
plus grande sécurité, ils allaient être tous
conduits dans un pays voisin. On se mit en route
pour Herbeuville. A mi-chemin, les hommes furent
séparés des femmes et l'on avertit les premiers
qu'ils seraient immédiatement dirigés sur Metz :
- Mais ils ont le ventre creux !... protestèrent les
femmes.
- Ils déjeuneront à Hannonville.
- Mais ils manquent de vêtements ?
- Ceux qu'ils ont sur le dos suffiront pour le
voyage.
- Mais quand donc les reverrons-nous ?
- Oh ! soyez sans inquiétudes, mesdames. Vous
retrouverez vos maris après la guerre.
- Mais, Seigneur, que ferez-vous d'eux?
L'officier, cette fois, se tut. Ce qu'on ferait des
habitants de Combres, il n'en savait rien. Un
sanglot, un long cri déchirèrent la poitrine des
femmes :
- Jamais je n'ai tant pleuré... On hurlait comme des
bêtes blessées... J'ai cru devenir folle. Tandis que
nos pauvres hommes s'éloignaient, clopin-clopant,
les épaules courbées, n'ayant sur le dos qu'une
chemise, on apercevait là-bas des fumées qui
montaient vers le ciel... Nos maisons brûlaient...
Est-ce que le bon Dieu ne m'aurait pas accordé une
grâce dites, si j'étais morte dans un pareil moment
?... »
Pourtant un espoir se glissait dans ces âmes
torturées. Le supplice, sans doute, était fini. On
allait rendre la liberté au troupeau, lui permettre
de regagner les toits capables encore de l'abriter.
Hélas !
une cruelle déception attendait les malheureuses.
Ramenées à l'église de Combres, elles subirent,
l'une après l'autre, un interrogatoire en règle. Les
officiers voulaient savoir si quelques-unes
d'entre-elles avaient reçu des lettres des soldats
français. Après quoi, un cortège se forma pour
prendre définitivement la route de l'exil.
- On croyait seulement aller à Saint-Hilaire. Nous
avions pris nos hottes... Mais pas de provisions. A
grand'peine, on se procura quatre ou cinq morceaux
de sucre par individu... On mourait de soif. Un
officier fit apporter un seau d'eau pour nous
désaltérer... A Saint-Hilaire, on apprit que notre
détachement continuerait, toujours à pied, sur
Conflans. Enfin, nous avons pris le train.
Pendant deux nuits et trois jours on a rouié, roulé,
roulé, par Mon s, Aix-la Chapelle, jusqu'à Amberg. »
Ceux qui se retrouvent
Quel prodigieux metteur en scène que le Destin !
Comme il sait, mieux qu'an théâtre, ménager les
effets ! Comme il accumule le pathétique dans la
simplicité d'une rencontre où disparaissent
l'artifice et la convention, qu'il sied d'observer
pour qu'au cinquième acte le rideau tombe sur une
longue salve de bravos.
Hier soir, à la table d'une brasserie envahie par
les réfugiés qui y prennent ordinairement leur
repas, je causais avec Mlle Verdun, une institutrice
de Saint-Dizier.
Elle avait sans difficultés obtenu du commissariat
spécial l'autorisation de séjourner en Savoie, au
lieu de partir pour Nice au Fréjus en compagnie des
Meusiens l'amenés de Westphalie en même temps
qu'elle :
- J'aime mieux rester ici, disait-elle. Mon père a
fui devant l'invasion, il travaillait à
Saint-Maurice-sous-les-Côtes. J'ai appris qu'il
s'était réfugié en Savoie, à Saint-Jeoire. Je me
suis renseignée.
Un tramway m'y conduira. Une heure de voyage... »
Soudain Mlle Verdun pâlit. Elle se dressa, comme mue
par un ressort mystérieux. Elle venait d'apercevoir,
sur le seuil de l'établissement auquel je tournais
le dos, une chose qui, sans doute, soulevait en elle
une irrésistible émotion.
Je regardai. Un homme s'avançait vers nous, les
traits creusés; la barbe négligée depuis quatre ou
cinq jours, les yeux brûlés de fièvre. Il était
modestement vêtu d'un costume d'ouvrier agricole.
Comme il s'approchait de nous, j'observai la
ressemblance de cet ouvrier avec l'institutrice, la
même inquiétude vague, la même hésitation dans
l'attitude, On eût dit qu'ils cherchaient tous deux
à déchirer le voile d'un rêve, qu'ils doutaient de
ce qui se passait autour d'eux.
Cela ne dura qu'une seconde, que le temps d'un
éclair. Les deux êtres s'écroulèrent sur la poitrine
l'un de l'autre :
- Ma pauvre enfant ! murmura l'homme.
- Papa ! bégaya Mlle Verdun, serrée dans l'étreinte
des bras qui l'enveloppaient, la tête abandonnée sur
l'épaule du brave homme dont la poitrine haletait,
secouée par le tumulte orageux de sentiments que je
n'essayai point de démêler.
- Comment, c'est toi. Ah ! nous te croyions bien
perdue !
Toutes les souffrances de la séparation, la mère
malade, la maison en ruines, le bétail lâché à
travers champs, la panique, la vie qu'on mène à
Saint-Jeoire en priant pour les Lorrains sans foyer,
ce qu'il a fait depuis cinq mois se mêlait aux
confidences de l'institutrice, les insultes, les
coups, des promiscuités dégradantes, les
humiliations.
Et je ne connais point de drame, agencé par
Bernstein ou Sardou, qui vaille cela.
Un joli geste
En apprenant par les journaux que les internés
reviennent en foule d'Allemagne, deux réfugiées, la
mère et la fille, ont quitté ce matin l'auberge de
La Roche-sur-Foron, où elles attendent anxieusement
le retour du chef de famille, M. Pêcheur, dont les
Boches se sont emparés quand ils occupèrent
Lahayville, dans la Meuse.
Mme Valentine Pêcheur est allée tout droit à la
mairie d'Annemasse. Elle s'informe. Quatre cents
internés arrivent. Voilà le troisième convoi. Mais,
à part quelques exceptions, il n'y a que des jeunes
gens du Nord, de l'Aisne, de la Somme, expédiés au
fond de la Saxe.
Pour la centième fois, Mme Pêcheur pose la question
:
- D'où venez-vous ?
Elle n'a essuyé que des réponses la laissant morne,
désolée, enfoncée de plus en plus profondément dans
son angoisse comme dans un gouffre où, décidément,
personne ne lui jettera le renseignement qui la
sauverait.
Sa fille est à ses côtés.
Les deux femmes aperçoivent une soutane ; elles ont
tout de suite reconnu le curé de Réchicourt, M.
l'abbé Juste. Elles l'abordent ; mais, avant
qu'elles aient répété leur question, le curé a
entrainé à l'écart Mme Valentine Pêcheur ; il lui
parle à voix très basse ; il doit prononcer ces mots
dont le charme subtil engourdit les blessures de
l'âme humaine.
J'entends un cri, auquell un autre cri succède
aussitôt. Le visage des deux réfugiées est inondé de
larmes qui jaillissent, qui coulent comme d'une
source intarissable. Et des phrases entrecoupées
m'apportent par lambeaux la sinistre nouvelle :
- Oui, c'est sa pneumonie... Le mauvais climat de
Bayreuth. Il m'a souvent parlé de vous... Je l'ai
assisté à l'hôpital... Prisonniers ensemble... Tout
doucement, sans souffrance... Ayez du courage... »
Mais voici qu'un gars d'environ quinze ou seize ans
s'approche, ôte sa casquette, se présente lui-même :
- Je suis Léon Mulot... Regardez-moi bien, mame
Pêcheur... Là, vous me reconnaissez bien à
présent... Moi aussi, on m'a enfermé à Bayreuth,
n'est-ce pas, m'sieur le curé ?...
Avec une gêne visible, comme s'il cherchait une
excuse à l'audace de la proposition qu'il osera
faire, le gars roule entre ses doigts une casquette
qui l'embarrasse et il finit par dire :
- J'ai une photographie... Un sous-officier a tiré
notre groupe. Y avait Pêcheur avec nous... Si, des
fois, ça. vous fait plaisir, acceptez-la... Moi, j'y
tenais... C'était un souvenir, vous comprenez. Mais,
du moment que ça vous fait plaisir...
Et, sortant de sa poche la précieuse photographie,
il remet son cadeau, le cher souvenir auquel il
tenait tant, à la veuve qui ne sait par quels
remerciements se récompense un tel geste.
O sainte fraternité de la misère, que de scènes
semblables se sont déroulées à Annemasse, depuis que
les camps de concentration renvoient ici les pauvres
gens !
ACHILLE LIÉGEOIS.
L'OCCUPATION DANS LE CANTON DE THIAUCOURT
La menace, le pillage . L'exode, le retour
Un habitant de la petite commune d'Essey-et-Maizerais,
canton de Thiaucourt, revenu depuis peu à Nancy,
nous a donné -quelques renseignements sur
l'occupation allemande dans cette région.
Les premières patrouilles ennemies firent leur
apparition dès le début de septembre. C'étaient des
soldats d'infanterie montés dans des automobiles,
qui arrivaient à toute vitesse sur les routes.
orsqu'elles rencontraient des habitants, les autos
s'arrêtaient. Un sous-officier et quelques soldats
descendaient.
Puis, après avoir posé quelques questions, ils
reprenaient place dans l'auto qui partait de nouveau
à vive allure.
Quelquefois des patrouilles de uhlans passaient, sur
les routes, interrogeaient aussi les habitants qui
travaillaient dans les champs.
Tous les chefs de patrouille parlaient le français
et paraissaient connaître très bien le pays. Ils se
dirigeaient, en effet, sans carte et sans demander
d'indication aux paysans, sur les chemins.
La première question que les cavaliers demandaient
c'était si le village, qu'ils nommaient en le
désignant du geste, était occupé par les Français.
Ils appuyaient leur demande de la menace du revolver
que l'un d'eux plaçait près de la figure, tandis que
les autres appuyaient la pointe de leur lance sur le
corps.
Les uhlans prévenaient que si on les trompait, ils
fusilleraient ceux qui auraient fourni de faux
renseignements.
A Bouillonville, une jeune fille, interrogée par les
ennemis, répondit, - ce qui était vrai, - que les
Français n'étaient pas dans le village. Or, comme on
l'interrogeait apparut un de nos motocyclistes qui
faisait une reconnaissance.
Les uhlans s'apprêtaient déjà à emmener la jeune
fille, lorsque soudain ils partirent au grand galop
de leurs chevaux, s'enfuyant à la vue du
motocycliste !
Après cette aventure, la jeune fille, craignant,
avec juste raison, pour sa vie, quittait
immédiatement Bouillonville, que les Allemands
occupaient le lendemain.
Les patrouilles allemandes se succédèrent jusqu'au
15 septembre A cette date, deux régiments de dragons
pénétraient dans la commune. Avec une grande
rapidité, comme si les cantonnements avaient été
préparés à l'avance, les hommes étaient répartis
dans chaque maison.
Alors le pillage commença. En peu d'instants les
greniers furent vides ; foin, paille, avoine, blé,
etc., tout fut emporté.
Dans les étables, les Allemands réquisitionnaient
les bestiaux et les porcs, tandis que dans les
basses-cours les soldats s'emparaient des poules et
des lapins.
Quelques habitants reçurent en échange des bons
écrits en allemand, sur lesquels des militaires
apposaient leur signature.
D'autres durent se contenter des rebuffades et des
coups des Allemands, sans murmurer.
Une semaine se passe ainsi dans les transes les plus
grandes. Il n'y a plus de pain au village. Les
boulangers ont cessé de cuire.
Les Allemands, qui sont friands de notre pain de
froment, en exigent néanmoins des villageois. Comme
ceux ci ne peuvent leur en donner, ils les menacent
et quelquefois les frappent avec leur baïonnette.
Le 26 septembre arrive. Les Allemands font
rassembler tous les habitants, à qui on ne donne pas
le temps de s'habiller ni de prendre des vêtements
de rechange.
Les maisons sont consciencieusement visitées pour
constater qu'il ne reste plus personne dans le
village. Les malades sont placés dans des
charrettes.
Le rassemblement terminé, encadrés par des troupes,
les habitants d'Essey commencent leur triste et
pénible exode.
Vieillards, femmes, enfants, tout le modle marche
ainsi pendant près de 15 kilomètres, toujours
poussés, harcelés par les ennemis, qui n'ont que la
menace à la bouche.
Beaucoup ont les pieds en sang, car ils n'ont pas de
souliers de route. Le temps matériel de les prendre
ne leur a même pas été donné.
Les quelques voitures qui accompagnant le triste
convoi sont bientôt remplies. Sans pitié, les
Allemands forcent les malheureux à accomplir leur
trajet.
Les exilés arrivent ainsi à Rembercourt-Sur-Mad.
Ceux qui ont des parents ou des amis dans cette
commune, peuvent y loger. Les autres sont placés
chez les habitants par les soins des Allemands.
A Rembercourt, étaient également arrivés les
habitants de Saint-Baussant, de Seicheprey et de
Waville.
Pendant six semaines, la municipalité d'Essey
parvint a nourrir les habitants de sa commune.
A bout de ressources, elle en prévint les autorités
allemandes, qui se chargèrent de l'entretien.
Chaque jour, des rations de légumes, de pain et de
viande étaient vendues aux réfugiés.
On était entré dans le mois de janvier. La question
des vivres se posait pour les allemands qui,
comprenant qu'ils ne pouvaient assurer la nourriture
de tout le monde, firent prévenir les maires de
chaque commune de toute la région qu'ils occupaient
de se rendre à Thiaucourt.
Le 11 janvier, les Allemands, après avoir réuni tous
ceux qui étaient de Rembercourt et des environs les
faisaient monter en chemin de fer et, de nuit, les
emmenaient à Landau, où ils furent casernés dans
d'immenses baraques en planches, chacune d'elles
habitée par deux cents personnes.
Le séjour à Landau fut de courte durée, car, le 24
janvier, les femmes, les enfants et les hommes âgés
de plus de 60 ans, étaient tous prévenus qu'ils
allaient être conduits en Suisse.
C'était la liberté. Le lendemain, un convoi emmenait
à Schaffouse tous les exilés, auxquels les Suisses
prodiguèrent des vivres et des vêtements.
De Schaffouse, nos compatriotes furent dirigés vers
Annemasse, où, en touchant le sol français, ils
voyaient arriver la fin de leurs peines.
Plusieurs habitants d'Essey furent hospitalisés à
Annecy. En y arrivant, Mme Trempé tombait malade.
Son grand âge, les brutalités et les privations dont
elle avait été l'objet, avaient affaibli sa santé.
Elle mourait quelques jours après, malgré tous les
soins que ses concitoyens lui apportèrent.
Une chose qui a frappé les habitants d'Essey dans
leur court séjour à Landau, c'est que toutes les
fenêtres des baraquements des prisonniers étaient
d'un modèle et d'une couleur différents. Elles
semblaient avoir été enlevées à d'autres maisons et
posées sans ordre ni méthode.
Beaucoup se sont fait cette réflexion, en voyant la
façon dont elles étaient travaillées, qu'elles
provenaient de France, des pays où les Allemands
dans un but d'économie, les ont prises aux immeubles
mis à sac.
Voici encore quelques détails intéressants fournis
par un autre habitant d'Essey :
Le 26 septembre, des batteries françaises avaient
envoyé plusieurs projectiles sur deux tracteurs
automobiles qui transportaient d'énormes canons. Les
Allemands supposèrent aussitôt que des habitants de
là commune avaient signalé l'arrivée de ces pièces.
C'est pourquoi ils firent évacuer toutes les maisons
par les habitants, qu'ils conduisent dans l'église.
Tout le village fut rassemblé d'abord dans la cour
du château, puis tout te, monde fut conduit dans la
maison Mangenot, où l'on fut entassé pêle-mêle dans
les salles de l'établissement, les écuries et les
engrangements.
A onze heures du soir, l'ordre était donné de partir
pour Rembercourt, où l'on arrivait à quatre heures
du matin. Les vieillards ne pouvaient plus marcher.
Ils furent laissés dans l'église, sans aucun soin,
n'ayant qu'un peu de paille pour se coucher.
Les Allemands avaient également fait évacuer les
communes de Waville, Onville, Saint-Baussant et
Lahayville. Tous les hommes avaient été emmenés
immédiatement en Bavière. Les femmes et les enfants
étaient conduits à Essey et logés dans l'église avec
les vieillards. Le 15 octobre, les Français
bombardèrent Essey ; deux obus tombèrent sur
l'église, où ils causèrent une grande panique.
Les Allemands décident alors d'envoyer les
vieillards et les femmes à Rembercourt.
Tous ceux qui étaient dans l'église prirent place
dans les voitures, à la sortie du village.
Le triste convoi dut faire halte pour permettre à
quelques « herr offiziers » de prendre des
photographies.
A leur arrivée à Rembercourt, les malheureux
apprirent à leurs concitoyens que par suites des
privations et du manque d'hygiène, la mort avait
causé de nombreux vides parmi les vieillards. Aucune
sépulture ne leur avait été donnée. Les corps
étaient restés dans l'église avec les vivants. On
apprit aussi que des malheureux impotents, laissés
sans soins, étaient morts de faim à leur domicile.
Les habitants d'Essey apprirent également que leur
malheureuse commune avait été mise au pillage. Tous
les meubles, le linge, la vaisselle, le vin avaient
été enlevés, placés sur des automobiles qui avaient
pris la route de Metz.
Les femmes allemandes, venues comme à une partie de
plaisir à Essey, avaient consciencieusement fouillé
les armoires pour s'emparer des vêtements, bijoux
dont quelques-unes s'en parèrent aussitôt.
Comme les habitants avaient caché leurs valeurs dans
des cachettes, les Allemands fouillèrent
profondément le sol des caves.
Ils défoncèrent les planchers, piochèrent les
jardins. Aussi tout l'argent fut découvert.
Du reste, les Allemands cantonnant à Rembercourt et
qui avaient séjourné à Essey, déclarèrent à quelques
habitants que, dans cette dernière commune, ils
avaient enlevé plus de 200.000 francs. Ils
ajoutèrent qu'ils n'auraient jamais cru qu'une
pareille fortune pût se trouver dans un village !
L'habitant d'Essey qui nous a fourni ces derniers
renseignements avait pu quitter Rembercourt dès la
fin de décembre pour se rendre à Conflans, où il
séjourna plusieurs semaines.
Il nous a déclaré que cette dernière ville n'avait
pas souffert, mais qu'en revanche la petite commune
de Jarny était complètement détruite.
Dans les magasins de Conflans, on peut se procurer
de nombreuses cartes postales illustrées éditées en
Allemagne, représentant les ruines de nos malheureux
villages, détruits par nos ennemis.
Le 9 janvier, les autorités allemandes permettaient
à six cents Lorrains habitant Conflans de gagner la
Haute-Savoie par l'Allemagne. Réunis dans la cour de
la gare, les six cents émigrés montèrent dans les
wagons. Pendant quatre jours et quatre nuits ils
voyagèrent dans le même compartiment avant d'arriver
à Schaffouse. Pour tout aliment, ils reçurent un peu
de saucisse, le deuxième jour un morceau de pain.
Les seuls incidents du voyage furent à Landau, le
refus du gouverneur de recevoir les Lorrains, et à
Carlsrhue, la douloureuse séparation d'avec les
hommes âgés de 16 à 50 ans, qui durent quitter leur
famille, restant prisonniers en Allemagne.
En terminant cet intéressant récit, ce brave homme
nous a fait le plus grand éloge des habitants de
Rembercourt qui, malgré le joug allemand, se sont
entièrement dévoués pour leurs concitoyens du canton
de Thiaucourt Il a fait ressortir ainsi la façon
généreuse dont les Suisses accueillent nos
malheureux compatriotes et tâchent, par leurs soins
et leurs attentions délicates, de leur faire oublier
les misères, les outrages qu'ils ont dû subir de la
part des Allemands.
CH. LENOBLE.
AU PAYS MEUSIEN
Extraits du Bulletin des réfugiés meusiens :
A SAINT-HILAIRE
Le village servit d'abord de cantonnement aux
troupes françaises ; bientôt, hélas ! celles-ci
furent remplacées par des troupes allemandes qui
devaient y rester et y sont encore aujourd'hui.
La vie est dure pour les habitants.
« Dépeindre toutes les angoisses et les frayeurs par
lesquelles nous sommes passés, nous écrit l'un
d'eux, est chose impossible. »
Les postes allemands étant mal ravitaillés, les
Prussiens venaient, à minuit comme à midi, réclamer
du pain, du lard, des oeufs., pillaient les maisons,
toujours baïonnette au canon du fusil.
Vinrent ensuite les passages de troupes : il fallait
être sur pied toutes les nuits et avoir du feu prêt
pour les ennemis.
L'occupation définitive ne tarda guère Les maisons
regorgeaient d'hommes et de chevaux, A partir du 15
octobre, les obus commencèrent à pleuvoir, et, à
certains moments, on en était largement arrosé. La
maison occupée par M. Jules Brul en reçut six pour
sa bonne part. La vie sous la mitraille était un
véritable enfer.
Dernièrement, enfin, les Allemands se décidèrent à
faire partir une partie de la population.
Auparavant, ils avaient donné ordre aux habitants de
déposer entre leurs mains l'or, l'argent, les
billets français qu'ils pouvaient avoir ; en
échange, ils leur avaient remis des billets
allemands. Celui, en la possession duquel ils
auraient trouvé de l'argent français, aurait été
fusillé sans autre forme de procès.
- Neuf habitants furent désignés pour former le
premier convoi : M. Ambroise père ; Mme Darbois ;
Mme Louis-Jullot et ses enfants ; Mme Ang. Brul et
ses enfants.
On leur adjoignit cinq habitants de Wadanville-en-Woëvre,
village distant de deux kilomètres et demi : M. Alph.
Lallemand ; M. Leroy père ; M. Emile Lallemand et
ses deux filles. (Depuis la déclaration de guerre,
la femme de ce dernier est morte, et sa maison est
complètement incendiée.)
Après diverses pérégrinations, ces exilés sont dans
la Haute-Savoie depuis une quinzaine de jours.
A DOMMARTIN-LA-MONTAGNE
Les Allemands, arrivés le 21 septembre, ont fusillé,
le surlendemain, Charles et Emile Garzandat, deux
frères jumeaux, âgés de 69 ans. Ces deux hommes
venaient avec un panier, de chercher des prunes Les
Prussiens prétendirent qu'ils venaient de donner des
renseignements aux Français. Lés Barbares ont
ensuite enfermé toute la population civile dans la
maison d'école pendant un mois ; puis, vers le 25
octobre, ils l'ont transportée en Allemagne en
plusieurs convois.
A SAINT-MAURICE
Un habitant de Saint-Maurice emmené en Allemagne à
la fin de décembre et récemment rentré en France,
nous communique quelques renseignements sur
l'occupation allemande dans cette localité.
Le 20 septembre, deux gendarmes embusqués dans le
cimetière tirèrent sans succès sur une patrouille de
uhlans; le village n'étant pas occupé par nos
troupes, cette surprise aurait pu avoir pour les
habitants les suites les plus graves, si une
compagnie de coloniaux, (réserve du 15e corps,
arrivée dans la nuit, n'avait sauvé la situation.
Le lendemain, le village fut bombardé, puis, devant
les Allemands, arrivant en nombre, les coloniaux se
retirèrent, après un combat assez violent sur la
Côte.
Dès la prise du village, les Allemands arrêtèrent le
maire, M. Guillozet, et le curé, M. l'abbé Libre,
qui furent enfermés pendant trois mois avec
l'autorisation de recevoir leur repas du dehors et
de communiquer avec leurs familles pendant deux
heures par jour. En décembre, ils furent emmenés en
Allemagne avec une vingtaine d'habitants, dont M.
Bastien, juge de paix de Vigneulles, et sa femme ;
Mlle Libre, soeur du cure ; Fancien curé d'Hannonville,
vieillard aveugle et presque impotent, etc. Les
jeunes gens valides furent emmenés. des les premiers
jours de l'occupation, les autres habitants furent
employés à des corvées d'entretien des routes ;
chaque soir on les parquait dans
un magasin situé au centre du village pour y passer
la nuit.
Les Allemands procédèrent à de nombreuses et
minutieuses perquisitions chez les habitants
soupçonnés de cacher des armes ou d'avoir des
installations téléphoniques. Ils fusillèrent 8
personnes, dont 4 soldats. 2 habitants d'Hannonville,
Mme Barrois et M. Bilde, ce dernier pour avoir caché
un fusil sous un tas de foin.
Les maisons habitées furent respectées, les autres
furent entièrement pillées. La population ne manque
pas de vivres et les Allemands n'ont pas volé les
réserves de provisions des habitants restés au
village. Les officiers sont assez convenables ; ils
se sont fait photographier, à plusieurs reprises,
avec de jeunes enfants sur les bras. Les troupes
cantonnées à Saint-Maurice ne sont pas nombreuses ;
ce sont en grande partie des soldats d'origine
polonaise qui n'ont pour le kaiser et la guerre
qu'un enthousiasme très modéré. ne dissimulaient pas
toujours leur satisfaction lorsque des obus français
tombaient sur le village, leur faisant croire à
l'approche de nos troupes.
Les bombardements sont assez fréquents, mais ils
n'ont produit jusqu'à ce jour que peu de dégâts,
même celui des Allemands du 21 septembre (un obus a
éclaté sur la maison de Mlles Ligier, tuant 5
officiers allemands en train de déjeuner).
Toutefois, notre artillerie a fait d'assez grands
ravages parmi les troupes qui sont dans les bois et
sur lia Côte de Saint-Maurice, qu'un officier a
avoué n'être plus qu'un « vaste cimetière ».
Les Allemands avaient voulu imposer à la commune une
contribution de guerre de 50.000 francs en or et en
argent ; mais devant l'impossibilité matérielle de
réunir cette somme considérable, ils n'insistèrent
pas.
L'église, les maisons Bloquin et Pierson (en face de
l'église), avaient été transformées en ambulances ;
mais, en novembre, les blessés et les malades furent
évacués sur le château de Saint-Benoit, qui se
trouve à proximité de la ligne de raccordement à
voie normale de vigneulles à Chambley.
Sont décédés au cours des quatre derniers mois de
1914 : Mmes Pano, Laure Ligier, Lucie Laurent ; MM.
Grandgérard, Jules Rodrique et Dumanois père.
LA CONFÉRENCE DE LONDRES
Nancy 20 février.
On fait bien du bruit autour de la conférence de
Londres et des décisions si on peut dire - qui ont
été adoptées par le parti socialiste, ou du moins
par quelques socialistes réunis des nations alliées.
Quelques esprits prompts à s'émouvoir ont vu dans
cette parlote internationale une sorte d'abandon dé
nos droits. D'autres y ont souligné une menace
contre l'union dans l'avenir.
Du côté socialiste au contraire, certains ont tenté
une explication, et ont déclaré que la motion
confuse préparée dans ce congrès, qui n'est pas un
congrès, est une victoire sur le socialisme
allemand.
J'avoue que je n'y vois rien de tout cela. Les
socialistes assemblés à Londres ont, comme dit un
des délégués, le citoyen-Després, député de
Charleroi, répété dans des circonstances
exceptionnelles les cris qu'ils poussent dans les
circonstances normales.
C'est cela et rien que cela. A quoi bon grossir ou
déformer l'incident ?
Nous sommes tellement accoutumés maintenant à peser
le sens des mots, - la concision des communiqués de
la guerre est pour beaucoup dans cet entraînement, -
que nous commençons à peser même les paroles des
congrès socialistes.
Pourtant on sait bien que les socialistes ont des
formules qui n'ont pas de sens, que l'on répète
parce que c'est l'usage, que l'on se transmet de
camarade à camarade sans chercher autre chose qu'un
effet oratoire.
Il n'est pas besoin de chercher bien avant pour
trouver une contradiction effarante. La conférence
de Londres avait jugé utile d'exclure la presse et
de proscrire tout compte rendu des débats. C'était
indiquer clairement que tout n'est pas bon à dire en
public.
Pourtant, oubliant à la fin ce qu'elle avait décidé
au commencement, elle estime déplorable le système
des diplomaties secrètes. Ainsi la façon d'établir
les traités lui apparaît, si elle est publiée moins
dangereuse que le compte rendu des délibérations
d'un parti.
C'est à la vérité mettre le parti bien haut.
Ceci n'est qu'une indication sur le peu d'importance
que la conférence de Londres attribue aux mots et
aux gestes, mais une indication assez précise.
Dans ces conditions doit-on être frappé de tant
d'épouvante et professer tant d'indignation pour le
verbalisme simili-révolutionnaire de tous ces
entretiens ?
Non pas. Il faut prendre celui-ci pour ce qu'il est,
un rite qui ne signifie rien, et auquel les
socialistes seraient désespérés qu'on, attribuât un
sens quelconque.
Les habitudes, - surtout les mauvaises, - nous
tiennent très fort, notamment quand elles prennent
naissance dans l'âme obscure de congressistes
désireux de plaire à un parti, et souhaitant
ardemment qu'à chaque parole chacun puisse donner la
signification qui flatte le plus ses instincts, ses
idées, ses conceptions.
Assurément il ne convient pas, sous peine d'avoir de
gros déboires, de demander à des chefs de parti
l'héroïsme de la sincérité. Le chef de parti est
l'esclave de ce qu'il croit être son parti.
Souvent il se trompe. Cette fois-ci les chefs du
parti socialiste se sont trompés.
Le parti socialiste au feu n'est pas le parti
socialiste en réunion publique. Anglais, Belges,
Russes, Français, les socialistes se battent pour la
patrie et pour la liberté, et ne veulent pas savoir
autre chose.
Il est possible que cette union sacrée ne dure pas
plus longtemps que la guerre. Mais il est certain
aussi que d'ici là bien des points de vue auront
changé. Il restera quelque chose de l'élan commun,
de la fraternité présente, des dangers que l'on a
couru ensemble, des espoirs qu'ensemble on a
nourris. L'adversaire d'hier est devenu le camarade
de maintenant. On se connaît mieux, on s'est porté
secours les uns les autres, on a mangé le même pain,
pataugé dans la même boue, reçu des blessures des
mêmes balles, marché du même pas vers la mort ou
vers la victoire.
Et de cela il ne resterait rien ?
Chacun, oubliant cette existence de douleurs, de
privations et d'enthousiasme, retournerait à ses
idées, à ses bas intérêts, à ses haines ? La
solidarité émouvante qui tient bras à bras, coeur à
coeur, les patrons et les ouvriers, les citadins et
les paysans, les civils et les militaires, on la
déposerait en même temps que la capote et le fusil,
au moment où la France victorieuse signerait la paix
?
Allons donc ! Ce n'est pas un rêve, cela, c'est-un
cauchemar.
Le gouvernement allemand a déclaré la guerre, c'est
entendu. Mais les socialistes allemands n'ont-ils
pas pillé, violé, incendié, fusillé ? Les
socialistes allemands, - sauf une demi-douzaine, -
n'ont-ils pas approuvé leur gouvernement, et signé
de sang français, russe, belge et anglais leur
approbation ?
L'Internationale est morte. Les socialistes
allemands l'ont tuée. Ce n'est pas la victime la
plus pitoyable de la guerre. Quand la guerre sera
terminée, nous nous souviendrons, tous les Français,
que pendant des mois et des mois il y a eu non pas
la lutte des classes, mais l'émulation des classes
pour la défense du pays.
Et s'il n'est vraiment plus possible d'être frères
toujours, les Français seront certainement, même
dans la juste défense des intérêts, des amis.
RENÉ MERCIER.
LE VOTE OU BUDGET
Nancy 20 février.
La séance s'est ouverte, vendredi, à dix heures du
matin, sous la présidence de M. Simon, maire,
assisté de tous les adjoints.
M. Grosjean donne lecture de son rapport sur le
projet de budget de la ville de Nancy, pour l'année
1915.
De nombreuses augmentations de dépenses sont portées
aux premières prévisions.
Le budget pour l'année 1915 se présente ainsi :
Recettes ordinaires et extraordinaires 6.200.034 fr.
21
Dépenses ordinaires et extraordinaires 6.241.304 fr.
54
Soit un excédent de dépenses de 41.270 fr. 33
M. le maire ayant donné connaissance de ces chiffres
déclare que, pour couvrir le déficit, il propose
d'établir 1 cent. 08 additionnel sur le principal
des contributions qui produira une somme de 42.670
fr., soit un excédent de recettes de 3.389 fr.
Le budget est adopté à l'unanimité, moins une voix.
Le conseil adopte ensuite plusieurs marchés de gré à
gré.
LEURS ATTAQUES CONTINUENT
aussi infructueuses que sanglantes
Paris, 20 février, 15 h. 20.
En Belgique, l'ennemi a bombardé Nieuport, les bains
et les dunes. Ses batteries ont été efficacement
contre-battues par les nôtres.
Les Allemands paraissent avoir engagé des forces
importantes dans l'attaque dirigée hier contre nos
tranchées à l'est d'Ypres. Après un bombardement
intense de nos positions, ils ont attaqué à la
baïonnette; mais ils ont été repoussés, et notre
artillerie a pris sous son feu les réserves qui
devaient appuyer l'attaque. Les pertes allemandes
ont été très élevées.
De la Lys à l'Oise et sur l'Aisne, dans la région de
Berry-au-Bac, grande activité d'artillerie. Il se
confirme que les pertes de l'ennemi en Champagne, au
cours des dernières journées, ont été considérables.
D'après les dires des prisonniers, un bataillon
aurait été anéanti.
Sur les Hauts-de-Meuse, à la fin de la journée
d'hier, l'ennemi a prononcé contre les tranchées que
nous avons conquises aux Eparges une quatrième
contre-attaque, enrayée comme les trois précédentes
par le feu de notre artillerie.
Dans les Vosges, l'ennemi a continué, sans succès,
ses contre-attaques sur la cote 607 (sud de Lusse).
Au Sattel (sud de la Fecht), l'ennemi est parvenu à
prendre pied sur l'éperon est (Reichackerkopf). La
lutte continue sur ce point, où nous avons un poste
avancé.
La pluie et la neige tombent dans les Vosges.
Paris, 21 février, 0 h. 35.
Voici le communiqué du 20 février, 23 heures : En
Belgique et sur tout le front jusqu'à Reims inclus,
canonnades et fusillades.
Notre action continue en Champagne dans de bonnes
conditions. Nous avons repoussé plusieurs
contre-attaques et fait de nouveaux progrès au nord
de Perthes, en occupant un bois que l'ennemi avait
fortement organisé.
En Argonne, quelques engagements peu importants. Aux
Eparges, au sud de Verdun, après avoir repoussé une
sixième contre-attaque de l'ennemi, nous avons
prononcé une nouvelle attaque, qui nous a permis
d'élargir et de compléter nos progrès réalisés hier.
Nous avons pris trois mitrailleuses et deux
lance-bombes et fait deux cents prisonniers, dont
plusieurs officiers.
Sur les positions que nous avons enlevées à Xon,
nous avons trouvé des morts appartenant à cinq
régiments différents.
QUELQUES BEAUX FAITS D'ARMES
Dans l'Argonne et dans les Vosges
Vous complétons les dépêches télégraphiques déjà
publiées sur les faits de guerre (période décadaire
du 7 février matin au 17 février au soir) par le
texte même du rapport officiel, pour les ardents
combats de l'Argonne et ceux de la Meuse aux Vosges
:
DANS L'ARGONNE
Brillant succès de notre infanterie
Dans l'Argonne, une pluie violente, continue, mêlée
de, tempête de neige, abonné aux opérations un
caractère particulièrement pénible.
Les combats n'ont pas sensiblement modifié le front
des deux adversaires. Notre ligne a été portée en
avant de quelques centaines de mètres, le 17
février. Dans les journées précédentes, nous
l'avions maintenue.
Les actions d'infanterie, qui se sont déroulées dans
cette région, ont été extrêmement vives et
sanglantes. Il est facile de s'en expliquer la
raison.
Notre ligne principale de résistance, très fortement
organisée, n'a jamais été attaquée par les
Allemands. Tous les combats des dernières semaines
se sont livrés sur des « saillants » : saillant de
Bagatelle, saillant du Doigt-de-Gant, de
Marie-Thérèse, qui sont des éléments isolés et
avancés, sans lien direct avec la position Les
adversaires, aussi acharnés les uns que les autres,
se les disputent sans relâche. En fin de période
décadaire, nous avons conservé la totalité de ces
saillants. Nous avons même, comme il a été dit plus
haut, fait quelques progrès dans le bois de la
Grurie.
Ce résultat a été obtenu au prix d'efforts
énergiques et particulièrement méritoires.
Au saillant de Bagatelle, c'est le 7 et le 8 que les
Allemands nous ont surtout attaqués. Ils ont engagé
ces deux jours-là un régiment, et nous un bataillon.
Dans la soirée du 7, nous avons perdu une centaine
de mètres de tranchées. Nous les avons repris le 8
et dans la journée suivante, il n'y a eu que des
rencontres d'avant-postes.
Par contre, le 17, a l'ouest de Bagatelle, nous
avons enlevé plusieurs centaines de mètres de
terrain. Dans l'après-midi., les Allemands, avec une
véritable furie, ont essayé de les reprendre. Un
corps-à-corps forcené s'est engagé entre les
adversaires. On s'est battu a l'arme blanche pendant
plus de trois heures.
Nos troupes, dans ces actions, ont eu complètement
l'avantage. Les Allemands ont été repoussés et
décimés par nos baïonnettes. Notre infanterie a
prononcé coup sur coup plusieurs charges
magnifiques. Le 17 au soir, elle était organisée sur
le terrain conquis et en interdisait l'accès à
l'ennemi.
A Marie-Thérèse, le 9 et le 11, la lutte, sous la
pluie, dans la boue, a été plus chaude et plus
longue. Notre ligne, en ce point, marque un saillant
accentué qui a tenté l'effort de l'ennemi. Le 10 à 8
heures du matin, il a commencé le bombardement de
nos avancées, en inondant de projectiles
d'artillerie et de bombes le terrain en arrière. Il
a en même temps poussé ses travaux de sape jusqu'au
contact immédiat de nos tranchées.
Après une forte préparation d'artillerie, il a fait
sauter une quinzaine de mètres au bastion de
Marie-Thérèse et jeté sur les deux façes du saillant
de très grosses bombes qui y ont déterminé d'énormes
excavations. Immédiatement après, il a prononcé avec
trois bataillons une attaque d'infanterie.
Les premiers rangs étaient formés d'hommes armés de
grenades et de bombes. Derrière eux s avançait le
gros.
Le jet de bombes sur nos hommes, qui s'étaient
entassés dans les parties de tranchées momentanément
à l'abri, puis dans les boyaux de communication,
nous a causé des pertes, trois officiers ont été mis
hors de combat. Les compagnies, décimées, ont cédé
sous la poussée de l'ennemi, entraînant celles qui
tenaient les tranchées en arrière. A gauche et à
droite, au contraire, les compagnies voisines ont
conservé leurs positions.
Une contre-attaque a été exécutée aussitôt, mais
elle est tombée sous le feu des mitrailleuses que
l'ennemi avait amenées avec lui et n'a pas pu
déboucher. Elle a, en revanche, arrêté les Allemands
en avant de notre seconde ligne et repris, dans la
partie gauche du secteur perdu, une partie de nos
anciennes tranchées.
Une tranchée de barrage a été aussitôt établie entre
les deux lignes et nous nous y sommes maintenus,
malgré une très forte attaque qui est arrivée
jusqu'à nos parapets, mais qui a été repoussée. Les
Allemands y ont laissé beaucoup de monde.
Nous avons repoussé à la même heure une attaque sur
Fontaine-de-Madame.
Dans l'après-midi, nous avons prononcé à
Marie-Thérèse une nouvelle contre-attaque qui a
réussi a regagner sur la droite 150 mètres de
tranchée de première ligne, mais qui au centre,
prise d'enfilade par des mitrailleuses, a dû
s'arrêter en se cramponnant au terrain.
Pendant la nuit, des coups de main heureux, des
reconnaissances nombreuses nous ont permis de
reprendre un lance-bombes et un canon de tranchées,
qui avaient été perdus le matin.
Notre ligne nouvelle a été solidement organisée.
tandis que l'ennemi s'installait à 400 mètres de
notre ancienne première ligne, n'ayant gagné, par
rapport a ses anciennes positions, qu'une vingtaine
de mètres et n'ayant en rien entamé les nôtres.
Notre artillerie a infligé aux troupes allemandes
des pertes énormes. Devant nos tranchées, sur le
terrain d'abord perdu, puis repris, gisent plus de
400 cadavres ennemis. Toute la tranchée de première
ligne des Allemands est constituée par un
amoncellement de leurs cadavres.
Nos sapeurs du génie se sont particulièrement
distingues en organisant, sous un feu très vif, nos
nouvelles positions.
L'attaque ennemie avait été faite, d'après les
déclarations des prisonniers, avec une brigade et
demie. Nous avons perdu, en tués ou blesses, environ
500 hommes.
Des officiers français ont vu des soldats allemands
achever plusieurs de nos blessés à coup de revolver
de poche.
Il convient enfin de signaler les progrès que nous
avons réalisés dans la partie est de l'Argonne et
entre l'Argonne et la Meuse.
Les Allemands ont attaqué nos lignes dans la région
du Four-de-Paris et du ruisseau des Meurissons, dans
la journée du 17. Ils ont été repoussés avec de
fortes pertes.
En même temps, notre infanterie réalisait des
progrès appréciables sur le front est de l'Argonne,
à la cote 265, qui domine le village de Boureuilles.
Elle gagnait aussi du terrain sur toute la ligne qui
s'étend de l'Argonne à la Meuse, dans divers bois, -
bois de Cheppy, de Malancourt et de Forges.
Ce ne sont là que des actions locales dont on ne
doit pas exagérer la portée des effectifs restreints
y ont été engagés. Mais le succès qu'elles ont
obtenu témoigne avec une continuité impressionnante
de la valeur offensive conservée par notre
infanterie en dépit de son long séjour dans Les
tranchées.
DE LA MEUSE AUX VOSGES
Entre la Meuse et les Vosges, le temps a été comme
partout détestable. Mais, quand il pleut en Woëvre,
tout mouvement devient impossible. Deux petites
actions locales, une sur les Hauts-de-Meuse à
Saint-Remy, l'autre à Xon, sur la rive droite de la
Moselle, sont seules à signaler.
Dans la soirée du 9 février, nous avons attaqué le
village de Saint-Remy (7 kilomètres de
Fresnes-en-Woëvre, et à 23 kilomètres de Verdun, sur
le Longeau), avec une compagnie pour reconnaître
l'organisation des lignes ennemies. Un sol détrempé,
une pluie fine, une nuit très obscure rendaient la
marche et les liaisons particulièrement difficiles.
A deux heures et demie du matin, trois sections, en
rampant, ont atteint simultanément les abords du
virage.
La section nord franchit aussitôt les barricades
établies sur la route des Eparges, surprend le
poste, fait une vingtaine de prisonniers, dont un
sous-officier, et pénètre dans le village.
Par contre, la section du centre et la section du
sud se heurtent à des réseaux de fil de fer barbelé
très solides, établis à partir de l'église et
bordant toute la partie ouest et sud du village. Les
cisailles n'arrivent pas à triompher de la
résistance des fils de fer. L'opération est pénible,
prend du temps et fait du bruit. L'éveil est ainsi
donné.
Avant que le travail soit achevé, les Allemands ont
lancé une vingtaine de fusées éclairantes. Le feu
est ouvert sur nos deux sections. Ordre est alors
donné à nos hommes d'employer des explosifs et
d'entrer, coûte que coûte, dans le village pour
achever la reconnaissance.
Cet ordre est aussitôt exécuté et la reconnaissance
offensive atteint son but. A 4 heures un quart, les
trois sections regagnent la croupe de Saint-Remy,
ayant fait une quarantaine de prisonniers et tué une
centaine d'Allemands. Nous avons de notre côté deux
soldats tués et dix blessés. Tous les blessés ont pu
être sauvés.
L'entrain de nos troupes a été admirable. Quelques
soldats s'étaient fait porter malades le matin, au
moment ou il s'était agi de faire des corvées. Ils
ont tous, spontanément, demandé à aller au feu,
quand, le soir, l'ordre d'attaquer a été donné.
Au signal de Xon Au bois
Le Prêtre, nous avons enlevé plusieurs tranchées.
Au Signal-de-Xon, une. grand'garde française a été
attaquée, le 13, par deux bataillons allemands. Elle
a dû se replier, abandonnant la crête. Mais, le 14,
une contre-attaque nous a ramenés à notre point de
départ. Il n'y a pas eu, depuis lors, de nouvel
effort allemand.
A la ferme Sudel
Dans les Vosges, on doit signaler de brillants
succès de nos chasseurs, près de la ferme Sudel.
Dans la journée du 11, après une préparation
d'artillerie très violente, un de nos bataillons a
attaqué et enlevé successivement un bois et un
ouvrage fortement organisés. Nous avons fait une
trentaine de prisonniers, pris deux mitrailleuses et
du matériel.
L'ennemi a alors prononcé deux contre-attaques :
l'une venant de Rimbach, a été arrêtée net par le
tir efficace de notre artillerie; l'autre n'a pas pu
déboucher.
Nos pertes se sont élevées à une centaine de tués et
de blesses, dont trois officiers. L'attaque a été
très vivement menée, avec une liaison étroite entre
l'artillerie et l'infanterie.
Le lendemain, nous avons occupé la cote 937, à trois
cents mètres air nord-ouest de la ferme Sudel.
L'attaque a commencé a 16 heures. A 17 heures. le
résultat était acquis. Nous avions subi des pertes
insignifiantes.
Dans la matinée du 12, l'ennemi a violemment canonné
les positions conquises par nous, mais sans obtenir
aucun résultat.
Dans les journées du 16 et du 17, nos troupes ont
continué à progresser. Les Allemands ont prononcé
plusieurs contre-attaques qui ont été repoussées, et
sur notre riposte ils ont été obligés d'abandonner
plusieurs des croupes qui dominent la ferme Sudel.
Nous leur avons pris dans cette région un gros
lance-bombes, plusieurs mitrailleuses et plus de
20.000 cartouches. Notre ascendant paraît s'être
affirmé d'une façon durable.
Sur le reste du front vosgien, tout mouvement a été
impossible pour les Allemands comme pour nous. La
pluie, le brouillard, la tempête de neige opposaient
à l'infanterie et même à l'artillerie un obstacle
irréductible.
On peut signaler seulement quelques petites attaques
allemandes, toutes repoussées, le 9, à l'est de
Badonviller, le 10, à la Fontenelle et à Manonviller,
le 13, dans la haute vallée de la Lauch.
LES EFFORTS ALLEMANDS
en Champagne et en Argonne
NOUS VALENT DE BEAUX SUCCÈS
Paris, 21 février, 13 h. 10.
En Belgique, quelques actions d'infanterie dans le
secteur d'Ypres. Nous avons repris un élément de
tranchée que l'ennemi avait occupé un moment. Il se
confirme que les Allemands ont laissé sur le terrain
plusieurs centaines d'hommes. Nos pertes sont peu
élevées.
En Champagne, tous nos gains ont été maintenus. Deux
contre-attaques ennemies à la fin de la journée
d'hier ont échoué.
Dans les Vosges, nous avons repoussé trois attaques
: une sur la rive droite de la Fecht, deux sur la
rive sud. Nous avons ensuite contre-attaqué. Le
combat continue.
Voici le communiqué du 21 février, 23 heures :
Canonnade intermittente de la mer à l'Aisne, avec
tirs très efficaces de notre artillerie.
En Champagne, une contre-attaque, brillamment
refoulée, a été suivie d'une poursuite énergique de
l'ennemi qui nous a rendus maîtres de la totalité
des tranchées allemandes au nord et à l'est d'un
bois enlevé par nous hier.
Sur le reste du front de combat, deux autres
contre-attaques ont été repoussées et nous avons
réalisé de nouveaux progrès, notamment au nord de
Mesnil. Nous avons pris deux mitrailleuses et fait
une centaine de prisonniers.
L'ennemi a prononcé, aux Eparges; une septième
contre-attaque pour reprendre les positions
conquises par nous depuis deux jours.
L'OCCUPATION A ONVILLE
Onville a été occupé depuis le 20 août j'usqu'à la
fin d'octobre, par des troupes bavaroises, puis par
des troupes de Westphalie qui y sont encore à
l'heure actuelle.
On ne cite pas de violences contre les personnes ;
aucune maison n'a été incendiée ; quelques habitants
seulement, des jeunes gens notamment, ont été
emmenés en captivité.
Les Allemands ont réquisitionné tout ce qu'ils ont
trouvé comme vivres. On affirme qu'il n'y a plus, à
Onville, une goutte de vin.
Les ennemis vendent aux habitants du pain noir, à
raison de 0 fr. 30 la livre. Chaque habitant a droit
à une livre par jour. Il n'y a plus de viande, plus
de pétrole, plus de bois de chauffage. Les soldats
vont couper, au hasard, dans les forêts
avoisinantes, le bois qui leur est nécessaire pour
le chauffage. Ils ont également coupé tous les
noyers.
Les habitants ne reçoivent que des nouvelles de
source allemande. On leur dit que les Allemands sont
à 30 kilomètres de Paris, que leurs zeppelins ont
brûlé Nancy et que l'armée française, aussi bien
comme courage que comme matériel et comme
approvisionnements, est très inférieure à l'armée
allemande !
AU PAYS MEUSIEN
Du « Bulletin des réfugiés meusiens » :
Chaillon. - Toute la population a été emmenée le 11
janvier. Le village est transformé en camp de
ravitaillement. Une vingtaine de maisons ont été
démolies de fond en comble, et les matériaux ont
servi aux tranchées de toutes sortes. L'église n'a
pas trop souffert La nouvelle voie ferrée ne
dépassait par Creüe.
La région de Fresnes. - Un de nos concitoyens nous
écrit :
« J'y étais il y a cinq jours. Ce que je puis vous
dire, c'est qu'il ne reste rien. Tout est incendié
ou détruit. Il en est de même de beaucoup de
villages des environs : Champion, Riaville,
Pintheville, Hennemont, Les Eparges, endroit où les
tranchées françaises et allemandes sont à moins de
vingt mètres de distance, notre artillerie fait du
travail, car de l'endroit X où je me tiens souvent
pour régler le tir, on voit très bien nos 75 faire
voler tout en l'air, Prussiens, tranchées,
mitrailleuses boches. Tout ceci réjouit le coeur ;
les Allemands ont beau se cramponner, le jour n'est
pas éloigné où ils sauteront tous. Au village de
Mesnil, où je loge avec mon détachement, ils nous
tirent dessus tous les jours, mais les résultats
qu'ils obtiennent sont maigres ; à part quelques
murs écroulés, des toits percés, depuis un mois et
demi que j'y suis, je n'ai vu que deux blessés. Les
caves servent de refuge, ils peuvent alors taper
dessus, nous les narguons. »
VIFS COMBATS EN ALSACE
où l'ennemi
A SUBI DE LOURDES PERTES
Paris, 22 février, 15 h. 18.
Rien d'important à ajouter au communiqué du 21
février, soir.
Entre Argonne et Meuse, à la lisière du bois de
Cheppy, nous avons enlevé une tranchée ennemie et
élargi nos positions.
Aux Eparges, nous avons gagné du terrain sur un
point et reculé légèrement sur un autre.
Des combats d'infanterie où l'ennemi a engagé trois
régiments, se sont poursuivis en Alsace sur les deux
rives de la Fecht. Nos avant-postes se sont repliés
sur notre ligne de résistance que nous occupons
fortement. L'ennemi a attaqué en formations denses
et profondes qui lui ont occasionné de lourdes
pertes.
VENGEANCE DE SAUVAGES
Furieux d'échecs sur tout le front, les Allemands
bombardent de nouveau Reims et envoient un Zeppelin
sur Calais.
Paris, 23 février, 0 h. 50.
Voici le communiqué officiel du 22 février, 23
heures :
Un Zeppelin a bombardé Calais dans la matinée. Il a
Lancé dix projectiles qui ont tué cinq personnes
appartenant à la population civile. Il n'a causé que
quelques dégâts matériels sans importance.
Nos batteries ont démoli une pièce lourde, établie
près de Lombaertzyde.
Entre la Lys et l'Aisne, tirs efficaces de notre
artillerie sur des rassemblements et des convois,
qui ont été dispersés.
L'ennemi a bombardé Reims, violemment, dans la nuit
du 21 au 22 et dans la journée du 22 février. Le
bombardement a fait d'assez nombreuses victimes,
auxquelles les Allemands ont fait ainsi payer leurs
échecs de ces derniers jours.
Sur le front Souain-Beauséjour, nous avons réalisé
de nouveaux progrès Nous avons enlevé une ligne de
tranchées et deux bois. Nous avons repoussé
complètement d'eux contre-attaques particulièrement
violentes, fait des prisonniers nombreux et infligé
à l'ennemi des pertes élevées.
En Argonne, notre artillerie et notre infanterie ont
pris l'avantage, notamment près de
Fontaine-aux-Charmes, Marie-Thérèze et le bois
Bolant.
Entre Argonne et Meuse, nos progrès des deux
derniers jours ont été élargis et consolidés.
Aux Eparges, nous avons continué, par de nouvelles
attaques, à gagner du terrain. Nous tenons
maintenant la presque totalité des positions
ennemies.
Combres, au sud-est d'Eparges, est ainsi sous notre
feu.
Au bois Bouchat, au sud d'Eparges, une attaque
allemande a été repoussée.
Au Bois Brûlé, dans la forêt d'Apl"'h mont, nous
avons enlevé une tranchée.
En Alsace, nous avons occupé la plus grande partie
du village de Stoswihr, dont nous ne tenions hier
que les lisières.
LE COMITÉ
de défense des Réfugiés lorrains
Je soussigné, préfet de Meurthe-et-Moselle,
Vu le décret du 2 août 1914 et la loi du 5 août 1914
relative à l'état de siège,
Considérant qu'il s'est créé récemment à Nancy un
comité dit « Comité de défense des réfugiés lorrains
», que ce titre déjà est fâcheux puisqu'il peut
faire croire aux personnes mal informées que les
réfugiés lorrains sont, à Nancy, attaqués ou
menacés, et qu'ils ont ainsi besoin d'être «
défendus », ce qui est gravement contraire à la
vérité.
Considérant qu'en dépit de ce mauvais début, ce
comité eût pu rendre d'éminents services aux
réfugiés s'il avait eu la sagesse de ne point sortir
du rôle qui était réellement le sien, et de se
borner à guider et conseiller les réfugiés, à leur
faire connaître à qui ils devaient s'adresser, à
leur, indiquer comment leurs demandes pouvaient être
présentées, etc. ..et que sans doute tel était bien
le rôle que s'étaient assigné la plupart des
honorables membres qui, par dévouement à la chose
publique, avaient accepté d'en faire partie.
Mais considérant que ce comité a laissé son
président, étranger d'ailleurs au département, lui
imprimer un autre caractère et prendre les plus
regrettables initiatives, que le dit président n'a
pas craint d'adresser de divers côtés, notamment à
la Société d'assistance des réfugiés de
Meurthe-et-Moselle à Paris, des lettres qui ne
peuvent avoir pour effet que de jeter le trouble
dans les esprits.
Qu'il existe en effet ici un « Comité nancéien
d'assistance aux réfugiés », composé des
personnalités les plus hautement estimées, que le
dit comité a, depuis de longs mois joué un rôle
éminent, rendu les services les plus signalés,
dépensé pour toutes les questions touchant aux
intérêts des réfugiés et sinistrés, un dévouement et
une compétence dont on ne saurait trop le louer.
Que néanmoins le président du comité dit de «
défense » s'est manifestement efforcé, dans les
lettres susvisées, de se substituer au dit comité
nancéien et en même temps qu'à la municipalité,
qu'il a cherché en dehors de Nancy, auprès de
personnes peu au courant de la situation locale un
appui en vue de « recevoir, pour les distribuer »,
les secours destinés aux réfugiés.
Considérant que rien ne pourrait être plus contraire
à la fois et aux intérêts véritables des réfugiés et
à l'ordre public que la confusion morale ainsi
provoquée, en attendant la confusion matérielle qui
résulterait de sa campagne si celle-ci pouvait
aboutir.
Considérant que ce n'est ni le moment ni le lieu de
créer volontairement ou de risquer, par sa
maladresse, de créer parmi les réfugiés un état
d'agitation dont les moindres manifestations ne
pourraient, de toute évidence, être un instant
tolérées.
Et que les intérêts des réfugiés, dont la situation
est, dans l'immense majorité des cas, digne de toute
sympathie et de tout respect, continueront à être
traités tant par d'administration préfectorale que
par la municipalité de Nancy et aussi par le Comité
nancéien d'assistance, chacun en ce qui le concerne,
dans le même esprit qui les a jusqu'à ce jour
animés, c'est-à-dire avec le double, souci de
bienveillance et d'ordre, d'humanité et de contrôle,
avec la double volonté de soulager fraternellement
les misères, mais aussi de défendre les finances
publiques contre les tromperies et de prévenir les
abus,
Arrête :
Article 1er. - Le comité dit « Comité de défense des
réfugiés lorrains » est dissous.
Art. 2. - M. le commissaire central est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Nancy, le 22 février 1915.
Le Préfet,
Signé : L. MIRMAN.
LES OTAGES LORRAINS AU FORT D'INGOLSTADT
ANNEMASSE, février. - Un entrepreneur longovicien,
M. Remy, qui a passé cinq longs mois au fort Van der
Thann, d'Ingolstadt, m'a donné aujourd'hui quelques
renseignements sur diverses personnes qui
partageaient en Allemagne les rigueurs de la
captivité.
M. Remy occupait la chambre n° 34.
Il s'y trouvait en compagnie de M. Adam, maire et
conseiller d'arrondissement de Fréménil ; M.
Clochette, instituteur en retraite à Flin ; M.
Eugène Pochel, maire de Flin ; M. Roze Camille,
maire de Moyen, et le curé de cette commune emmenés
tous deux comme otages.
- Des circonstances assez curieuses, nous dit M.
Remy, avaient procuré au digne ecclésiastique les
bottes du colonel Mac-Mahon, l'ancien commandant du
10e chasseurs à pied... Il raconta l'histoire qui
lui valut le surnom de Mac-Mahon, dont il tirait
avec raison quelque orgueil... »
La chambre 34 réunissait encore les deux frères
Chatton, desservants l'un et l'autre de paroisses
lorraines ; M. le juge de paix d'Arracourt et le
curé de cette commune actuellement en traitement à
l'hôpital d'Ingolstadt ; M. Pastel, suppléant du
juge de paix - au même lieu comme on dit au Palais ;
M. le maire de Magnières, etc...
Quand la rentrée en France fut décidée, une formule
circula parmi les prisonniers. Chacun. d'eux était
tenu de répondre aux questions posées. Ceux qui
avaient été internés en qualité d'otages estimèrent
que ce titre leur vaudrait peut-être un avantage, un
tour de faveur particulier et qu'ils seraient
choisis pour former les premiers détachements :
- Ils se trompaient... Dès que les officiers eurent
consulté nos fiches, dit M. Remy, ils mirent de côté
les otages et résolurent de les maintenir au camp
d'Ingolstadt. » .
Parmi les habitants de Lunéville dont la mémoire de
l'entrepreneur longovicien conserve le souvenir,
citons encore un instituteur, M. Lecomte, les maires
de plusieurs localités des environs de Lunéville,.
puis MM. Carrière, Alison, Granger, etc.
ACHILLE LIEGEOIS.
RÉFUGIÉS LORRAINS
La Chambre de commerce nous remet copie d'une liste
d'habitants de Meurthe-et-Moselle, emmenés comme
otages par les Allemands, puis relâchés, et qui se
trouvent actuellement dans le département du Gard,
arrondissement du Vigan.
Cette liste lui est parvenue par l'intermédiaire de
la Chambre de commerce de Nîmes à laquelle elle
l'avait demandée.
Cette liste ne contenant pas l'adresse actuelle des
réfugiés, leurs familles pourraient correspondre
avec eux en adressant leurs lettres « aux bons soins
de M. le Sous-Préfet du Vigan .» Voici la liste :
ARRONDISSEMENT DU VIGAN
ÉTAT DES RÉFUGIÉS
du département de Meurthe-et-Moselle
Commune d'Abbéville. - Provang Léontine 30 ans ;
Sibille Jeanne, 23 ans ; Choppe Gaspard, 66 ans ;
Bachelier Léonie, 68 ans ; Barbier Marie, 66 ans.
Commune de Waville. - Thiriet Marie, 15 ans Commune
d'Essey-et-Maizerais. - Peltre Florentine, 61 ans ;
Mancollot Marie, 32 ans.
Commune de Saint-Baussant. - Pêcheur Marie, 25 ans.
Commune de Pont-à-Mousson. - Gauthier
Anna-Catherine, 43 ans ; Gauthier Marguerite, 12 ans
; Gauthier Germaine-Marie, 10 ans ; Gauthier
Georges, 9 ans ; Gauthier Camille-Louis, 7 ans ;
Gauthier René-Claude, 6 ans ; Gauthier Marcel-Henri,
4 ans ; Gauthier Jeanne-Eugénie, 2 ans.
Commune d'Essey-et-Maizerais. - Chotin Marie, 36 ans
; Guéry Euphrasie, 66 ans ; Guéry Théophile, 70 ans
; François Angèle, 38 ans ; François Marguerite, 13
ans ; François Emile, 12 ans ; François Henri, 10
ans ; François Lucien, 6 ans ; François Lucie, 3 ans
; François André, 2 ans.
Commune d'Abbéville. - Lefèvre Pierre, 62 ans.
Commune de Pagny-sur-Moselle. - Nicolay Alfred, 16
ans.
Commune de Cirey. - Breton Julien, 17 ans.
Commune de Villecey. - Thierry Maurice, 18 ans.
Commune de Pagny. - Junger CamiMe, 17 ans.
Commune d'Onville. - Bastien Fernand, 17 ans.
Commune de Longwy. - Chauveau Sophie, 33 ans ;
Chauveau Julien, 4 ans.
Commune de Haudreville. - Mechel Lucien 5 ans ;
Mechel Marie, 24 ans.
Une PLUIE D'OBUS SUR REIMS
Dégâts et Victimes
Paris, 23 février, 15 h 30.
Rien d'important à ajouter au communiqué d'hier
soir.
A l'ouest de Lombaertzyde, l'ennemi avait préparé
deux attaques d'infanterie qui, prises sous notre
feu, n'ont pas pu déboucher.
Le bombardement de Reims signalé dans la soirée a
été extrêmement violent.
Il a duré une première fois six heures, une seconde
fois cinq heures. 1.500 obus ont été lancés sur tous
les quartiers de la ville. Ce qui reste de la
cathédrale, particulièrement visée, a souffert
gravement. La voûte intérieure, qui avait résisté
jusqu'ici, a été crevée. Vingt et une maisons ont
été incendiées. Vingt civils ont été tués.
A l'est de l'Argonne, entre Malancourt et la Meuse,
notre artillerie a imposé silence à une batterie
allemande et a fait sauter ses caissons.
Sur le reste du front, rien de nouveau.
L'AFFAIRE de NOROY et de XON
Comment nos braves du 277e en ont chassé l'ennemi la
baïonnette dans les reins
Paris, 24 février, 1 h. 10.
La hauteur du Signal de Xon forme sur notre ligne,
au nord de Pont-à-Mousson, un saillant.
Nous avions organisé cette position avancée, qui
protège indirectement la ville de Pont-à-Mousson et
domine les vallées de la Moselle et. de la Seille.
A l'est de la hauteur est le hameau, de Noroy, qu'il
ne faut pas confondre avec le village de Noiroy, sur
la rive gauche de la Moselle.
Ce hameau n'était occupé que par un petit poste.
Dans l'après-midi du 13 février, les Allemands, par
une attaque brusquée, se rendirent maîtres du Signal
de Xon et du hameau de Noroy.
Cette attaque brusquée fut exécutée par deux
bataillons, et préparée par un bombardement intense
d'obus de gros calibres.
La compagnie qui tenait le Signal fut assaillie par
les troupes d'assaut ennemies, alors qu'elle sortait
de ses abris où elle avait cherché protection contre
l'artillerie. Elle fut submergée. Un officier
réussit cependant à en ramener une partie dans nos
lignes.
Le soir même, par une contre-attaque, nous
reprenions pied sur la hauteur, dans sa partie sud.
Dans la journée du 14 février, l'action se
poursuivit, et, à la fin de l'après-midi, l'ennemi
ne tenait plus, sur les pentes nord, que quelques
éléments de tranchées.
Il réussissait, par contre, à se maintenir sur les
pentes ouest et est, où il se creusait des
tranchées.
Le 16 février, nous reprîmes l'attaque. Notre
artillerie bouleversa les défenses ennemies,
organisées à la lisière de Noroy.
Deux compagnies du 277e d'infanterie se lancent, dès
que le canon s'est tu.
Un combat acharné s'engage dans les rues, de maison
à maison.
Pendant que se déroule cette lutte confuse,
l'artillerie lourde allemande bombarde le village,
atteignant à la fois assaillants et défenseurs.
Les soldats du 277e, sous la conduite de chefs
énergiques, combattent avec opiniâtreté et font
preuve du plus beau courage.
A la fin de la journée, le hameau de Noroy n'était
pas encore à nous. Nous tenions seulement les
tranchées s'étendant à l'est des maisons, jusqu'au
cimetière.
Le même jour, sur les pentes ouest du Signal de Xon,
une contre-attaque ennemie était repoussée par nos
feux d'artillerie et d'infanterie.
Le 18 février, les Allemands étaient définitivement
chassés de toute la hauteur du Signal de Xon et de
Noroy.
Quoi qu'en ait dit le communiqué du grand état-major
allemand, l'ennemi n'a pas évacué Noroy de son plein
gré. Pendant plus d'une heure, une lutte très chaude
s'est livrée dans le hameau, où nous sommes entrés,
baïonnette au canon.
Les Allemands, très éprouvés, n'ont pu tenir ni à
Noroy, ni sur les pentes du Signal de Xon.
Les cadavres allemands, très nombreux, trouvés sur
le terrain, appartenaient à cinq unités différentes
de la landwehr, des pionniers et des sections de
mitrailleuses.
Par les importants effectifs engagés, par la
concentration de leur feu, les Allemands ont révélé
le prix qu'ils attachaient à ce point avancé de
notre ligne.
Malgré tous les moyens mis en oeuvre, leur entreprise
s'est terminée finalement par un échec complet.
Au VENTRE
Nancy, 24 février.
Les Allemands font grand tapage autour du blocus
organisé par les Alliés. Avec des larmes dans la
voix, les Barbares se plaignent de la barbarie avec
laquelle on les traite. Faire mourir de faim des
non-combattants, des vieillards, des femmes, des
enfants, mon Dieu, quelle horreur !
Et c'est pour cette raison qu'ils ont décidé de
torpiller tout navire neutre ou pas neutre, de
commerce ou de guerre, qui tenterait de pénétrer en
Angleterre, et qu'ils ont résolu d'envoyer
équipages, passagers et marchandises au fond de la
mer.
Pour un peuple qui fait de la méthode comme d'autres
font de l'artériosclérose, et qui tient la logique
pour l'unique règle de vie, le raisonnement paraît
un peu hasardeux
J'entends bien que cette démolition des navires
neutres a la prétention d'être une mesure capable
d'affamer l'Angleterre, et que ce point de vue est
le seul point de vue allemand. Mais le point de vue
des neutres ? Il existe aussi. Et les neutres se
chargeront sans doute de le faire bien voir.
En vérité les Allemands ont une psychologie
curieusement démontable. Ils se souviennent fort
bien de ce qu'ils ont intérêt à se rappeler, et
oublient avec une prodigieuse facilité ce qui n'est
pas favorable à leurs thèses.
Au début de la guerre ils déclaraient, en
envahissant le Luxembourg et la Belgique, que
nécessité fait lui. Si nécessité fait loi pour eux,
elle doit pareillement légiférer pour l'Angleterre
et pour ses alliés.
Mais on n'a pas besoin de prendre leurs arguments.
La gloire des combattants de la civilisation est
d'avoir toujours repoussé le principe du talion.
Il a cependant toujours été admis qu'en temps de
guerre l'assiégeant avait le droit de réduire
l'assiégé par la famine. Cela faisait partie des
habitudes de la guerre aussi bien qu'autrefois le
jet du javelot, et maintenant la pluie des obus.
Jamais personne n'a songé à le discuter.
Et les Allemands ne le discutaient point quand ils
assiégeaient Paris, et ils n'auraient pas compris
qu'on le discutât.
Quand la population civile en 1870 mangeait des
rats, quand les femmes sous la pluie et la neige,
attendaient des heures devant les boulangeries une
misérable ration de pain de siège, quand les enfants
pleuraient et mouraient sur le sein tari des mères,
quel accueil aurait eu un parlementaire s'il était
allé dire à Bismarck :
- Notre population souffre trop. Laissez donc entrer
à Paris des approvisionnements ?
Bismarck se serait esclaffé. Il aurait renvoyé le
négociateur en le lardant de sa brutale ironie.
Berlin sera dans quelque temps comme fut Paris
pendant l'année terrible. Et l'Allemagne sera comme
Berlin. Alors nous verrons si les Berlinois et les
Allemands ont devant la faim une tenue aussi
héroïque que celle des Parisiens de 1870.
Nous avons vu pendant la guerre présente tant de
Français blessés, martyrisés, tués, tant de
vieillards assassinés chez nous et en Belgique, tant
de villes et de villages bombardés et brûlés que le
sort des Germains réduits au pain K.K. nous laisse
vraiment sans une larme. Et si nos ennemis sont même
un de ces jours obligés à manger la « boule de sang
», ma foi, ils y retrouveront le goût du pain qu'ils
ont mangé en France alors qu'ils fusillaient les
innocents en masse dans la lueur des incendies.
En Allemagne on apprendra ainsi que la guerre a
quelques graves désagréments. Jusqu'ici les soldats
du kaiser n'ont guère connu que les profits de la
bataille. Leurs parents s'apercevront bientôt que
tout n'est pas bénéfice dans le métier d'agresseur.
Nous ne sommes peut-être pas aussi près que nous
l'espérons de la défaite des Barbares par la famine.
Ils ont si minutieusement préparé leurs armes dans
cette guerre atroce qu'ils seront certainement
portés par leur orgueil pendant un temps assez long.
Mais la revanche sera complète. Comme ils ont affamé
Paris, nous affamerons Berlin. Leurs philosophes se
chargeront de leur expliquer que les événements ont
un flux et un reflux.
César disait à ses soldats : « Frappez au visage. ».
L.'Angleterre, pratique, et sachant que le visage
n'est pas la partie la plus vulnérable de
l'Allemand, a décidé de frapper au ventre.
RENÉ MERCIER.
NOUVEAUX PROGRÈS
Deux régiments allemands ont perdu aux Eparges plus
de 3,000 hommes
Paris, 24 février, 15 h. 08.
Rien d'important à signaler depuis le communiqué
d'hier soir, sinon quelques actions heureuses de nos
troupes, vers Auberive-sur-Suippe, et de nouveaux
progrès au nord de Perthes.
Paris, 25 février, 1 h. 20.
Communiqué officiel du 24 février, 23 heures :
De la Lys à l'Aisne, combats d'artillerie parfois
assez vifs et tous favorables pour nous.
En Champagne, au nord de Mesnil, nous avons réalisé
de nouveaux progrès. Nous avons repoussé plusieurs
contre-attaques.
Dans les Hauts-de-Meuse, notre artillerie a réduit
au silence plusieurs batteries allemandes.
Des rapports complémentaires précisent l'importance
particulière de notre succès aux Eparges et
l'étendue des pertes ennemies ; sur une très petite
partie du front enlevé par nous, nous avons trouvé
déjà, plus de six cents morts allemands.
D'après les prisonniers faits depuis, dans cette
action, deux régiments allemands chassés de leurs
positions par notre attaque, ont perdu plus de trois
mille hommes, soit plus de la moitié de leurs
effectifs.
Nous avons progressé au bois Brûlé, dans la forêt d'Apremont.
Nos gains maintenus ou accentués
Paris, 25 février, 15 heures.
Près de Lombaertzide, notre artillerie a démoli un
blokhaus et des observatoires ennemis.
En Champagne, nous avons maintenu les nouveaux
progrès réalisés hier, et toutes les contre-attaques
ennemies ont été repoussées.
Nos aviateurs ont lancé soixante bombes sur des
gares, des trains et des rassemblements ennemis. Ce
bombardement, qui xi pu être contrôlé, a été très
efficace.
En Argonne, à Marie-Thérèse, l'ennemi a tenté une
attaque qui a été immédiatement arrêtée.
Entre Argonne et Meuse, au bois Cheppy, nous avons
réalisé de nouveaux progrès.
Notre artillerie lourde a détruit des abris blindés.
L'ennemi n'a pu nous reprendre les tranchées
conquises.
En Lorraine, près de Parroy, rencontre de
patrouilles ; les Allemands ont été-mis en fuite.
Voici le communiqué officiel du 25 février, 23
heures :
Dans la région de Lombaertzyde, notre artillerie a
réduit au silence et endommagé gravement une
batterie ennemie.
La journée a été relativement calme sur le front,
depuis la Lys jusqu'en Champagne.
Dans la région de Souain-Beauséjour, les opérations,
ont continué dans des conditions favorables pour
nous.
Nous avons enlevé notamment un ouvrage allemand au
nord du Mesnil et dispersé par notre feu une colonne
en marche. Au sud-est de Tahure, nous avons éteint
le feu d'une batterie ennemie et fait sauter
plusieurs caissons.
En Argonne, au ruisseau de Meurissons près du
Four-de-Paris, nous avons détruit un blokhaus. A
Marie-Thérèse, une attaque allemande qui essayait de
déboucher a été arrêtée par notre feu.
VERDUN INVIOLABLE
Les héroïques combats
DES ÉPARGES
Paris, 26 février, 1 h. 31.
L'investissement de Verdun a été toujours l'objectif
de l'état-major allemand, qui y a employé de grands
moyens. coûteux et inutiles. L'offensive allemande
au sud-est du camp retranché sur la Meuse, a été
arrêtée à Saint-Mihiel, et l'ennemi ne peut pas
progresser sur les Côtes de Meuse, qui forment, à
l'est, les défenses de la place.
Les Allemands ont réussi cependant à mordre sur les
côtes de Meuse, au nord-est de Saint-Mihiel. Ils ont
occupé Vigneulles, Hattonchâtel et la forêt
Montagne.
Plus au nord, les Allemands ne tiennent pas les
Côtes de Meuse, mais seulement la partie méridionale
de la ligne des hauteurs qui les bordent.
Dans le vallon séparant ces hauteurs des Côtes de
Meuse proprement dites, quelques maisons composent
le village des Eparges.
Les premières tranchées allemandes sont creusées à
l'est du village. Sur la crête, l'ennemi a organisé
une position très forte, défendant deux cols qui
conduisent aux Eparges et à Saint-Remy.
Le village, des Eparges est entre nos mains.
Saint-Remy a été enlevé aux Allemands par un coup de
main, le 9 février, et la progression des Français
dans cette région menace donc la position des
Allemands dans la forêt Montagne et indirectement,
leur occupation de Saint-Mihiel..
Ainsi s'explique l'acharnement mis par nos
adversaires à défendre leur redoute des Eparges.
Notre, attaque fut préparée par une avance
méthodique à la sape.
Par des boyaux, nous cheminâmes depuis le fond du
vallon vers les tranchées ennemies, devant
lesquelles des fourneaux de mines furent installés.
Le 17 février, au matin, le feu fut mis aux mines.
La ligne des entonnoirs bouleversa les glacis,
offrant une première protection aux troupes d'assaut
qui attendirent que le canon leur eût ouvert la
route.
L'artillerie française obtint des résultats
remarquables. Toutes les défenses accessoires furent
détruites avec une rapidité et une précision qui
produisirent une impression de terreur chez
l'ennemi.
Les troupes d'assaut occupèrent les tranchées. Tout
le bastion ouest était pris.
Restait, en face, le bastion est. Profitant de
l'effet de surprise produit sur l'ennemi, nous
enlevâmes une partie de d'ouvrage.
Notre gain total représentait cinq cents mètres de
tranchées. Nos pertes étaient minimes.
Dans la nuit du 17 au 18, l'ennemi bombarda ses
positions perdues. Le 19 au matin, il tenta, sans
succès, une contre-attaque. Dans l'après-midi le
bombardement redoubla. Les Français évacuèrent
momentanément le bastion ouest. A la fin de la
journée, ordre fut donné de reprendre la position.
Les batteries françaises rouvrirent le feu sur les
tranchées que l'ennemi avait de nouveau garnies.
Puis les Français complétèrent leur succès à la
baïonnette, par des corps-à-corps d'une extrême
violence.
Dans une seule tranchée, on trouva deux cents
cadavres d'Allemands.
Le 19 février fut marqué par cinq contre-attaques
allemandes. Toutes furent enrayées par notre
artillerie ou repoussées par notre infanterie.
L'ennemi éprouva de lourdes pertes.
Le 20 février, nous déclanchons une nouvelle attaque
contre le bastion est. Nous nous emparons d'un bois,
de sapins, où les tranchées allemandes formaient le
saillant avancé du bastion. Nous faisons deux cents
prisonniers, dont deux officiers, et prenons trois
mitrailleuses et deux lance-bombes. Sur la courtine,
nous tentâmes également une attaque. Nous prenons
une ligne, mais ne parvenons pas à nous y maintenir.
Une contre-attaque sur le bastion n'a pas plus de
succès que les précédentes.
Le 20 au matin, des Allemands lancent sur le bois de
sapins une attaque en masse sous le poids de
laquelle nos fantassins français fléchissent
momentanément, mais par une contre-attaque
vigoureuse, ils reviennent à la lisière du bois et
gagnent dans les tranchées formant courtine une
longueur d'une centaine de mètres.
Le 21 février, nous repoussons encore une
contre-attaque, la dernière.
L'ennemi est manifestement épuisé. Ses pertes sont
évaluées à trois mille hommes, soit la moitié des
effectifs engagés.
Au cours de ces combats, s'affirmèrent la maîtrise
de notre artillerie et les incomparables qualités
offensives de notre infanterie. Celle-ci, après cinq
mois de tranchées, n'a rien perdu de sa bravoure ni
de son entrain, mais elle est devenue prudente et
manoeuvrière.
Le résultat est à l'honneur du commandement, qui
prépara méthodiquement et lança énergiquement
l'attaque qui nous assura une position avantageuse
et l'ascendant moral sur notre adversaire.
HABITANTS DE LA MEUSE
réfugiés dans l'arrondissement d'Uzès (Gard)
Marchal Zenot, de Sivoy, Jayet Jules, F de Gercourt
; Bissieux Célestin, de Gercourt ; Thomas
Jean-Baptiste, de Loison ; Lecourtier Nicolas, de
Orne ; Godefroy Charles, de Damvillers ; Mercier
Alcide, de Gercourt ; Lereceveur Joseph, de Xivray ;
Rosein François, de Xivray ; Picard Auguste, de
Vilosne ; Protin Eugène, de Varennes ; Colin
Auguste, de Vilosne ; Guilloze Valentin, de Xivray ;
Bigerel Louis, de Xivray; Henry Charles, de
Mangiennes, à l'hôpital d'Uzès (Gard) ; Brion
Constant, de Vilosne, à Montaren (Gard) ; Pagard
Justin, de Vilosne, à Montaren (Gard) ; Simon
Joseph, de Xivray ; Groff Alfred, de Lahayville ;
Gillet Frédéric, de Grémilly ; Brion Nicolas,
d'Etray ; Haîwant Jules, de Damvillers ; No ailles
L.Joseph-Eugène,, de Saulmory ; Vandelin Alexandre
de Saulmory ; Leloup Jules, de Sommerante, à
Servière-Labaume (Gard) ; Manchot Jules, de
Haraumont ; Michel Ernest, de Lahayville ; Pagard
Philibert, de Vilosnes, à Montaren (Gard); Leplomb
Philogène, de Villefranche ; Lallemand Laurent, de
Vilosnes ; Caron Albert, de Dreslincourt ;
Bessessart Albert.
de Dreslincourt ; Hucbourg Emile, d'Ecurey ; Bigerel
Charles, de Xivray ; Maitrehen Germain, de Damrevoux
: Henry Marcelin, de Mangiennes, à
Saint-André-l'Olérargues (Gard) ; Lamor Charles, de
Vilosnes : Bey Auguste, de Contrisson ; Caquald
Auguste, de Loison ; Baulin Auguste, de Froidos ;
Robert François, de Damvillers ; Aubrv
Jean-François, de Peuvillers, à
Saint-André-d'Orlérargues (Gard) : Perin Louis.. de
Bouconville; Hudel Valentin, de Cuisy ; Bon
Delzedard, de Lissy ; Michel Théophile, de Riaville
: Houpe Alexandre, de Vilosnes ; Servais Louis, de
Lusy, à Lussan (Gard);
Wilmet Victor, de Lusy ; Poncelet Théophile, de
Haraumont ; Gilson Nicolas, de Loison ; Sartelet
Alphonse, de Montblainville ; Maisonhaute Abel, de
Branville ; Rousseau Charles, de Cunel ; Lamor
Emmanuel, de Vilosnes ; Lambinet Arsène, de Halles ;
Gavard Eugène, de Doulcon, à Belvezet (Gard) ;
Richard Gustave, de Villefranche, à Lussan (Gard) ;
Briet Auguste, de Doulcon, à Belvelzet (Gard) ;
Ravenel Edmond, d'Aincreville, à Belvezet (Gard) ;
Gérard Charles, de Xivray, à Saint-Quentin (Gard) ;
Legranger Emile, de Greslincourt ; Companily
Antoine, de Xivray ; Robinet Alexis, de
Billy-les-Mangiennes ; Gérard Jules, Montmédy ;
Barrois Julien, de Demange ; Sampont Etienne,
d'Azannes ; Bège, Gustave, de Nantellois ; Anbiot
Onésime, d'Augeville; Azabert Anastase, de
Bauthville ; Dulphy J.-Baptiste, de Batincourt, à
Saint-Siffret (Gard) ; Garaudel Victor, de
Mangiennes ; Lemainque Arsène, de Mangiennes ; Sauce
François, de Maizeray ; Lescuyers Arsène, de
Montfaucon, à SaintSiffret (Gard) ; Goubaux
Jean-Eugène, de Loison ; Sartelet François, de
Nantillois ; Detour Jean-Baptiste, de Montfaucon ;
Alt Nicolas, de Ecurey ; Génin Lucien, de Damvillers
; Lacour Eugène, de Mangiennes, à Servière-Labaume
(Gard) ; Géniot Charles; de Mangiennes ; Desmarais
Jean-Baptiste, de Romagne ; Dilon Anatole, de
Xivray, à l'hôpital de Nimes (Gard) ; Gavard Louis,
de Montfaucon; Perrin Pierre, de Nantilliis, à
Vallerargues (Gard) ; Charles Amable, de Romagne ;
Parent Gabriel, de Damvillers ; Charlet Victor, de
Sivry-sur-Meuse ; Udron Nicolas, de Riaville ;
Toussaint Nicolas, de Riaville; Lombal Augustin, de
Sivry-sur-Meuse ; André Fortuné, de Ecurey ;
Mirbelle Dieudonné, de Riaville ; Daunods Alfred; de
Pintheville ; Colllot Désiré, de Xivray ; Bertin
Emile, d'Anzerville ; Lecrique Emile, de Doulcon ;
Burteaux Eugène, de Consenvoye; Tourteau François,
de Septsarges ; Lamor Jean, de Danvoux ; Cochard
Nicolas, de Manjions ; Bouchet Gabriel, de
Bandeville ; Peureux Auguste, de Farges ; Franzetti
Louis, de Livry ; Dedouard le Lorrain, de Vilosnes ;
Salin Dominique, de Livry ; Didier Xavier, d'Ecurey
; Joly Louis, de Verdun ; Henriot Colin-Ernest, de
Magneville ; Dappe Emile, de Monblainville ; Villant
Théodule, de Réville, à Serviers-Labaume (Gard) ;
Pilon Adolphe, de DamviEws, à
Saint-André-d'Olérargues (Gard) ; Collignon Emile,
de Cierges ; Blaize Emile, de Woel-sur-Meuse ;
Lavigne Hippolyte, de Cuisy ; Fallet Achille, de
Damvillers ; Lefèvre Charles, de Manglennes ;
Mézières François, de Billy-les-Mangiennes ; Bailly
Alphonse, de Mangiennes, à la Bruguière (Gard) ;
Marchand Jules, de Danvoux ; Sauvage Eustache, de
Vassincourt ; Fris Ernest, de Loison; Jozan Jules,
de Loison; Didion Onésime, de Montblainville; Pierre
François, d'Azannes ; Watier Honoré, d'Azannes ;
Jacquet Eugène, de Sassey ; Godion Jean-Loui,, de
Montfaucon; SaintVenner Julien, de Ecurey ; Bertrand
Auguste, d'Azannes ; Fontenelle Jean, de Damvillers;
Lemole Charles, de Vancourt; Gérard Nicolas, de
Romagne; Collin Jean-Baptiste, de Luvy, à Lussan
(Gard) ; Verjus Prosper, de Septsarges; Lerodle
Justin, de Mangiennes ; Grugel Ernest, de Cuisy;
Curé Eugène, de Montfaucon ; Marquet Jean-Pierre, de
Gercourt, à Fontarèches (Gard) ; Tremelet Paul,
d'Epinonville ; Clarenne Jules, de Gremilly, à
Verfeuil (Gard) ; Cochenet Edouard, de Gremilly, à
Verfeuil (Gard) ; Cochenet Emile, de Gremilly ;
Wuillemin Prosper. d'Ecurey ; Georges Honora, de
Loison; Pont Auguste, de Loison ; Depuis Alfred, de
Wisippe ; Prudhomme Charles, de Damvillers ; Croisy
Pierre, de Damvillers ; Pierrard Armand, de Ligny ;
Guesquin Cléophat, de Broncourt ; Pergent Adolphe,
de Mangiennes ; Philippe Charles, de Mangiennes ;
Soyet Auguste, de Xivray ; Arnould Jules, de Xivray
; Milliard Nicolas, de Xivray ; Etienne Hubert, de
Vilosnes ; Marchal Adolphe, de Vilosnes ; Debout
Alexandre, de Luzy ; Huart Eugène, de Mangiennes ;
Richard Isaré, de Lissey; Collard Clément, de Loison
; Menne Théophile, de Ecurey ; Verjus Paul, de
Septsarges; Jouy Arthur, de Saulmory ; Coeslin
Onësime, de Blucourt ; Piedfer Gabriel, de Dommartin
; Antoine René, de Gremilly; Sergent Louis, de,
Mangiennes ; Doyen Joseph, de Mangoolnnels; Noël
Alexis, de Billey ; Marchand Pierre., de Septsarges
; Wathlét Emile, de Norroy ; TMrion Adrien, de
Beauclairs ; Vissaux Maurice, de Montigny ;
Mettavant Jules, du Thillot ; Bertignon Céleste, de
Wavril ; Etienne Victor, d'Etraye ; Hennequin
Eugène, de Romagne ; Poilbanc Augustin, de
Charpentry ; Philbert Aimé, de Forges ; Poilbanc
Auguste, de Montblainville, à Montaren (Gard) ;
Paquin Nicolas, de Riaville ; Mercier Achille, de
Ziercourt; Harion Edouard de Flabadas ; Huot
Edouard, de Septsarges; Moiiss Jean, de Montfaucon ;
Baigniez Alexis, de Nantillois ; Collet Pierre, de
Septsarges ; Gare François, de Ligny, a Uzès (Gard)
; Marquet Jules, de Marbotte, Hauge Jean-François,
de Donnevaux ; Charpentier Jules, de Billy ; Michel
Jules, de Renille; Hiltein Prosper, de Soissons, à
Uzès (Gard), décédé le 13 février ; Domois Onésime,
de Sivry-sur-Meuse; Henry Charles, de Mauchemort, à
l'hôpital d'Uzès (Gard) ; Blanc Paul, de
Champeniilly, à Montaren (Gard) ; Hubert Etienne, de
Vilosne, à Montaren (Gard) ; Hubert Marchal, de
Vilosne, à Montaren (Gard) ; Boisset Jean, de
Montfaucon, à SaintSiffret (Gard) ; Lyonnet
Emmanuel, d'Ecurey, à Brugnières (Gard) ; Pontaux
François, de Septsarges, a Vallarargues (Gard) ;
Baignier Alcide, de Nantillois, à Vallarargues
(Gard) ; Sartelet Ernest, de Nantillois, à
Fontarèche (Gard) ; Bege Gustave, de Nantillois, à
Fontarèche (Gard) ; Guillozot Valentin, de Xivray, à
Fontarèche (Gard) ; Barrois Julien, de Demangue, à
Fontarèche (Gard) ; Le crique Emile, de Doulcon, à
Belvezet (Gard) ; Benoit Ramel, de Boring, à
Belvezet (Gard) ; Gillet Frédéric, de Gremilly, à
Uzès (Gard) ; Collignon Sébastien, de Billy, à
l'hôpital d'Uzès (Gard) : Lucas Jean-Baptiste, de
Drocourt, décédé à Uzès le 12 février.
LE PROGRÈS est GÉNÉRAL
sur tout notre front
Paris, 26 février, 15 h. 10.
L'armée belge a repris un petit élément de tranchée
qu'elle avait un moment perdu.
L'armée anglaise a, en Belgique, repoussé une
attaque allemande et, d'autre part, gagné une
centaine de mètres sur la route de La Bassée.
L'artillerie allemande s'est montée assez active
dans la vallée de l'Aisne. Nos batteries l'ont
réduite au silence dans l'après-midi
En Champagne, nos progrès se sont poursuivis. Nous
avons gagné du terrain dans les bois. au nord-ouest
de Perthes et au nord de Mesnil-les-Hurlus.
L'action continue dans la vallée de la Meuse. Aux
Jumelles d'Ornes nous avons détruit des abris de
mitrailleuses et bouleversé les tranchées ennemies.
Nous avons réalisé de nouveaux progrès au Bois-Brûlé
(forêt d'Apremont). Les Allemands ont été chassés de
plusieurs des boyaux de communications entre les
tranchées. Ils ont subi des pertes sérieuses et ont
abandonné: sur le terrain, de nombreux boucliers et
outils.
Voici le communiqué du 26 février, 22 heures :
Canonnades sur tout le front.
En Champagne, nos progrès ont continué. Au nord de
Mesnil, nous sommes arrivés en enlevant deux lignes
successives de tranchées, jusqu'à la crête d'un
mouvement de terrain occupé par les Allemands. Plus
à l'ouest, nous avons étendu notre occupation par la
conquête d'une fraction importante des lignes
ennemies.
De l'Argonne aux Vosges, rien à signaler.
LES RÉGIMENTS DE FRANCE
Le 69e Régiment d'Infanterie
D'Excelsior :
Le 69e d'infanterie est appelé le régiment de fer ;
sur son drapeau sont inscrits en lettres d'or des
noms glorieux : Castiglione, Aboukir, Elchingen
Friedland. En 1870, il est à Borny, Rezonville,
Saint-Privat. A Metz, un sous-lieutenant, à la tête
de 36 volontaires de la compagnie d'éclaireurs,
enlève le poste prussien de la Grange-aux-Bois.
Le 69e est encore à Bapaume et à SaintQuentin, et
partout les soldats se battent héroïquement.
Dès le début de la grande guerre, dans la nuit du 30
juillet, le régiment va prendre position sur le
Grand-Couronné et là il prépare et organise la
défense. Le 7 août, il reçoit l'ordre de prendre,
l'offensive et, quelques jours après, en chantant la
Marseillaise. les soldats renversent les poteaux
frontières.
Dans certains villages, l'accueil des habitants
surprend les Français. Ils arrivaient les mains
tendues, croyant trouver des amis, ils ne
rencontrent que des gens qui se cachent. Aucun cri,
aucune marque de sympathie ; les maisons sont
ouvertes, mais sur le seuil, personne n'attend nos
soldats.
Les quarante-quatre ans de servitude ont terrorisé
les plus patriotes, ceux qui ont vécu sous le joug
prussien sont devenus craintifs, ils redoutent le
retour offensif des Allemands, ils ne peuvent croire
à la fin de l'esclavage. Depuis plusieurs semaines,
des agents envoyés par l'ennemi, ont parcouru les
villages et prévenu les habitants des représailles
terribles qui les attendent s'ils accueillent
chaleureusement l'armée française. Et nos soldats
défilent dans les rues, sans qu'aucun geste les
salue.
Le soir du 19 août, en vue de Morhange, le régiment
reçoit le baptême du feu ; ce jour-là, personne
n'est blessé. Mais, dès le lendemain, la grande
bataille commence, cinq compagnies sont engagées ;
elles s'y comportent admirablement.
Malgré la bravoure des troupes française, Morhange,
où les Allemands ont concentré des forces
considérables, reste à l'ennemi. L'ordre de la
retraite est donné, le 69e soutient celle du corps
d'armée. La retraite, se fait en bon ordre. Bien
qu'épuisés par des marches forcées, les hommes
conservent un moral excellent ; ce recul imposé ne
les décourage pas.
A Saint-Nicolas-de-Port, le régiment se reforme et,
dès le 23 au matin, il prend position pour empêcher
la poursuite des Allemands et les arrêter sur les
bords de la Meurthe.
Le 25 août, le 69e reprend l'offensive et maintient
les Allemands à Vitrimont. A Frescati, le colonel de
Cissey reçoit, en chargeant, un éclat d'obus en
plein coeur ; le lieutenant-colonel Bernard est
blessé à la face, mais continue à commander.
Le 1er septembre, l'ennemi tente des attaques
furieuses et désespérées, mais elles ne réussissent
pas. Les poitrines des soldats du 69e, ces
frontières vivantes, font une barrière
infranchissable et contribuent à sauver la France.
Arrêtés, les barbares ne peuvent allier rejoindre
les régiments qui luttent désespérément sur les
bords de la Marne contre des soldats qu'on croyait
épuisés par les fatigues d'une retraite précipitée.
Cette fois, incontestablement, l'offensive allemande
est arrêtée.
Après l'échec des Allemands, devant Nancy, le
régiment reste de longs jours dans les environs de
Toul, puis il est transporté à l'extrême gauche du
front pour s'opposer au mouvement enveloppant de
l'aile gauche de l'ennemi. C'est dans la Somme, à
Cappy, qu'une fois encore le 69e va arrêter la
horde.
Devant Albert, pendant quarante-huit heures, le
régiment se bat et, impuissant, il assiste à la
destruction de ce village, que la Vierge d'or domine
encore.
Après Foncquevillers et Bienvillers, pour les
soldats du 69e, la guerre de tranchées va commencer.
Cette guerre sans action est pénible à tous. Et puis
le temps est mauvais ; le vent, la pluie, les
brouillards continuels. Quelle résignation, quelle
endurance il faut pour supporter et vivre ces longs
jours sans histoire !
En novembre, le régiment est transporté, en fourgons
automobiles, en Belgique, à Elverdinghe ; le 8 au
soir, il est engagé près de Saint-Eloi. La bataille
est violente et meurtrière, mais les soldats sont
héroïques et la ligne est rétablie. La guerre de
tranchées reprend, puis les Allemands, avec une
énergie désespérée, essaient de passer. Rien ne leur
réussit, ni les attaques en masses, ni les
effroyables ruses qu'ils emploient. Les Français
supportent avec vaillance les souffrances les plus
grandes. Pieds dans la boue, mouillés par une pluie
incessante, ils restent là des jours et des nuits,
guettant, se défendant, luttant avec une énergie,
une bravoure, un oubli du danger, un esprit de
sacrifice qui n'a pas d'exemple dans l'histoire des
peuples. Tout le ...e corps a été cité à l'ordre de
l'armée ; le 69e peut et doit revendiquer sa part à
l'honneur. Officiers et simples soldats ont été des
héros ; pas un n'a eu la plus Légère défaillance,
tous ont lutté et luttent encore pour sauver le
pays.
Un capitaine blessé me cite les paroles d'un grand
chef. Après des jours de retraite et de fatigue, le
régiment arrive dans un petit village, les hommes
sont épuisés par des marches forcées. Tout à coup
l'ordre est donné, le 69e doit reprendre
l'offensive. Après deux heures de repos nos soldats
défilent dans les rues avec une telle allure que le
chef s'écrie : « J'ai vu passer bien des régiments,
mais pas un n'avait cette tenue-là ! »
Pendant la grande guerre, le 69e, « régiment de fer
», aura glorieusement porté son nom.
T. TRILBY.
LISTE DES HABITANTS DE MEURTHE-&-MOSELLE
Rapatriés à Annemasse (Haute-Savoie)
Villerupt. - Carabin André, 19 ans ; François René,
21 ans ; Aubertie Catherine, 25 ans ; Aubertie Jean,
6 ans ; Audard Marie-Louise, 22 ans ; Audard Cécile,
16 mois ; Barcon Marcelle, 22 ans ; Carpio Claire,
29 ans ; Carpio Paul-Eugène, 3 ans; Chantelat
Albertine, 35 ans ; Chantelat Marguerite, 7 ans ;
Chantelat Renée, 3 ans et demi ; Crebec Julienne, 26
ans ; Crebec Elisabeth, 4 ans ; Denis Marie, 20 ans
; Denis Gaston, 11 ans ; Denis Yvonne, 7 ans;
Derouet Marcel, 7 ans ; Gobin Marie, 31 ans ; Gobin
Elie, 5 ans ; Gobin Pierre, 2 ans et demi ; Kubler
Euphrasie, 42 ans ; Tourdot Maria, 38 ans ; Tourdot
Julia, 17 ans ; Tourdot Odette 10 mois ; Marchal
Georgette, Nancy, 8, rue Molitor (vient actuellement
d'Herserange) ; Marchal Simone, 23 mois, 8, rue
Molitor ; Branche Rosalie, 34 ans ; Branche
Juliette, 6 ans ; Branche Pierre, 1 an ; Nicolas
Marthe, 36 ans ; Mme Hourlier René, 33 ans ;
Hourlier Fernand, 9 ans ; Hourlier Roland, 6 ans ;
Hourlier René, 6 ans ; Hourlier Christian, 2 ans ;
Dallangra Marie, née Fréhaut, 35 ans ; Dallangra
Marie, née Perch, 29 ans ; Dallangra Robert, 5 ans ;
Mme Lièvre Modeste, 25 ans ; Carabin Julia, 17 ans ;
Péquignot Elisabeth, 33 ans.
Briey. - Mlle Gogien Lucie, institutrice.
Audun-le-Roman. - Spitz Emile, 48 ans,
receveur-buraliste.
Hoéville. - Michel Théophile, 37 ans, adjoint
faisant fonctions de maire ; Louis Théophile, 54
ans, instituteur.
Laneuvêville-aux-Bojs. - Denis JeanBaptiste, 54 ans.
Arracourt. - Arnoud Georges, 73 ans.
Moncel-sur-Seille. -- Durupt Joseph, 53 ans ; Colson
Louise, 24 ans ; Giroux Emma, 23 ans ; Rouget
Edouard, 8 ans.
Seranville. - Simonin Jules, 52 ans.
Onville. - Bodard André, 16 ans.
Dombasle. - Deplanche Paul, 16 ans.
Fillières. - Lefondeur Gabriel, 16 ans.
Norroy-les-Pont-à-Mousson. - Biquillon Gaston, 16
ans.
Amenoncourt. - Sornette Léon, 15 ans ; Vedani
Georges, 16 ans ; Crouvizier Marcel. 16 ans.
Jouaville. - Picard Alexandre, 20 ans.
Longwy. - Gronce Georges, 16 ans.
Autrepierre. - Pierrot Emile, 16 ans.
Réméréville. - Toussaint Charles, 13 ans.
Les Baroches. - Blanzon Lucien. 17 ans.
Friauville. - Dernetz Georges, 17 ans.
Hatrize. - Gondelet Hubert, 18 ans et demi.
Vittonville. - Padroutte Gabriel, 16 ans.
Nancy. - Peniton Fernand, 15 ans.
Fresnois-la-Montagne. - Georges André, 16 ans ; Bray
Virgile, 16 ans ; Doinne Roger, 16 ans.
Montigny-sur-Chiers. - Cusseret Roger, 17 ans.
RÉSUMÉ DES PRINCIPAUX EVENEMENTS DE FÉVRIER 1915
1er février. - Taubes sur Remiremont, et Belfort. -
Un aviateur français bombarde la gare de Rechviller,
près Mulhouse, et détruit des magasins militaires.
2 février. - 69e bombardement de Pont-à-Mousson. Dix
habitants blessés. - Entre Bâle et Strasbourg un
aviateur français détruit le château de Hambourg,
quartier général d'un état-major allemand. -
Deux Taubes sur Lunéville. L'un d'eux est abattu à
Vathiménil.
3 février. - Taube abattu près de Verdun. 1 4
février. - Taube sur Saint-Dié. Quatre victimes
civiles. - Un autre sur Remiremont. Un chauffeur
tué.
5 février. - En Woëvre l'artillerie française met le
feu à un tram militaire de vingt-trois wagons.
8 février. - Deux Taubes sur Pont-à-Mousson : un
enfant de deux ans tué.
9 février. - Violentes attaques allemandes à
Leintrey, près du fort de Manonviller, à la
Fontenelle, près elle Senones.
10 février. - Taube abattu à Verdun, son pilote tue.
11 février. - Bombardement des gares de Thiaucourt
et d'Arnaville.
13 février. - Près de Pont-à-Mousson, offensive
allemande vers le signal de Xon, et contre-attaque
française sur Noroy. Un Zeppelin évoluant sur
Belfort est obligé de fuir.
14 février. - Tranchées enlevées aux Allemands
autour du signal de Xon et de Norroy. Des aviateurs
français bombardent les hangars militaires, de
Habstein, près de Strasbourg.
15 février. - Appel de la classe 1892 ; les
mobilisés pères de 6 enfants renvoyés dans leurs
foyers ; la pension des veuves de soldats tués a
l'ennemi fixée à 563 francs.
16 février. - Des avions français bombardent la gare
et les casernes de Fribourg-en-Brisgau.
17 février. - Tranchées reconquises sur les
Allemands en Argonne, aux Eparges, au signal de Xon
et à Norroy. - En Alsace nous prenons la ferme de
Sudel. - Quatre avions allemands jettent 33 bombes
sur Belfort. Pas de résultats.
18 février. - M. Viviani, à la Chambre des députés,
dit : « La France luttera jusqu'à la libération de
l'Europe, et jusqu'à la reprise de
l'Alsace-Lorraine. »
21 février. - Aux Eparges, violentes attaques
ennemies repoussées. - En Alsace, les Français
occupent Stosswihr.
22 février. - Taube sur Pont-à-Mousson et Nancy. -:
Des aviateurs français bombardent
Fribourg-en-Brisgau, Mulhouse et Mulheim.
23 février. - Progrès français sur tout le front. -
Aux Eparges les Allemands perdent en quelques jours
S.000 homme.
25 février. - A Baccarat un avion allemand est
abattu.
26 février. - Un aviateur français jette des bombes
sur les casernes de l'esplanade de Metz.
27 février. - 2.000 mètres de tranchées ennemies
conquises à Boureuilles, à Vauquois, vers la
Chapelotte et à Celles-sur-Plaine, et autour de
l'Hartmansvilerkopf.
28 février. - Tempêtes de neige. - Au bois le Prêtre
un blokhaus allemand est enlevé pair les Français
qui, d'autre part, progressent dans les Vosges,
entre Badonviler et le Donon. |