CAMP RETRANCHÉ DE TOUL
Il est rappelé à la population civile du camp
retranché que toutes les demandes de laissez-passer
pour circuler en chemin de fer doivent être
adressées au gouverneur.
Les habitants des communes situées dans la zone Z, à
l'exception de celles de ces communes qui font
partie du camp retranché de Toul, doivent seuls
s'adresser à la sous-préfecture lorsqu'ils veulent
se déplacer de la zone Z vers l'intérieur.
Toute infraction à ces prescriptions pourrait
occasionner de graves désagréments aux porteurs de
permis irréguliers, et même des poursuites
judiciaires.
P. O., le chef d'état-major.
TROIS SUCCÈS
Près de La Bassée, en Champagne et sur les
Hauts-de-Meuse.
Paris, 11 mars, 0 h. 58.
En Belgique, très violent bombardement de
Nieuport-Ville avec des canons de 42 centimètres.
Entre la Lys et le canal de La Bassée, l'armée
anglaise, appuyée par notre artillerie lourde, a
remporté un important succès. Elle a enlevé le
village de Neuve-Chapelle, à l'est de la route
d'Estaire à La Bassée, et progressé au nord-est de
ce village, dans la direction d'Aubers, et, au
sud-est, dans la direction du bois de Riez. Nous
avons fait un millier de prisonniers, dont plusieurs
officiers, et pris des mitrailleuses.
Les pertes allemandes sont très élevées.
En Champagne, l'ennemi a contre-attaqué violemment,
à diverses reprises, dans la nuit du 9 au 10 mars et
dans la journée du 10 mars, mais il n'a pu gagner un
pouce de terrain.
Nous avons consolidé et élargi nos positions sur les
crêtes, dont nous nous sommes rendus maîtres en
infligeant aux assaillants de très fortes pertes.
Sur les Hauts-de-Meuse, notre artillerie a démoli
complètement un certain nombre de tranchées
ennemies.
Rien à signaler sur le reste du front.
A STENAY
CE QU'ILS EN ONT FAIT
Deux prisonniers civils rentrés de captivité donnent
les renseignements suivants sur Stenay : La forge de
la route de la Gare est transformée en boulangerie
militaire. Les Prussiens se servent des fours à
réchauffer pour la cuisson du pain.
La maison Cresson est brûlée. Trois maisons aux
Tanneries sont également incendiées.
Place de la Fontaine : Goulet, Turpin, Collignon,
bijoutiers.
Rue de Chanzy : Ragot, épicier ; Thirion, charcutier
; Moyeux, Dubois, nouveautés, ces quatre maisons
sont brûlées.
Une autre maison est brûlée dans la côte en face le
quartier d'artillerie. On croit que c'est la maison
du marchand de vins en gros.
Rien dans le haut de la ville jusque sur la route de
Baalon.
Les maisons Drapier et Anthonias sont transformées
en ambulances.
Le café du Centre est tenu par un Allemand, le,
débit de tabac est au café du Centre.
A LOUPMONT
RÉCIT D'UNE RÉFUGIÉE
Une dame de Loupmont, qui vient d'être rapatriée,
donne les détails suivants sur les mauvais
traitements dont les prisonniers civils furent
l'objet de la part des Allemands :
« Le 1er octobre, soixante-dix habitants de Loupmont
furent emmenés à Heudicourt où ils couchèrent dans
l'église. Le lendemain, ils furent divisés en trois
groupes : trente-six furent conduits à Woinville ;
d'autres à Nonsard ; d'autres restèrent à
Heudicourt.
Le 20 octobre, les Allemands nous emmenèrent de
Woinville à Remilly (Lorraine annexée), où nous
restâmes huit jours, couchant tous dans la même
salle, sur un peu de paille, mangeant de l'orge
cuite, et gardés par douze soldats. Les bons
Lorrains du pays venaient nous voir et amélioraient
notre nourriture.
De là, on nous emmena à Sarrebourg, où nous étions
bien logés et bien nourris. Au bout de huit jours,
on nous conduisit à Saverne, où les Prussiens nous
enfermèrent dans des cellules ; nous étions séparées
de nos maris que nous ne voyions pas, si ce n'est à
la promenade quotidienne. Notre nourriture était
infecte ; moitié d'un hareng cru non dessalé, une
soupe de pain noir cuit dans l'eau claire ; tous les
matins, une pâtée, espèce de colle faite avec de
l'eau et de la mauvaise farine ; c'était
immangeable. »
LES CENT SOUS DU BLESSÉ
Nancy, 11 mars.
Un de mes amis, qui, n'étant pas mobilisé, a offert
ses services à un hôpital, me dit :
- C'est très bien de donner 5.000 fr. aux hôpitaux,
et assurément toutes les formations sanitaires que
vous avez pu servir doivent être reconnaissantes aux
lecteurs de l'Est. Je crois pourtant qu'on peut
faire mieux.
- On peut toujours faire mieux, ai-je répondu.
- Oui. Voici mon idée. Quand nos blessés nous
arrivent, ils déposent leur argent entre les mains
de l'administration, qui leur donne ensuite par
petites sommes celui dont ils ont besoin. Après leur
guérison, à leur départ, les soldats reprennent ce
qui reste, et signent sur une feuille spéciale. Puis
ils s'en vont à nouveau combattre.
- C'est fort bien compris, et cela évite bien des
inconvénients.
- Oui. Mais quelques-uns, qui sont arrivés sans un
sou, n'ont rien à toucher lorsqu'ils s'en vont. Ils
signent leur papier avec une mélancolie qu'ils
cachent généralement sous une phrase narquoise. Et
l'on a beaucoup de chagrin à voir ces pauvres
garçons partir ainsi à travers la France, vers le
front, vers la bataille, vers de nouvelles blessures
peut-être, et partir sans monnaie de poche. On songe
que dans les villages qu'ils rencontreront ils
n'auront pas la petite pièce qui vaut un litre de
vin, ou un café. Ils semblent honteux d'être ainsi
déshérités, soit parce que leurs pants sont pauvres,
soit parce que leur famille est encore dans les
contrées envahies et ne peut rien envoyer.
« Je sais bien qu'ici, en Lorraine, à Nancy, rares
sont les soldats qui s'en retournent sans avoir dans
leur gilet quelque billon sonnant. La générosité de
Nancy est si ingénieuse ! Pourtant il y en a, et
c'est déjà trop qu'il y en ait, si peu nombreux
qu'ils soient.
« Eh ! bien, voici ce que je vous propose. Demandez
aux lecteurs de l'Est s'il ne leur serait pas
agréable de verser quelque joie au coeur de ces
braves garçons. Demandez-leur de vous envoyer de
l'argent pour eux. A chaque blessé qui sortira de
l'hôpital, et que le chef de formation vous
indiquera comme dépourvu, donnez une pièce de cinq
francs. Les cent sous du blessé. Du coup vous
adoucirez des chagrins qui ne se manifestent pas,
mais qui ne sont pas moins réels, et vous réparerez
une grave injustice du sort.
« Ces cent sous, le blessé guéri ne les considérera
pas comme un secours Non. C'est plutôt un cadeau
affectueux que lui fera la solidarité lorraine.
C'est la petite somme que la maman, ou la soeur, ou
le plus jeune frère, ou le grand-père glisse en
souriant dans le gousset de celui qui part. C'est
l'humble offrande de ceux qui ne combattent point
par les armes, et qui voudraient souffrir, se
priver, pour mériter un peu de l'héroïsme qui
rayonne partout en France à l'heure présente. C'est
la joie de donner de la joie.
« C'est, comment dirai-je, c'est l'effigie de la
fraternité qui nous crée une famille innombrable.
« Voulez-vous, cher ami, prendre cette idée pour
l'Est, l'exposer à vos lecteurs qui sont des amis,
et la réaliser ?
« En attendant voici un louis tout neuf. Vous en
ferez quatre beaux écus qui feront certainement
plaisir à quatre bons soldats. »
L'idée est originale et délicate, et tendre. Je
l'offre telle quelle aux lecteurs de l'Est
républicain, sans y rien ajouter et sans en
retrancher rien.
Je ne sais s'il faudra de grosses sommes pour créer
cette oeuvre d'initiative fraternelle. Mais je suis
convaincu que peu de gens en Lorraine résisteront à
la tentation de donner cent sous aux blessés qui,
sortant de l'hôpital, n'entendent point tinter
quelque monnaie au fond de leur poche.
J'ai déjà vingt francs. Il y en aura certainement
d'autres avant même que la nuit tombe.
RENÉ MERCIER.
LE SUCCÈS DE NOS ALLIÉS ANGLAIS
Paris, 11 mars, 15 heures.
L'attaque anglaise d'hier a enlevé deux mille cinq
cents mètres de tranchées, en avant de
Neuve-Chapelle et le village lui-même.
Elle a ensuite progressé dans la direction d'Aubers,
jusqu'au Moulin du Piètre, et, dans la direction
sud-est, jusqu'aux lisières nord du bois du Biez,
c'est-à-dire de deux kilomètres environ au delà de
Neuve-Chapelle. L'artillerie allemande a peu tiré.
Pour le reste du front, rien à ajouter au communiqué
de ce matin.
Paris, 12 mars, 2 h. 15.
LONDRES. - Le communiqué dit que le 4e corps et le
corps indien se sont avancés, hier, de douze cents
mètres sur un front de 3.600 mètres, qu'ils ont pris
toutes les tranchées et fait 700 prisonniers.
NOS ATTAQUES RÉUSSISSENT
sur tout le front
LES LEURS SONT AUTANT D'ÉCHECS
Paris, 12 mars, 0 h. 58.
Voici le communiqué officiel du 11 mars, .
23 heures : Un brouillard épais a gêné beaucoup les
opérations sur différents points du front.
En Belgique, une escadrille anglaise a bombardé
Westende avec succès.
Dans le secteur d'Ypres, nous avons repoussé deux
attaques près de Zandweorde.
Dans la région de Neuve-Chapelle, l'armée anglaise a
repoussé deux contre-attaques. Les pertes de
l'ennemis sont considérables.
En Champagne, nous avons réalisé, dans la soirée de
mercredi, des progrès sensibles.
dans le bois situé à l'ouest de Perthes, où nous
avions pris pied il y a cinq jours.
L'ennemi s'est défendu avec acharnement.
Malgré un très violent bombardement et plusieurs
contre-attaques, nous avons maintenu nos gains.
En Argonne, dans la région du Four-de-Paris et de
Bolante, au cours de combats précédemment relatés,
nous avons pris un lance-bombes et une mitrailleuse.
Dans les Vosges, nous avons repoussé une
contre-attaque au Reichachkerkopf.
A ST-MAURICE-SOUS-LES-COTES
LE RÉCIT D'UNE RÉFUGIÉE
ANNEMASSE, février. - Les derniers convois de
prisonniers civils venant d'Allemagne sont
maintenant évacués sur les villes du Midi, où les
pauvres gens goûteront à la fois le calme heureux de
l'hospitalité, l'oubli de leurs deuils, de leurs
privations et de leurs chagrins, la paix et la
douceur d'un climat propice aux convalescences
physiques et morales.
Parmi les internés lorrains qui prolongent en Savoie
leur séjour, nous avons eu, hier, la bonne fortune
de rencontrer Mlle X..., de
Saint-Maurice-sous-les-Côtes, Elle raconte en ces
termes les débuts de l'occupation allemande dans ce
village et donne aussi, au courant de la
conversation, quelques détails sur les principaux
événements qui se sont déroulés dans les localités
voisines.
- Saint-Maurice a reçu la visite des Allemands du 8
au 13 septembre, c'est-à-dire durant la période
marquée par les attaques et les bombardements
successifs du fort de Troyon, au débouché sur la
Meuse de la trouée de Spada. Il est bien difficile
d'évaluer le nombre des régiments qui submergèrent
le pays comme un effrayant raz de marée ; mais je ne
serai pas suspecte d'exagération en affirmant que
plus de soixante mille casques à pointe ont défilé
en une semaine sous nos yeux.
« Du 13 au 20 septembre, les troupes françaises
remportèrent de sérieux avantages ; ils redevinrent
les maîtres. Un furieux bombardement gronda pendant
toute la journée du 20. On voulait absolument
débarrasser les crêtes des formations ennemies qui
en organisaient solidement la défense.
« Le 21 septembre, de six heures à neuf heures du
matin, nous distinguions parfaitement les charges à
la baïonnette, le crépitement des mitrailleuses.
C'était terrible. Les Boches reculèrent en laissant
sur le terrain un très grand nombre de tués et de
blessés.
« Les habitants de Saint-Maurice s'étaient pour la
plupart réfugiés dans les caves. Quand les Allemands
pénétrèrent dans la commune, ils pillèrent
consciencieusement toutes les maisons, jetant de
préférence leur dévolu sur les caves et sur les
armoires. Ce qu'ils ont entassé de caisses de vin et
de ballots de linge sur leurs charrettes est
inimaginable.
« Les denrées alimentaires, surtout nos pots de
confitures, firent les délices de la horde. Les
maisons habitées servirent pour loger les soldats.
Comme il ne restait guère que des femmes, chacune
d'elles reçut un pensionnaire et je vous prie de
croire que les exigences de nos hôtes employaient
rarement une formule polie ou respectueuse.
« C'est ainsi que Mlle Barrois, ayant refusé de
mettre son lit à la disposition d'un blessé, fut
l'objet de telles menaces qu'à bout de patience elle
souffleta un des soldats qui prétendaient lui
imposer leur volonté. L'incident s'ébruita. Un
officier procéda à une enquête. Mlle Barrois fut
passée par les armes...
« Une douzaine de soldats français furent faits
prisonniers. L'accusation d'espionnage fut portée
contre eux; on y ajouta cette aggravation qu'ils
s'étaient postés sur les arbres pour tirer sur les
Prussiens. Tous furent conduits au cimetière et
fusillés sans merci.
« Deux ou trois civils ramassés sur le champ de
bataille essayèrent vainement de justifier leur
présence. Le peloton d'exécution les abattit à leur
tour.
« Un avis de l'autorité militaire enjoignait aux
habitants possesseurs d'armes à feu de les déposer
dans une salle de la mairie. M Bildé, ayant caché un
fusil sous un tas de fagots, fut mis en état
d'arrestation et tué par un feu de salve au lieu dit
« la Grairère », au tournant de la route de
Deuxnouds.
« L'excès de ces lâches férocités semait, la terreur
à plusieurs lieues à la ronde. Plusieurs personnes
de Vigneulles furent massacrées. Une trentaine de
Boches ayant envahi une des cours du château, un
témoin de cette scène entendit avec effroi cet appel
désespéré « Maman ! les voilà. Maman, au secours ! »
que suivit une courte fusillade. Puis un silence de
mort plana sur le château.
« Un de nos fantassins échappa providentiellement
aux investigations d'une patrouille allemande qui le
traquait. Vingt fois, cinquante fois, les habitants
subirent le même interrogatoire et, comme ils ne
fournissaient aucun renseignement sur la retraite du
fugitif, ou fouilla toutes les maisons et l'on creva
les matelas, les sommiers de tous les lits pour voir
si leur proie ne s'y était pas blottie.
« Un jeune homme s'était procuré à tout hasard une
carte d'état-major de la région des Hauts-de-Meuse,
afin de se guider plus sûrement dans le cas où il
eût été obligé de chercher son salut dans la fuite.
Hélas ! il paya cher cette précaution...
« De grandes cartes murales ornaient l'école de
Saint-Maurice. Un sous-officier les déchira à coups
de sabre.
« Ce qui semble caractériser les Allemands, c'est la
crainte, la terreur de l'espionnage. Ils se méfient
de tout et de tous.
Leur ombre même doit leur donner la chair de poule.
« Dès qu'ils eurent envahi le village, les soldats
s'emparèrent des bicyclettes pour faire plus
rapidement une tournée d'inspection dans les
maisons. La même question revenait invariablement
sur leurs lèvres :
- Vous avez le téléphone ?
- Non.
En dépit des plus énergiques dénégations, ils
examinaient les moindres objets, vidaient les
tiroirs, sondaient avec leurs baïonnettes la terre
des jardins, le sable des cours, répétant avec une
sorte d'anxiété : « Téléphone ? Téléphone ?
« Je me souviens qu'un grand diable tomba soudain en
arrêt devant mon réveille-matin. Le tic-tac lui
causait une extraordinaire inquiétude. Il désigna de
son doigt tendu l'innocente pendule de trois francs
:
« - Téléphone ?
« - Mais non... une pendule... rectifiai-je en
contenant une folle envie de pouffer au nez du Boche
effaré.
« - Si votre pendule est téléphone, vous serez
fusillée... »
« Il fallut montrer le fonctionnement de l'appareil
et prouver que les mouvements d'horlogerie n'ont
rien de commun avec les appels d'une sonnerie
électrique.
« Les cadrans de l'église de Saint-Maurice furent
avancés d'une heure, afin qu'ils indiquassent
l'heure allemande ; mais le mécanisme se détraqua et
les aiguilles sont depuis lors immobiles.
« S'ils craignent les manoeuvres d'espionnage, les
ruses, les guet-apens, les Boches ne cessent par
contre de tromper la confiance qu'ont nos officiers
dans le respect des lois de la guerre : ils ont
fréquemment tiré sur les formations sanitaires et
j'ai appris qu'aux environs de Woël-en-Woëvre ils
avaient de loin agité un drapeau tricolore pour
attirer nos soldats dans une embuscade. Cette
perfidie réussit ; nous avons eu une trentaine de
blessés dans ce traquenard « Vers le 4 ou 5 octobre,
une convocation de l'autorité militaire rassembla
devant la mairie tous les hommes de 17 à 60 ans. Les
malades mêmes furent arrachés hors de leurs lits.
Une centaine de personnes furent ainsi réunies et
enfermées aussitôt dans un magasin, puis dans la
salle de récréation (?) de l'école des filles. Les
malheureux y restèrent quinze jours.
« De semblables dispositions étaient prises à
Dommartin-la-Montagne, Hattonchâtel, Hattenville,
Doncourt, Saint-Hilaire, etc.
« Quand nous interrogions les officiers pour
connaître les motifs de cette mesure, ils
répondaient : « On ne sait pas ». Les femmes étaient
sévèrement gardées à vue. Une sentinelle, baïonnette
au canon, veillait. Impossible de quitter sa
chambre, même pour les nécessités naturelles, sans
être accompagnés d'une sentinelle.
« Pendant plusieurs jours, les femmes furent
contraintes d'aller avec les infirmiers sur le champ
de bataille pour ramasser les blessés et, certes, la
besogne ne manqua pas : les soldats français
visaient juste !
« Enfin, le 20 octobre fut la date fixée pour le
départ. Où serait-on conduit ? Mystère. Des
officiers annoncèrent que nous serions évacués sur
Mars-la-Tour ; ils annoncèrent le lendemain que
Conflans était le but de notre voyage. Les étapes
étaient longues. Des vieux, des femmes tombaient de
fatigue. La caravane se composait d'environ quatre
cents prisonniers civils que l'on chargea comme des
bestiaux à raison de soixante-dix par wagon, sans un
brin de paille pour se coucher ou le moindre siège
pour s'asseoir un instant, au milieu des ordures,
dans une atmosphère fétide, irrespirable.
« Pendant deux nuits et trois jours, le triste
convoi roula de Metz à Rastadt, et de là sur Amberg,
où les prisonniers reçurent un brassard ou furent
marqués d'un signe dans le dos, avant d'être
enfermés au camp de concentration :
« - Nous sommes marqués pour l'abattoir, fit l'un
d'entre nous... On nous aura traités comme des
cochons jusqu'au bout... »
Ce que fut l'existence des Meusiens au camp
d'Amberg, nous l'avons décrite à mainte reprise :
jeûnes, sommeils sur la terre humide, baraquements
insalubres, châtiments corporels à la moindre
incartade, privation de nouvelles, insultes, toutes
les humiliations, tous les supplices qui ruinèrent,
hélas ! tant de santé et provoquèrent tant de morts
:
« - La France avait bien délégué le consul argentin
pour faire une enquête, conclut notre interlocutrice
; mais les bourreaux eurent soin de lui voiler notre
misérable situation... C'est un enfer, un criminel
enfer où l'Allemagne exerce sur des êtres sans
défense les raffinements de sa monstrueuse kulture.
»
ACHILLE LIEGEOIS.
AU BOIS LE PRÊTRE
Les officiers et leurs hommes
D'une lettre écrite dans le Bois-le-Prêtre par un
des jeunes officiers qui, à toute heure, s'y battent
furieusement pour la conquête d'un élément de
Tranchée ennemie, nous détachons ce fragment qui
montre de quel admirable esprit de solidarité
patriotique et d'étroite camaraderie devant le péril
sont animés les chefs et les soldats - tous héros.
Quoiqu'il souffre cruellement d'une affection qui le
prive déjà de l'oreille droite, on verra que
l'auteur de cette lettre ne se sent nulle envie de
rejoindre quelque part un poste d'embusqués :
- « Ma situation exacte, écrit-il à sa famille est
maintenant celle-ci : L'oreille droite est perdue
sans retour. Tout au plus entendrai-je faiblement
quand la perforation du tympan sera fermée. Quant à
l'oreille gauche, elle guérira. Dans ces conditions,
je n'ai pas le droit moral de nie faire évacuer. Nos
hommes comptent trop sur nous et nous ne sommes déjà
pas de trop. Si nous ne pouvons toujours les mener à
la victoire, du moins avons-nous l'autorité
nécessaire pour prendre toute décision utile qui
protégera leur vie qui nous est confiée. Il y a
entre l'officier et ses hommes une fraternité dans
la guerre que, sans raison majeure on n'a pas le
droit de rompre et ce sentiment existe si fortement
que l'on a vu des hommes risquer la mort pour aller
chercher leur capitaine ou leurs lieutenants morts
ou blessés.
Il est maintenant 8 h. 25. A 9 heures commence un
bombardement pour nous permettre une heure plus
fard, de faire le bond en avant traditionnel. Si
nous réussissons, nous pourrons donner la sépulture
à cinq des nôtres tombés dans les fils de fer boches
il y a une huitaine. J'écrivais à M..., hier,
qu'avant-hier, dans une reconnaissance, j'avais
découvert dans un fourré un amas de morceaux boches
déchiquetés par un obus 155.
En accordant à chacun ce qui lui manquait, je crois
qu'ils étaient huit ; mais dans quel état ! Un entre
autres n'avait plus de tête, ni la jambe ni son bras
droits, par contre il avait sac au dos.
Dans la tranchée, quand on le peut, tout est
prétexte pour oublier le froid, la pluie, Les
Boches, d'autant plus qu'il y a toujours la farce
inévitable quand ils sont à une vingtaine de mètres
(et c'est le cas dans notre bois) de leur envoyer la
boîte de conserves vide sur la figure ! »
RETOUR DE CAPTIFS
M. Paul Dongé, âgé de 65 ans, représentant à Toul,
qui, au moment de l'ouverture des hostilités, se
trouvait à Jarny, chez sa fille, Mme Leroux, vient
de revenir à Nancy après avoir été emmené prisonnier
en Allemagne, où il est resté plusieurs semaines au
camp de Lindau.
Pendant sa captivité, M. Dongé a eu pour compagnon
le jeune Alfred Bastien, âgé de 13 ans, originaire
de Nancy, qui habitait à Etain. Pendant le
bombardement de cette ville, ce jeune garçon fit
preuve du plus grand courage en allant sur les
champs de bataille ramasser les blessés et leur
porter des secours.
Le jeune Bastien, dont le père est mobilisé et dont
la mère avait pu s'échapper, vint se réfugier à
Conflans-Jarny, d'où il fut emmené par les
Allemands.
De retour en France, il a été rapatrié à Grenoble.
A VIC-SUR-SEILLE
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le Directeur de l' « Est républicain »,
Nancy.
N'y aurait-il pas possibilité de savoir si parmi les
prisonniers de guerre allemands internés en France,
il ne s'en trouverait pas du régiment n° 138, alors
en garnison à Dieuze, avant la guerre. Et si, parmi
ces prisonniers, ne figurerait pas un volontaire de
ce régiment, du nom de Yuncke Heinrich, ou Juncke
(je ne puis préciser l'orthographe).
En voici les raisons : Le 5 ou le 6 août (je ne puis
fixer la date, tous mes papiers et notes étant
restés à mon domicile), entre dix heures et dix
heures et demie du matin, ce volontaire, étant de
faction devant le bureau de poste de Vic-sur-Seille,
rue Dampierre, entendit un exprès qui venait me
prévenir qu'un dragon français, faisant partie d'une
patrouille qui sillonnait la plaine, aux portes de
Vic, était tombé de cheval, blessé par des uhlans
embusqués derrière une haie, et qu'il gisait sur
place, son cheval ayant rallié la colonne. En toute
hâte, nous courûmes au secours du blessé, avec
quelques jeunes gens de la localité qui faisaient
partie de la Croix-Rouge et qui m'avaient choisi
comme chef.
Mais, pendant le peu de temps qu'on perdit à aller
chercher le brancard, l'Allemand, qui comprenait le
français, avait enfourché sa bicyclette et, avant
que nous fussions arrivés près du blessé, il
déchargeait sur ce malheureux, incapable de se
mouvoir, trois coups de fusil à la distance d'une
dizaine de mètres.
On ne ramena qu'un cadavre !...
Le bandit teuton revint ensuite en ville, en
brandissant triomphalement le casque de notre pauvre
dragon, qu'il venait d'assassiner si lâchement et
aussitôt il fut remplacé devant la poste par un
autre factionnaire.
Dans le courant de l'après-midi, ce gredin revint
rôder autour de la poste et, quelques instants
après, il jouait du piano avec la fille, âgée de
seize ans, du docteur Lansberg, médecin immigré !...
ce qui indigna, exaspéra même les voisins, qui ne se
cachèrent pas pour déclarer hautement que c'était un
scandale et une honte.
Notre malheureux soldat s'appelait Henry, Nicolas,
de Reims, du 8e régiment de dragons, à Lunéville. Il
fut le premier soldat français tombé sur le
territoire de Vic. Il est enterré au cimetière de la
ville.
Je dois ajouter à la honte du capitaine des douanes
allemandes de Vic-sur-Seille, nommé Barthellang,
qu'il ne se découvrit même pas sur le passage du
cadavre de cette victime tombée au champ d'honneur.
Quand on vint nous quérir pour aller ramasser le
blessé, ce brave Barthellang, qui croyait qu'il
s'agissait d'un soldat allemand, prononça en public
les paroles suivantes :
« C'est tout de même lâche de la part de ces
Français, cachés dans les bois et qui tirent sur les
nôtres, qui sont à découvert ! »
Et lorsque les brancardiers rapportèrent le corps du
dragon, devant ce brave, casqué, botté, éperonné,
qui se multipliait depuis huit jours et faisait
énormément de zèle, je ne pus m'empêcher de faire la
remarque suivante :
« C'est encore plus lâche de ne pas se découvrir
devant un mort, et si c'était un Prussien, moi je me
serais découvert ! »
Il faut croire que cette leçon l'avait piqué, car il
s'excusa, disant qu'il avait été surpris et qu'il
n'y avait pas songé.
C'est encore ce vaillant capitaine des douanes qui
changeait de costume chaque fois qu'il entendait
dire que les Français approchaient. Il en était
blême. Il faisait pitié, quand il courait les rues
en civil et en casquette, disant qu'il était «
employé civil, qu'il était Lorrain » et qu'il
défendrait les indigènes contre les Allemands, etc.
Une fois qu'il n'était plus question de l'entrée des
Français à Vic, il revêtait de nouveau son uniforme,
à la vue des siens, et lorsqu'un aéroplane français
passait au-dessus de la ville, il dirigeait le tir
de ses douaniers sur l'avion et criait : « Noch ein
Schwein ! »
Je certifie l'authenticité de tout ce qui précède
et, dès aujourd'hui, par des personnes échappées du
pays, tous ces faits peuvent être prouvés Le 18
août, deuxième jour de l'occupation française, un
téléphoniste du génie français, qui avait pris
possession du « Kaiserlich Postamt », lequel avait
été, sur mon initiative, transformé en « R. F.
Postes » et surmonté d'un drapeau tricolore,
remplaçant le fameux écusson qui représente le hibou
germanique, me raconta qu'une patrouille française
venait de découvrir, à la lisière du bois de
Morville-les-Vic, le cadavre, pendu par les pieds,
d'un autre dragon du même régiment, blessé et
capturé par les Boches, qui lui avaient
préalablement crevé les deux yeux.
Ces simples faits se passent de commentaires.
Ils nous édifient, si nous ne l'étions dejà depuis
longtemps, sur la façon barbare dont ils traitèrent
nos malheureux prisonniers et blessés au début des
hostilités.
Sans être des barbares comme eux, en présence de
tels faits, nous devrions songer que notre pitié ne
peut exister pour de lâches assassins, et que,
lorsque les auteurs d'actes aussi révoltants et
aussi barbares tombent entre nos mains, ils doivent,
tout simplement, être traités comme ils le méritent.
Il est loisible à la commission d'enquête de se
fournir de documents qui l'édifieront sur les faits
ci-dessus rapportés.
A SAULCY-SUR-MEURTHE
Le village a beaucoup souffert. Quatre-vingt-neuf
maisons, parmi lesquelles la presque totalité du
tissage et trois des cités ouvrières de M Gillotin,
ont été la proie des flammes, quelques-unes du fait
du bombardement, la plupart victimes de la torche
incendiaire des Allemands, fin août et premiers
jours de septembre.
Le château et le patronage des jeunes filles n'ont
pas été détruits par le feu, mais les murs et
l'intérieur sont considérablement endommagés.
Dans l'église, qui, elle, n'a pas beaucoup souffert,
tous les troncs ont été vidés, les uns, arrachés,
gisent à terre, les autres, ainsi que la grande
porte d'entrée, ont leurs serrures fracturées.
Le presbytère a échappé à la destruction. Il n'y a à
signaler que des carreaux cassés, des persiennes et
la toiture endommagées. Quant à l'intérieur, le
pillage l'a mis dans un état indescriptible.
LES PROGRÈS DE L'ARMÉE BELGE
Paris, 12 mars, 15 h. 05.
En Belgique, deux divisions de l'armée belge ont
progressé, sur différents points, de quatre à cinq
cents mètres, notamment dans la direction de
Schoorbakke (sud-est de Nieuport).
Sur le reste du front, rien à ajouter au communiqué
d'hier soir.
LES GÉNÉRAUX
Maunoury et Villaret blessés
Paris, 13 mars, 1 h 04.
Au cours de l'inspection d'une tranchée de première
ligne, à trente mètres de l'ennemi, le général
Maunoury, commandant une de nos armées, et le
général Villaret, commandant un corps de cette
armée, ont été blessés par une balle, tandis qu'ils
examinaient les lignes allemandes à travers les
créneaux.
Les médecins n'ont pu encore se prononcer sur la
gravité des blessures.
TRANCHÉES CONQUISES
dans les Flandres en Champagne, en Alsace
Paris, 13 mars, 0 h. 58.
Voici le communiqué officiel du 12 mars, 23 heures :
A l'est de Lombaertzyde, nous avons enlevé un fortin
allemand à une centaine de mètres en avant de notre
ligne de tranchées.
A 3 kilomètres d'Armentières, les Anglais ont occupé
le hameau d'Epinette.
Dans le secteur de Neuve-Chapelle, les progrès de
l'armée britannique se sont poursuivis.
Après avoir repoussé deux fortes contre-attaques,
les Anglais se sont emparés de la partie des lignes
allemandes sises entre le hameau de Piètre et le
moulin du même nom, en faisant environ 400
prisonniers, dont 5 officiers.
En Champagne, dans la soirée de jeudi, nous avons
enlevé en avant de la croupe au nord-est de Mesnil,
plusieurs tranchées ennemies. Nous avons fait des
prisonniers dont des officiers.
Dans la journée de vendredi, nous avons progressé
légèrement dans la même région.
Plus à l'ouest, parallèlement à la route de Tahure,
nous avons occupé plusieurs tranchées allemandes.
Dans les Hauts-de-Meuse, un élément de tranchée où
les Allemands avaient réussi à prendre pied hier
soir a été repris par nous dans la matinée.
Au Reichachkerkopf, nous avons repoussé une attaque
de nuit et progressé de 200 mètres.
ARRIVÉE DE
450 internés français
à SCHAFFHOUSE
Extrait d'une lettre, du 16 février 1915, d'une
jeune fille zurichoise, à sa cousine, Zurichoise, se
trouvant à Nancy :
...
Je vais te raconter ce que j'ai vu et vécu la
semaine dernière, où j'ai eu le spectacle navrant
des misères de la guerre et d'y compatir.
Depuis environ quinze jours, des internés civils
français traversent la Suisse, à leur retour
d'Allemagne. Un de nos anciens garçons de course,
employé aux chemins de fer fédéraux, nous rendit
compte, mardi dernier, de l'état lamentable dans
lequel ces malheureux, évacués par ce peuple si
chrétien, arrivaient à Schaffhouse. Leurs habits
n'étaient plus que des loques ; des bébés étaient
enveloppés dans des journaux. Il avait vu cela de
ses yeux.
Nous nous décidâmes de suite de faire ce qui était
en notre pouvoir pour venir en aide à ces
infortunes.
Nous fîmes un grand ballot de tout ce que nous pûmes
ramasser en fait de vêtements, pour le déposer chez
le président du comité chargé de centraliser les
envois qui affluaient de tous les côtés. Ta mère y
envoya un énorme ballot. La bonne madame S... mit la
garde-robe de ses petits enfants au pillage, etc.,
etc. Jeudi, le 11 février, nous partîmes pour
Schaffhouse, mon cousine B..., Mme N... et L... et
moi.
Vers trois heures et demie, le train amena en gare
de Schaffhouse 450 vieillards, hommes et femmes de
60 à 80 ans. Une pauvre vieille de 83 ans était si
misérable et si faible, qu'il fallut la transporter
d'urgence à l'hôpital. Il y avait aussi des jeunes
garçons de 12 à 16 ans. Beaucoup s'étaient rajeunis
pour se soustraire à l'hospitalité de ces aimables
Allemands.
Par une faveur spéciale, nous fûmes autorisés à
sortir sur les quais avec les membres du comité et
nous pûmes ainsi assister à l'arrivée de nos chers
Français.
Leurs figures tristes, apathiques, amaigries par les
privations, témoignaient des souffrances et des
tortures morales endurées par ces malheureux pendant
les cinq mois de leur captivité.
On les partagea en groupes. Tout alla très vite. Ils
avaient pris l'habitude de l'obéissance passive au «
kommando allemand ».
Un groupe fut dirigé vers la maison de l'Union
catholique, un autre dans la « Raudenburg » et un
autre à l'hôtel du Cygne.
On leur servit un bon café au lait avec pain à
discrétion. Ils avaient un excellent appétit,
n'ayant plus rien mangé depuis qu'on les avait
embarqués, à quatre heures du matin, dans des wagons
à bestiaux, en gare de Rastadt (Bade).
Dans l'entre-temps, nous sortîmes pour acheter des
gâteaux, des croissants, du chocolat, des
chaussettes, des fichus, car nos Français devaient
être bien traités.
La distribution de notre marchandise nous procura
l'occasion de faire la causette avec eux. Bientôt
toute contrainte disparut, et nos aimables Français,
redevenus confiants, nous firent le récit de leurs
aventures. Il y en avait qui venaient de Hambourg,
de Cologne, de Grafenvohr, où on les avait parqués
dans des baraques, des écuries. Il fallait
travailler, avec pour stimulant des bourrades et des
coups de crosse.
Quelques-uns ont emporté un « bon souvenir » du pain
dit « pumpernickel ». On les régalait de café à
l'orge grillée, de choucroute, de soupe tournée à
l'eau. C'était vraiment tentant, n'est-ce pas ? Nos
gâteaux, nos croissants et notre chocolat furent les
bienvenus.
Nous passâmes d'une table à l'autre, beaucoup de ces
bons vieux et de ces bonnes vieilles étaient assis,
tristes et silencieux à leurs tables, n'osant pas
parler ; d'autres dévoraient avidement les journaux
français qu'on leur distribuait et dont ils avaient
été privés depuis si longtemps. C'était un spectacle
impressionnant.
Mon frère et moi interrogeâmes une vieille dame vers
laquelle nous nous sentîmes particulièrement
attirés, quant aux circonstances de son internement.
Elle nous raconta qu'elle avait une gentille pette
propriété avec jardin à F..., près Verdun, qu'un
jour en jardinant, une troupe de soldats allemands
l'obligea de les suivre, lui laissant à peine le
temps d'ôter ses sabots et de se chausser
convenablement. Défense de rien emporter. Il lui
fallut tout abandonner et les suivre telle qu'elle
était. Elle n'a jamais revu sa maison. Tout ce
qu'elle sait, c'est que tout le village a été brûlé.
Et combien y en a-t-il dans ce cas ?
Cette dame était remarquable de douceur, de
résignation et d'une confiance inébranlable en Dieu.
Elle ne manifesta aucune haine.
Elle nous promit de nous donner de ses nouvelles et
j'attends avec impatience une lettre de notre chère
Esther L..., notre nouvelle amie.
Pendant que nous causions ainsi, une dame du comité
se mit au piano pour jouer la « Marseillaise ».
Tous se levèrent comme touchés d'une commotion
électrique. Ils étaient trop émus pour pouvoir
chanter le premier couplet.
Mais, au deuxième couplet, tous, jeunes et vieux,
comme soulagés « d'une Alpe écrasante », chantèrent
avec entrain et chaleur, comme animés d'un feu
sacré, pendant que les larmes inondaient leurs pâles
figures.
Je ne puis te dire ce que j'ai ressenti en ce moment
inoubliable.
Il se fit alors un grand silence. Mais, tout à coup,
semblables au grondement des vagues, retentirent
successivement de formidables « Vive la Suisse ! »
C'était grandiose.
Les différents groupes furent ramenés ensuite à la «
Raudenburg », où tous furent habillés.
La grande salle avec ses monceaux d'effets
atteignant le plafond ressemblait à une vraie foire.
Il y avait des tas de chemises, de sous-vêtements en
laine, caleçons, pantalons, pardessus, des chapeaux
et casquettes et des sacs pleins de chaussures.
Une autre division était réservée aux vêtements pour
dames et jeunes filles, et enfants. Presque tous ces
effets étaient absolument neufs et avaient afflué de
toutes les parties de la Suisse.
On fit entrer les internés par groupes de vingt ;
chaque personne reçut un sac à linge et pouvait
ensuite choisir ce qu'il lui fallait. Tout le monde
fut équipé à neuf des pieds à la tête. Beaucoup
n'étaient chaussés que de sabots et avaient leurs
pieds enveloppés de chiffons.
On remit en outre à chaque personne une lavette et
un pain de savon, dont elles avaient bien besoin.
Un certain nombre purent même jouir du bienfait d'un
bain aux bourgeons de sapins.
Ce fut une métamorphose complète. Nous nous
trouvâmes en présence de gens propres, gais et
heureux de vivre, allant de surprise en surprise.
Car, pour bien finir, on leur servit un excellent
souper composé de soupe aux gruaux d'avoine, petites
saucisses, nouilles, pommes de terre, vin, fruits et
cigares.
Ma cousine et moi nous aidâmes au service. Nous nous
amusions de remplir trois ou même quatre fois les
assiettes d'une soupe qui nous faisait venir l'eau à
la bouche. Ces braves gens nous dirent :
« - Nous n'avons plus l'habitude d'un bon dîner
pareil. »
Beaucoup de ces malheureux nous racontèrent comment
ils furent arrachés de chez eux et comment leurs
familles furent dispersées.
Un brave homme qui travaillait dans un moulin des
environs de Verdun, n'a plus revu sa femme et ne
sait ce qu'elle est devenue. Sa figure triste et
minée par le chagrin faisait peine à voir. Tel jeune
homme ne sait ce que sont devenus sa mère et ses
frères et soeurs.
Oh ! ma chère, je n'en finirais pas si je devais te
raconter toutes ces misères.
Comme notre train pour Zurich partait à 8 heures, il
fallait nous séparer de nos chers amis, et c'est
avec peine que nous en prîmes congé. On n'en
finissait pas de se serrer les mains et de se dire
au revoir.
Ils nous disaient : « Jamais nous n'oublierons la
Suisse. C'est un vrai paradis après l'enfer.
Leur train partit de Schaffouse à dix heures du
soir, se dirigeant directement sur Genève par
Zurich.
Retrouveront-ils leurs foyers, et dans quel état ?
Quel bonheur de nous trouver si tranquilles en
Suisse, alors que tout autour il n'y a que larmes et
deuils.
L'autre jour, quelques aéros vinrent en vingt-sept
minutes de Berne à Zurich. La croix blanche sur fond
rouge se détachait nettement de l'azur du ciel et
nous n'avions pas à craindre les fléchettes. Nous
nous dîmes :
« Honneur à la Croix blanche sur fond rouge et aux
trois couleurs françaises. »
Nos progrès s'accentuent
DE L'YSER A L'ALSACE
Les beaux succès des Anglais
Paris, 13 mars, 15 h. 10.
Dans la boucle de l'Yser, l'armée belge a consolidé
et élargi les résultats obtenus par elle dans la
journée de jeudi.
Les troupes britanniques ont continué à progresser.
Elles ont franchi le ruisseau des Layes, qui coule
parallèlement à la route de Neuve-Chapelle à
Fleurbaix, entre cette route et Aubers.
Elles ont enlevé, dans cette région, plusieurs
tranchées ennemies. Elles ont atteint à la fin de la
journée, la route dénommée rue d'Enfer, qui se
dirige, du nord-ouest au sud-est, vers Aubers, et
dessert un faubourg de cette localité.
Au sud-ouest de Piètre, elles ont enlevé plusieurs
groupes de maisons organisées défensivement. Le
nombre total des prisonniers de la journée est d'un
millier. Les Allemands ont perdu plusieurs
mitrailleuses.
A gauche et à droite de l'armée anglaise, les
troupes françaises ont appuyé son action par un feu
très vif d'artillerie, de mitrailleuses et
d'infanterie.
En Champagne, nos progrès ont continué, en fin de
journée, sur les pentes nord de la croupe est du
Mesnil. Nous avons fait 150 prisonniers, dont 6
officiers.
Dans les Vosges, au Reichackerkopf, l'ennemi, après
un bombardement violent, a tenté de prononcer une
attaque qui a été arrêtée net par notre feu.
Aux EPARGES et au BOIS LE PRÊTRE
Paris, 14 mars, 0 h. 35.
Voici le communiqué officiel du 13 mars, 23 heures :
Après de vifs engagements les jours précédents, un
calme à peu près complet des deux partis a
caractérisé, sur tout le front la journée
d'aujourd'hui, qui a été marquée seulement par
quelques actions d'artillerie.
Nous avons consolidé partout nos positions.
A la suite des déblaiements effectués aux Eparges,
sur le terrain gagné par nous, nous avons trouvé
deux nouvelles mitrailleuses allemandes, ce qui
porte à quatre le nombre des mitrailleuses perdues
par l'ennemi sur ce point.
Dans le bois Le-Prêtre, nous avons enrayé net une
tentative d'attaque.
MARCHÉ DE NANCY
Nancy, 14 mars 1915.
Peu d'approvisionnement en légumes frais, qui sont
représentés par les choux-fleurs, artichauts,
endives du Midi et quelques radis de couche. La
baisse des oeufs continue.
Voici les prix fixés par la mercuriale : Boeuf, 2 fr.
à 3 fr. le kilo ; veau, 2 fr. 80 à 4 fr. le kilo ;
mouton, 2 fr. 40 à 3 fr. 60 : lard frais, 2 fr. 40 à
2 fr. 80 le kilo ; lard sec, 2 fr. 40 à 2 fr. 50 le
kilo ; grillade.
1 fr. 80 à 2 fr. 40 ; beurre, 3 fr. 40 à 4 fr. 40 le
kilo ; oeufs, 1 fr. 20 à 1 fr. 50 la douzaine: pommes
de terre, 10 fr. à 25 fr. les 100 kilos.
La VIE, c'est l'ACTION
Nancy, le 14 mars.
Les Français qui ne font pas métier de dîner tous
les soirs avec des diplomates ont été assez vivement
surpris du subit revirement de la Grèce. Ils n'ont
pas été loin de soupçonner que le vaillant Achille
préférait laisser la place au prudent Ulysse.
Ce n'est point, paraît-il, tout à fait cela. Mais il
y a beaucoup de vraisemblance qu'il en soit presque
ainsi.
Que la Grèce oublie ses traditions et ses intérêts
jusqu'à abandonner tout espoir de revanche sur le
Turc, il n'y a pas probabilité. Venizelos était
l'homme qui voulait prendre cette revanche tout de
suite, et partir avec les Alliés contre
Constantinople. Le roi Constantin n'a pas été de cet
avis. Son origine, ses attaches et ses alliances
germaniques l'ont assurément influencé plus qu'il ne
convenait. Cependant le nouveau ministère, s'il n'a
pas l'énergie et la clarté de vues du précédent, ne
pourra pas longtemps résister à la poussée
populaire.
Il n'en est pas moins vrai que la Grèce a remplacé
malgré elle un gouvernement actif par un
gouvernement passif.
Les Alliés, s'il le faut, feront sans elle. Mais il
serait mauvais qu'un peuple méditerranéen comme
l'Hellade s'abstint dans une action qui, suivie par
elle, servirait sa gloire et ses intérêts.
Venizelos a dit que le dommage causé par ce
revirement inattendu est irréparable. Personne ne le
voudra croire jusqu'à la solution définitive.
Nous espérons toujours que la Grèce n'arrivera pas
trop tard, et que la prudence d'Ulysse cédera devant
la vaillance d'Achille.
En Roumanie les affaires ne paraissent guère plus
avancées qu'au début de la guerre. Nous avons reçu
il y a quelques mois des lettres enthousiastes de
personnalités éminentes roumaines. Elles brûlaient
du désir d'entrer en campagne. Les mêmes
personnalités ne sont pas moins enthousiastes
aujourd'hui, mais leur action, n'a pas encore
abouti, et ne parait pas avoir progressé. Pourtant
quelle chance meilleure jamais se présentera pour ce
pays de satisfaire ses aspirations nationales ? Des
manifestations de sympathie sont choses excellentes.
On accordera que ce n'est pas suffisant pour créer
un droit.
En Italie, le prince de Bülow recommence ses visites
aimables, et la presse germanique s'évertue à
couvrir par de plaisantes propositions le bruit du
canon dans les Dardanelles. On ramène sur Trieste et
le Trentin l'attention italienne qui s'était tournée
anxieusement vers les rives du Bosphore.
Les journaux allemands n'hésitent pas à insinuer que
le kaiser exercera sur l'Autriche une énergique
pression pour amener son alliée à céder le Trentin.
Et cette suggestion qui avait d'abord à bon droit
semblé bouffonne, les neutralistes l'utilisent à
nouveau pour, hypnotiser l'Italie.
Il y a donc partout. - et nous ne disons rien de la
Bulgarie, - un renouveau de succès apparents pour la
diplomatie allemande, à la fois combattante et
neutraliste.
Ce qui est le plus curieux et le plus
caractéristique, c'est que en Italie comme en Grèce
et en Roumanie les populations et la presse qui est
leur reflet veulent une coopération, immédiate avec
les Alliés, tandis que les gouvernements, ou plutôt
les rois, font tous leurs efforts pour désagréger
cette volonté.
La question est donc de savoir qui, dans cette lutte
où les peuples ont engagé leur liberté comme les
rois ont engagé leur autorité, sera vainqueur, et si
le roi cèdera au peuple ou le peuple au roi.
Ainsi par la guerre actuelle les nations sont mises
en présence de leurs droits, de leurs devoirs, de
leurs intérêts. Il faut qu'elles se décident, et
qu'elles se décident au plus tôt, sous peine
d'abandonner leurs droits, de faillir à leurs
devoirs et de compromettre leurs intérêts.
Il n'est plus temps de tergiverser. L'heure est
passée où l'on pouvait espérer des profits sans
courir de dangers.
Quand le premier obus anglo-français tombera sur
Constantinople il sera trop tard pour offrir une
vaine collaboration. Les nations balkaniques auront
laissé échapper une merveilleuse occasion de
réaliser leurs justes aspirations.
Nous espérons toujours que le bon sens des peuples
et leur loyauté auront raison des hésitations
entretenues chez eux par la fausseté impudente des
diplomates germains.
L'abstention n'est pas la vie. La vie, c'est
l'action.
RENÉ MERCIER.
DEVANT MORHANGE
Un coin du champ de bataille
(20 AOUT 1914)
Comment le capitaine Louis Brugnière, du 37e
d'infanterie, fut tué à la tête de sa compagnie
Nous extrayons d'une longue lettre écrite par un
officier du 37e de ligne, le lieutenant Lienhart, en
traitement dans un hôpital du Midi, l'intéressante
description qui retrace avec une saisissante netteté
la physionomie d'un coin du champ de bataille où la
8e compagnie de ce glorieux régiment soutint contre
les tranchées allemandes une lutte admirable.
Son capitaine trouva là une mort héroïque.
Le 19 août, au soir, après quelques jours déjà de
pénibles combats., le deuxième bataillon du 37e de
ligne cantonnait à Habondange.
Avant de prendre quelques heures de repos bien
mérité, le capitaine Brugnière, le sous-lieutenant
Pénard et moi nous devisions sur le succès probable
de notre offensive. Déjà on parlait de passer une
bonne nuit le lendemain à Morhange !
Après avoir mangé avec plaisir une excellente
omelette, aimablement servie par une brave, paysanne
lorraine, nous nous endormons.
Le lendemain 20, on nous réveille de bon matin. Il
est 4 heures. Tout de suite le bataillon se met en
marche. Dès le sortir de Habondange, force nous est
de prendre les formations de combat pour éviter les
premiers obus qui nous harcèlent déjà.
Nous allons ainsi jusqu'à Pévange. Là, notre
compagnie - la huitième - sur Les ordres du
capitaine, s'abrite derrière une ferme. Nous restons
là environ une demi-heure, sous une véritable grêle
d'obus.
A ce moment je suis aux côtés du capitaine
Brugnière. Il me parle de l'attaque probablement
imminente. Il me donne encore quelques conseils au
sujet de ce qu'il va falloir faire. Puis,
ostensiblement, nous causons de banalités pour
donner courage aux hommes et pour leur prouver par
notre peu d'émotion que le danger n'est pas aussi
grand qu'il en a l'air.
Je me rappelle toujours la fière et noble attitude
du capitaine en ce pénible moment d'avant l'action.
Les minutes passent. L'instant où nous allons donner
approche. Déjà une compagnie du régiment est partie
à l'attaque dans la direction de Morhange. Un peu
d'angoisse et surtout la crainte de l'imprévu se lit
dans les yeux de tous ceux qui nous entourent Mais
comme ils seront crânes, tout à l'heure, nos petits
troupiers !
Un ordre vient du colonel. Il faut immédiatement
partir à l'assaut. Vivement le, capitaine, qui avait
quelques instants considéré avec attendrissement une
petite photographie, la remet dans son portefeuille
et replace le tout sur son coeur.
Nous nous serrons les mains avec émotion et, pour
affermir encore notre courage, il nous dit, au
sous-lieutenant Pénard et à moi : « A ce soir, mes
amis... » Hélas ! le soir, je devais être le seul
officier vivant de notre belle compagnie.
Chacun de nous vole à son poste de combat, section
par section la compagnie s'égrène dans les champs en
ligne de tirailleurs. Les obus pleuvent
littéralement autour de nous. Par un sinistre
contraste, un gai soleil illumine tout et chauffe
déjà.
Il est six heures du matin.
Un obus vient d'éclater juste sur la ligne de ma
section, tue un homme, en blesse deux autres qui
poussent aussitôt des cris lamentables ; mais
toujours on marche droit au but.
Maintenant nous gravissons la côte au sommet de
laquelle nous apercevrons sans doute l'ennemi qu'il
nous faudra combattre et nous y trouverons la
compagnie qu'il s'agit de renforcer.
De temps en temps, un obus nous tue quelques hommes
; mais il n'a pour seul effet que de nous faire
avancer plus vite vers le but de nos efforts. Nous
approchons de la crête en bon ordre et, somme toute,
avec le minimum de pertes.
Jusqu'ici, tout va bien. Hélas ! le plus abominable
piège nous attendait. On était à deux pas d'y
tomber. Cent mètres avant d'atteindre la crête,
alors que nous cherchions des yeux la compagnie que
nous allions renforcer, nous sommes pris brutalement
par un feu d'infanterie d'une violence inouïe. Il
faut immédiatement arrêter la marche sous peine
d'être un instant écrasés tous.
Tout le monde se couche, sans que pour cela cesse la
terrible fusillade ennemie. A n'importe quel prix il
faut savoir ce que nous avons devant nous. Le
capitaine et moi nous nous mettons à genoux et, de
nos jumelles, nous fouillons le terrain.
Mais point n'est besoin d'instruments d'optique : la
sinistre réalité est là, devant nous, toute proche !
Juste de cette crête que nous espérions occuper, les
ennemis nous fusillent depuis de solides tranchées.
Tranquillement, comme à la chasse, ils nous visent.
Sur la gauche une mitrailleuse nous prend d'enfilade
et redouble l'intensité du feu déjà si violent
partout.
Depuis un moment je remarque que le sifflement des
balles augmente autour de moi. Je pense que,
démasqué et désigné à l'ennemi par mes galons, je
suis particulièrement visé. J'en fais à haute voix
la remarque au capitaine distant de moi d'environ
vingt mètres :
- Oui; me dit-il, c'est sûr ; nous sommes visés...
Nous nous heurtons à un retranchement formidable. Il
est très difficile d'avancer, impossible même. Je
crois bien qu'il... »
Mais le pauvre capitaine Brugnière n'achève point sa
phrase. Je le vois s'affaisser et tomber la face en
avant. Il est touché. Immédiatement je rampe vers
lui pour lui porter secours et si, comme je
l'espère, il n'est que blessé, le faire coûte que
coûte, transporter sur l'arrière.
Hélas ! à peine à ses côtés, la triste réalité
m'apparaît. Mon capitaine est mort, tué
glorieusement, face à l'ennemi. Une balle l'a frappé
entre les deux yeux ; elle est sortie derrière
l'oreille droite où elle marque un point rouge.
La mort a été foudroyante.
...Les événements ne devaient pas nous être
favorables en cette journée. Pendant quatre heures,
j'ai tenu avec ma compagnie, sous un feu meurtrier,
attendant l'occasion qui décidément ne voulait pas
s'offrir de nous élancer à l'assaut de la plus
voisine tranchée.
A dix heures, ma compagnie n'était plus en état de
tenter une attaque heureuse.
Derrière moi, je vois des unités qui battent en
retraite. Notre avance est définitivement enrayée.
Sur ma droite, l'ennemi sort de ses tranchées et
commence la contre-attaque. Je vais être tourné. Il
faut me replier au plus vite. Alors a lieu cette
pénible retraite qui devait le soir ramener toute
notre armée sur la rivière de la Seïlle.
C'est au cours de cette retraite, à midi, que j'ai
été blessé par un éclat d'obus...
RAPATRIEMENT D'OTAGES LORRAINS
Récemment, nous avons publié les noms d'otages
lorrains recueillis dans le département du Gard,
arrondissement d'Alais, dont la résidence, à ce
moment, n'était pas connue.
La Chambre de Commerce de Nancy nous transmet des
adresses actuelles de la plupart de ces réfugiés,
dont nous donnons ci-dessous la liste :
MEURTHE-ET-MOSELLE
Baudry Louis, sous-agent technique des poudres et
salpêtres à Montpezat ; Guldener François, retraité
des douanes à Montpezat ; Herment Célestin, ouvrier
de ferme à l'Assomption (Nîmes) ; Thirion
Jean-Baptiste, garde particulier, parti pour
Périgueux, chez M. Hausen, rue Lamartine, 1 ;
Crouvizier Eugène, employé de chemin de fer à
Bezouce (Gard) ; Franquin Charles, cultivateur à
Bezouce ; Faconde Emile, maçon à Bezouce ; Lhote
Joseph, cantonnier à Bezouce ; Baudoin Juliette,
épouse Roi lot, sans profession à Saint-Gervasy
(Gard) ; Rollot Abel, fils, sans profession à
Saint-Gervasy ; Staar Eugène, cultivateur à Domazan
; Deguet Alfred, cultivateur à Domazan ; Bouffier
Eugène, cultivateur à Domazan ; Litsche Marie, sans
profession à Jonquières ; Litsche Marie-Thérèse,
sans profession à Jonquières ; Royer Augustine, sans
profession à Lecques; Royer Ida, sans profession à
Lecques ; Royer Hélène, sans profession à Lecques ;
Unger MarceUe, sans profession à Lecques ; Unger
Suzanne, sans profession à Lecques ; Unger André,
sans profession à Lecquee ; Crochat Ernest, manoeuvre
à Fouqrues ; Zurflut Louis, manoeuvre à Fourques ;
Contai Auguste, manoeuvre à Fourques.
MEUSE
Adam Maria, sans profession à Aubais ; Charlus
Amable, sans profession à Clarensac ; Charles
Catherine, sans profession à Clarensac ; Gaude
Marie, née Charles, sans profession à Clarensac ;
Gaude Marcelle, sans profession à Clarensac ; Gaude
Robert, sans profession à Clarensac ; Burlereaux
Emile, cultivateur à Bezouce ; Burelereaux
Théophile, cultivateur à Bezouce ; Burlereaux Marie,
sans profession à Bezouce ; Burelereaux Léocadie,
sans profession à Bezouce ; Burlereaux Hélène, sans
profession à Bezouce ; Burlereaux Clémentine, sans
profession à Bezouce ; Thenot Léon, cultivateur à
Saint-Gervasy ; Thenot Denise, sans profession à
SaintGervasy ; Gasson Flarence (?), cultivateur à
Lecques ; Gillet Charles, manoeuvre à Parques ;
Bellissont Michel, clerc de notaire à Fourques ;
Quenel Jacques, 70 ans, Arnouville-sous-les-Côtes, à
Assomption (Nîmes) ; Filio Auguste, 76 ans,
Hubeville, à Assomption (Nîmes) ; Mangin Isidore, 80
ans, de Hubeville, à Assomption (Nîmes); Donde
Blaise, 87 ans, de Arnouville-sous-les-Côtes, à
Assomption (Nîmes) ; Taquant Nicolas, 78 ans, de
Voison, à Assomption (Nîmes) ; Marchal Zénot, à
Laudun : Poncelet Théophile, à Laudun ; Gavard
Louis, à Laudun ; Bouchet Gabriel, à
Saint-André-de-Roquepertuis ; Lamiable Alfred, à
Saint-Alexandre, par Pont-Saint-Esprit ; Doyen
Joseph, à Laudun ; Noël Alexis, à Laudun ; Marquet
Jules, à Laudun.
COMMENT NOS HÉROS ONT ENLEVÉ VAUQUOIS
Paris, 15 mars, 0 h. 30.
Une note officielle raconte comment les Français ont
attaqué, le 28 février, et se sont emparés, après
trois jours de lutte, du plateau et de la moitié du
village de Vauquois, à la lisière est de l'Argonne,
pris par les Allemands fin septembre, et où nous
nous sommes maintenus malgré toutes les attaques.
Vauquois avait, pour les Allemands, l'inappréciable
avantage de masquer leurs opérations au nord de
Varennes et de leur permettre de ravitailler leurs
troupes de l'Argonne.
Vauquois est aussi un admirable observatoire,
dominant Les environs.
La position était une véritable forteresse.
Le 28 février nous avons occupé le plateau de
Vauquois et pénétré dans le village où nous avons
engagé des combats de rues âpres et féroces, mais
une contre-attaque allemande nous obligea à reculer.
Une heure après, dans un élan spontané
d'enthousiasme, les Français reprennent d'assaut et
chassent les Allemands, mais ils doivent encore
reculer.
Le 1er mars, les Français, résolus à en finir,
montent quatre fois à l'assaut de Vauquois. Ils sont
refoulés avec des pertes sérieuses.
Le 2 mars, l'assaut du plateau recommence. Les
Français pénètrent dans le village et s'y
installent.
Quatre contre-attaques allemandes sont repoussées.
Les jours suivants, malgré de violentes
contre-attaques, nous conservons les positions
conquises.
L'importance de ces résultats est justifiée par la
ténacité de l'ennemi.
L'impression produite chez nos adversaires a été
très forte.
La note signale de nombreux actes d'héroïsme et
conclut que la perte par l'ennemi de Vauquois, qui
cesse d'être ainsi pour les Allemands un
observatoire incomparable, a eu par la suite un
résultat capital
LE RETOUR DES OTAGES
Les habitants des régions de France occupées par
l'ennemi qui sont rapatriés par la Suisse sont,
après quelques jours ou semaines de repos en
Haute-Savoie dirigés vers un département du Centre
ou du Midi. A diverses reprises, M. le Préfet a été
saisi de demandes par lesquelles les intéressés
sollicitaient l'autorisation de rentrer en
Meurthe-et-Moselle ; il n'a pu, à son grand regret,
les accueillir en raison des instructions formelles
qu'il a reçues de l'autorité militaire.
Mais toutes les fois qu'il s'agira de ce cas si
particulièrement intéressant de Français emmenés
comme otages par l'ennemi ayant subi en Allemagne
les rigueurs de la captivité, et dont la famillle
réside actuellement en Meurthe-et-Moselle, M. le
Préfet considère le retour auprès de sa famille de
ce compatriote si éprouvé comme si hautement
désirable qu'il fera tout ce qui sera en son pouvoir
pour le rendre possible. Les demandes de ce genre
doivent être adressées à la Préfecture (Cabinet du
Préfet).
Reims et Soissons bombardés
POUR SE VENGER DE LEURS ÉCHECS
Nous occupons Emberménil
Paris, 14 mars, 15 h. 20.
Lest troupes belges ont continué à progresser dans
la boucle de l'Yser. Leur artillerie, appuyée par
notre artillerie lourde, a détruit le point d'appui
organisé par les Allemands au cimetière de Dixmude.
L'ennemi a bombardé Ypres. n'y a eu plusieurs
victimes dans la population civile.
L'artillerie allemande a également bombardé la
cathédrale de Soissons et le quartier environnant.
Au nord de Reims, en face du bois du Luxembourg,
l'ennemi a tenté de s'empanner d'une de nos
tranchées avancées, il a été repoussé. Reims a été
alors bombardé.
En Champagne, nous avons, à la fin de la journée du
13 mars, repoussé deux contre-attaques et enlevé, en
poursuivant l'ennemi, plusieurs de ses tranchées.
Dans l'une d'elles, nous avons trouvé une centaine
de morts environ et du matériel.
En Argonne, au Four-de-Paris, une attaque a tenté de
déboucher contre nos lignes. Elle a été arrêtée net.
En Lorraine, nos patrouilles ont occupé Emberménil.
Dans les Vosges, actions d'artillerie.
BEAU FAIT D'ARMES ANGLAIS A NEUVE-CHAPELLE
Paris, 15 mars, 1 heure.
Voici le communiqué officiel du 14 mars, 23 heures :
Une escadrille anglaise a bombardé Westende Elle a
obtenu des résultats.
Le succès des Anglais à Neuve-Chapelle s'affirme
comme tout à fait complet. Ils ont avancé sur un
front d'environ trois kilomètres et une profondeur
de douze à quinze cents mètres, enlevant
successivement trois lignes de tranchées et un fort
ouvrage au sud de Neuve-Chapelle.
Des contre-attaques allemandes d'une grande violence
ont toutes été repoussées. L'ennemi a subi des
pertes considérables. Il a laissé aux mains des
Anglais un nombre de prisonniers sensiblement plus
élevé que celui annoncé tout d'abord.
L'artillerie britannique de campagne et l'artillerie
lourde avaient préparé très efficacement et ont
soutenu l'action vigoureuse de l'infanterie.
En Champagne, nous avons consolidé notre nouveau
front par des progressions sur divers points. Nous
avons assuré notre installation sur les lignes des
crêtes enlevées à l'ennemi.
En Argonne, entre le Four-de-Paris et Bolante, nous
avons pris trois cents mètres de tranchées et fait
des prisonniers, dont des officiers. L'ennemi a
contre-attaqué deux fois dans la journée et il a été
complètement repoussé.
Sur les Hauts-de-Meuse, aux Eparges, les Allemands
ont tenté une attaque qui a été arrêtée net par
notre feu. Il en a été de même à Chémois au nord de
Badonviller.
EN ALSACE
Arrestations sensationnelles à Mulhouse
On vient d'arrêter à Mulhouse, sous l'accusation de
manifestations de sentiments français, sept membres
de la fraction socialiste du conseil municipal.
Parmi ces derniers se trouvent le député alsacien à
la première Chambre, Martin, puis MM. Wieky et
Muller-Moeglin. On ne connaît pas exactement la
nature du délit qui leur est reproché.
On sait que le désaccord règne depuis longtemps à
Mulhouse entre les socialistes allemands et
alsaciens. Récemment le député Emmel, un Allemand
immigré, chef du parti socialiste au conseil
municipal, écrivait dans la « Mülhauser Volkszeitung
» qu'il rédige, que l'Alsace-Lorraine serait ruinée
économiquement si elle redevenait française.
Là-dessus, son organe fut boycotté par le parti
socialiste et lui-même destitué de ses fonctions de
chef du parti au conseil municipal.
Grand incendie dans le port de Strasbourg
Un incendie, qui dure depuis quinze jours, est en
train de dévorer un des plus grands entrepôts de
houille du port de Strasbourg, situé sur l'île que
forment deux bras du Rhin, nommée « Sporeninsel ».
Environ 4.000 wagons de houille sont détruits. Le
feu ne peut-être maîtrisé, l'eau qui y est jetée
formant croûte et favorisant la combustion interne.
Les dégâts sont immenses. Ces réserves avaient
certainement aussi toutes sortes de raisons d'être.
Elles sont entièrement détruites. Le feu dure
encore. Une enquête policière est ouverte.
UNE oeUVRE PHILANTHROPIQUE A ANNEMASSE
A la vieille du retour en France, par milliers, des
internés civils dont les tristes convois vont de
nouveau s'échelonner entre les camps de
concentration allemands et la France, qu'il soit
permis de noter rapidement les services que n'a
cessé de rendre à nos malheureux compatriotes le
comité de secours d'Annemasse.
Annemasse, c'est le modeste village situé sur la
frontière, à l'extrême limite de la Savoie. Cinq
kilomètres le séparent de Genève. Une ligne de
tramway, ayant son terminus devant la gare, mène
dans la belle saison les innombrables touristes qui,
après les excursions en Suisse, viennent chez nous
admirer les ressources naturelles de ce magnifique
pays.
Que ce soit pour une ascension au belvédère des
Treize-Arbres, au sommet du Solève, que ce soit pour
une visite à la merveilleuse vallée du Giffre, vers
Samoens ; que ce soit pour une randonnée à Thonon, à
Evian, sur les bords enchanteurs du Léman ; que ce
soit enfin pour une halte avant de partir en
automobile dans la direction des glaciers de
Chamonix ou des sites pittoresques du Faucigny, les
coquets et confortables hôtels d'Annemasse sont
assurés d'une clientèle qui apporte l'animation, le
luxe et la richesse.
Mais quel contraste avec le morne défilé des pauvres
gens que la guerre amena cet hiver !
Pour faire face aux nécessités d'une organisation
qu'il fallut tout d'abord improviser, les bonnes
volontés se multiplièrent et, si l'hospitalité
écossaise jouit de la réputation que l'on sait, il
est juste d'ajouter qu'elle souffrirait parfois
d'une comparaison avec l'accueil que les réfugiés
ont reçu en Savoie.
Dès le 1er septembre, un comité de secours se
créait, sous la présidence de M. le docteur Favre,
maire d'Annemasse ; d'utiles et dévouées
collaborations se groupaient aussitôt Les noms de M.
Foraizon, vice-président ; E. Bosson, trésorier ;
Lyonnaz, secrétaire ; Imbert, Corsat, Pellet, Gay,
etc., s'inscrivaient en tête d'une liste de
vingt-quatre personnalités n'ayant au coeur que le
généreux souci de soulager les misères, de consoler
les deuils, de sécher les larmes dans les foyers
éprouvés par la guerre.
Le comité de secours se proposa pour but la
répartition des premiers convois de réfugiés entre
les principales communes de la région.
A mesure que les convois arrivaient, les délégations
se succédaient dans la gare pour souhaiter la
bienvenue aux pauvres gens chassés par la terreur de
l'invasion : on distribuait aux enfants le linge,
les aliments, les layettes, les vêtements
nécessaires ; on assurait aux parents le vivre et le
couvert Les besoins s'accrurent. La charité grandit
Le bureau de bienfaisance d'Annemasse associa son
initiative à l'oeuvre dont les résultats prouvaient
que la philanthropie ne recule jamais devant
l'étendue des sacrifices et qu'elle n'a rien fait
tant qu'il reste quelque chose à faire.
On décida alors de venir en aide à tous les
mobilisée indigents d'Annemasse ; on versa des
allocations aux familles trop pauvres pour payer
leur modeste loyer - sans recourir aux avantages du
moratorium qui, en certains endroits, avive les
différends entre locataires et propriétaires.
Le charbon et le bois furent délivrés en quantités
suffisantes pour que la cheminée s'égayât en hiver
d'une jolie flamme ; puis à l'occasion des fêtes de
Noël, on augmenta la ration des soupes communales,
sans négliger l'envoi d'un mandat de cinq francs à
tous les soldats sur le front.
Le comité de secours et le bureau de bienfaisance
rivalisaient entre eux de zèle actif et c'est de
leur étroite union, de leur solidarité infatigable
dans le dévouement que sortit la création d'une «
maison familiale des réfugiés », une sorte d'hôtel
dont la transformation s'adapta parfaitement aux
exigences de la situation : un réfectoire, une salle
de travail en commun rassemblaient quelques familles
à qui une douce sollicitude restituait l'illusion de
la maison incendiée ou détruite là-bas, en Lorraine
et dans le Nord...
Des sympathies proches ou lointaines répondaient
comme un écho fidèle et douloureux aux appels du
Comité de secours ; le Consistoire de Genève
envoyait son obole ; des institutions religieuses,
des syndicats, des municipalités, celle de Lyon
entre outres, consolidaient tant bien que mal
l'équilibre d'un budget où le chapitre des dépenses
enflait sans cesse.
On ouvrit enfin aux internés et aux réfugiés
l'hospice d'Ambilly - tout proche. Puis, quand la
mort, hélas ! vint frapper parmi les enfants et les
vieillards, une attention dont la délicatesse se
passe de tout éloge, accompagna la fin de ces
malheureux.
Des avis, des « faire-part » furent répandus à
profusion dans les hôtels, les habitations privées,
afin qu'au cimetière une assistance d'amis témoignât
encore des sentiments inspirés par ceux dont la
détresse, la tristesse et le désespoir ont trouvé en
Savoie une aide, un encouragement, une petite
consolation...
Voilà ce qu'ont fait les Savoisiens ; voilà ce
qu'ils sont prêts à refaire pour les milliers de
prisonniers civils que l'Allemagne leur enverra à
partir de la semaine prochaine.
En Lorraine, où la sensibilité des coeurs s'éveille
si facilement aux nobles inspirations, de la
solidarité, il nous a paru bon, aujourd'hui, de
signaler comment, sans bruit, sans forfanterie,
Annemasse a accueilli bon nombre de nos infortunés
compatriotes.
ACHILLE LIÉGEOIS.
FRUCTUEUSE JOURNÉE
Dans la région d'Arras, dans l'Aisne, en Champagne
et en Argonne nos progrès ont été particulièrement
brillants.
Paris, 15 mars, 15 heures.
L'armée belge a continué à progresser dans la boucle
de l'Yser et au sud de Dixmude.
Les troupes Britanniques, très violemment attaquées
dans la soirée d'hier, à Saint-Eloi (sud d'Ypres) se
sont légèrement repliées, puis ont contre-attaqué et
repris une partie du terrain cédé. Le combat
continue.
Dans la région de Neuve-Chapelle, pas de
modification.
En Argonne, l'ennemi a tenté, à la fin de
l'après-midi du 14, une troisième et très violente
contre-attaque pour reprendre les tranchées
conquises par nous entre le Four-de-Paris et
Bolante. Comme les précédentes, cette contre-attaque
a été repoussée.
Paris, 16 mars, 0 h. 52.
Voici le communiqué officiel du 15 mars, 23 heures :
La journée a été marquée par de nombreuses actions
favorables.
En Belgique
Dans la région de Lombaërtzyde, notre artillerie a
bombardé, très efficacement les ouvrages ennemis.
Les Allemands ont essayé de reprendre le fortin qui
leur avait été enlevé dans la nuit du 11 au 12 mars,
mais ils ont été repoussés en laissant une
cinquantaine de morts sur le terrain. Nos pertes
sont insignifiantes.
Au sud d'Ypres, l'armée britannique, que l'attaque
allemande d'hier avait obligée à se replier au delà
de Saint-Eloi, a repris le village et la presque
totalité des tranchées voisines, malgré plusieurs
contre-attaques de l'ennemi.
Vers Arras, le Nord et la Somme
Au nord d'Arras, une attaque très brillante de notre
infanterie nous a permis d'enlever d'un seul bond
trois lignes de tranchées sur l'éperon de
Notre-Dame-de-Lorette et d'atteindre le rebord du
plateau. Nous avons fait une centaine de
prisonniers, parmi lesquels plusieurs officiers et
sous-officiers, détruit deux mitrailleuses et fait
exploser un dépôt de munitions.
Plus au sud, dans la région d'Ecurie-Roclincourt,
près de la route de Lille, nous avons fait sauter
plusieurs tranchées allemandes et empêché l'ennemi
de les reconstruire.
Dans la région d'Albert, près de Carnoy, les
Allemands ont fait sauter une mine sous nos
tranchées et en ont occupé l'entonnoir. Nous les en
avons chassés. Ils s'y sont réinstallés, mais une
nouvelle contre-attaque nous a permis de reconquérir
la position et nous nous y sommes maintenus depuis
lors. Nous avons réussi à remettre en état toute
notre organisation défensive.
Dans la vallée de l'Aisne
Dans la vallée de l'Aisne, près de Vissens, au
nord-ouest de Nouvron, nous avons pris sous notre
feu deux compagnies allemandes, qui ont subi de très
fortes pertes.
En Champagne
En Champagne, nous avons réalisé de nouveaux progrès
et gagné du terrain dans le bois au nord-est de
Souain et au nord-ouest de Perthes.
Nous avons repoussé deux contre-attaques en avant de
la croupe 196, au nord-est de Mesnil, et élargi,
dans ce secteur, nos positions. Nous avons fait des
prisonniers et pris des lance-bombes.
Dans l'Argonne
En Argonne, l'activité a été très grande depuis
hier.
Dans la région de Bagatelle, deux contre-attaques
ennemies ont été repoussées.
Nous avons démoli un blockhaus et en avons occupé
l'emplacement Nous nous y sommes maintenus.
Entre le Four-de-Paris et Bolante, l'ennemi a tenté
deux nouvelles contre-attaques qui ont échoué comme
les trois premières.
A Vauquois, notre infanterie a prononcé une attaque,
qui l'a rendue maîtresse de la partie ouest du
village. Nous avons fait de nombreux prisonniers.
Au bois Le Prêtre
Au bois Le-Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson,
Les Allemands ont fait sauter à la mine quatre
tranchées avancées, qui ont été complètement
détruites. Ils y ont pris pied après l'explosion.
Nous avons reconquis les deux premières et la moitié
de la troisième.
Entre le bois Le-Prêtre et Pont-à-Mousson, au
Haut-de-Rieupt, l'ennemi a prononcé une attaque qui
a été repoussée.
FRIAUVILLE
(Canton de Conflans)
D'une lettre adressée le 11 mars, à un ami réfugié à
Nancy, par M. Victor François, constructeur
mécanicien à Friauville, rapatrié le 1er mars par
Annemasse (Haute-Savoie), où il a retrouvé sa femme,
sa fille, sa bru et l'enfant de celle-ci, âgé de dix
mois, il résulte que M. Magre, sous-préfet de Briey,
s'occupe de nos malheureux compatriotes avec une
activité et un dévouement dignes de tous les éloges.
Après un temps assez long passé en captivité chez
ces brutes à face humaine, ils sont enfin heureux de
fouler le sol de notre mère-patrie. C'est une pitié,
écrit M. François, de voir tous ces pauvres gens
dans l'état lamentable où ils ont été tenus par la
barbarie teutonne, qui se décide enfin à nous les
renvoyer.
On en attend, paraît-il, au moins trente mille !
Deux convois journaliers de chacun cinq cents
arrivent régulièrement à Annemasse. Il y en a de
tout âge, de tout sexe ; de la Meuse, des Ardennes,
de la Somme, de l'Aisne, de Meurthe-et-Moselle et
probablement de tous nos départements envahis. Des
pauvres vieillards impotents et infirmes, des
faibles femmes, de tout jeunes enfants : ils
emmenaient tout ! Ils « vidaient » les villages dont
les habitants étaient dirigés sur Rastadt (duché de
Bade) où ils attendaient pendant un laps de temps
plus ou moins long leur transfert dans leurs camps
de concentration, parqués dans des locaux infects,
remplis d'une vermine grouillante qui les inondait
de dégoût et d'horreur. A leur arrivée à Schaffouse,
ville frontière de la Suisse allemande, les
habitants font à nos malheureux compatriotes un
accueil grandiose et ils méritent de ce fait une
reconnaissance éternelle.
Les autorités françaises expédient ces rapatriés
dans toutes les directions ; après avoir été
réconfortés, nettoyés et même rhabillés par les
Suisses, ils sont dirigés vers Grenoble, Nice,
Toulon et le littoral méditerranéen.
Les hommes sont restés bien plus longtemps captifs
que les femmes et les enfants, desquels ils furent
séparés brusquement. Cette séparation, fut pour les
familles le moment le plus dur, le plus terrible de
leur captivité.
Le séjour chez ces sauvages a été horrible.
Voici en quelques mots et bien en raccourci
l'odyssée de nos malheureux concitoyens : Le départ
de Friauville eut lieu le 10 janvier, dans
l'après-midi ; embarqués à Mars-la-Tour, les pauvres
émigrants malgré eux quittèrent cette localité à six
heures du soir et débarquèrent à Rastadt le
lendemain soir à sept heures.
Logés dans une forteresse suintant l'humidité -
comme dans une cave - leur couchette, leur grabat
plutôt, se composait d'une poignée de crin végétal,
de quelques copeaux d'emballage, sans paillasse, une
vieille toile pour couvrir le tout ; une couverture
affreuse et sordide, en laine, « qui marchait toute
seule. ».
La nourriture était à l'avenant : du café (et quel
café !) le matin, avec une ration de kamis-brod,
pain noir, horriblement noir, immangeable.. Un pain
qui devait être la ration de deux personnes était
partagé en trois, probablement pour leur éviter des
indigestions. A midi, soupe aux trognons de choux ou
au rutabaga, ou encore aux pommes de terre avec une
pincée de riz mal nettoyé, contenant une espèce de
harcelle ou hachis de paille.
Dans cette soupe, on oubliait régulièrement de jeter
un maigre morceau de viande, et cet oubli se
renouvelait quatre ou cinq fois par semaine ; le
soir, un bouillon léger, très léger, avec un peu
d'orge perlé, des déchets de riz ou soupe à la
farine dans laquelle la viande brillait toujours par
son absence.
Le dimanche soir, et quelquefois un jour ou deux par
semaine, la soupe était remplacée par une espèce de
calé, qui n'avait de café que le nom et la couleur.
Quelquefois cet ordinaire était remplacé par un
morceau de fromage invariablement avarié.
Il fallait être littéralement affamé pour toucher à
ces aliments. Comme on le voit, nous sommes loin des
magnifiques jambons et des excellentes saucisses
dont nos ménagères ont le secret en Lorraine et dont
les goinfres du kaiser avaient soin de s'emparer dès
qu'ils entraient dans nos maisons, dussent-ils pour
les découvrir renverser tout, fouiller partout, de
la cave au grenier, jusque dans les jardins, quand
la terre paraissait fraîchement remuée, sous les tas
de fagots, enfin partout où leur expérience de
cambrioleurs leur avait appris à connaître et
découvrir les cachettes.
Dans cette forteresse de Rastadt se trouvaient
internés un millier de soldats français, prisonniers
et blessés. La moitié de ces malheureux n'avaient
plus qu'une jambe ou un bras. D'autres se
soutenaient avec des béquilles. Tous avaient perdu
beaucoup de sang et ne recevaient néanmoins que la
nourriture décrite plus haut.
Leurs lits, si on peut appeler cela des lits,
étaient infects, une vraie pourriture. Les officiers
et les sous-officiers avaient en plus une paillasse
rembourrée de quelques copeaux.
Le traitement et la nourriture étaient les mêmes
pour les officiers; un adjudant d'infanterie était
obligé d'aller chercher sa gamelle, comme les
soldats et les otages civils et comme tout le monde,
il attendait son tour, quelquefois plus d'une
demi-heure.
M. François ne peut dire si les officiers étaient
astreints à aller eux-mêmes chercher leur pitance ;
ce qui l'a écoeuré le plus, dit-il, c'est la barbarie
avec laquelle on traitait indistinctement tous ces
malheureux.
Le chef, un monstre de sergent, avait toujours avec
lui un grand chien loup qu'il excitait sans cesse,
pour activer la sortie des prisonniers français de
leur hideux réduit et il se servait de ce chien,
absolument comme un berger envers son troupeau.
Heureusement que le chien était moins cruel que le
maître (et probablement plus intelligent que lui).
Il se dressait contre les victimes, mais ne les
mordait pas.
Le 22 janvier, départ de Rastadt à neuf heures du
matin pour le camp de Holzminden (Brunswick).
Arrivée le lendemain, à deux heures du soir. Tous
ces pauvres diables furent logés dans des
baraquements en planches, moins humides qu'à
Rastadt, heureusement, car tout le convoi, composé
de deux cent cinquante personnes, était fortement
grippé et enrhumé.
La nourriture était la même qu'à Rastadt, aussi peu
abondante que peu variée, sauf que deux fois par
semaine on leur fit faire connaissance avec certaine
soupe au hareng ou à la morue qu'ils se rappelleront
longtemps !
Leurs tyrans les ramenèrent le 15 février dans leur
camp de Rastadt, tant redouté, à cause de cette
humidité pénétrante qui était leur terreur.
Durant le séjour à Holzminden, un vieillard
octogénaire, Jean-Louis Harment, vit la fin de des
souffrances, ainsi que M. Edouard Jullien,
ferblantier, natif de Conflans. En repassant à
Rastadt, M. François Chardebas, septuagénaire,
succomba également.
On pense ce que fut l'agonie de ces martyrs.
Enfin, le 1er mars, ils rentraient en France,
heureux d'être délivrés de leurs bourreaux,
attendant, avec confiance, leur retour définitif au
pays natal pour y achever leur guérison morale et
physique, dès que les hordes - dignes des Huns -
seront refoulées. Espérons que ce sera bientôt.
M. Francois ajoute qu'à part les vols, les pillages
méthodiques et les orgies habituelles à ces gens de
« haute kultur germanique », le village de
Friauville n'a pas trop souffert du bombardement
Cependant deux énormes obus, entre autres, sont
tombés au milieu du village, près de l'église,
probablement visée, précisément devant ses ateliers,
et ont causé de grands dégâts matériels, en même
temps qu'ils faisaient deux victimes : le lieutenant
d'infanterie Dubief, fils du député de Mâcon, ancien
ministre, et un soldat de sa compagnie.
Les batteries françaises étaient postées au sud et à
l'ouest du village et crachaient leurs obus, celle
du sud dans la direction de Jarny (20 août, jour du
massacre des habitants de cette commune) et celle de
l'ouest dans la direction de Boncourt et Abbéville.
Le 15 décembre, M. François se vit brutalement
appréhendé et enfermé dans un poulailler situé dans
une écurie, assez loin de sa maison.
De ma prison, dit-il, où j'ai été tenu au secret
jusqu'au jour du conseil de guerre (10 janvier),
c'est-à-dire vingt-cinq jours, je pouvais examiner
notre maison où ils ont tout pillé et brûlé ; le
haut était converti en salles de récréation et de
bal, car il y avait continuellement dans le village
un bataillon du 130e d'infanterie et un du 8e
bavarois, ainsi qu'une batterie du 34e d'artillerie
et une du 70e, qui se relayaient à tour de rôle dans
leurs retranchements.
M. François était accusé d'espionnage et
d'entretenir des relations téléphoniques avec les
troupes françaises.
Or, le téléphone n'existait pas. C'était leur
rengaine habituelle ; c'était le prétexte à
massacres et à pillages systématiques.
Enfin, le 10 janvier, à 10 heures du matin, le
conseil rendit un jugement acquittant l'accusé, mais
malgré cela il fut le soir même dirigé avec les
autres otages dans les prisons de l'Allemagne.
Ce même jour, dix-huit ménages, 14 hommes, 17
femmes, 11 enfants furent arrachés de leurs foyers.
Ce sont les familles : Pierson, veuve Royer, Petit,
Chardebas, Harment Jean-Louis, Cochard, Harment
Célestin, Marchand, Miraucourt Joseph, Pêche Joseph,
Royer, retraité ; veuve Véry Anna et ses enfants,
Michel, tailleur ; Jullien Edouard, Plouet, etc.
M. François ajoute que les brutes du kaiser les ont
évacués pour voler plus librement literie, linge,
meubles, etc. Tous ces objets étaient expédiés chez
eux. Ce qui ne leur convenait pas ou n'était pas
transportable était détruit ou brûlé.
Après avoir volé, pillé, torturé d'innocentes
victimes, ils s'en débarrassent aujourd'hui,
heureusement. Mais il ne faut pas croire que c'est
le moindre sentiment d'humanité qui les inspire.
Ne serait-ce pas plutôt la sainte frayeur des
représailles à venir ; ou bien seraient-ils déjà
dans l'impossibilité de les nourrir ?
Peut-être bien que ces deux raisons sont plausibles.
L'essentiel, pour le moment, est que tous ces
malheureux soient désormais à l'abri de la brutalité
et de la fureur de ces hordes sauvages qui se
prétendent civilisées et qui ne sont que la honte de
l'humanité.
M. MAGINOT
vient en béquilles à la Chambre
M. Maginot, député de Bar-le-Duc, ancien
sous-secrétaire d'Etat au ministère de la guerre,
qui fut gravement blessé sur le champ de bataille,
est venu cet après-midi au Palais-Bourbon.
L'ancien sous-secrétaire d'Etat à la guerre n'est
pas encore complètement remis de sa blessure, car il
ne peut marcher qu'à l'aide de béquilles. Il a été
l'objet, de la part de ses collègues, de touchantes
marques de sympathie.
RETOUR D'OTAGES LORRAINS
Nous donnons ci-dessous une nouvelle liste,
communiquée par la chambre de commerce de Nancy,
d'otages lorrains récemment rentrés en France et
recueillis dans le département du Gard.
L'adresse actuelle d'un certain nombre d'entre eux
n'est pas encore connue :
MEURTHE-ET-MOSELLE
Paquin Barbe, 52 ans, de Bouxières ; Paquin Jean, 66
ans, de Bouxières ; Oleff Marguerite, 85 ans, de
Bouxières ; Boilard Joseph, 66 ans, de Bouxières ;
Marceau Pauline, 25 ans, de Villerupt ; Lagarmite
Ida, 14 ans, de Villerupt; Lagarmite Louis, 8 ans,
de Villerupt ; Manoeuvre Anna, 53 ans, de Bouxières ;
Delize Marie, 66 ans, de Bouxières ; Waithier Marie,
58 ans, de Bouxières ; Morhain Marie, 65 ans, de
Bouxières ; Mougenot Appoline, 75 ans, de Bouxières
; Théry François, 72 ans, de Bouxières ; Notaire
Léonie, sans profession, à Beauvoisin (Gard) ;
Notaire Claire, sans profession à Beauvoisin (Gard)
; Gardet Armandine (ou Mataillet), sans profession à
Beauvoisin (Gard) ; Gardet Louis-Maurice, sans
profession à Beauvoisin (Gard) ; Gardet Léon-Paul,
sans profession à Beauvoisin (Gard) ; Gardet
Suzanne, sans profession, à Beauvoisin (Gard) ;
Simon Victor, chef de chantier, à Beauvoisin (Gard)
; Linterger (Lintingre), cultivateur, à Beauvoisin
(Gard) ; Martin Charles; cultivateur, à Beauvoisin
(Gard) ; Trese Théophile (Tresse), cultivateur, à
Beauvoisin (Gard) ; Depoutot Joseph (Detot),
cultivateur, à Beauvoisin (Gard) ; Fristsch Eugénie
(Bisel), Journalière, à Gajan (Gard).
MEUSE
Lagarmite Joséphine, née Simon, 51 ans, de Chauvency
; Certeux Juliette, 63 ans, de Montmédy ; Mettavant
Jules-Nicolas, retraité, à Vergèse (Gard) ; veuve
Poirot, née Lebrun Augnstine, coquetière, à Gajan
(Gard).
L'oeUVRE DES BARBARES DANS LA RÉGION D'ÉTAIN
M. Cathelinaux, juge de paix du canton d'Etain, a
remis à notre confrère les Républicain de la Meuse,
de Verdun, la partie essentielle du rapport qui
suit, rapport qu'il a déposé entre Les mains de M.
le sous-préfet de Verdun, le 31 août dernier. Nous
en reproduisons ces extraits :
...Lundi dernier, 24 août, les Allemands ont
bombardé la coquette petite cité d'Etain - ville
ouverte - non seulement sans avoir prévenu les
habitants ainsi que l'exige la convention de Genève,
mais encore sans que mes compatriotes aient
manifesté la moindre hostilité envers les Allemands
qui, à ce jour, du reste, n'avaient pas encore
pénétré dans la ville.
Le bombardement, fait avec de l'artillerie lourde,
dura de deux heures à cinq heures du soir environ.
Des maisons furent brûlées ; d'autres s'écroulèrent
; des habitants, M. Fabry père, M. et Mme Thuriot et
d'autres dont nous ne connaissons pas le nombre
furent tués ou ensevelis sous les décombres de leurs
maisons.
Pendant la nuit qui suivit ce bombardement, la ville
semblait être un immense incendie.
Non contents de leur oeuvre, les Allemands
recommencèrent le bombardement le lendemain mardi et
achevèrent de détruire ce que celui de la veille
avait laissé.
Mais où furent commis des actes de barbarie sans
nom, ce fut dans les villages voisins, Warcq et
surtout Rouvres.
A Warcq, sur l'Orne, petit village de 250 habitants
environ, M. Gustave Guerrier, cultivateur, sortant
de chez lui, fut tué,, froidement, sans le moindre
motif, par les Allemands sous les yeux des siens,
Une partie du village fut ensuite brûlée ; ce qui
avait échappé à l'Incendie fut dévasté.
A ROUVRES
Rouvres, petit village de 400 habitante environ, fut
incendié par les Allemande et les malheureux
habitants qui voulaient fuir les flammes étaient
refoul »s par les uhlans et, sous les yeux de leurs
parente, tués impitoyablement à coups de lance et à
coups de revolver. Quarante-six habitants de Rouvres
ont été ainsi massacrés à ma connaissance.
Croyez que je n'exagère nullement ces horreurs.
Voici du reste la liste des noms des quarante-six
habitants de Rouvres dont les cadavres ont été
reconnus dans les rues de ce village. Cette liste,
que je vous remets a été dressée devant moi, alors
que j'étais entouré peut-être de vingt habitante de
Rouvres, qui tous m'attestaient l'authenticité des
faits qui m'étaient révélés.
Il faut qu'il soit bien établi que ces malheureux
n'ont pas été tués par les hasarda de la guerre,
mais assassinés lâchement, froidement, par les
uhlans, sans le moindre motif.
Je vous conjure de contrôler ces faits ;y il vous
est facile de le faire. Vendredi dernier, j'ai amené
à Sens un certain nombre d'habitants de Rouvres qui
sont généreusement hospitalisés dans cette ville.
Je vous indique notamment comme témoins : M. Niclos,
propriétaire à Rouvres ; Mme Perrin, propriétaire à
Rouvres, actuellement à Sens.
Ces deux personnes vous donneront les noms des
autres témoins aussi hospitalisés dans cette ville.
Elles vous diront que des maris, des pères, sans la
moindre provocation, ont été assassinés par les
soldats allemands sous les yeux de leurs femmes et
de leurs enfants. Elles vous citeront, comme elles
l'ont fait pour moi, les noms de ces malheureuses
victimes, et à cette liste, elles ajouteront celle
des femmes massacrées et celle des enfants tués
devant leurs parents. Ces pauvres gens vous diront
aussi que des jeunes filles, des jeunes femmes ont
été outragées odieusement par des soldats allemands
et ensuite éventrées... Tous les survivants m'ont
révélé ces horreurs et ils vous citeront les noms
des victimes comme ils l'ont fait à moi-même. Ces
gens hospitalisés à Sens vous diront aussi
qu'environ quinze jeunes filles ou femmes dont on
vous donnera aussi les noms, ont été emmenées comme
otages par les Allemands dans la direction de Metz.
Voici la liste des personnes assassinées à Rouvres
par les Allemands. Cette liste a été remise par M.
Niclos, Mme Perrin et autres hospitalisés à Sens :
MM. Dulpli père et fils, Renio, Bône, femme Brouet
Loïse, Nageot et sa femme Victor Prot, Francis
Bilaine, Edmond Vohl, Ferdinand Renaudin, Périn,
Blore, Léonard Denis, Désré Boucher, Hubert Bertin,
Dérel père, Arsène Bougeau, Lerouge, Adrien Adam,
Sérard et sa femme, Justin Bourgeau, Cauffement,
Silvin, Petitier fils, André Martin, Mme Perrin,
Wuillaume, Emile Périn et ses deux commis, Edmond
Morin et ses deux enfants, Isidore Emile, Beloni
Boucher fils, Lefèvre, Beauche et sa femme,
Mousselère, enfant Chatelar, Simon et sa femme,
Morin Delori.
A HEIPPES
Arrivée des Allemands le mercredi 8 septembre.
Départ précipité le samedi 11 septembre, à six
heures du soir. Le pillage de la commune fut, comme
tout jours, complet. Neuf maisons ont été
bombardées, mais toutes sont encore habitables.
Arrivée des Allemands le 5 septembre. Sortie des
Boches le 12.
Trois habitants ont été tués. M. Havette adjoint,
fut fusillé. Mme Havette, femme du précédent, fut
tuée par un obus. Une jeune fille, gravement malade,
fut également tuée dans son lit par un éclat d'obus.
Une maison détruite, quinze chevaux enlevés. Douze
bêtes à cornes, cinquante moutons et environ douze
porcs furent volés. Pillage complet du village.
Les femmes et les enfants furent enfermés pendant
quatre jours dans l'église et les hommes dans une
grange: Par deux fois, les Allemands conduisirent
hommes et femmes sur la ligne de feu, dans
l'intention évidente de gêner le tir des Français.
De plus, ils obligèrent les hommes valides du
village à enterrer leurs morts.
Il n'a pas été possible de savoir exactement pour
quelle raison M. Havette avait été fusillé.
Voici la version qui paraît la plus probable.
M. Havette, enfermé dans une grange aurait demandé
la permission d'en sortir pour procéder à
l'enterrement de sa femme, tuée ainsi que nous
l'avons dit plus haut. Il ne serait pas rentré dans
le délai fixé ou aurait cherché à s'échapper.
Le maire de Saint-André est resté à son poste.
Autour du village, le combat fut extrêmement
violent. De nombreux cadavres allemands furent
enterrés sur le territoire de la commune.
CHACUN SON DESTIN
Nancy, 15 mars.
Nous avons une tendance bien compréhensible à blâmer
les neutres d'être neutres, et nous trouvons avec la
plus merveilleuse facilité les raisons les
meilleures contre la neutralité.
Nous sommes d'ailleurs en cela mille fois
excusables. En même temps que nous défendons notre
pays, ne défendons-nous pas en effet le patrimoine
moral et matériel aussi, de toutes les nations ?
Nous avons été attaqués par un peuple de proie qui a
débuté dans l'invasion par le pillage, l'incendie et
l'assassinat, qui a violé toutes les lois humaines.
Pour arriver jusqu'à nous l'Allemand a détruit deux
neutralités, celle du Luxembourg, celle de la
Belgique, sans donner d'autres raisons que la
nécessité militaire.
Cela seul devait suffire à révolter les neutres, à
les armer contre celui que la « nécessité militaire
» un jour ou l'autre pouvait amener chez eux. Et
cela devait mettre à nos côtés tous les signataires,
tous les garants des Conventions déchirées par les
Germains. A quoi bon signer un traité si l'on ne se
sent le courage et la force de le faire respecter ?
Quelle sécurité peut avoir dans l'avenir un pays
neutre si, pour défendre sa neutralité, les
puissances qui l'ont décrétée et garantie ne se
lèvent point ?
Mieux encore. Les pays neutres deviennent un danger
puisqu'ils établissent une frontière inviolable pour
les nations loyales, et n'offrent qu'un chemin
ouvert pour les peuples de guerre et de sang.
Toutes ces raisons, et d'autres encore, qui prennent
leur source dans le droit et dans la liberté, se
sont ajoutées au désir que nous avions de sentir à
côté de nous, en des circonstances graves, des
amitiés solides et agissantes.
Mais la paix est une chose tellement merveilleuse
que les neutres n'ont point voulu, pour des raisons
de droit et de fait, et même pour des bénéfices
probables, en abandonner le charme.
On leur en a tenu peu de rancune. Nous nous battons
pour nous, nous nous battons pour eux. Qu'importe !
A nous quatre, Serbes, Russes, Anglais et Français,
nous accomplirons la besogne, indispensable, et nous
nettoierons de tout danger l'Europe que l'Allemagne
prétendait asservir.
L'Italie, les Etats-Unis, la Grèce, la Roumanie, la
Bulgarie, les Pays-Bas ne nous donnent à la vérité
qu'une affection manifestée par de précieux
mouvements d'opinion. Ce n'est pas d'un effet
décisif sur la marche des opérations, mais il est
réconfortant de savoir qu'on est aimé, même si
l'amour reste platonique.
Il faut bien se convaincre que les peuples
marcheront avec nous le jour où ils ne risqueront
pas grand'chose. Leur intérêt seul les guidera. Ils
peuvent se tromper sur la date. Nous apprécions
peut-être mal, nous aussi, l'opportunité de leur
entrée en action.
Ne soyons donc pas plus pressés qu'eux. Ne fondons
pas nos espoirs sur autrui. Comptons exactement sur
nous-mêmes. Si les nations qui ne sont pas nos côtés
ont commis une erreur en restant trop longtemps dans
l'expectative, et qu'elles en éprouvent plus tard un
grand regret, elles n'auront qu'à s'en prendre à
elles-mêmes.
Pour nous, travaillons ferme à détruire, jusqu'à ce
qu'il n'en reste rien, l'oppression allemande. Le
monde entier en profitera ? Tant mieux pour lui. Il
en profiterait davantage s'il collaborait tout de
suite à l'oeuvre si courageusement accomplie par nos
soldats ? Nous n'y pouvons rien.
Chacun est maître de sa destinée, s'il voit
clairement son devoir et s'il l'accepte sans
hésitation.
Pour nous libérer, pour libérer nos enfants, pour
libérer l'univers de la servitude que voulait
imposer la Germanie, nous avons consenti d'immenses
sacrifices.
A ceux qui ne sont pas décidés à combattre pour leur
propre cause nous apporterons quand même la
délivrance.
Mais s'ils veulent des profits, encore faudra-t-il
qu'ils aient couru des risques.
RENÉ MERCIER.
DE LA MER DU NORD A L'ALSACE
nous prenons et reprenons
QUELQUES TRANCHÉES
Paris, 16 mars, 15 heures.
L'armée belge a consolidé les résultats obtenus par
elle dans les journées précédentes.
L'armée britannique, après avoir repris Saint-Eloi,
a reconquis également les tranchées au sud-ouest du
village et a obligé l'ennemi à évacuer les tranchées
au sud-est, complètement bouleversées par
l'artillerie.
En Champagne, nouveaux progrès au nord-est de
Souain.
Au bois Le Prêtre, nous avons repris aux Allemands
le reste des tranchées enlevées par eux hier matin,
ou, plus exactement, leur emplacement, car les
organisations défensives avaient été complètement
bouleversées par les explosions de mines.
Sur les pentes du Grand-Reichackerkopt, une attaque
ennemie nous avait enlevé, hier matin, une tranchée
; nous l'avons reprise et avons fait des
prisonniers.
ILS CONTRE-ATTAQUENT
pour reprendre
LEURS TRANCHÉES
Communiqué officiel du 16 mars, 23 heures :
Dans la nuit du 15 au 16 mars, l'ennemi a essayé de
reprendre les tranchées qu'il avait perdues sur
l'éperon de Notre-Dame-de-Lorette. Il a été repoussé
et nous lui avons fait des prisonniers.
En Champagne, dans la région de Perthes. nous avons
fait, ce matin, exploser un fourneau de mine et
occupé l'entonnoir, autour duquel s'engagea une
lutte très vive, mais que nous tenons.
Quelques progrès ont été réalisés au nord de
Beauséjour.
En Argonne, au cours de la nuit du 15 au 16 mars,
les Allemands ont prononcé des contre-attaques entre
le Four-de-Paris et Bolante, ainsi qu'à Vauqois.
Toutes ont été repoussées.
Trois retours offensifs de l'ennemi au bois Le
Prêtre ont été facilement enrayés.
RETOUR D'OTAGES LORRAINS
La Chambre de commerce de Nancy nous communique les
listes ci-dessous d'otages lorrains rentrés
d'Allemagne et recueillis dans l'arrondissement
d'Alais.
L'avant-dernière mention, à la suite de chaque nom,
indique le lieu d'origine ; la dernière indique la
résidence actuelle.
a) Réfugiés de Meurthe-et-Moselle (55 personnes) ;
b) Réfugiés de la Meuse (332 personnes);
c) Réfugiés des Ardennes (7 personnes) ;
d) Réfugiés de l'Alsace-Lorraine (15 personnes) ;
e) Réfugiés d'origine inconnue (8 personnes).
a) MEUTHE-ET-MOSELLE
Antoine André, 15 ans, Longwy, à Brignon ; Bardin
Scholastique, 68 ans, Herbéviller, à Ners ; Cellard
Honorine, 69 ans, Longwy, à Brignon ; Claude
Ch.-Nicoias, 71 ans, Herbéviller, à Boucoiran ;
Collin Gabriel, 16 ans, Herbéviller, à Boucoiran ;
Claude Sébastien, 70 ans, Herbéviller, à Ners ;
Corniette Célestin, 66 ans, Herbéviller, à Ners ;
Commette Anna, 58 ans, Herbéviller, à Ners ; Durand
Hortense, 31 ans, Herbéviller, à Corbes ; Mme
Danloup, 66 ans, Herbéviller, à St-Christol;
François Gabriel, 7 ans, Herbéviller, à Lézan;
Perbal Clémence, 53 ans, St-Supplet, à
Saint-Jean-de-Maruejols ; Fay Céline, 42 ans,
Herbéviller à Brignon ; Gagneur Juliette, 32 ans,
Herbéviller, à Lézan : Gagneur Hélène, 10 ans,
HerbévilIer, à Lézan; Gasson mère Gerbéviller, à
Lézan; Gasson Gabriel, Herbéviller, à Lézan ;
Guillemin, 53 ans, Herbéviller, à Alais, chez M.
Chotard ; Gagneur (veuve), 71 ans, Herbéviller, à
Lézan; Gagneur Charles, 4 ans, Herbéviller, Lézan ;
Gagneur Gabriel, 6 ans, Herbéviller, Lézan ; Gerbaut
Marie, 20 ans, Mars-la-Tour, à Alais, chez M. le
docteur Alexandre ; Guep Philippe, 62 ans,
Herbéviller, à Cassagnoles ; Hariad Marie, 54 ans,
Herbéviller, à Anduze ; Hariad Denise, 19 ans,
Herbéviller, à Anduze ; Haillard Ernest, 13 ans,
Herbéviller, à Anduze, Huburger, 52 ans, Réchicourt,
à Saint-Jean-de-Maruejols ; Jadot Céline, 46 ans,
Herbéviller, à Vézenobres ; Jadot René, 12 ans,
Herbéviller, à Vezenobres ; Jadot M.-Thérèse, 16 ans
; Herbéviller, à Vezenobres ; Leblanc Henri, 65 ans,
Herbéviller, à Corbés ; Leblanc Larmina, 51 ans,
Herbéviller, à Corbés ; Lemoine Laurence, 40 ans,
Herbéviller, à Saint-Servais; Louvot Angéline, 8
ans, Gouraincourt, à Paris ; Louyot Maria,
Gouraincourt, à Paris ; Louyot Jules, huit ans,
Gouraincourt, à Paris ; Louyot Marguerite, 5 ans,
Gouraincourt, à Paris ; Lacaille Eugénie, 65 ans,
Herbéviller, à Alais-Chantiily ; Marcha Ernest, 60
ans, Herbéviller, Alais, chez M. Cazagnon ; Marcha
Virginie, 52 ans, Herbéviller, Alais, chez M.
Cazagnon, Morge Louise, 42 ans, Herbéviller, à
Chamborigaud ; Masse Constant, 78 ans Herbéviller, à
Ners ; Masse Euphrasie, 69 ans, Herbéviller, à Ners
; Perraud Marie, 35 ans, Longwy, à Brignon ; Perraud
Jean, 14 ans, Longwy, à Brignon ; Pagin Alexandre,
68 ans, Herbéviller, à Lézan ; Pagin Jean, 18 ans,
Herbéviller, à Lézan ; Pagin Alexandrine, 56 ans,
Herbéviller, à Lézan; Picard Bouda, Herbéviller, à
Alais, boul. Gambetta ; Protin Mélina, 47 ans,
Herbéviller, à Cassagnoles ; Protin Cécile, 16 ans,
Herbéviller, à Cassagnoles ; Philipp Marie, 11 ans,
Herbéviller, à Cassagnoles ; Royer Henri, 13 ans,
Puxieux, à Alais ; veuve Vincent, 56 ans,
Saint-Baussant, à Alais, chez M. Terrada ; Flanget,
veuve Soulier, 69 ans, Saint-Supplet, à Ners.
b) MEUSE
Aubry Catherine, 80 ans, Herbeuville, à Alais, 1,
rue Napoléon, chez M. Flavier ; veuve Adam, 72 ans,
Essey-et-Maizerais, à Alais, place de l'Abbaye, chez
M. Michel ; Adam Aline, 35 ans, Essey-et-Maizerais,
à Alais, place de l'Abbaye, chez M. Terrada; Aubry
Lucienne, 16 ans, Herbeuville, à Lédignan ; Aubry
Emile, 38 ans, Herbeuville, à Lédignan ; Aubry Rose,
67 ans, Herbeuville, à Brigon ; Aubry Clémence, 12
ans, à Brignon ; Aubry Jenny, 42 ans, Herbeuville, à
Brignon ; Aubry Simonne, 50 ans, Herbeuville, à
Brignon; Aubry Ernest, 72 ans, Herbeuville, à
Brignon ; Aubry Adrienne, 76 ans, Herbeuville, à
Brignon ; Aubry Nicolas, 72 ans, Herbeuville, à
Brignon ; Allemand Hélène, 19 ans, Herbeuville, à
Vézenobres ; Allemand Ernest, 10 ans, Herbeuville, à
Vézenobres ; Allemand Emilie, 50 ans, Herbeuville, à
Vézenobres; Brenot Claire, 41 ans, Herbeuville, à
Saint-Jean-du-Gajrd ; Brenot Jean, 11 ans,
Herbeuville, à Saint-Jean-du-Gard ; Brenot Hélène, 9
ans, Herbeuville, à Saint-Jean-du-Gard ; Bertin
Angèle, 30 ans, Romagne, à Alais, chez M. Gibert,
rue Hoche ; Bertin Hélène, 4 ans, Romagne, à Alais,
chez M. Gibert, rue Hoche ; Bertin Elise, 10 ans,
Romagne, à Alais, chez M. Genichl, boulevard
Gambetta ; veuve Babon, 72 ans, Ornes, à Lézan ;
Babon Lucien, 26 ans, Ornes, à Lézan ; Babon Paul, 5
ans, Ornes, à Lézan ; Babon Yvette, 2 ans, Ornes, à
Lézan ; Babon Paulette, 3 ans, Ornés, à Lézan ;
Bastin Joseph, 64 ans, Etain, à Chamborigaud ;
Bastin Marie, 63 ans, Etain, à Chamborigaud ; Bouzet
René, 69 ans, Herbeuville, à Saint-Jean-de-Maruejols
; Bouzet Marie, 59 ans, Herbeuvilie, à
Saint-Jean-de-Maruejols ; Bertrand Jean, 75 ans,
Combres, à Brouzet-les-Alais ; Barthélemy Elvire, 56
ans, Combres, à Brouzet-les-Alais ; Barthélemy
Lucie, 26 ans, Combres, à Alais-Chantilly, chez M.
Boyer; Barthélemy Henriette, 14 ans, Combres, à
Alais-Chantilly, chez M. Boyer ; Boucher Emilie, 65
ans, Ornes, Brouzet-les-Alais ; Beyer Mathilde, 41
ans, Combres, à Saint-Jean-de-Maruejols ; Brochin,
25 ans, Marcheville, à Alais, chez M. Loiret,
ingénieur; Brochin, 55 ans, Marcheville, à Alais,
chez M. Loiret, ingénieur ; Bourru Henri, 16 ans,
Saint-Hilaire-en-Woëvre, à Sainte Jean-du-Gard ;
Bourru Marie, 8 ans, Saint-Hilaire-en-Woëvre, à
Saint-Jean-du-Gard; veuve Bloquet, 70 ans,
Ville-en-Woevre, à Alais, hôpital ; Beyer Berthe, 80
ans, Comores, à Saint-Christol ; Beyer Eugène, 73
ans, Combres, à Concoules ; Beyer Jeanne, 23 ans,
Combres, à Concoules; Beyer Laure 33 ans, Combres, à
Alais, hôpital ; Bertrand Blanche, 26 ans, Gremilly,
à Les Mages ; Bertrand Emide, 3 ans, Gremilly, à Les
Mages ; Bertrand Hélène, 3 ans, Gremiily, à Les
Mages ; veuve Bougeois, 60 ans, Combres, à Alais,
chez M. Chotard, rue d'Avejan ; Burnerau Marie, 56
ans, Saulx-en-Woëvre, à Les Mages ; Bertin, 25 ans,
Chaumont, à Saint-Jean-du-Gard; Bertin Lucie, 8 ans,
Chaumont, à Saint-Jean-du-Gard ; Bertin Germaine, 3
ans, Chaumont, à Saint-Jean-du-Gard ; Bertin Marie,
24 ans, Chaumont, St-Jean-du-Gard; Bertin Joseph, 74
ans, Chaumont, St-Jean-du-Gard ; Bertin Victorine,
68 ans, Chaumont, à Saint-Jean-du-Gard ; Bruy
Annette, 65 ans, Etain, à Ners ; Bossu Denis, 8 ans,
Essey-et-Maizerais, à Cassagnoles ; Colignon Marie,
76 ans, Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres ;
Cochenet Joséphine, 72 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Vézenobles ; Cacar Lucien, 19 ans, Loison, à
Massannes; Cacar Berthe, 7 ans, Loison, à Massannes
; Cacar Aline, 40 ans, Loison, à Massannes ; Cacar
Maurice, 5 ans, Loison, à Massannes; Cacar Marcel, 1
an, Loison, à Massannes ; Cacar René 2 ans, Loison,
à Massannes ; Clément Aglaé, 57 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres; Charton Victor,
62 ans, Ornes, à St-Jean-du-Pin ; Charton Zélie, 64
ans, Ornes, à St-Jean-du-Pin ; Charton Louise, 15
ans, Ornes, à Saint-Jean-du-Pin; Christophe Marcel,
66 ans, Senon, à Paris, 167, boulevard Malesherbes ;
Mme Christophe, 66 ans, Senon, à Paris, 167,
boulevard Malesherbes ; Cirantoine Eulalie, 55 ans,
Combres, Saint-Jean-de-Maruejols ; Cirantoine
Léonie, 31 ans, Combres, à Saint-Jean-de-Maruejols ;
Ceenaenne Virginie, 39 ans, Ornes, à Chamborigaud ;
Ceenaenne Marguerite, 1 an, Ornes, à Chamborigaud ;
Ceenaenne Léa, 15 ans, Ornes, à Chamborigaud;
Ceenaenne Lucie, 8 ans, Ornes, à Chamborigaud ;
Colmez Théophile, 63 ans, Herbeuville, à Lézan ;
Colmez Emilie, 59 ans, Herbeuville, à Lézan ; Colmez
Jeanne, 21 ans, Herbeuville, à Lézan ; Cirantoine
Madeleine, 14 ans, Combres, à Les Mages; Cirantoine
Félicie, 36 ans, Combres, à Les Mages; Cirantoine
Claire, 20 ans, à Anduze ; Cirantoine Paula, 17 ans,
à Anduze ; Cirantoine Lucie, 12 ans, Combres, à
Anduze ; Cirantoine Léon, 7 ans, Combres, à Anduze ;
Christophe Flavie, 58 ans, Senon, à Cardet :
Cirantoine Maria, 27 ans, Combres, à Anduze ;
Charton J.-Baptiste, 92 ans, Ornes, à Seines ; Mlle
Colzon, 62 ans, Ornes, à Seynes ; Charles Louise,
née Pierson, 33 ans, Saulx-en-Woëvre, à Alais, route
de Bruege, chez M. Vandraussen ; Charles Georges, 8
ans, Saulx-en-Woëvre, à Alais, route de Bruege, chez
M. Vandraussen ; Champleau Euphrasie, 49 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Chamborigaud; Champleau Blanche,
18 ans, Saulx-en-Woëvre, à Chamborigaud ; Cirantoine
Alice, 26 ans, Combres, à Mons; Cirantoine Mélina,
63 ans, Combres, à Mons ; Clement J.-P., 65 ans,
Parfondrupt, à Boucoiran ; Collin Nicolas, 15 ans,
Parfondrupt, à Boucoiran ; Cochar André, 15 ans,
Parfondrupt, à Boucoiran ; Cirantoine, née Leyet, 41
ans, Combres, à Ners ; Cirantoine Emile, 12 ans,
Combres, à Ners ; Cirantoine Prosper, 9 ans,
Combres, à Ners ; Didelot Alvina, 32 ans, Loison, à
Lézan ; Didelot Simone, 9 ans, Loison, à Lézan ;
Didelot André, 3 ans, Loison, à Lézan ; Didelot
Louise, 60 ans, Loison, à Lézan ; Didelot Lucia, 23
ans, Loison, à Lézan ; Dessoye Marie, 33 ans,
Combres, à Corbès ; Dessoye Georgette, 18 ans,
Combres, à Corbès ; Dessoye Euphrasie, 33 ans,
Combres, à Saint-Jean-de-Maruejois ; Datery
Anastasie, 61 ans, Remagne-sous-les-Côtes, à
Saint-Jean-de-Serres ; Dessoye Maria, 25 ans,
Combres, à Saint-Jean-de-Maruejols ; Drion Victor,
60 ans, Billy-les-Mangiennes, à Les Mages; Dreiquert
Louis, 66 ans, Parfondrupt, à Boucoiran ; Debestriez
Jules, 61 ans, à Parfondrupt, à Boucoiran ;
Desloudin Mélanie, 66 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Vézenobres ; Favier Aimé, 15 ans, Combres, à Alais,
chez M. Maltier, avenue de la Gare ; Favier Anna, 32
ans, Combres, à Concoules; Favier Lucienne, 13 ans,
Combres, à Concours ; Favier Lucien, 13 ans,
Combres, à Concoules ; Farnier Marie, 47 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres ; Farnier Maria,
8 ans, Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres ; Farnier
Mathilde, 10 ans, Billy-les-Mangiennes à Vézenobres
; Girard Félicie, 45 ans, Ville-en-Woëvre, à Anouze
: Girard Alice, 13 ans, Ville-en-Woëvre, à Anduze ;
Gasson Amédée, 51 ans, Combres, à Saint-Christol ;
Gasson Marguerite, 48 ans, Combres, à Saint-Christol
; Goubot Marie, 55 ans, Loison, à Alais, chez M.
Heleuse, place Saint-Jean ; Guillaume Pierre, 72
ans, Billy-les-Mangiennes, à Méianne-les-Alais ;
Georges Hélène, 40 ans, Loison, à Alais-Tallagrand ;
Gousset Léa, Loison, à Chamborigaud ; Gousset Emile,
Loison, à Chamborigaud ; Georget Aline, 46 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Georget Pierre, 3 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Georget Gilbert, 13 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Georget Reine, 21 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Georget Lucien, 11 ans,
Saulx, à Cardet; Georget Maurice, 15 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Georget René, 8 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Georget Maria, 23 ans,
Saulx-enWoëvre, à Cardet ; Georget Clémence, 10 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Cardet ; Gouchat Jeanne, 30 ans,
Vaudoncourt, à Concoures ; Georges Flavie, 39 ans,
Loison, à Alais, chez M. Duir ; Georges Yvonne, 13
ans, Loison, à Alais, chez M. Duir ; Gardeur Marie,
65 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Privas-les-Vieu ; Cardeur Zélie, 36 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Saint-Privas-les-Vieu ;
Geydon François, 74 ans, Saulx-en-Woëvre, à Ners ;
Gillin Rosalie, 75 ans, Saulx-en-Woëvre, à
Cassagnoles ; Henrion Marie, 40 ans,
Romagne-sous-les-Côtes, à Brgnon ; Henrion René, 12
ans, Romagne-sous-les-Côtes, à Brignon ; Henrion
Joséphine, 8 ans, Romagne-sous-les-Côtes, à
Briernon; Herbelet Emilie, 34 ans, Combres, à
Cendras ; Herbelet René, 3 ans, Combres, à Cendras ;
Heynard Eugène. 65 ans. Billy-les-Mangiennes, à Les
Muges ; Humbert Mathilde, 51 ans, à
Billy-les-Mangiennes, à Saint-Hilaire ; Humbert
Gabrielle, 11 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Melannes-les-Alajs; Hudron Louise, 37 ans, Combres,
à Lézan ; Hudron Aline, 7 ans, Combres, à Lézan ;
Hudron Marcel, 5 ans, Combres, a Lézan ; Henri
François, 60 ans, Pareid, à Boucoiran ; Henri Adèle,
57 ans, Pareid, à Boucoiran ; Hennequin Honorine, 18
ans, Romagne-sous-les-Côtes, à Brignon ; Hennequin
Blanche, 15 ans, Romagne-sous-lesCôtes, à Brignon ;
Hennequin Marie, 26 ans, Romagne-sous-les-Côtes, à
Brignon ; Kodich Jules, 10 ans, Combres, à
Concoules; Kodich Eugénie, 44 ans, Combres, à
Concoules ; Lacaille Alice, 15 ans, Cambres, à
Saint-Christol ; Laroche Jeannne, 34 ans,
Champlon-en-Woëvre, à Saint-Jean-du-Gard ; Laroche
Rohert, 7 ans, Champlonen-Woëvre, à
Saint-Jean-du-Gard ; Laroche Maurice, 14 ans,
Combres, à Saint-Jean-du-Gard; Laroche Gabriel, 45
ans, Combres, à Saint-Jean-du-Gard ; Laroche Lucie,
8 ans, Combres, à Saint-Jean-du-Gard ; Laroche
Marguerite, 5 ans, Combres à Saint-Jean-du-Gard ;
Laroche Léontine, 45 ans, Combres, à
Saint-Jean-du-Gard ;. Laroche Léon, 12 ans, Combres,
à Saint-Jean-du-Gard ; Laroche Marcel, 8 ans,
Combres, à Saint-Jean-du-Gard ; Laroche Aline, 11
ans, Combres, à Saint-Christol ; Lacaille Nicolas,
72 ans, Combres, à Saint-Jean-du-Gard ; Lacaille
Pierre, 75 ans, Combres, à Alais ; Lacaiille Louise,
13 ans, Combres, à Alais ; Lacaille Ernest, 15 ans,
Combres, à Alais Fabre ; Lacaille Germaine, 7 ans,
Cambres, à Alais, hôpital ; Lacaille Marie, 42 ans;
Combres, à Saint-Jean-du-Gard ; Lecir Stéphane, 63
ans, Combres, à Corbés; Lecir Lucie, 25 ans,
Combres, à Corbés ; Lavigne Julie, 36 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Méjannes ; Lavigne Henri, 2
ans, Billy-les-Mangiennes, à Méjannes ; Lepezel
Edith, 19 ans, Senon, à Saint-Jean-de-Maruejols ;
Lepezel Zélie, 57 ans, Senon. à
Saint-Jean-de-Maruejols ; Lebrin Noémie, 36 ans,
Combres, à Alais-Bouillon-Duval ; Lebrin Simone, 7
ans, Combres, à Alais-Bouillon-Duval ; Lebrin Alice,
2 ans, Combres, à Alais-Bouillon-Duval ; Laurent
Clotilde, 40 ans, Loison, à Alais-R.-S.-P. ;
Lacaille Valérie, 57 ans, Combres, à
Alais-Blachère-Chantilly; Lacaille Yvonne, 9 ans,
Comtes, à Alais-Blachère-Chantilly ; Lacaille
Marguerite, 29 ans, Combres, à
Alais-Blachère-Chantilly ; Lavigne Mélanie, 50 ans,
Marcheville, Saint-Jean-de-Maruejols; Leloup
Valentine; 32 ans, Marcheville, à Chamborigaud ;
Leloup Yvonne, 7 ans, Marcheville, à Chamborigaud ;
Leloup Suzanne 4 ans, Marcheville, à Chamborigaud;
Laurent Amélie, 59 ans, Combres, à Anduze ; Libor
Alfred, 68 ans, Combres, à Les Mages ; Leloup
Placide, 71 ans, Marcheville à Alais-Hôpital ;
Leloup Léonie, 68 ans, Marcheville, à Alais-Hôpital
; Lajoux Eugénie, 60 ans, Marcheville, à Paris-Aon
S.P.; Ladoucet Jean, 15 ans, Parfondrupt, à
Boucoiran ; Lafeuillard Pierre, 68 ans, Parfondrupt,
à Boucoiran; Lacoq Célestin, 67 ans, Parfondrupt, à
Boucoiran; Ladoux J.-Baptiste, 70 ans, Parfondrupt,
à Boucoiran ; Lambert Charles, .74 ans, Champion, à
Ners; Lacaille Félicie, 68 ans, Combres, à Ners ;
Livorin Louise, 28 ans, Saulx-en-Woëvre, à Lédignan;
Livorin Maurice, 6 ans, Saulx-en-Woëvre, à Lédignan
; Laroche Marie, 49 ans, Saulx-en-Woëvre, à Lédignan
; Laroche Maria, 18 ans, Saulx-enWoëvre, à Lédignan
; Laroche Jeanne, 15 ans, Saulx-en-Woëvre, à
Lédignan ; Laroche Noémie, 41 ans, Champion, à
Lédignan ; Laroche Alice, 4 ans, Champion, à
Lédignan ; Laroche Henri, 13 ans, Champion, à
Lédignan ; Laroche Marguerite, 13 ans, Champion, à
Lédignan; Laroche Louise, 15 ans, Champion, à
Lédignan ; Laroche Simone, 5 ans, Champion, à
Lédignan; Leroy Félicie, 60 ans, Champion, à
Lédignan; Molinet Ernest, 37 ans, Romagne, à
Saint-Jean-de-Serres ; Molinet Marguerite, 18 ans,
Romagne, à Saint-Jean-de-Serres ; Molinet Henri, 9
ans, . Romagne, à Saint-Jean-de-Serres. ; Minot
Camille, 60 ans, Combres, à Alais, Grande-Rue, 84 ;
Minot Adèle, 59 ans, Cambres, à Alais, Gr.Rue, 84 ;
Macar Fortuné, 68 ans, Combres, à Alais, rue Massan
; Michelot Stéphanie, 74
ans, Loison, à Alais, chez M. Crouzet, rue
République; Margin Clotilde, 54 ans, Combres, à
Lézan; Margin Léonie, 23 ans, Combres, à Lézan ;
Margin Hélène, 21 ans, Combres, à Lézan ; Margin
Léon, 12 ans, Combres, à Lézan ; Meyer Marthe, 12
ans, Combres, à Alais, chez M. Boudon, rue Avajan;
Mathieu (femme), 65 ans, Senon, à Paris; Marchal
Catherine, 34 ans, Gremilly, à Brouzet; Marchand
François, 68 ans, Saulx-en-Woëvre, à Cassagnoles ;
Marchand Julie, 64 ans, Saulx-on-Woëvre, à
Cassagnoles ; Maillefert Gabriel, 20 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Lédignan ; Maillefert Valérie, 42
ans, Saulx-en-Woëvrë, à Lédignan ; Mandin Elisabeth,
32 ans, Billy-les-Mangiennes, à St-Christol; Mandin
René, 8 ans, Billy-les-Mangiennes, à St-Christol ;
Mangin Louise, 3 ans. Billy-les-Mangiennes, à
St-Christol ; Mangin Marie, 17 ans,
Billy-les-Mangiennes, à St-Chrisol ; Mangin Marthe,
15 ans, Billy-les-Mangiennes, à St-Christol ; Mangin
Marthe, 15 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Christol ; Mangin Juliette, 15 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Saint-Christol ; Mantoulet
(Mme), 40 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Christol ; Niclot Marie, 33 ans, Loisom, à
Lézan ; Niclot Suzanne, 4 ans, Loison, 4 Alais, chez
M. Claparede ; Nemtelet Léonie, 65 ans,
Billy-les-Magiennes à Vézenobres ; Noël Marie, 8
ans, Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres ; Noël
Maria, 40 ans, Billy-Ies-Mangiennes, à Vézenobres ;
Noël Madeleine, 13 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Vézenobres ; Noël Charlotte, 3 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres; Noël Cyprien, 11
ans, Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres ; Noël
Fernande, 10 ans, Billy-les-Mangiennes. à Vézenobres
; Noël Justin. 9 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Vézenobres ; Pomerine Jean, 5 ans, Combres, à Corbés
; Poussignon René, 9 ans, Combres, à Corbés ;
Pierret (veuve), 50 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Hilaire-Brethmas ; Paquel Jeanne, 12 ans,
Bar-le-Duc, à Alais; Preth Marie, 60 ans, Etain, à
Alais (décédée) ; Pleiffer Adélaide 36 ans, Combres,
à Anduze ; Pleiffer Jeanne, 14 ans, Combres, à
Anduze ; Pleiffer René, 13 ans, Combres, à Anduze ;
Petit Marie, 60 ans, Combres, St-Christoi ; Paussem
(Vve), 63 ans, Essey-et-Maizerais, à Alais ; Michel,
place de l'Abbaye ; Pierson Adélaïde, 66 ans,
Saulx-en-Woëvre, à Alais, chez M. Vandraussen ;
Pierson Emile, 66 uns, Saulx-en-Woëvre, à Lédignan ;
Pierson Marie-Elise, 61 ans, Saulx-en-Woëvre, à
Lédignan; Predier Louise, 22 ans, Saulx-en-Woëvre, à
Lédignan ; Perrin Paulin, 29 ans, Saulx-en-Woëvre, à
Lédignan ; Pid Gabriel, 7 ans, Saulx-en-Woëvre, à
Lédignan ; Picard Eugène, 22 ans, Herbeuville, à
Vézenobres ; Reynaud Marie, 60 ans,
Romagne-sous-les-Côtes, à Saint-Jean-du-Gard ;
Reynaud Julia, 26 ans, Romagne-sous-les-Côtes, à
Saint-Jean-du-Gard ; Reynaud Albert, 3 ans,
Romagne-sous-les-Côtes, à Saint-Jean-du-Gard ;
Robert Jeppa, 10 ans, Herbeuvilie, à
Saint-Jean-du-gard; Rouyer Auguste, 65 ans,
Herbeuville, à Saint-Jean-du-Gard ; Rouyer Eugénie,
67 ans, Herbeuville, à Saint-Jean-du-Gard; Rone
Cécile, 65 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Hilaire-Brethmas ; Rone Henri, 6 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Saint-Hilaire-Brethmas ;
Rone Henri, 6 ans, Billy-lesMangiennes, à
Saint-Hilaire-Brtehhmas ; Rone Fernand, 4 ans,
Billy-les-Mangiennes, à Saint-Hilaire-Brethmas ;
Rone Jeanne, 1 an, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Hilaire-Brethmas ; Rayot Maria, 21 ans,
Marchéville, à Alais, chez M. Royer ; Robert
Germaine, 19 ans. Apremont, à Alais, hôpital ; Ragot
Angèle, 3 ans, Herbeuville, à Saint-Gervais ; Mlle
Rolin, 34 ans, Ornes, à Seyraes ; Rollin Alice, 6
ans, Ornes, à Seynes ; Rouyer Coralie, 53 ans,
Combres, à Chamborigaud ; Rouyer Aline, Combres, à
Chamborigaud; Rouyer Marie, 46 ans, Combres, à Mons
; Rouyer Louise, 24 ans, Combres, à Chamborigaud ;
Robuiron Adeline, 65 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Vézenobres ; Schneider Désiré, 67 ans, Combres, à
St-Christol; Sauce Nîcolas. 76 ans, Champion, à
Lédignan; Sauce Claris, 70 ans, Champion à Lédignan
; Schmitt Maria, 44 ans, Herbeuville, à Vézenobres ;
Schmitt Célina, 15 ans, Herbeuville, à Vézenobres ;
Toutechair Irma, 42 ans, Herbeuville, à Anduze ;
Touttechair Henri, 7 ans, Herbeuville, à Anduze ;
Tonnelier Euphasie, 75 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Alais, GrandRue, 65 ; Trichon Juliette, 30 ans,
Herbeuville, à Saint-Gervais ; Tarcis Berthe, 5 ans,
Combres, à Breuzet ; Tarcis Lucien, Combres, à
Breuzet ; Tarcis René, Combres, à Breuzet ; Tremelet
Marie, 60 ans, Mangiennes, à Chamborigaud ; Tremelet
Simone, 2 ans, Mangiennes, à Chamborigaud ; Tremelet
Lucien, 10 ans, Mangiennes, à Chamborigaud ;
Tremelet Marie, 6 ans, Mangiennes, à Chamborigaud ;
Trémelet Berthe, 12 ans, Mangiennes, à Chamborigaud
; Tonnelier Théophile, 72 ans, Billy-les-Mangiennes,
à Les Mages ; Tuilier (Mme), 60 ans, Marchéville, à
Alais, chez M. Loiret, Avejan ; Thomassin Marie, 56
ans, Herbeuville, à Cassagnoles ; Throusseard
Gabriel, 22 ans, Billy-les-Mangiennes, à Vézenobres
; Umbert Constance, 54 ans, Combres, à
Brouzet-les-Alais ; Umbert Guillaume, 47 ans,
Combres, à Alais, rue Roque, 9; Umbert Angèle, 12
ans, Combres, à Alais ; Visto Marguerite, 12 ans,
Chaumont, à Saint-Jean-du-Gard ; Very Thomassin, 61
ans, Romagne, à Saint-Jean-de-Serres; Visto Lucie,
10 ans, Chaumont, à Saint-Jean-du-Gard ; Villeram
François, 69 ans, Parfondrupt, à Boucoiran ; Vincent
Bessaline, 62 ans, Parfondrupt, à Boucoiran ; Wadel
Elise, 65 ans, Herbeuville, à Anduze ; Walem Marie,
13 ans, Herbeuville, à Vézenobres ; Naudum
Marguerite, 16 ans, Billy-les-Mangiennes, à
Saint-Christol ; Jeorges Marie, 52 ans Loison, à
Alais, chez M. E. Bastide, rue Avéjan.
c) ARDENNES
Gaias Jean. 10 ans, Termes, à Boucoiran ; Lépine
Virginie, 66 ans, Termes, a Boucoiran ; Lépine
Félicie, 45 ans, Termes, à. Boucoiran ; Landerfin
Léonie, 15 ans, Mouron, à Boucoiran ; Mézières
Alice, 50 ans, Termes, à Brignons ; Orlier Jean. 71
ans, Termes, à Alais (décédé) ; Orlier Augustine, 69
ans. Termes, à Alais (décédée)
d) ALSACE-LORRAINE
Bresson Charlotte, 26 ans, Mulhouse, à Lédignan;
Brenot Louise, 8 ans, Mulhouse, à Saint-Jean-du-Gard
; Collin Elisabeth, 50 ans, Strasbourg, à Les Mages
; Collin Lucien, 17 ans, Strasbourg, à Les Mages ;
Meyer Georges, 16 ans, Strasbourg, à Alais, chez M.
Peyre; Meyer Marcel, 15 ans, Strasbourg, à Alais,
chez M, Peyre ; Meyer Marie, 39 ans, Strasbourg, à
Alais ; Meyer Louis, 7 ans, Strasbourg, à Alais ;
Meyer Roger, 4 ans, Strasbourg, à Alais ; Martin
Eugénie, 13 ans, Strasbourg, à Les Mages ; Nort
Jeanne, 18 ans, Valdoie, Belfort, à Lédignan ;
Ningaud Marie, 57 ans, Mulhouse, à Lédignan ;
Ningaud Emile, 19 ans, Mulhouse, à Lédignan ;
Vilhelm Louise, 57 ans, Riedisbrin, à Lédignan ;
Wals Berthe, 34 ans, Lutterbach, à Lédignan.
c) ORIGINE INCONNUE
Brenaux, à Saint-Gervais (Oise) ; Bouda Irma, 44
ans, à Ners ; Bouda Eugénie, 63 ans, à Ners : Colmar
Marie, 32 ans, à Nîmes, dépôt des réfugiés ; Koldmes
Célina, 69 ans, à Chamborigaud ; Rivière Gabriel, 47
ans, à Vézenobres ; Rivière Lucien, 12 ans, à
Vézenobres ; Thomas Marie, 27 ans, à Brignon.
L'HORREUR ALLEMANDE
MM. Georges Payelle, premier président de la Cour
des Comptes ; Armand Mollard, ministre
plénipotentiaire ; Georges Maringer, conseiller
d'Etat, et Edmond Paillot, conseiller à la Cour de
Cassation, ont remis à M. le président du Conseil
des ministres un nouveau rapport sur le traitement
auquel ont été soumis nos prisonniers civils.
Nous en extrayons les faits qui touchent notre
région, et dont les télégrammes Havas nous ont donné
déjà un abondant résumé :.
Le supplice de deux sexagénaires
Le 23 septembre, MM. Woimbée, âgé de 61 ans, et
Fortin, âgé de 65 tous deux cultivateurs à
Lavignéville (Meuse), ont été arrêtés chez eux sous
le prétexte qu'ils étaient francs-tireurs ; or,
Woimbée avait eu un pied cassé deux mois auparavant,
et Fortin, atteint de rhumatismes chroniques, était
depuis longtemps dans l'impossibilité de marcher
sans le secours d'un bâton. Les Allemands les
emmenèrent dans leur costume de travail, sans leur
laisser le temps de prendre d'autres vêtements, et
les joignirent à un convoi comprenant une trentaine
de soldats prisonniers. Fortin, qui ne pouvait
avancer, fut attaché avec une corde, dont deux
cavaliers tinrent les extrémités, et il dut, malgré
son infirmité, suivre le pas des chevaux. Comme il
tombait à chaque instant, on le frappait avec des
lances pour l'obliger à Ise relever. Le malheureux,
couvert de sang, suppliait en grâce qu'on le tuât.
Woimbée finit par obtenir l'autorisation de le
porter jusqu'au village de
Saint-Maurice-sous-les-Côtes avec l'aide de
plusieurs de nos soldats. Là, les Allemands ayant
fait entrer les deux vieillards dans une maison, les
forcèrent à se tenir debout pendant deux heures,
face au mur et les bras en croix, tandis
qu'eux-mêmes maniaient bruyamment leurs armes pour
faire croire à leurs victimes qu'ils allaient les
fusiller, ils se décidèrent enfin à les laisser
s'étendre à terre et leur donnèrent un peu de pain
et d'eau. Depuis plus de vingt-quatre heures Woimbée
et Fortin n'avaient pas mangé.
A Bantheville (Meuse), le jeune Félix Miquel, âgé de
15 ans, qui s'était caché derrière un tas de fagots
pour n'être pas arrêté, reçut du soldat qui le
découvrit, un violent coup de sabre qui lui fendit
les lèvres ; puis, tandis qu'on l'emmenait, comme il
essayait de se sauver dans un bois, il se heurta à
une sentinelle qui, d'un coup de baïonnette, lui
enleva une phalange de la main gauche.
189 habitants de Sinceny (Aisne), envoyés à Erfurt,
y sont arrivés après un voyage de
quatre-vingt-quatre heures, pendant lequel chacun
d'eux n'a reçu qu'un seul morceau de pain d'environ
100 grammes, En traversant la Belgique, quelques-uns
ont été un peu ravitaillés par des dames, mais la
plus grande partie de ce qu'elles leur ont donné a
été mangée par les gardiens.
Les captifs de Combres
Le 22 septembre, à sept heures du matin, tous les
habitants de la commune de Combres (Meuse) furent
arrêtés et conduits sur le flanc d'une colline, où
on les fit stationner dans un endroit découvert
exposé au feu de notre artillerie et à celui des
tirailleurs français dont on voyait parfaitement les
tranchées. Comme, pour se faire reconnaître des
nôtres, ils agitaient leurs mouchoirs et. leurs
chapeaux, l'artillerie ne tarda pas à se taire et
l'infanterie ne tira pas.
A sept heures du soir, ils furent ramenés au
village. On leur donna alors une heure pour aller
prendre chez eux ce dont ils pouvaient, avoir
besoin, faculté d'ailleurs bien vaine, les maisons
ayant été à peu près complètement pillées, et on les
prévint que ceux qui manqueraient au rassemblement
seraient impitoyablement fusillés. A huit heures, on
les enferma dans l'église, puis le lendemain, à
quatre heures du matin, on les en fit sortir pour
les exposer de nouveau aux obus sur le même coteau
que la veille. Ils eurent la chance de n'être pas
atteints, à l'exception d'une femme qui fut
légèrement blessée. De retour à Combres, au
commencement de la soirée, ils furent, comme pendant
la nuit précédente, emprisonnés dans l'église, où
ils restèrent cinq jours. Enfin, le commandant les
prévint qu'ils allaient partir pour Herbeuville.
Dans cette localité on ordonna aux hommes de sortir
des rangs, et, le jour suivant, après leur avoir
fait faire des marches inutiles, on les emmena à
Mars-la- Tour, Là, les Allemands leur apportèrent un
baquet contenant des choses infectes parmi
lesquelles se trouvaient des morceaux de viande à
moitié crue; et l'on vit les malheureux se jeter sur
cette nourriture nauséabonde et la saisir à pleines
mains, n'ayant ni gamelles ni cuillers pour la
recueillir.
Enfin, le 28, à cinq heures du soir, les prisonniers
durent monter dans des wagons à bestiaux pour être
transférés un camp de Zwickau. Quand le train passa
à Frankenthal, les gardiens ouvrirent les panneaux
des fourgons pour exhiber les captifs aux enfants
des écoles rassemblés dans la gare, avec le reste de
la population.
Tandis que les hommes de Combres partaient pour
l'Allemagne, leurs femmes et leurs enfants étaient
consignés dans l'église du village. Ils y furent
maintenus pendant un mois, passant les nuits assis
sur les bancs. La dysenterie et le croup sévissaient
parmi eux, et les femmes n'étaient autorisées à
porter les déjections que tout à proximité des
portes, dans le cimetière.
Inondée de pétrole
On a vu un jour un interné dont le torse était
tellement couvert de poux qu'ils y formaient une
véritable couche vivante. Dans tous les camps,
d'ailleurs, la vermine qui pullulait constituait
pour les prisonniers un supplice d'autant plus
intolérable que l'administration ne faisait rien
pour y remédier. Il paraît même, qu'à Güstrow les
soldats sa moquaient ouvertement de ceux qui
essayaient de détruire les insectes dégoûtants dont
ils étaient infestés. A Landau, cependant, ils ont
tenté d'en débarrasser la veuve Minaux, de Beney
(Meuse), âgée de 87 ans. Pour cela ils n'ont rien
trouvé de mieux que de l'inonder de pétrole après
l'avoir déshabillée A la suite de cette opération,
la pauvre vieille est tombée gravement malade et
elle est morte le 20 janvier.
Maladie et mortalité
Dans la plupart des camps, l'état sanitaire était
fort mauvais et la mortalité considérable. On n'y
recevait pour ainsi dire pas de soins. Les médecins
allemands qui passaient se contentaient d'examiner
les malades. En dehors de la teinture d'iode, ils ne
prescrivaient pas de remèdes. Quant aux docteurs
français, internés eux-mêmes en assez grand nombre,
ils faisaient de leur mieux, mais ils ne disposaient
d'aucun médicament Les cas de bronchite et de
pneumonie étaient particulièrement nombreux. A
Holzminden, on voyait des hommes tomber
d'épuisement. Une vieille femme de Saint-Sauveur
(Meurthe-et-Moselle), Mme Thirion y est restée
malade, étendue sur une. paillasse pendant trois
semaines, sans pouvoir obtenir, malgré ses demandes
réitérées, qu'on lui amenât un médecin.
Celui-ci est venu seulement le jour où elle est
morte. Cent trente prisonniers civils environ sont
décédés à Grafenwoehr. « On s'y éteignait comme des
bougies, car on n'avait plus la force de se tenir
sur ses jambes », nous a dit le maire de
Montblainville. Tant à Rastadt qu'à Zwickau,
vingt-cinq habitants d'Hannonville et treize de
Combres sont morts.
A VERDUN
Comment fut capturé un aviatik
Le communiqué officiel du 4 mars (23 h.) nous avait
appris que, près de Verdun, au fort de Vaux, un
avion allemand avait été abattu sur nos lignes et
que les deux aviateurs étaient prisonniers.
Voici, sur cet heureux incident, quelques détails
intéressants et authentiques.
Vers cinq heures et demie, un avion ennemi
apparaissait à l'horizon et s'avançait sur Les
Hauts-de-Meuse, salué par une canonnade intense qui
partait des forts de Moulainville et de Douaumont,
encadré par l'éclatement des obus ; il piqua
aussitôt et vint atterrir à cent cinquante mètres
d'une batterie. Les artilleurs distinguent les deux
aviateurs : les entourer est l'affaire d'une minute.
Un officier français leur ordonne de lever Les bras
en l'air ; ils obéissent ; de descendre de leur
appareil, ils le font.
L'avion est un « aviatik »l de 120 HP, pouvant faire
160 kilomètres à l'heure. Il n'est pas blindé et ne
possède pas de mitrailleuse. Les deux Allemands
possèdent chacun un revolver dans sa gaine et un
ceinturon portant un poignard ; ils remettent tous
deux ces deux armes avec leurs lunettes et leurs
cartes à un officier.
Le pilote est un lieutenant nommé Theldeck, Saxon
d'origine, âgé de 24 ans, et fait partie de la
réserve. Il parle un peu le français ; aux questions
qui lui sont posées, il répond très poliment qu'il
est marié et père de deux enfants. Interrogé sur la
guerre, il dit : « La guerre va très bien pour nous
; nous avons fait prisonniers 124.000 Russes ; au
nord de Reims, nous avons une armée considérable,
prête à foncer sur Paris. Je suis prisonnier, la
guerre est finie pour moi. J'appartiens au parc
d'aviation de Metz. J'étais envoyé en mission à
Montmédy, mais je me suis trompé de route ; je
croyais atterrir dans les lignes allemandes ».
On ne sait toutefois s'il a dit la vérité ou s'il a
peur des obus.
Quant au sous-officier observateur, il a la figure
beaucoup moins sympathique. C'est une vraie tête
d'Allemand, un Poméranien, à l'expression cruelle ;
il enrage et serre les poings. Après avoir été
conduits au fort de Souville, les deux prisonniers
ont été, après interrogatoire, dirigés sur Verdun.
Le lendemain, leur appareil a été démonté. On s'est
aperçu que le tuyau de compression des gaz avait été
crevé par une balle.
L' « aviatik » teuton a été expédié à Saint-Cyr, où
il doit être exposé comme trophée de guerre.
Comme autres trophées de guerre, mais pas glorieux
ceux-là, le lieutenant Theldeck avait des cartes
postales photographiques, représentant des villages
de la Meuse détruits par leur armée. Il n'était pas
fier quand il lui a fallu les remettre à nos
officiers ; sans doute qu'il lui répugnait de nous
faire constater officiellement leur oeuvre sauvage de
destruction. Une de ces cartes, que nous avons en ce
moment sous les yeux, porte, en effet, imprimée
l'indication : « Holphotograph E. Jacobi 1914, n° 2.
» C'est une vue de Rouvres (canton d'Etain) incendié
méthodiquement après le massacre de plusieurs
hommes, femmes et enfants, le 24 août 1914.
RETOUR D'OTAGES LORRAINS
Nous donnons ci-dessous une nouvelle liste,
communiquée par la Chambre de commerce de Nancy,
d'otages lorrains, réfugiés dans le Gard, avec leurs
adresses actuelles.
MEURTHE-ET-MOSELLE
Chaumont, 15) ans, partie pour Violès (Vaucluse) ;
Chaumont Marcelle, 14 ans, partie pour Violès
(Vaucluse) ; Chaumont Lucienne, 10 ans, partie pour
Violès; Laroche Marie, 33 ans, partie le 3 mars pour
Saint-Jean-de- Serres (Gard) ; Laroche Raymond, 11
ans, parti le 3 mars pour Saint-Jean-de-Serres
(Gard) ; Laroche Yvonne 10 ans, partie le 3 mars
pour Saint-Jean de-Serres (Gard); Labille Marie, née
Colas, 36 ans, à Saint-Marcel-de-Careiret (Gard) ;
Labille Edmond, 11 ans, à Saint-Marcelde-Careiret
(Gard); Labille, 9 ans, à Saint-Marcel-de-Careiret
(Gard) ; Félix Philippe, 63 ans, retraité à La
Chapelle-Masmolène (Gard) ; Muller Laurent, 54 ans,
retraité, à Uzès (Gard).
MEUSE
Rozat Louise, née Galland, 31 ans, à La
Bastide-d'Engras (Gard) ; Rozat Pierre, 4 ans, à La
Bastide-d'Engras (Gard) ; Rozat Victorine, 71 ans, à
La Bastide-d'Engras (Gard) ; Urbain Rose, épouse
Galland, 35 ans, à La Bastide-d'Engras (Gard) ;
Urbain Marie-Louise, 16 ans, à La Bastide-d'Engras
(Gard) ; Urbain Henri, 14 ans, à La Bastide-d'Engras
(Gard); Urbain Léon, à La Bastide-d'Engras (Gard);
Lacroix Camille, 16 ans, électricien, à Uzès (Gard)
; Colon Emile, 70 ans, manoeuvre, à Sanilhac (Gard) ;
Marchal Louis, 48 ans, charpentier à
Saint-Victor-des-Oules (Gard) ; Grosjean Louis, 58
ans, menuisier, à Sanilhac (Gard) ; Jacquet
Jean-François, 63 ans, cultivateur à Uzès (Gard) ;
Janin (ou Jamin) Gabriel, 52 ans, retraité, à Uzès
(Gard).
AU CAMP D'AMBERG
Une institutrice lorraine apprenait à ses élèves des
chants patriotiques
Notre confrère le « Matin » a envoyé à Annemasse un
de ses collaborateurs qui s'y est rencontré avec une
des jeunes institutrices revenues du camp
d'internement d'Amberg.
Deux d'entre elles, Mlles C... et V..., à qui nos
lecteurs doivent d'intéressants détails sur
l'occupation allemande à Combres, à
Saint-Maurice-sous-les- Côtes et dans d'autres
localités des Hauts-de-Meuse, occupèrent leurs
loisirs à créer des cours que les petites Lorraines
fréquentaient assidûment.
Mlle C..., raconte en ces termes les incidents par
lesquels fut marqué son rôle d'éducatrice à Amberg
Ah ! notre petite école du camp d'Amberg, et les
sages, les studieux écoliers français que nous eûmes
là, en pays ennemi ! Ma collègue et moi, nous étions
partagé les élèves en nombre à peu près égal.
Les classes commençaient le matin à neuf heures, se
terminaient à onze heures et reprenaient de une
heure à trois heures et demie. Le matériel scolaire
faisait bien un peu défaut : quelques porte-plumes,
crayons, ardoises, mais aucun livre. Les maîtresses
devaient y suppléer en prenant dans leur mémoire les
textes de dictées, de récitation.
Notre mémoire, heureusement, en était bien fournie.
Seulement - comme par hasard - la plupart des «
morceaux choisis » que nous nous rappelions ainsi se
trouvaient être d'inspiration patriotique.
Ces pauvres gosses n'avaient-ils pas, plus que
jamais, besoin qu'on leur parlât de cette France,
dont ils avaient été brutalement arrachés, de cette
France pour laquelle leurs papas, leurs mamans,
eux-mêmes souffraient ? Ils apprirent tous le « Soir
de la bataille », de Victor-Hugo et le « Clairon »
de Déroulède. Sur un rang, à l'heure de la sortie,
ils entonnaient à pleine voix le « Passage du
régiment », un alerte pas redoublé que chantent
aussi ceux de chez nous. Ils martelaient, avec un
tel brio, les « ra-ta-plan ! » des tambours, au
refrain, que les sentinelles allemandes les
entendaient sûrement du dehors ! A ces instants-là,
vraiment, notre école « sentait la poudre » !
Certain après-midi, un grave incident se produisit.
J'avais, à la classe du matin, écrit sur mon tableau
noir la première strophe d'un chant patriotique
intitulé : « Lorraine », qui avait servi de texte à
une dictée pour mes élèves du « cours moyen ». Il
commençait par ces vers :
Lorraine. héroïque Lorraine,
Vois, notre France est là...
Ecoute sa voix souveraine,
Toi, Metz, écoute-la.
Lorraine, sois prête, sois calme, sois fière.
Songe au prochain péril !...
L'heure de la sortie allait sonner et je m'apprêtais
à effacer le texte subversif, lorsque l'un des
officiers du camp fit soudain son entrée. Il était
accompagné de plusieurs amis, parmi lesquels deux
dames - je sus depuis que c'étaient deux
institutrices allemandes, curieuses, sans doute, de
connaître les méthodes pédagogiques de chez nous.
Tous ces visiteurs parlaient et lisaient
parfaitement notre langue. Leurs yeux se portèrent
vers le tableau que je m'évertuais à masquer, et
l'officier, après avoir échangé avec eux quelques
paroles, dit, s'adressant à un de mes élèves, bambin
de huit ans :
- Tu comprends ce que cela veut dire, toi, « songe
au prochain péril » ?
L'enfant, interloqué d'abord, m'adressait une muette
interrogation.
- Allons, lui dis-je, réponds à monsieur le
lieutenant, puisqu'il te le demande...
Alors, le gosse, se redressant : « Oui, je
comprends... seulement, ce n'est pas le prochain
péril... c'est le présent ! » Et se tournant vers
moi : « Mais nous l'aurons, la Lorraine, n'est-ce
pas, mademoiselle !... »
Le lieutenant se pinça les lèvres, blêmit, puis fit
brusquement demi-tour, suivi des dames abasourdies.
- Eh bien ! nous voilà propres ! pensai-je.
A notre grand étonnement, l'affaire n'eut pas de
suite. Mais, quelques jours plus tard, nous
quittions Amberg, mon amie et moi, pour le camp de
Rastadt. Après une courte détention dans ce sinistre
séjour, nous rentrions en France.
Les deux institutrices, à leur rentrée en France,
s'empressèrent de mettre leur zèle, cette fois, à la
disposition de l'administration et du comité de
rapatriement.
Mlle V... fut assez heureuse pour retrouver, au bout
de quelques jours, ses vieux parents qu'un heureux
concours de circonstances avait par hasard amenés à
Saint-Jeoire, à quelques kilomètres seulement
d'Annemasse.
De son côté, Mlle C..., envisageant avec tristesse
qu'il lui faudrait bientôt renoncer à rendre les
services que son patriotisme s'efforçait de
multiplier sans cesse, sollicita la faveur de
diriger une classe enfantine dans une école de la
Haute-Savoie.
Emu par les démarches qu'elle fit auprès de lui, M.
Surugue. préfet du département, promit d'accueillir
favorablement les généreuses propositions de
l'institutrice lorraine, si l'autorisation en était
accolée par l'inspection académique de la Meuse.
Nous avons encore présents à la mémoire les termes
émouvants d'une lettre écrite par Mlle C... à
l'inspection de la Meuse :
- Jamais, je n'ai si profondément senti et compris
la signification du mot de patrie, écrivait-elle...
Jamais je n'ai si bien partagé les sublimes
sentiments qui inspirent chez nos soldats tant
d'héroïsme dans le sacrifice... »
Les institutrices lorraines ont apporté dans leur
mission volontaire au camp d'Amberg un peu de ces
sentiments-là et, par leur manière de servir la
France, elles se rapprochent fraternellement de ceux
qui tombent glorieusement pour elle.
A. L.
UN AVION ENNEMI EN FUITE
Mercredi, 17 mars, vers 4 heures et demie de
l'après-midi, un avion allemand survolant à une
grande hauteur Malzéville, fut aperçu par nos
artilleurs qui lui envoyèrent plusieurs coups de
canon.
Le Taube fît aussitôt demi-tour pour regagner les
lignes ennemies.
UN ZEPPELIN
au-dessus de Pont-à Mousson
Mercredi soir 17 mars, vers dix heures et demie, les
artilleurs en position sur les hauteurs des environs
de Pont-à-Mousson ont aperçu un zeppelin qui se
dirigeait vers l'intérieur de nos lignes.
Quelques coups de canon furent tirés contre le
dirigeable qui aussitôt vira de bord pour regagner
son hangar de Metz.
ÉTAT DES RAPATRIÉS DE MEURTHE-ET-MOSELLE
rentrés par le convoi du 9 mars 1915
Saint-Sauveur. - Adam Juliette, 44 ans; Adam
Maurice, 12 ans ; Bernart Marie, 73 ans ; veuve Gond
Elise, 60 ans ; Mansuy Célestin, 68 ans ; Mansuy
Pauline, 60 ans; Mansuy Sidonie, 42 ans ; Mansuy
Raymond, 7 ans, dirigés sur Nice.
Angomont. - Barreth Marie, 61 ans ; Becker Laurent,
67 ans ; Becker Madeleine, 60 ans ; Becker Rosalie,
28 ans ; Chazel Joséphine, 53 ans ; Clément Marie,
44 ans; Clément Adrienne, 17 ans ; Clément Maria, 45
ans ; Collignon Marie, 19 ans ; Collignon
Clémentine, 53 ans ; Demange Prosper, 63 ans ;
Demange Marie, 64 ans ; Haas Marie, 43 ans ; Haas
Jeanne, 17 ans ; Harmdt Elie, 84 ans ; Hoblinger
Marie, 53 ans ; Jeannequin Joseph, 75 ans ;
Jeannequin Marie, 31 ans; Jeannequin Marcel, 8 ans;
Labé Rosalie, 57 ans ; Marchal Marie, 41 ans ;
Marchal Henriette, 50 ans ; Marchal Marie, 6 ans ;
Maire Jean-Baptiste; 61 ans ; Maire Marie, 63 ans ;
Paradis Catherine, 53 ans ; Simonet. Delphine, 43
ans, dirigés sur Nice.
Halloville. - Briey Juliette, 43 ans ; Brinet Jules,
77 ans ; Charpentier Augustine, 25 ans ; Claude
Auguste, 60 ans ; Gérard Julien, 75 ans ; Guenaire
Charles, 68 ans ; Jacques Joseph, 77 ans ; Jacques
Célestine, 75 ans ; Jacques Maria, 45 ans; veuve
Marchal Clémence, 63 ans ; Maréchal Emile, 73 ans ;
Martin Marie, 43 ans; Martin Germaine, 14 ans ;
Martin Georges, 11 ans ; Ollard Claire, 33 ans ;
Ollard Simone, 2 ans, dirigés sur Nice.
Montreux. - Courrière Marie, 58 ans ; Finance
Joséphine, 73 ans ; Finance Joséphine, 65 ans ;
Finance Aline, 32 ans ; Finance Charles, 76 ans,
dirigés sur Nice.
Emberménil. - Franc Charles, 51 ans, hôpital
d'Annemasee.
Hannonville-au-Passage.- Gérard Marie, 31 ans ;
Gérard Gabrielle, 9 ans ; Gérard Georgette, 7 ans ;
Gérard Charlotte, 6 aria, dirigés sur Nice.
Avricourt. - Guenaire Augustine, 66 ans, dirigée sur
Nice.
Val-et-Châtillon. - Lefèvre Hortense, 50 ans;
Lefèvre Claire, 7 ans ; Piant Lucie, 47 ans, dirigés
sur Nice.
A VIGNEULLES
Fusillée par les Allemands
Une lettre de Gondrecourt apprend que Mde Lefèvre,
de Vigneulles, a été fusillée par les Prussiens
parce qu'elle avait adressé des observations à un
soldat qui insultait sa fille Eugénie. Cette
dernière et ses deux frères ont été emmenés
prisonniers en Allemagne.
A SAINT-MIHIEL
Un prisonnier de treize ans
M. Albert Cim a raconté le fait suivant relatif aux
prisonniers civils emmenés par les Allemands :
« Un chef de bataillon, en garnison à Bar-le-Duc,
est parti avec son régiment dès le début de la
guerre et a disparu à la suite d'une bataille dans
le nord de la France. Sa femme s'est réfugiée avec
ses trois enfants aux environs de Bar-le-Duç, dans
son village natal, proche de Saint-Mihiel. Comme le
village était bombardé, elle s'est transportée à
Saint-Mihiel avec sa vieille mère et ses enfants.
Elle était très malade, par suite de toutes ces
émotions, et, à peine arrivée à Saint-Mihiel, elle y
est morte.
Les Allemands se sont emparés de cette localité et
ont emmené prisonniers en Allemagne la grand'mère et
les trois petite enfants. Ils viennent die les
renvoyer en France, après une captivité de plusieurs
mois et des plus douloureuses, mais ils ont égardé
l'aîné des enfants, un gamin de treize, ans »,
disant : « Si la guerre dura plusieurs années, il
pourrait marcher contre nous. »
« Ils ont arraché des bras de sa grand'mère ce petit
garçon, dont la douleur et le désespoir étaient «
horrible à voir », écrit-il. »
De tels actes de cruauté ne doivent pas étonner de
la part des barbares d'outre-Rhin. Ils en ont, hélas
! commis bien d'autres...
UN BRILLANT SUCCÈS EN CHAMPAGNE
Leurs contre-attaques n'aboutissent qu'à de
sanglants échecs vers Arras et dans la Somme ; dans
le bois Le-Prêtre, nous leur faisons payer la
récente explosion de mines.
Paris, 17 mars, 15 heures.
Sur l'Yser, l'armée belge a réalisé d nouveaux
progrès et repoussé une contre-attaque allemande,
Sur le front de l'armée britannique, canonnade assez
violente.
Au nord d'Arras, l'ennemi a tenté, sans succès, à'
la fin de l'après-midi, une nouvelle contre-attaque
sur les tranchées de l'éperon de
Notre-Dame-de-Lorette.
Soissons et Reims ont été bombardés. Deux obus ont
atteint la cathédrale de Reims.
En Champagne, au nord de Mesnil et à l'ouest de la
croupe 196, nous nous sommes emparés, sur un front
d'environ cinq cents mètres, d'une crête importante
tenue par l'ennemi.
En Argonne, plusieurs contre-attaques allemandes,
entre Bolante et le Four-de-Paris, ont été
repoussées.
Duel d'artillerie en Woëvre.
Un de nos aviateurs a bombardé des casernes de
Colmar.
Paris, 18 mars, 0 h. 10.
Voici le communiqué officiel du 17 mars, 23 heures :
Au nord d'Arras, malgré une troisième contre-attaque
prononcée par l'ennemi dans la nuit du 16 au 17
mars, nous nous sommes maintenus dans les tranchées
que nous avions conquises sur les rebords des
hauteurs de Notre-Dame-de-Lorette.
Dans la région d'Albert, de violents combats se sont
livrés autour d'un entonnoir, dont nous avons
organisé les bords.
En Champagne, nos succès se sont affirmés
brillamment. L'ennemi, malgré ses efforts, n'a
réussi sur aucun point à reprendre même une partie
du terrain conquis par nous Dans la région de
Perthes, nous avons continué à progresser dans le
bois qui s'étend entre Perthes et Souain. Au nord de
Perthes, nous avons conservé, malgré trois
contre-attaques, les tranchées conquises sur la
route de Perthes à Tahure.
Au nord de Mesnil la position conquise hier, 16
mars, a plus d'importance encore que ne l'indiquait
le communiqué précédent. En fait nous nous sommes
emparés de la crête militaire située à l'ouest de la
croupe 196, sur une longueur de huit cents mètres et
du terrain situé au sud sur quatre cents mètres de
profondeur. Cette avance nous donne non seulement le
haut du terrain, mais surtout la vue sur le revers
nord de la grande croupe qui s'étend de Perthes à
Maisons-de-Champagne.
L'ennemi en a bien senti l'importance, car il a
tenté, dans la matinée, pour reprendre le terrain
perdu, une contre-attaque des plus violentes.
L'opération a été menée par un régiment de la
landsturm, encadré par la garde.
Les Allemands ont été littéralement fauchés par nos
mitrailleuses. Les rares survivants ont regagné
leurs tranchées, poursuivis par nos feux.
En somme, toutes ces tentatives infructueuses se
traduisirent pour l'ennemi par des pertes
considérables.
En Argonne et dans la région de Vauquols, canonnade
assez violente, sans action d'infanterie. Tous les
gains précédemment réalisés ont été consolidés.
Au bois Le Prêtre, quelques éléments allemands qui
s'étaient maintenus près de nos tranchées dans les
entonnoirs produits par l'explosion du 15 mars, en
ont été définitivement chassés.
LES G.V.C.
DE LA
RÉSERVE DE L'ARMÉE TERRITORIALE
La zone dans laquelle pouvaient se rendre les hommes
de la réserve de l'armée territoriale affectés à la
garde des voies et communications, momentanément
renvoyés dans leurs foyers, avait, précédemment, une
limite sud et ouest.
Dans le but de permettre aux mobilisés des régions
qui ne sont plus occupées de rentrer dans leurs
foyers, les nouvelles limites ont été définies ainsi
: La limite est et nord des cantons de Steenworde,
Hazebrouck, Norrent-Fontes, Heuchin, Saint-Pol,
Avesnes-le-Comte, Doullens, Domart, Villers, Corbie,
Moreuil, Ailly-sur-Nove, Maignelay, Saint-Just,
Estrées- Saint-Denis, Compiègne (partie située à
l'est de l'Oise et au sud de l'Aisne),
Villers-Cotterets, Oulchy-le-Château, La
Fère-en-Tardenois, Fisme, Ville-en-Tardenoy, Ay : la
ligne formée par :
1° La limite nord-est. de l'arrondissement de
Châlons jusqu'à la voie ferrée Reims-Suippes ;
2° La voie ferrée Reims-Suippes-Sainte-Menehould,
Verdun ;
3° Le cours de la Meuse de Verdun à la limite sud du
canton de Souilly ; limite est des cantons de
Souilly, Triaucourt, Vaubecourt, Vavincourt ; la
ligne formée par :
1° La ligne nord du canton de Commercy, sur la rive
gauche de la Meuse ;
2° La voie ferrée Commercy-Toul ;
3° Le cours de la Moselle de Toul à la Meurthe ;
4° Le cours de la Meurthe ;
5° La limite nord du canton de Gérard mer jusqu'à la
frontière.
L'accès des localités, se trouvant sur cette limite
est autorisé aux hommes qui y sont domiciliés.
Les hommes ayant leur domicile dans la partie du
territoire comprise entre l'ancienne et la nouvelle
limite, c'est-à-dire entre les lignes 1 et 2, et qui
sont libérés, ou le seront à l'avenir, pourront
seuls y fixer leur résidence.
Quant à ceux dont le domicile est situé au delà de
la ligne 2, ils continueront, comme par le passé, à
ne pouvoir fixer leur résidence au delà de la ligne
1 et devront faire connaître le lieu qu'ils ont
choisi comme résidence, de manière à être rapidement
touchés par l'ordre d'appel qui leur sera adressé
dès que l'autorité militaire jugera utile de les
convoquer à nouveau.
ÉVACUÉS DE MEURTHE-ET-MOSELLE
rentrés en France par le convoi du 14 mars
Allencombe. - Bouvat Joseph, 62 ans ; Rouvat
Rosalie, 61 ans; Rouvat Joséphine, 29 ans; Bouvet
Aline, 20 ans, dirigés sur Saint-Etienne.
Angomont. - Mougel Joseph, 54 ans ; Mougel
Joséphine, 55 ans ; Mougel Emma, 21 ans ; Mougel
Lucie, 22 ans ; Mougel Marie, 17 ans, dirigés sur
Saint-Etienne.
Allencombe. - Reimbold Clémentine, 66 ans ; Wolff
Joséphine., 38 ans ; Wolff Marks, 12 ans ; Wolff
Marguerite. 10 ans ; Wolff Louise, 5 ans, dirigés
sur Saint-Etienne.
Rapatriés directement du Luxembourg
Longwy. - Robert Marthe, 39 ans ; Robert Jeanne, 12
ans ; Robert Solange, 8 ans et demi ; Robert Marie,
4 ans et demi ; Robert Maurice, 2 ans.
LES DUELS D'ARTILLERIE ET LES PROGRÈS DE L'ARMÉE
BELGE
Nos avions ont bombardé Conflans
Paris, 18 mars, 15 h. 05.
L'armée belge a continué sa progression sur l'Yser
Son artillerie a canonné un convoi ennemi sur la
route de Dixmude à Essen.
De la Lys à l'Oise, action d'artillerie.
L'ennemi a particulièrement bombardé l'éperon de
Notre-Dame-de-Lorette et les villages de Carnoy et
de Maricourt.
Rien de nouveau à signaler en ce qui concerne les
opérations en Champagne.
En Lorraine, duel d'artillerie. 1 Un de nos
aviateurs a bombardé la gare de Conflans.
UN ZEPPELIN SUR CALAIS
tue sept personnes
Nos progrès en Champagne et en Alsace
Paris, 19 mars, 1 h. 20.
Voici le communiqué officiel du 18 mars, 28 heures :
Un zeppelin a jeté des bombes sur Calais. Il visait
la gare, où il n'a fait aucun dégât matériel
sérieux, mais il a tué sept employés.
En Champagne, nous avons réalisé des gains sensibles
à l'ouest. et au nord-est de la croupe 196.
Au nord-est de Mesnil, l'ennemi a contre-attaqué et
a été repoussé. Notre gain s'est prolongé à l'est
dans le ravin qui part de la croupe 196, dans la
direction de Beauséjour.
Dans le bois de Consenvoye, au nord-est de Verdun,
et à Hartmansvilerkopf, nous avons gagné un peu de
terrain par rapport à nos positions antérieures. Les
pertes de l'ennemi sont très élevées. Ses tranchées
sont pleines de morts
ATROCITÉS ALLEMANDES
DANS LA RÉGION DE LONGWY
Nous lisons dans Le Matin :
« Un habitant de Longwy-Bas, qui revient des lignes
allemandes, nous a fourni tes intéressants
renseignements qu'on va lire sur le sort de sa
malheureuse cité et de ses environs :
« Les soldats allemands du corps d'occupation
touchent 15 pfennigs par jour pour l'achat de leur
pain, qui vaut actuellement 0 fr. 45 le kilo.
« Tout le matériel des usines a été démonté et
expédié en Allemagne.
« La défense de Longwy, assurée par 6.000 soldats, a
coûté la perte de plus de 10.000 Allemands.
« A Herserange, M. Petit, maire, pour assurer
l'alimentation de la population de sa commune, qui,
outre l'élément féminin, compte 218 Français, 96
Belges, 26 Luxembourgeois, 18 Italiens et 2 Russes,
était allé acheter des pommes de terre dans une
commune située à quelque dix kilomètres. Il demanda
à la kommandatur un laissez-passer qui lui fut
refusé, mais les Allemands n'oublièrent point
d'aller réquisitionner les tubercules qu'ils
amenèrent dans la commune et dont ils firent payer
la valeur aux habitants, alors que M. Petit en avait
déjà acquitté le montant.
« Au début de la guerre, 28 autos allemandes, qui
s'étaient trompées de route, débouchèrent à
Longlaville où se trouvaient les troupes françaises.
Les conducteurs furent tués et les autos incendiées.
Quand les Allemands revinrent, ils accusèrent les
habitants de la commune d'avoir commis cet acte et
commencèrent par brûler huit maisons. Comme, d'autre
part, des coups de feu tirés par nos soldats étaient
primitivement partis de l'hôtel de la Métallurgie,
tenu par Mme Jacquet, celle-ci fut fusillée.
« Le lendemain avait lieu l'enterrement de cette
victime. A l'heure exacte de la levée du corps, cinq
coups de canon furent tirés sur l'immeuble.
« A Chenières, des dragons allemands, venus en
patrouille, se rendirent chez le maire, exigeant des
vivres. On leur donna du vin et du jambon. A peine
avaient-ils mangé que, devant la porte de son
habitation, ils fusillèrent le magistrat municipal.
Ils firent ensuite des perquisitions dans l'immeuble
et, dans la cave, découvrirent six de ses ouvriers
qu'ils firent remonter. Les femmes de ces derniers
durent creuser leurs fosses et, quand leurs maris
furent fusillés, on les mit dans l'obligation de les
inhumer.
« A Ville-au-Montois, 18 jeunes filles de 17 ans
durent, totalement dévêtues, passer une nuit dans
une grange avec une compagnie de soldats allemands.
L'une d'elles décéda quelques jours plus tard à
l'hôpital. La mère du secrétaire de mairie, Mme
Remy, âgée de 82 ans, a été fusillée.
« Le nombre des exactions commises dans cette région
dépasse de beaucoup celui paru dans le rapport
officiel. »
ILS VEULENT VERDUN
Extraits de quelques lettres allemandes
On sait que la prise de Verdun a été, à plusieurs
reprises, annoncée en Allemagne où l'on est encore
persuadé que les Allemands ont entrepris le siège de
la forteresse après l'avoir investie. L'opération
cependant paraît un peu longue. On en peut juger par
les extraits suivants de deux lettres trouvées sur
des prisonniers.
L'une de ces lettres est datée de M..., 2 février ;
elle trahit l'impatience, mais elle est animée d'une
certaine confiance patriotique :
« Voici que nous sommes déjà en février et Verdun
n'est toujours pas entamé. Mais vous pouvez être
certain que la guerre ne sera pas terminée aussi
longtemps que nous n'aurons pas pris possession de
ce « Sedan » de la guerre mondiale. C'est près de
Saint-Mihiel que dans quelques années « j'ai
l'intention de me bâtir ma maison de campagne sur
territoire allemand ». Ayez seulement confiance,
nous arracherons la victoire définitive, quand même
la guerre durerait jusqu'à l'automne. »
L'autre lettre, datée du 14 février, est d'un ton
plus amer, et c'est sur l'Angleterre que se reporte
toute la haine du correspondant déçu :
« Comment se fait que la forteresse de Verdun existe
toujours ? Crois-tu que je devrais venir moi aussi
pour vous aider ? Mais à partir du 18 février 1915,
la danse va commencer avec les Anglais, ces coquins
fieffés, cette bande de vauriens. Nous sommes dans
une telle rage et une telle colère que « nous
voudrions déchirer les Anglais en cent millions de
morceaux. »
NOUVEAUX BONDS HEUREUX
Notre offensive complète son succès de
Notre-Dame-de-Lorette. Dans l'Argonne et aux Eparges
ils subissent de sérieux échecs.
Paris, 19 mars, 15 heures.
A Notre-Dame-de-Lorette, nous noua sommes rendus
maîtres des boyaux de communication qui, des
tranchées de la crête prises par nous, descendaient
vers le village d'Ablain. Nous les avons détruits,
après en avoir tué, chassé ou pris les défenseurs.
En Argonne, entre Bolante et le Fourde Paris, nous
avons, après un combat très violent, progressé
d'environ cent cinquante mètres.
Dans le bois de Consenvoye, nous avons la nuit
dernière repoussé une contre-attaque allemande et
maintenu nos gains du 18 mars.
Aux Eparges, nous nous sommes emparés du saillant
est de la position, dans lequel l'ennemi avait
réussi à se maintenir depuis les combats du mois
dernier.
Nous avons repoussé deux contre-attaques dans la
journée d'hier et une troisième au cours de la nuit.
Paris, 20 mars, 0 h. 44.
Voici le communiqué officiel du 19 mars, Journée
assez calme sur la plus grande partie du front.
Dans la vallée de l'Aisne, combat d'artillerie assez
vif.
En Champagne, en avant de la cote 196, au nord-est
de Mesnil, l'ennemi, après avoir violemment Bombardé
nos positions, a prononcé une attaque d'infanterie
qui a été repoussé avec de gros
ses pertes pour l'ennemi.
A SAINT-PIERREMONT
Des 90 maisons du village, 52, y compris le
presbytère, furent incendiées par l'ennemi, les
autres ont été éventrées par les obus, un désastre
qui jeta à la rue 43 familles réduites de ce fait à
la plus affreuse misère.
L'église a été bombardée et à moitié détruite tant
par l'artillerie française, parce qu'elle servait de
point de repère à l'ennemi, que par l'artillerie
allemande qui, à la, fin de la terrible lutte,
voulut exercer des représailles.
Les vitraux des dix fenêtres, vitraux avec
personnages en pied ou en médaillons, sont tous
détruits, une perte de 5 à 6.000 francs.
La sacristie, garnie entièrement d'ornements neufs,
a été détruite avec tout ce qu'elle contenait.
De la toiture et du plafond de l'église réparés à
neuf, au mois d'avril 1914, il ne reste plus que la
charpente à peu près intacte.
A DOMPTAIL
Les malheureux habitants, pendant que la bataille
faisait rage sur Les territoires de Xaffévillers, de
Saint-Pierremont, de Magnières et qui, malgré
l'ordre d'évacuer que leur avait donné l'autorité
militaire, s'étaient obstinés à rester dans leur
maison, furent enfermés par l'ennemi dans l'église.
Ils y restèrent dix-neuf jours, et, quand ils en
sortirent, ils étaient méconnaissables : ils avaient
manqué totalement de pain et n'avaient mangé que
quelques pommes de terre arrachées à la hâte par de
braves gens de Domptail, sous la pluie des obus.
AU CHATEAU DE BECOURT
Le 26e de ligne
Du correspondant de guerre du Soleil du Midi :
Dunkerque, mars 1915.
Tous les patriotes - c'est-à-dire tous les Français
- qui parcourent avec émotion les pages glorieuses
des citations à l'ordre du jour, pouvaient lire, il
y a quelques jours :
Houcarou, réserviste au 26e de ligne, remplit des
missions difficiles : a coopéré à la capture de 123
prisonniers réalisée par un détachement chargé de la
défense d'un village ; s'avançant seul au-devant de
groupes d'Allemands qui se sont rendus.
Feuillot, adjudant réserviste au 26e : dans ia nuit
du 7 au 8 octobre, a coopéré de la façon la plus
intelligente et la plus active, à la défense du
village attaqué par 7 compagnies allemandes. En
l'absence de cadres, a pris lui-même le commandement
de plusieurs patrouilles en contact immédiat de
l'ennemi et avec un détachement de 5 hommes a fait
45 Allemands prisonniers.
Lieutenant-colonel Collin, commandant le 26e
d'infanterie..., par son énergie, a réussi, dans les
combats des 7 et 8 octobre, à mettre en déroute des
forces importantes d'Allemands, leur occasionnant la
perte de 7 officiers et 700 soldats, dont 900 tués
et 400 prisonniers.
Ces quelques lignes cachent dans leur laconisme
voulu un des actes les plus héroïques de la lutte de
titans que soutiennent avec une ardeur toujours
inlassable nos vaillants troupiers. Et, depuis que
j'écoute et que je note, dans mes randonnées sur les
fronts de Lorraine et des Flandres, des récits de
guerre, il en est peu qui m'ait aussi profondément
remué. J'ai le vague souvenir d'avoir lu dans les
journaux parisiens la valeureuse équipée d'un groupe
de cuisiniers faisant à eux, seuls de nombreux
prisonniers. Est-ce à l'affaire que je vais conter
qu'il était fait allusion ? Je l'ignore. Mais j'en
possède les détails d'un des héros - et non des
moindres - de cet audacieux fait d'armes et si je
tiens à le narrer c'est qu'il est la preuve tangible
de ce que peut obtenir l'esprit d'initiative uni à
la décision et à la bravoure.
Tout près de ... le soir du 3 octobre, Le 26e
régiment d'infanterie est désigné pour relever le
65e, à ... Près du village, sur une éminence, est
situé un château, entouré d'un bois épais. Du 3 au 7
tout est calme ; les hommes occupent les tranchées
et la bourgade, vaquant à leurs travaux coutumiers.
Le 7, à midi, les batteries allemandes de 77
commencent à bombarder les positions de nos troupes
et la sérénade. infernale dure jusqu'à minuit.
Le 3e bataillon a la charge de défendre les
tranchées de première ligne. A la faveur de la nuit,
un fort contingent ennemi parvient à se glisser au
milieu de nos effectifs, et traversant une
compagnie, se dirige vers le château, tout en
sonnant du clairon. La nuit est sombre, le ciel
chargé de lourds nuages. Les sonneries boches
résonnent lugubrement dans l'air et l'on, perçoit
alors le bruit des pas des assaillants.
Au château de... se trouvent seulement le commandant
du bataillon Weiler, l'adjudant Feuilot et quatre
sergents-fourriers. Dans le village tout proche sont
quarante et quelques cuisiniers en train de procéder
à la confection du « frichti » des hommes.
Bientôt, les pas se rapprochent ; on frappe à la
porte du château, tandis qu'une voix calme dans le
silence : « Ouvrez, ce sont les Anglais qui arrivent
! » Aucune réponse ne vient de l'intérieur. Sans
insister davantage, la patrouille boche s'éloigne.
En hâte, on prévient le commandant, tous les
cuisiniers, sous la conduite des sous-officiers, se
réunissent sur la place intérieure du castel. Ils
arrivent avec leurs marmites et leur défilé, en
cette heure critique, a quelque chose de comique,
malgré la gravité de la situation.
Face au château et à cette place, se trouve un petit
parc, auquel on accède par quatre avenues qui
descendent en serpentant, sur les flancs d'une
colline. C'est par là qu'est venue la patrouille
ennemie. c'est par là seulement que l'on peut
accéder à ...; c'est donc là que va s'organiser la
défense.
Avec une étonnante rapidité, toutes les précautions
sont prises pour arrêter la marche des assaillants,
dont on soupçonne la venue prochaine. Des meubles,
des charrettes, une carriole forment bientôt
barricade devant chaque avenue. A l'extrémité du
parc est une petite porte que l'on ferme à double
tour. Une mitrailleuse, la seule que possède encore
la compagnie, est mise en batterie devant l'avenue
la plus vaste.
En quelques minutes, tout a été prévu pour la
résistance. Les meubles les plus divers et les plus
hétéroclites s'enchevêtrent les uns dans Les autres,
formant barrières. Les cuisiniers, abandonnant
louches, plats et marmites, ont été placés derrière
ces hâtives défenses et les fusils chargés, les
cartouchières pleines, ils attendent dans un ordre
parfait et un calme impressionnant l'heure de
l'attaque. Les Boches maintenant peuvent venir ; le
siège sera dur, la place vaillamment défendue.
Vers minuit trente, alors que chaque « poilu » est à
son poste, prêt à vendre chèrement sa peau, un.
premier contingent prussien s'avance en colonnes par
quatre se dirigeant vers la première avenue, sur le
côté droit du château. L'instant est émotionnant. Un
léger frisson parcourt la poignée d'hommes qui se
préparent à vaincre ou mourir.
Tapis derrière leur barricade, nos soldats les
laissent s'avancer. Lorsqu'ils ne sont plus qu'à
vingt mètres, un commandement sec retentit : « Feu à
répétition ! » Surpris, les assaillants font
demi-tour, laissant une quinzaine de morts sur le
carreau.
Mais, sur le chemin face au château et encaissé au
milieu des rochers, apparaît bientôt une seconde
troupe en tête de laquelle sont deux bicyclistes.
Quelques feux de salve mettent en déroute les
ennemis et les deux bicyclettes deviennent la
propriété de nos soldats. Les Boches se replient sur
nos lignes. Alors, les défenseurs du château se
mettent hardiment à leur poursuite et se répandent
dans le bois : bientôt ils sont cernés. Que faire ?
L'instant est critique. Séparée du gros des troupes,
cette poignée d'hommes va-t-elle succomber ?
Sans hésitation, un des sous-officier prend avec lui
deux « poilus » parlant couramment l'allemand, dont
un instituteur.
Les trois braves suivent la première colonne ennemie
qu'ils ont vu se diriger vers une clairière. En
passant près d'une bicoque en planches, ils essuient
plusieurs coups de feu. Ils ripostent aussitôt,
pénètrent dans la baraque et, après avoir tué quatre
Prussiens, en saisissent trois qui se rendent.
Ce premier succès excite l'ardeur de nos hardis
lignards, qui se disposent à ramener les trois
prisonniers. En cours de route, ils rencontrent deux
cuisiniers qui se joignent à eux. Ils croisent une
patrouille et l'attaquent.. Quatre Prussiens tombent
; le cinquième est pris. Comme des alouettes
attirées par un miroir, les Boches arrivent
isolément et bientôt la troupe des prisonniers
augmenté. Parmi eux est un sous-officier. On le
fouille et on trouve sur lui un sifflet.
« Le gradé qui nous commande, me raconte alors un
des héros de cette aventure presque fantastique,
siffle dans l'instrument boche et une nuée de
soldats se précipite - quarante-trois exactement.
L'instituteur leur commande : « Halte ! Venez un à
un les bras en l'air. » Les Prussiens s'exécutent ;
nous les mettons aussitôt, en colonne par quatre et
nous les ramenons triomphalement au château. Lorsque
nous arrivons, le nombre des prisonniers s'était
encore accru, car par dizaines ils accouraient vers
nous pour fuir nos compagnons qui, prévenus de
l'attaque, commençaient à les pourchasser. Le
chiffre total, que nous avons conduit à cinq,
s'élevait à cent vingt-trois, et le brave
instituteur avait bien du mal à transmettre à tous
les ordres de notre chef de section.
« Pendant que nous poussions ainsi devant nous le
troupeau dont nous avons fait la conquête, notre
compagnie, par un mouvement tournant, avait rabattu
les ennemis sur nos lignes. Et ce fut au petit jour
une véritable battue que les nôtres organisèrent.
Avec la science de nemrods consommés, les camarades
du bataillon cernèrent les Boches - tels des groupes
de sangliers - et firent près de trois cents
prisonniers, tandis que trois cents cadavres
allemands jalonnaient dans le petit bois de X...
« Parmi les sept officiers capturés, se trouvait le
lieutenant-colonel Weiss, qui, blessé d'une balle
lui ayant traversé la main et l'avant-bras jusqu'au
coude, avait, avec une énergie farouche, mis une
latte pour soutenir le membre mutilé et tenait
encore dans sa main crispée son sabré de combat.
Fouillé, cet officier supérieur fut trouvé porteur
d'un plan d'attaque du château de X... Nous apprîmes
par ce document que les troupes assaillantes se
composaient de sept compagnies.
« Alors que se continuait la lutte, les cuisiniers,
qui, les premiers, avaient soutenu le choc, s'en
étaient revenus tranquillement vers leurs marmites,
et, avec autant de calme que si rien ne s'était
passé, ils s'étaient remis à préparer la soupe pour
les « poilus », auxquels l'ardeur du combat, allait
certainement aiguiser l'appétit. Et ils apportaient
ce matin-là un soin tout particulier à la confection
du rata, tandis que, tels des ours en cage, les
prisonniers boches tournaient dans la cour du
château, regardant d'un oeil d'envie la bonne soupe
aux choux mijotant sur le feu et stupéfaits surtout,
semblait-il, de voir le petit nombre de Français qui
s'étaient rendus maîtres de leurs sept compagnies.
« Cette défense du château de X... fut. d'ailleurs
d'une incontestable utilité, car si les Boches
avaient pu s'en rendre maîtres notre bataillon eût
été dans une triste situation et les ennemis
auraient occupé un point stratégique important. »
Tel est le récit fidèle de ce que fut le combat des
7 et 8 octobre, dans ce petit coin désormais
illustre. Et n'avais-je pas raison en commençant de
vous dire que l'esprit d'initiative et la décision
sont les facteurs les plus importants de la victoire
?
JEAN DE CELMARE.
(à
suivre) |