4 janvier 1880
On nous écrit le 2 janvier.
La débâcle de la Vezouse a occasionné l'inondation partielle de
la ville de Blâmont jeudi matin, malgré les travaux qui avaient
été exécutés d'après les ordres de la municipalité qui cependant
avait pris toutes les mesures de prudence usitées en pareil cas.
Grâce au dévouement et à l'activité de M. Brice, maire, qui a
passé la plus grande partie de la nuit sur les lieux menacés, on
a pu éviter des dégâts plus considérables.
Il y avait 0,80 c. d'eau sur la place principale et la rue de
Domèvre était transformée en un véritable cours d'eau charriant
des glaçons énormes.
Une passerelle établie en aval de la ville a été rompue, malgré
toutes les précautions prises pour la préserver.
On s'accorde généralement à penser qu'un débouché plus
convenable du pont construit sur la route nationale, dans
l'intérieur même de Blâmont, aurait pu diminuer sensiblement les
effets de l'inondation.
17 janvier 1880
Le 12 janvier, dans la soirée, un cultivateur de Nonhigny, M.
Boudot, revenait à son domicile. A quelque distance du village,
son cheval s'emporta et la voiture fut renversée. Des gendarmes
témoins de l'accident, relevèrent M. Boudot qui était grièvement
blessé, et, aidés de plusieurs habitants, le transportèrent à
son domicile. Le docteur Mayeur appelé aussitôt, déclara que la
vie de M. Boudot, n'était pas en danger, malgré la gravité et le
nombre de ses blessures.
1er février 1880
INCENDIE A BLAMONT. - Le jeudi 29 courant, à quatre heures du
matin, un incendie s'est déclaré à Blâmont, dans une maison
située dans la Grande-Rue.
La population, éveillée par le son des clairons et celui du
tocsin, s'est portée en foule sur le lieu du sinistre, où les
pompiers s'étaient déjà rendus avec les pompes de la ville. M.
le maire, la gendarmerie et les agents de police ont organisé
immédiatement des chaînes, en attendant que la pompe aspirante
et foulante, qui ne pouvait manoeuvrer à cause de la gelée, car
on avait une température de 20 degrés au-dessous de zéro, fût
mise en état d'alimenter les autres pompes qui travaillaient
déjà.
Tous ont rivalisé d'ardeur. Les pompiers principalement, sous
l'habile direction de leurs officiers, ont fait des prodiges et
sont parvenus à concentrer l'incendie dans son foyer. En une
heure, ils se sont rendus maîtres du feu. Une seule maison a été
la proie des flammes ; mais les deux voisines sont légèrement
avariées.
Les pompiers de Frémonville et de Barbas étaient accourus avec
leurs pompes, qui n'étaient plus indispensables au moment de
leur arrivée, et dont on n'a pas fait usage, mais ils n'en
méritent pas moins la reconnaissance de la population, ainsi que
les pompiers de Repaix et de Gogney, qui se sont joints à eux et
lui ont fourni leurs secours manuels.
Par suite de ce sinistre, six familles se trouvent sans abri et
se recommandent à la sympathie publique.
Le propriétaire et deux locataires seulement étaient assurés aux
compagnies de l'Aigle, de la Générale et de la Nationale. Les
pertes sont évaluées à environ 17,000 francs, dont 15,000 à la
charge desdites compagnies. La rumeur publique prétend que la
malveillance ne serait pas étrangère à ce fatal événement ; mais
on ne peut rien dire de positif à cet égard.
8 février 1880
Le 1er février, à Emberménil, on a volé dans une chambre de M.
Morche, une bague en or estimée 38 fr.
10 février 1880
Notre compatriote, M. E. Marin, de Blâmont, chef d'escadrons au
8e hussards, vient d'être appelé à l'état-major général du
ministre de la guerre.
- Le 3 février un incendie a éclaté à la ferme de Grandseille,
écart de Verdenal. Le feu a détruit un bâtiment contenant les
fourrages. Les pertes évaluées à 7,300 fr sont assurées. La
cause de l'incendie est inconnue.
11 février 1880
BIENFAISANCE. - A l'occasion du décès de Mme veuve Lemant
Lazard, sa mère, M. Léo Lemant, sous intendant militaire de 1re
classe, a versé au nom de la famille une somme de cent francs à
l'hospice et une autre de 50 francs au bureau de bienfaisance de
la ville de Blâmont.
17 février 1880
La compagnie d'assurance l'UNION a fait remettre à M. le maire
de Blâmont la somme de cinquante francs, pour être versée à
titre de gratification à la caisse de la compagnie des
sapeurs-pompiers de cette ville.
20 février 1880
Une douzaine d'individus qui s'étaient échappés de la prison de
Haguenau et qui sont détenus à la maison d'arrêt de Nancy seront
reconduits demain à Avricourt pour être remis à l'autorité
allemande.
12 mars 1880
LITTÉRATURE CLÉRICALE. - On nous communique une brochurette
immonde qui sort des presses cléricales. On nous affirme qu'elle
a été distribuée aux élèves d'une école congréganiste de
Blâmont. Nous prions les journaux de la congrégation de nous
dire si le fait est vrai, oui ou non.
En attendant leur réponse, voici des extraits de ce pamphlet
dirigé contre les francs-maçons. On y verra de quelle façon les
cléricaux entendent la polémique.
« Cet animal là (le franc-maçon) a l'instinct du calcul ; il ne
vit que pour éteindre et empoisonner toute vie.... Cette société
d'hommes hait la lumière... L'église a le grand jour... La
franc-maçonnerie vise à l'âme pour la corrompre, et la débaucher
en l'éblouissant... Elle flatte perfidement toutes les bassesses
du coeur humain... Les francs-maçons sont les stercoraires de
l'humanité. .. L'église est la vérité même, la franc-maçonnerie
est le mensonge incarné... On entrevoit, dans ces forcenés, un
esprit étranger... C'est satan qui vit en eux... Grâce à ces
vendus, il y a entre l'abyme et la terre d'atroces
familiarités... Le père du mensonge semble leur verser dans les
veines un fluide brûlant.
Leur regard n'est pas celui de tout le monde; il y a dans le
leur du furtif,du fauve, du sombre. Derrière ce regard est une
âme satanisée. La franc-maçonnerie commence par proscrire les
religieux et les ordres de l'Eglise qui donnent
l'enseignement.... Rien ne les arrêtera plus (les
francs-maçons). Malheur aux riches, aux propriétaires grands ou
petits, malheur aux familles... Le monde sera livré au pillage
et à la guillotine!... Ils veulent débrider toutes les passions
pour qu'elles boivent à tous les ruisseaux. Ils hennissent sans
pudeur aux brûlantes lubricités. Sous le nom de divorce, leur
lascif projet précipite l'imagination dans la fange du porc et
du bouc... Sous l'oeil du premier grand-maître, Satan, sont
débattus les plans les plus criminels contre toute autorité
légitime !... L'histoire de la franc-maçonnerie est semée de
dates funèbres. 93, le 21 janvier, la Terreur, 1830 (!!!),
1848... »
Ces citations montrent quelle haine venimeuse et répugnante est
concentrée dans certaines publications religieuses.
18 mars 1880
LA SOEUR DE BLAMONT . - Nous avons demande la semaine dernière
aux journaux de la congrégation si, oui ou non, la soeur qui
dirige l'école de Blâmont a distribué aux enfants une brochure
aussi malpropre qu'odieuse dirigée contre les francs-maçons.
Nous apprenons à l'instant que la chère soeur a été révoquée
après une enquête administrative, au cours de laquelle on a
découvert entre les mains des élèves d'autres brochures du même
genre.
19 mars 1880
Petite Guerre
M. la préfet a fait bonne et prompte justice : la soeur de
Blâmont qui a distribué aux enfants de son école cette ignoble
brochure dont le Progrès a publié des extraits, a été révoquée.
Il reste à savoir si elle est seule coupable, si d'autres
congréganistes n'ont pas commis la même faute.
Ce n'est pas la soeur de Blâmont qui a pris l'initiative de la
distribution de ces pamphlets orduriers : c'est un comité qui
fonctionne à Nancy. Ce comité a-t-il réservé ses faveurs à la
soeur de Blâmont ou bien a-t-il dans sa munificence, expédié des
ballots analogues à d'autres institutrices : tout porte à le
croire.
L'institutrice congréganiste est entre les mains du parti
clérical et monarchique comme un instrument : C'est le canal par
lequel les anciens partis pénètrent jusqu'à l'enfance. Ils
comptent sur elle pour déposer dans l'esprit des enfants les
germes de la foi légitimiste, pour inspirer aux jeunes
générations la haine des institutions libres.
Les institutrices congréganistes sont d'autant plus monarchistes
qu'elles sont plus ignorantes. Un inspecteur primaire demandait
un jour aux élèves de l'une d'elles en quelle année la première
République avait été proclamée en France. Comme aucune d'elles
ne répondait, la soeur, qui n'était pas brevetée, intervint et
dit : « M. le curé me défend d'enseigner ces choses-là. »
Placé entre l'autorité universitaire et l'autorité
ecclésiastique, l'institutrice congréganiste n'hésite jamais;
elle prend toujours parti contre l'autorité universitaire. Elle
donne ce singulier spectacle d'une subordonnée qui n'accepte pas
de subordination.
L'action de l'inspecteur est presque nulle sur le personnel des
soeurs : c'est dans les écoles des bonnes soeurs, que pénètrent
en dernier lieu les nouvelles méthodes d'enseignement. Nous
avons sur ce point le témoignage formel de plus de dix
inspecteurs d'académie.
Grâce à la vigilance des administrateurs républicains, les
progrès scolaires ne seront plus longtemps entravés. La lettre
d'obédience sera supprimée et pour avoir le droit d'enseigner,
il ne suffira plus de rouler les grains d'un chapelet, il faudra
de plus savoir. Voilà bien l'esprit révolutionnaire : obliger de
bonnes soeurs, qui veulent enseigner, à apprendre quelque chose.
Il n'en est pas moins vrai que si l'affaire de Blâmont s'était
passée sous le 16 mai, la solution eût été très probablement
tout autre. D'abord la soeur, au lieu d'être révoquée, aurait
été félicitée, peut-être lui eût-on conféré les palmes
d'officier d'académie. Puis on lui aurait conseillé d'intenter
un procès au Progrès. Comme la preuve de la distribution est
toujours difficile, on eût fait venir les parents des élèves et
on les aurait circonvenus. Puis ce cher Progrès aurait été
condamné une fois de plus à payer quatre mille francs d'amende,
et à subventionner, bien malgré lui, l'enseignement
congréganiste.
Le clérical a une force de négation prodigieuse : pris en
flagrant délit, il commence toujours par nier.
Quand nous avons annoncé l'autre jour la distribution de la
soeur de Blâmont, les journaux cléricaux de Nancy ont commencé
par nier.
Dans l'affaire du curé de Gironcourt, ils ont nié également.
Germiny pris en flagrant délit d'horlogerie sous cutanée nia de
même.
J. K.
23 mars 1880
ECOLE DE BLAMONT . - Le conseil municipal a été appelé à
examiner la situation faite à l'école des filles par la
révocation méritée de la soeur qui avait distribué des brochures
ordurièrés. Il a décidé que les soeurs seraient remerciées et
s'est prononcé pour leur remplacement par des institutrices
laïques.
31 mars 1880
Le 24, un incendie a endommagé quatre hectares de la forêt de
Leintrey. Les pertes sont estimées à 2,000 fr. On pense que
l'incendie est dû à un charbon qui serait tombé d'une locomotive
sur les herbes sèches.
7 avril 1880
L'INSTITUTRICE DE BLAMONT . - Mlle Robert, institutrice laïque à
Lebeuville, est nommée à Blâmont, en remplacement de la soeur
qui avait distribué des brochures malsaines aux enfants de son
école.
5 mai 1880
Le 1er mai, à Gondrexon, le feu s'est déclaré dans une forêt
appartenant à M. Morlot, marchand de bois à Nancy, et y causé
des dégâts pour une somme de 500 francs.
19 mai 1880
POMPIERS DE BLAMONT. - La compagnie des pompiers de Blâmont qui,
seule de notre département, avait envoyé une subdivision au
concours de Bar, a obtenu une des sept médailles d'argent
accordées par le ministre de l'intérieur. Cette distinction
méritée restera un titre d'honneur pour cette brave compagnie
dont nous avons plus d'une fois l'occasion de louer le
dévouement.
20 mai 1880
Le 15 mai, à Reillon, on a trouvé dans un ruisseau le cadavre
d'un enfant nouveau-né. Le docteur Virlet de Blâmont a déclaré
que l'enfant était né viable et que la mort remontait à près de
quinze jours. Une domestique, soupçonnée d'être l'auteur du
crime, a quitté le pays.
25 mai 1880
Le 20, à Blâmont, le feu a détruit une meule de paille
appartenant à M. Boubel. Perte non assurée, 260 francs.
Le 20, un coquetier de Xousse, M. Veltin, est tombé d'une
voiture qu'il conduisait sur la route d lgney. Les roues lui ont
passé sur le corps et lui ont fait de graves blessures aux
reins.
29 mai 1880
Dans la nuit du 24 au 22 des malfaiteurs ont essayé de fracturer
les portes d'une maison appartenant à M. Vanier, notaire à
Blâmont.
12 juin 1880
La foudre est tombée sur la gare de Deutsch-Avricourt et sur une
ferme aux environs de Gogney et a causé un commencement
d'incendie.
15 juillet 1880
Le 10, un garçon meunier de Lunéville, nommé Pierre Meunier, est
tombé de voiture près de Domjevin. Les roues lui ont fait de
graves contusions au genou droit et à la tête.
18 juillet 1880
CONSEIL GÉNÉRAL
Elections du 1er août 1880.
CANTON DE BLAM0NT.
M. Brice adresse aux électeurs du canton de Blâmont la
circulaire suivante :
Mes chers concitoyens,
Le mandat que vous m'avez confié il y a six ans est expiré, je
viens de nouveau solliciter vos suffrages pour vous représenter
au conseil général.
Je n'ai pas à renouveler une profession de foi ; vous savez tous
que je suis franchement républicain, et que, agriculteur, je
suis à même de connaitre les besoins de la plupart d'entre vous.
Mes adversaires, profitant de ce qu'une circonstance malheureuse
m'a obligé de m'absenter quelquefois, répandent le bruit que je
dois quitter le pays et que si je suis élu, vous n'auriez plus
de représentant habitant le canton; ne croyez rien de ces
assertions mensongères qui ne sont répandues que dans
l'intention bien évidente de nuire à ma candidature.
Je continue à habiter Blâmont et je suis toujours, comme par le
passé, tout disposé à me dévouer à vos intérêts.
Vive la République.
BRICE,
Agriculteur, maire de Blâmont, conseiller général sortant.
20 juillet 1880
M. d'Hausen.
Jusqu'à présent le parti monarchique de Meurthe-et-Moselle n'a
réussi à nous opposer qu'une seule candidature pour le conseil
général. C'est celle de M. d'Hausen dans le canton de Blâmont.
Ce choix est maladroit s'il en fut, car il est en con tradiction
absolue avec les principes que nos adversaires se flattent de
défendre.
Les monarchistes de Meurthe-et-Moselle ont toujours prétendu que
les cantons agricoles doivent être représentés au conseil
général par des agriculteurs. De notre côté, chaque fois qu'un
agriculteur a bien voulu accepter la candidature, nous la lui
avons offerte. C'est ainsi que, notamment dans le canton qui
nous occupe, M. Brice a été choisi. Le conseiller général de
Blâmont n'est pas, comme certains conseillers monarchiques, un
agriculteur de fantaisie : il a passé sa vie dans les rudes
travaux des champs. Il a manié la charrue et la herse. Il
connaît les besoins de l'agriculture comme un industriel connaît
les besoins de son industrie.
Si donc nos adversaires avaient quelque sincérité, ils se
garderaient bien de combattre un tel homme et surtout de lui
opposer un candidat qui n'est rien moins qu'agriculteur.
Ils éviteraient de présenter un ingénieur dans un canton
agricole, de donner un démenti à leurs principes, de prouver que
leur dévouement à l'agriculture est tout à fait artificiel et
qu'ils ne sont pas sérieusement partisans de la représentation
des cultivateurs par un cultivateur.
Nous espérons en tout cas que désormais,, s'il nous arrive
d'appuyer dans certains cantons, à défaut de candidatures
exclusivement agricoles qui font parfois défaut, des médecins ou
des notaires, les monarchistes auront la bonne foi de ne plus
nous le reprocher. Car nos médecins, nos notaires, nos
propriétaires, vivant à la campagne, connaissant ses besoins, se
mêlant à la population, n'ayant aucune morgue aristocratique, ne
se flattant pas d'appartenir a une aristocratie supérieure au
peuple, sont mieux en situation de défendre les intérêts de la
culture que les candidats qui ne voient dans un siège au conseil
général qu'un piédestal pour combattre de plus haut les
institutions républicaines.
REMISE D'UN DRAPEAU.- M. le maire de Frémonville a prononcé
l'allocution suivante devant la compagnie des sapeurs-pompiers :
Messieurs,
En venant chercher votre drapeau, vous me permettrez de vous
rappeler ce qu'il signifie. Cet étendard aux trois couleurs
signifie union de toutes les classes de la société, il est pour
tous le symbole du devoir, de l'honneur et du dévouement à la
patrie.
Célébrons joyeusement cette première fête de la République, que
le Parlement vient d'instituer, et qui se répétera tous les ans.
Cette date mémorable du 14 juillet 1789 marque dans l'histoire
le commencement de notre grande Révolution; elle fut le point de
départ de l'émancipation du peuple français.
En vous rendant à l'appel que je vous ai adressé, vous montrez
combien vous êtes soucieux du respect de la loi en même temps
que vous faites acte de patriotisme.
Le soir, un banquet réunissait le maire et les pompiers. L'un de
ceux-ci porta le toast suivant : Monsieur le maire,
permettez-moi de vous exprimer notre gratitude pour l'honneur
que vous nous avez fait en assistant à notre fête. C'est celle
de la nation mais aussi en particulier la fête de la fraternité
qui unit tous les hommes de cette compagnie. Comme vous l'avez
si bien dit ce matin, notre drapeau nous rappellera toujours
notre devoir. Nous serons heureux de le remplir longtemps sous
votre sage administration, nous efforçant à l'heure du danger de
toujours mériter votre approbation et votre estime !
Ogéviller. - On nous écrit de cette commune :
Le 13 juillet, des salves furent tirées; la plupart des édifices
communaux étaient pavoisés de drapeaux aux couleurs nationales.
M. Roussel, maire d'Ogéviller et membre du conseil
d'arrondissement, avait désigné lui-même les points où devaient
être placés les drapeaux.
Le jour de la fête, des salves ont été tirées sans interruption
depuis trois heures du matin jusqu'à dix heures du soir. Dans la
soirée, brillantes illuminations; des lanternes vénitiennes,
placées avec goût, produisaient un effet charmant. En aucune
circonstance, l'affluence des promeneurs n'a été aussi
considérable.
Un jeune homme, connaissant la musique, a excité l'entrain en
jouant la « Marseillaise. » Il a été accompagné par toute la
jeunesse.
Plusieurs personnes, parmi lesquelles on compte un certain
nombre de conseillers municipaux, se sont distingués par un
empressement, digne d'éloges, à pavoiser et à illuminer leurs
demeures.
Les employés des douanes et des postes ont fait de même.
Un abonné.
21 juillet 1880
COLLÈGE DE BLAMONT. - Depuis un certain temps, des personnes
intéressées ou mal intentionnées font circuler dans les
campagnes des bruits peu flatteurs pour le collège de Blâmont,
dont elles annoncent la chute prochaine. Ce sont des
insinuations mensongères dont elles voudraient profiter. Jamais
cet établissement n'a été plus prospère, et aucune institution,
proportion gardée, n'obtient autant de succès dans les examens.
Dernièrement encore un de ses élèves de quatrième, le jeune
Colin, a concouru avec des élèves des classes supérieures pour
l'obtention d'une bourse au lycée : il a été admis avec le no 5.
Au reste, les jeunes gens qui ont quitté, jusqu'à présent, le
collège, pour poursuivre leurs études, occupent presque toujours
les premières places dans les établissements où ils se rendent
pour les compléter.
Le conseil municipal, voulant montrer au directeur, M. Gérardin,
combien il apprécie ses efforts et ses succès, ainsi que les
services qu'il rend, non seulement à Blâmont, mais à toute la
région, vient, par une délibération du 24 mai dernier, qui sera
soumise à l'approbation préfectorale, de lui continuer, jusqu'au
15 août 1887, la direction de son collège.
28 juillet 1880
L'élection de Blâmont
L'élection du canton de Blâmont présente un intérêt particulier.
C'est le seul canton où nos adversaires aient osé poser une
candidature monarchique en face du conseiller général
républicain qui occupe le siège. Partout ailleurs ils se bornent
à défendre leurs positions ; ici, ils essayent de nous enlever
une des nôtres.
Ils n'y réussiront pas : le terrain de la lutte est mauvais pour
eux. Le canton de Blâmont est républicain : il ne veut être
représenté au conseil général que par un républicain. M.
d'Hausen ne l'est pas, loin de là. Il se présente aux électeurs,
appuyé sur cette coterie turbulente qui a fait le 24 mai et le
16 mai, qui a failli acculer le maréchal de Mac-Mahon à un coup
d'État et qui ne désespère pas encore, en ce moment, malgré les
leçons qui lui ont été données, de restaurer la monarchie.
Or des rois et des empereurs, nous n'en voulons plus : nous
savons ce qu'ils coûtent. La monarchie c'est la révolution,
l'empire c'est la guerre. Révolution et guerre sont la ruine
pour le pays.
Nous voulons vivre en paix, ne plus nous exposer aux aventures,
conserver pour nos représentants, c'est à-dire pour nous, le
droit de ne pas déclarer la guerre, de ne pas nous laisser
engager malgré nous par une femme comme en 1870. M. Brice
représente l'idée républicaine; M. d'Hausen, l'idée monarchique.
M. Brice prend le mot d'ordre de ses électeurs. M. d'Hausen
prend le mot d'ordre d'un parti dont le chef est hors de France.
M. Brice ne songe qu'à faire les affaires de ses électeurs ; M.
d'Hausen fera les affaires de son parti.
En nommant M. Brice, les électeurs de Blâmont nomment un des
leurs, un enfant du peuple, un homme qui ne doit rien qu'à son
travail, un homme qui n'a nul souci des particules nobiliaires,
des hochets de la vanité mondaine, un homme qui croit que tous
les hommes sont égaux en droit, que les vieilles distinctions
aristocratiques ont fait leur temps, que la classe de la société
qui se dit noble est toujours portée à s isoler, qu'en dehors
des périodes électorales, elle ne se plaît pas à fréquenter les
travailleurs des champs, qu'elle reste en un mot une classe
infatuée d'elle-même et désireuse d'être, comme elle dit, une
classe dirigeante.
Nos pères ont fait 1789 pour établir l'égalité civile, pour en
finir avec les distinctions arbitraires, pour faire de tous les
Français des citoyens. Restons fidèles à cet esprit et quand
nous avons le choix entre un candidat vraiment libéral et un
candidat d'ancien régime, nommons le premier : c'est la vraie
manière de servir nos propres intérêts.
30 juillet 1880
BLAMONT. - Dans son numéro du 27 juillet, le Journal de la
Meurthe prétend que M. Michaut a eu la majorité des voix dans le
canton de Blâmont ; c'est .une erreur : M. Michaut a eu 1615
voix, M. Cosson 1776. La majorité du canton est donc
certainement républicaine et du reste, dans les 1615 voix de M.
Michaut il faudrait en déduire un certain nombre qui ont été
obtenues par les moyens que l'on sait.
- On fait à M. Brice un grief, de la transformation de l'école
congréganiste en école laïque. On oublie lés circonstances
particulières qui ont imposé ce changement. Une soeur avait
distribué à ses élèves un odieux pamphlet contre les
institutions actuelles. Quels sont parmi les électeurs de la
campagne, même religieux pratiquants, ceux qui approuveront une
soeur d'école qui fait de la politique en classe, et quelle
politique !
M. d'Hausen invoque beaucoup les souvenirs laissés dans le
canton par M. Mathis de Grandseille, son beau-père ; c'est une
maladresse. M. Mathis n'était rien moins que populaire. Il
s'était même créé pendant la guerre des difficultés très gravés
avec certaines communes du canton qui ne le lui ont pas encore
pardonné aujourd'hui.
31 juillet 1880
BLAMONT. - Il n'est pas de bruit absurde que les partisans de M.
d'Hausen ne mettent en circulation. Ainsi ils ont prétendu ces
jours derniers que si M. Brice était élu nous aurions la guerre.
C'est une calomnie qui ne mérite même pas d'être discutée. Le
gouvernement républicain auquel est dévoué M. Brice est le
gouvernement pacifique par excellence, tellement pacifique que
l'envoi de six officiers en Grèce ayant été commenté de diverses
façons, cet envoi a été immédiatement contremandé. La mission
n'est pas partie et ne partira pas. Ce fait, absolument
incontestable, prouve avec quel soin scrupuleux le gouvernement
de la République évite de s'engager dans les questions de
politique extérieure.
Non seulement nous ne ferons pas la guerre, mais encore nous ne
fournirons à personne, l'occasion de nous chercher querelle.
Le gouvernement républicain ne commettra jamais les imprudences
commises par le gouvernement de l'ordre moral. Si la paix
pouvait jamais être menacée, ce ne serait pas par la victoire
des candidats républicains, ce serait par la victoire des
monarchistes, car on sait que les monarchies cherchent toujours,
dans des expéditions extérieures, une diversion à leurs embarras
intérieurs. Quant à l'agriculture, elle trouvera dans M. Brice
un défenseur plus convaincu et plus pratique que dans M.
d'Hausen. M Brice croit, avec tous les agriculteurs de
profession, que la meilleure manière de protéger l'agriculture
c'est de diminuer les charges qui pèsent sur elle. La diminution
est commencée, mais pour qu'elle continue, pour qu'on arrive à
dégrever efficacement le foncier, il faut la tranquillité à
l'intérieur. Toute agitation monarchique qui mettrait en péril
l'existence de la République compromettrait l'oeuvre des
dégrèvements. Les cultivateurs qui voteront pour M. d'Hausen
voteront donc contre leurs propres intérêts. C'est comme s'ils
disaient au gouvernement :
nous ne voulons pas que vous continuiez à diminuer nos impôts et
que vous dégreviez le foncier.
5 août 1880
Le 29 juillet vers 5 heures du soir M. Huin, boulanger, à
Blâmont, descendait la rue du Château pendant l'orage. La pluie
et la grêle l'empêchèrent de voir une voiture qui stationnait et
contre laquelle il vint se heurter. Il s'est fait une assez
grave blessure au front. Le docteur Guérard a donné ses soins au
blessé.
8 août 1880
Le bureau d'Avricourt-station est ouvert à l'importation dès
machines et mécaniques, des fils de lin et de chanvre, des fils
de coton, etc., comme le bureau précèdent. Les autres
attributions dont le bureau d'Avricourt est actuellement pourvu
sont et demeureront maintenues. Le même bureau est ajouté à là
nomenclature de ceux qui ont été ouverts par le décret du 30
décembre 1873 à l'importation des huiles et essences de pétrole
et de schiste.
14 août 1880
Avricourt. - On exécute actuellement dans la gare
d'Igney-Avricourt, des modifications de voies qui intéressent la
ligne d'intérêt local en ce sens que le service des trains de
cette ligne, au lieu de s'effectuer dans la cour des voyageurs,
se fait maintenant en avant du bâtiment, sur la voie principale
montante des trains de l'Est.
18 août 1880
COLLÈGE DE BLAMONT . - La distribution des prix aux élèves du
collège de Blâmont a eu lieu à l'hôtel de ville, le 5 août, sous
la présidence de M. Barthélemy, adjoint, délégué par M. Brice,
maire et conseiller général, en l'absence de ce dernier.
Après un excellent discours du directeur de l'établissement,
terminé par un bon conseil à ses élèves, qu'il exhorte à
s'occuper uniquement de leurs études, en laissant aux hommes
faits le soin et le souci des affaires, mais néanmoins en aimant
la France et ses nouvelles institutions, le président, avant de
proclamer les noms des lauréats, rappelle les résultats des
examens auxquels ont pris part les jeunes gens formés sous la
direction de M. Gérardin depuis 1870. Six ont subi avec succès
l'examen pour le certificat de grammaire, parmi lesquels deux
avec le n° 1, deux avec le n° 2, un avec le n° 3 et un avec le
n° 7.
Sept élèves ont été admis, dans l‘administration des postes et
télégraphes, deux ont été admis, après concours, comme boursiers
de la compagnie de l'Est, l'un avec le n° 4 sur 85, l'autre avec
le n° 1 sur 68.
Trente huit élèves ont obtenu le brevet d'instituteur, dont sept
avec addition d'une ou de plusieurs séries ; un élève a été
admis à l'école normale primaire, seize sont entrés dans les
bureaux des chemins de fer et quatre dans les contributions
indirectes.
Enfin, cette année, Un autre élève vient d'être classé le 5e sur
quarante-trois candidats admis au concours des bourses des
lycées, 5e série de l'enseignement secondaire.
li a ensuite proclamé les noms des vainqueurs pendant l'année
classique. Dans les classes latines, les élèves le plus souvent
nommés sont : MM. Constantin, Ischt, Mallet, Bastien, Flavenot
et dans les classes d'enseignement secondaire spécial, MM.
Fulhart, Dubois, Cabocel, Calais, Pensch, Cuny et Deubel.
La rentrée est fixée au 5 octobre.
19 août 1880
DISTRIBUTION DES PRIX A BLAMONT. - La distribution solennelle
des prix aux élèves dés écoles primaires de Blàmont s'est faite,
cette année, avec un éclat inaccoutumé, le dimanche 29 août,
à 4 heures, dans la grande salle de l'hôtel de ville, sous la
présidence de M. Brice, maire de la ville;
conseiller général du département, délégué à cet effet par M. le
.préfet de Meurthe-et-Moselle. Toute la municipalité et tous les
fonctionnaires ont tenu à assister à cette solennité, rehaussée
par la présence de M. l'inspecteur primaire de Lunéville, qui a
bien voulu, malgré ses nombreuses occupations, donner ce
témoignage de sympathie à la population.
M. le maire a ouvert la séance par le discours suivant :
Mes chers enfants.
C'est un grand plaisir et une bien douce satisfaction pour
l'administrateur de la Cité, de se trouver entouré de ses
enfants d'adoption et de partager avec leurs familles la joie
des innocents triomphes qui les attendent ; il ne se produit pas
de plus douces émotions que celles qui rappellent à l'homme,
pendant toute sa carrière, des souvenirs qui lui sont si chers ;
car tout ce qui se rattache à l'enfance, à ses occupations comme
à ses plaisirs, à ses triomphes comme à ses disgrâces, se
retrace avec attendrissement à sa mémoire aux différentes
époques de son existence. Ses travaux, ses graves préoccupations
peuvent absorber son attention, mais ne sauraient parfois le
distraire de ces simples et tendres retours vers un passé, objet
de son intérêt, et plus souvent de ses regrets.
La municipalité puise dans cette solennité non seulement les
espérances qui doivent soutenir et stimuler son zèle, mais
encore l'occasion de vous encourager dans vos travaux, devons
féliciter de vos progrès, de remercier vos maîtres de
l'intelligence et du dévouement avec lesquels ils remplissent
leur tâche souvent si aride; elle y trouve aussi le moyen de
vous témoigner une fois de plus; devant un public nombreux,ses
sincères sympathies pour tout ce qui concerne l'instruction, et
enfin de vous adresser quelques conseils dont vous comprendrez,
je n'en doute pas, la bienveillante intention;
Nous pouvons dire que nulle part on ne fait plus de sacrifices
pour l'instruction; que si la gratuité n'existe pas complètement
dans nos écoles, il est très, facile de l'obtenir: le conseil
municipal a, depuis longtemps, émis un vote renouvelé chaque
année, par lequel la gratuité est accordée à tous ceux-qui la
demandent, et lés fournitures classiques sont largement
distribuées à ceux dont les parents ne peuvent en faire la
dépense. Nous venons de réédifier l'école des garçons dans des
conditions telles que M. l'inspecteur d‘Académie, dans son
rapport annuel, la désigne comme modèle d'installation scolaire.
Mais ce n'est pas tout : il nous reste à établir un gymnase,
complément indispensable de son aménagement. Soyez persuadés que
la municipalité, dans sa sollicitude pour tout ce qui touche à
l'instruction, y pourvoira avant peu, et qu'avec le concours si
précieux du gouvernement, nous aurons doté cette, ville d'une
école de garçons aussi complète que celle dés plus grands
centres.
Nous nous préoccupons aussi vivement de la mauvaise
installation, de l'école des filles qui est vicieuse sous bien
des rapports : l'air et la lumière n'y pénètrent pas
suffisamment ; mais nous espérons être à même de présenter, dans
quelque temps, une combinaison qui nous permettra, avec les
faibles ressources dont nous pouvons disposer, de mettre cette
école en rapport .avec les besoins de sa population et de faire
en sorte qu'elle soit aussi complète que son aînée.
Chers enfants; remerciez avec nous vos maîtres si dévoués, qui
comprennent si bien leurs devoirs, qui sacrifient leur existence
pour vous conduire les uns et les autres dans les sentiers du
bien; pour vous former à l'amour du travail et de la vertu,
véritables sources du bonheur.
Je remercie nos invités et particulièrement M. le curé doyen, et
M. l'inspecteur primaire qui a bien voulu, par sa présence,
rehausser l'éclat de cette solennité. Je remercie M. le
directeur du collège, qui a mis à notre disposition l'excellente
musique de son établissement .Je remercie les amateurs dont le
précieux concours nous est acquis, chaque fois qu'une fête de
circonstance nous permet de nous réjouir.
Le temps n'est plus, heureusement, où l'on pouvait craindre
d'exprimer sa- pensée; aussi, permettez-moi, malgré votre
légitime impatience, de vous, dire encore quelques mots. Notre
glorieuse Révolution, en détruisant lés privilèges, nous donna à
tous la faculté de parvenir; la République, en propageant
l'instruction, vous donne l'instrument qui doit vous élever
c'est à vous de savoir vous en servir. Dans toutes les occasions
de la vie, n'importe à quelle classe de la société qu'on
appartienne, l'instruction est nécessaire.
Vous vous rappelez que de cruelles épreuves, n'ont point été
épargnées à notre chère patrie ; si nous avons pu les supporter
et arriver au point où nous en sommes, c'est à l'heureuse
influence de l'instruction qu'il faut en rendre hommage.
Instruisez-vous donc, mes chers enfants ; travaillez avec
ardeur; que les récompenses de ce jour soient, pour les uns, un
nouvel encouragement à bien faire, et pour les autres, un sujet
d'émulation. - Je vous dirai, à vous, jeunes garçons,
préparez-vous à devenir des citoyens utiles, des électeurs
éclairés ; car dans un pays de démocratie, le privilège n'a pas
de place : c'est le mérite personnel qui fait la destinée ;- par
le travail, vous pouvez prétendre à tout. Oui, dans une
République qui est le gouvernement de tous, le devoir dés
citoyens est de savoir pour bien gouverner.
Et à vous, jeunes filles, respectueuses envers vos maîtresses,
dociles à leur voix, soyez tendrement attachées à vos parents ;
efforcez-vous par votre conduite, d'être toujours l'honneur de
notre école. Après avoir été des filles sages ét laborieuses,
vous deviendrez dés mères estimables, et le dévouement de vos
institutrices recevra la récompense qu'il ambitionne.
Je ne veux pas vous retenir plus longtemps ; vous attendez avec
une impatience que jé comprends, ces couronnés dont nous allons
ceindre vos fronts : elles ne sont pas stériles, car chacune
d'elles nous promet un membre dévoué, en état d'enrichir bientôt
notre grande famille du produit de son travail et de ses vertus.
Venez donc les recevoir ; qu'elles, soient pour tous, un
encouragement à persévérer dans la bonne voie où vous êtes
engagés, à rester dignes dés soins affectueux et dévoués qui
vous sont donnés, dignes de la patrie dont vous êtes
l'espérance.
Après ce discours vivement applaudi, M. le président a donné la
parole à M. l'inspecteur, lequel a adressé aux élèves une
allocution très remarquable dont lés principaux passages ont été
l'objet de bravos bien mérités que ne lui a pas ménagés
l'intelligente assemblée qui l'écoutait avec un profond silence.
Il a commencé par démontrer aux jeunes enfants que le
gouvernement de la République fait de l'instruction primaire
l'objet de sa constante sollicitude. Ils lui doivent de la
reconnaissance ainsi qu'à leurs maîtres et à la municipalité qui
ne recule devant aucun sacrifice pour leur rendre agréable le
séjour de l'école. A cette occasion, il rappelle le dernier
rapport qu'il a fait sur la situation de l'instruction primaire
dans l‘arrondissement de Lunéville.
« La ville de Blâmont, dit-il dans ce rapport, mérite une
mention spéciale. L'école des garçons a été établie dans une
maison neuve ; les classes sont magnifiques ; elles sont dotées
d'un mobilier perfectionné, et éclairées au gaz pour l'étude du
soir et les cours d‘adultes. Le maître a un logement remarquable
et un jardin, les élèves possèdent une cour ét un préau ; un
gymnase-va être établi. » Nous devons cette situation modèle à
la générosité, aux dispositions libérales dû conseil municipal,
puis à l'intelligente activité et à la persévérance de M. Brice,
maire et conseiller général, si heureusement secondé par M.
l'adjoint, homme d'expérience en matière scolaire surtout, et
dont la collaboration, est si précieuse pour vos études.
(Applaudissements.)
Il continue à donner aux enfants des conseils éloquents sur la
persévérance dans leurs études; il leur montre qu'en quittant
les bancs- de l'école, ils doivent continuer .à: étudier dans
leurs-moments de loisir. Il faut lire beaucoup, mais de bons
ouvrages. Un bon livre est-un bon ami.- Il faut lire pour
s'instruire, pour se corriger, pour se consoler. Puis, abordant
la question du travail physique, il leur dit qu'il est la source
de la considération et de l'estime publique ; que quelle que
soit la profession qu'on embrasse, il n'est personne, si humble
qu'il soit, qui ne donne à ses. Semblables l'exemple de
l'assiduité au travail, comme de la tempérance et de
l'honnêteté.
Le travail du plus humble manœuvre contribue d'une manière
quelconque à l'accroissement du bien-être. Il n'est pas pour
l'homme de pain plus savoureux que celui qu'il doit à son
travail. Le travail, mes enfants, dit-il en terminant, fait
notre noblesse ; il fait l'homme de coeur; c'est lui qui nous
offre sur terre le bonheur et la liberté.
La proclamation des lauréats, faite par M. l'adjoint, a été
entrecoupée par les chants des jeunes enfants (garçons et
filles) et les meilleurs morceaux du répertoire de la musique du
collège, entre autres la « Marseillaise» et le «Chant du départ.
»
Cette fête de famille a laissé un bien agréable souvenir à la
foule qui y a assisté.
20 août 1880
On vient d'arrêter à Dieuze un employé de la poste d'Avricourt
soupçonné du détournement d'une lettre recommandée renfermant
1100 m. en billets de 100 m., et quatre lettres de change d'une
valeur totale de 2.568 m., qu'une maison de banque d'Avricourt
avait remises le 6 août dernier au bureau de poste.
11 septembre 1880
INCENDIE. - A Vaucourt, dans, la nuit du 6 au 7, un incendie a
détruit deux maisons habitées par cinq propriétaires et un
locataire. Vers 7 heures 1/2 du soir, Mme Clément a vu tomber
des flammèches dans l'écurie de M. Leclère, son voisin.
Immédiatement MM- Leclère et Clément ont couru. On à jeté de
l'eau sur un tas de paille qui brûlait; mais inutilement, Le
foin a pris feu et le reste a été dévoré. M. Clément a perdu son
mobilier et ses récoltes. Il ne possède plus que quelques
linges, Les pertes, évaluées 6,000 fr, sont assurées à la
France.
M. Leclère, manoeuvre, âgé de 66 ans, évalue ses pertes à 3,000
fr. qui sont assurées à la Confiance.
La dame Schmitt a aussi tout perdu. Dans l'après-midi, elle
avait chauffé le four pour cuire un gâteau de noce, mais le feu
était éteint. Du reste, dit-elle, le mur qui séparait mon four
de l'écurie Leclère était solide. Mme Schmitt perd 3,000 fr.
assurés à la Confiance.
M. Crouvizier, domicilié dans la même maison, a pu sauver un peu
de mobilier. Il perd 2,000 fr, assurés, à la Paternelle.
Mme veuve Mirgon n'a presque rien sauvé; mais son dommage est
couvert par une compagnie d'assurances dont elle ignore le nom,
ses papiers, étant brûlés.
Enfin M. Simon, préposé de douanes, n'a sauvé que quelques
effets. Les pertes, évaluées à 200 fr., nesont pas assurées.
17 septembre 1880
ÉMIGRANTS. - Soixante-six émigrants dont soixante
Alsaciens-Lorrains et six Américains sont partis
d'Igney-Avricourt, le 14 septembre, pour le Havre, à destination
de l'Amérique.
10 octobre 1880
Ces jours derniers, à Verdenal, une rixe s'est elevée entre deux
parents, l'oncle et le neveu, nommés L... Ils se sont frappés à
tour de bras ; l'oncle a reçu d'assez graves contusions, et la
gendarmerie a consigné dans un procès-verbal cette petite scène
de famille.
14 octobre 1880
Le 9, à Bréménil, M. Gondrexon, de Nonhignÿ, était venu dans une
carrière pour charger un bloc de pierre du poids de 1,000 kilogs
environ. Pendant le chargement, une chaîne en fer se rompit et
atteignit M. Gondrexon, qui a eu la jambe droite fracturée.
16 octobre 1880
Le 11, à Herbéviller, un incendie a éclaté dans la maison de M.
Coster, marchand épicier. La cause en est inconnue. Les per tes,
qui s'élèvent à 16,000 fr., sont assurées en grande partie.
19 octobre 1880
Le fils de M. Braun, préposé des douanes, à Ogéviller, a quitté
le domicile de ses parents depuis le 1er octobre.
Voici son signalement : Agé de seize ans, taille un mètre 25,
cheveux blonds, le nez marqué d'une petite lentille, blouse et
pantalon gris, casquette en drap noir, tricot bleu.
31 octobre 1880
- Le 26, à la gare d'Avricourt, 85 émigrants sont partis pour le
Havre, à destination d'Amérique:; Sur ces 85 émigrants, il y
avait 55 badois, 19 alsaciens, 8 bavarois, 2 américains et un
wurtembergeois.
12 novembre 1880
COLLÈGE DE BLAMONT. - M.Constantin, qui a quitté le collège
libre de Blâmont au mois d'avril dernier, vient d'obtenir le
diplôme du baccalauréat ès-sciences.
Deux autres élèves du même établissement, Edmond Flavenot et
Joseph Clément, ont obtenu les numéros 1 et 3 à l'examen du
certificat de grammaire.
30 novembre 1880
Le 24, à Herbéviller, un incendie dont la cause est inconnue a
détruit le moulin de M. Lemoine, dont M.Schenzétait locataire.
Les pertes s'élèvent a 19,900 fr. Il y a assurance.
1er décembre 1880
Le 24, à Leintrey, une petite fille âgée de 12 ans, nommée Zélie
Dumas, s'étant trop approchée du foyer pour se chauffer, a
communiqué le feu à ses vêtements. Sa mère, qui rentrait à ce
moment, parvint à éteindre les flammes qui entouraient la pauvre
petite dont le corps a été couvert de brûlures. Le docteur
Mayeur, de Blâmont, a déclaré que l'état de l'enfant ne
présentait pas de gravité.
3 décembre 1880
Le 26 novembre, à Xousse, un incendié à détruit en partie la
maison, le mobilier et les récoltes appartenant à M. Baptiste.
Les pertes, évaluées à 2,200 francs, sont assurées. Le feu a été
communiqué au plancher du premier étage par le tuyau d'un
fourneau.
4 décembre 1880
La semaine dernière, à Gondrexon, Mme Vouriot, voulant remettre
de l'essence dans sa lampe allumée, a communiqué le feu au bidon
qu'elle tenait et qui contenait près d'un litre de pétrole.
Effrayée, elle le laissa tomber par terre ; l'essence se
répandit sur le plancher et enflamma les vêtements de Mme
Vouriot, qui s'enfuit en criant au secours.
Des voisins accoururent et purent éteindre le feu ; mais Mme
Vouriot avait éprouvé déjà de très graves brûlures. M. Virlet,
médecin à Blàmont, a été appelé pour donner ses soins à la
blessée.
8 décembre 1880
TENTATIVE D'ASSASSINAT A SAINT MARTIN. - Le 4 décembre, une
journalière de Croismare, nommée Marguerite Beau, âgée de vingt
et un ans, se rendit à Saint-Martin (canton de Blâmont),
où elle avait une tante, la veuve Voinot, brave femme de
soixante-douze ans, qui l'accueillit avec bienveillance.
Il était trois heures de l'après-midi quand elle arriva. Elle
dit à sa tante qu'elle avait l'intention d'aller jusqu'à
Avricourt où se trouvait une de ses amies qu'elle désirait voir.
Mais comme il était déjà tard, elle lui demanda de passer la
nuit dans sa maison. La veuve Voinot qui était pauvre et mal
logée accueillit cependant la demande de sa nièce et lui offrit
l'hospitalité. Elle prépara à souper ; les deux parentes
causèrent de choses et d'autres et, le soir venu, elles allèrent
se coucher toutes les deux dans le même lit. Quelques heures
après, Marguerite Beau qui avait formé un projet sinistre se
leva sans bruit, chercha dans l'obscurite un fichu qu'elle avait
apporté avec elle et aussitôt qu'elle l'eut trouvé revint près
du lit où dormait sa vieille tante. Elle explora à tâtons le
chevet du lit, chercha la tête de la pauvre femme et essaya de
lui glisser autour du cou le fichu avec lequel elle voulait
l'étrangler.
La vieille femme, réveillée par ce mouvement, demanda à sa nièce
ce qu'elle avait. Celle-ci lui répondît avec un affreux Cynisme
: « Je vais te mettre un médaillon au cou », et, en même temps,
réunissant les deux extrémités du foulard, elle serra de toutes
ses forces pour étrangler la malheureuse. La vieille femme
poussa des gémissements et se débattit. Sa nièce, craignant que
le bruit ne fût entendu, tira sa victime avec violence, la jeta
hors du lit et la traîna par le cou, dans la chambre, en lui
frappant la tête sur le sol.
Elle l'emmena ainsi jusque dans la cuisine et là, voyant que la
malheureuse femme vivait encore et pensant qu'elle ne pourrait
l'étouffer assez vite au moyen du fichu, elle se mit à genoux
sur la poitrine de sa victime, et lui serra le cou avec ses
mains en disant « Il faut que tu y passes et que je te tue
aujourd'hui. » La veuve Voinot, retrouvant des forces dans son
désespoir se débattit avec énergie contre son assassin et put se
dégager. L'obscurité était profonde, c'est à cette circonstance
qu'elle dut de pouvoir se sauver.
Pendant que Marguerite Beau, affolée par le crime et perdue dans
les ténèbres, cherchait à ressaisir la victime qui venait de lui
échapper, celle-ci eut assez de sang froid pour se glisser sans
bruit vers une porte que sa nièce ne connaissait pas ; elle
l'ouvrit et traversant l'écurie, elle alla appeler du du secours
chez les voisins. Pendant ce temps la fille Beau avait trouvé
une allumette, l'avait enflammée, et à sa lumière s'était rendu
compte de l'endroit par où sa tante s'était enfuie.
Elle s'élança vers l'écurie, pensant pouvoir, rejoindre sa
victime, mais celle-ci était en sûreté; les voisins qu'elle
avait appelés s'apprêtaient à sortir de leurs maisons. En
entendant ces bruits, la-fille Beau songea à se cacher; elle
monta dans un grenier, se dissimula sous un tas de regain, mais
ses précautions furent inutiles : quelques minutes après, les
voisins la découvrirent dans sa cachette et l'arrêtèrent.
Interrogée, elle a fait des aveux complets et a déclaré que,
soupçonnant sa tante d'avoir de l'argent caché, elle avait
résolu son crime pour s'en emparer. Elle a été conduite à la
maison d'arrêt de Lunéville. Mme Voinot, dont l'état est très
grave, porte autour du cou de nombreuses meurtrissures et dés
traces bleuâtres, indices de la strangulation ; elle a aussi
plusieurs contusions à la figure et sur le crâne.
14 décembre 1880
Deux déserteurs allemands se sont présentes a la gendarmerie de
Blamont dans la journée du 10.
POSTES ET TÉLÉGRAPHES. - M. le directeur des postes et
télégraphes nous fait l'honneur de nous adresser la lettre
suivante :
Nancy, le 11 décembre 1880.
Monsieur le directeur.
Vous vous êtes fait l'interpréte, dans un récent article du
Progrès, des desiderata, au point de vue du service postal, des
habitants de la section de la commune d'Igney, voisine de la
gare.
J'ai l'honneur de vous informer que, par décision du 2 décembre
courant et sur ma proposition, l'administration des postes et
des télégraphes a concédé à la commune d'Igney, sans conditions,
un bureau de poste qui sera installé à la gare d'Avricourt.
La mise en activité de ce bureau n'est donc plus subordonnée
qu'à la possibilité de trouver un local propre au fonctionnement
du service et à l'habitation du titulaire.
Agréez, je vous prie, monsieur le directeur, l'assurance de ma
considération très distinguée.
Le directeur des postes et des télégraphes,
CH. BORSSAT.
Il nous reste à remercier monsieur le directeur pour
l'empressement avec lequel il a déféré au désir exprimé par le
groupe commercial d'Igney-Avricourt et proposé à
l'administration centrale une création qui est appelée à rendre
d'incontestables services.
31 décembre 1880
INCENDIES A VERDENAL . - Les habitants de Verdenal ont eu des
émotions dans la nuit du 26 décembre, pendant laquelle deux
incendies se sont déclarés à peu près à la même heure dans la
commune.
Le premier a eu lieu dans un grenier de la maison de M. Gérard,
propriétaire. La rapidité des secours a empêché le feu de
prendre de grandes proportions. Les pertes s'élèvent à 150
francs et il y a assurance.
Peu de temps après, un nouvel incendie se déclarait dans une
autre maison appartenant aussi à M. Gérard. Cette maison était
occupée par M. Marchand, épicier et boulanger, gendre du
propriétaire. Le feu, qui avait pris naissance dans la grange,
envahit bientôt toute la maison qui fut complètement détruite.
On put sauver cependant le bétail et une partie du mobilier. Les
pertes, qui s'élèvent à 27,000 francs, sont assurées. Ces
incendies, éclatant simultanément dans deux maisons appartenant
au même propriétaire, sont attribués à la malveillance.
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