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Le Progrès de l'Est

- 1880 -


4 janvier 1880
On nous écrit le 2 janvier.
La débâcle de la Vezouse a occasionné l'inondation partielle de la ville de Blâmont jeudi matin, malgré les travaux qui avaient été exécutés d'après les ordres de la municipalité qui cependant avait pris toutes les mesures de prudence usitées en pareil cas.
Grâce au dévouement et à l'activité de M. Brice, maire, qui a passé la plus grande partie de la nuit sur les lieux menacés, on a pu éviter des dégâts plus considérables.
Il y avait 0,80 c. d'eau sur la place principale et la rue de Domèvre était transformée en un véritable cours d'eau charriant des glaçons énormes.
Une passerelle établie en aval de la ville a été rompue, malgré toutes les précautions prises pour la préserver.
On s'accorde généralement à penser qu'un débouché plus convenable du pont construit sur la route nationale, dans l'intérieur même de Blâmont, aurait pu diminuer sensiblement les effets de l'inondation.

17 janvier 1880
Le 12 janvier, dans la soirée, un cultivateur de Nonhigny, M. Boudot, revenait à son domicile. A quelque distance du village, son cheval s'emporta et la voiture fut renversée. Des gendarmes témoins de l'accident, relevèrent M. Boudot qui était grièvement blessé, et, aidés de plusieurs habitants, le transportèrent à son domicile. Le docteur Mayeur appelé aussitôt, déclara que la vie de M. Boudot, n'était pas en danger, malgré la gravité et le nombre de ses blessures.


1er février 1880
INCENDIE A BLAMONT. - Le jeudi 29 courant, à quatre heures du matin, un incendie s'est déclaré à Blâmont, dans une maison située dans la Grande-Rue.
La population, éveillée par le son des clairons et celui du tocsin, s'est portée en foule sur le lieu du sinistre, où les pompiers s'étaient déjà rendus avec les pompes de la ville. M. le maire, la gendarmerie et les agents de police ont organisé immédiatement des chaînes, en attendant que la pompe aspirante et foulante, qui ne pouvait manoeuvrer à cause de la gelée, car on avait une température de 20 degrés au-dessous de zéro, fût mise en état d'alimenter les autres pompes qui travaillaient déjà.
Tous ont rivalisé d'ardeur. Les pompiers principalement, sous l'habile direction de leurs officiers, ont fait des prodiges et sont parvenus à concentrer l'incendie dans son foyer. En une heure, ils se sont rendus maîtres du feu. Une seule maison a été la proie des flammes ; mais les deux voisines sont légèrement avariées.
Les pompiers de Frémonville et de Barbas étaient accourus avec leurs pompes, qui n'étaient plus indispensables au moment de leur arrivée, et dont on n'a pas fait usage, mais ils n'en méritent pas moins la reconnaissance de la population, ainsi que les pompiers de Repaix et de Gogney, qui se sont joints à eux et lui ont fourni leurs secours manuels.
Par suite de ce sinistre, six familles se trouvent sans abri et se recommandent à la sympathie publique.
Le propriétaire et deux locataires seulement étaient assurés aux compagnies de l'Aigle, de la Générale et de la Nationale. Les pertes sont évaluées à environ 17,000 francs, dont 15,000 à la charge desdites compagnies. La rumeur publique prétend que la malveillance ne serait pas étrangère à ce fatal événement ; mais on ne peut rien dire de positif à cet égard.


8 février 1880
Le 1er février, à Emberménil, on a volé dans une chambre de M. Morche, une bague en or estimée 38 fr.


10 février 1880
Notre compatriote, M. E. Marin, de Blâmont, chef d'escadrons au 8e hussards, vient d'être appelé à l'état-major général du ministre de la guerre.

- Le 3 février un incendie a éclaté à la ferme de Grandseille, écart de Verdenal. Le feu a détruit un bâtiment contenant les fourrages. Les pertes évaluées à 7,300 fr sont assurées. La cause de l'incendie est inconnue.


11 février 1880
BIENFAISANCE. - A l'occasion du décès de Mme veuve Lemant Lazard, sa mère, M. Léo Lemant, sous intendant militaire de 1re classe, a versé au nom de la famille une somme de cent francs à l'hospice et une autre de 50 francs au bureau de bienfaisance de la ville de Blâmont.


17 février 1880
La compagnie d'assurance l'UNION a fait remettre à M. le maire de Blâmont la somme de cinquante francs, pour être versée à titre de gratification à la caisse de la compagnie des sapeurs-pompiers de cette ville.


20 février 1880
Une douzaine d'individus qui s'étaient échappés de la prison de Haguenau et qui sont détenus à la maison d'arrêt de Nancy seront reconduits demain à Avricourt pour être remis à l'autorité allemande.


12 mars 1880
LITTÉRATURE CLÉRICALE. - On nous communique une brochurette immonde qui sort des presses cléricales. On nous affirme qu'elle a été distribuée aux élèves d'une école congréganiste de Blâmont. Nous prions les journaux de la congrégation de nous dire si le fait est vrai, oui ou non.
En attendant leur réponse, voici des extraits de ce pamphlet dirigé contre les francs-maçons. On y verra de quelle façon les cléricaux entendent la polémique.
« Cet animal là (le franc-maçon) a l'instinct du calcul ; il ne vit que pour éteindre et empoisonner toute vie.... Cette société d'hommes hait la lumière... L'église a le grand jour... La franc-maçonnerie vise à l'âme pour la corrompre, et la débaucher en l'éblouissant... Elle flatte perfidement toutes les bassesses du coeur humain... Les francs-maçons sont les stercoraires de l'humanité. .. L'église est la vérité même, la franc-maçonnerie est le mensonge incarné... On entrevoit, dans ces forcenés, un esprit étranger... C'est satan qui vit en eux... Grâce à ces vendus, il y a entre l'abyme et la terre d'atroces familiarités... Le père du mensonge semble leur verser dans les veines un fluide brûlant.
Leur regard n'est pas celui de tout le monde; il y a dans le leur du furtif,du fauve, du sombre. Derrière ce regard est une âme satanisée. La franc-maçonnerie commence par proscrire les religieux et les ordres de l'Eglise qui donnent l'enseignement.... Rien ne les arrêtera plus (les francs-maçons). Malheur aux riches, aux propriétaires grands ou petits, malheur aux familles... Le monde sera livré au pillage et à la guillotine!... Ils veulent débrider toutes les passions pour qu'elles boivent à tous les ruisseaux. Ils hennissent sans pudeur aux brûlantes lubricités. Sous le nom de divorce, leur lascif projet précipite l'imagination dans la fange du porc et du bouc... Sous l'oeil du premier grand-maître, Satan, sont débattus les plans les plus criminels contre toute autorité légitime !... L'histoire de la franc-maçonnerie est semée de dates funèbres. 93, le 21 janvier, la Terreur, 1830 (!!!), 1848... »
Ces citations montrent quelle haine venimeuse et répugnante est concentrée dans certaines publications religieuses.


18 mars 1880
LA SOEUR DE BLAMONT . - Nous avons demande la semaine dernière aux journaux de la congrégation si, oui ou non, la soeur qui dirige l'école de Blâmont a distribué aux enfants une brochure aussi malpropre qu'odieuse dirigée contre les francs-maçons.
Nous apprenons à l'instant que la chère soeur a été révoquée après une enquête administrative, au cours de laquelle on a découvert entre les mains des élèves d'autres brochures du même genre.


19 mars 1880
Petite Guerre
M. la préfet a fait bonne et prompte justice : la soeur de Blâmont qui a distribué aux enfants de son école cette ignoble brochure dont le Progrès a publié des extraits, a été révoquée. Il reste à savoir si elle est seule coupable, si d'autres congréganistes n'ont pas commis la même faute.
Ce n'est pas la soeur de Blâmont qui a pris l'initiative de la distribution de ces pamphlets orduriers : c'est un comité qui fonctionne à Nancy. Ce comité a-t-il réservé ses faveurs à la soeur de Blâmont ou bien a-t-il dans sa munificence, expédié des ballots analogues à d'autres institutrices : tout porte à le croire.
L'institutrice congréganiste est entre les mains du parti clérical et monarchique comme un instrument : C'est le canal par lequel les anciens partis pénètrent jusqu'à l'enfance. Ils comptent sur elle pour déposer dans l'esprit des enfants les germes de la foi légitimiste, pour inspirer aux jeunes générations la haine des institutions libres.
Les institutrices congréganistes sont d'autant plus monarchistes qu'elles sont plus ignorantes. Un inspecteur primaire demandait un jour aux élèves de l'une d'elles en quelle année la première République avait été proclamée en France. Comme aucune d'elles ne répondait, la soeur, qui n'était pas brevetée, intervint et dit : « M. le curé me défend d'enseigner ces choses-là. »
Placé entre l'autorité universitaire et l'autorité ecclésiastique, l'institutrice congréganiste n'hésite jamais; elle prend toujours parti contre l'autorité universitaire. Elle donne ce singulier spectacle d'une subordonnée qui n'accepte pas de subordination.
L'action de l'inspecteur est presque nulle sur le personnel des soeurs : c'est dans les écoles des bonnes soeurs, que pénètrent en dernier lieu les nouvelles méthodes d'enseignement. Nous avons sur ce point le témoignage formel de plus de dix inspecteurs d'académie.
Grâce à la vigilance des administrateurs républicains, les progrès scolaires ne seront plus longtemps entravés. La lettre d'obédience sera supprimée et pour avoir le droit d'enseigner, il ne suffira plus de rouler les grains d'un chapelet, il faudra de plus savoir. Voilà bien l'esprit révolutionnaire : obliger de bonnes soeurs, qui veulent enseigner, à apprendre quelque chose.
Il n'en est pas moins vrai que si l'affaire de Blâmont s'était passée sous le 16 mai, la solution eût été très probablement tout autre. D'abord la soeur, au lieu d'être révoquée, aurait été félicitée, peut-être lui eût-on conféré les palmes d'officier d'académie. Puis on lui aurait conseillé d'intenter un procès au Progrès. Comme la preuve de la distribution est toujours difficile, on eût fait venir les parents des élèves et on les aurait circonvenus. Puis ce cher Progrès aurait été condamné une fois de plus à payer quatre mille francs d'amende, et à subventionner, bien malgré lui, l'enseignement congréganiste.
Le clérical a une force de négation prodigieuse : pris en flagrant délit, il commence toujours par nier.
Quand nous avons annoncé l'autre jour la distribution de la soeur de Blâmont, les journaux cléricaux de Nancy ont commencé par nier.
Dans l'affaire du curé de Gironcourt, ils ont nié également.
Germiny pris en flagrant délit d'horlogerie sous cutanée nia de même.
J. K.


23 mars 1880
ECOLE DE BLAMONT . - Le conseil municipal a été appelé à examiner la situation faite à l'école des filles par la révocation méritée de la soeur qui avait distribué des brochures ordurièrés. Il a décidé que les soeurs seraient remerciées et s'est prononcé pour leur remplacement par des institutrices laïques.


31 mars 1880
Le 24, un incendie a endommagé quatre hectares de la forêt de Leintrey. Les pertes sont estimées à 2,000 fr. On pense que l'incendie est dû à un charbon qui serait tombé d'une locomotive sur les herbes sèches.


7 avril 1880
L'INSTITUTRICE DE BLAMONT . - Mlle Robert, institutrice laïque à Lebeuville, est nommée à Blâmont, en remplacement de la soeur qui avait distribué des brochures malsaines aux enfants de son école.


5 mai 1880
Le 1er mai, à Gondrexon, le feu s'est déclaré dans une forêt appartenant à M. Morlot, marchand de bois à Nancy, et y causé des dégâts pour une somme de 500 francs.


19 mai 1880
POMPIERS DE BLAMONT. - La compagnie des pompiers de Blâmont qui, seule de notre département, avait envoyé une subdivision au concours de Bar, a obtenu une des sept médailles d'argent accordées par le ministre de l'intérieur. Cette distinction méritée restera un titre d'honneur pour cette brave compagnie dont nous avons plus d'une fois l'occasion de louer le dévouement.


20 mai 1880
Le 15 mai, à Reillon, on a trouvé dans un ruisseau le cadavre d'un enfant nouveau-né. Le docteur Virlet de Blâmont a déclaré que l'enfant était né viable et que la mort remontait à près de quinze jours. Une domestique, soupçonnée d'être l'auteur du crime, a quitté le pays.


25 mai 1880
Le 20, à Blâmont, le feu a détruit une meule de paille appartenant à M. Boubel. Perte non assurée, 260 francs.

Le 20, un coquetier de Xousse, M. Veltin, est tombé d'une voiture qu'il conduisait sur la route d lgney. Les roues lui ont passé sur le corps et lui ont fait de graves blessures aux reins.


29 mai 1880
Dans la nuit du 24 au 22 des malfaiteurs ont essayé de fracturer les portes d'une maison appartenant à M. Vanier, notaire à Blâmont.


12 juin 1880
La foudre est tombée sur la gare de Deutsch-Avricourt et sur une ferme aux environs de Gogney et a causé un commencement d'incendie.


15 juillet 1880
Le 10, un garçon meunier de Lunéville, nommé Pierre Meunier, est tombé de voiture près de Domjevin. Les roues lui ont fait de graves contusions au genou droit et à la tête.


18 juillet 1880
CONSEIL GÉNÉRAL
Elections du 1er août 1880.
CANTON DE BLAM0NT.
M. Brice adresse aux électeurs du canton de Blâmont la circulaire suivante :
Mes chers concitoyens,
Le mandat que vous m'avez confié il y a six ans est expiré, je viens de nouveau solliciter vos suffrages pour vous représenter au conseil général.
Je n'ai pas à renouveler une profession de foi ; vous savez tous que je suis franchement républicain, et que, agriculteur, je suis à même de connaitre les besoins de la plupart d'entre vous.
Mes adversaires, profitant de ce qu'une circonstance malheureuse m'a obligé de m'absenter quelquefois, répandent le bruit que je dois quitter le pays et que si je suis élu, vous n'auriez plus de représentant habitant le canton; ne croyez rien de ces assertions mensongères qui ne sont répandues que dans l'intention bien évidente de nuire à ma candidature.
Je continue à habiter Blâmont et je suis toujours, comme par le passé, tout disposé à me dévouer à vos intérêts.
Vive la République.
BRICE,
Agriculteur, maire de Blâmont, conseiller général sortant.


20 juillet 1880
M. d'Hausen.
Jusqu'à présent le parti monarchique de Meurthe-et-Moselle n'a réussi à nous opposer qu'une seule candidature pour le conseil général. C'est celle de M. d'Hausen dans le canton de Blâmont. Ce choix est maladroit s'il en fut, car il est en con tradiction absolue avec les principes que nos adversaires se flattent de défendre.
Les monarchistes de Meurthe-et-Moselle ont toujours prétendu que les cantons agricoles doivent être représentés au conseil général par des agriculteurs. De notre côté, chaque fois qu'un agriculteur a bien voulu accepter la candidature, nous la lui avons offerte. C'est ainsi que, notamment dans le canton qui nous occupe, M. Brice a été choisi. Le conseiller général de Blâmont n'est pas, comme certains conseillers monarchiques, un agriculteur de fantaisie : il a passé sa vie dans les rudes travaux des champs. Il a manié la charrue et la herse. Il connaît les besoins de l'agriculture comme un industriel connaît les besoins de son industrie.
Si donc nos adversaires avaient quelque sincérité, ils se garderaient bien de combattre un tel homme et surtout de lui opposer un candidat qui n'est rien moins qu'agriculteur.
Ils éviteraient de présenter un ingénieur dans un canton agricole, de donner un démenti à leurs principes, de prouver que leur dévouement à l'agriculture est tout à fait artificiel et qu'ils ne sont pas sérieusement partisans de la représentation des cultivateurs par un cultivateur.
Nous espérons en tout cas que désormais,, s'il nous arrive d'appuyer dans certains cantons, à défaut de candidatures exclusivement agricoles qui font parfois défaut, des médecins ou des notaires, les monarchistes auront la bonne foi de ne plus nous le reprocher. Car nos médecins, nos notaires, nos propriétaires, vivant à la campagne, connaissant ses besoins, se mêlant à la population, n'ayant aucune morgue aristocratique, ne se flattant pas d'appartenir a une aristocratie supérieure au peuple, sont mieux en situation de défendre les intérêts de la culture que les candidats qui ne voient dans un siège au conseil général qu'un piédestal pour combattre de plus haut les institutions républicaines.

REMISE D'UN DRAPEAU.- M. le maire de Frémonville a prononcé l'allocution suivante devant la compagnie des sapeurs-pompiers :
Messieurs,
En venant chercher votre drapeau, vous me permettrez de vous rappeler ce qu'il signifie. Cet étendard aux trois couleurs signifie union de toutes les classes de la société, il est pour tous le symbole du devoir, de l'honneur et du dévouement à la patrie.
Célébrons joyeusement cette première fête de la République, que le Parlement vient d'instituer, et qui se répétera tous les ans.
Cette date mémorable du 14 juillet 1789 marque dans l'histoire le commencement de notre grande Révolution; elle fut le point de départ de l'émancipation du peuple français.
En vous rendant à l'appel que je vous ai adressé, vous montrez combien vous êtes soucieux du respect de la loi en même temps que vous faites acte de patriotisme.
Le soir, un banquet réunissait le maire et les pompiers. L'un de ceux-ci porta le toast suivant : Monsieur le maire, permettez-moi de vous exprimer notre gratitude pour l'honneur que vous nous avez fait en assistant à notre fête. C'est celle de la nation mais aussi en particulier la fête de la fraternité qui unit tous les hommes de cette compagnie. Comme vous l'avez si bien dit ce matin, notre drapeau nous rappellera toujours notre devoir. Nous serons heureux de le remplir longtemps sous votre sage administration, nous efforçant à l'heure du danger de toujours mériter votre approbation et votre estime !

Ogéviller. - On nous écrit de cette commune :
Le 13 juillet, des salves furent tirées; la plupart des édifices communaux étaient pavoisés de drapeaux aux couleurs nationales. M. Roussel, maire d'Ogéviller et membre du conseil d'arrondissement, avait désigné lui-même les points où devaient être placés les drapeaux.
Le jour de la fête, des salves ont été tirées sans interruption depuis trois heures du matin jusqu'à dix heures du soir. Dans la soirée, brillantes illuminations; des lanternes vénitiennes, placées avec goût, produisaient un effet charmant. En aucune circonstance, l'affluence des promeneurs n'a été aussi considérable.
Un jeune homme, connaissant la musique, a excité l'entrain en jouant la « Marseillaise. » Il a été accompagné par toute la jeunesse.
Plusieurs personnes, parmi lesquelles on compte un certain nombre de conseillers municipaux, se sont distingués par un empressement, digne d'éloges, à pavoiser et à illuminer leurs demeures.
Les employés des douanes et des postes ont fait de même.
Un abonné.


21 juillet 1880
COLLÈGE DE BLAMONT. - Depuis un certain temps, des personnes intéressées ou mal intentionnées font circuler dans les campagnes des bruits peu flatteurs pour le collège de Blâmont, dont elles annoncent la chute prochaine. Ce sont des insinuations mensongères dont elles voudraient profiter. Jamais cet établissement n'a été plus prospère, et aucune institution, proportion gardée, n'obtient autant de succès dans les examens. Dernièrement encore un de ses élèves de quatrième, le jeune Colin, a concouru avec des élèves des classes supérieures pour l'obtention d'une bourse au lycée : il a été admis avec le no 5.
Au reste, les jeunes gens qui ont quitté, jusqu'à présent, le collège, pour poursuivre leurs études, occupent presque toujours les premières places dans les établissements où ils se rendent pour les compléter.
Le conseil municipal, voulant montrer au directeur, M. Gérardin, combien il apprécie ses efforts et ses succès, ainsi que les services qu'il rend, non seulement à Blâmont, mais à toute la région, vient, par une délibération du 24 mai dernier, qui sera soumise à l'approbation préfectorale, de lui continuer, jusqu'au 15 août 1887, la direction de son collège.


28 juillet 1880
L'élection de Blâmont
L'élection du canton de Blâmont présente un intérêt particulier. C'est le seul canton où nos adversaires aient osé poser une candidature monarchique en face du conseiller général républicain qui occupe le siège. Partout ailleurs ils se bornent à défendre leurs positions ; ici, ils essayent de nous enlever une des nôtres.
Ils n'y réussiront pas : le terrain de la lutte est mauvais pour eux. Le canton de Blâmont est républicain : il ne veut être représenté au conseil général que par un républicain. M. d'Hausen ne l'est pas, loin de là. Il se présente aux électeurs, appuyé sur cette coterie turbulente qui a fait le 24 mai et le 16 mai, qui a failli acculer le maréchal de Mac-Mahon à un coup d'État et qui ne désespère pas encore, en ce moment, malgré les leçons qui lui ont été données, de restaurer la monarchie.
Or des rois et des empereurs, nous n'en voulons plus : nous savons ce qu'ils coûtent. La monarchie c'est la révolution, l'empire c'est la guerre. Révolution et guerre sont la ruine pour le pays.
Nous voulons vivre en paix, ne plus nous exposer aux aventures, conserver pour nos représentants, c'est à-dire pour nous, le droit de ne pas déclarer la guerre, de ne pas nous laisser engager malgré nous par une femme comme en 1870. M. Brice représente l'idée républicaine; M. d'Hausen, l'idée monarchique. M. Brice prend le mot d'ordre de ses électeurs. M. d'Hausen prend le mot d'ordre d'un parti dont le chef est hors de France. M. Brice ne songe qu'à faire les affaires de ses électeurs ; M. d'Hausen fera les affaires de son parti.
En nommant M. Brice, les électeurs de Blâmont nomment un des leurs, un enfant du peuple, un homme qui ne doit rien qu'à son travail, un homme qui n'a nul souci des particules nobiliaires, des hochets de la vanité mondaine, un homme qui croit que tous les hommes sont égaux en droit, que les vieilles distinctions aristocratiques ont fait leur temps, que la classe de la société qui se dit noble est toujours portée à s isoler, qu'en dehors des périodes électorales, elle ne se plaît pas à fréquenter les travailleurs des champs, qu'elle reste en un mot une classe infatuée d'elle-même et désireuse d'être, comme elle dit, une classe dirigeante.
Nos pères ont fait 1789 pour établir l'égalité civile, pour en finir avec les distinctions arbitraires, pour faire de tous les Français des citoyens. Restons fidèles à cet esprit et quand nous avons le choix entre un candidat vraiment libéral et un candidat d'ancien régime, nommons le premier : c'est la vraie manière de servir nos propres intérêts.


30 juillet 1880
BLAMONT. - Dans son numéro du 27 juillet, le Journal de la Meurthe prétend que M. Michaut a eu la majorité des voix dans le canton de Blâmont ; c'est .une erreur : M. Michaut a eu 1615 voix, M. Cosson 1776. La majorité du canton est donc certainement républicaine et du reste, dans les 1615 voix de M. Michaut il faudrait en déduire un certain nombre qui ont été obtenues par les moyens que l'on sait.
- On fait à M. Brice un grief, de la transformation de l'école congréganiste en école laïque. On oublie lés circonstances particulières qui ont imposé ce changement. Une soeur avait distribué à ses élèves un odieux pamphlet contre les institutions actuelles. Quels sont parmi les électeurs de la campagne, même religieux pratiquants, ceux qui approuveront une soeur d'école qui fait de la politique en classe, et quelle politique !
M. d'Hausen invoque beaucoup les souvenirs laissés dans le canton par M. Mathis de Grandseille, son beau-père ; c'est une maladresse. M. Mathis n'était rien moins que populaire. Il s'était même créé pendant la guerre des difficultés très gravés avec certaines communes du canton qui ne le lui ont pas encore pardonné aujourd'hui.


31 juillet 1880
BLAMONT. - Il n'est pas de bruit absurde que les partisans de M. d'Hausen ne mettent en circulation. Ainsi ils ont prétendu ces jours derniers que si M. Brice était élu nous aurions la guerre.
C'est une calomnie qui ne mérite même pas d'être discutée. Le gouvernement républicain auquel est dévoué M. Brice est le gouvernement pacifique par excellence, tellement pacifique que l'envoi de six officiers en Grèce ayant été commenté de diverses façons, cet envoi a été immédiatement contremandé. La mission n'est pas partie et ne partira pas. Ce fait, absolument incontestable, prouve avec quel soin scrupuleux le gouvernement de la République évite de s'engager dans les questions de politique extérieure.
Non seulement nous ne ferons pas la guerre, mais encore nous ne fournirons à personne, l'occasion de nous chercher querelle.
Le gouvernement républicain ne commettra jamais les imprudences commises par le gouvernement de l'ordre moral. Si la paix pouvait jamais être menacée, ce ne serait pas par la victoire des candidats républicains, ce serait par la victoire des monarchistes, car on sait que les monarchies cherchent toujours, dans des expéditions extérieures, une diversion à leurs embarras intérieurs. Quant à l'agriculture, elle trouvera dans M. Brice un défenseur plus convaincu et plus pratique que dans M. d'Hausen. M Brice croit, avec tous les agriculteurs de profession, que la meilleure manière de protéger l'agriculture c'est de diminuer les charges qui pèsent sur elle. La diminution est commencée, mais pour qu'elle continue, pour qu'on arrive à dégrever efficacement le foncier, il faut la tranquillité à l'intérieur. Toute agitation monarchique qui mettrait en péril l'existence de la République compromettrait l'oeuvre des dégrèvements. Les cultivateurs qui voteront pour M. d'Hausen voteront donc contre leurs propres intérêts. C'est comme s'ils disaient au gouvernement :
nous ne voulons pas que vous continuiez à diminuer nos impôts et que vous dégreviez le foncier.


5 août 1880
Le 29 juillet vers 5 heures du soir M. Huin, boulanger, à Blâmont, descendait la rue du Château pendant l'orage. La pluie et la grêle l'empêchèrent de voir une voiture qui stationnait et contre laquelle il vint se heurter. Il s'est fait une assez grave blessure au front. Le docteur Guérard a donné ses soins au blessé.


8 août 1880
Le bureau d'Avricourt-station est ouvert à l'importation dès machines et mécaniques, des fils de lin et de chanvre, des fils de coton, etc., comme le bureau précèdent. Les autres attributions dont le bureau d'Avricourt est actuellement pourvu sont et demeureront maintenues. Le même bureau est ajouté à là nomenclature de ceux qui ont été ouverts par le décret du 30 décembre 1873 à l'importation des huiles et essences de pétrole et de schiste.


14 août 1880
Avricourt. - On exécute actuellement dans la gare d'Igney-Avricourt, des modifications de voies qui intéressent la ligne d'intérêt local en ce sens que le service des trains de cette ligne, au lieu de s'effectuer dans la cour des voyageurs, se fait maintenant en avant du bâtiment, sur la voie principale montante des trains de l'Est.


18 août 1880
COLLÈGE DE BLAMONT . - La distribution des prix aux élèves du collège de Blâmont a eu lieu à l'hôtel de ville, le 5 août, sous la présidence de M. Barthélemy, adjoint, délégué par M. Brice, maire et conseiller général, en l'absence de ce dernier.
Après un excellent discours du directeur de l'établissement, terminé par un bon conseil à ses élèves, qu'il exhorte à s'occuper uniquement de leurs études, en laissant aux hommes faits le soin et le souci des affaires, mais néanmoins en aimant la France et ses nouvelles institutions, le président, avant de proclamer les noms des lauréats, rappelle les résultats des examens auxquels ont pris part les jeunes gens formés sous la direction de M. Gérardin depuis 1870. Six ont subi avec succès l'examen pour le certificat de grammaire, parmi lesquels deux avec le n° 1, deux avec le n° 2, un avec le n° 3 et un avec le n° 7.
Sept élèves ont été admis, dans l‘administration des postes et télégraphes, deux ont été admis, après concours, comme boursiers de la compagnie de l'Est, l'un avec le n° 4 sur 85, l'autre avec le n° 1 sur 68.
Trente huit élèves ont obtenu le brevet d'instituteur, dont sept avec addition d'une ou de plusieurs séries ; un élève a été admis à l'école normale primaire, seize sont entrés dans les bureaux des chemins de fer et quatre dans les contributions indirectes.
Enfin, cette année, Un autre élève vient d'être classé le 5e sur quarante-trois candidats admis au concours des bourses des lycées, 5e série de l'enseignement secondaire.
li a ensuite proclamé les noms des vainqueurs pendant l'année classique. Dans les classes latines, les élèves le plus souvent nommés sont : MM. Constantin, Ischt, Mallet, Bastien, Flavenot et dans les classes d'enseignement secondaire spécial, MM. Fulhart, Dubois, Cabocel, Calais, Pensch, Cuny et Deubel.
La rentrée est fixée au 5 octobre.


19 août 1880
DISTRIBUTION DES PRIX A BLAMONT. - La distribution solennelle des prix aux élèves dés écoles primaires de Blàmont s'est faite, cette année, avec un éclat inaccoutumé, le dimanche 29 août,
à 4 heures, dans la grande salle de l'hôtel de ville, sous la présidence de M. Brice, maire de la ville;
conseiller général du département, délégué à cet effet par M. le .préfet de Meurthe-et-Moselle. Toute la municipalité et tous les fonctionnaires ont tenu à assister à cette solennité, rehaussée par la présence de M. l'inspecteur primaire de Lunéville, qui a bien voulu, malgré ses nombreuses occupations, donner ce témoignage de sympathie à la population.
M. le maire a ouvert la séance par le discours suivant :
Mes chers enfants.
C'est un grand plaisir et une bien douce satisfaction pour l'administrateur de la Cité, de se trouver entouré de ses enfants d'adoption et de partager avec leurs familles la joie des innocents triomphes qui les attendent ; il ne se produit pas de plus douces émotions que celles qui rappellent à l'homme, pendant toute sa carrière, des souvenirs qui lui sont si chers ; car tout ce qui se rattache à l'enfance, à ses occupations comme à ses plaisirs, à ses triomphes comme à ses disgrâces, se retrace avec attendrissement à sa mémoire aux différentes époques de son existence. Ses travaux, ses graves préoccupations peuvent absorber son attention, mais ne sauraient parfois le distraire de ces simples et tendres retours vers un passé, objet de son intérêt, et plus souvent de ses regrets.
La municipalité puise dans cette solennité non seulement les espérances qui doivent soutenir et stimuler son zèle, mais encore l'occasion de vous encourager dans vos travaux, devons féliciter de vos progrès, de remercier vos maîtres de l'intelligence et du dévouement avec lesquels ils remplissent leur tâche souvent si aride; elle y trouve aussi le moyen de vous témoigner une fois de plus; devant un public nombreux,ses sincères sympathies pour tout ce qui concerne l'instruction, et enfin de vous adresser quelques conseils dont vous comprendrez, je n'en doute pas, la bienveillante intention;
Nous pouvons dire que nulle part on ne fait plus de sacrifices pour l'instruction; que si la gratuité n'existe pas complètement dans nos écoles, il est très, facile de l'obtenir: le conseil municipal a, depuis longtemps, émis un vote renouvelé chaque année, par lequel la gratuité est accordée à tous ceux-qui la demandent, et lés fournitures classiques sont largement distribuées à ceux dont les parents ne peuvent en faire la dépense. Nous venons de réédifier l'école des garçons dans des conditions telles que M. l'inspecteur d‘Académie, dans son rapport annuel, la désigne comme modèle d'installation scolaire. Mais ce n'est pas tout : il nous reste à établir un gymnase, complément indispensable de son aménagement. Soyez persuadés que la municipalité, dans sa sollicitude pour tout ce qui touche à l'instruction, y pourvoira avant peu, et qu'avec le concours si précieux du gouvernement, nous aurons doté cette, ville d'une école de garçons aussi complète que celle dés plus grands centres.
Nous nous préoccupons aussi vivement de la mauvaise installation, de l'école des filles qui est vicieuse sous bien des rapports : l'air et la lumière n'y pénètrent pas suffisamment ; mais nous espérons être à même de présenter, dans quelque temps, une combinaison qui nous permettra, avec les faibles ressources dont nous pouvons disposer, de mettre cette école en rapport .avec les besoins de sa population et de faire en sorte qu'elle soit aussi complète que son aînée.
Chers enfants; remerciez avec nous vos maîtres si dévoués, qui comprennent si bien leurs devoirs, qui sacrifient leur existence pour vous conduire les uns et les autres dans les sentiers du bien; pour vous former à l'amour du travail et de la vertu, véritables sources du bonheur.
Je remercie nos invités et particulièrement M. le curé doyen, et M. l'inspecteur primaire qui a bien voulu, par sa présence, rehausser l'éclat de cette solennité. Je remercie M. le directeur du collège, qui a mis à notre disposition l'excellente musique de son établissement .Je remercie les amateurs dont le précieux concours nous est acquis, chaque fois qu'une fête de circonstance nous permet de nous réjouir.
Le temps n'est plus, heureusement, où l'on pouvait craindre d'exprimer sa- pensée; aussi, permettez-moi, malgré votre légitime impatience, de vous, dire encore quelques mots. Notre glorieuse Révolution, en détruisant lés privilèges, nous donna à tous la faculté de parvenir; la République, en propageant l'instruction, vous donne l'instrument qui doit vous élever c'est à vous de savoir vous en servir. Dans toutes les occasions de la vie, n'importe à quelle classe de la société qu'on appartienne, l'instruction est nécessaire.
Vous vous rappelez que de cruelles épreuves, n'ont point été épargnées à notre chère patrie ; si nous avons pu les supporter et arriver au point où nous en sommes, c'est à l'heureuse influence de l'instruction qu'il faut en rendre hommage.
Instruisez-vous donc, mes chers enfants ; travaillez avec ardeur; que les récompenses de ce jour soient, pour les uns, un nouvel encouragement à bien faire, et pour les autres, un sujet d'émulation. - Je vous dirai, à vous, jeunes garçons, préparez-vous à devenir des citoyens utiles, des électeurs éclairés ; car dans un pays de démocratie, le privilège n'a pas de place : c'est le mérite personnel qui fait la destinée ;- par le travail, vous pouvez prétendre à tout. Oui, dans une République qui est le gouvernement de tous, le devoir dés citoyens est de savoir pour bien gouverner.
Et à vous, jeunes filles, respectueuses envers vos maîtresses, dociles à leur voix, soyez tendrement attachées à vos parents ; efforcez-vous par votre conduite, d'être toujours l'honneur de notre école. Après avoir été des filles sages ét laborieuses, vous deviendrez dés mères estimables, et le dévouement de vos institutrices recevra la récompense qu'il ambitionne.
Je ne veux pas vous retenir plus longtemps ; vous attendez avec une impatience que jé comprends, ces couronnés dont nous allons ceindre vos fronts : elles ne sont pas stériles, car chacune d'elles nous promet un membre dévoué, en état d'enrichir bientôt notre grande famille du produit de son travail et de ses vertus. Venez donc les recevoir ; qu'elles, soient pour tous, un encouragement à persévérer dans la bonne voie où vous êtes engagés, à rester dignes dés soins affectueux et dévoués qui vous sont donnés, dignes de la patrie dont vous êtes l'espérance.
Après ce discours vivement applaudi, M. le président a donné la parole à M. l'inspecteur, lequel a adressé aux élèves une allocution très remarquable dont lés principaux passages ont été l'objet de bravos bien mérités que ne lui a pas ménagés l'intelligente assemblée qui l'écoutait avec un profond silence. Il a commencé par démontrer aux jeunes enfants que le gouvernement de la République fait de l'instruction primaire l'objet de sa constante sollicitude. Ils lui doivent de la reconnaissance ainsi qu'à leurs maîtres et à la municipalité qui ne recule devant aucun sacrifice pour leur rendre agréable le séjour de l'école. A cette occasion, il rappelle le dernier rapport qu'il a fait sur la situation de l'instruction primaire dans l‘arrondissement de Lunéville.
« La ville de Blâmont, dit-il dans ce rapport, mérite une mention spéciale. L'école des garçons a été établie dans une maison neuve ; les classes sont magnifiques ; elles sont dotées d'un mobilier perfectionné, et éclairées au gaz pour l'étude du soir et les cours d‘adultes. Le maître a un logement remarquable et un jardin, les élèves possèdent une cour ét un préau ; un gymnase-va être établi. » Nous devons cette situation modèle à la générosité, aux dispositions libérales dû conseil municipal,
puis à l'intelligente activité et à la persévérance de M. Brice, maire et conseiller général, si heureusement secondé par M. l'adjoint, homme d'expérience en matière scolaire surtout, et dont la collaboration, est si précieuse pour vos études. (Applaudissements.)
Il continue à donner aux enfants des conseils éloquents sur la persévérance dans leurs études; il leur montre qu'en quittant les bancs- de l'école, ils doivent continuer .à: étudier dans leurs-moments de loisir. Il faut lire beaucoup, mais de bons ouvrages. Un bon livre est-un bon ami.- Il faut lire pour s'instruire, pour se corriger, pour se consoler. Puis, abordant la question du travail physique, il leur dit qu'il est la source de la considération et de l'estime publique ; que quelle que soit la profession qu'on embrasse, il n'est personne, si humble qu'il soit, qui ne donne à ses. Semblables l'exemple de l'assiduité au travail, comme de la tempérance et de l'honnêteté.
Le travail du plus humble manœuvre contribue d'une manière quelconque à l'accroissement du bien-être. Il n'est pas pour l'homme de pain plus savoureux que celui qu'il doit à son travail. Le travail, mes enfants, dit-il en terminant, fait notre noblesse ; il fait l'homme de coeur; c'est lui qui nous offre sur terre le bonheur et la liberté.
La proclamation des lauréats, faite par M. l'adjoint, a été entrecoupée par les chants des jeunes enfants (garçons et filles) et les meilleurs morceaux du répertoire de la musique du collège, entre autres la « Marseillaise» et le «Chant du départ. »
Cette fête de famille a laissé un bien agréable souvenir à la foule qui y a assisté.


20 août 1880
On vient d'arrêter à Dieuze un employé de la poste d'Avricourt soupçonné du détournement d'une lettre recommandée renfermant 1100 m. en billets de 100 m., et quatre lettres de change d'une valeur totale de 2.568 m., qu'une maison de banque d'Avricourt avait remises le 6 août dernier au bureau de poste.


11 septembre 1880
INCENDIE. - A Vaucourt, dans, la nuit du 6 au 7, un incendie a détruit deux maisons habitées par cinq propriétaires et un locataire. Vers 7 heures 1/2 du soir, Mme Clément a vu tomber des flammèches dans l'écurie de M. Leclère, son voisin. Immédiatement MM- Leclère et Clément ont couru. On à jeté de l'eau sur un tas de paille qui brûlait; mais inutilement, Le foin a pris feu et le reste a été dévoré. M. Clément a perdu son mobilier et ses récoltes. Il ne possède plus que quelques linges, Les pertes, évaluées 6,000 fr, sont assurées à la France.
M. Leclère, manoeuvre, âgé de 66 ans, évalue ses pertes à 3,000 fr. qui sont assurées à la Confiance.
La dame Schmitt a aussi tout perdu. Dans l'après-midi, elle avait chauffé le four pour cuire un gâteau de noce, mais le feu était éteint. Du reste, dit-elle, le mur qui séparait mon four de l'écurie Leclère était solide. Mme Schmitt perd 3,000 fr. assurés à la Confiance.
M. Crouvizier, domicilié dans la même maison, a pu sauver un peu de mobilier. Il perd 2,000 fr, assurés, à la Paternelle.
Mme veuve Mirgon n'a presque rien sauvé; mais son dommage est couvert par une compagnie d'assurances dont elle ignore le nom, ses papiers, étant brûlés.
Enfin M. Simon, préposé de douanes, n'a sauvé que quelques effets. Les pertes, évaluées à 200 fr., nesont pas assurées.


17 septembre 1880
ÉMIGRANTS. - Soixante-six émigrants dont soixante Alsaciens-Lorrains et six Américains sont partis d'Igney-Avricourt, le 14 septembre, pour le Havre, à destination de l'Amérique.


10 octobre 1880
Ces jours derniers, à Verdenal, une rixe s'est elevée entre deux parents, l'oncle et le neveu, nommés L... Ils se sont frappés à tour de bras ; l'oncle a reçu d'assez graves contusions, et la gendarmerie a consigné dans un procès-verbal cette petite scène de famille.


14 octobre 1880
Le 9, à Bréménil, M. Gondrexon, de Nonhignÿ, était venu dans une carrière pour charger un bloc de pierre du poids de 1,000 kilogs environ. Pendant le chargement, une chaîne en fer se rompit et atteignit M. Gondrexon, qui a eu la jambe droite fracturée.


16 octobre 1880
Le 11, à Herbéviller, un incendie a éclaté dans la maison de M. Coster, marchand épicier. La cause en est inconnue. Les per tes, qui s'élèvent à 16,000 fr., sont assurées en grande partie.


19 octobre 1880
Le fils de M. Braun, préposé des douanes, à Ogéviller, a quitté le domicile de ses parents depuis le 1er octobre.
Voici son signalement : Agé de seize ans, taille un mètre 25, cheveux blonds, le nez marqué d'une petite lentille, blouse et pantalon gris, casquette en drap noir, tricot bleu.


31 octobre 1880
- Le 26, à la gare d'Avricourt, 85 émigrants sont partis pour le Havre, à destination d'Amérique:; Sur ces 85 émigrants, il y avait 55 badois, 19 alsaciens, 8 bavarois, 2 américains et un wurtembergeois.


12 novembre 1880
COLLÈGE DE BLAMONT. - M.Constantin, qui a quitté le collège libre de Blâmont au mois d'avril dernier, vient d'obtenir le diplôme du baccalauréat ès-sciences.
Deux autres élèves du même établissement, Edmond Flavenot et Joseph Clément, ont obtenu les numéros 1 et 3 à l'examen du certificat de grammaire.


30 novembre 1880
Le 24, à Herbéviller, un incendie dont la cause est inconnue a détruit le moulin de M. Lemoine, dont M.Schenzétait locataire. Les pertes s'élèvent a 19,900 fr. Il y a assurance.


1er décembre 1880
Le 24, à Leintrey, une petite fille âgée de 12 ans, nommée Zélie Dumas, s'étant trop approchée du foyer pour se chauffer, a communiqué le feu à ses vêtements. Sa mère, qui rentrait à ce moment, parvint à éteindre les flammes qui entouraient la pauvre petite dont le corps a été couvert de brûlures. Le docteur Mayeur, de Blâmont, a déclaré que l'état de l'enfant ne présentait pas de gravité.


3 décembre 1880
Le 26 novembre, à Xousse, un incendié à détruit en partie la maison, le mobilier et les récoltes appartenant à M. Baptiste.
Les pertes, évaluées à 2,200 francs, sont assurées. Le feu a été communiqué au plancher du premier étage par le tuyau d'un fourneau.


4 décembre 1880
La semaine dernière, à Gondrexon, Mme Vouriot, voulant remettre de l'essence dans sa lampe allumée, a communiqué le feu au bidon qu'elle tenait et qui contenait près d'un litre de pétrole. Effrayée, elle le laissa tomber par terre ; l'essence se répandit sur le plancher et enflamma les vêtements de Mme Vouriot, qui s'enfuit en criant au secours.
Des voisins accoururent et purent éteindre le feu ; mais Mme Vouriot avait éprouvé déjà de très graves brûlures. M. Virlet, médecin à Blàmont, a été appelé pour donner ses soins à la blessée.


8 décembre 1880
TENTATIVE D'ASSASSINAT A SAINT MARTIN. - Le 4 décembre, une journalière de Croismare, nommée Marguerite Beau, âgée de vingt et un ans, se rendit à Saint-Martin (canton de Blâmont),
où elle avait une tante, la veuve Voinot, brave femme de soixante-douze ans, qui l'accueillit avec bienveillance.
Il était trois heures de l'après-midi quand elle arriva. Elle dit à sa tante qu'elle avait l'intention d'aller jusqu'à Avricourt où se trouvait une de ses amies qu'elle désirait voir. Mais comme il était déjà tard, elle lui demanda de passer la nuit dans sa maison. La veuve Voinot qui était pauvre et mal logée accueillit cependant la demande de sa nièce et lui offrit l'hospitalité. Elle prépara à souper ; les deux parentes causèrent de choses et d'autres et, le soir venu, elles allèrent se coucher toutes les deux dans le même lit. Quelques heures après, Marguerite Beau qui avait formé un projet sinistre se leva sans bruit, chercha dans l'obscurite un fichu qu'elle avait apporté avec elle et aussitôt qu'elle l'eut trouvé revint près du lit où dormait sa vieille tante. Elle explora à tâtons le chevet du lit, chercha la tête de la pauvre femme et essaya de lui glisser autour du cou le fichu avec lequel elle voulait l'étrangler.
La vieille femme, réveillée par ce mouvement, demanda à sa nièce ce qu'elle avait. Celle-ci lui répondît avec un affreux Cynisme : « Je vais te mettre un médaillon au cou », et, en même temps, réunissant les deux extrémités du foulard, elle serra de toutes ses forces pour étrangler la malheureuse. La vieille femme poussa des gémissements et se débattit. Sa nièce, craignant que le bruit ne fût entendu, tira sa victime avec violence, la jeta hors du lit et la traîna par le cou, dans la chambre, en lui frappant la tête sur le sol.
Elle l'emmena ainsi jusque dans la cuisine et là, voyant que la malheureuse femme vivait encore et pensant qu'elle ne pourrait l'étouffer assez vite au moyen du fichu, elle se mit à genoux sur la poitrine de sa victime, et lui serra le cou avec ses mains en disant « Il faut que tu y passes et que je te tue aujourd'hui. » La veuve Voinot, retrouvant des forces dans son désespoir se débattit avec énergie contre son assassin et put se dégager. L'obscurité était profonde, c'est à cette circonstance qu'elle dut de pouvoir se sauver.
Pendant que Marguerite Beau, affolée par le crime et perdue dans les ténèbres, cherchait à ressaisir la victime qui venait de lui échapper, celle-ci eut assez de sang froid pour se glisser sans bruit vers une porte que sa nièce ne connaissait pas ; elle l'ouvrit et traversant l'écurie, elle alla appeler du du secours chez les voisins. Pendant ce temps la fille Beau avait trouvé une allumette, l'avait enflammée, et à sa lumière s'était rendu compte de l'endroit par où sa tante s'était enfuie.
Elle s'élança vers l'écurie, pensant pouvoir, rejoindre sa victime, mais celle-ci était en sûreté; les voisins qu'elle avait appelés s'apprêtaient à sortir de leurs maisons. En entendant ces bruits, la-fille Beau songea à se cacher; elle monta dans un grenier, se dissimula sous un tas de regain, mais ses précautions furent inutiles : quelques minutes après, les voisins la découvrirent dans sa cachette et l'arrêtèrent. Interrogée, elle a fait des aveux complets et a déclaré que, soupçonnant sa tante d'avoir de l'argent caché, elle avait résolu son crime pour s'en emparer. Elle a été conduite à la maison d'arrêt de Lunéville. Mme Voinot, dont l'état est très grave, porte autour du cou de nombreuses meurtrissures et dés traces bleuâtres, indices de la strangulation ; elle a aussi plusieurs contusions à la figure et sur le crâne.


14 décembre 1880
Deux déserteurs allemands se sont présentes a la gendarmerie de Blamont dans la journée du 10.

POSTES ET TÉLÉGRAPHES. - M. le directeur des postes et télégraphes nous fait l'honneur de nous adresser la lettre suivante :
Nancy, le 11 décembre 1880.
Monsieur le directeur.
Vous vous êtes fait l'interpréte, dans un récent article du Progrès, des desiderata, au point de vue du service postal, des habitants de la section de la commune d'Igney, voisine de la gare.
J'ai l'honneur de vous informer que, par décision du 2 décembre courant et sur ma proposition, l'administration des postes et des télégraphes a concédé à la commune d'Igney, sans conditions,
un bureau de poste qui sera installé à la gare d'Avricourt.
La mise en activité de ce bureau n'est donc plus subordonnée qu'à la possibilité de trouver un local propre au fonctionnement du service et à l'habitation du titulaire.
Agréez, je vous prie, monsieur le directeur, l'assurance de ma considération très distinguée.
Le directeur des postes et des télégraphes,
CH. BORSSAT.
Il nous reste à remercier monsieur le directeur pour l'empressement avec lequel il a déféré au désir exprimé par le groupe commercial d'Igney-Avricourt et proposé à l'administration centrale une création qui est appelée à rendre d'incontestables services.


31 décembre 1880
INCENDIES A VERDENAL . - Les habitants de Verdenal ont eu des émotions dans la nuit du 26 décembre, pendant laquelle deux incendies se sont déclarés à peu près à la même heure dans la commune.
Le premier a eu lieu dans un grenier de la maison de M. Gérard, propriétaire. La rapidité des secours a empêché le feu de prendre de grandes proportions. Les pertes s'élèvent à 150 francs et il y a assurance.
Peu de temps après, un nouvel incendie se déclarait dans une autre maison appartenant aussi à M. Gérard. Cette maison était occupée par M. Marchand, épicier et boulanger, gendre du propriétaire. Le feu, qui avait pris naissance dans la grange, envahit bientôt toute la maison qui fut complètement détruite. On put sauver cependant le bétail et une partie du mobilier. Les pertes, qui s'élèvent à 27,000 francs, sont assurées. Ces incendies, éclatant simultanément dans deux maisons appartenant au même propriétaire, sont attribués à la malveillance.

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