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Le Progrès de l'Est

- 1899 -


1er janvier 1899
Blâmont. - En souvenir de leur mère, Mme Poirine, née à Blâmont. M. Poirine, avoué à Lunéville, et Mme Henriet, sa soeur, ont fait remettre à M. le maire de Blâmont la somme de 200 fr. en faveur de la Société de secours mutuels de cette ville.

9 janvier 1899
Harbouey. Grâse aux mesures prises par M. le maire et par M. Mangenot, véterinaire à Blâmont, la fièvre aphteuse ne s'est pas propagée dans la commune de Harbouey.
Aussi l'arrêté préfectoral, pris au sujet du seul cas constaté en décembre dernier, vient-Il d'être rapporté.


10 janvier 1899
Blâmont. - Un commencement d'incendie, dû à l'imprudence d'une dame qui faisait sécher une paillasse trop près d'un poêle, a éclaté chez les époux Jules Michel, journaliers à Blâmont.
Les pertes, couvertes par une assurance, ne dépassent pas 120 fr.


13 janvier 1899
Le nommé Bathelot,inculpé d'incendie volontaire à Repaix, actuellement détenu à la maison d'arrêt de Lunéville, a été transféré jeudi à Nancy, pour y être jugé à la première session de la cour d'assises.


21 janvier 1899
Lunéville. - Un déserteur appartenant au 11e régiment de uhlans, en garnisen à Sarrebourg, est venu se rendre à la gendarmerie de Blâmont. Il se plaint de» mauvais traitements qu'il a eus à subir de la part de ses chefs. Il a été dirigé sur Nancy.


23 janvier 1899
MAUVAIS SYMPTOMES
Le Bulletin de la Société de géographie de l'Est vient de publier un intéressant travail de M. E. Andriot, professeur au collège de Lunéville, sur la répartition de la population dans l‘arrondissement dont cette ville est le Chef-lieu. De pareilles enquêtes, comme le constate M. Auerbach, sont d'autant plus fécondes que les aires en sont plus restreintes. M. Andriot a étudié le relief, la nature du sol, les cultures, les industries ; mais ce qui nous frappe particulièrement, ce qui doit intéresser davantage un organe quotidien, c'est une douloureuse constatation, déjà faite dans la plupart des contrées rurales de la France. La population y décroît avec une inquiétante rapidité, bien qu'elle soit déjà inférieure à la moyenne de l'ensemble de nos départements (67 au fieu de 72 au kilomètre; carré). Nous ne sommes plus à l'époque où les familles lorraines passaient pour particulièrement prolifiques et où les campagnes conservaient leurs enfants au lieu de les envoyer dans les grandes villes.
L'arrondissement compte seulement deux villes, Lunéville (22.850 habitants) et Baccarat (6.772) ; une dizaine de localités comptent de 1.000 à 3.000 habitants et parmi elles tous les chefs-lieux de canton à l'exception d'Arracourt qui n'en a que 702. Mais, en dehors des villes et des centres industriels, le chiffre des habitants diminue d'année en année; si le canton de Badonvillers a un léger accroisssement, il le doit à son industrie, qui attire l'élément rural d'autres cantons, phénomène qui se remarque d'une manière beaucoup plus sensible encore dans l'arrondissement de Briey. Certaines statistiques sont vraiment effrayantes. Citons le canton agricole de Blâmont, qui, en deux ans, n'a pas diminué de moins de 519 habitants, tandis, que dans le même temps, de 1894
à 1896, celui d'Arracourt en perdait 141, soit près du vingtième de sa population ; celui de Badonvillers en a perdu 132, bien que la commune industrielle de Pexonne ait augmenté pour son compte de 73, passant de 995 à 1068. Mais quelle décadence dans d‘autres communes, à Pierre-Percée par exemple, où le chiffre est tombé de 351 à 310.
Il faut remarquer encore que, placé à la frontière, l'arrondissement de Lunéville reçoit naturellement une partie de l'immigration de la Lorraine et de l'Alsace, qui n'a pas discontinué après trente ans bientôt d'annexion ; mais il convient aussi d'ajouter que les centaines de milliers d'Alsaciens-Lorrains venus en France n'ont pas, pour une grande part, contribué à augmenter notre population rurale. Comme nos autrès compatriotes, la plupart du temps, lorsqu'ils se déplacent, ils ont pour but de chercher leur carrière plutôt dans les villes. Il fallait peu connaître nos conditions sociales pour s'imaginer, comme on le fit en 1872, qu'une partie d'entre eux viendraient coloniser les dunes du Nord. Au lendemain de la guerre, la Chambre avait voté pour eux une concession de cent mille hectares en Algérie. Les colons désignés par le gouvernement furent si bien choisis que, peu de temps après, presque tous cherchaient dans les industries des emplois plus conformes à leurs goûts et à leurs habitudes. Les villages alsaciens prospères, en Algérie, ont été édifiés par une Société indépendante de l'Etat.
Ainsi, même à la frontière, nos centres agricoles ne peuvent, pour assurer leur développement, compter que sur eux-mêmes. Qu'en adviendra-t-il, si-les attractions de la ville continuent à écarter leurs enfants du sol natal et du labeur fortifiant de la terre ? C'est une perspective que l'on n'envisage pas sans une patriotique anxiété, et ce n'est pas avec des Expositions universelles que l'on portera remède au mal.


1er février 1899
Assises de Meurthe-Moselle
Session de février
AUDIENCE DU LUNDI 6 FÉVRIER
Deuxième affaire. - Incendie volontaire. - Accusé, Emile Batelot, manoeuvre à Repaix . Ministère public. Me Villard. Défenseur, Me Saur.
L'audience est ouverte à deux heures.

L'accusé.
L'accusé est un homme d'une quarantaine d'années, mis avec une certaine recherche. La figure anguleuse est assez énergique ; il porte de longuee moustaches cirées, et l'ensemble de sa personne détonne chez un manoeuvre. Cet homme n'a pas d'antécédents judiciaires ; il passe pour un bon ouvrier; mais, sous l'empire de l'ivresse, il est, paraît-il, violent, querelleur et vindicatif.

Acte d'accusation.
Le 16 octobre 1898, vers 9 heures du soir, à Repaix, un incendie; éclatait dans une importante maison de culture, appartenant à un sieur Moziman qui l'habitait. La maison était remplie de paillé; Le feu prit aussitôt une grande intensité, et la maison Moziman fut entièrement détruite. Les pertes, évaluées à 20.600 fr. environ, furent couvertes jusqu'à concurrence de 16.000 fr.
Or, quelques instants avant l'incendie, un sieur Diolot passant à proximité de la maison Moziman, avait aperçu presque au même moment, une clarté devant le hangar attenant à cette maison, et un individu qui avait pris la fuite et qu'il n'avait pas eu le temps de reconnaître.
Dès le lendemain; les soupçons du sinistré se portèrent sur le nommé Emile Batelot, son ancien domestique, congédié, qui avait proféré contre lui des menaces d'incendie dans le courant de l'été; On avait remarqué que, seul de tous les hommes valides de la commune, Batelot n'avait pas concouru à éteindre l'incendie.
Invité à donner l'emploi de son temps pendant la soirée du 16 octobre, Batelot varia dans ses explications et se trouve en contradiction formelle avec les déclarations de plusieurs témoins, notamment avec celles de sa femme et de sa belle-mère.
En présence de ces charges accablantes, il fut mis en état d'arrestation.
Ce ne fut que le 29 octobre qu'il se décida à faire des aveux au magistrat instructeur. Il raconta que, le 16 octobre au soir, après le repas pris en commun avec sa femme, il s'était rendu avec celle-ci sur la place publique, vers huit heures et demie du soir, à l'endroit où se trouvaient installées les baraques foraines à l'eccasion de la fête du village;
qu'après avoir laissé sa femme au bal, il était allé devant la maison Moziman, et que, là, à l'aide d'une allumette, il avait mis le feu aux bottes de paille qui débordaient du hangar non fermé attenant à cette maison ; qu'il s'était enfui aussitôt et était rentré chez lui, d'où il n'était plus sorti de la nuit.
Batelot prétend n'avoir agi que sous l‘influence de la boisson. Il reconnaît toutefois les menaces d'incendie proférées par lui contre Moziman.

L'interrogatoire
L'interrogatoire de l'accusé n'offre rien de bien intéressant. Il reconnaît le fait, mais prétend avoir agi sous l'empire de l'ivresse. Il n'en voulait pas dit-il à Moziman, qui avait été son maître, bien qu'il ait eu parfois à s'en plaindre.
L'interrogatoire ne porte guère que sur le fait principal.

Les témoins.
Les dépositions des témoins n'apportent aucun fait nouveau à l'audience. Ils renouvellent les déclarations qu'ils ont faites devant M. le magistrat instructeur, déclarations accablantes pour l'accusé.

Les plaidoiries
Me Villard, qui occupe le siège du ministère public, démontre la, culpabilité de Batelot et s'attache à établir qu'il a agi avec préméditation, et que, par conséquent, sa responsabilité est pleine et entière. Il demande donc contre lui un-verdict sévère, que le jury cependant, en raison.des bons antécédents de l'accusé, atténuera par l'admission des circonstances atténuantes.

La défense
C'est Me Saur qui s'est chargé de présenter la défense de Batelot. C'est une lourde tâche, dont il sait habilement se tirer.
Il le fait avec une chaleur qui empoigne l'auditoire et lui assure les sympathies des jurés.
Il s'attacha surtout à démontrer que l'accusation ne saurait retenir la circonstance de lieu et sollicite un verdict de clémence.
Me Saur, pour la défense de son client, allègue qu'il a agi sous l'influence de l'ivresse, et par conséquent sans responsabilité de sa part. Il demanda donc son acquittement et subsidiairement, si le jury n'accepta point cette excuse, il le supplie d'écarter la circonstance aggravante de maison habitée, et de tenir compte à Batelot de ses bons antécédents.
Après les répliques des parties, le jury se retire pour délibérer.

Le verdict.
Le jury, après une délibération de près de trois quarts d'heure, re vient avec un verdict affirmatif sur les deux questions et mitigé par l'admission de circonstances atténuantes.
En conséquence, Batelot est condamné à quinze ans de travaux forcée et dix ans d'interdiction de séjour.


6 mars 1899
Le même jour, vers six heures du matin, le garde-barrière du passage à niveau a trouvé sur la voie le corps de la fille Canevat, de Leintrey. La victime ne jouissait pas de là plénitude de «es facultés mentales.

Saint Martin. - Jeudi 2 mars, à 10 heures du soir, des douaniers de service donnaent l'éveil aux habitants de Saint-Martin eh criant: Au feu.
Bientôt le tocsin et le clairon lançaient leurs appels sinistres.
Le feu se déclarait chez Mme veuve Cajelot, qui aussitôt éveillée, s'est sauvée à grande peine. Le feu était si violent qu on s'a pu sauver le bétail ; 4 vaches et génisses, des poules, 6 cochons restent sous les décombres. Les pompiers de Saint-Martin cherchèrent à préserver les voisins ; ils furent aidés par ceux d'Herbéviller.
Malgré leur efforts, l'incendie se communiqua à la maison de M. Marcel, qui fut bientot dévorée; Heureusement des secours arivèrent ; les pompiers de Blémerey, de Domëvre, de Mignéville, d'Ogéviller, empêchèrent le feu de gagner la maison de M. Cajelot, maire, et celle de M. Lhôte.
Les pertes sont très grandes; il y a assurance.
Cet incendie a du être mis par une main criminelle.
C‘est le sixième depuis un peu plus d'un an. Une enquête très sérieuse est ouverte.


7 mars 1899
Leintrey. - Un Incendie a ravagé environ un hectare de bois en nature de taillis, appartenant à M. Grandgeorges, propriétaire à Narcy.
Les douaniers de la brigade d'Amenoncourt, aidés des habitants de la commune, sont parvenus à éteindre, l'incendie, qui menaçait d'envahir toute la forêt.
Les dégâts sont évalués à une centaine de francs.


17 mars 1899
Xousse . - Mercredi soir, vers sept heures, un incendie considérable s'est déclaré chez M, Dieulin, cultivateur à Xousse, Les dégâts sont considérables.


21 mars 1899
Xousse. - Nous avons annoncé qu'un incendie s'était déclaré ces jours derniers à Xousse.
Le feu avait pris naissance chez M. Edmond Dieulin, cuitivateur, qui a vu sa maison complètement détruite, ses récoltes brûlées, ses instruments aratoires et une partie de son mobilier anéantis. Les pertes, couvertes par l'assurance, s'élèvent à 19,000 fr. environ.
Un voisin de M. Dieulin, M. Hannzo, a subi des pertes pour environ 600 fr. Il y a également assurance. On se perd en conjectures sur les causes de ce sinistre.


1er avril 1899
Ancerviller. - Un incendie s'est décaré à Ancerviller, près Blâmont, le 29 mars, à deux heures de l'après-midi, chez M. Duhaut, cultivateur, dont les engrangements ont été détruits, avec les récoltes qu'ils contenaient : foin, paille et 300 à 400 sacs de blé et d'avoine. Trois boeufs et deux chevaux ont péri dans les flammes.
Une voiture et des harnais ont été brûlés.
Les pertes s'élèvent de 40,000 à 50,000 fr. Il y a assurance.


3 avril 1899
Herbéviller.- Un vol, avec effraction, a été commis chez M. Cuny, entrepreneur de broderies.
Les pièces de la maison assez nombreuses, étaient t ellement bouleversées que l'on crut tout d'abord à l'œuvre d'un maître cambrioleur. Heureusement, le voleur avait laissé une bottine révélatrice, bottine provenant d'un vol antérieur, commis par le nommé Prosper Denis, âgé de 16 ans, né à Herbéviller, mais ne l'habitant plus depuis plusieurs annees. Il n'y avait donc plus de doute sur l'identité du cambrioleur.
Grâce à l'activitéde M. le maire, et à l'empressement de la gendarmerie de Blâmont, Denis fut arrêté le jour même à la gare d'Emberménil, au moment où il se disposait à prendre la train pour Lunéville.-
Le montant du vol est assez considérable: environ 500 fr. de numéraire,, 2 montres en or, des broches,des bracelets, 2 robes de soie et 4 autres robes de grande valeus.
Détail curieux : Denis n'avait dépensé que 0 fr. 30. Ce jeune homme, au dire d'un grand nombre de personnes, est un esprit déséquilibré.


5 avril 1899
Repaix - Un incendie, dont les causes sont attribuées à un vice de construction de la cheminée, s'est déclaré aux domiciles des nommés Bathelot et Henry, manoeuvres à Repaix.
Les deux maisons d'habitation ont été détruites et une partie du mobilier seule a pu être sauvée.
Les pertes, couvertes par l'assurance, s'élèvent à 9,000 fr. environ.


6 avril 1899
Voyageur sans billet
Mercredi matin, M. le commissaire spécial de police des chemins de fer de la gare de Nancy, a dû dresser procès-verbal contre un nommé Gross, manoeuvre, sans domicile fixe, qui, se trouvant sans argent à Avricourt, avait cru pouvoir se payer le voyage en chemin de fer aux frais de la Compagnie.
Celle-ci, qui n'entend pas de cette oreille, a fait dresser procès-verbal à ce voyageur indélicat ; mais il est à craindre que Gross ne se présente point à l'audience du tribunal correctionnel lorsqu'il s'y trouvera convoqué.


21 avril 1899
Vol de numéraire. - Prosper Denis, 16 ans, domestique, à Herbeviller : 1 an de prison.


24 avril 1899
Emberménil . - Vendredi, vers trois heures, les habitants d'Emberménil ont été réveillés brusquement par les cris de : « Au feu !» Un incendie venait de se déclarer dane le grenier à foin d'une maison appartënant à M. Baptiste Adolphe, cultivaleur. Il a pris naissance dans des dëbris de foin et poussières placés à l'écart d'une meule de paille distante de quelques mètres seulement. Fort heureusement, quelques hommes accourus dès le début ont pu éteindre ce ccmmencement d'incendie, qui aurait pu devenir un terrible sinistre vu la proximité de quantité considzrables de paille et fourrages et l'absence de murs entre plusieurs maisons contiguës. Les dégâts sont heureusement peu importants.
La cause de cet incendie est inconnue.


26 avril 1899
Igney-Avricourt. - Vendredi, vers dix heures du soi», un incendie, dont les causes eont encore inconnues, a détruit une petite maison en bois, contruite sur la route, entre» Igney et Avricourt.
Cette maison, composée d'un rez-de-chaussée.de deux pièces, avec grenier au-dessus, appartenait à M. Jean-Baptiste Depoutot, âgé de 64 ans, manoeuvre à Igney.
Le feu fut si intense qu'en quelques minutes tout-fut embrasé et il a été impossible de sauver quoi ce fût.
Les pertes, couvertes par une assurance, S'élèvent à 3,000 fr. environ.


27 avril 1899
Barbas . - L'accident qui a coûté la vie au sieur Jules Didier, domestique à Barbas, est peu commun. Didier qui est âgé 17ans, et employé au service de M. Charles Colin, Propriétaire à Barbas, conduisait un boeuf à l'abattoir.
Par une imprudence inexcusable, il avait placé la corde qui maintenait le boeuf, autour de son cou, et formant noeud coulant.
Tout à coup le boeuf prit peur et s'enfuit, Didier fut impuissant à le retenir et le noeud coulant se resserrant, il perdit la respiration et tomba. Le boeuf continuant sa course, le traîna sur un parcours de 30 mètres environ. Quand les témoins de l'accident se précipitèrent au secours du malheureux Didier, il avait cessé de vivre, la strangulation était complète


8 mai 1899
Emberménil. - Ün incendie s'est délare le 4 mai, à 3 h. du matin, dans une raison de M. Gadel, employé au chemin de fer à Baccarat, et occupée par sa belle- mère, Mme veuve Guise.
Le feu s'est développé avec une rapidité foudroyante, qui a consumé cet immeuble dans un temps relativement court. Grâce au concours empressé et efficace de la population, le sinistre a pu être localisé ; les maisons voisines ont été préservées et n'ont subi que des dommages peu importants.
Les pompiers de Laneuveville-aur-Bois et de Xousse sont accourus au premier appel et ont prêté un concours dévoué à la population d'Emberménil.
L'immeuble était assuré, mais non le mobilier.


25 mai 1899
BIâmont. - Mardi dernier, M. Raymond Xilliez, banquier à Blâmont, se promenait en tricycle à pétrole, lorsque, dans une descente, il lâcha le guidon de sa machine et fut précipité contre un mur. Dans sa chute, M. Xilliez s'est fracturé une jambe à deux endroits et a eu un poignet démis.
Le docteur Zimmermann a déclaré qu'un repos de six semaines au moins serait nécessaire au rétablissement du blessé.


4 juin 1899
Fête du drapeau de la 320e section des Vétérans
Le dimanche 28 mai, a eu lieu la fête organisée par la ville de Blâmont à l'occasion de la réception du drapeau de la 320e section des Vétérans des armées de terre et de mer. La municipalité, la compagnie des sapeurs-pompiers, la Société de musique la Blâmontaise, MM. les officiers de réserve et de territoriale de la circonscription, les écoles et les conscrits de la classe de 1898 ont apporté leur concours à cette manifestation patriotique, qui a été particulièrement favorisée par le premier beau jour de la saison.
La population entière a voulu s'y associer et, dès le matin, des drapeaux flottaient nombreux à toutes les fenêtres ; un arc de triomphe, artistement composé de fleurs et de feuillages, s'élevait à l'extrémité de la grande rue. Sur la place Carnot, transformée par un brillant décor formé de sapins des Vosges de 10 mètres de hauteur, était édifiée une pyramide élégante de proportions, présentant absolument l'aspect d'un monument de granit et portant la dédicace à la mémoire des soldats morts pour la patrie eu 1870-71.
A 1 h. 1/2 après midi, le président et le conseil de la section, avec la Blâmontaise et nombre de Vétérans, recevaient à la gare M. le commandant Schpeck, délégué du conseil général, les invités et le cortège aussitôt formé, se rendait à l'hôtel de ville, entraîné par les brillants pas redoublés de la Blâmontaise.
A 2 h. 1 /2, sous la présidence de M. Bechmann, président d'honneur de la section, les titres et insignes ont été remis aux nouveaux adhérents, et tout d'abord le délégué a présenté à M. Bechmann, au nom dudit conseil, le diplôme et la médaille d'honneur de l'association, en récompense de son concours dévoué à la société.
Pendant ce temps, la compagnie de sapeurs-pompiers, les Vétérans, les écoles et les conscrits de la classe 1898 se réunissaient sur la place Carnot, et la Blâmontaise exécutait divers morceaux de son répertoire. A 3 heures 1/2, le drapeau déployé et sa garde, accompagnés de MM. les officiers de réserve et de l'armée territoriale et conduits par M. le commandant Schpeck, sortent de l'hôtel de ville et se présentent face au monument, qu'entourent lr conseil municipal et le conseil de section. La musique joue la Marseillaise.
M. Labourel, maire de Blâmont, prend alors la parole pour souhaiter la bienvenue à la délégation et à la section. Il remercie d'abord les membres du comité d'avoir bien voulu lui offrir la présidence de cette fête :
« Mon premier devoir est de vous souhaiter à tous la bienvenue et de vous dire la satisfaction que nous éprouvons de vous voir réunis ici dans une même pensée de patriotiques souvenirs. Je fais des voeux pour le succès complet de l'oeuvre que vous avez entreprise, n'envisageant que les résultats à obtenir et sans vous arrêter aux difficultés d'organisation. Honneur à vous qui donnez sans compter pour rëpandre votre association ; à tous les vétérans, qui montrent un vrai patriotisme en répondant a votre appel, en particulier aux organisateurs de la fête, qui, avec des ressources restreintes, nous font la surprise d'un programme complet ; à M. la capitaine Delabbey, qui a dirigé cette organisation et, comme toujours y a prodigué son talent artistique, sa grande expérience et tout son dévoument ; à M. Bechmann, président d'honneur, à la générosité de qui nous devons ce drapeau ; à M. le baron de Turkeim, qui a eu la charmante attention de nous envoyer des Vosges la forêt de sapins qui fait le décor de cette place ; merci enfin à tous les patriotes, à tous nos concitoyens qui ont voulu contribuer au succès de cette journée en pavoisant leurs habitations. »
Le commandant Schpeck, au nom du Conseil général de la Société, et muni de l'adhésion de M. le général commandant le 20e corps d'armée, remet alors officiellement à son président le drapeau de la 320e section. Les clairons sonnent: Au drapeau ! Et la musique reprend la Marseillaise. Puis le commandant rappelle en quelques mots que le drapeau est le lien qui doit réunir tous les Vétérans en un seul faisceau national et qu'il est aussi le le symbole de la confraternité militaire entre tous et du dévouement à la patrie.
M. Ferrez, président de la section exprime tous ses remerciements au délégué du conseil, puis à tous ceux qui ont coopéré à l'organisation de la fête, et tout particulièrement à M. le capitaine‛ Delabbey, président du comité, à M. le chef de musique Receveur, à M. l'instituteur Guyon, à toutes les autorités et les personnes gui ont bien voulu prendre part à la manifestation : « Permettez à un vieux soldat, dit-il en terminant, à un vétéran de 1870, dont le cœur conserve encore toutes vives les angoisses de l'année terrible, de montrer ici aux jeunes, à vous, conscrits, et à vous enfants des écoles; ies mots écrits sur ce drapeau et sur ce monument du souvenir, et aussi écoutez les cent mille voix des vieux camarades disparus qui vous crient la devise des Vétérans: « Oublier, jamais ! »
M. le capitaine Delabbey, dans un langage énergique et passionnément patriotique, fait ressortir la mission éminemment nationale de l'Association des Vétérans, et invite tous les patriotes à la soutenir dans leurs moyens d'action.
Les élèves des écoles, sous la direction de leur instituteur, le dévoué M. Guyonn se sont groupés et entonnent un chant patriotique, qui a charmé à la fois le coeur et l'oreille.
Puis toutes les sociétés, précédées de la compagnie de sapeurs-pompiers en armes, se massent en colonne et le défilé a lien devant le conseil municipal et la délégation militaire. Ce défilé se continue ensuite par les rues Grande, Traversière, du Château, et, au retour, s'exécute encore une fois devant le monument commémoratif. La dislocation a lieu devant l'hôtel de ville.
A 4 h. 1/2, le vin d'honneur est offert à la municipalité, à la délégation et aux invités, dans le grand salon de l'hôtel de ville.
A 6 h. 1/2, les Vétérans se rendent dans la même salle, où est dressée la table du banquet. Bientôt les quatre-vingt-dix couverts préparés sont occupés et, peu après, le ton général de la réunion indique, que la plus cordiale entente s'est établie partout.
Au dessert, M. le maire Labourel se lève et, se faisant l'interprète des convives, décerne des éloges mérités au préparateur du menu ; puis il donne la parole au délégué du conseil général.
M. le commandant Schpeck, considérant qu'un discours est le plat le plus indigeste du menu et en même temps qu'un militaire ne peut être un parleur, se défend de faire un discours et demande de dire seulement quelques mots sur les préoccupations du moment. Au sujet de la tourmente antipatriotique qui sévit sur le pays, il exprime le sentiment général en la dénonçant comme une campagne de destruction de notre nationalité, entreprise par l'étranger du dehors avec le concours des cosmopolites, des sans-patrie et aussi des étrangers du dedans : « Le vrai patriote, dit-il, n'a pas besoin d'ergoter là-dessus à perte de vue ; son raisonnement est simple et a été répété depuis longtemps : Quand la France est divisée en deux partis et que l'un de ces partis est soutenu par l'étranger, ou s'appuie sur lui; il n'y a pas d'hésitation : il faut être avec l'autre parti. » .
Le commandant rappelle ensuite sommairement les deux buts poursuivis par l'association et, dans un plaidoyer énergique, établit la nécessité impérieuse de soutenir le but moral: la rénovation au grand jour du sentiment patriotique et de l'esprit militaire. Enfin, il montre que le drapeau impose à chacun, dans toutes les réunions ou manifestations, l'obligation d'oublier ses préférences politiques et religieuses pour ne voir que la France.
Les acclamations qui accueillent cet exposé montrent que l'assemblée est en complète communion de sentiment à cet égard. Il termine en portant un toast au président d'honneur, général Jeanningros, au président effectif, general Lambert, et à la prospérité de l'association, en particulier de la section de Blâmont.
M. Ferrez, président de la section, porte ensuite un toast à M. Labourel, maire, au consell municipal de Blâmont, et à M.Delabbey, l'organisateur de la fête.
M. le capitaine Delabbey provoque des applaudissements répétés en affirmant qu'autour de lui et avec lui le sentiment de la revanche est resté vivace et aussi intangible que la devise des Vétérans : « Oublier jalais », et il porte un toast à la ville de Blâmont.
A 10 heures, au départ de la délégation, M. le capitaine Vannier, membre du conseil de la 51e section de Lunéville, a remercié du chaleureux accueil fait aux camarades des sections voisines et a fait ressortir une fois de plus la continuité du dévouement infatigable de M. le capitaine Delabbey pour toutes les missions patriotiques et d'intérêt public, et émet le voeu qu'il soit enfin récompensé prochainement par la croix de la Légion d'honneur, qui lui est promise, depuis longtemps.
Une audition de phonographe et de chansons a égayé cette soiree et terminé cette patriotique journée.


10 juin 1899
Déserteur allemand
Un cavalier, déserteur du 15e uhlans, en garnison à Sarrebourg, s'est présenté à la gendarmerie de Blâmont. Ayant demandé à contracter un engagement dans la légion étrangère, il a été amené à Nancy.


27 juin 1899
Reillon. - Ces jours derniers, la nommée Louise Zélie, 35 ans, femme Thiébaut, domiciliée à Reillon, profitant de l'absence de son mari, qui était allé faucher un pré, s'est pendue à l'aide d'une corde à une traverse de la grange.
Son fils, qui rentrait, aperçut sa mère qui balançait dans l'espace, il appela du secours. Des voisins accururent, la corde fut coupée, mais tout secours était inutile, l'asphxie était complète.
La femme Thiébaut ne jouissait pas de la plénitude de ses facultés mentales.

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