1er janvier 1899
Blâmont. - En souvenir de leur mère, Mme Poirine, née à Blâmont.
M. Poirine, avoué à Lunéville, et Mme Henriet, sa soeur, ont
fait remettre à M. le maire de Blâmont la somme de 200 fr. en
faveur de la Société de secours mutuels de cette ville.
9 janvier 1899
Harbouey. Grâse aux mesures prises par M. le maire et par M.
Mangenot, véterinaire à Blâmont, la fièvre aphteuse ne s'est pas
propagée dans la commune de Harbouey.
Aussi l'arrêté préfectoral, pris au sujet du seul cas constaté
en décembre dernier, vient-Il d'être rapporté.
10 janvier 1899
Blâmont. - Un commencement d'incendie, dû à l'imprudence d'une
dame qui faisait sécher une paillasse trop près d'un poêle, a
éclaté chez les époux Jules Michel, journaliers à Blâmont.
Les pertes, couvertes par une assurance, ne dépassent pas 120 fr.
13 janvier 1899
Le nommé Bathelot,inculpé d'incendie volontaire à Repaix,
actuellement détenu à la maison d'arrêt de Lunéville, a été
transféré jeudi à Nancy, pour y être jugé à la première session
de la cour d'assises.
21 janvier 1899
Lunéville. - Un déserteur appartenant au 11e régiment de uhlans,
en garnisen à Sarrebourg, est venu se rendre à la gendarmerie de
Blâmont. Il se plaint de» mauvais traitements qu'il a eus à
subir de la part de ses chefs. Il a été dirigé sur Nancy.
23 janvier 1899
MAUVAIS SYMPTOMES
Le Bulletin de la Société de géographie de l'Est vient de
publier un intéressant travail de M. E. Andriot, professeur au
collège de Lunéville, sur la répartition de la population dans
l‘arrondissement dont cette ville est le Chef-lieu. De pareilles
enquêtes, comme le constate M. Auerbach, sont d'autant plus
fécondes que les aires en sont plus restreintes. M. Andriot a
étudié le relief, la nature du sol, les cultures, les industries
; mais ce qui nous frappe particulièrement, ce qui doit
intéresser davantage un organe quotidien, c'est une douloureuse
constatation, déjà faite dans la plupart des contrées rurales de
la France. La population y décroît avec une inquiétante
rapidité, bien qu'elle soit déjà inférieure à la moyenne de
l'ensemble de nos départements (67 au fieu de 72 au kilomètre;
carré). Nous ne sommes plus à l'époque où les familles lorraines
passaient pour particulièrement prolifiques et où les campagnes
conservaient leurs enfants au lieu de les envoyer dans les
grandes villes.
L'arrondissement compte seulement deux villes, Lunéville (22.850
habitants) et Baccarat (6.772) ; une dizaine de localités
comptent de 1.000 à 3.000 habitants et parmi elles tous les
chefs-lieux de canton à l'exception d'Arracourt qui n'en a que
702. Mais, en dehors des villes et des centres industriels, le
chiffre des habitants diminue d'année en année; si le canton de
Badonvillers a un léger accroisssement, il le doit à son
industrie, qui attire l'élément rural d'autres cantons,
phénomène qui se remarque d'une manière beaucoup plus sensible
encore dans l'arrondissement de Briey. Certaines statistiques
sont vraiment effrayantes. Citons le canton agricole de Blâmont,
qui, en deux ans, n'a pas diminué de moins de 519 habitants,
tandis, que dans le même temps, de 1894
à 1896, celui d'Arracourt en perdait 141, soit près du vingtième
de sa population ; celui de Badonvillers en a perdu 132, bien
que la commune industrielle de Pexonne ait augmenté pour son
compte de 73, passant de 995 à 1068. Mais quelle décadence dans
d‘autres communes, à Pierre-Percée par exemple, où le chiffre
est tombé de 351 à 310.
Il faut remarquer encore que, placé à la frontière,
l'arrondissement de Lunéville reçoit naturellement une partie de
l'immigration de la Lorraine et de l'Alsace, qui n'a pas
discontinué après trente ans bientôt d'annexion ; mais il
convient aussi d'ajouter que les centaines de milliers
d'Alsaciens-Lorrains venus en France n'ont pas, pour une grande
part, contribué à augmenter notre population rurale. Comme nos
autrès compatriotes, la plupart du temps, lorsqu'ils se
déplacent, ils ont pour but de chercher leur carrière plutôt
dans les villes. Il fallait peu connaître nos conditions
sociales pour s'imaginer, comme on le fit en 1872, qu'une partie
d'entre eux viendraient coloniser les dunes du Nord. Au
lendemain de la guerre, la Chambre avait voté pour eux une
concession de cent mille hectares en Algérie. Les colons
désignés par le gouvernement furent si bien choisis que, peu de
temps après, presque tous cherchaient dans les industries des
emplois plus conformes à leurs goûts et à leurs habitudes. Les
villages alsaciens prospères, en Algérie, ont été édifiés par
une Société indépendante de l'Etat.
Ainsi, même à la frontière, nos centres agricoles ne peuvent,
pour assurer leur développement, compter que sur eux-mêmes.
Qu'en adviendra-t-il, si-les attractions de la ville continuent
à écarter leurs enfants du sol natal et du labeur fortifiant de
la terre ? C'est une perspective que l'on n'envisage pas sans
une patriotique anxiété, et ce n'est pas avec des Expositions
universelles que l'on portera remède au mal.
1er février 1899
Assises de Meurthe-Moselle
Session de février
AUDIENCE DU LUNDI 6 FÉVRIER
Deuxième affaire. - Incendie volontaire. - Accusé, Emile Batelot,
manoeuvre à Repaix . Ministère public. Me Villard. Défenseur, Me
Saur.
L'audience est ouverte à deux heures.
L'accusé.
L'accusé est un homme d'une quarantaine d'années, mis avec une
certaine recherche. La figure anguleuse est assez énergique ; il
porte de longuee moustaches cirées, et l'ensemble de sa personne
détonne chez un manoeuvre. Cet homme n'a pas d'antécédents
judiciaires ; il passe pour un bon ouvrier; mais, sous l'empire
de l'ivresse, il est, paraît-il, violent, querelleur et
vindicatif.
Acte d'accusation.
Le 16 octobre 1898, vers 9 heures du soir, à Repaix, un
incendie; éclatait dans une importante maison de culture,
appartenant à un sieur Moziman qui l'habitait. La maison était
remplie de paillé; Le feu prit aussitôt une grande intensité, et
la maison Moziman fut entièrement détruite. Les pertes, évaluées
à 20.600 fr. environ, furent couvertes jusqu'à concurrence de
16.000 fr.
Or, quelques instants avant l'incendie, un sieur Diolot passant
à proximité de la maison Moziman, avait aperçu presque au même
moment, une clarté devant le hangar attenant à cette maison, et
un individu qui avait pris la fuite et qu'il n'avait pas eu le
temps de reconnaître.
Dès le lendemain; les soupçons du sinistré se portèrent sur le
nommé Emile Batelot, son ancien domestique, congédié, qui avait
proféré contre lui des menaces d'incendie dans le courant de
l'été; On avait remarqué que, seul de tous les hommes valides de
la commune, Batelot n'avait pas concouru à éteindre l'incendie.
Invité à donner l'emploi de son temps pendant la soirée du 16
octobre, Batelot varia dans ses explications et se trouve en
contradiction formelle avec les déclarations de plusieurs
témoins, notamment avec celles de sa femme et de sa belle-mère.
En présence de ces charges accablantes, il fut mis en état
d'arrestation.
Ce ne fut que le 29 octobre qu'il se décida à faire des aveux au
magistrat instructeur. Il raconta que, le 16 octobre au soir,
après le repas pris en commun avec sa femme, il s'était rendu
avec celle-ci sur la place publique, vers huit heures et demie
du soir, à l'endroit où se trouvaient installées les baraques
foraines à l'eccasion de la fête du village;
qu'après avoir laissé sa femme au bal, il était allé devant la
maison Moziman, et que, là, à l'aide d'une allumette, il avait
mis le feu aux bottes de paille qui débordaient du hangar non
fermé attenant à cette maison ; qu'il s'était enfui aussitôt et
était rentré chez lui, d'où il n'était plus sorti de la nuit.
Batelot prétend n'avoir agi que sous l‘influence de la boisson.
Il reconnaît toutefois les menaces d'incendie proférées par lui
contre Moziman.
L'interrogatoire
L'interrogatoire de l'accusé n'offre rien de bien intéressant.
Il reconnaît le fait, mais prétend avoir agi sous l'empire de
l'ivresse. Il n'en voulait pas dit-il à Moziman, qui avait été
son maître, bien qu'il ait eu parfois à s'en plaindre.
L'interrogatoire ne porte guère que sur le fait principal.
Les témoins.
Les dépositions des témoins n'apportent aucun fait nouveau à
l'audience. Ils renouvellent les déclarations qu'ils ont faites
devant M. le magistrat instructeur, déclarations accablantes
pour l'accusé.
Les plaidoiries
Me Villard, qui occupe le siège du ministère public, démontre
la, culpabilité de Batelot et s'attache à établir qu'il a agi
avec préméditation, et que, par conséquent, sa responsabilité
est pleine et entière. Il demande donc contre lui un-verdict
sévère, que le jury cependant, en raison.des bons antécédents de
l'accusé, atténuera par l'admission des circonstances
atténuantes.
La défense
C'est Me Saur qui s'est chargé de présenter la défense de
Batelot. C'est une lourde tâche, dont il sait habilement se
tirer.
Il le fait avec une chaleur qui empoigne l'auditoire et lui
assure les sympathies des jurés.
Il s'attacha surtout à démontrer que l'accusation ne saurait
retenir la circonstance de lieu et sollicite un verdict de
clémence.
Me Saur, pour la défense de son client, allègue qu'il a agi sous
l'influence de l'ivresse, et par conséquent sans responsabilité
de sa part. Il demanda donc son acquittement et subsidiairement,
si le jury n'accepta point cette excuse, il le supplie d'écarter
la circonstance aggravante de maison habitée, et de tenir compte
à Batelot de ses bons antécédents.
Après les répliques des parties, le jury se retire pour
délibérer.
Le verdict.
Le jury, après une délibération de près de trois quarts d'heure,
re vient avec un verdict affirmatif sur les deux questions et
mitigé par l'admission de circonstances atténuantes.
En conséquence, Batelot est condamné à quinze ans de travaux
forcée et dix ans d'interdiction de séjour.
6 mars 1899
Le même jour, vers six heures du matin, le garde-barrière du
passage à niveau a trouvé sur la voie le corps de la fille
Canevat, de Leintrey. La victime ne jouissait pas de là
plénitude de «es facultés mentales.
Saint Martin. - Jeudi 2 mars, à 10 heures du soir, des douaniers
de service donnaent l'éveil aux habitants de Saint-Martin eh
criant: Au feu.
Bientôt le tocsin et le clairon lançaient leurs appels
sinistres.
Le feu se déclarait chez Mme veuve Cajelot, qui aussitôt
éveillée, s'est sauvée à grande peine. Le feu était si violent
qu on s'a pu sauver le bétail ; 4 vaches et génisses, des
poules, 6 cochons restent sous les décombres. Les pompiers de
Saint-Martin cherchèrent à préserver les voisins ; ils furent
aidés par ceux d'Herbéviller.
Malgré leur efforts, l'incendie se communiqua à la maison de M.
Marcel, qui fut bientot dévorée; Heureusement des secours
arivèrent ; les pompiers de Blémerey, de Domëvre, de Mignéville,
d'Ogéviller, empêchèrent le feu de gagner la maison de M.
Cajelot, maire, et celle de M. Lhôte.
Les pertes sont très grandes; il y a assurance.
Cet incendie a du être mis par une main criminelle.
C‘est le sixième depuis un peu plus d'un an. Une enquête très
sérieuse est ouverte.
7 mars 1899
Leintrey. - Un Incendie a ravagé environ un hectare de bois en
nature de taillis, appartenant à M. Grandgeorges, propriétaire à
Narcy.
Les douaniers de la brigade d'Amenoncourt, aidés des habitants
de la commune, sont parvenus à éteindre, l'incendie, qui
menaçait d'envahir toute la forêt.
Les dégâts sont évalués à une centaine de francs.
17 mars 1899
Xousse . - Mercredi soir, vers sept heures, un incendie
considérable s'est déclaré chez M, Dieulin, cultivateur à Xousse,
Les dégâts sont considérables.
21 mars 1899
Xousse. - Nous avons annoncé qu'un incendie s'était déclaré ces
jours derniers à Xousse.
Le feu avait pris naissance chez M. Edmond Dieulin, cuitivateur,
qui a vu sa maison complètement détruite, ses récoltes brûlées,
ses instruments aratoires et une partie de son mobilier
anéantis. Les pertes, couvertes par l'assurance, s'élèvent à
19,000 fr. environ.
Un voisin de M. Dieulin, M. Hannzo, a subi des pertes pour
environ 600 fr. Il y a également assurance. On se perd en
conjectures sur les causes de ce sinistre.
1er avril 1899
Ancerviller. - Un incendie s'est décaré à Ancerviller, près
Blâmont, le 29 mars, à deux heures de l'après-midi, chez M.
Duhaut, cultivateur, dont les engrangements ont été détruits,
avec les récoltes qu'ils contenaient : foin, paille et 300 à 400
sacs de blé et d'avoine. Trois boeufs et deux chevaux ont péri
dans les flammes.
Une voiture et des harnais ont été brûlés.
Les pertes s'élèvent de 40,000 à 50,000 fr. Il y a assurance.
3 avril 1899
Herbéviller.- Un vol, avec effraction, a été commis chez M.
Cuny, entrepreneur de broderies.
Les pièces de la maison assez nombreuses, étaient t ellement
bouleversées que l'on crut tout d'abord à l'œuvre d'un maître
cambrioleur. Heureusement, le voleur avait laissé une bottine
révélatrice, bottine provenant d'un vol antérieur, commis par le
nommé Prosper Denis, âgé de 16 ans, né à Herbéviller, mais ne
l'habitant plus depuis plusieurs annees. Il n'y avait donc plus
de doute sur l'identité du cambrioleur.
Grâce à l'activitéde M. le maire, et à l'empressement de la
gendarmerie de Blâmont, Denis fut arrêté le jour même à la gare
d'Emberménil, au moment où il se disposait à prendre la train
pour Lunéville.-
Le montant du vol est assez considérable: environ 500 fr. de
numéraire,, 2 montres en or, des broches,des bracelets, 2 robes
de soie et 4 autres robes de grande valeus.
Détail curieux : Denis n'avait dépensé que 0 fr. 30. Ce jeune
homme, au dire d'un grand nombre de personnes, est un esprit
déséquilibré.
5 avril 1899
Repaix - Un incendie, dont les causes sont attribuées à un vice
de construction de la cheminée, s'est déclaré aux domiciles des
nommés Bathelot et Henry, manoeuvres à Repaix.
Les deux maisons d'habitation ont été détruites et une partie du
mobilier seule a pu être sauvée.
Les pertes, couvertes par l'assurance, s'élèvent à 9,000 fr.
environ.
6 avril 1899
Voyageur sans billet
Mercredi matin, M. le commissaire spécial de police des chemins
de fer de la gare de Nancy, a dû dresser procès-verbal contre un
nommé Gross, manoeuvre, sans domicile fixe, qui, se trouvant
sans argent à Avricourt, avait cru pouvoir se payer le voyage en
chemin de fer aux frais de la Compagnie.
Celle-ci, qui n'entend pas de cette oreille, a fait dresser
procès-verbal à ce voyageur indélicat ; mais il est à craindre
que Gross ne se présente point à l'audience du tribunal
correctionnel lorsqu'il s'y trouvera convoqué.
21 avril 1899
Vol de numéraire. - Prosper Denis, 16 ans, domestique, à
Herbeviller : 1 an de prison.
24 avril 1899
Emberménil . - Vendredi, vers trois heures, les habitants d'Emberménil
ont été réveillés brusquement par les cris de : « Au feu !» Un
incendie venait de se déclarer dane le grenier à foin d'une
maison appartënant à M. Baptiste Adolphe, cultivaleur. Il a pris
naissance dans des dëbris de foin et poussières placés à l'écart
d'une meule de paille distante de quelques mètres seulement.
Fort heureusement, quelques hommes accourus dès le début ont pu
éteindre ce ccmmencement d'incendie, qui aurait pu devenir un
terrible sinistre vu la proximité de quantité considzrables de
paille et fourrages et l'absence de murs entre plusieurs maisons
contiguës. Les dégâts sont heureusement peu importants.
La cause de cet incendie est inconnue.
26 avril 1899
Igney-Avricourt. - Vendredi, vers dix heures du soi», un
incendie, dont les causes eont encore inconnues, a détruit une
petite maison en bois, contruite sur la route, entre» Igney et
Avricourt.
Cette maison, composée d'un rez-de-chaussée.de deux pièces, avec
grenier au-dessus, appartenait à M. Jean-Baptiste Depoutot, âgé
de 64 ans, manoeuvre à Igney.
Le feu fut si intense qu'en quelques minutes tout-fut embrasé et
il a été impossible de sauver quoi ce fût.
Les pertes, couvertes par une assurance, S'élèvent à 3,000 fr.
environ.
27 avril 1899
Barbas . - L'accident qui a coûté la vie au sieur Jules Didier,
domestique à Barbas, est peu commun. Didier qui est âgé 17ans,
et employé au service de M. Charles Colin, Propriétaire à
Barbas, conduisait un boeuf à l'abattoir.
Par une imprudence inexcusable, il avait placé la corde qui
maintenait le boeuf, autour de son cou, et formant noeud
coulant.
Tout à coup le boeuf prit peur et s'enfuit, Didier fut
impuissant à le retenir et le noeud coulant se resserrant, il
perdit la respiration et tomba. Le boeuf continuant sa course,
le traîna sur un parcours de 30 mètres environ. Quand les
témoins de l'accident se précipitèrent au secours du malheureux
Didier, il avait cessé de vivre, la strangulation était complète
8 mai 1899
Emberménil. - Ün incendie s'est délare le 4 mai, à 3 h. du
matin, dans une raison de M. Gadel, employé au chemin de fer à
Baccarat, et occupée par sa belle- mère, Mme veuve Guise.
Le feu s'est développé avec une rapidité foudroyante, qui a
consumé cet immeuble dans un temps relativement court. Grâce au
concours empressé et efficace de la population, le sinistre a pu
être localisé ; les maisons voisines ont été préservées et n'ont
subi que des dommages peu importants.
Les pompiers de Laneuveville-aur-Bois et de Xousse sont accourus
au premier appel et ont prêté un concours dévoué à la population
d'Emberménil.
L'immeuble était assuré, mais non le mobilier.
25 mai 1899
BIâmont. - Mardi dernier, M. Raymond Xilliez, banquier à
Blâmont, se promenait en tricycle à pétrole, lorsque, dans une
descente, il lâcha le guidon de sa machine et fut précipité
contre un mur. Dans sa chute, M. Xilliez s'est fracturé une
jambe à deux endroits et a eu un poignet démis.
Le docteur Zimmermann a déclaré qu'un repos de six semaines au
moins serait nécessaire au rétablissement du blessé.
4 juin 1899
Fête du drapeau de la 320e section des Vétérans
Le dimanche 28 mai, a eu lieu la fête organisée par la ville de
Blâmont à l'occasion de la réception du drapeau de la 320e
section des Vétérans des armées de terre et de mer. La
municipalité, la compagnie des sapeurs-pompiers, la Société de
musique la Blâmontaise, MM. les officiers de réserve et de
territoriale de la circonscription, les écoles et les conscrits
de la classe de 1898 ont apporté leur concours à cette
manifestation patriotique, qui a été particulièrement favorisée
par le premier beau jour de la saison.
La population entière a voulu s'y associer et, dès le matin, des
drapeaux flottaient nombreux à toutes les fenêtres ; un arc de
triomphe, artistement composé de fleurs et de feuillages,
s'élevait à l'extrémité de la grande rue. Sur la place Carnot,
transformée par un brillant décor formé de sapins des Vosges de
10 mètres de hauteur, était édifiée une pyramide élégante de
proportions, présentant absolument l'aspect d'un monument de
granit et portant la dédicace à la mémoire des soldats morts
pour la patrie eu 1870-71.
A 1 h. 1/2 après midi, le président et le conseil de la section,
avec la Blâmontaise et nombre de Vétérans, recevaient à la gare
M. le commandant Schpeck, délégué du conseil général, les
invités et le cortège aussitôt formé, se rendait à l'hôtel de
ville, entraîné par les brillants pas redoublés de la
Blâmontaise.
A 2 h. 1 /2, sous la présidence de M. Bechmann, président
d'honneur de la section, les titres et insignes ont été remis
aux nouveaux adhérents, et tout d'abord le délégué a présenté à
M. Bechmann, au nom dudit conseil, le diplôme et la médaille
d'honneur de l'association, en récompense de son concours dévoué
à la société.
Pendant ce temps, la compagnie de sapeurs-pompiers, les
Vétérans, les écoles et les conscrits de la classe 1898 se
réunissaient sur la place Carnot, et la Blâmontaise exécutait
divers morceaux de son répertoire. A 3 heures 1/2, le drapeau
déployé et sa garde, accompagnés de MM. les officiers de réserve
et de l'armée territoriale et conduits par M. le commandant
Schpeck, sortent de l'hôtel de ville et se présentent face au
monument, qu'entourent lr conseil municipal et le conseil de
section. La musique joue la Marseillaise.
M. Labourel, maire de Blâmont, prend alors la parole pour
souhaiter la bienvenue à la délégation et à la section. Il
remercie d'abord les membres du comité d'avoir bien voulu lui
offrir la présidence de cette fête :
« Mon premier devoir est de vous souhaiter à tous la bienvenue
et de vous dire la satisfaction que nous éprouvons de vous voir
réunis ici dans une même pensée de patriotiques souvenirs. Je
fais des voeux pour le succès complet de l'oeuvre que vous avez
entreprise, n'envisageant que les résultats à obtenir et sans
vous arrêter aux difficultés d'organisation. Honneur à vous qui
donnez sans compter pour rëpandre votre association ; à tous les
vétérans, qui montrent un vrai patriotisme en répondant a votre
appel, en particulier aux organisateurs de la fête, qui, avec
des ressources restreintes, nous font la surprise d'un programme
complet ; à M. la capitaine Delabbey, qui a dirigé cette
organisation et, comme toujours y a prodigué son talent
artistique, sa grande expérience et tout son dévoument ; à M.
Bechmann, président d'honneur, à la générosité de qui nous
devons ce drapeau ; à M. le baron de Turkeim, qui a eu la
charmante attention de nous envoyer des Vosges la forêt de
sapins qui fait le décor de cette place ; merci enfin à tous les
patriotes, à tous nos concitoyens qui ont voulu contribuer au
succès de cette journée en pavoisant leurs habitations. »
Le commandant Schpeck, au nom du Conseil général de la Société,
et muni de l'adhésion de M. le général commandant le 20e corps
d'armée, remet alors officiellement à son président le drapeau
de la 320e section. Les clairons sonnent: Au drapeau ! Et la
musique reprend la Marseillaise. Puis le commandant rappelle en
quelques mots que le drapeau est le lien qui doit réunir tous
les Vétérans en un seul faisceau national et qu'il est aussi le
le symbole de la confraternité militaire entre tous et du
dévouement à la patrie.
M. Ferrez, président de la section exprime tous ses
remerciements au délégué du conseil, puis à tous ceux qui ont
coopéré à l'organisation de la fête, et tout particulièrement à
M. le capitaine‛ Delabbey, président du comité, à M. le chef de
musique Receveur, à M. l'instituteur Guyon, à toutes les
autorités et les personnes gui ont bien voulu prendre part à la
manifestation : « Permettez à un vieux soldat, dit-il en
terminant, à un vétéran de 1870, dont le cœur conserve encore
toutes vives les angoisses de l'année terrible, de montrer ici
aux jeunes, à vous, conscrits, et à vous enfants des écoles; ies
mots écrits sur ce drapeau et sur ce monument du souvenir, et
aussi écoutez les cent mille voix des vieux camarades disparus
qui vous crient la devise des Vétérans: « Oublier, jamais ! »
M. le capitaine Delabbey, dans un langage énergique et
passionnément patriotique, fait ressortir la mission éminemment
nationale de l'Association des Vétérans, et invite tous les
patriotes à la soutenir dans leurs moyens d'action.
Les élèves des écoles, sous la direction de leur instituteur, le
dévoué M. Guyonn se sont groupés et entonnent un chant
patriotique, qui a charmé à la fois le coeur et l'oreille.
Puis toutes les sociétés, précédées de la compagnie de
sapeurs-pompiers en armes, se massent en colonne et le défilé a
lien devant le conseil municipal et la délégation militaire. Ce
défilé se continue ensuite par les rues Grande, Traversière, du
Château, et, au retour, s'exécute encore une fois devant le
monument commémoratif. La dislocation a lieu devant l'hôtel de
ville.
A 4 h. 1/2, le vin d'honneur est offert à la municipalité, à la
délégation et aux invités, dans le grand salon de l'hôtel de
ville.
A 6 h. 1/2, les Vétérans se rendent dans la même salle, où est
dressée la table du banquet. Bientôt les quatre-vingt-dix
couverts préparés sont occupés et, peu après, le ton général de
la réunion indique, que la plus cordiale entente s'est établie
partout.
Au dessert, M. le maire Labourel se lève et, se faisant
l'interprète des convives, décerne des éloges mérités au
préparateur du menu ; puis il donne la parole au délégué du
conseil général.
M. le commandant Schpeck, considérant qu'un discours est le plat
le plus indigeste du menu et en même temps qu'un militaire ne
peut être un parleur, se défend de faire un discours et demande
de dire seulement quelques mots sur les préoccupations du
moment. Au sujet de la tourmente antipatriotique qui sévit sur
le pays, il exprime le sentiment général en la dénonçant comme
une campagne de destruction de notre nationalité, entreprise par
l'étranger du dehors avec le concours des cosmopolites, des
sans-patrie et aussi des étrangers du dedans : « Le vrai
patriote, dit-il, n'a pas besoin d'ergoter là-dessus à perte de
vue ; son raisonnement est simple et a été répété depuis
longtemps : Quand la France est divisée en deux partis et que
l'un de ces partis est soutenu par l'étranger, ou s'appuie sur
lui; il n'y a pas d'hésitation : il faut être avec l'autre
parti. » .
Le commandant rappelle ensuite sommairement les deux buts
poursuivis par l'association et, dans un plaidoyer énergique,
établit la nécessité impérieuse de soutenir le but moral: la
rénovation au grand jour du sentiment patriotique et de l'esprit
militaire. Enfin, il montre que le drapeau impose à chacun, dans
toutes les réunions ou manifestations, l'obligation d'oublier
ses préférences politiques et religieuses pour ne voir que la
France.
Les acclamations qui accueillent cet exposé montrent que
l'assemblée est en complète communion de sentiment à cet égard.
Il termine en portant un toast au président d'honneur, général
Jeanningros, au président effectif, general Lambert, et à la
prospérité de l'association, en particulier de la section de
Blâmont.
M. Ferrez, président de la section, porte ensuite un toast à M.
Labourel, maire, au consell municipal de Blâmont, et à
M.Delabbey, l'organisateur de la fête.
M. le capitaine Delabbey provoque des applaudissements répétés
en affirmant qu'autour de lui et avec lui le sentiment de la
revanche est resté vivace et aussi intangible que la devise des
Vétérans : « Oublier jalais », et il porte un toast à la ville
de Blâmont.
A 10 heures, au départ de la délégation, M. le capitaine
Vannier, membre du conseil de la 51e section de Lunéville, a
remercié du chaleureux accueil fait aux camarades des sections
voisines et a fait ressortir une fois de plus la continuité du
dévouement infatigable de M. le capitaine Delabbey pour toutes
les missions patriotiques et d'intérêt public, et émet le voeu
qu'il soit enfin récompensé prochainement par la croix de la
Légion d'honneur, qui lui est promise, depuis longtemps.
Une audition de phonographe et de chansons a égayé cette soiree
et terminé cette patriotique journée.
10 juin 1899
Déserteur allemand
Un cavalier, déserteur du 15e uhlans, en garnison à Sarrebourg,
s'est présenté à la gendarmerie de Blâmont. Ayant demandé à
contracter un engagement dans la légion étrangère, il a été
amené à Nancy.
27 juin 1899
Reillon. - Ces jours derniers, la nommée Louise Zélie, 35 ans,
femme Thiébaut, domiciliée à Reillon, profitant de l'absence de
son mari, qui était allé faucher un pré, s'est pendue à l'aide
d'une corde à une traverse de la grange.
Son fils, qui rentrait, aperçut sa mère qui balançait dans
l'espace, il appela du secours. Des voisins accururent, la corde
fut coupée, mais tout secours était inutile, l'asphxie était
complète.
La femme Thiébaut ne jouissait pas de la plénitude de ses
facultés mentales.
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