3 janvier 1892
Voleur et déserteur
Le nommé Emile-Alfred-Arsène Delplanque, âgé de vingt-quatre
ans, cavalier au 8e dragons, à Meaux, avait disparu. Ce
militaire est inculpé d'un vol d'une somme de 2,000 fr. Le 29
décembre, il était à Vitry-le-François, où, dans une maison mal
famée, il dépensa 700 francs et fit voir de nombreux billets de
banque attachés autour de ses bras. Il quitta cet établissement
à deux heures du matin, en emmenant l'une des pensionnaires de
la maison, et prit le train à destination d'Avricourt .
Près de la frontière, à la halte d'Emberménil, ce militaire
quitta le train et se fit conduire en voiture à Avricourt
allemand, où sa compagne ne tarda pas à le rejoindre.
Mais la gendarmerie et la police avaient signalé par télégramme
les deux fugitifs et le commissaire spécial de Deutsch-Avricourt
les a mis en état d'arrestation. Delplanque était encore porteur
de 1,350 fr. en billets de banque et de 100 fr. en or et en
argent, dont il a refusé de justifier la provenance.
Delplanque et sa compagne, nommée Virginie Mangé, ont été
transférés à la prison de Sarrebourg, où ils attendront
l'accomplissement des formalités d'extradition.
6 janvier 1892
Vol
Une somme de 117 fr. a été volée à M. Voinot, berger à Leintrey,
par un voleur resté inconnu:
Cette somme provenait des indemnités que recueille le berger
près des habitants qui lui confient la conduite et la garde de
leurs bêtes au pacage.
Mme Voinot venait de compter et de placer cet argent dans un
porte-monnaie qu'elle avait déposé sur l'extrémité d'un banc
pendant qu'elle arrangeait: la vaisselle déposée dans une
armoire. Quelques instants après Mme Voinot quittait la maison,
laissant chez elle un habitant de la commune qui était venu pour
se faire raser et un neveu de son mari. A son retour elle
constata la disparition du porte-monnaie. Sur la plainte que les
époux Voinot adressèrent à la gendarmerie, une enquête fut
ouverte. Les deux hommes qui se trouvaient chez eux lorsque Mme
Voinot quitta son habitation affirment ne pas avoir vu le
porte-monnaie.
11 février 1892
Tentative criminelle
Les époux Thomas, propriétaires à Xousse, ont failli être
victimes d'un acte de vengeance aussi singulier qu'odieux.
Le 4 février, un individu fut aperçu rôdant autour de leur
bûcher. Il portait quelque chose dans un tablier qu'il tenait
relevé d'une main. Après avoir ouvert la porte du bûcher, cet
individu regarda autour de lui pour s'assurer qu'il n'était pas
observé, se baissa un instant et se retira ensuite ; mais alors
il ne portait plus rien dans son tablier, qui était pendant
jusqu'aux genoux. Avisés de ce fait par un témoin, les époux
Thomas découvrirent dans leur bûcher une bûche de charmille qui
ne faisait pas partie de leur bois de chauffage. Ils supposèrent
que le malfaiteur avait imaginé contre eux une accusation de
vol.
Mais M. le maire de Xousse et plusieurs autres personnes, en
examinant la bûche de charmille, constatèrent qu'elle avait été
évidée et refermée hermétiquement ; à un trou supérieur était
adaptée une mèche d'amadou. Le morceau de bois avait été
évidemment transformé en un engin explosible préparé pour faire
sauter les époux Thomas.
Cet engin, en effet, a été saisi et ouvert. La seule quantité de
poudre qu'il contenait était plus que suffisante pour déterminer
une grave explosion.
L'auteur de cette tentative criminelle a été arrêté.
13 février 1892
Tentative criminelle
Nous avons annoncé, dans notre numéro du 11 février, la
tentative criminelle commise ces jours-ci à Xousse contre les
époux Thomas. Nous sommes informés que l'engin explosif préparé
par le prévenu était en quelque sorte chargé à mitraille avec
une forte quantité de poudre de provenance étrangère et de gros
cailloux, le tout énergiquement comprimé.
L'effet produit eût été terrible.
L'information suit son cours
17 mars 1892
Accident
Mardi soir, avant le départ du train pour la ligne d'Avricourt,
les voyageurs qui avaient déjà pris place dans ce train
ressentirent une violente secousse : ils venaient d'être
tamponnés par un autre train en manoeuvre dont le frein n'avait
pas suffisamment fonctionné.
Les voyageurs en ont été quittes pour la peur; deux wagons et un
fourgon ont été endommagés.
24 mars 1892
Blessure grave
Une rixe qui pouvail avoir les plus sérieuses conséquences,
s'est produite le 21, à Domêvre, dans un cabaret. Au cours de la
querelle, un individu a lancé une bouteille à la tête du nommé
Marchand, de Verdenal, et a fait à ce dernier une blessure très
grave.
La victime est dans un état tel que la gendarmerie et M. le juge
de paix de Blâmont n'ont pu procéder à son audition.
La justice informe. L'agresseur a été arrêté.
17 avril 1892
Accident mortel
Mme veuve Henry, domiciliée à Harbouey, rentrant chez elle, a
trouvé son père,M. Dominique Galba, âgé de soixante-dix-sept
ans, étendu sans vie dans l'écurie, la figure ensanglantée et
les vêtements en lambeaux.
Un taureau attaché dans cette étable a été trouvé en liberté ;
on suppose que M. Galba aura voulu attacher l'animal et que
celui-ci l'aura renversé sur le sol et piétiné. Tous les soins
ont été inutiles, M. Galba avait cessé de vivre.
13 mai 1892
La fièvre aphteuse
La fièvre aphteuse sévit en ce moment à Ogéviller, à Buriville,
à Vaxainville et à Bertrichamps.
9 juin 1892
A Avricourt
Les voyageurs qui ont passé le 4 juin à Avricourt, se rendant à
Nancy, étaient au nombre de 750. L'an dernier, la veille de la
Pentecôte, ce chiffre n'avait été que de 300 ; la moyenne
quotidienne est de 150 environ.
A Avricourt, le 5 juin, on a constaté le passage de 1 602
personnes, dont beaucoup d'enfants; en 1891, le dimanche de la
Pentecôte, on avait enregistré seulement l'entrée en France de
105 voyageurs.
24 juillet 1892
Blessures accidentelles
Louis Michel, âgé de quinze ans, domestique chez M. Bastien,
cultivateur à Repaix, conduisait une voiture attelée de trois
chevaux, chargée de bois et se trouvait sur le territoire de
Blâmont, il chercha à remettre la prolonge sans arrêter les
chevaux ; n'ayant pu réussir, son pied droit fut pris sous la
roue gauche et il tomba. Une roue lui brisa la cuisse ; il reçut
en outre des contusions multiples au pied droit.
4 septembre 1892
Passage d'un grand-duc
Le grand-duc Pierre Nicolaïevitch et sa femme, la princesse
Miliiza de Montenegro, sont arrivés à Paris venant de Vienne.
Ils sont descendus à l'hôtel Vendôme ou ils séjourneront une
semaine avant de se rendre à Biarritz.
A leur passage à Avricourt, dans la matinée, le grand-duc et la
grande-duchesse ont été salués par le sous-préfet de Lunéville.
15 septembre 1892
Le choléra
Mercredi, dans la journée, la nouvelle, heureusement inexacte,
que trois cas de choléra suivis presque immédiatement de décès,
s'étaient produits à Jarville, s'est répandueà Nancy et y a
produit une certaine émotion.
M. Alapetite, secrétaire général de la préfecture de
Meurthe-et-Moselle, qui a procédé à l'organisation des postes de
surveillance et à l'établissement des lazarets situés, dans les
gares frontières, nous a déclaré qu'aucun cas, même suspect, ne
lui avait été encore signalé, mercredi, à trois heures de
l'après-midi, par M. Picard, docteur en médecine, maire de
Jarville.
Un seul cas suspect lui a été signalé télégraphiquement pendant
la journée de mardi, c'était celui d'un employé de la gare d'Emberménil
qui avait été pris subitement de vomissements et de diarrhée.
Le malade a été aussitôt placé seul dans un wagon et transporté
à l'hôpital de Lunéville, où il a été recornu qu'il était
simplement atteint de gastro-entérite. Le wagon a été « différé
» et désinfecté.
Mercredi matin, les médecins, complètement éclairés sur le
diagnostic de sa maladie, ont autorisé cet employé à rentrer
chez lui et ont conclu à une simple exemption de service pendant
quelques jours.
Néanmoins le service médical sanitaire surveillera la marche de
la guérison de ce malade.
17 septembre 1892
Quitte pour la peur
On écrit de la frontière à la Gazette de Sarrebourg à la date du
13 septembre:
« Grand émoi dans les gares d'Igney-Avricourt, Emberménil et
Lunéville. Un employé du chemin de fer venait d'être subitement
atteint du choléra. C..., ouvrier d'équipe à Emberménil, pris de
violentes coliques, se tordait, se roulait à terre, vomissait,
présentait en un mot tous les symptômes du choléra asiatique.
Immédiatement le chef de gare fait descendre les voyageurs d‘un
wagon du train pour Lunéville. Le wagon isolé, on y installe,
avec mille précautions, le malade à destination pour l'hôpital.
Là, le docteur S..., après avoir palpé l'homme, lui dit :
« Voyons, mon ami, vous avez eu une indigestion ? Ça se peut,
fait l'autre piteusement, j'ai mangé un lièvre à moi seul, et je
l'ai fortement arrosé de « schnick. »
» Pendant ce temps, le wagon du prétendu cholérique était
désinfecté à la gare de Lunéville; les employés se lavaient à
l'eau phéniquée. Un médecin de la station sanitaire d'Igney-
Avricourt, mandé en toute hâte, débarquait à Emberménil, avec
tous les appareils de désinfection, pour purifier le logis du
mangeur de lièvre qui, le soir même, réintégra son domicile.
» Vous dire ce qu'on en rit après une si grande peur... Tout est
bien qui finit bien.
30 septembre 1892
Déserteurs allemands
Mercredi matin, à la pointe du jour, quatre déserteurs du 11e
régiment de uhlans brandebourgeois, en garnison à Sarrebourg
(Lorraine), ont franchi la frontière en uniforme, près de
Blâmont, après avoir erré toute la nuit dans la campagne, pour
ne pas tomber dans les nombreuses embuscades de gendarmes et de
douaniers allemands échelonnés le long de la frontière.
L'un d'eux, le nommé Betlbaum, s'est présenté affamé et harassé
de fatigue à la gendarmerie de Blâmont, où on l'a restauré et,
de là, conduit devant le commissaire spécial de la gare d'Igney-Avricourt,
à qui il a demandé à contracter un engagement de trois ans dans
la légion étrangère. Il a été dirigé sur Nancy.
Les trois autres se sont mis à la recherche de travail.
Ces jeunes gens ont déserté pour se soustraire au surmenage et
aux mauvais traitements dont ils étaient l'objet de la part de
leurs supérieurs.
2 octobre 1892
Marie-Louise â Blâmont
M. le capitaine Aubier, dans un volume publié il y à quelque
temps, nous a déjà parlé du commandant Parquin dans le très bel
historique du 20e chasseurs à cheval, qu'il a publié, il y a
quatre ans. Aujourd'hui, il vient de donner de son héros un
portrait plus détaillé et curieux à tous les points de vue.
Nous citerons, particulièrement, le récit de la captivité de
Parquin en Russie, après la bataille d'Eylau, ou il reçut six
blessures, et ceux de la bataille de Wagram et celui de
l'arrivée de Marie-Louise en France.
» Au relais de Blâmont, raconte Parquin, après la harangue
inévitable du maire de la ville, un villageois paraissant aisé
et portant le chapeau à trois cornes, s'approcha de la voiture
de l'impératrice et lui dit en se découvrant :
» - Madame; rendez bien heureux notre grand empereur, et
surtout... donnez-lui beaucoup d'enfants.
» Marie-Louise, au langage naïf du paysan lorrain, ne put
s'empêcher de sourire, et, se retournant du côté de la reine de
Naples qui l'accompagnait, elle lui dit:
» - Voilà un Français qui paraît bien impatient ; qu'il attende
au moins que je sois épousée. »
14 octobre 1892
Tribunal de Lunéville
Audience du 5 octobre 1892 .
Jules Simon, quarante ans, journalier à Blâmont.- Cinquante,
francs d'amende ; Charles Goeury, dix-neuf ans, journalier à
Blâmont. - Vingt-cinq francs d'amende.; Jules Goeury, dix-huit
ans, journalier à Blâmont. - Vingt-cinq francs d'amende; Joseph
Goeury, seize ans, journalier à Blâmont. - Vingt-cinq francs
d'amende, tous les quatre pour vol de recoltes.
- Joseph Dedenon, trente et un ans, manoeuvre à Autrepierre. -
Vingt-cinq francs d'amende avec sursis, pour coups et blessures
volontaires.
26 novembre 1892
Aggression
M. Jacques, maréchal-ferrant, revenait vers sept heures du soir
de Blâmont. Il fit la rencontre de deux individus, qui
s'approchant de lui, lui demandèrent : « La bourse ou la vie »,
puis le frappèrent de nombreux coups de pied et le renversèrent
sur le sol. M. Jacques, qui était armé d'un bâton, se releva et
se défendit avec énergie. Il réussit à mettre ses agresseurs en
fuite.
13 décembre 1892
Découverte d'un cadavre
On a trouvé, sur le chemin vicinal de Vého à Leintrey, étendu
sur un tas de pierres, le cadavre d'un individu. C'est un nommé
Jean-Baptiste Velova, âgé de cinquante-cinq ans, ancien
terrassier, sujet italien, venu en France depuis quelques jours
seulement. Il se rendait au fort de Manonviller pour y chercher
de l‘ouvrage. On pense que sa mort est due à une congestion
causée par le froid.
14 décembre 1892
M. Hertz
M. Hertz, de Blâmont, dont un fils est lieutenant d'infanterie à
Nancy, nous prie de faire savoir qu'il n'a rien de commun, ni
comme parenté, ni comme origine, avec M. Cornélius Hertz, mêlé
aux affaires du Panama.
21 décembre 1892
Découverte d'un cadavre
Le cadavre de M. Joseph Peilz, âgé de soixante-treize ans,
berger à Autrepierre, a été trouvé dans un buisson d'épines, au
lieudit « Ban-Bois », territoire d'Amenoncourt. On suppose qu'en
voulant aller, la nuit, d'Amenoncourt à Autrepierre, il s'est
égaré.
Les petits-enfants de M. Peilz, qui habitent Autrepierre, le
faisaient rechercher depuis deux jours lorsque son corps a été
trouvé.
Tout porte à croire que M. Peitz a succombé aux suites d'une
congestion pulmonaire.
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