25 janvier 1897
Enfants prodigues
Deux gendarmes d'Avricourt ont conduit à Strasbourg quatre
garçons âgés de 15 à 17 ans, qui avaient volé à leurs parents,
domiciliés en cette ville, des sommes d'argent assez importantes
qu'ils sont allés dépenser en France.
Lorsque les précoces voleurs se sont trouvés dénués de tous
moyens de subsistance, ils se sont présentés volontairement à la
gendarmerie d'Avricourt.
31 janvier 1897
Domjevin. - Mort dans la neige
Lundi 25 janvier, Auguste Taron, menuisier à Domjevin, était
parti à Blâmont.
Comme le temps était très mauvais, sa femme ne fut pas étonnée
de voir qu'il ne revenait pas ; elle pensa qu'il était resté à
Verdenal où il a des parents.
Ce fut seulement le mercredi qu'on se mit à sa recherche ; on
apprit que ses parents de Verdenal l'avaient en effet engagé à
rester, mais qu'il était parti avant 4 heures ; on l'a vu passer
à Chazelles vers 4 h, 1/4.
Surpris par une bourrasque de neige qui le fouettait juste en
face, il est tombé dans les champs, à un kilomètre de Blémerey
et ne s'est pas relevé.
Il avait commis l'imprudence de s'engager dans un sentier déjà
pénible en temps ordinaire mais absolument impraticable par un
temps de neige. Taron était pagé de 35 ans et laisse une veuve
avec trois jeunes enfants.
17 février 1897
Verdenal . - Un malfaiteur
Le 13 février courant, Mme veuve Marie Rose Michel, pauvre femme
âgée de 84 ans, revenait le soir de veiller chez son neveu, M.
Eugène Michel, propriétaire à Verdenal. En rentrant dans sa
maison elle aperçut un individu couché sur son lit. Celui ci se
leva, souffla la lanterne de la veuve Michel ; profitant de
l'obscurité il s'empara de la vieille femme, la coucha sur le
lit, lui appliqua la main sur la bouche pour l'empêcher de
crier, et se mit en devoir d'explorer les poches de la victime.
Il lui prit son porte-monnaie contenant 7 ou 8 fr. et s'enfuit.
Pour entrer, le Voleur avait cassé un carreau de la fenêtre.
Le lendemain, la gendarmerie de Blâmont est venue sur les lieux
et a pu prendre l'empreinte des pas sur la terre molle. Le
malfaiteur avait des souliers tout neufs, armés de clous appelés
« clous de fous »,
La gendarmerie a ouvert une enquête, mais, jusqu'à présent,
personne n'est encore soupçonné.
4 mars 1897
Harbouey.- Suicide
Samedi vers 5 heures du soir, M. Louis Colin, âgé de 44 ans,
maçon à Harbouey, a été trouvé pendu à une poutre de son grenier
à fourrages au moyen d'une courroie de valise.
Colin était veuf et père de six enfants. Depuis le décès de sa
femme survenu au mois de décembre dernier, il avait donnné des
signes d'aliénation mentale.
Il avait à plusieurs reprises déjà manifesté l'intention d'en
finir avec la vie.
31 mars 1897
Vého . - Incendie
Le 27 du mois courant, vers une heure du matin, un incendie dont
la cause est inconnue a détruit une partie de la maison
d'habitation de M. Julien Liotté, propriétaire à Vého. Les
pertes, évaluées à 1,500 fr. environ; sont couvertes par une
assurance.
1er avril 1897
Blâmont. - Soirée
On nous écrit :
Dimanche dernier, dans une soirée offerte par ia compagnie des
sapeurs-pompiers, les habitants de Blâmont ont eu la bonne
fortune de pouvoir apprécier des artistes d'un mérite
incontesté.
La Comédie-Lorraine avait bien voulu les faire participer à une
de ses représentations.
Au programme : l'Anglais ou le Fou raisonnable, et le Malade
imaginaire, avec monologues et musique durant les intermèdes.
Très amusante et parfaitement rendue la comédie de l'Anglais.
Mais où éclata surtout la supériorité de la troupe, si
habilement dirigée par M. Caillard, ce fut dans l'interprétation
du Malade imaginaire ; là où il fallait vaincre les difficultés
de la pièce, en faire ressortir les finesses et surtout ne pas
abandonner le naturel. Ces difficultés furent brillament
surmontées, et les trois actes représentés d'une façon
remarquable.
Le gracieux concours de Mile Marcelle Gugumus, cantatrice, dont
la voix aussi juste que sûre, obtint les plus chaleureux
applaudissements dans Hérodiate et la Berceuse de Psyché, ajouta
encore au charme de la soirée.
Furent aussi très appréciés les différents monologues si
délicatement dits, toujours par les mêmes actrices et acteurs :
ils ont droits aux plus élogieuses félicitations.
Encadrant cette belle soirée par divers morceaux bien exécutés,
la Blâmontaise, sut obtenir, d'un auditoire choisi, un succès
mérité.
A la Comédie-Lorraine, à tous ceux qui ont prêté leur concours,
dimanche soir, à la compagnie des sapeurs-pompiers et à son
commandant, merci !
13 avril 1897
Blâmont. - Médaille coloniale
M. Dieudonné Léon, boulanger, déjà titulaire de la médaille du
Tonkin vient d'obtenir la médaille coloniale avec l'agraphe
(Sénégal, Soudan).
14 avril 1897
Herbéviller . - Incendie.
Un incendie a détruit une maison d'habitation appartenant à M.
Auguste Claude, marchand de veaux.
Les pertes, évaluées à 3,500 fr. sont couvertes par une
assurance. Les causes du sinistre sont accidentelles
3 mai 1897
Blâmont. - Tir
La Société de tir de Blâmont est heureuse de constater que, non
seulement la plupart des anciens sociétaires, mais encore une
foule de nouveaux adhérents, sont venus, dimanche dernier,
assister à la première séance de tir.
Parmi les derniers inscrits, surtout des jeunes gens habitant
les villages du canton, beaucoup d'entre eux qui n'étaient pas
encore familiarisés avec l'arme de guerre, ont été agréablement
surpris de leurs premiers résultats. La méthode et les leçons de
tir qui leur sont intelligemment prodiguées par un sous-officier
de l'armée active les perfectionneront rapidement et sauront
leur faire aimer ce sport patriotique.
Encouragés par leurs premiers succès, ils reviendront plus
nombreux dimanche 9 mai, car ils seront accompagnés de leurs
camarades auxquels ils auront su faire comprendre les avantages
qu'il y a à être classé bon tireur à leur entrée au régiment.
Noms des tireurs ayant obtenu les plus beaux points (distance :
300 mètres): MM. Paradis, 6 balles 11 points ; Edmond Alain,de
Halloville,6b. 11 p. ; Maurice Renard, 6 b. 7 p.; Charles
Jacquat, Emberménil, 6 b. 7 p.; Emile Hauswirth, 6 b. 7 p.;
Louis Foëll, 6 b. 7 p.; Louis François, 6 b. 6
p. ; Cosson, de Xousse, 6 b. 6 p.; G. Adrian, de Blâmont, 6 b. 6
p.; Gustave Holvec, 5 b. 7 p. ; Honoré Bridey, d'Emberménil, 5
b, 7 p.; Charles Beaucourt, 5 b. 7p.; Aimé Xilliez, 5 b. 6 p. ;
Gonin, gendarme, 5 b. 6 p. ; Constant Thiaucourt, 5 b. 5 p.;
Charles Trabac, 5 b. 5 p.
4 mai 1897
Vého . - Incendiaire
L'enquête ouverte par le parquet, à la suite des incendies qui
se sont déclarés à Hévo, a amené l'arrestation du nommé Charles
Liauté, un des fils du propriétaire de la dernière maison
incendiée. Dans les premiers
interrogatoires qu'il a subis, Liauté avait persisté à nier sa
culpabilité, mais en présence des charges qui ont été relevées
contre lui, il a fini par avouer être l'auteur de la lettre
adressée au curé de Vého.
Il a de plus reconnu être l'auteur de l‘incendie qui a détruit
la maison de son père, mais il prétend pour sa défense que c'est
accidentellement qu'il a mis le feu à l'immeuble.
30 mai 1897
Harbouey. - Incendie
Le 25 courant, vers 4 heures 1/2 du soir, un incendie s'est
déclaré au domicile de M Jean-Luc Renaud, tailleur d'habits à
Harbouey .
En peu d'instants et malgré le secours apporté par les pompiers
aidés des habitants de la commune on dut faire la part du feu.
La .maison et une partie du mobilier qu'elle contenait sont
devenus la proie des flammes.
Les pertes approximatives sont évaluées à 2.200 fr. Elles sont
couvertes par une assurance.
On ignore les causes de cet incendie.
19 juin 1897
Blâmont. - Explosion et incendie
Mercredi, entre 4 et 5 heures du soir une sourde explosion se
faisait entendre dans la chambre de l'usine à gaz où se trouve
l'épurateur.
M. Kissel, employé de l'usine, qui d‛y trouvait, fut renversé
par l'explosion et grièvement brûlé à la tête et sur le corps.
Un soldat de la légion étrangère de passage à Blâmont, accouru
des premiers sur le lieu du sinistre, le releva et l'emmena à
l'hospice de la ville pour le faire panser.
En un clin d'oeil, l'échappement du gaz enflammé qui s'était
produit, communiqua le feu partout. La population accourut au
bruit de l'explosion et le sauvetage du mobilier commença
aussitôt ; on ne put sauver que ce que renfermait le
rez-de-chaussée, car le 1er étage était déjà la proie des
flammes.
On interrompit la communication avec le réservoir à gaz et avec
la ville, pour éviter toute nouvelle catastrophe.
Les pompiers, quoique le capitaine fut absent, arrivèrent
promptement et se rendirent, avec le concours dévoué et empressé
de la population, maîtres du feu au bout d'une heure de travail
énergique. Les autorités de la ville, accourues au premier
signal, contribuèrent à assurer l'ordre et à diriger les efforts
de chacun.
L'usine appartient à M. Bailly. Il y a assurance; M. Kissel, la
victime de explosion, a son mobilier assuré pour 1,500 francs.
3 août 1897
Nonhigny. - Vol
Samedi 31 juillet 1897, vers deux heures et demie du soir, le
nommé Jean-Baptiste Maire, manoeuvre, âgé de 45 ans, né à
Etival, domicilié à Senones (Vosges), s'est introduit dans
l'église de Nonhigny, où il a fracturé le tronc, qui ne
contenait rien.
Il s'est enfui près de Barbas et, pour suivi par des habitants
du village, il s'était couché dans des osiers, près du bois de
l'Etang.
Trouvé par un des habitants, il se sauvait du côté de Halloville
quand il a été arrêté et amené à la mairie de Nonhigny, où il a
été gardé en attendant l'arrivée de la gendarmerie, qui a été
prévenue immédiatement, et remis entre ses mains.
4 août 1897
Assises de Meurthe-et-Moselle
AUDIENCE DU MARDI 3 AOÛT
Troisième affaire. - Incendie et tentative d'incendie
volontaire. - Accusé : Léon-Gustave Liotté, 35 ans, célibataire,
demeurant à Vého. Ministère public : M. Villard. - Défenseur :
Me Gustave Schneider.
Acte d'accusation.
Le 23 mars 1897, le curé de Vého recevait une lettre anonyme où
son auteur déclarait qu'il se préparait à mettre le feu à
plusieurs maisons du village.
Dans la nuit même du 23 au 24 mars, le feu était allumé dans un
hangar attenant à une maison en construction et appartenant au
sieur Friot. L'incendiaire avait eu le soin d'arroser la paille
avec du pétrole, mais comme celle-ci était mouillée, le feu ne
s'était pas propagé et n'avait brûlé qu'une partie du plancher,
ne causant ainsi que des dommages insignifiants.
Trois jours plus tard, dans la nuit du 26 au 27 mars, vers une
heure du matin, le sieur Hippolyte Munier, qui était levé pour
soigner un de ses enfants malade, s'apercevait que le grenier de
la maison Liotté, située en face de la sienne, était en feu. Il
courut donner l'alarme à la famille Liotté et aux habitants du
village mais tout secours fut inutile.
La maison Liotté fut consumée avec ce qu'elle contenait à
l'exception des chevaux et de la vache que l‘accusé était
parvenu à faire sortir de l'écurie. Les pertes sont couvertes
par une assurance de la Compagnie « la Confiance ». Seuls les
animaux n'étaient pas assurés, mais sauf une chèvre et quelques
poules ils avaient été sauvés.
L'auteur de la tentative d'incendie du 23 mars et de l'incendie
du 26 mars éiait évidemment l'auteur de la lettre anonyme reçue
par M. le curé de Veho.
Le 25 mars un brouillon de lettres de menaces d'incendie portant
la date du 23 mars 1897 également anonyme mais à l'adresse du «
greffier municipal » était trouvé par un sieur Gaillon sur la
route d'Emberménil à Vého.
L'examen de ces deux lettres, leur comparalson avec un corps
d'écriture que le magistrat instructeur fit exécuter à Liotté
établit que celui-ci était le criminel et le 6 avril il fut
arrêté.
Cependant l'accusé opposait les dénégations les plus complètes
et les plus énergiques à l'accusation qui pesait sur lui, quand
la découverte d'une lettre qu'il avait écrite à la maison
d'arrêt et qui fut intercepiée l'obligea à modifier son système
de défense.
il avouait au destinataire de cette lettre être l'incendiaire et
l'auteur des lettres anonymes, qu'il reconnaissait écrites pour
dépister les soupçons. Il lui adressait une troisième lettre
anonyme en le suppliant de la recopier et d'imiter son écriture.
Il insistait notamment sur la forme de certaines lettres. Il
espérait que cette troisième lettre, reçue par le curé de Vého,
pendant que Louis Liotté, était à la maison d'arrêt, dérouterait
l'instruction.
Obligé de reconnaître, lorsque cette lettre lui eût été mise
sous les yeux, qu'il était bien l'auteur des lettres anonymes,
l'inculpé d'empressa d'ajouter que ce n'était pas volontairement
mais par imprudence qu'il avait mis le feu le 26 mars. Quant à
la tentative d'incendie du 23 mars, il n'y était pour rien. Il
explique que, s'étant levé vers une heure du matin, pour donner
à manger aux chevaux,
il avait trébuché dans l'écurie, que sa lanterne où était fixée
une bougie s'était brisée et que la bougie avait communiqué le
feu à un tas de paille qui se trouvait là. Après avoir marché
sur cette paille, croyant le feu éteint, il s'était recouché.
Liotté n'a pas varié dans son système invraisemblable de
défense. Contrairement à ses affirmations, il résulte de
l'audition des témoins, et lui-même l'avait déclaré lors de son
premier interrogatoire, que le feu du 26 mars a pris naissance
dans le grenier. Il est établi aussi que, le 26 mars, il n'y
avait pas de paille dans l'écurie et que jamais on ne donnait à
manger aux chevaux avant quatre ou cinq heures du matin.
Liotté était co-propriétaire, avec ses deux frères, de la maison
incendiée, qui était restée dans l'indivision et dont le père,
Julien Liotté, avait l'usufruit. Il habitait avec son père, son
frère Nicolas-Christophe, la femme et les enfants de celui-ci.
Paresseux et débauché, il avait dissipé son patrimoine.
Comme il le dit dans sa lettre qui fut interceptée à la Maison
d'arrêt, il était à bout de ressources, et c'est pour toucher sa
part dans la somme qui devait être versée par la Compagnie
d'assurances, qu'il a mis le feu. Dans son esprit, l'incendie
précédent d'une maison du village, où il n'avait aucun intérêt,
devait écarter de lui tout soupçon. C'est évidemment avec cette
idée qu'il a mis le feu le 23 mars, au hangar Friot. L'accusé
n'a jamais subi de condamnation, mais les renseignements fournis
sur son compte sont des plus mauvais. Sa probité laisse à
désirer, et sa moralité est des plus douteuses.
L'accusé
L'accusé est de petite taille. Il a 35 ans et en paraît 18. Il a
la figure peu intelligente et la thèse que soutiendra tout à
l'heure la défense n'aura rien de paradoxal.
Un incident
Avant l'interrogatoire Me Schneider se lève et dépose des
conclusions dont voici l'objet:
On a vu que l'accusation se base sur une lettre écrite par
Liotté à la prison et interceptée par le parquet. Cette lettre
était adressée à Me Méquillet, avocat. Aujourd‘hui Me Schneider
prétend que l'on n'a pas le droit de se servir de cette lettre
qui était adressée à un avocat et qui, par conséquent, aux
termes de la jurisprudence, est confidentielle.
M. le président répond au défenseur qu'il sera statué sur
l'incident si, au cours des débats, on se sert de la lettre en
question.
L'interrogatoire
D. - Votre réputation n'est pas bonne, votre probité laisse à
désirer.
R. - Je n'ai jamais fait de mal à personne.
D. - Vous n'avez pas d'égards pour votre père?
R. - Il me faisait beaucoup de mal.
D. - Vous avez adressé souvent des lettres anonymes contre les
gens à qui vous en vouliez.
R. - Je ne me rappelle pas.
D. - Vous aviez une mauvaise moralité : vous étiez l'amant d'une
fille avec qui vous avez eu un enfant.
Une voix dans la salle. - Elle n'était pas difficile.
D. - Vous avez vendu tous vos immeubles et il ne vous reste
qu'une part dans une maison habitée par votre frère?
R. - Oui.
D. - Vous avez un assez grand nombre de dettes ?
R. - Oui.
D. - Vous habitiez la maison de Vého avec votre frère, sa femme
et le père. La maison était assurée depuis quelque temps pour
15,000 francs, c'est-à-dire pour une somme de beaucoup
supérieure à la valeur de la maison.
R. - C'est qu'on avait assuré les récoltes, le mobilier, etc.
D. - M. le curé de Vého a reçu une lettre anonyme dont l'auteur
promettait de se venger de certains habitants de Vého.
Reconnaissez-vous l'avoir écrite?
R. - Oui.
D. - Vos menaces reçurent vite exécution. Dans la nuit suivante,
le feu éclata dans une maison en construction appartenant au
sieur Friot, aubergiste. On a retrouvé le lendemain des bottes
de paille enduites de pétrole.
R- - Ce n'est pas moi qui ai mis le feu chez Friot.
D. - Cependant le procédé indiqué par vous dans la lettre a été
employé. De plus, vous étiez en mauvais termes avec Friot,
contre leguel vous, avez adressé des lettres anonymes à la
gendarmerie.
R. - J'avais peur d'oublier,
D. - Quelle lumière avez-ous en ce moment ? La lanterne à globe
?
R. - Non, une autre vieille, en bois, qui ne tient plus guère.
D. - Pourquoi avoir changé de lanterne ?
R. - Parce que le globe était cassé.
D. - Peu de temps après, le feu éclate dans le grenier. Un
voisin voit que tout est en flammes. Il donne l'alarme et les
secours arrivent. Pendant ce temps, vous sauvez le bétail et les
chevaux qui n'étaient pas assurés. Ce n'est pas vous qui avez
mis le feu ?
R- - J‘ai mis le feu par accident dans un petit tas de paille
sur lequel j'ai trébuché ; j'ai vite piétiné dessus et je
croyais que c'était éteint. Je suis allé me coucher.
D. - La maison a été détruite : vous avez rédigé vous-même la
liste des pertes et vous avez émis de grandes prétentions
vis-à-vis de la Compagnie. On a découvert que l'incendie ne
devait pas être accidentel et on a soupçonné diverses personnes.
Puis on a remarqué que votre liste de pertes ressemblait comme
écriture à la lettre de menaces écrite au curé de Vého. Un
expert a déclaré que c'était la même écriture. Vous avez été
arrêté.
R. - Oui.
D. - La maison que vous habitiez comprenait un rez-de-chaussée
avec grange et, au-dessus, des greniers à fourrages. Le 26 mars,
vous avez passé la soirée avec votre frère Christophe et sa
femme. Vous vous êtes séparés à neuf heures du soir. Quelle
lumière aviez-vous ?
R. - Une lampe à pétrole suspendue au plafond. Nous avions une
lanterne à globe aussi dans la maison. On s'en servait
habituellement. C'est celle que j'ai prise pour me coucher.
D. -Votre frère Christophe est d'accord avec vous sur ce point.
Avant de vous coucher, vous êtes monté au grenier. Pourquoi ?
R. - Pour prendre du son afin de donner à manger aux chevaux le
lendemain matin.
D. - Vous y alliez plutôt pour répandre du pétrole sur le
plancher comme vous l'avez dit dans la lettre anonyme au curé.
R. - Je ne voulais pas meitre le feu.
D.- Cependant vous avez enlevé vos chaussures pour ne pas être
entendu.
R. -Mon père dormait, je ne voulais pas faire de bruit.
D. - A une heure du matin, vous vous relevez. Pourquoi?
R. - Pour aller donner à manger aux chevaux.
D. -- Mais vous ne deviez partir aux champs qu'à 8 heures du
matin le lendemain. Vous aviez bien le temps.
D. - Vous avez d'abord complètement nié. Vous avez même prétendu
que vous n'étiez pas allé au grenier. Vous avez changé ensuite
de système de défense. Vous avez dit : Je suis l'auteur de
l'incendie, mais involontairement.
R. - C'est la vérité.
D. - La vérité, c'est que vous avez mis le feu pour toucher
votre part d'assurances, car vous étiez sans ressources.
Les témoins
M. Alphonse Dedenon, 31 ans, curé à Vého, vient déclarer qu'il a
reçu la lettre anonyme dont nous avons parlé. Il ne sait rien
d'autre.
N. Auguste Simonin, 62 ans, maire à Vého, déclare :
- Liotté n'a jamais reçu que de mauvais exemples ; il en a bien
profité,
- De qui a-t-il reçu les exemples ?
- De son père !
-.Avez-vous fait des constatations ?
- J'ai « sui » le parquet. J'ai vu qu'y avait du pétrole. Je me
suis baissé peur sentir le goût.
- Il fait un vent violent?
- C'est une permission du bon Dieu que tout le village n'ait pas
été brûlé.
- Donnez-nous des renseignements sur Liotté ?
- Il n'est pas ivrogne, mais tous les autres vices, il les a.
M. Joseph Friot, 55 ans, aubergiste à Vého, raconte que depuis
quelque temps l'accusé lui en voulait à la suite d'un procès
perdu en justice de paix. Aussi a-t-il toujours eu des soupçons
sur lui au sujet de l'incendie qui a éclaté chez lui. Il ne peut
donner de renseignements sur l'incendie qui a éclaté chez
l'accusé lui-même.
Nicolas-Christophe Liotté, 38 ans, frère de l'accusé, raconte
qu'aussitôt après s'être aperçu de l'incendie, il s'est levé et
a sauvé le plus d'objets possible.
La déposition n'apporte rien de nouveau aux débats.
Marie Liotté,28 ans, belle-soeur de l'accusé, est ensuite
entendue. Sa déposition est d'ailleurs sans aucune importance.
Marie Jouvin, femme Martin, à reçu de la femme Lioté un livre de
comptes qu'elle a brûlé sur la demande qui lui a été faite.
M. Paul Munier, 41 ans, aubergiste à Vého, habite en face de la
maison Liotté. Il déclare que, s'étant levé au milieu de la
nuit, il vit le feu et courut prévenir les habitants de la
maison incendiée : à ce moment, Liotté avait déjà quitté
l'immeuble. Le feu embrasait les greniers et le rez-de-chaussée
était intact.
M. Jean-Baptiste Munier, 47 ans, distillateur à Vého, fait une
déposition sans intérét.
M. Désiré Gérardin, 26 ans, cultivateur à Vého, ne fourhit aucun
détail intéressant.
M. Michel, cultivateur à Vého, a vu Liotté la veille de
l'incendie. L'accusé lui a demandé si le hangar attenant à sa
maison serait payé par l'assurance, au cas où le feu se
déclarerait chet lui.
M. Léon Michel, 58 àhs, général d'assurantes à Lunéville, est
allé à Vého après l'incendie faire l'expertise et a appris que
la gendarmerie soupçonnait quelqu'un d'avoir mis le feu à la
maison. Le témoin déclare que la situation pécuniaire de Liotté
était mauvaise.
M. Jacquot, 45 ans, directeur de l'école maternelle à Lunéville,
a été chargé d'examiner la lettre anonyme écrite à M. le curé de
Vého, ainsi que le brouillon trouvé sur le chemin d'Embermênil
et de les comparer aux lettres qu'avait fait écrire à Liotté le
magistrat instructeur..
L'audition des témoins est terminée à quatre heures et demie et
la parole est donnée à Me Schneider pour développer ses
conclusions, tendant à ce qu'il né soit pas tenu compte de la
lettre adressée par l'acusé à un avocat de Lunéville et
interceptée par l'instruction.
M. l'avocat général demande à la Cour de rejeter les conclusions
du défenseur.
La Cour, tout en déclarait respëcter le secret des lettres
adressées par un prévenu à son défenseur, dit que Lictté avait
essayé de faire parvenir sa lettre par des moyens irréguliers et
frauduleux et qu'il ne peut revendiquer dans ces conditions les
principes admis par la jurisprudence. Elle rejette en
conséquence les conclusions de son défenseur et décide qu'il
sera passé outre aux débats.
Le réquisitoire
M. l'avocat général, après avoir rapidement retracé les
antécédents de l'accusé, arrive aux faits relevés par
l'accusation, il montre que la situation financière de Liotté
était mauvaise au moment du sinistre. Sa maison avait besoin de
réparations urgentes, le fourrage manquait pour nourrir les
bestiaux nécessaires à l'exploitation. En outre Gustave Liotté
devait à plusieurs personnes des sommes importantes qui
représentaient le prix de terrains qu'il avait achetés. L'accusé
a pensé que la maison brûlée, serait payée par la Compagnie
d'assurances et qu'avec l'indemnité qui lui serait allouée il
pourrait en outre solder ses dettes.
Sans hésiter un seul instant, l'accusé n'a plus cherché que
l'occasion de réaliser son coupable dessein. Il s'est donc rendu
au milieu de la nuit sur le grenier à fourrages, a mis le feu.
Liotté dit que le feu a été mis accidentellement: allégation
fausse ; car dans la nuit du 26 au 27 mars, on l'a entendu aller
et venir dans les greniers où il préparait évidemment son crime.
Et en définitive, Liotté est bien le vrai coupable. Le ministère
public demande au jury de rapporter un verdict affirmatif, sans
toutefois s'opposer à l'admission des circonstances atténuantes.
L'audience est suspendue vers 7 heures ¼ et reprise à 8 heures
1/2.
La plaidoirie
Me Gustave Schneider, défenseur de Liotté, parle d'abord, en
termes éloquents, des antécédents de son client ; il établit
qu'ils ne sont pas aussi mauvais qu'à bien voulu le laisser
entendre le ministère public.
Il démontre le défaut de mobiles qui ont pu pousser Liotté à
commettre les incendies qui lui sont reprochés.
Il abandonne complètement le système de défense de son client
qui s'est borné à contester la matérialité des faits. Me
Scneider étudie la bizarrerie de caractère de son client et
l'étrangeté de ses actes.
Il démontre que dans sa famille on trouve des individus dont
l'état mental laisse à désirer : Un de ses cousins-germains a
assassiné sa mère ; sa tante maternelle est morte dans un asile
d'aliénés ; son frère est un simple d'esprit ; une de ses soeurs
est décédée d'une affection cérébrale.
Me Gustave Schneider cherche à tirer de ces faits la conclusion
que la responsabilité de son client est limitée.
Après une réplique de M. l'avocat général et une riposte
énergique de Me Schneider, où celui-ci prend à partie le maire
de Vého en termes qui excitent l'hilarité des nombreux
spectateurs, le jury se retire dans la salle de ses
délibérations.
Le verdict
Il en revient avec un verdict d'acquittement quant à la
tentative d'incendie, affirmatif quant à l'incendie. Le verdict
accorde des circonstances atténuantes.
La Cour condamne Liotté en cinq années de travaux forcés,
minimum de la peine.
L'audience est levée à 10 h. 1/2.
16 août 1897
Blâmont. - L'hospice
M. le docteur Hanriot fait remarquer que l'hospice cantonal de
Blâmont ne possède qu'un seul médecin ; en cas d'absence ou
d'empêchement de ce dernier, les soins ne peuvent être donnés
aux malades.
28 août 1897
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LUNÉVILLE
Coups volontaires. - Joseph Monzein, 49 ans ; Eugène Rolin, 27
ans, tous deux cultivateurs à Harbouey, 8 jours de prison chacun
; Alphonsine Etienne, 28 ans, ménagère à Bertrambois, 16 fr.
d'amende avec sursis.
7 septembre 1897
Blessé
Un chasseur du 20e bataillon est rentré aussi à Baccarat, blessé
assez sérieusement en tombant d'une hauteur de plusieurs metres,
à Herbéviller.
23 octobre 1897
La Société chorale de la Colonie d'Avricourt donnait, comme
chaque mois, un concert, suivi, naturellement d'un bal public au
Gambrinus. Naturellement aussi, dit le Lorrain, il y eut du
charivari. Un ouvrier, qui travaille à la toiture du nouveau
temple, se prit de querelle, on ne dit pas pourquoi, avec le
clerc de notaire de Réchicourt, et, dans la dispute, frappa
celui ci d'un coup de couteau à la tête. La blessure est
heureusement sans trop de gravité, et l'individu a été arrêté
peu de temps après.
Il paraît que ce beau sire n'en est pas à son coup d'essai, et
qu'il était recherché par la police pour un fait semblable,
accompli à Strasbourg, qui lui avait valu trois mois de prison :
il les purgeait sur les toits du temple d'Avricourt. Enfin, le
voilà en lieu sûr, et l'on pourra, croit-on, danser en paix
jusqu'à nouveau désordre dans la Wirthschaft Zum Gambrinus.
Les gens paisibles du quartier et des environs aimeraient
cependant que ces sortes de divertissements, qui ont lieu en
moyenne une ou deux fois le mois à la Colonie, soient un peu
moins fréquents : en les restreignant davantage, la police
servirait le repos public comme le bien matériel et moral des
nombreuses familles d'employés.
25 octobre 1897
Mignéville. - Noyé
M. Joseph Louis, vannier à Mignéville, passant près du canal
d'un moulin de la localité a aperçu, flottant sur l'eau, un
cadavre qu'il s'est empressé de retirer et qu'il a reconnu pour
être celui de M. Jean-Joseph Blaise, âgé de 67 ans, domicilié
dans la commune où il était employé comme manoeuvre.
La mort doit-être attribuée à un suicide; M. Biaise avait perdu
sa femme, décédée il y a quelques jours; et désespérant de la
vie où il devait rester seul, avait déjà manifesté à plusieurs
personnes, notamment à M. le maire de Mignéville, son intention
d'en finir avec la vie.
29 octobre 1897
MEUSE
COUR D'A5SISES
Audience de 26 octobre
DEUXIÈME AFFAIRE -Incendie volontaire. - Accusé, Léon Liotté.
Ministère public, M. Audiat, procureur de la République ;
défenseur Me Gustave Schneider, du barreau de Nancy.
L'accusé d'aujourd'hui n'est pas de notre département et
l'affaire vient devant nos assises à la suite d'un arrêt de la
cour de cassation qui a annulé un arrêt de la cour de Nancy
condamnant Lictté à cinq ans de travaux forcés.
Au début de l'audience, Me Schneider dépose des conclusions
tendant à ce que lecture ne soit pas donnée au jury de l'arrêt
de renvoi ni de l'acte d'accusation, que la lettre illégalement
versée au dossier en soit retirée ainsi que toutes pièces dudit
dossier qui pourrait y faire allusion.
La cour, après un long délibéré,fait droit à ces conclusions,
par un arrêt extrêmement remarquable qui trouvera sa place dans
les recueils de jurisprudence.
M. le président procède immédiatement à l'interrogatoire de
l'accusé qui déclare s'appeler Léon-Gustave Liotté, cultivateur
à Vého, et être âgé de 34 ans.
Rien de bien marquant ne vient interrompre cet interrogatoire.
Notons toutefois que le prévenu hésite peur répondre et cherche
toujours à demander à son défenseur quel système il doit
employer.
Il est accusé d'avoir mis le feu à la maison qu'il habitait à
Vého, près de Lunéville dont il était co-propriétaire avec ses
frères. Liotté nie énergiquement, contre toute évidence.
Les témoins sont au nombre de douze.
M. le curé de Vého vient dire que quelques jours avant
l'incendie il a reçu une lettre anonyme annonçant que plusieurs
incendies devaient éclater dans le village; une autre lettre fut
trouvée sur la route.
Au moment de régler le sinistre, l'agent d'assurances s'est
aperçu que l'état des pertes, écrit de la main de Liotté avait
comme écriture une certaine ressemblance avec celle des lettres
anonymes.
Un expert en écriture fut désigné et vint déclarer que ces
écrits se ressemblaient en tous points.
Liotté nie énergiquement être l'auteur de cet incendie.
M. Audiat, procureur de la République, soutient l'accusation.
L'honorable magistrat, que nous entendons pour la première fois
aux assises, a, dans fin brillant réquisitoire, cherché â
démontrer aux jurés la culpabilité de l'accusé.
A sept heures du soir, seulement, Me Gustave Schneider a la
parole.
Dans une plaidoirie très remarquable, le défenseur, abandonnant
le sytème de dénégation suivi par son client, le considère comme
étant le principal auteur de l‛incendie. Il plaide
l'irresponsabilité, et dans une chaleureuse péroraison, adjure
les jurés de ne pas considérer comme un coupable un individu qui
n'est peut être qu'un malade.
Après une délibération de quelques minutes, le jury revient avec
un verdict affirmatif miigé de circonstances atténuantes.
Et en conséquence, la Cour condamne Liotté à cinq ans de travaux
forcés et à dix ans d'interdiction de séjour.
6 novembre 1897
Avricourt. - Nouvelle commune
Le gouvernement a déposé sur le bureau de la Chambre un projet
de loi tendant à disjoindre de la commune d'Igney-Avricourt la
section dite d'Avricourt pour être érigée en commune distincte.
23 novembre 1897
Inauguration des eaux à Blâmont
Dimanche .dernier, ia ville de Blâmont était en fête. On
inaugurait le système d'adduction des eaux de la source des
Salières, située à 6 kilomètres de la ville. A neuf heures du
malin, arrivaient M. l‘ingénieur en chef Aubin, MM. les
ingénieurs Imbeaux et Joyant. M. Riblerre, maire de Lunéville,
et plusieurs conducteurs au service des ponts et chaussées.
M. le maire Labourel, M. l'adjoint Florentin, entourés des
membres du conseil municipal reçoivent à la gare, les invités.
Toutes les rues sont pavoisées et chaque borne-fontaine est
entourée de feuillage et de fleurs.
A dix heures, la compagnie de sapeurs-pompiers a visité toutes
les bouches à incendie et a exécuté des manoeuvres qui ont
parfaitement réussi.
A midi et demi a eu lieu à l'hôtel de ville un banquet fort bien
servi par M. Cuny, de l'hôtel de Paris.
Au dessert, M. Labourel, maire de Blâmont, fait l'historique des
travaux de l'adduction des eaux, et adresse des félicitations
particulières à. M. Limon, conseiller municipal, qui s'est
entièrement dévoué à cette oeuvre.
M. Limon remercie M. le maire et la population de l'aide qu'elle
lui a apportée dans sa tâche.
M. Ribierre, maire de Lunéville, porte un toast à ia sympathique
municipalité de Blâmont et à la vaillante et honnête population
républicains de cette ville.
La fête foraine, organisée pour l'après-midi, a obtenu un grand
succès, et le soir, un bal de société réunissait un grand nombre
de souscripteurs dans les salons de l'hôtel de ville.
13 décembre 1897
Tamponné {suite)
Nous avons dit que le corps d'un individu avait été trouvé sur
la ligne du chemin de fer au passage à niveau d'Emberménil.
Lorsqu'on releva le cadavre, on constata que le corps du
malheureux avait été traîné sur une distance d'environ 60
mètres. Dans les débris de ses vêtements on trouva des pièces au
nom de Charles-Jean-Baptiste François, demeurant à Sommerviller
et pour 13 sous (chiffre fatidique) de monnaie.
Détail curieux : malgré toutes les recherches il fui impossible
de retrouver trace des chaussures de la victime.
Il résulte d'une enquête ouverte par le commissaire spécial
d'Avricourt, que la mort de François est due à un suicide
déterminé par des revers de famille.
Repaix. - Coups à ascendant
Dimanche, le nommé Joseph Charron, domicilié à Autre pierre,
s'est introduit chez son père, domicilié à Repaix, lui déclarant
qu'il « allait y passer »; il s'élança sur lui et le terrassa en
lui serrant la gorge.
Grâce au secours apporté par le domestique de la victime, le
fils dût lâcher prise. En se relevant, le père saisit une
vieille bêche sur laquelle il était tombé, et en porta un coup à
son fils.
Le maire et le garde champêtre ayant été requis, purent, après
bien des efforts, faire sortir Joseph Charron. Procès-verbal a
été dressé.
18 décembre 1897
Blâmont. - La sainte Barbe
Comme tous les ans à pareille époque, dans une salle
parfaitement décorée du café du Centre, la compagnie des
sapeurs-pompiers se trouvait réunie pour fêter, en un banquet
fraternel, leur légendaire patronne : sainte Barbe.
Le maire de Blâmont, son adjoint et plusieurs conseillers
avaient eu à coeur de se rendre, dimanche soir, à l'aimable
invitation du sympathique capitaine Delabbeye.
Qui donc en effet pourrait se désintéresser en pareil cas, ou
même envisager d'un œil indifférent cette, compagnie d'élite...
Epinal, Toul, Pont-à-Mousson ont reconnu sa réputation et
applaudi à ses succès ; et à peine y a-t-il quatre mois, que la
plus haute récompense lui était décernée lors du brillant
concours de Lunéville.
Aussi la présence à cette réunion du maire et de son conseil,
était-elle, pour ainsi dire, l'expression tacite des
félicitations méritées par la compagnie et par ses chefs
dévoués.
Il serait puéril de rapporter ici les paroles bienveillantes
adressées par le préfet de Meurthe-et-Moselle, dans son discours
du 15 août dernier, au capitaine Delabbeye ; elles ne feraient
du reste que confirmer les sentiments de la population.
Ce que l'on est heureux de constater, c'est que cette fête de
famille a été, cette année, particulièrement empreinte de la
plus franche gaieté. Jusqu'à bien avant dans la soirée, nos
hardis sapeurs ont attaqué la chansonnette et la romance
patriotique avec l'habileté et le talent qu'ils déploient quand
ils manient la hache ou la lance ; et pour ne pas rester en
arrière, la « Blâmontaise », en fournissant son contingent
d'artistes et en exécutant les plus beaux morceaux de son
répertoire, a contribué à donner à cette cérémonie un cachet de
cordiale bonne humeur dont tous les auditeurs conserveront un
délicieux souvenir.
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