5 février 1890
Accident de chemin de fer
M. Léon-Joseph Nicolas, 25 ans, homme d'équipe à Avricourt, a
été victime d'un terrible accident. On procédait à la formation
du train 119, à dix heures vingt du malin et des employés
étaient occupés à faire passer, d'une voie sur une autre, à
l'aide d'un chariot à vapeur, des wagons destinés au convoi en
formation. Par suite d'une fausse manoeuvre le chariot à vapeur
se lança sur une mauvaise voie. Un wagon s'y trouvait et
Nicolas, placé près du tampon, regardait la manoeuvre. Il ne
s'aperçut pas de l'erreur qui venait d'être commise et avant
qu'il eut l'idée de sauter hors la voie il était tamponné. La
mort a éié instantanée.
5 février 1890
Un commencement d'incendie purement accidentel s'est déclaré
chez M. Lambert, épicier, à Gogney. Les dégâts sont évalués à
soixante francs.
1er mars 1890
Un vol de 120 fr. a été commis au préjudice de M. Cacha,
aubergiste à Gogney. Une enquête est ouverte à ce sujet par la
gendarmerie de Blâmont.
6 mars 1890
Legs
M. Lyon Spire, de Paris, né à Blâmont, a légué, en mourant, au
bureau de bienfaisance de cette dernière ville, une somme de 150
fr. et une autre somme de 50 fr. au bureau de bienfaisance
Israélite de la même localité.
8 mars 1890
Un incendie s'est déclaré dans le bois communal de Leintrey, au
lieudit « Sauxures ». On pense que le feu a été mis au bois par
une élineelle échappée de la cheminée d'une locomotive.
Le feu a dévasté un hectare de terrain ; les dégâts sont évalués
à 200 fr.
Il y a dix ans, un incendie semblable s'est déclaré au même
endroit.
12 mars 1890
ALSACE-LORRAINE
Les dernières élections, écrit-on au Lorrain, ont donné lieu à
bien des excentricités.
A Avricourt (colonie), plusieurs électeurs ont donné leurs voix
à un négociant en cafés qui, toul heureux et tout fier de se
voir mis sur les rangs de ceux qui sont appelés à représenter la
nation, profita de cette circonstance pour fêler dignement
Bacchus et Gambrinus.
A Richeval, village situé tout à fait au sud du canton et non
loin de la frontière, on a voté pour Louise Michel.
22 mars 1890
Un malfaiteur inconnu s'est introduit au domicile de M. Joseph
Ferry, cultivateur à Leintrey, et a volé un quartier de lard,
suspendu dans la cheminée.
2 avril 1890
Suicide
Un sous-officier du 11e dragons, à Lunéville, s'est suicidé
lundi au quartier en se tirant un coup de revolver. Ce jeune
homme appartiendrait à une famille de négociants d'Emberménil.
On ignore les motifs qui l'ont porté à cet acte.
3 avril 1890
Un suicide
M. Verdun, brigadier au 11e cuirassiers, s'est fait sauter la
cervelle lundi vers midi, dans une chambre de la caserne de
Lunéville. Originaire d'Emberménil, marié et père de famille,
dit-on, M. Verdun effectuait une période d'instruction de 28
jours. A plusieurs reprises, il avait déclaré que la vie lui
était insupportable.
9 avril 1890
UN INCIDENT DE FRONTIÈRE
Un nouvel incident, qui n'a pas du reste une grande importance,
vient de se produire à la frontière. Un journal de Paris en
avait été le premier informé par télégramme ; nous avons pris
des informations d'où il ressort qu'en effet les gendarmes
allemands ont reçu des instructions des plus rigoureuses. Les
renseignements reçus par notre confrère semblent d'ailleurs
entièrement exacts.
» Un jeune homme âgé de 18 ans, du nom de Bach, originaire de
Bitche (Alsace-Lorraine), arrivait hier à la gare de Deutsch-Avricourt,
qui, comme l'on sait, est très proche du village français d'Avricourt
.
» Le commissaire spécial allemand l'avisa et lui demanda où il
allait.
» Bach lui répondit qu'il cherchait du travail et qu'il se
rendait à Deutsch-Avricourt .
» Le commissaire ne répondit rien, mais, soupçonnant que Bach
voulait se soustraire au service militaire allemand, il le fit
suivre à une certaine distance par un gendarme.
» Bach se dirigea sur la gare française d‘Igney- Avricourt, au
lieu de continuer sa route vers le village allemand.
» Le gendarme le somma de s'arrêter.
» Bach, au lieu d'obéir pressa le pas.
» Comme il ne se trouvait plus qu'à une cinquantaine de mètres
du poteau frontière et à une soixantaine de mètres de la gare
française, le gendarme fit feu sur lui.
» Bach ne fut point atteint et n'en continua pas moins sa
course.
» Le gendarme rechargea sa carabine et fit feu de nouveau sur le
jeune homme qui était en ce moment à cinq mètres de la
frontière.
» Cette fois le jeune homme tomba.
» Le gendarme courut sur lui, mais Bach qui avait fait un faux
pas et n'était point blessé se releva vivement et franchit les
cinq mètres qui le séparaient du territoire français.
» La balle, du second coup de feu s'est aplatie sur le talus de
la ligne française d'Igney-Avricourt à Cirey.
» Bach s'est aussitôt présenté au commissariat spécial de la
gare d'Igney-Avricourt, et il a demandé à s'engager dans la
Légion étrangère où il a un frère sous-officier. »
15 avril 1890
Marie G..., âgée de 12 ans, domiciliée chez ses parents à
Blâmont, avait été chargée, par ces derniers, d'aller acheter du
pain. En route, elle perdit l'argent et se résolut, malgré les
conseils de son frère âgé de 10 ans, à voler le pain plutôt que
d'avouer la perte qu'elle avait faite. Marie G... fut surprise
par le boulanger au moment où elle s'enfuyait avec le pain volé.
16 avril 1890
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 5 avril 1890
Outrages à agent et ivresse. - Emile Mouths, 26 ans, garçon
boucher à Blâmont. 30 fr. ; 5 fr. pour ivresse.
17 avril 1890
Accident de chasse
Pendant une battue organisée dans la forêt de Mondon, M.
Antoine, de Herbéviller, a reçu en plein corps la décharge du
fusil d'un chasseur imprudent.
Les blessures sont assez graves.
L'extraction des balles a dû être faite par M. le docteur
Messier, de Badonviller, assisté d'un confrère de Blâmont.
14 mai 1890
La gendarmerie de Blâmont a ouvert une enquête sur différents
vols d'argent, commis au préjudice de M. Chatel, vannier à Vého,
à qui l'on a volé une somme de 190 francs qui était placée dans
une armoire, et de M. Chaton à qui on a dérobé une pièce de 10
fr. qui était placée dans un porte-monnaie.
6 juin 1890
Igney-Avricourt
La gendarmerie d'Igney-Avricourt a dressé procès-verbal contre
le nommé Joseph Coeur, domestique à Gondrexon qui, s'étant vu
refuser l'entrée de l'Allemagne par un gendarme allemand, avait
insulté un douanier prussien.
25 juin 1890
Le passeport
La Correspondance de Strasbourg, organe officiel, a publié, dans
un numéro spécial, paru dans la nuit de samedi à dimanche,
l'article suivant :
« L'obligation du passeport.
» Le ministère d'Alsace-Lorraine a rendu, au sujet de
l'obligation du passeport, les dispositions ci-après qui seront
publiées dans le prochain numéro de la Feuille centrale et des
départements et qui entreront alors immédiatement en vigueur. »
Ne sont pas soumises à l'obligation du passeport les personnes
voyageant en chemin de fer qui veulent traverser
l'Alsace-Lorraine sans s'y arrêter et qui exhibent à la
frontière un billet de chemin de fer correspondant à leurs
intentions. Les billets de chemin de fer à destination de Kehl
n'exemptent pas de l'obligation du passeport. »
La décision que vient de prendre le miministère
d'Alsace-Lorraine sera bien accueillie par les administrations
des chemins de fer d'Alsace-Lorraine, des chemins de fer du
grand-duché de Bade, du Wurtemberg et de la Bavière, ainsi que
par la Compagnie de l'Est français, en ce sens que les entraves
mises à la circulation des voyageurs sur la grande ligne de
Paris-Avricourt-Appenweier-Munich et Vienne sont en partie
supprimées.
On sait que souvent, écrit le Journal d'Alsace, des voyageurs
étrangers à l'Alsace-Lorraine et qui ne voulaient que traverser
la gare de Strasbourg pour continuer directement leur roule, ont
dû s'arrêter à Avricourt, faute d'être porteurs d'un passeport
visé par l'ambassade d'Allemagne a Paris, ou d'un billet de
chemin de fer direct et valable jusqu'à Munich.
Désormais il suffira que les billets du chemin de fer soit
valables pour une station à l'est de Kehl, par exemple
Appenweier, Bade, Fribourg, etc., pour que les voyageurs soient
dispensés de produire un passeport et puissent par conséquent
franchir la frontière à Avricourt .
Les Etats de l'Allemagne du Sud à l'est de l'Alsace-Lorraine
accueilleront la décision que le ministère d'Alsace-Lorraine
vient de prendre - d'accord, sans aucun doute, avec la
chancellerie impériale à Berlin - aussi favorablement que les
administrations de chemins de fer. En effet, on se rappelle
qu'il s'est produit, soit au Reichstag, au cours de la séance
que celui-ci a consacrée à discuter l'interpellation Richter,
soit dans la presse, des plaintes très vives au sujet du
préjudice matériel que la mesure du passeport faisait éprouver à
l'industrie des villes d'eaux, des établissements de montagne et
au commerce des capitales de l'Allemagne du Sud, le nombre des
étrangers qui s'aventuraient à prendre la ligne de
Galais-Paris-Strasbourg-Appenweier diminuant de plus en plus.
Ainsi de ce côté-là satisfaction est donnée aux plaintes qui
devenaient de plus en plus générales.
Mais en ce qui concerne l'Alsace, tout reste dans le statu quo
ante. Les hôtels de notre pays avec les industries locales
qu'ils font vivre et notre commerce ne sont pas appelés à
profiter de la décision actuelle. C'est un adoucissement pour
tout le monde, sauf pour nous. Nous verrons passer les
voyageurs, mais nous n'en aurons que le regard. Après comme
avant les relations sur territoire alsacien entre les familles
que les événements de 1870 ont dispersées des deux côtés de la
frontière resteront subordonnées à l'obtention du visa. Après
comme avant les relations d'affaires subiront des entraves.
En un mot, pour nous, il n'y a rien de changé.
12 juillet 1890
Tabac de contrebande
Les douaniers d'Avricourt viennent de mettre la main sur une
quantité importante de tabac de contrebande allemand, introduit
en France d'une façon aussi originale que singulière.
Les paquets de tabac saisis étaient renfermés dans des articles
de poterie expédiés dans des caisses à claire-voie destinées
spécialement au transport de ces marchandises.
On vient, croit-on, par cette saisie, de mettre fin à un abus
qui devait se pratiquer depuis un certain temps.
23 juillet 1890
Enfin, on écrit de la Lorraine à la Gazette Francfort que
l'application de la loi du passeport continue à être faite d'une
manière vexatoire, même après les derniers adoucissements
apportés à cette loi. Les fonctionnaires de la police
interprètent de la façon la plus étroite l'ordonnance relative à
ces adoucissements.
C'est ainsi qu'il y a quelques jours un fabricant habitant le
département des Vosges voulait se rendre à Dresde en passant par
Avricourt, afin d'acheter une machine en Saxe. Or, comme d'après
l'ordon-
nance en question, il n'est pas besoin de se munir d'un
passeport lorsqu'on ne fait que traverser l'Alsace-Lorraine pour
se rendre en Allemagne à une station située au delà de Kehl, et
que la gare de départ du voyageur ne délivre pas de billet
direct pour l'Allemagne, le voyageur prit un billet pour
Avricourt et demanda à Avricourt un billet pour Dresde.
Qu'arriva-t-il ? La police allemande ne le laissa pas passer.
Elle l'arrêta et le força à rentrer en France, sons prétexte «
qu'il n'était pas déjà muni d'un billet prouvant qu'il ne ferait
que traverser la province ».
25 juillet 1890
Des malfaiteurs inconnus ont coupé une bâche recouvrant la
voiture de M. Lafont, marchand ambulant à Vexaincourt, qui avait
passé la nuit à Blâmont, et lui ont volé divers objets d'une
valeur de cinq francs.
6 août 1890
L'orage du 2 août
L'orage qui a éclaté le 2 août vers 2 heures du soir, a
occasionné des dégâts importants dans le canton de Blâmont.
Voici les pertes approximatives :
Communes de Blâmont, 55,291 fr.; de Blémerey, 23,125 fr. ; de
Buriville, 9,240 fr.; de Chazelle, 6,900 fr.; de Domèvre, 12,350
fr.; de Fréménil, 11,250 fr.; de Gogney, 19,625 fr.; de
Herbéviller, 56,275 f.; d'Ogéviller, 14,333 fr.; de Réclonville,
3,325 fr.; de Repaix, 26,216 fr.; de Saint-Martin, 59,675 fr.;
de Verdenal, 35,350 fr.; d'Igney-Avricourt, 20,000 fr.
Les pertes totales s'élèvent à 375,000 francs. Trois
propriétaires seulement sont assurés.
8 août 1890
Un cadavre
M. Knipler, brigadier forestier, étant en tournée au lieudit les
Quatre-Chemins, territoire de Neuviller, a trouvé pendu à un
jeune chêne le corps d'un homme étranger à la commune.
Il alla prévenir M. le maire qui fit faire les constatations
légales.
Cet individu a été reconnu pour être un nommé Finance, âgé de 55
ans, journalier à Mignéville . On ignore les causes de son
suicide.
13 août 1890
La gendarmerie a dressé procès-verbal contre le nommé Constant
Colette, maréchal-ferrant à Avricourt, village annexé. Colette
faisait du tapage dans la gare d'Igney-Avricourt et il injuria à
diverses reprises l'adjoint de la localité.
15 août 1890
Incendie
Le feu s'est déclaré dans une maison située à Leintrey et
habitée par M. Frémy.
Le feu dont la cause est inconnue a pris dans un tas de foin
placé au grenier. M. Thomas, instituteur, qui le premier
s'aperçut fie cet incendie, donna aussitôt l'alarme. Les dégâts
sont évalués a 6,000 francs couverts par une assurance. La
maison et tout ce qu'elle renfermait a été complètement
détruite.
20 août 1890
La gendarmerie de Blâmont a fait des recherches à l'effet de
découvrir si M. Jules Dietrich, conducteur de dépêches
d'Igney-Avricourt à Cirey, ne transportait pas de lettres,
paquets ou journaux en fraude, au préjudice de l'administration
des postes. Une perquisition, opérée dans la voiture de M.
Dietrich et sur sa personne, est restée sans résultat.
27 août 1890
Jambe brisée
M. Masson, cultivateur à Ancerviller, conduisait une voiture
chargée d'avoine. Arrivée à l'entrée du village, lieudit La
Treille, sa fille qui était assise sur la voiture lui cria
d'arrêter, en lui disant que le jeune Charles Gérardin, âgé de
11 ans, qui était monté sur le derrière de la voiture, avait la
jambe gauche prise dans la roue.
M. Masson arrêta son attelage et dégagea le jeune Gérardin,
qu'il transporta chez ses parents. Un médecin appelé à lui
donner des soins a constaté qu'il avait la jambe gauche
fracturée.
30 août 1890
La gendarmerie de Blâmont a fait des recherches à l'effet de
découvrir si M. Jules Dietrich, conducteur de dépêches
d'Igney-Avricourt à Cirey, ne transportait pas de lettres,
paquets ou journaux en fraude, au préjudice de l'administration
des postes. Une perquisition, opérée dans la voiture de M.
Dietrich et sur sa personne, est restée sans résultat.
31 août 1890
Orage
Les dégâts causés par le dernier orage s'élèvent pour la ville
de Blâmont à 35,000 francs.
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 6 août 1890
Michel Hovald, 29 ans, aiguiseur à Blâmont. Huit jours par
défaut. - Paul Mathis, 51 ans, charcutier à Igney. 10 francs
d'amende. - Julien Maire, 53 ans, manoeuvre à Reillon. 16 francs
d'amende.
27 septembre 1890
Commencement d'incendie
M. Schertz, cultivateur à Herbéviller, ayant constaté qu'un
incendie venait de se déclarer dans un tas de regain placé dans
le grenier de son habitation, se mit aussitôt en mesure de
sortir le fourrage. Grâce à cette mesure un incendie put être
évité. Le feu avait déjà causé pour 200 fr. de dégâts.
9 septembre 1890
COMICE AGRICOLE DE LUNÉVILLE
Le comice agricole de Lunéville a tenu dimanche, à Blâmont, son
concours annuel; aussi, dès les premières heures de la journée,
la jolie petite cité blâmontaise était envahie par un nombre
considérable de cultivateurs des environs et notamment des
communes voisines, aujourd'hui situées en Alsace-Lorraine.
Les trains suivant de Lunéville et d'Igney-Avricourt amenaient
également de nombreuses personnes, venant assister au concours,
et M. Viox, député, ainsi que M. le sous-préfet de Lunéville.,
entrent en gare de Blâmont à neuf heures du matin.
De la gare, qui est légèrement élevée au-dessus dés habitations
et devant laquelle se dressent les ruines d'un vieux château, on
aperçoit les drapeaux tricolores hissés au faîte de plusieurs
maisons. Les voyageurs se rendant à Blâmont par la voie, ferrée,
avaient déjà rencontré sur leur chemin, à la gare d'Igney, les
couleurs nationales qui tous les dimanches et les jours de fête
flottent sur la gare française, de cette localité, à quelques
mètres du poteau allemand que décore l'aigle noir à deux têtes
de l'empire.
A Blâmont, presque toutes les maisons sont pavoisées. La place
de de-Ville, réservée aux expositions agricoles et horticoles,
est très coquettement ornée de verdure et de drapeaux.
Le concours
[...], en avant au monumental bâtiment, réservé aux services
municipaux au milieu d'un vaste carré d'arbres qu'enserrent les
maisons, ont été placés symétriquement : au centre, l'outillage
agricole, puis ensuite les productions diverses apportées par
les cultivateurs prenant part au concours. A l'extrémité de la
place, en face de la grande porte de l'hôtel de ville, dont le
péristyle tapissé de branchages servira tout à l'heure pour la
distribution des prix, se détachz, sur un vaste écusson rouge,
le poli et le brillant de l'acier d'une série très complète
d'outils de toute nature disposés avec un goût tout particulier.
M. Vigneron, brasseur à Blâmont, expose du miel, de la
chartreuse de miel, du vin et du vinaigre de miel ; M.
Hennequin, de Blâmont, du miel en rayons ; M . Birster,
apiculteur à Thiébauménil, des ruches de divers systèmes et des
instruments d'apiculture ; M. Baumgarten, des abeilles vivantes
en ruches ; M. Malnory, de Nonhigny, des collections relatives à
la transformation des abeilles, des appareils de capturé de
guêpes et de frelons. On peut se rendre compte en visitant cette
partie apicole de l'exposition, du développement pris par la
section d'apiculture de Blâmont, dont la création est cependant
de date récente.
L'exposition horticole et agricole comprenait, parmi ses
exposants : M. le D Henriot, de Blâmont: une exposition agricole
et horticole très compléte, comprenant des fleurs notamment, des
dahlias, des rutabagas, des betteraves, des lisettes, des melons
et des choux. - M. Pierreville, contremaître du moulin de
Blâmont : des variétés de pommes de terre. - M. Constant Martin,
de Blâmont : des légumes variés et partout des carottes,
fouragères. - M. Émile Petit, de Verdenal, des vins de pays de
diverses années, des poires, des choux, des salades, des raisins
muscats. - M. Visine de Dombasle : 60 variétés de pommes de
terre; échantillons d'avoine, de blé et de seigle. - M, Humbert
de Halloville : fromages de pays, système Munster. - M. Paulus,
de Mervillers : fromages divers.- Les « Enfants de Bathelot »,
une fort complète collection d'outils divers. - M. Mathis de
Grandseille : de fort belles variétés de pommes de terre, des
pêches, des poires, des choux et des raisins. - M. Mazeraud,
jardinier de M. Duchamp à Blâmont : des fleurs coupées et en
pots, des betteraves, des lisettes, des fruits divers, des
légumes variés. - M.Antoni Colin, jardinier à Blâmont : des
poires, des pommes de terre, des radis, des légumes divers.
Le pensionnat du bienheureux Pierre Fourier : une collection
intéressante de produits horticoles et agricoles, - M. Hovasse,
propriétaire à Blâmont : dix espèces de poires. - M. François
Bernard, rue de Nabécor, à Nancy, pépiniériste : 10 espèces de
raisins, 40 variétés de pommes et 60 de poires; des spécimens
d'arbres fruitiers en plein vent et en espalier. - M. Job, de
Domêvre-sur-Vezouse: des produits horticoles, des carottes
fourragères et de beaux oignons.
M. Hennequin, de Blâmont : une complète collection de
quincaillerie. - M. Louis Foell, à Blâmont: dix belles
volailles, des blés de Toulouse, des dindons, des canards et des
pigeons. - MM. Henriot et Lafrogne ; de remarquables variétés de
lapins.
L'outillage agricole était représenté par MM. Bréton, d'Einvaux.
- Clément, d'Ancervillers. - Boulanger, de
Montcel-lès-Lunéville. - Paquotte, de Parroy.- Lenoir, de
Raon-l'Étape. - Bonnaire-Zimmermann, de Nancy, - De Meixmoron de
Dombasle, à Nancy. - Seliquer, de Blàmont. - Cette exposition
fort remarquable présentait de fort beaux spécimens d'outillages
dans lesquels chacun de ces nombreux fabricants à su se faire
une spécialité fort appréciée de nos cultivateurs lorrains.
MM. Joseph Voissement, vannier à Domêvre-sur-Vezouse,et M.
Charles Dubois, également vannier à Blâmont, présentaient chacun
une intéressante collection d'osiers.
L'exposition de coutellerie de M. Saccard, de Lunéville, et
celle de meubles de M. Florentin, de Blâmont, avaient été
organisées sous une tente qui dans la soirée a servi de salle de
danse.
L'exposition chevaline comprenait cinquante animaux environ.
Le concours de bétail comptait quarante vaches ou génisses,
quinze taureaux ou taurillons, six lots de porcs, six lots de
moutons, six ou sept chèvres,.
Cette dernière partie du concours avait lieu chemin des Pâtis.
Quinze attelages, dont trois de vaches, ont pris part au
concours de charrues.
La distribution des prix
A midi, la distribution des récompenses a eu lieu au
rez-de-chaussée de l'hôtel de ville. M. Viox, député ; M. le
sous-préfet de Lunéville ; M. Genay, président du comice; M.
Marchal, maire de Blâmont; M. Vigneron, secrétaire du comice,
prennent place à la table d'honneur ; en arrière, se trouvent
lés membres du comice: M. Fenal, conseiller général ; MM.
HouilIon et Louis, conseillers d'arrondissement, les maires de
plusieurs communes de l'arrondissement de Lunéville.
La «Blâmontaise», qui avait reçu le matin, aux accents de la
Marseillaise, les membres du comice arrivant à Blâmont, exécute
plusieurs jolis morceaux pendant cette cérémonie.
La compagnie de sapeurs-pompiers, en armes, fait la haie de
chaque côté de l'enceinte réservée aux places officielles.
M. Bancelin, sous-préfet, ouvre la séance et prononce un
intéressant discours dont voici des extraits :
« Un fonctionnaire présidant une solennité agricole est moins
apte qu'aucun de ceux qui l'entourent à faire ce que l'on
appelle le discours de circonstance.
» Pourquoi donc m'avez-vous fait l'honneur de m'inviter à
présider cette distribution de récompenses? Ne serait-ce pas que
vous considérez le sort de l'agriculture française comme bien
lié à celui de la République, que vous savez que le gouvernement
dont j'ai l'honneur d'être ici le représentant, n'a pas de
préoccupation plus vive, de question plus grave à l'étude que la
défense des intérêts agricoles.
» Je me félicité de cette occasion que vous m'avez offerte de
venir affirmer à mon tour devant les cultivateurs de
l'arrondissement de Lunéville toute la sollicitude du
gouvernement de la République pour ces intérêts.
» Je m'en félicite d'autant plus que, si je ne suis pas moi-même
un agriculteur, [....] qui existe entre la prospérité de notre
agriculture et la prospérité nationale.
» J'ai toujours pensé que la solution de notre crise économique
est dans le relèvement de l'agriculture française, que le salût
de la France est, avant tout, dans la protection des produits
nationaux, et je vous remercie de le dire publiquement.
» Je viens de faire allusion à une campagne à laquelle les
Lorrains ont pris la part la plus active, je dirai même
prépondérante. On a, eh effet, créé le ministère de
l'agriculture, et quels ont été les plus éminents titulaires?
Des Lorrains, M. Méline, M. Develle qui a tenu, lors de la
formation du cabinet actuel, à reprendre le même portefeuille.
» Où les ministres ont-ils puisé les arguments, les raisons
qu'ils font triompher devant le parlement ; où se sont-ils
inspirés si ce n'est au milieu de leurs électeurs, c'est-à-dire
des cultivateurs lorrains ?
» Vous travaillez donc pour une grande part au succès de notre,
cause, et je suis heureux de le constater. »
M. Bancelin énumère ensuite les armes nombreuses et utiles que
la République a mises aux mains des agriculteurs et termine
ainsi :
« Vous ayez beaucoup et utilement travaillé jusqu'à présent
cultivateurs, de l'arrondissement de Lunéville ! Je fais tous
les voeux pour que votre prospérité s'affirme et augmente chaque
année, et qu'à chacune de vos réunions annuelles, nous puissions
saluer les progrès accomplis, les beaux résultats obtenus et
applaudir le mérite des travailleurs, des producteurs, des
ouvriers auxquels nous allons décerner des récompenses. »
M. Genay, président du comice, prend ensuite la parole ; il fait
l'éloge funèbre de MM. Brice et Golesson, décédés depuis la
réunion agricole qui eut lieu à Blâmont en 1881, puis affirme
que malgré les orages, grâce aux procédés de culture aujourd'hui
appliqués, grâce aux soins, et à la vigilance des agriculteurs,
la récolte de céréales de l'année peut être classée parmi les
plus belles, sinon la plus belle dans la région.
L'orateur énumère les réformes utiles à l'agriculture déjà
accomplies et celles que les populations agricoles sont en droit
d'attendre. Il termine eh constatant l'importance des progrès
agricoles accomplis.
M. Vigneron procède ensuite à l'appel des lauréats. Nous
regrettons que l'abondance des matières nous oblige à en
ajourner la publication.
Le banquet
Le banquet était servi dans la grande salle du premier étage de
l'hôtel de ville par M. Collignon, propriétaire de l'hôtel des
Halles, à Lunéville.
En dehors des décorations se composant de trophées de drapeaux,
d'écussons formés de légumes pendus au balcon de la galerie qui
s'ouvre sur cette salle, on remarquait un tableau formé de
velours noir sur lequel se détachaient de nombreuses variétés de
points de broderies.
La table d'honneur se compose de : MM. Bancelin, sous-préfet ;
Viox, député; Genay, président du comice ; Marchal, maire de
Blâmont ; Fénal, .conseiller général ; du Chatelle, inspecteur
dés forêts, président de la société d'apiculture de l'Est, à qui
doit être attribué en grande partie le développement de
l'apiculture dans l'arrondissement de Lunéville et dans le
département tout entier; Suisse, vice-président du comice ;
Vigneron, secrétaire ; Berger, sous-secrétaire.
Dans l'assistance, on remarque M. Cuny, conseiller général; MM.
Louis et Houillon, conseillers d'arrondissement.
Au dessert, M. le sous-préfet qui préside le banquet, porte un
toast au président de la République.
M.Genay boit aux commissaires locaux, aux organisateurs de la
fête, au maire de Blâmont et à tous les commissaires.
Ces deux toasts sont accueillis par les cris unanimes de: « Vive
la République ! »
M. Figarol critique agréablement les remontrances ét les leçons
d'agriculture des agriculteurs en chambre et porte un toast à M.
Genay.
M. Viox, député, prend la parole ; après une légère allusion aux
justes critiques énoncées dans le toast du précédent orateur, il
dit qu'on à fort remarqué l'exposition d'arbres fruitiers. Il
n'y a donc pas que l'agriculture représentée dans la réunion, if
boit donc à l'horticulture, aux horticulteurs, et à M. Mazerand,
de Cirey. (Applaudissements.)
Le délégué de la Société centrale d'agriculture boit au comice
de Lunéville et à l'union des deux sociétés agricoles.
M. Poirel, maire d'Athienville, porte la santé de M. Figarol.
M. Jules Visine se déclare heureux, avant d'aller accomplir ses
trois années de service-militaire, de boire à la santé des
membres du bureau du comice.
M. Cuny, d'Igney-Avricourt, porte un toast aux quêteuses du
comice et à leur conducteur.
M. Marchal boit à la presse.
M. Hinzelin, doyen de la presse nancéienne, répond en buvant
aux. Membres du grand comice de Lunéville.
L'on se sépare sur ce dernier toast.
La Blâmontaise, massée devant l'hôtel de ville, donne un concert
qui a attiré une véritable foule d'amateurs.
Quelques instants après le bal s'ouvre, et lorsque le train de
six heures Un quart, ramenant à Lunéville les membres du comice,
s'éloigne de la gare de Blâmont, lorsque disparaît derrière un
pli de terrain la tour à moitié écroulée du vieux donjon, on
perçoit encore les notes joyeuses d'un gai quadrille.
Cette fête, favorisée par le beau temps, laissera certainement
un excellent souvenir à tous les amis de l'agriculture qui y ont
assisté.
1er novembre 1890
Vol à Blâmont
M; Constant Martin, cantonnier, garde de nuit à Blâmont, faisant
une tournée, vit vers onze heures du soir le nommé Marchal qui
frappait à la porte de l'auberge de M. Peroufle. Il demandait à
être logé, le débitant lui refusa. Marchal s'éloigna après ce
refus. Quelques instants après, M. Martin passait devant la
tannerie de M. Hertz lorsqu'il vit tomber au milieu de la rue un
morceau de cuir, une paire de souliers et un pantalon; il
s'approcha de la palissade fermant la tannerie et reconnut
Marchal qui se trouvait à l'intérieur.
M. Martin alla prévenir M. Hertz ; ce dernier vint accompagné
d'un de ses parents. Les trois hommes cernèrent la tannerie ;
lorsque Marchal aperçut à son tour M. Martin, celui-ci lui ayant
déclaré qu'il était inutile qu'il se dissimulât, qu'il avait été
reconnu, Marchal se rejeta dans l'intérieur de la tannerie. M.
Martin l'aperçut qui s'enfuyait. Il avait gagné un petit chemin
qui longe la Vezouse.
Le garde se mit à la poursuite du fuyard, le rejoignit cent
mètres plus loin et l‘arrêta.
Marchal tut aussitôt conduit à la gendarmerie. On le fouilla, il
était porteur d'un certain nombre de paquets d'allumettes de
contrebande. Il a été aussitôt écroué.
11 décembre 1890
Commencement d'incendie
M. Jules Daguindeau, employé à la maison d'Hausen et Cie, à
Blamont, était allé dans le magasin au fer, donner la pression
nécessaire et mettre en manœuvre l'appareil à gaz destiné à
l'éclairage des ateliers. Il venait de verser la « gazoline »
dans cet appareil lorsque son tablier prit feu. Au même moment,
un autre ouvrier, M. Fougeron, pénétrait dans ce local ; il se
précipita sur son camarade, lui arracha son tablier et son
paletot qui flambaient déjà et Daguindeau courut se rouler dans
la neige; il en fut heureusement quitte pour des brûlures sans
gravité.
Mais le feu avait pris à l'amas de paille entassée autour de
l'appareil pour l'empêcher de geler.
Fougeron donna aussitôt l'alarme, les ouvriers accoururent et se
rendirent rapidement maîtres de ce commencement d'incendie qui a
complètement détérioré l'appareil d'éclairage.
14 décembre 1890
Infanticide
La gendarmerie de Blâmont a ouvert une enquête sur un crime
d'infanticide. La nommée Marie Lamblin, veuve Meunier,
journalière à Verdenal, aurait accouché, le 8 courant, d'un
enfant du sexe masculin, qui serait mort faute de soins quelques
heures après.
Lorsque les gendarmes se sont présentés chez l'inculpée, ils
n'ont pu l'interroger à cause de son état de faiblesse.
18 décembre 1890
Brûlé vif
M. François Alison, maçon à Pettonville, a été trouvé le corps
en partie carbonisé, couché dans un des fossés de la route
allant de Veho à Domjevin, à cinq cents mètres environ de cette
dernière commune. Le corps portail à la tête, au-dessus de
l'oeil, une blessure assez profonde et on avait trouvé épars sur
la route, la casquette, la pipe et la blague à tabac d'Alison.
Voici dans quelles circonstances M. Alison a succombé. En
cherchant à allumer sa pipe, il mit le feu dans la poche droite
de son pantalon et engourdi par le froid ne put immédiatement
l'éteindre. Quelques instants après ses vêlements étaient en
flammes. Alison voulut alors aller se rouler dans la neige, mais
en franchissant le fossé, il tomba, se blessa au front et ne put
se relever. Ses vêtements achevèrent de se consumer sur lui
pendant que le malheureux mourait d'une congestion.
20 décembre 1890
Tentative de vol
Un malfaiteur, demeuré jusqu'alors anconnu, s'est intreduit la
nuit dans le bureau de M. le chef de gare d'Emberménil et a
essayé d'ouvrir le tiroir contenant la recette.
Ses efforts ne furent pas couronnés de succès, car la clef dont
il se servait cassa dans la serrure et il dut se retirer sans
avoir pu ouvrir le tiroir. Aucun des employés n'a remarqué
d'individu suspect dans la soirée où la tentative de vol a eu
lieu.
27 décembre 1890
Tentative de suicide
Un soldat du 3e régiment de génie, en garnison à Nancy, nommé
Collin, appartenant à la classe de 1888, originaire de Blâmont,
a tenté de mettre fin à ses jours en se jetant d'une fenêtre du
second étage dans la cour de la caserne de la porte de la
Citadelle.
C'est au moment d'aller à l'exercice et alors que tous les
sapeurs étaient déjà réunis dans la cour que Collin, quittant la
chambre et arrivant sur le palier, enjamba la fenêtre, se
suspendit à la pierre par les mains puis lâcha prise. Il tomba
debout, puis s'abattit en avant. Le bas du visage porta sur un
décrottoir en fer et Collin eut le menton brisé.
On s'empressa autour du malheureux à qui on prodigua les
premiers soins, puis il fut transporté à l'hôpital militaire.
Les parents de Collin ont été informés de ce dramatique
événement. Collin qui avait d'abord été ajourné pour faiblesse
de constitution avait été déclaré apte au service l'année
suivante. Dès son incorporation, Collin devint triste,
recherchant la solitude et évitant autant qu'il le pouvait de
causer avec ses camarades.
Mme Collin venait fréquemment voir son fils en l'engageant à
prendre courage. Rien néanmoins ne faisait prévoir que le pauvre
garçon attenterait à ses jours.
30 décembre 1890
Accident
M. Joseph Jacques, propriétaire à Herbéviller, a été trouvé
couché en tra- vers de son lit par une personne qui allait
journellement lui donner des soins. Le malheureux ne donnait
plus signe de vie. Le médecin, appelé à constater le décès,
déclara que la mort était te résultal d'une congestion produite
par l'abus de l'alcool.
Jacques avait contracté l'habitude de s'enivrer.
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