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Le Progrès de l'Est

- 1887 -


5 janvier 1887
TRIBUNAL CORRECTIONNEL.. - Le tribunal correctionnel de Lunéville a, dans son audience du 12 janvier 1887, prononcé les condamnations suivantes :
[...] Jean-Baptiste Galet, quarante-neuf ans, domestique à Blâmont. vol d‘argent au préjudice de la veuve Thiébaut, à Autrepierre, et d'abus de confiance au préjudice de M, Masson, à Badonviller,
1 mois de prison.

25 janvier 1887
Affaire Mézière
Samedi, M. Mézière, ancien banquier à Blâmont, a été extrait de la prison de Lunéville et conduit, entre deux gendarmes, â la gare, pour être dirigé sur Nancy.
Le parquet général interjette appel à minima du jugement prononcé par le tribunal de Lunéville.


27 janvier 1887
AFFAIRE MÉZIÈRE. - On nous écrit de Blâmont :
« La résolution prise par M. le procureur général d'interjeter appel du jugement du tribunal de Lunéville a été accueillie dans notre ville avec une satisfaction très vive.
» Sans vouloir exercer une pression quelconque sur lès décisions de la justice, l'opinion voit dans cette mesure une tendance à la répression vigoureuse de certains délits que les cours et tribunaux ont regardés jusqu'à présent avec une indulgence peut-être trop philosophique.
», La répression est faite surtout pour l'exemple. Nous avons besoin dans notre pays de Lorraine d'être prémunis contre le retour de ces scandales qui tendent à devenir périodiques. On est heureux de voir l'action judiciaire en des mains fermes, énergiques, résolument avisées. »


1er février 1887
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LUNÉVILLE. - Audience du 26 janvier 1887 :
Auguste Klein, cinquante-six ans, né à Sarrebourg, sans profession ni domicile, déjà condamné dix-neuf fois, vagabondage, escroquerie et vol d'un gilet au préjudice de M. Lhote, à Blâmont, et d'une clef et d'une paire de draps au préjudice de M. Noirel, à Lunéville, quinze mois de prison et relégation.
[...] Àmand Hentsch, trente-cinq ans, manoeuvre à Leintrey, outrages et violences à maire, seize francs d'amende,
[...]Auguste Hennequin, vingt-deux ans, sans profession à Blâmont, délit de chasse, seize francs d'amende.


10 février 1887
Assises de Meurthe-et-Moselle
Président .M. Tulpain. - Assesseurs: MM. Stainville et Thomas.
Audience du mercredi 9 février
Cinquième affaire. - PARRICIDE ET COMPLICITE. - Charles-Valentin Colin et Marie Barbe Humbert, femme Colin, à Vacqueville, sont accusés d'avoir assassiné Victor Colin.
ACTE D'ACCUSATION
Le nommé Victor Colin décéda à Vacqueville le 20 septembre 1886, à l'âge de cinquante-trois ans. On le trouva gisant dans sa maison sur le sol de sa cuisine, la tête perforée de plusieurs balles et à ses côés deux pistolets déchargés.
Sa famille déclara qu'il s'était volontairement donné la mort. Mais dans le courant du mois de décembre dernier, une tumeur suspecte émut l'opinion publique, et bientôt le bruit courut que le nommé Victor Colin ne s'était pas suicidé, mais qu'il avait été mis à mort par sa femme et son fils Charles.
L'enquête à laquelle il fut procède justifia cette accusation et révéla les faits suivants :
Le 19 septembre 1886, Charles Colin, âgé de dix-huit ans, partit en voiture avec son père dans les environs de Blâmont pour acheter du grain. Pendant le trajet, Colin père s'arrêta à toutes les auberges et à Gondrexon, où il chargea sa marchandise, il acheva de s'enivrer au point de se tromper de route en revenant à Vacqueville.
Arrivé près de Domêvre, son fils ayant refusé d'entrer dans une auberge, il le brutalisa et lui porta, au dire de celui-ci, deux ou trois coups de manche de fouet sur l'épaule, en proférant contre lui des menaces de mort.
Colin fils prit alors la fuite et rentra à pied à Vacqueville où il fit part à sa mère des projets de son père, ajoutant : « Je vais prendre le pistolet et si mon père nous menace de la hache ou du couteau comme il le fait souvent, alors tant pis pour lui. » Sa mère lui répondit : « Fais comme tu voudras. » Prenant alors un pistolet à deux coups déposé dans la malle de son frère, il coupa des lingots de plomb avec son couteau pour en faire des projectiles, chargea son arme en présence de sa mère et, après avoir pris la précaution de se munir de capsules de rechange, il attendit le retour de son père.
Celui-ci, qui avait continué sa route après le départ de son fils, s'arrêta à l‘auberge du sieur Villaume, à Montigny, où, en buvant, il proféra encore des menaces. Il rentra chez lui vers le soir en état complet d'ivresse. Dès qu'ils l'entendirent, les deux accusés s'empressèrent de se cacher : le fils, toujours armé de son pistolet, dans une chambre obscure attenant à la cuisine; la mère sous un hangar contigu au corridor.
Pénétrant alors dans la cuisine et ne voyant personne, Colin père entra en colère, puis saisissant une hache qui se trouvait près du buffet il alla dans la chambre voisine et en porta plusieurs coups sur la malle de son fils pour la fracturer.
A ce bruit, l'accusé sortit de son réduit et s'approcha de son père en lui demandant ce qu'il faisait. Celui-ci surpris par l'arrivée de son fils, s'avança sur lui la hache levée. Devant cette attitude, l'accusé sortit son pistolet tout armé de sa poche, visa son père à la tête et fit feu à deux mètres de distance. Le coup l'atteignit et lui fit une blessure à l'oeil droit.
Déposant alors sa hache, Colin père se jeta sûr son fils et engagea avec lui une lutte corps à corps dans laquelle il fut terrassé sur le sol de la cuisine. L'accusé le maintint sous lui, les genoux sur sa poitrine, puis, saisissant son pistolet, et le lui braquant sur la tête, il tira un second coup qui rata. Sur ces entrefaites, la femme Colin arriva. Sans perdre son sang-froid et sans lâcher sa victime qui criait au secours, Colin dit à sa mère d'aller lui chercher le revolver et les cartouches placés dans sa malle. Celle-ci obéit, se munit d'une lumière et apporta le revolver quelle essaya même de charger, mais ne pouvant y parvenir, elle passa l'arme à son fils et se baissa pour l'éclairer.
Celui-ci, tenant de la main gauche son père déjà, terrassé sous ses genoux, parvint à l'aide de la main droite, à glisser une cartouche dans le revolver, puis, appliquant le canon sur la blessure de l'œil droit d'où le sang s'échappait, il lui tira un troisième coup à bout portant: Comme son malheureux père râlait encore et se débattait sous ses étreintes, il envoya une seconde fois chercher des capsules dans la malle de son frère ; il amorça de nouveau le second coup du pistolet qui .précédemment avait raté, introduisit le canon de l'arme dans la bouche de son père et une quatrième et dernière décharge mit fin à sa longue et cruelle agonie.
La veuve Colin, courbée près de son fils et tenant une lampe à la main, assista impassible à cette horrible scène.
Après ce monstrueux attentat, accompli d'une façon si barbare, l'accusé lava ses mains souillées du sang de son père, disposa les armes à côté du cadavre pour faire croire à un suicide et, d'accord avec sa mère, il s'empressa de raconter à des voisins et d'aller déclarer à la mairie que son père venait de se suicider.
Mais cette scène avait eu des témoins qui, depuis, ont révélé le crime. Les sieurs Treff et Grandblaise, entendant la première détonation, s'étaient approches de la fenêtre de la cuisine, dont les volets n‘étaient point fermés; ils avaient vu l'accusé tuer son père à coups de revolver et la femme Colin aider son fils dans l'exécution de son crime. C'est sur la déclaration de ces témoins que Charles Colin et sa mère ont été mis en état d'arrestation.
Les accusés font des aveux complets, cependant Charles Colin prétend s'être trouvé en état de légitime défense lorsqu'il a fait feu la première fois sur son père, ajoutant qu'il a tiré les autres coups sans réfléchir et que s'il eût eu le temps de la réflexion il eût peut-être agi de même.
Ce système de défense est combattu par le récit même de l'accusé, car il résulte de ses aveux et de ceux de sa mère qu'il avait l'intention formelle et bien arrêtée de donner la mort à son père. Du reste, les longs préparatifs qui ont précédé le crime, l'acharnement féroce dont il a fait preuve sur sa victime sans défense, l'assistance volontaire et utile que lui a prêtée sa mère démontrent que tous deux avaient froidement résolu leur crime.
Les accusés n'ont pas d'antécédents judiciaires et les renseignements fournis sur leur compte sont favorables.
Colin père s'adonnait à la boisson et lorsqu'il était en état d'ivresse il exerçait de mauvais traitements sur sa femme et ses enfants.
Le 8 octobre 1879, il a été condamné à trois ans de prison par le tribunal de Lunéville pour coups volontaires, ayant entraîné une incapacité de travail de plus de vingt jours sur la personne de sa femme.

INTERROGATOIRE
L'interrogatoire de Charles-Valentin Colin confirme en général les faits relevés par l'instruction et énoncés dans l'acte d'accusation. En ce qui concerne lascène du crime, M. Tulpain demande à l'accusé si, au moment où il est revenu à Vacqueville pour prévenir sa mère de l'arrivée de son père, il n'avait pas immédiatement décidé son crime.
- Non, monsieur, répond l'accusé.
D. - Pourquoi, fils Colin, n'avez-vous pas enlevé la hache qui se trouvait toujours placée bien en évidence dans la cuisine ?
R. - Je n‘y ai pas pensé, du reste mon père avait toujours un-couteau sur lui.
D. - Vous avez pris un pistolet dans la malle de votre, frère. Il lui appartenait. Est-ce que cette malle était ouverte ?
R. - Oui, monsieur.
D. - Vous l'avez chargé?
R. - Oui, monsieur.
D. - Qu'avez-vous fait en entendant venir votre père ?
R. - Je me suis réfugié dans le hangar à côté de la cuisine.
D. - Dites-nous ce qui s'est passé.
R. - Aussitôt que mon père m'a entendu arriver il s'est retourné, je lui ai demandé ce qu'il faisait là. Il est venu alors sûr moi, la hache levée. Il a fait deux pas vers moi. J'ai tiré.
D. - Quand vous êtes entré dans la cuisine, où était votre pistolet ?
R. - Dans ma poche.
D. - Votre pistolet était-il armé ?
R. - Je ne m'en souviens pas.
D. - Vous ayez sorti votre pistolet et visé à là tête ?
R. - Oui, monsieur.
D.- Aussitôt ce coup tiré, que faites-vous ?
R. - Mon père a déposé sa hache et s'est précipité sur moi. J'ai jeté mon pistolet et j'ai saisi mon père à bras-le-corps. Ma mère est arrivée au moment où moi et mon père tombions à terre.
D. - N'avez-vous- pas, pendant que vous mainteniez votre père, repris le pistolet et tiré un second coup ?
R. - « Oui. Si nous avions perdu, il y aurait eu plusieurs morts, ce n'est pas pour moi seul que j'ai agi » (sic).
D. - Votre deuxième coup de pistolet raté, vous envoyez votre mère chercher le revolver et les cartouches ?
R. - Oui.
D. - Avez-vous essayé de charger cette arme, femme Colin?
La femme Colin. - Oui.
D. - C'est vous, femme Colin, qui avez dit au docteur Schmitt que votre mari s'était armé d'un revolver et d'un pistolet et s'était suicidé.
R. - Oui.
D. - Est-il exact, femme Colin, que le jeudi qui a précédé le crime, votre mari vous ait fort maltraitée.
R. - Oui. Il m'a violemment frappée et m'a dit: « Je t'ai manquée une fois, mais la seconde tu y passeras » et il plaça un couteau sur la table de nuit.
Charles Colin déclare que huit jours avant le crime son père l'appela près de lui, le fit asseoir sur une chaise et lui plaça la pointe d'un couteau, sur l'estomac en lui disant : « je te ferai comme à ta mère. »
D. - Pourquoi avez-vous pris le pistolet de votre frère au lieu de vous servir de votre revolver?.
R. - Il était rouillé, et il s'agissait d‘une question de vie et de mort, non seulement pour moi, mais, pour ma mère, et si je l'avais manqué, il ne nous aurait pas manqués.

AUDITION DES TÉMOINS
Jean-François Treff, manoeuvre, a vu tirer les deux premiers coups de feu et s'éloignait lorsqu'il entendit la troisième détonation. Le témoin déclare que la violence du caractère de Colin père, bien connue dans le pays, l'a empêché d'intervenir.
Le témoin ajoute qu'un jour Colin a saisi un de ses enfants dans un mouvement de colère et l'a lancé sur les rouages d'une machine à battre, puis il a essayé de faire marcher les chevaux qui étaient arrêtés ; le témoin a pu arracher l'enfant au moment où il allait être broyé.
- Charles Graadblaise, cultivateur à Vacqueville, confirme cette déposition.
- La dame Antoine a entendu Colin père faire du tapage en rentrant. Elle déclare qu'à diverses reprises, Colin père a couru après sa femme, un grand couteau à la main, lui criant : « Je t'ai manquée une fois, je ne te manquerai pas une seconde. »
- Jean-Baptiste Colin, maire de Vacqueville, cousin au troisième degré avec le décédé : « Colin n'a jamais rien fait de bon ; il a essayé de tuer sa femme et a été condamné pour ce fait. Sa femme et ses enfants se sont toujours bien conduits et il n'y a rien à dire sur leur compte. Colin a, dans une scène de violence, brisé la jambe de son fils aîné. Pendant que celui-ci était alité, il vint le menacer. Sa violence fut telle que l'enfant, effrayé, sauta par la fenêtre et se brisa de nouveau la jambe. Colin père tira un jour un coup de fusil dans les fenêtres de l'habitation de son propre père. Ce dernier dut uitter le pays. Colin père a également menacé son frère de le tuer. »
Plusieurs autres témoins confirment les précédentes dépositions et insistent sur la violence du caractère de Victor Colin.
MM. les docteurs Mangin et Schmitt, médecins à Baccarat, rendent compte de l'expertise médicale.
D'autres témoins fournissent de bons renseignements sur le fils Colin.
Ministère public : M. Obrin. - Défenseur : Me Larcher.

RÉQUISITOIRE
Immédiatement après l'audition des témoins qui se termine à quatre heures du soir, la parole est donnée au ministère public.
L'avocat général rappelle d'abord la scène du crime, puis il cherche â établir que le fils Colin, n'était pas en état de légitime défense, lorsqu'il a tiré sur son père et, tout en admettant dans une certaine mesure l'admission, des circonstances atténuantes, il réclame une punition sévère.
Réprimez ce crime, messieurs, dit en terminant l'avocat général, ce crime que la loi ancienne n'avait pas prévu et qui devient hélas trop commun aujourd'hui.
Vous êtes, messieurs, les mandataires de la société, vous représentez en ce moment l'autorité paternelle et vous devez réprimer de pareils faits, de pareilles atrocités. Réprimez-les humainement et que votre jugement soit le cri de la nature violée dans ses derniers et plus chers sentiments.
L'audience est suspendue dix minutes, A la reprise, Me Larcher a la parole.
Le défenseur des accusés rappelle tout d'abord la situation malheureuse faite à la famille Colin par les habitudes d'ivrognerie et la violence de caractère de celui qui en était le chef - Il rappelle toutes les souffrances qu'a endurées la femme Colin ainsi que ses enfants ; puis arrivant à la scène du crime, il s'applique à démontrer que le fils Colin était en état de légitime défense ; qu'il n'a pas prémédité avec sa mère le meurtre dont il a été l'auteur, et que la responsabilité de ce terrible drame doit retomber sur celui qui en a été victime. Me Larcher termine en demandant l'acquittement.

Après une courte réplique du ministère public qui, s'armant de la loi qui dit que le parricide n'est jamais excusable, combat l'excuse de la légitime défense et une réponse du défenseur qui combat cette opinion, le jury se retire dans sa salle de délibérations.
Il en ressort à huit heures du soir après un quart d'heure de délibération et rapporte un verdict négatif. En conséquence, Charles-Valentin Colin et Marie-Barbe Humbert, femme Colin, sont immédiatement mis en liberté.


12 février 1887
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LUNÉVILLE. - Audience dû neuf février 1887 [...]
Martin Homme]; cinquante ans, sujet allemand; domestiqué sans domicile, vol de deux lapins au préjudice de Mme Colin, à Blâmont, deux mois de prison.


9 mars 1887
Contrebande
Les employés de la douane d'Igney-Avricourt ont arrêté en flagrant délit de contrebande de tabac le nommé Marlin, tailleur sur verre à Clérey (Vosges).


26 mars 1887
RIBUNAL CORRECTIONNEL DE LUNÉVILLE.
- Audience du vingt-trois mars 1887
Charles Mathion, cinquante-deux ans, demeurant à Emberménil. Mise en vente de grenouilles en temps prohibé, sans certificat de provenance. Cinq francs d‘amende.


29 mars 1887
Un ouvrier de M. Weisbach, fabricant de poupées à Emberménil, a disparu de cette localité emportant cent mètres de cretonne, estimés trente-deux francs, et les outils qui lui avaient été confiés pour la fabrication des poupées. De plus, cet ouvrier, qui se nomme Suffa, devait à son patron une somme de 119 francs.


1er avril 1887
M. Petit, forgeron à Verdenal, a trouvé sur la route de Verdenal à Blâmont le cadavre du nommé Marchal, mendiant. Il résulte de l'examen médico-légal que Marchai a succombé aux suites d'une congestion cérébrale.


28 mai 1887
ACCIDENT DE VOITURE. - M. Corbeil, domestique à Xousse, revenait de Lunéville conduisant une voiture à quatre roues, attelée de quatre chevaux et chargée. Son oncle, M. Barthélemy, l'accompagnait; il dirigeait également un attelage.
En sortant de Lunéville, à la hauteur des nouvelles casernes, Corbeil voulut s'asseoir sur l'un des chevaux attelés à sa voiture. Il calcula mal son élan et retomba sur le sol, du côté montoir ; la roue de devant du véhicule lui passa sur la cuisse gauche.
M. Barthélemy, témoin de l'accident qui venait d'arriver à son neveu, se précipita à son secours, arrêta les chevaux et chercha à relever Corbeil, qui avait le fémur gauche gravement fracturé.
Aidé par un autre voiturier, M. Barthélemy plaça son neveu sur une des voitures et le ramena à Lunéville où les premiers soins lui ont été donnés.


8 juin 1887
Disparition
M. Pierre Fix, propriétaire à Blâmont, a disparu de son domicile. On suppose qu'il s'est noyé accidentellement dans la rivière la Voix, au lieu dit pont du Czar, sur le chemin vicinal d'Autrepierre à Blâmont. Toutes les recherches faites pour le retrouver sont restées sans résultat.


9 juin 1887
TRAINS EN DÉTRESSE. - On nous écrit de Blâmont :
« Nous signalons à qui de droit le fait suivant : Le train d'Avricourt à Cirey est resté trois fois en détresse dans l'espace de quelques semaines par suite de rupture à la machine. Les deux derniers accidents viennent de se produire à quelques jours d'intervalle.
» On se demande ce qu'il adviendrait, si malheureusement pareil fait arrivait en descendant les rampes de Foulcrey. Avec une voie aussi productive et surtout aussi accidentée, le matériel doit être irréprochable.
» Nous réclamons la sécurité que la compagnie nous doit et qui nous manque en ce moment. »


11 juin 1887
Le 4, à Avricourt, Jean Guise s'est pendu à son domicile. Guise était veuf et laisse quatre enfants. On ignore le motif du suicide.


14 juin 1887
Mandat d'arrêt contra un curé
Nous avons reçu de plusieurs communes des lettres annonçant qu'un mandat d'arrêt a été lancé contre le curé de Domëvre-sur-Vezouse. Ce curé se nomme Joseph-Edouard Legras; il a quarante ans. L'Eclaireur, de Lunéville, confirme le fait et raconte que Legras a gagné Blamont, d'où il a pris un billet pour Nancy.
Ce personnage se serait rendu coupable d'actes que nous nous abstiendrons de décrire, par respect pour la pudeur de ceux qui nous lisent.


18 juin 1887
NOYÉE ACCIDENTELLEMENT. - Une jeune enfant, âgé de deux ans, Madeleine Bonhomme, fille d'un aubergiste de Reillon, tomba accidentellement dans une cuve pleine d'eau, placée près de la porte du domicile de ses parents. Lorsqu'on arriva au secours de l'enfant, qui avait les bras et la tête dans l'eau et le reste du corps en dehors de la cuve, l'asphyxie était complète.


25 juin 1887
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LUNÉVILLE. - Condamnations prononcées dans l'audience du vingt-deux juin 1887: [...] Louis Malgras, trente-deux ans, domestique à Blâmont, coups et blessures volontaires au sieur Munier, domestique à Blâmont, vingt-cinq francs d'amende.


10 juillet 1887
Dimanche, entre midi et deux heures, sur la voie ferrée, entre Deutsch et Igney-Avricourt, un petit coffre fixé à un poteau au delà de la frontière française, et dans lequel sont enfermés, les livres de contrôle des gardes de ligne, a été forcé par un inconnu. Le contenu du coffre est resté intact. Probablement à la même heure, rapporte la Gazette de Sarrebourg, une pièce de bois a été placée en travers de la voie, à vingt mètres de la frontière, du côté français. On peut présumer que l'auteur de ce méfait, qui est également inconnu, a voulu faire dérailler le train omnibus qui part à deux heures d'Igney- Avricourt pour Deutsch- Avricourt.


21 juillet 1887
Tentative de suicide et chute mortelle
Lé dix-sept juillet à sept heures du soir, les gendarmes d'Igney-Avricourt apprenaient qu'un individu venait de grimper presque à l'extrémité d'un peuplier situé sur la route, à cinq cents mètres de la gare, du côté de Blâmont. Les gendarmes se rendirent aussitôt sur le lieu et invitèrent l'individu à descendre. L'individu ne répondit pas et, se passant la tête dans un noeud coulant fait avec son mouchoir attaché au moyen d'une corde à l‘arbre, il se jeta dans le vide. La secousse fut si violente que la corde se rompit. Le malheureux se raccrocha à une branche, mais elle se brisa et il vint, de douze mètres de hauteur, s'affaisser sur le sol.
Relevé et transporté chez Mme veuve Bouvard, aubergiste, cet individu y est mort le lendemain matin sans avoir repris connaissance. Il résulté des papiers trouvés en sa possession que c'est un nommé Charles Thomas, domestique en dernier lieu à Crézancy (Aisne). D'après des renseignements fournis par la famille du défont, il.ne possédait pas toutes, ses facultés mentales.


6 août 1887
Le tribunal correctionnel de Lunéville a, dans son audience du 3 août 1887, prononcé les condamnations suivantes :
Isidore Marchai, trente-six ans, domestique à Domêvre (à déjà subi quatre condamnations variant de huit jours à dix-huit mois de prison, pour coups, vol et abus de confiance), escroqueries au préjudice de M. Bonnetier, cultivateur à Repaix et à M. Pierron, cultivateur à Verdenal; tentative d'escroquerie au préjudice de Mme Nicolas, à Blâmont. Quatre mois de prison et relégation.


7 août 1887
Le préfet de Meurthe-et-Moselle et les Allemands
L'arrêté de M. le préfet ordonnant la fermeture de l'établissement des frères Wisbach à Emberménil est l'objet de commentaires dans la presse allemande.
En ce qui nous concerne, dit le Tagblatt. nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de faire entrer une armée en France. Si les persécutions contre les Allemands continuent, et que le gouvernement français ne prenne pas de mesures pour s'y opposer, nous devrions simplement considérer la France comme une nation barbare.
Nous devrions ensuite rompre les relations diplomatiques, cesser toutes relations de chemins de fer, de poste, et placer un cordon militaire à la frontière. Si les Français nous font la guerre en temps de paix, agissons de même.
La Gazette de Cologne déclare que l'arrêté du préfet de Meurthe-et-Moselle, les discours prononcés récemment, les manifestations qui ont en lieu en France doivent être considérés comme autant de provocations à l'adresse de l'Allemagne.
On est anxieux, dit-elle, de savoir si le gouvernement allemand partagera cette appréciation et sortira, en présence de ces provocations françaises, de la réserve qu'il a gardée jusqu'ici.


9 août 1887
La fabrique d'Emberménil
Le préfet de Meurthe-et-Moselle vient, par un nouvel arrêté, de suspendre pour un délai de trois mois l'arrêté qu'il avait pris, concernant la fermeture d'une fabrique de poupées située à Emberménil et dirigée par le nommé Wissbach.
Le propriétaire de cette manufacture a adressé, à la date du quatre août, au préfet de Meurthe-et-Moselle, une pétition dans laquelle il fait connaître qu'il possède en ce moment, en magasin, pour trente mille francs de marchandises fabriquées. Il sollicite un délai pour lui permettre d'écouler son stock.
C'est pour faire droit à cette demande que le préfet vient de prendre ce second arrêté.


13 août 1887
TRIBUNAL DE LUNÉVILLE. - Le tribunal a, dans son audience du dix août 1887, prononcé les condamnations suivantes :
Emile Lacour, cinq ans, demeurant chez son père à Leintrey, destruction d'un nid d'alouettes, acquitté comme ayant agi sans discernement, condamné aux frais. Le père a été déclaré civilement responsable.


17 août 1887
M. Lang, l'instituteur d'Igney-Avricourt, nous écrit pour nous affirmer que ni lui ni ses élèves, n'ont franchi la frontière le quatorze juillet. Il n'a pas été non plus arrêté au sens propre du mot.
Un gendarme allemand l'a prié de passer chez le commissaire d'Avricourt, qui lui a fait savoir qu'il devrait désormais se munir d'un permis pour passer la frontière.
M. Lang affirme en même temps que les chants qui ont été exécutés par ses élèves le quatorze juillet, n'avaient aucun caractère agressif pour aucune nation étrangère.

ATTAQUE D'APOPLEXIE. - M. Clasquin, propriétaire à Vého, a trouvé le cadavre de son père étendu au milieu d'un champ. Il résulte de l'examen médico-légal que M. Clasquin père a été frappé d'une attaque d'apoplexie.


1er septembre 1887
La police d'Avricourt a confisqué plusieurs exemplaires de l'ouvrage intitulé Plus d'Angleterre, adressés à un libraire en Alsace. Sur les réclamations adressées par ce dernier à l'autorité compétente, il lui a été répondu par le parquet de Saverne que les livres en question n'ont pas été confisqués à cause de leur contenu, mais « parce qu'ils étaient revêtus d'une couverture tricolore ». Nous donnons ce motif pour ce qu'il vaut.


4 septembre 1887
Cinq bambins d'Avricourt, d'une dizaine d'années, s'en allèrent ensemble aux champs pour faire des expériences de pyrotechnie avec cent grammes de poudre. Ils allumèrent un feu, se campèrent à l'entour et tout à coup, avant qu'ils ne s'en fussent doutés, la poudre prit feu. Quatre des petits imprudents furent blessés à la figure et aux mains ; le cinquième en quitte pour la peur.


6 septembre 1887
TUÉ PAR UNE MACHINE A VAPEUR. - M. Murer, chauffeur à Blàmont, employé dans la forge de Mmo veuve Batelot, voulut arrêter une machine à vapeur dont une pièce venait de se briser. Il s'approcha de la machine, fut atteint par la bielle et violemment projeté contre le mur. M. Henriot, docteur en médecine à Blâmont, vint donner ses soins au blessé qui mourut une heure après l'accident. Murer avait reçu des contusions multiples à la tête et à la cuisse droite.


8 septembre 1887
FAILLITE THOUVENEL. - On peut lire en ce moment, à Blâmont et dans toutes les communes du canton, un avis ainsi libellé :
« L'épurement des comptes de M. Thouvene!, ancien notaire à Blâmont, étant terminé et le résultat connu, le liquidateur, M. Velker, a l'honneur de prévenir les créanciers qu'il leur sera distribué un premier dividende de 15 à 16 % vers la fin de Tannée. »
Résultat de la faillite Thouvenel : passif, 1,050,000 fr.; actif, 160 à 180,000 fr.


2 octobre 1887
Pierre Apffel, âgé de dix-neuf ans, garçon boucher à Strasbourg, avait essayé, par la fuite en France, de se soustraire à l'obligation du service militaire. Le cinq septembre de cette année, Apffel avait pris un billet pour le train du matin de Strasbourg à Avricourt. Il descendit toutefois du train déjà à Réchicourt pour gagner à pied la frontière française. Il ne tarda pas à être arrêté par un gendarme, auquel il déclara qu'il avait été engagé par un boucher de Blâmont et qu'il allait se rendre dans cette ville. Un individu qui s'était trouvé dans le même compartiment, lui avait conseillé de quitter le train à Réchicourt, pour ne pas risquer d'être arrêté comme déserteur à Avricourt. Apffel ajouta qu'il n'avait nullement l'intention de se soustraire à l'obligation du service militaire et qu'il serait revenu l'année prochaine pour se présenter devant le conseil de révision. Le gendarme toutefois n'ajouta pas foi aux déclarations du jeune homme, qui fut conduit en prison à Strasbourg. Il résulte des dépositions des témoins appelés dans cette affaire qu'Apffel avait été réellement engagé comme garçon par un boucher de Blâmont, qui lui avait promis un salaire plus élevé que celui qu'il touchait à Strasbourg. Le tribunal, considérant que ce jeune homme avait bien pu se laisser persuader par un étranger de quitter le train et de gagner la frontière à pied, sans avoir eu l'intention de se soustraire à l'obligation du service militaire, a prononcé son acquittement.


7 octobre 1887
Mardi 27 septembre, un duel a eu lieu sur le territoire alsacien, près d'Avricourt, entre deux Français, M, V... et M. H... Les gendarmes allemands, prévenus sans doute par les habitants du village, assistèrent de loin au combat et ne se retirèrent qu'après avoir vu un des adversaires, M. V..., atteint d'une blessure qui mit fin à la rencontre.


14 octobre 1887
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LUNÉVILLE. - Le tribunal correctionnel de Lunéville a, dans son audience du 5 octobre 1887, prononcé les condamnations suivantes :
[...] Joseph Joli, cinquante et un ans, né à Frémonville, journalier sans domicile,déjà condamné vingt-trois fois, vagabondage et outrages à un garde champêtre. Quatre mois de prison.
[...] Clémentine Poussardin, dix-neuf ans, brodeuse à Frémonville, coups et blessures à la veuve Bêche, brodeuse à Frémonville. Six jours de prison. - Marie Henriquel, femme Marchal, trente-trois ans, lingère à Blâmont, vol d'une certaine quantité de prunes et d'ails au préjudice des époux Coster, à Blâmont. Six jours de prison.
[...] Julien Adam, quarante-six ans, cantonnier, et Julien Adam fils, dix-neuf ans, sans profession à Blâmont, coups et blessures au sieur Welker, cultivateur à Blâmont. Cinquante francs d'amende ; vingt francs d'amende.
[...] Louis Bénédic, vingt-deux ans, domestique à Domêvre, bris des clôtures de la maison du sieur Clasquin, à Verdenal, et coups au sieur Melchior. Vingt francs d'amende. - Michel Payer, vingt-six ans, maçon, demeurant à Aménoncourt, outrage public à la pudeur. Vingt-cinq francs d'amende


28 octobre 1887
Mort de M. Brice
Nous apprenons avec un très vif regret la mort de M. Brice, conseiller général pour le canton de Blâmont, qui a succombé jeudi aux suites d'une maladie dont il était atteint depuis plusieurs années.
Il appartenait à cette nombreuse famille agricole quia donné à la Lorraine tant de cultivateurs expérimentés, d'administrateurs actifs et de représentants utiles dans les conseils électifs.
Comme maire de Blâmont, il a signalé son administration par beaucoup de fermeté jointe à beaucoup de circonspection et de tact. Les questions scolaires l'intéressaient particulièrement.
Comme conseiller général, il a rendu à ses concitoyens de réels services. Il suivait assidûment les séances et, dans tous les voles politiques, se montrait résolument d'accord avec la majorité républicaine.
Notre parti qui trouvait en lui dans toutes élections un appui sincère et dévoué fait une perte douloureuse. Nous regrettons personnellement cet honnête homme qui, malgré des opinions très arrêtées, ne fut jamais agressif pour personne et se montra au contraire serviable pour tous.
M. Brice (Hubert-François-Alexandre), était né à Foulcrey (Alsace-Lorraine), le trente mars 1840. Sa première élection au conseil général date du quatre octobre 1874.


21 octobre 1887
UN CHANOINE DUPÉ. - Durant l'hiver 1886-1887, deux familles de bateliers, domiciliés à Strasbourg, menaient joyeuse vie à Avricourt . Puis elles s'en allèrent à Saint-Dié, à Bâle, où elles vivaient très confortablement. Ce n'est pas au travail que les nommés Reymund et Fries devaient ces ressources, mais à une supercherie. Les femmes Reymund et Fries avaient su intéresser à leur sort un chanoine strasbourgeois, dont elles réussirent à obtenir plusieurs fois des sommes assez considérables. Elles prétendaient manquer d'argent pour leur loyer; elles réclamaient au nom d'une famille Meyer, de Strasbourg, désireuse de rejoindre son chef qui avait trouvé de l'ouvrage à Toul. Enfin elles avaient témoigné l'intention d'émigrer elles-mêmes. Bref, le chanoine se laissa extorquer ainsi une somme d'environ trois mille mark qui fut dépensée comme nous l'avons dit par les femmes Reymund et Fries avec leurs maris.
En juin 1887, le chanoine reçut d'Avricourt une lettre par laquelle la femme Reymund lui demandait douze cents mark pour se rendre en Amérique. Cette lettre et deux autres, aussi datées d'Avricourt,
restant sans réponse, le chanoine en reçut une nouvelle par laquelle on le menaçait de le « dénoncer pour offenses envers S. M. l'empereur », s'il ne se saignait pas encore de douze cents mark. Le chanoine, ouvrant enfin les yeux, fit sa déclaration au parquet. Depuis cette époque, la police a mis la main sur les couples Fries et Reymund.
L'affaire est venue en correctionnelle. Les femmes ont montré une audace rare ; les hommes ont soutenu qu'ils ignoraient l'origine de l'argent ; ils croyaient que leurs femmes avaient fait, un héritage.Cette version n'a pas été admise, car le tribunal leur a infligé à chacun un an et demi de prison et cinq ans de privation des droits civils. La femme Reymund est condamnée à trois ans et trois mois; la femme Fries à trois ans. Ainsi finit la partie de plaisir. Quant au chanoine, il ne reverra jamais ses pièces de vingt-cinq sous.


29 octobre 1887
OBSÈQUES DE M. BRICE. - Les obsèques de M. Alexandre Brice, le regretté conseiller général du canton de Blàmont, auront lieu dimanche prochain, trente octobre, à dix heures et demie du matin, à Blâmont.
M. Brice est mort jeudi à midi, après une agonie de deux heures. Il était atteint d'une albuminerie.
Plusieurs discours seront prononcés sur la tombe de ce bon et ferme républicain.


1er novembre 1887
LES OBSÈQUES DE M. BRICE. - Les obsèques de M. Brice, conseiller général du canton de Blâmont, ont eu lieu dimanche, à dix heures trois quarts du matin.
La porte du domicile du défunt, situé à Blâmont, Grande-Rue, 81, était entourée de draperies noires. Deux corbeilles destinées à recueillir les cartes de visite avaient été placées dans le vestibule. La famille recevait dans le salon du rez-de-chaussée.
Trois mille personnes environ ont assisté à la cérémonie funèbre; le cortège était des plus imposants. Cette affluence est la meilleure preuve des nombreuses sympathies qu'avait su s'attirer le maire de Blâmont.
Voici l'ordre dans lequel marchaient les délégations : Trois petites filles portant des bouquets de fleurs blanches ouvraient la marche. Venaient ensuite l'école maternelle, l'école communale de garçons, l'école communale de filles et les enfants assistés. A la tête de chacun de ces groupes scolaires marchaient des enfants portant des couronnes, achetées avec le produit de souscriptions.
La musique de Blâmont précédait. La compagnie des sapeurs-pompiers et le bataillon scolaire, le drapeau voilé de crêpe, faisaient la haie de chaque côté du corps.
Immédiatement après le cercueil, deux personnes de Blâmont portaient une magnifique couronne ornée d'un ruban aux couleurs nationales, offerte par le conseil municipal.
Les coins du poêle étaient tenus par MM. Bichat, conseiller général ; Houillon, conseiller d'arrondissement ; Labourelle, conseiller municipal, et Péchoin, juge de paix.
Dans la nombreuse assistance qui avait pris place derrière la famille, nous avons remarqué : M. Schnerb, préfet de Meurthe-et Moselle; M. Sainsère, sous-préfet de Lunéville; M. Barthélemy, adjoint; M. de Klopstein, conseiller général ; M. Marange, instituteur ; Mlle Mengin, institutrice; Mle Noirel, directrice de l'école maternelle; M. Jules Barrabino, président du tribunal de Neufchâteau ; M. Fritz, percepteur de Blâmont ; M. Freyermouth, agent voyer de l'arrondissement ; M. Tanaré, capitaine de gendarmerie à Lunéville; MM. Genay et Jeuville, membres du comice agricole de Lunéville ; M. Lemoine, d'Herbéviller; M. Berr, avocat à Lunéville; M. Arnaud, ancien juge de paix de Blâmont, actuellement à Rambervillers ; les maires de toutes les communes environnantes, - trente sur trente-deux communes dont se compose le canton, - de nombreux instituteurs du canton et une délégation de douaniers.
Au cimetière, M. Barthélemy a prononcé le discours suivant :
Messieurs,
Au nom de la municipalité de Blâmont, je viens rendre hommage au magistrat intègre, à l'homme dévoué, qu'une mort prématurée vient de ravir à l'affection de sa famille, de ses amis et de ses concitoyens.
Je n'ai pas besoin, messieurs, de faire ici l'éloge de M. Brice : vous connaissez tous ses éminentes qualités, soit comme administrateur de la ville, soit comme représentant du canton au Conseil général.
Ceux qui ont eu recours à ses lumières ou qui ont sollicité son appui, savent avec quel empressement il s'est toujours mis à leur disposition, et combien il était heureux de rendre service. Mais ceux qui l'ont vu de près, qui étaient admis dans son intimité, ont été plus à même encore d'apprécier la bonté de son coeur.
Et nous, ses collaborateurs, nous pouvons vous dire avec quelle sollicitude il veillait aux intérêts de ses chers administrés. La classe ouvrière surtout était l'objet de ses constantes préoccupations, et cela au point que pendant sa douloureuse maladie, quelques heures avant sa mort, dans un moment de délire, il parlait encore des ouvriers dont il voulait à tout prix améliorer la situation.
C'est donc à juste titre, messieurs, qu'il emporte les regrets unanimes de tous ceux qui l'ont connu. Il laisse au milieu de nous un vide qu'il sera sinon impossible, au moins bien difficile de combler.
Puissent les témoignages de sympathie dont il est l'objet en ce moment, adoucir le profond chagrin qui accable tous les membres de sa famille !
Adieu, mon cher M. Brice, au nom de tous vos collaborateurs, adieu !

Discours de M. Schnerb.
Messieurs,
Tout récemment, à Nancy, une cérémonie comme celle-ci nous réunissait autour d'une tombe où nous venions dire un dernier adieu à un adjoint du maire, à M. Sidrot, un homme du peuple, élevé par le peuple à la magistrature municipale. Vous trouverez naturel que je n'aie pu me défendre de ce souvenir devant cette tombe où va descendre un homme, sorti lui aussi des entrailles du peuple, un travailleur que sa naissance obscure semblait devoir laisser ignoié dans la foule, mais que son travail, sa loyauté, sa bonté, son dévoûment à la cause de tous ont désigné aux suffrages de ses concitoyens pour les fonctions multiples de maire, de conseiller d'arrondissement et de conseiller général. N'est-ce pas le plus bel éloge qu'on puisse adresser à sa mémoire ?
Comme maire de Blâmont, vous savez tous les services qu'il a rendus ; vous savez avec quel soin, avec quel dévoûment de toutes les heures il s'est préoccupé des questions d'enseignement. C'est de lui surtout qu'on pouvait dire qu'il croyait n'avoir rien fait tant qu'il lui restait quelque chose à faire.
Que de fois l'ai-je vu dans mon cabinet où il venait m'entretenir de ses écoles et de leur personnel. C'est que M. Brice était un républicain de coeur et de conviction, et mieux que personne, lui qui sortait du peuple, il savait que le vrai, l'unique moyen de fonder à tout jamais la République dans notre pays, c'est de répandre à pleines mains l'instruction, c'est de mettre toutes les intelligences en état de juger sainement les hommes et les choses.
M. Brice meurt trop tôt, pour sa famille qui pouvait espérer le conserver de longues années encore à son affection, pour le canton dont il connaissait et servait si bien tous les besoins, pour la République qui avait en lui un serviteur fidèle et convaincu. Au nom du gouvernement, au nom de l'administration, je m'incline respectueusement devant sa tombe.

M. Bichat, conseiller général, a ensuite pris la parole :
Messieurs,
M. Comon, président du conseil général, retenu par une indisposition, n'a pu venir saluer une dernière fois notre collègue M. Brice. Il m'a chargé de celle triste et pénible mission.
L'éloge de M. Brice, messieurs, n'est plus à faire, surtout à Blâmont. Sa vie peut se résumer en quelques mots. Il fut un homme intègre, sincère et dévoué, dévoué surtout à la cause des travailleurs. Il possédait toutes les qualités qu'une population peut demander à son représentant, aussi à trois reprises successives le canton de Blâmont l'envoya-t-il siéger au conseil général, où il était un des membres les plus autorisés de la commission de l'agriculture. Ses connaissances spéciales, sa compétence en matière agricole, en faisaient un collègue précieux, et bien souvent le conseil eut recours à ses lumières.
Brice, messieurs, nous parlait souvent de la crise agricole, mais il ne désespérait pas. Il croyait, au contraire, au relèvement de l'agriculture, par l'abandon de la routine et le perfectionnement de la méthode de culture. Il s'était dévoué à cette oeuvre ainsi qu'à celle de l'enseignement. Il s'occupait avec un soin jaloux do ses écoles et si le maire de Blâmont n'aimait pas à parler en public, à faire de longs discours, c'était un travailleur infatigable. Il fallait le voir dans notre conseil, lorsque les intérêts de son canton étaient en jeu. Il s'animait alors et sa parole convaincue et la force de sa logique pénétraient en nous. Nous nous rappelons encore avec quelle ardeur il est venu défendre dernièrement, bien qu'il fût déjà affaibli par la maladie qui devait le conduire à la tombe, la cause de Blâmont dans une importante question de vicinalité.
Partout où Brice a passé, il a laissé le souvenir d'un homme affectueux, dévoué et impartial, et je crois être l'interprète de nous tous en disant à Mme Brice et à ses deux filles combien nous regrettons notre collègue, combien nous pleurons notre ami.

M. Péchoin, juge de paix, a prononcé le discours suivant :
Messieurs,
Devant ce cercueil, je crois devoir rappeler que M. Brice, conseiller général et maire de Blâmont, était aussi juge suppléant à la justice de paix de ce canton. Une année ne s'est pas écoulée depuis que M. Brice fut appelé à cette fonction et il l'accepta avec son dévouement habituel.
M. Brice n'avait pas attendu ce moment pour pratiquer la conciliation. En raison de la grande confiance qu'il inspirait à ses concitoyens, depuis longtemps déjà et souvent beaucoup d'entre eux venaient le consulter et lui exposer leurs griefs récipropres. Par sa bonté, par sa droiture et sa franchise, par sa cordialité empreinte de familiarité, il arrivait toujours à faire prévaloir ses conseils pacifiques.
Issu d'une famille d'agriculture, dont nous devons être fiers, agriculteur lui-même et des plus distingués, M. Brice connaissait les difficultés qui peuvent surgir à l'occasion des propriétés rurales et là son expérience aurait aplani bien des difficultés.
En résumé, la vie de M. Brice est celle d'un homme bon, juste, dévoué, vous le savez tous.
Quand le temps aura atténué la douleur de sa famille, elle se rappellera cette foule empressée, émue, qui vient exprimer ses sincères regrets et sa reconnaissance, et ce souvenir sera une de ses grandes consolations.
Adieu, M. Brice! Adieu, cher suppléant! Adieu ami!


3 novembre 1887
MAIRES. - On nous écrit d'Herbéviller :
« Presque tous les maires du canton de Blâmont ont assisté aux obsèques de M. Brice, conseiller général. C'est une manifestation qui a sa valeur et qui prouve que, malgré nos divisions politiques souvent plus apparentes que réelles, nous savons rendre justice aux hommes qui savent se dévouer pour le bien public.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que parmi les maires présents, se trouvait M. Protche.
Lié d'une vieille amitié avec M. Brice, il n'aurait pas voulu manquer à son devoir en ne s'associant pas au deuil général.
Agréez.»


6 novembre 1887
L'ÉLECTION DE BLAMONT . - Le parti républicain comprendra mieux encore toute l'étendue de la perte qu'il a faite en M. A. Brice lorsqu'il s'agira de lui donner un successeur. Ce serait cependant se montrer peu digne de ce bon et dévoué républicain, que de ne pas aborder la lutte avec la plus ferme confiance dans le succès final et surtout que de ne pas se mettre en mesure de ne pas être surpris par un décret de convocation.
Selon nous, le comité républicain de Blâmont n'a pas un jour à perdre. Il ne nous appartient pas de lui dicter sa ligne de conduite, encore moins ses choix. Nous sommes, on le sait, très partisan de l'autonomie cantonale.
Nous comptons sur son dévoûment éprouvé pour préparer une grande réunion, où seront convoqués tous les républicains du canton. A Bulgnéville dernièrement, dans un milieu qui paraissait divisé, cette procédure a eu plein succès. Les divers candidats se sont présentés devant la réunion. On esl allé aux voix. Un des candidats en a réuni près de deux cents. Les autres se sont désistés en sa faveur L'union est complète et le succès de l'élection assuré.
Nos amis de Blâmont n'auront pas moins de vigilance, d'activité, de discipline. Ils trouveront, du reste, dans le comité républicain de l'arrondissement et dans celui du département, le concours le plus entier et le plus désintéressé. Il faut qu'à aucun prix le siège de Blâmont, qui appartient à la République, ne passe à droite.


29 novembre 1887
Le sieur Ferdinand Pierron,employé de commerce, âgé de quarante-trois ans, né à Blâmont. a été arrêté pour vagabondage à Lusigny (Aube).


1er décembre 1887
UN VAGABOND ÉLÉGANT. - NOUS avons annoncé qu'on avait arrêté à Lusigny, sous l'inculpation de vagabondage, le nommé Ferdinand Pierron, employé, originaire de Blâmont. Pierron a comparu devant le tribunal correctionnel de Troyes. A chaque question il répondait : « Parfaitement ». Notre confrère de l'Aube trace ainsi son portrait : « Homme distingué du reste, beau phraseur, binocle à l'oeil,etc.» Il a quitté la maison où il était employé en dernier lieu, par un coup de lête. Ses idées politiques ne sympathisaient pas avec celles du caissier. De là un casus belii, qui a jeté encore une fois Pierron sur le chemin du vagabondage. Au travers de son binocle, Pierron s'est vu condamner à un mois de prison.


11 décembre 1887
François-Colin Lucien, quarante et un ans, manoeuvre à Blémerey, a couché, la nuit du trente novembre 1887, dans une auberge de Tantonville. Lucien a volé le pantalon d'un camarade de chambre, l'a vendu et a payé, avec le produit de cette vente, la dépense qu'il avait faite chez l'aubergiste. - Huit jours.


17 décembre 1887
CABANNES A IGNEY- AVRICOURT . - Lorsque Cabannes, employé à la présidence de la Basse-Alsace, fut arrêté pour avoir transmis au gouvernement français des pièces militaires, on raconta qu'il avait eu d'étroites relations avec des fonctionnai.res de Meurthe-et-Moselle.
Cette question a été agitée devant la cour de Leipzig. Nous croyons devoir reproduire le dialogue qui s'est établi sur ce sujet entre le président et l'accusé. Bien entendu, nous laissons à celui-ci toute la responsabilité de ses affirmations. C'est un document d'histoire locale que nous nous bornons à enregistrer :
Le président : Noetinger vous a recommandé de ne pas remettre les envois à la poste en Allemagne, mais en France. Vous avez fait cela ; vous vous êtes rendu dans différentes localités situées sur la frontière ; vous avez prié différentes personnes de votre connaissance qui allaient en France d'emporter les lettres et de les mettre à la poste en France ?
R.: Oui.
Le président : A Igney- Avricourt, vous avez fait la connaissance du sieur Kuhn, commissaire spécial, et vous lui avez dit quelles étaient vos relations avec la France ?
R.: C'était un commis. Je ne lui ai fait qu'un conte.
Sur de nouvelles questions, l'accusé dit qu'il avait appris que les employés de la poste à Igney- Avricourt étaient en relation avec le gouvernement allemand; que, par ce motif, il n'avait pas osé mettre les lettres à la poste dans cette localité ; qu'il avait aussi fait la connaissance, à Igney-Avricourt, de M.Fleuriel, commissaire de police.
Le président : Vous avez aussi eu l'intention de vous mettre en relations avec Fleuriel, mais ayant appris qu'il était père de famille, vous y avez renoncé, parce que vous ne vouliez pas causer le malheur de cet homme ?
R. : Je me suis borné à prendre des renseignements sur ce commissaire ; mais je ne voulais pas entrer en relations avec lui.


28 décembre 1887
ARBRE DE NOËL A HERBÉVILLER . - La municipalité d' Herbéviller vient de fêter dignement la fête de Noël.
Sur l'initiative de l'institutrice communale laïque, un magnifique arbre de Noël décoré avec goût de toutes sortes d'objets utiles et agréables,était dressé samedi soir, dans la salle d'école de garçons, où tout le monde allait l'admirer. Aussi y avait-il foule dimanche après-midi à la mairie, le conseil municipal distribuait aux enfants pauvres des écoles des vêtements chauds tels que: tricots de laine, robes, cache-nez, etc. et à tous, oranges,sucreries, etc.
Quelques, morceaux de chants, chantés par les demoiselles, dirigées par l'institutrice, ont terminé agréablement cette petite fête de famille.


29 décembre 1887
La neige [...] on apprenait dans la matinée, à Nancy, qu'un train était resté en détresse sur la ligne de Cirey, entre Blâmont et Frémonville.

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